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  • Avant-première - "L'Imaginarium du Docteur Parnassus" de Terry Gilliam

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    La semaine dernière, c'est dans les locaux de Metropolitan Films que j'ai eu la chance de voir « L'Imaginarium du Docteur Parnassus » en avant-première, une projection en petit comité suivie d'une rencontre passionnante avec le cinéaste retranscrite en vidéo sur inthemoodforcinema.com (cliquez ici pour voir les vidéos de la rencontre avec Terry Gilliam).

    Après Jean-Pierre Jeunet et son  Tire-Larigot, avec Terry Gilliam et son Imaginarium, me voilà embarquée pour le deuxième tour de manège de la semaine, les deux cinéastes ayant en commun des univers visuels particulièrement marqués et reconnaissables, et une imagination débordante.

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     Ce Docteur Parnassus-là et sa troupe voyagent de ville en ville dans leur roulotte d'un autre temps. Cet homme sans âge possède l'inestimable pouvoir de projeter les gens dans leur propre imaginaire, un fascinant voyage qui se conclut toujours par un choix déterminant. Suite à un pari gagné contre le diable, Parnassus devient éternel, mais par amour pour une femme, il demande la jeunesse en échange de son immortalité. Le diable accepta, à condition que le jour de ses seize ans, le premier des enfants de Parnassus à naître lui appartienne. La jeune Valentina atteindra l'âge fatidique dans quelques jours et le diable rôde. Dans une tentative désespérée pour sauver son unique enfant, Parnassus va à nouveau jouer avec le feu : le premier de lui ou du diable qui séduira cinq âmes aura gagné. Avec Percy, Anton et le mystérieux Tony surgi de nulle part, le docteur va se lancer dans une extraordinaire course contre la montre. Le diable a tous les pouvoirs mais Parnassus possède l'Imaginarium.

    Présenté hors compétition du dernier festival de Cannes, « L'Imaginarium du Docteur Parnassus » est d'abord le film dont on a parlé parce qu'il a été endeuillé par la disparition d'Heath Ledger, décédé en plein tournage, une disparition qui a paradoxalement nourri le film grâce à l'imagination du cinéaste (dont le synopsis ci-dessus témoigne qu'il regorge de bonnes idées), avec l'aide de trois acteurs (Colin Farrell, Jude Law, Johnny Depp) le remplaçant à tour de rôle et apportant ainsi un nouveau souffle et une autre dimension au film.

    L'imagination salvatrice. Dans la réalité comme dans la fiction donc.  Parce que c'est ce qu'est avant tout ce film : un hymne à l'imagination. Débordante. Précieuse. Rare. Protégée. Avec Terry Gilliam, l'imagination s'envole, les rêves sont une richesse inestimable et convoitée.  Pour y accéder il faut traverser le miroir. Miroir qui peut aussi bien refléter l'au-delà, les peurs et les fantasmes que nous y projetons que le propre visage du cinéaste qui se mire et se reconnaît dans ce marginal qui nous embarque dans une imagination échevelée. Qui rive nos yeux à l'écran, éblouis, lorsqu'ils traversent le miroir du moins, dans l'Imaginarium. Le reste du temps, c'est une frustration, les scènes s'étirant en longueur (mais après tout le rêve se mérite...) et le cinéaste semblant lui-même victime des débordements de sa propre imagination.

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    Malgré ces faiblesses scénaristiques, son univers féérique, foisonnant, fantaisiste, effrayant et fascinant suffit à nous embarquer du paradis aux abîmes de l'enfer. Ce film regorge d'idées visuelles et scénaristiques qui n'auraient été que plus époustouflantes si elles avaient été canalisées, mais après tout l'imagination ne se canalise pas forcément, dans l'univers de Terry Gilliam comme dans l'Imaginarium du Docteur Parnassus et c'est aussi ce qui fait leur charme. Peut-être est-ce là aussi sa manière de ne pas vendre son âme au diable (à l'industrie cinématographique).

