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cinéma - Page 111

  • 15ème Festival du Film Asiatique de Deauville : bilan et palmarès

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    Alors que, depuis la fin de ce 15ème Festival du Film Asiatique, la ville de Deauville a été recouverte d’un hypnotique manteau blanc, il y a quelques jours encore un soleil, lui aussi hypnotique (certes entrecoupé de quelques averses), irradiait les planches tandis que, au CID, les spectateurs effectuaient une plongée dans la noirceur d’une société asiatique souvent oppressée par une crise décidément bel et bien mondiale, du moins pour ce qui en est des films en compétition qui ne furent pas moins passionnants justement parce qu’ils mettent en lumière cette face sombre et souvent ignorée ou en tout cas masquée par d’autres (ir)réalités.

    9 films en compétition et autant de regards, d’univers différents que de nationalités malgré cette noirceur commune et un instructif voyage dans la société, la culture et le cinéma asiatiques. Seuls, égarés, broyés par la crise, la solitude, oppressés, perdus dans la multitude, les personnages des films de cette compétition étaient tous en errance sous ou en quête d’ une identité et d’un ailleurs souvent inacessible.

    Petite parenthèse, avant de commenter le palmarès, pour vous annoncer que c’est à Deauville qui, décidément, me porte bonheur, que j’ai appris il y a quelques jours que Numériklivres publiera un autre de mes romans (probablement en mai 2013) dont je vous parle ici pour la bonne et simple raison qu’il se déroule entièrement dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Je vous en dirai prochainement plus sur mes différents blogs. Je peux vous dire qu’il sera très différent du premier également publié par Numériklivres, qu'il sera plus dense et sombre, et que j’y partage aussi autant ma passion pour le cinéma, ce festival que pour Deauville. En attendant retrouvez, ici, mon interview pour Numériklivres pour le précèdent roman publié.

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    Fin de la parenthèse pour replonger dans mes souvenirs de ce Festival du Film Asiatique de Deauville qui, cette année, célèbrait sa 15ème édition et qui, une fois de plus, non seulement a révélé des cinéastes en devenir mais aussi a rendu hommage à deux grands cinéastes asiatiques : Sono Sion (qui avait été récompensée pour « Himizu » l’an passé) et Wong Kar Wai.

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    Le second, avec « The Grandmaster » (dont je vous reparlerai ultérieurement), nous a offert un film d’une beauté envoûtante, sensuelle, fascinante qui parvient à faire oublier les lacunes scénaristiques tant la mise en scène y est un langage hypnotique qui nous immerge dans son univers si singulier et éblouissant. Oui, un film éblouissant dans tous les sens du terme.

    Quant au premier, il nous a offert, en plus de sa masterclass (au cours de laquelle il a notamment parlé des cinéastes français qu’il aimait : René Clément, François Truffaut, Julien Duvivier et des poèmes qu’il écrivait dès l’âge de 22 ans, rien d’étonnant au regard de son univers, certes unique mais aussi celui d’un cinéphile poétique), le meilleur film de ce festival dont la beauté mélancolique et poétique faisait écho à celle de Deauville qui ne cessera jamais de me surprendre et ravir.

    L’an passé, en compétition, le festival avait ainsi projeté « Himizu » du même Sono Sion, film que je qualifiais alors d’une rageuse, fascinante, exaspérante et terrifiante beauté. Les premiers plans, effroyables, nous plongeaient dans le décor apocalyptique de l’après tsunami exploré par de longs travellings, mais le chaos n’était alors pas seulement visuel, c’était surtout celui qui rongeait, détruisait, étouffait les êtres ayant perdu leur identité et tout espoir.

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    Ce nouveau long-métrage de Sono Sion intitulé "The land of hope" commence de manière plutôt inattendu : d’abord par son classicisme (relatif, mais du moins pour Sono Sion, moins dans la folie et l’explosion visuelles, ici) et ensuite parce qu’il met en scène un cadre bucolique, des couleurs chatoyantes et des personnages heureux. Evidemment, cela ne va pas durer et la réalité, tragique, terrible, celle du Japon que Sono Sion, films après films, dissèque et dénonce, va ressurgir avec un tremblement de terre qui frappe alors le Japon. Il entraîne l’explosion d’une centrale nucléaire. Sans vraiment en donner la raison, le gouvernement fait évacuer les habitants à proximité de la catastrophe. La famille Ono dont la ferme est située à cheval entre la zone de danger et le périmètre de sécurité, doit choisir entre fuir et rester. Sono sion va alors suivre trois couples : un couple de vieux paysans dont la femme est malade, vraisemblablement atteinte d’Alzheimer, un jeune couple qui s’apprête à avoir un enfant et un autre couple en quête des parents de la jeune femme mais aussi d’un avenir.

    Aux scènes joyeuses du début succède un bref et effroyable vacarme puis un silence retentissant avant que la vie et l’image ne deviennent grisâtres puis avant que les couleurs « normales » ne reviennent, plus terrifiantes encore que ces couleurs grisâtres qui les ont précédées car si tout semble banal et quotidien, la menace et le danger sont là, constants, une guerre invisible. Les « autorités » (ici traitées au début comme une dictature par définition inique et intolérante) qui ne se contentent d’être que cela ne sont d’abord que des sortes de combinaisons inhumaines et sans identité. Tout est à la fois banal et singulier, paisible et agité. Comme le titre résonne (déraisonne aussi) alors comme une ironie tragique.

