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  • Critique de LA CHAMBRE D’À CÔTÉ de Pedro Almodovar (au cinéma le 8 janvier 2025)

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    Ce 17 décembre, à Paris, au Pathé Palace, avait lieu l’avant-première du dernier film de Pedro Almodovar, suivie d’un échange entre le public, ce dernier et les deux actrices principales, Julianne Moore et Tilda Swinton. En vingt-deux films, le cinéaste espagnol n’a cessé de se réinventer tout en nous permettant d’identifier son univers, exubérant et chatoyant, en quelques plans. À 75 ans, Pedro Almodovar demeure un cinéaste toujours aussi inventif, même si le pessimisme envahit de plus en plus son œuvre. Produit par ce dernier via sa société de production, El Deseo, La chambre d’à côté est aussi son premier film en langue anglaise qui a pour cadre les Etats-Unis, un film inspiré du roman Quel est donc ton tourment ? de Sigrid Nunez (2020). Ce long-métrage fut présenté en compétition à la 81ème Mostra de Venise.

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    Ingrid (Julianne Moore) est une écrivaine et amie de longue date, de Martha (Tilda Swinton), reporter de guerre pour le New York Times. C’est lors d’une séance de dédicaces à l’occasion de laquelle elle évoque sa hantise de la mort qu’une connaissance commune apprend à Ingrid la maladie de son amie Martha, atteinte d’un cancer. Ingrid et Martha ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Lorsqu’Ingrid devient romancière à succès et Martha reporter de guerre, leurs chemins se séparent…

    Ce soir du 17 décembre, en allant au Pathé Palace où se déroulait l'avant-première de La chambre d'à côté, j'ai repensé à Étreintes brisées, un film de Pedro Almodovar que j'avais eu la chance de voir au Festival de Cannes en 2009, dans le cadre duquel ce film figurait en compétition, pas le film le plus connu de Pedro Almodovar mais un long-métrage non moins sublime, et certainement une des projections cannoises qui m'avait le plus marquée. Un film à la narration à la fois complexe et limpide, à l'image de son titre : romantique et cruel, d'une poésie langoureuse, d'une beauté mélancolique et fragile. Un film qui possède la beauté, fatale et languissante, d’un amour brisé en plein vol. Un film qui a la gravité sensuelle de la voix de Jeanne Moreau, la beauté incandescente d’une étreinte éternelle comme dans Voyage en Italie de Rossellini, la tristesse lancinante de Romy Schneider auxquels il se réfère. Un film empreint de dualité sur l’amour fou par un (et pour les) amoureux fous du cinéma. Le cinéma qui survit à la mort, à l’aveuglement, qui magnifie l’existence et la mort, le cinéma qui reconstitue les étreintes brisées, le cinéma paré de toutes les vertus. Même celle de l’immortalité.

    Pourquoi ces digressions ? Parce que j'ignorais ce dont parlait le film que je suis allée voir, j'ignorais sur quelle destinée ouvrait la porte rouge de cette magnifique affiche, ce que signifiait ce rouge incandescent. Mais sans doute m'étais-je imaginée que si la danse était macabre elle serait colorée. Que même la mort flamboierait. C'était oublier qu’après Étreintes brisées il y avait déjà eu Douleur et gloire, en 2019. Peut-être que si j'avais connu le sujet que j'évite habituellement pour des raisons personnelles (le cancer, la fin de vie), je n'y serais pas allée. Et j'aurais eu tort. Cela aurait été oublier la folie rassurante, le talent incontestable et l'humanité communicative d'Almodovar plus que jamais à l'œuvre ici pour livrer cela : un poème à la fois funèbre et coloré, rassurant et puissant, aussi visuellement éclatant que pessimiste (Almodovar évoque lui-même ainsi son film : « l'histoire d'une femme qui va mourir dans un monde qui va mourir »), aussi doux que son sujet est âpre. Mais aussi une ode à l'amitié, à l'art, a nature, la liberté. Un film à la fois bouleversant et apaisant.

    Bien qu’athée, Pedro Almodovar considère ici que la mort n’est pas une fin absolue. Parce qu’aucune autre amie ne veut l’aider, Martha va demander à Ingrid l’impensable : l’accompagner dans sa décision de choisir le moment où elle mourra, dans une maison à la lisière de la forêt aux allures de limbes, et d’être avec elle, dans la chambre d’à côté.