    Il faut avant tout voir ce film comme une expérience cinématographique sensorielle, véritable ode à l'inventivité, à l'originalité, à la beauté singulière. Comment ne pas être envoûté par un film qui vous fait toucher les nuages, par une telle flamboyance poétique où le monde se dérobe sous vos pieds et le  dérobe à sa banalité !

    Avec ce film qui est issu d'un scénario original, Terry Gilliam ambitionnait de synthétiser tout ce qu'il avait fait jusqu'ici. C'est qui l'enrichit et l'alourdit à la fois ; l'enrichit d'idées et d'effervescence, l'alourdit pour les mêmes causes. Avec ce conte initiatique il n'ambitionnait pas seulement de nous faire voyager dans le temps, le paradis, l'enfer, l'imagination mais aussi de nous faire voir le monde avec un nouvel œil, selon notre propre imagination et pas seulement ce que nous disent les médias. Bref d'ouvrir l'œil et de regarder au-delà du miroir ou de cette fenêtre (et ce miroir !) ouvert sur le monde qu'est aussi l'écran de télévision.

     Et puis il y a les acteurs : la voix envoûtante de Tom Waits au service de ce personnage diabolique , la candeur et le teint de porcelaine de la prometteuse Lily Cole et Johnny Depp et Jude Law dont j'avoue avoir préféré les prestations à celles de Heath Ledger et Colin Farrell.

     Alors, si vous aussi avez envie de voir le monde féérique et ensorcelant qui se dissimule derrière le miroir, si comme moi vous vénérez le pouvoir inestimable de l'imagination grâce à laquelle « rien n'est définitif pas même la mort », il ne vous reste plus qu'à acheter votre ticket pour « L'Imaginarium » et à vous plonger dans ce bouillonnement visuel ! Peut-être que vous vous y égarerez un temps, mais je ne pense pas que vous le regretterez !

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  • In the mood for news 11: In the mood for "My blueberry nights"

    6e842dc2c111cea81341278f92ba76de.jpgCette semaine sortent deux films qui figuraient parmi mes favoris du dernier Festival de Cannes: tout d'abord "My blueberry nights"  de Wong Kar Wai , film en compétition officielle qui figurait exceptionnellement également en ouverture du festival, un film dans lequel la caméra voluptueuse de Wong Kar Wai danse de nouveau avec le spectateur, envoûté, nous emportant dans son ailleurs où les nuits sont poétiquement et langoureusement bleu myrtille, où les ralentis suspendent le temps et notre souffle un trop court et jubilatoire instant.

     Demain sort aussi "La nuit nous appartient" de James Gray, le polar sombre et palpitant avec Joaquin Phoenix, Eva Mendes, Robert Duvall et Mark Wahlberg, un film qui aurait mérité plusieurs récompenses. Je retournerai le voir cette semaine pour vous en parler longuement, comme ce film magistral le mérite.

    L'autre film de la semaine: My blueberry nights de Wong Kar Wai

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     Ci-dessous la critique publiée sur mon blog consacrée au Festival de Cannes (vous pouvez aussi la retrouver ici)

    Pitch : « Après une séparation douloureuse, Elizabeth (Norah Jones) se lance dans un périple à travers l’Amérique, laissant derrière elle une vie de souvenirs, un rêve et un nouvel ami - un émouvant patron de bar, Jeremy (Jude Law) - tout en cherchant de quoi panser son coeur brisé. Occupant sur sa route des emplois de serveuse, Elizabeth se lie d’amitié avec des clients dont les désirs sont plus grands que les siens : un policier tourmenté et sa femme qui l’a quitté, une joueuse dans la déveine qui a une affaire à régler. A travers ces destins individuels, Elizabeth assiste au spectacle du véritable abîme de la solitude et du vide, et commence à comprendre que son propre voyage est le commencement d’une plus profonde exploration d’elle-même. »

     Pour son premier film en langue anglaise, Wong Kar Waï a réalisé un road movie mélancolique, un voyage initiatique qui nous emmène de New York au Nevada, et sur la célèbre route 66. Les kilomètres et le temps qui séparent les deux protagonistes les rapprochent, d’eux-mêmes, puis l’un de l’autre, aussi par les mots qu’ils s’envoient comme des bouteilles à la mer.