    Dans la beauté éclatante de chaque plan (qui n’en est alors que plus redoutablement tragique puisqu’elle n’est que le masque de cet ennemi invisible), dans son humour désenchanté (l’absurdité de cette ligne qui sépare un jardin que Tati n’aurait osé inventer et pourtant terriblement réaliste ou de ces combinaisons de protection et la paranoïa qui seraient risibles si leur existence n’était malheureusement fondée), dans sa poésie d’une beauté et d’une tristesse ravageuses, Sono Sion nous livre son cri de révolte, d’une mélancolie déchirante : révolte contre les autorités (qu’il ne cesse de dénoncer tout au long du film), révolte contre cette centrale qu’« ils » ont malgré tout construite, une telle absurdité là aussi que c’est finalement celle qui a perdu la raison qui ne cesse de la souligner.

    Sans doute Sono sion décontenancera-t-il ici ses admirateurs avec ce film plus classique que ses précédents mais, comme ses autres films, d’une beauté désenchantée, d’un romantisme désespéré (cette scène où le couple de vieux paysans danse au milieu du chaos est à la fois terriblement douce et violente, sublime et horrible, en tout cas bouleversante), d’un lyrisme et d’une poésie tragiques avec des paraboles magnifiquement dramatiques comme cet arbre -et donc la vie- qui s'embrasent mais aussi un travail sur le son d’une précision et efficacité redoutables.

    Un film porté par un cri de révolte et l’énergie du désespoir, plus efficace que n’importe quelle campagne anti-nucléaire et surtout l’œuvre d’un poète, un nouveau cri d’espoir vibrant et déchirant qui s’achève sur un seul espoir, l’amour entre deux êtres, et une lancinante litanie d’un pas, qui, comme l’Histoire, les erreurs et la détermination de l’Homme, se répètent, inlassablement. Et à nouveau, pourtant, la possibilité d’un lendemain. Malgré tout, malgré l’horreur encore là et invisible. Et Fukushima délaissée par les médias, autre fatalité qui se répète, peut-être plus terrible encore : l’oubli.

    PALMARES COMMENTE

    Remis pour la première fois cette année (au passage, une excellente initiative) LE PRIX DU PUBLIC DE LA VILLE DE DEAUVILLE a été décerné au film philippin « APPARITION » de Vincent SANDOVAL

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    Synopsis. 1971. Les sœurs du Monastère de l’Adoration mènent une existence paisible et isolée, loin de la ville de Manille. La mère supérieure Ruth dirige le lieu et accompagne ses consœurs dans leurs prières et leurs rituels quotidiens, fière de les protéger des vicissitudes du monde extérieur. La jeune Lourdes, ordonnée depuis peu, a rejoint le monastère et découvre la vie recluse. Peu de temps après son arrivée, Remy, une nonne externe, reçoit la visite inattendue de sa mère qui lui annonce la disparition de son frère activiste. En toute discrétion, Remy décide alors d’assister à des réunions de familles dont les proches ont disparus…

    Le film se situe au début de la dictature de Marcos et toute l’intelligence du récit et de la mise en scène consiste à nous la faire vivre dans un huis-clos, celui du couvent. La guerre civile est à la fois extérieure et omniprésente d’abord par des propos à travers la grille, puis par la radio et ensuite par la peur puis l’horreur qui vont s’immiscer peu à peu et finalement envahir ce havre de tranquillité trompeur pour en souiller la blancheur. Essentiellement hors-champ, la violence qui bouillonne dans ce silence n’en est que plus oppressante à l’image de celle, invisible et tacite, que sœur Lourdes subit de ses supérieures. Evidemment, tout cela nous fait songer à « Des Hommes et des Dieux » mais là où le film de Xavier Beauvois établissait le portrait magnifique de 8 hommes avec leurs doutes et leurs convictions, qui donnaient tout, y compris leur vie, pour les autres, si le film de Vincent Sandoval nous montre aussi les doutes, le portrait est beaucoup moins idyllique. Le réalisateur traque la peur, les doutes, la lâcheté par le biais d’impitoyables et saisissants gros plans. Il met la foi, le courage, l’autorité à rude épreuve et fait de ce film dans un lieu en apparence hors du temps un récit tragiquement universel sur la barbarie, la lâcheté, l’oppression. Un cri dans le silence, vibrant, notamment grâce à des interprètes exceptionnelles et une réalisation maîtrisée qui joue habilement du clair obscur, de la blancheur et de la noirceur, un défi relevé en 8 jours seulement. Un prix du public largement mérité.

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    Le jury présidé par Jérôme Clément, entouré de Djamel Bensalah, Evelyne Bouix, Julie Gayet, Michel Leclerc, Géraldine Maillet et Atiq Rahimi a décerné les prix suivants qui, je trouve, reflètent parfaitement la diversité de ce festival et récompensent des films très différents mais qui, tous, méritaient de figurer au palmarès. Je ne suis pas mécontente de l’absence de « The Weight » au palmarès qui fait partie de ces films qui, sous prétexte d’une forme (certes et incontestablement) originale se permettent un fond glauque et sordide, finalement vain, une belle imposture.

    LE LOTUS DU MEILLEUR FILM - Grand Prix a été attribué à I.D. de Kamal K.M. (Inde)

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    Après le film iranien de Morteza Farshbaf, "Querelles", l’an passé, c’est donc l’Inde qui est à l’honneur cette année pour un film loin de Bollywood auquel nous aurions tort de réduire le prolifique cinéma indien.

    Synopsis

    Charu et ses amies partagent un appartement dans l’une des tours de Mumbai. Toutes âgées d’une vingtaine d’années, elles sont venues des quatre coins du pays pour vivre dans la métropole. Un jour, un ouvrier se présente pour faire des travaux de peinture. Agacée de ne pas avoir été prévenue par ses colocataires, Charu presse le peintre d’en finir rapidement mais le retrouve quelques minutes plus tard allongé sur le sol, inconscient. Paniquée mais animée par la volonté de bien faire, elle part sillonner la ville de long en large à la recherche de la moindre information qui puisse la renseigner sur l’identité de cet homme….