    Trois ans après La voix humaine, et son autre court-métrage Strange way of life, Pedro Almodovar retrouve ainsi Tilda Swinton dont la précision du jeu procure à ses longs monologues une force particulièrement convaincante exacerbée par les contrechamps sur le visage d’Ingrid/Julianne Moore qui l’écoute. Elle remonte le fil de sa vie, de sa relation à sa fille dont elle se sent si éloignée et différente qu'elle a l’impression qu’elle n’est pas la sienne, à son histoire avec le père de sa fille (quel conteur qu’Almodovar qui, en quelques plans, narre une histoire dans l’histoire, là aussi tragique et émouvante) aux rencontres qui ont jalonné son parcours de reporter.

    Dans un pays où le suicide assisté n’est pas autorisé, ce que demande Martha à Ingrid est un acte illégal, qui exige une preuve d’amitié inouïe. Malgré sa peur maladive de la mort, Ingrid va pourtant s’y plier, devenant presque le pantin de Martha et de son jeu funèbre, démiurge de la fin de sa propre existence et de sa mort. Tilda Swinton est époustouflante, instillant beaucoup de complexité dans ce personnage au regard tant tendre tantôt dominateur, contraignant son amie à attendre sa mort, le moment qu’elle choisira, spectatrice comme ces personnages du tableau  People in the Sun d’Edward Hopper (qu’elles admirent dans la « dernière demeure » de Martha), aveuglés par le soleil, en attente. Ce sont la nature et l’art qui relient ici Martha aux dernières lueurs de vie dont la beauté fulgurante éclate plus que jamais au seuil de sa mort.

    Tilda Swinton, lors de la rencontre après le film, a évoqué l’idée de la « mort avec dignité », et d’un film qui n’est au fond pas « à propos de la mort mais de diriger sa vie jusqu'à la fin », soulignant que Martha prend en mains non pas sa mort mais sa vie jusqu'au bout en choisissant « comment cette mort va être traversée».  « Elle demande simplement que son amie ne détourne pas le regard ».

    La distribution est aussi parfaite dans les seconds rôles : John Turturro dans le rôle de l’amant qui a partagé la vie des deux femmes, obsédé par une autre mort, celle de la planète. Et Alessandro Nivola dans le rôle d’un policier pugnace, conservateur et hargneux.

    La musique d’Alberto Iglesias accompagne elle aussi avec douceur ce cheminement vers la mort (grâce au piano, aux violons et à la harpe), comme une valse qui enlace les deux femmes et accompagne aussi Martha vers le trépas, avec parfois des notes dissonantes instillant du mystère aux frontières du thriller. La scène de la « première mort » de Martha est littéralement hitchcockienne et la musique comme le savant cadrage et le jeu habité de Julianne Moore contribuent fortement à créer cette atmosphère inquiétante.

    Lors du débat après le film, Pedro Almodovar a évoqué la manière dont il travaille avec le compositeur Alberto Iglesias qui « me propose quatre ou cinq thèmes musicaux parce que nous avons parlé du ton du film. Le compositeur comprend ce que j'attends. Parfois, je rejette les cinq premiers thèmes mais il a une grande capacité d'adaptation et pas d'ego et si je rejette son thème, il compose différemment. » Il a également évoqué sa manière particulière de réaliser le montage, pendant le tournage. Il a également précisé que l’idée d’euthanasie n’avait pas été évoquée avec ses actrices lors du tournage, ajoutant que « à mes yeux, je pense que les êtres humains ont le droit d'être maîtres de leur vie et doivent aussi être maîtres de leur mort lorsque la vie ne leur réserve plus que douleur. »

    Malgré la rudesse du sujet, le film n’est jamais lugubre. « C’est un film qui parle de la mort que je voulais austère mais il m'est impossible de renoncer à ma palette de couleurs » a précisé le cinéaste lors de la rencontre après le film. Ainsi, alors qu’elle a décidé de sa mort prochaine, Martha semble plus lumineuse, apaisée par la force inébranlable de son douloureux choix. Le directeur de la photographie, Edu Grau, a réalisé un travail magnifique avec un choix parcimonieux et judicieux de couleurs pour souligner les jeux de miroirs, de dualités et ressemblances entre les deux amies. Martha est associée à la couleur verte (quand la maladie la ronge) puis jaune (quand elle a repris le pouvoir sur sa vie). Les transats qui joueront un rôle central et qui sont côte à côté, comme les deux femmes dans ces maisons, sont vert pour celui de Martha, et rouge pour celui d’Ingrid. Le rouge, c’est aussi la couleur de la porte de Martha dont la fermeture est censée signifier qu’elle a franchi le seuil de la mort. La photographie nimbe la lumière de teintes translucides qui semblent venir de l’au-delà.