     Comme ses précédents films, « My blueberry nights » est un poème envoûtant, une peinture captivante dans laquelle on se retrouve immergés, fascinés, hypnotisés, transportés dans un univers sombre et lumineux traversé par une galerie de portraits de personnages touchants fracassés par l’existence. Le temps n’existe plus ou plutôt s’y substitue celui recréé par Wong Kar Waï, véritable démiurge d’un univers qui nous enrobe, nous enveloppe, nous ensorcelle insidieusement. Lorsque nous sommes dans un univers où les nuits sont bleu myrtille, tout est possible même que le temps suspende son vol. Wong Kar Waï, mieux que quiconque, y exprime tout ce que recèle l’expression « la magie du cinéma ». La magie d’un voyage vers l’espérance, la magie de ces images qui nous entraînent dans leur danse sensuelle, qui nous font croire que la vie peut marcher au ralenti, qu’un voyage peut nous redonner le sourire comme ce film dont on ressort avec une sensation d’apaisement, comme après un voyage qui nous aurait procuré des émotions indicibles. Des nuits bleu myrtille à savourer sans modération même (et parce que) nous y retrouvons ce qui caractérise le cinéma de Wong Kar Wai : les ralentis langoureux donc, une bande originale particulièrement réussie (me trompé-je ou la musique –notamment celle qui précède le générique- ressemble à s’y méprendre à celle d’In the mood for love ?), une photographie sublime aux teintes bleutées et rougeoyantes, des gros plans sur les visages  (parfois il nous semble voir Maggie Cheung à tel point la caméra de Wong Kar Wai étreint ses actrices de la même façon que dans « In the mood for love »).

    Des prix pour « My blueberry nights » ? La prestation tout en retenue de Norah Jones pourrait mériter un prix d’interprétation, ce qui est peu probable,  le jury préférant généralement les vrais rôles de composition. La mise en scène de Wong Kar Waï, est  évidemment remarquable, mais un prix dans cette catégorie est néanmoins aussi peu probable Wong Kar Waï l’ayant déjà reçu en 1997 et ne bénéficiant plus de l’effet de surprise pour un style et un univers désormais connus.

    Flash back: "In the mood for love"

    Le titre de ce blog n’a pas été choisi par hasard. Son but est aussi de vous immerger dans l’atmosphère du Festival, parfois ensorcelante, à l’image du magnifique film de celui qui fut le président du Festival de Cannes 2006, Wong Kar-Waï qui y présenta 2046 en 2004, sélectionné en compétition officielle et surtout In the mood for love en 2000 qui reçut le prix d'interprétation masculine et le Grand Prix de la Commission Supérieure Technique. En guise d'hommage à ce grand cinéaste, et de clin d'oeil au titre de ce blog, je vous propose donc (à noveau) ma critique d'In the mood for love