    Dans une société où la multiplicité des moyens de communication, au lieu de faciliter cette dernière la complexifie voire l’annihile bien souvent, dans une société mondialisée et des réseaux sociaux où chacun veut proclamer, vulgariser son identité se pose la passionnante question de ceux qui n’en ont pas. Au lieu de nous ouvrir au monde, ces moyens de communication, souvent, enferment dans un autre et c’est justement la recherche de l’identité de cet homme mort qui va finalement conduire Charu à perdre la sienne puis, peut-être, à la (se) trouver. Entre le documentaire et la quête initiatique, la recherche de la jeune femme nous fait découvrir les différents et contrastés visages de Mumbai du centre à la périphérie jusqu’aux bidonvilles, une plongée terrifiante (avec des petites touches empruntées au cinéma d’horreur ou en tout cas à suspense) dans un monde qui grouille d’anonymes, d’inconnus, de « sans identités ». Charu se retrouve confrontée à un monde absurde, s’éloigne de plus en plus des siens pour se retrouver égarée au milieu d’une marée de visages pire qu’hostiles, inconnus, sans identités et ignorant tout de la sienne. Une plongée dans l’envers du décor de Bollywood et de l’Inde mais surtout le reflet pertinent d’une société mondialisée (et car mondialisée) individualiste. Plus encore que sa réalisation, un message tristement universel qui faisait de ce prix pour ce film intelligent une évidence pour le jury qui l’a primé à l’unanimité.

    LE LOTUS DU JURY - Le Prix du Jury ex-aequo a d’abord été attribué à FOUR STATIONS de Boonsong NAKPHOO (Thaïlande)

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    Synopsis - Des personnes en bas de l’échelle sociale vivent le long de la voie ferrée dans quatre régions différentes de la Thaïlande et se battent pour survivre. Au Nord, Tu Pu, un vieux moine, essaye tant bien que mal d’enseigner la sagesse et la maîtrise de soi aux jeunes novices. Au Centre, Too, un travailleur venu de Birmanie doit quitter son travail dans une ferme afin de retrouver sa femme et empêcher son retour prématuré dans leur pays d’origine. Au Nord-Est, Boonkong, un orphelin, fait de son mieux pour gagner la confiance de sa tante et de son mari. Au Sud, Chuan et Klaew qui vivaient en bon voisinage depuis des années ne peuvent plus se supporter...

    Dans le calme et la beauté de la nature que chaque plan exhale et exalte par le biais de plans d’une beauté et d’une tristesse mêlées époustouflantes, le temps semble suspendu mais derrière cette trompeuse sérénité (qui, finalement rappelle celle qui l’est tout autant du couvent d’ « Apparition ») se trouve un monde qui se délite, un monde en crise. Si cette sérénité contraste avec la vie qui grouille dans « ID » la détresse et la solitude sont finalement similaires. Après « Eternity » de Sivaroj Kongsakul (Grand Prix du festival en 2011), le cinéma thaïlandais prouve une nouvelle fois sa richesse mais aussi une lenteur, une vision du temps, une capacité à embrasser l’écoulement du temps et la beauté simple de la nature qui lui sont propres.

    L’autre prix du jury a été attribué à MAI RATIMA de YOO Ji-tae (Corée du Sud)

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    Le Coréen Yoo Ji-Tae venu présenter son film à Deauville comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous est loin d’être inconnu du grand public puisqu'il interprétait le rôle mémorable du tyrannique Lee Woo-jin dans "Old boy" de Park Chan-wook.

    "Mai Ratima" est donc son premier long-métrage. Le titre désigne une jeune femme d'origine thaïlandaise venue en Corée pour un mariage arrangé où elle est devenue le souffre-douleur de sa famille d'accueil. Alors que son beau-frère la frappe en pleine rue, un jeune homme, tout aussi perdu qu'elle, Soo-young, lui vient en aide. Ils s'enfuient ensemble et se réfugient à Séoul. Ils tombent amoureux l'un de l'autre mais la réalité va rapidement les séparer.

    Surprenant et courageux choix pour un acteur dont la vie est fort probablement à 100000 mieux de celle de ses protagonistes que de traiter cette histoire dramatiquement universelle tout comme la crise économique implicitement évoquée comme la cause de cette descente aux enfers. Ce film est à l'image de ses personnages principaux: plein de défauts et néanmoins attachant. Plein de défauts parce que Yoo Ji-tae s'amuse avec des mouvements de caméra parfois inutiles ou surlignés pour mettre en exergue l'égarement, la suffocation de Mai Ratima qu'il enferme aussi souvent dans son cadre comme elle l'est dans sa réalité sans issue, sans espoir. Plein de défauts parce que le jeu des comédiens dans les premières scènes est exagéré quand il devient plus subtil quand il se concentre sur Mai Ratima et Soo-young pour lesquels le réalisateur semble vouloir nous faire partager son empathie, et il y parvient d'ailleurs la plupart du temps. Plein de défauts encore parce qu'il ne semble pas assumer la fin (pourtant réussie) pour nous livrer un générique qui offre un dénouement alternatif mais fait finalement perdre toute sa force, redoutable, à celle qui précède. Malgré cela (et finalement à cause de tout cela), Yoo Ji-Tae parvient à nous intéresser à ses deux personnages égarés qui s'accrochent l'un à l'autre, à leur dérive désespérée, à leur déchirante séparation puis descente aux enfers. Si le titre porte le nom du personnage féminin principal, ce cas particulier n'en est pas moins universel. Tragiquement. Et c'es là toute la force de ce premier film, imparfait mais dont l'universalité peut difficilement laisser indifférent.