    La fin du film, reprend le monologue final du dernier film de John Huston, Gens de Dublin (1987), inspiré de la nouvelle The Dead, extraite du recueil Les Gens de Dublin, de James Joyce : « La neige tombe. Elle s’étend sur tout l’univers. Elle tombe, feutrée. Sur tous les vivants. Et les morts. » Ces mots nous accompagnent après le générique comme une mélopée à la fois sombre et réconfortante. Sur la terrasse, deux femmes se tiennent par la main. Tel un linceul, les flocons de neige les recouvrent, comme ils recouvrent «les morts et les vivants ». Mort et renaissance valsent alors ensemble.

    Le jury de la Mostra de Venise présidé par Isabelle Huppert a décerné son Lion d’or à ce film magnifique : « Je crois que dire adieu à ce monde proprement et dignement est un droit fondamental de tout être humain » a déclaré le cinéaste en recevant son prix. Ce long-métrage s’éloigne de ses films transgressifs, flamboyants, mélodramatiques, et exubérants (dans lesquels la mort étant cependant souvent présente) pour livrer un film poignant à la beauté funèbre. Un tableau vert, rouge et jaune d’une force poétique renversante sublimé par deux actrices magistrales. Un plaidoyer convaincant pour la liberté de choisir : la liberté de choisir la route qu'emprunte notre vie, jusqu'aux derniers instants, et donc la mort.

    La fin du film reconstitue les « étreintes brisées ». Ne vous disais-je pas à propos du film éponyme que le cinéma, paré de toutes les vertus, même celle de l’immortalité, survit à la mort, reconstitue les étreintes brisées ? C’est ce qui vous attend dans cette Chambre d’à côté dont je vous recommande de pousser la porte rouge pour affronter la mort et célébrer la vie.

  • Les Oscars en live sur Allociné

    oscars4.jpgJe vous parlais hier à nouveau des différents nommés aux Oscars et des différents moyens pour les suivre en direct.

    J'y ajoute aujourd'hui Allociné qui propose de vivre la cérémonie en direct avec la rédaction et le club 300 d'Allociné.

    Bien que membre dudit club, pour ma part, je préfère le commentaire a posteriori aux réactions "à chaud".

    Vous retrouverez donc dès demain mes commentaires sur cette cérémonie des Oscars 2010 ainsi que le palmarès complet.

     Pour suivre et commenter la cérémonie sur Allociné, c'est ici. (ainsi que sur le Twitter et le Facebook d'Allociné)

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Suivez en direct la master class de Pascal Elbé et Roshdy Zem sur Allociné

    Ce soir, j'assisterai à l'avant-première de "Tête de turc" de Pascal Elbé, projection suivie d'une master class avec Roschdy Zem et Pascal Elbé. Grâce à Allociné, vous pourrez suivre cette master class en direct sur internet en vous connectant, ici, à partir de 21H30. Vous pouvez également poser vos questions, ici. Le film sortira en salles le 31 mars prochain. Je vous en propose la bande-annonce ci-dessous.

    Bien sûr vous pourrez, demain, retrouver mon compte rendu, mes photos et vidéos de cette master class ainsi que ma critique du film "Tête de turc" en avant-première.

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    Lien permanent Imprimer Catégories : EVENEMENTS CINEMATOGRAPHIQUES DIVERS Pin it! 0 commentaire
  • Gagnez 1x2 places pour la projection privée d' "I love you Phillip Morris"

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    Comme certains sites répertorient les bonnes réponses aux concours à une vitesse parfois déconcertante,  pour que les places aillent à des spectateurs réellement motivés, cette fois-ci, plutôt que de bonnes réponses aux questions je récompenserai donc la motivation.

     En partenariat avec Allociné, j'ai en effet la possibilité de vous faire gagner une place pour deux pour la projection privée de "I love you Phollip Morris" qui se déroulera à Paris le 21 janvier 2010, à 20H.