    Critique d'In the mood for love de Wong Kar Waï

    0b611a5b861f9e52859ac4f39f677dff.jpgOui, je l’avoue, je n’ai toujours pas vu 2046. A dessein. In the mood for love c’est un peu comme ces moments de nos vies que l’on a filmés et dont on laisse les films croupir dans les tiroirs de crainte que les images ainsi immortalisées soient moins belles que celles de nos souvenirs. Souvenirs sacrés, idéalisés peut-être. Sacrés aussi sont les souvenirs d’In the mood for love. Souvenirs indicibles et indélébiles. Indicibles et indélébiles, telles sont aussi les émotions que procure ce film envoûtant… à l’image des sentiments qu’il retranscrit. A partir d’un synopsis plutôt conventionnel ,d’un schéma vaudevillesque(deux voisins ,Su -Maggie Cheung- et Chow-Tony Leung- , découvrent la tromperie de leurs époux respectifs ,s’éprennent peu à peu l’un de l’autre…mais préfèreront renoncer à leur amour plutôt qu’à leurs idéaux),Wong Kar Wai a réalisé un véritable poème lyrique et nostalgique à la beauté picturale et à l’inventivité visuelle indéniables, inégalées, innovantes, un film tout en nuances dont la mélancolie est encore exacerbée par une atmosphère musicale sublime qui cristallise les sentiments retenus des personnages. Poème langoureux et nostalgique qui nous entraîne, nous emporte délicieusement dans sa mélodieuse complainte. Rarement, voire jamais, au cinéma les frémissements, les palpitations, l’intransmissible incandescence d’un amour implicite, interdit, et ainsi sublimés, avaient été aussi bien suggérés à tel point que les sentiments des personnages semblent émaner de l’écran, presque s’en échapper et nous envahir. Réminiscences des sublimes sensations de nos passés ou de nos rêves, c’est selon, que Wong Kar Waï parvient à faire (res)surgir. Magicien de la caméra. Wong Kar Wai a préféré la suggestion à la démonstration ostentatoire. L’enfermement de Maggie Cheung est ainsi suggéré par des tenues qui emprisonnent son corps et sa passion contenue est reflétée par leurs teintes chatoyantes auxquelles fait écho le décor rouge qui contraste avec les couleurs ternes et les conventions du Hong Kong des années 60. Le ralenti et la musique ensorcelante qui les accompagnent lorsqu’ils se croisent dans un couloir étroit suffisent à nous faire comprendre les sentiments et les impressions d’une sensualité tacite qui les envahissent malgré l’étroitesse des conventions. Les nombreuses ellipses temporelles permettent au spectateur de laisser libre cours à son imagination :un spectateur qui, par une sorte de mimétisme , se laisse peu à peu submerger par l’émotion indéfinissable que suscite cette ambiance…Jamais une histoire d’amour n’avait été racontée avec autant de pudeur, de nuance, d’élégance. Le spectateur est immergé dans cette « ambiance de l’amour », un titre étrange à l’image de la singularité des impressions qu’il inspire. Grâce à l’ingéniosité de la réalisation le spectateur est happé par cet univers, cette histoire…une histoire intemporelle et universelle qui substitue mieux que jamais à notre regard « un monde qui s’accorde à ses désirs » pour reprendre la citation de Bazin qui pourrait avoir été inspirée par ce film. Alors bien sûr on pourrait établir un parallèle avec Sur la route de Madison  de Clint Eastwood ou encore avec les films de James Ivory pour l’admirable peinture des sentiments contenus mais, au-delà de celle-ci, Wong Kar Waï a su créer une atmosphère ensorcelante, languissante, presque onirique qui fait de son film une œuvre inclassable et novatrice …On pourrait aussi me rétorquer que la stylisation est exacerbée (et peut-être pour certains exaspérante ), que cette beauté picturale cherche à dissimuler une faiblesse scénaristique mais c’est justement cette symphonie picturale et musicale qui contribue à la richesse du scénario. Alors quand cette rêverie cinématographique s’achève, le spectateur quitte avec peine cette atmosphère enchanteresse, la magie du cinéma portée à son paroxysme…une magie prolongée par des images et une musique indissociables et inoubliables qui nous accompagnent longtemps après le générique de fin, qui m’accompagnent toujours. Le film entier est un poème langoureux, une mélodie savoureuse et ensorcelante, une longue parabole amoureuse qui vous laissera le souvenir inaltérable et brûlant d’un grand amour.

    Egalement à l'affiche demain...

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    Ce mercredi sort également "Les femmes de ses rêves" présenté en avant-première lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, un film relativement réjouissant mais finalement assez politiquement correct pour un film des frères Farrelly. Un conseil: fermez les yeux si vous tombez devant la bande annonce qui, comme souvent dans les bandes annonces américaines, est tellement réussie qu'elle raconte tout le film et ses meilleures gags.

    Un film à voir mais seulement une fois que vous aurez vu les deux films précités qui figurent au palmarès de mes films favoris de l'année à défaut d'avoir figuré à celui du Festival de Cannes comme ils l'auraient l'un et l'autre grandement mérité!!

    A suivre ma critique de "La nuit nous appartient"...En attendant continuez à plonger "in the mood for cinema"!

    Sandra.M