    Le jury de la critique composé de cinq journalistes a LE LOTUS AIR FRANCE - Prix de la Critique à TABOOR de Vahid VAKILIFAR (Iran)

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    Synopsis - Hypersensible aux ondes électromagnétiques qui l’entourent, un homme voit la température de son corps augmenter de jour en jour. Afin de se protéger, il s’est confectionné une combinaison en aluminium qu’il porte sous d’amples vêtements. Malgré son état physique, l’homme enfourche sa moto à la tombée de la nuit et rend visite à ses clients. Sa mission : désinsectiser les habitations. L’homme plonge chaque soir au coeur de la nuit, parcourant tous les recoins de cette mégapole où le temps semble arrêté, où nulle trace du tumulte de la journée ne demeure. Tout en guettant l’aube, il est confronté aux intrigues de la nuit.

    Taboor (avec le film de clôture, « Piéta » de Kim Ki Duk, dont je vous parlerai également ultérieurement, Ours d’or au dernier Festival de Berlin) est sans doute le film qui a le plus décontenancé les spectateurs qui ont quitté la salle par vagues quand « The Weight », aussi sordide soit-il, curieusement n’a pas eu le même effet. Etrange société (cf ID…) dans laquelle la lenteur, l’opacité, l’hermétisme, la singularité effraient, décontenancent, découragent et suscitent plus le rejet qu’une atmosphère et des images glauques. Le premier (long) plan est d’une beauté et d’une singularité étranges et marquantes : un homme revêt une combinaison métallique dans une roulotte tapissée d’aluminium. La scène s’étire en longueur et nous laisse le temps d’appréhender la composition de l’image, d’une fascinante étrangeté, une fascinante étrangeté qui ne cessera ensuite de croître. Tout semble rare, dans ce film : les dialogues, les personnages…et même le scénario. Malgré tout, la fascination opère pour cet univers et ce personnage entre la science-fiction et une réalité métaphorique bien sûr impossible à traiter frontalement dans un pays soumis à la censure, la surveillance et l’oppression. Tout est à la fois banal et étrange, quotidien et irréel comme cette viande qui cuit longuement filmée (et qui aura fait fuir plus d’un spectateur) qui prend soudain un tout autre sens. Un film radical et « absurde » dans un pays dont l’Etat l’est lui-même au point sans doute de ne pas se reconnaître dans cet univers carcéral, répétitif, cloisonné, oppressant, dans cette société qui étouffe, déshumanise, condamne à l’isolement, au silence, à se protéger des « radiations », d’un ennemi invisible mais bel et bien là. Le temps s’étire (longs couloirs, tunnels, longs plans fixes) quand il est dicté par une force supérieure qui « irradie », invisible et redoutable, et réduit l’être humain à être cette machine silencieuse et désincarnée. Un film qui s’achève par un plan splendide d’un homme dans la lumière qui se détache de la ville et la surplombe loin de « la violence du monde extérieure » rappelant ainsi le beau discours du réalisateur avant la projection qui avait dédié le film à son père « qui a toujours su préserver sa belle nature de la violence du monde extérieur ». Un film qui ne peut laisser indifférent, une qualité en soi. Un prix de la critique prévisible pour le film visuellement le plus inventif, opaque et radical, et malin.

     

    Prochains festivals à suivre sur mes blogs :

    -Le Festival du Film Policier de Beaune (je vous en dirai prochainement davantage)

    -Le Festival de Cannes

    -Le Champs-Elysées Film Festival dont Inthemoodforfilmfestivals.com sera partenaire

    -et…évidemment le Festival du Cinéma Américain de Deauville

    Retrouvez toute l'actualité sur les 7 blogs/sites inthemood:

    http://inthemoodforfilmfestivals.com , http://inthemoodlemag.com , http://inthemoodforcinema.com , http://inthemoodforcannes.com , http://inthemoodfordeauville.com , http://inthemodoforluxe.com, http://inthemoodforhotelsdeluxe.com

    Pour toutes les informations sur le Festival du Film Asiatique de Deauville, retrouvez le site officiel du festival: http://deauvilleasia.com

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE DE DEAUVILLE 2013 Pin it! 0 commentaire
  • Critique – « Les femmes du 6ème étage » de Philippe Le Guay à 20H45 sur Ciné + premier

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    Présenté à la Berlinale 2011, « Les femmes du 6ème étage » est un film  dans lequel Philippe Le Guay filmait pour la troisième fois Fabrice Luchini qui lui-même joue ici pour la troisième avec Sandrine Kiberlain (qui, elle, en revanche n’avait jamais tourné avec Philippe Le Guay), mais tout cela n’est pas qu’affaire de chiffres ou si, juste un dernier : 60, les années pendant lesquelles se déroule l’intrigue.

    Jean-Louis Joubert (Fabrice Luchini), agent de change rigoureux (de père en fils) de 45 ans, mari de Suzanne Joubert (Sandrine Kiberlain) et père de famille de deux enfants renvoie la femme de ménage, à leur service depuis des années, et en emploie une nouvelle, Maria (Natalia Verbeke), une jeune espagnole. A cette occasion, Jean-Louis découvre une joyeuse cohorte de bonnes espagnoles vivant au sixième étage de son immeuble bourgeois, un univers exubérant et folklorique à l’opposé des manières et de l’austérité de son milieu.