    Pour remporter ces places, envoyez-moi un email à inthemoodforcinema@gmail.com avec comme intitulé "Concours Phillip Morris". Donnez-moi 10 raisons pour lesquelles vous souhaitez voir ce film. Le plus convaincant et/ou original et/ou motivé recevra ces 2 places. Fin du concours: le 17 janvier à minuit. Le gagnant sera contacté directement par email.

    Bande annonce:

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 1 commentaire
  • Concours: gagnez 1 place pour 2 pour la projection en avant-première de "La princesse et la grenouille" (Soirée Allociné Family and Friends)

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    Je vous propose de gagner une place pour deux personnes pour voir en avant-première le film d'animation "La Princesse et la grenouille", lors de la soirée "Allociné family and friends" qui aura lieu à Paris le 6 janvier 2010.

    Ce conte des studios Disney sortira en salles le 27 janvier 2010. 

    Comme il n'y aura qu'un gagnant, je vous propose de travailler un peu et de me donner 10 bonnes raisons pour lesquelles vous souhaitez absolument, deséspérément, férocement voir ce film en avant-première. Soyez inventifs et sincères...

    Envoyez vos participations à inthemoodforcinema@gmail.com avec comme intitulé de l'email "Concours la princesse et la grenouille". Surtout n'oubliez pas de donner votre nom et votre prénom... Vous avez jusqu'au  27 décembre pour participer.

     Le gagnant sera contacté directement par email.

    Et demain un nouveau concours avec 5 places pour 2 à gagner pour un de mes coups de coeur de cette fin d'année, le magnifique "Les Chats persans".

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 0 commentaire
  • In the mood for Disneyland Paris: Disney disco night...

    Comme je vous le disais samedi, ce week end j'étais à

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    Merci à Allociné pour ce week end au doux trompeur parfum d'enfance, d'insouciance (dans le temple  de la consommation à outrance...)  et à (ma victime passagère polyglotte) mes complices de cette journée sous un soleil lui aussi irréel  et de cette soirée sur le dance floor, sous les étoiles, dans le parc "Walt Disney Studio" privatisé pour l'occasion (l'occasion n'étant pas nos prouesses sur le dance floor mais la soirée en question:-))...

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    THE rencontre dans le hall de notre hôtel, ci-dessous...
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  • Suivez en direct la master-class de Jean-Pierre Jeunet, ce soir, à 20h15

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    Photo ci-dessus: Jean-Pierre Jeunet au Salon du Cinéma 2009, photo Inthemoodforcinema.com

    micmacs.jpgComme, pour une raison indépendante de ma volonté,  je ne pourrai  finalement  et malheureusement pas assister à la master-class  de Jean-Pierre Jeunet à laquelle j’étais invitée, au siège de la Warner,  ce soir, dans le cadre du club 300 d’Allociné, je vous invite à la suivre, comme moi, en direct sur Allociné où elle sera retransmise  en intégralité, ce soir donc, à partir de 20H15, là-bas.

     

      Vous pouvez également  poser vos questions à Jean-Pierre Jeunet en cliquant ici.

     

    Il évoquera son cinéma et présentera son prochain film « Micmas à tire-larigot » qui sortira en salles le 28 octobre 2009.

     

    Je vous rappelle que Jean-Pierre Jeunet sera le président du jury du 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville que vous pourrez suivre en direct, comme chaque année, sur Inthemoodforcinema.com et sur Inthemoodfordeauville.com .

     

    Jean-Pierre Jeunet était également le parrain du Salon du Cinéma 2009 dont Inthemoodforcinema.com était partenaire. Il y a également donné une master class.

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    club.jpgEt puisque d’Allociné et de son club 300 il est question, j’en profite pour vous signaler qu’il y a une semaine nous avons fêté le premier anniversaire dudit club 300 au sujet duquel vous pourrez en savoir davantage en regardant la vidéo ci-dessous (cliquez sur "lire la suite" pour voir la vidéo) et en cliquant ici, ce lien vous renvoyant vers mes articles y ayant déjà été consacrés. Cet anniversaire a donné lieu à la projection de « Là-haut » également projeté en ouverture du 62ème Festival de Cannes. Cliquez ici pour lire mes commentaires au sujet de « Là-haut ».

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