    Un film avec Fabrice Luchini est toujours une curiosité et surtout la manière dont un réalisateur tire profit de son exubérante personnalité (comme dans « Beaumarchais l’insolent ») ou la canalise, comme ici. C’est en effet (dans un premier temps) un personnage éteint, presque étriqué, austère qui, quatre étages au-dessus de chez lui, va découvrir un autre univers, vivant, coloré, joyeux. Ce n’est pas lui ici qui incarne l’exubérance mais les femmes espagnoles au contact desquelles il va s’illuminer, se réveiller, se libérer.

    Ces femmes forment ici une joyeuse communauté malgré (ou à cause de) la pauvreté et la dictature à cause desquelles elles ont quitté leur pays, Carmen Maura en tête mais pas seulement. Ces cinq femmes ne constituent pas une caricature de casting almodovarien mais une communauté éclectique avec la syndicaliste, celle qui cherche à se marier, celle qui est battue par son mari… mais de toutes se dégage une humanité et une joie de vivre communicatives.

    Il aurait été aisé de tomber dans les clichés ou la condescendance, ce que Philippe Le Guay évite toujours soigneusement. Même le personnage de l’épouse, irrésistible Sandrine Kiberlain constamment « é-pui-sée » alors que ses journées laborieuses se partagent en réalité entre coiffeur, manucure, bridge et thé avec ses amies est à la fois superficielle, légère, mais aussi fragile et finira elle aussi par évoluer.

    Avec ses « femmes du 6ème étage » Philippe Le Guay ne révolutionnera certes pas le cinéma (mais ce n’est par ailleurs probablement pas ce à quoi il aspire ni le spectateur en allant voir ce genre de film) et signe une comédie sociale romantique plus maligne qu’elle n’en a l’air (l’inconnu-e- si proche, intemporel-le-), pleine de gaieté communicative et réjouissante. Une fable sans doute utopique mais non moins touchante, pétillante et pleine de charme grâce à « Maria pleine de grâce » et ses joyeuses acolytes espagnoles auxquelles Philippe Le Guay rend un bel hommage, sans oublier Fabrice Luchini et Sandrine Kiberlain dont chaque apparition est un régal pour le spectateur. Vous auriez tort de vous priver de cette rayonnante escapade au 6ème étage!

  • Festival du Film Asiatique de Deauville – Hommage à Sono Sion et avant-première de « The land of hope » (critique)

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    Je vous parlerai ultérieurement des films vus en compétition hier et desquels se dégage une thématique commune et un désespoir commun…dont ne s’éloigne d’ailleurs pas vraiment le film dont je vais vous parler aujourd’hui  (qui n’est pas en compétition) même s’il surpasse, et de loin, les autres films vus, et pour cause puisque c’est l’œuvre d’un cinéaste confirmé à qui le festival rendait hier hommage : Sono Sion (cf ma vidéo de l'hommage à suivre, en ligne dans la journée). A son hommage a succédé la projection de « The land of hope », un film de ce dernier datant de 2012 et qui sortira en France en avril prochain.

    L’an passé, en compétition, le festival avait projeté « Himizu » du même Sono Sion, film que je qualifiais alors d’une rageuse, fascinante, exaspérante et terrifiante beauté. Les premiers plans, effroyables, nous plongeaient dans le décor apocalyptique de l’après tsunami exploré par de longs travellings, mais le chaos n’était alors pas seulement visuel, c’était surtout celui qui rongeait, détruisait, étouffait les êtres ayant perdu leur identité et tout espoir.

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    Ce nouveau long-métrage de Sono Sion commence de manière plutôt inattendu : d’abord par son classicisme (relatif, mais du moins pour Sono Sion, moins dans la folie et l’explosion visuelles, ici) et ensuite parce qu’il met en scène un cadre bucolique, des couleurs chatoyantes et des personnages heureux. Evidemment, cela ne va pas durer et la réalité, tragique, terrible, celle du Japon que Sono Sion, films après films, dissèque et dénonce, va ressurgir avec un tremblement de terre qui frappe alors le Japon. Il entraîne l’explosion d’une centrale nucléaire. Sans vraiment en donner la raison, le gouvernement fait évacuer les habitants à proximité de la catastrophe. La famille Ono dont la ferme est située à cheval entre la zone de danger et le périmètre de sécurité, doit choisir entre fuir et rester. Sono sion va alors suivre trois couples : un couple de vieux paysans dont la femme est malade, vraisemblablement atteinte d’Alzheimer, un jeune couple qui s’apprête à avoir un enfant et un autre couple en quête des parents de la jeune femme mais aussi d’un avenir.

    Aux scènes joyeuses du début succède un bref et effroyable vacarme puis un silence retentissant avant que la vie et l’image ne deviennent grisâtres puis avant que les couleurs « normales » ne reviennent, plus terrifiantes encore que ces couleurs grisâtres qui les ont précédées car si tout semble banal et quotidien, la menace et le danger sont là, constants, une guerre invisible. Les « autorités » (ici traitées au début comme une dictature par définition inique et intolérante) qui ne se contentent d’être que cela ne sont d’abord que des sortes de combinaisons inhumaines et sans identité. Tout est à la fois banal et singulier, paisible et agité. Comme le titre résonne (déraisonne aussi) alors comme une ironie tragique.

    Dans la beauté éclatante de chaque plan (qui n’en est alors que plus redoutablement tragique puisqu’elle n’est que le masque de cet ennemi invisible), dans son humour désenchanté (l’absurdité de cette ligne qui sépare un jardin que Tati n’aurait osé inventer et pourtant terriblement réaliste ou de ces combinaisons de protection et la paranoïa qui seraient risibles si leur existence n’était malheureusement fondée), dans sa poésie d’une beauté et d’une tristesse ravageuses, Sono Sion nous livre son cri de révolte, d’une mélancolie déchirante : révolte contre les autorités (qu’il ne cesse de dénoncer tout au long du film), révolte contre cette centrale qu’« ils » ont malgré tout construite, une telle absurdité là aussi que c’est finalement celle qui a perdu la raison qui ne cesse de la souligner.

    Sans doute Sono sion décontenancera-t-il ici ses admirateurs avec ce film plus classique que ses précédents mais, comme ses autres films, d’une beauté désenchantée, d’un romantisme désespéré (cette scène où le couple de vieux paysans danse au milieu du chaos est à la fois terriblement douce et violente, sublime et horrible, en tout cas bouleversante), d’un lyrisme et d’une poésie tragiques avec des paraboles magnifiquement dramatiques comme cet arbre -et donc la vie- qui s'embrasent  mais aussi un travail sur le son d’une précision et efficacité redoutables.

     Un film porté par un cri de révolte et l’énergie du désespoir, plus efficace que n’importe quelle campagne anti-nucléaire et surtout l’œuvre d’un poète, un nouveau cri d’espoir vibrant et déchirant qui s’achève sur un seul espoir, l’amour entre deux êtres, et une lancinante litanie d’un pas, qui, comme l’Histoire, les erreurs et la détermination de l’Homme, se répètent, inlassablement. Et à nouveau, pourtant, la possibilité d’un lendemain. Malgré tout, malgré l’horreur encore là et invisible. Et Fukushima délaissée par  les médias, autre fatalité qui se répète, peut-être plus terrible encore : l’oubli.

    Quelques lignes trop courtes et rapides pour parler de ce film qui m’a bouleversée et sur lequel je reviendrai. Aujourd’hui, pour moi, au programme, trois films en compétition mais, surtout, l’hommage à Wong Kar Wai et l’avant-première de « The Grandmaster ».

    Et après la beauté mélancolique du cinéma de Sono Sion, quelques images qui reflètent celle de Deauville:

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  • Ouverture du Festival du Film Asiatique Deauville 2013 et projection de "Mai Ratima" (compétition)

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    Deauville, Asie, film, festival, cinéma

    Six mois après le traditionnel Festival du Cinéma Américain (retrouvez mon best of de l'édition 2012 en ccliquant ici), me voilà de retour à Deauville pour le désormais tout aussi traditionnel et incontournable Festival du Film Asiatique qui célèbre cette année sa 15ème édition (déjà!).

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    J'y reviens avec le même plaisir, voire un plaisir accru : plaisir de se plonger dans les cinématographies et cultures asiatiques, plaisir de découvrir des univers cinématographiques singuliers, plaisir d'un voyage immobile qui évade et enrichit, plaisir de retrouver Deauville, réminiscence de tant de souvenirs à commencer par les prémisses de ma passion pour le cinéma (et de ses festivals), plaisir de retrouver cet endroit et ce festival dont, plus que jamais, la mélancolie paradoxalement enchanteresse me sied, me régénère et même m'éblouit.

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    Au programme de cette année (que vous pouvez retrouver ici), les plus grands cinéastes asiatiques (Wong Kar Wai, Chen Kaige, Sono Sion, Kim ki-duk etc) mais aussi, comme chaque année, de nombreux premiers films avec pas moins de 10 nationalités représentées. Parmi ceux-ci, "Mai Ratima" de Yoo Ji-tae, film coréen en compétition présenté en ouverture hier soir.

    Comme chaque année, le maire de Deauville Philippe Augier et le Président du festival Lionel Chouchan ont ouvert le festival. Les membres du jury présidé cette année par Jérôme Clément ont ensuite été présentés.

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     Ensuite, le Coréen Yoo Ji-Tae est venu présenter son film comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous. Peut-être le reconnaîtrez-vous puisqu'il interprètait le rôle mémorable du tyrannique Lee Woo-jin dans "Old boy" de Park Chan-wook.

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    "Mai Ratima" est donc son premier long-métrage. Le titre désigne une jeune femme d'origine thaïlandaise venue en Corée pour un mariage arrangé où elle est devenue le souffre-douleur de sa famille d'accueil. Alors que son beau-frère la frappe en pleine rue, un jeune homme, tout aussi perdu qu'elle, Soo-young, lui vient en aide. Ils s'enfuient ensemble et se réfugient à Séoul. Ils tombent amoureux l'un de l'autre mais la réalité va rapidement les séparer.

    Surprenant et courageux choix pour un acteur dont la vie est fort probablement à 100000 mieux de celle de ses protagonistes que de traiter cette histoire dramatiquement universelle tout comme la crise économique implicitement évoquée comme la cause de cette descente aux enfers. Ce film est à l'image de ses personnages principaux: plein de défauts et néanmoins attachant. Plein de défauts parce que Yoo Ji-tae s'amuse avec des mouvements de caméra parfois inutiles ou surlignés pour mettre en exergue l'égarement, la suffocation de Mai Ratima qu'il enferme aussi souvent dans son cadre comme elle l'est dans sa réalité sans issue, sans espoir. Plein de défauts parce que le jeu des comédiens dans les premières scènes est exagéré quand il devient plus subtil quand il se concentre sur Mai Ratima et Soo-young pour lesquels le réalisateur semble vouloir nous faire partager son empathie, et il y parvient d'ailleurs la plupart du temps. Plein de défauts encore parce qu'il ne semble pas assumer la fin (pourtant réussie) pour nous livrer un générique qui offre un dénouement alternatif mais fait finalement perdre toute sa force, redoutable, à celle qui précède. Malgré cela (et finalement à cause de tout cela), Yoo Ji-Tae parvient à nous intéresser à ses deux personnages égarés qui s'accrochent l'un à l'autre, à leur dérive désespérée, à leur déchirante séparation puis descente aux enfers. Si le titre porte le nom du personnage féminin principal, ce cas particulier n'en est pas moins universel. Tragiquement. Et c'es là toute la force de ce premier film, imparfait mais dont l'universalité peut difficilement laisser indifférent.

    Les autres films de la compétition seront-ils aussi sombres et désenchantés? Réponse ce soir après ce 1er film en compétition loin d'être inintéressant.

    Au programme aujourd'hui: trois films en compétition ("Four stations", "Songlap", " "The Weight") et l'hommage à Sono sion avec, ensuite, la projection de "The Land of hope" dont je ne manquerai pas de vous parler ici ce soir ou demain.

    Pour terminer, je vous rappelle que, grâce à la mairie de Deauville, vous pouvez désormais voter et attribuer le prix du public à un film parmi ceux figurant en compétition.

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    Je vous laisse avec quelques photos de Deauville mais aussi de Trouville ( et une petite devinette, mon échappée belle à Trouville m'ayant rappelée la scène d'un film avec un célèbre acteur dont je vous parle souvent sur mes blogs -sans doute son unique mauvais film- et dans laquelle il échappe de peu à la noyade. Qui trouvera le titre du film?).

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  • Critique - "Alice au pays des merveilles" de Tim Burton, ce soir, à 20H50, sur M6

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    © Walt Disney Pictures
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    Dans le film de Tim Burton, l'héroïne créée par Lewis Carroll, Alice (Mia Wasikowska), a désormais 19 ans et doit épouser un noble londonien au physique et à l'intelligence ingrats. Alors que ce dernier vient de la demander en mariage, Alice retourne dans le monde fantastique qu'elle a connu enfant. Elle y retrouve ses amis le Lapin Blanc, Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, le Loir, la Chenille, le Chat du Cheshire et, bien entendu, le Chapelier Fou. Alice s'embarque alors dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la Reine Rouge (Helena Bonham Carter) pour que sa sœur la Reine Blanche (Anne Hathaway) puisse (re)prendre sa place.

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    Si, dès les premières minutes dans « Underland » cette Alice au pays des merveilles a agi comme une Madeleine de Proust me replongeant dans mes lectures enfantines, Tim Burton, comme toujours, a su leur donner une lecture plus adulte, celle du parcours initiatique d'une jeune femme qui prend son destin en main, affronte ses rêves et cauchemars et part en quête d'elle-même.

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    Si le scénario manque parfois de rythme et de mordant, et si Tim Burton nous a habitués à davantage de noirceur, émane néanmoins de cet « Underland » la féérie sombre caractéristique du cinéaste et un humour noir et caustique réjouissant. Comme toujours il laisse libre cours à son audace échevelée et à sa créativité débridée, tout en restant fidèle à l'univers de Lewis Carroll, l'étrangeté fantaisiste de ce dernier s'accordant parfaitement à celle de Tim Burton. Le « Alice au pays des merveilles » de Tim Burton est ainsi une adaptation libre des deux livres de Lewis Carroll, le livre éponyme et sa suite « De l'autre côté du miroir ». Même les personnages censés être plus lumineux ne sont pas épargnés par la folie comme la très maniérée reine blanche qui évolue dans un « Underland » peuplé d'êtres à la beauté diaphane (comme celle d'Alice ou la sienne) ou étrange. Un univers d'une profondeur et une richesse visuelles, presque picturales, qui porte l'inimitable marque de Tim Burton.

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    La 3D censée être immersive a pour moi davantage crée une distance. L'univers de Tim Burton est tellement riche, foisonnant, à la fois onirique et réaliste que la 3D apparaît comme un gadget. S'il vous plait messieurs les producteurs (qui, souvent, êtes les initiateurs de ces « gadgets ») faîtes un peu confiance à l'imagination du spectateur et à celle de vos cinéastes...

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    Pour sa septième collaboration avec Tim Burton, Johnny Depp s'est encore spectaculairement transformé et ses scènes avec Alice donnent lieu aux meilleurs moments du film, empreints de la beauté ambigüe et de la folie attendrissante du Chapelier qu'il incarne magistralement.

    Même si «Alice au pays des merveilles » n'a pas la complexité et la féérie ensorcelante d'un « Edward aux mains d'argent » ou même des « Noces funèbres » avec ce nouveau film, Tim Burton parvient une nouvelle fois à transcender la réalité, à nous embarquer dans son univers si singulier et à nous faire croire aux rêves impossibles.

    Et cette Alice, malgré les quelques années et la réalité qui nous séparent, avec son imagination débordante et ses défis impossibles qu'elle se fixe chaque matin, est finalement loin de m'être étrangère. Tim Burton n'a ainsi pas son pareil pour célébrer l'inestimable pouvoir de l'imagination, pour nous faire croire à la réalité et la réalisation des rêves impossibles et pour donner à nos rêves d'enfant des résonances adultes... Bref, n'attendez plus, accompagnez Alice dans le pays merveilleux de Tim Burton !

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  • Festival International du Film Policier de Beaune 2013 : 1ers éléments de programmation

    Chaque année, je me promets d’y aller, étant une inconditionnelle du cinéma policier (pour l’occasion retrouvez ma critique d’un grand -le plus grand?- classique du cinéma policier, en cliquant ici), ayant eu par ailleurs la chance de profiter du prédecesseur de ce festival, le Festival du Film Policier de Cognac, qui avait déjà un programme particulièrement attractif, et l’ayant par ailleurs découvert dans les circonstances exceptionnelles d’un jury de cinéphiles.

    Je n’ ai pas encore eu l’occasion de découvrir le Festival de Beaune mais, à n’en pas douter, le programme de cette année du Festival International du Film Policier de Beaune devrait être particulièrement tentant d’autant qu’on nous annonce déjà que »Après London Polar en 2012, le Festival International du Film Policier de Beaune rend hommage, pour sa cinquième édition, à deux villes emblématiques pour leur influence et leur dimension mythologique au sein du genre policier », Rome et Naples avec une thématique intitulée « Rome – Naples : Boulevard du crime ».

    Au programme également de cette édition 2013 qui se déroulera du 3 au 7 Avril 2013:

    STOKER le nouveau film de Park Chan-wook sera présenté en avant-première française durant . Bien avant sa sortie prévue en mai 2013, les festivaliers pourront découvrir le nouvel opus du génie du thriller coréen, Grand Prix du Festival de Cannes en 2003 pour OLD BOY et Prix du Jury en 2009 pour THIRST, CECI EST MON SANG. Premier long-métrage hollywoodien pour son auteur, STOKER a bénéficié des talents de la star de la série télévisée PRISON BREAK, Wentworth Miller, qui en signe le scénario. À l’affiche, les comédiennes australiennes Nicole Kidman (dont c’est la première collaboration avec un réalisateur asiatique) et Mia Wasikowska (vue dernièrement dans JANE EYRE de Cary Fukunaga et RESTLESS de Gus Van Sant).

    LE PRIX CLAUDE CHABROL

    « J’ai pour principe de ne pas trop emmerder les gens et, franchement, avec le polar, il faut vraiment être très mauvais pour les emmerder totalement. »

    Claude Chabrol

    Créé en 2011 suite à la disparition du réalisateur Claude Chabrol, le Prix Claude Chabrol récompense chaque année un film français sorti dans l’année écoulée dont les qualités cinématographiques font honneur au genre policier, en hommage à celui qui fut le « Président à vie » du Festival du Film Policier de Cognac et naturellement le premier président du Jury du Festival International du Film Policier de Beaune. Lors de la précédente édition du festival, le film PRÉSUMÉ COUPABLE de Vincent Garencq avec Philippe Torreton (qui racontait la tragédie d’Alain Marécaux, accusé à tort dans l’affaire du procès d’Outreau), avait ainsi été récompensé.

    Pour cette 5e édition du Festival International du Film Policier de Beaune, le Prix Claude Chabrol 2013 est attribué, ex-aequo, aux films 38 TÉMOINS de Lucas Belvaux et MAINS ARMÉES de Pierre Jolivet. Le Prix Claude Chabrol sera remis le samedi 6 avril à Beaune, en présence des réalisateurs Lucas Belvaux et Pierre Jolivet.

    Et, enfin, une vidéo pour vous donner envie de découvrir ce festival et vous faire redécouvrir un des maîtres du genre qui a donné son nom au prix précité:

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du festival:

    www.beaunefestivalpolicier.com

      

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  • Réponses au concours "Gagnez vos pass pour le Festival de Deauville"

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    Je vous rappelle tout d'abord que vous pouvez retrouver l'intégralité de la programmation et la grille des horaires, en cliquant ici. Je vous donne rendez-vous mercredi en direct de Deauville, ici, sur http://inthemoodforfilmfestivals.com, http://inthemoodfordeauville.com  et sur twitter (@moodforcinema , @moodfdeauville ) jusqu'à la clôture. Vous pouvez aussi discuter du festival sur ma page Facebook consacrée à celui-ci: http://facebook.com/inthemoodfordeauville . Vous avez été très nombreux à participer...et aussi très nombreux à trouver toutes les bonnes réponses. Je n'ai malheureusement pas pu offrir des pass à tous (même su j'aurais aimé:)). Félicitations aux gagnants! Bon festival à tous. Au plaisir de vous croiser sur place.

     

    Voici les réponses:

    1. Quel est le nom du film dont est extraite l'image ci-dessous?

    HIMIZU De Sono Sion dont vous pouvez retrouver ma critique, ici, et à qui le festival rendra d'ailleurs hommage, cette année.

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    2.

    De quel film est extraite cette image?

    "L’ivresse de l’argent" de Im Sang-soo.

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    3. De quel film est extraite cette image?

    With a girl of black soil (La petite fille de la terre noire) de Jeon Soo Il

     

     

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    4. De quel film est extraite cette image?

    ETERNITY de Sivaroj Kongsakul

     

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    5. Quel est le nom de cette personnalité du cinéma asiatique?

     

    Park Chan-wook

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    6. De quel film est extraite l'image ci-dessous?

    J'ignorais encore que nous aurions le plaisir de le voir à Deauville lorsque j'ai posé cette question:

    "The Grandmaster" de Wong Kar Wai

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    7. Chow/Chan: à quoi cela vous fait-il penser?

    In the mood for love. Ce sont les noms des personnages.

    8. Quel est ce lieu? De quel film est extraite cette image?

    Cette image est extraite de "Still life" de Jia Zhang Ke. Il s'agit de la ville de Fengje en Chine située en amont du barrage des Trois gorges.

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    9. Quel est le nom du film dont est extraite l'image ci-dessous?

    Cette image est extraite de "Week end lover" de Lou Ye

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    10. Afin de récompenser les fidèles lecteurs de mes blogs (les autres pourront aisément trouver la réponse sur mes blogs), en quelles années ai-je été membre de jurys du Festival du Film Asiatique de Deauville?

    En 2005: jury de cinéphiles de feu CinéLive

    En 2012: jury de la critique internationale

    11. En une phrase, pourquoi souhaitez-vous assister à ce festival en particulier?

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