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  • Festival cinéma Télérama du 24 au 31 janvier 2018 : une semaine pour revoir les meilleurs films de 2017 !

     

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    Il y a quelques semaines, je vous donnais mon top des films de 2017. Si vous avez manqué les films dont je vous parlais alors, voici l'occasion idéale de les rattraper. En effet, pour la 11ème année consécutive, BNP Paribas est partenaire du Festival cinéma Télérama qui aura lieu du 24 au 30 janvier 2018. Une semaine pour voir ou revoir les meilleurs films de l’année 2017 sélectionnés par la rédaction de Télérama dans les salles art et essai ainsi que des films en avant-première.

    Dans cette liste figurent ainsi 3 films de mon top 2017 dont LE film qui est pour moi le meilleur film de l'année passée : "Faute d'amour" dont vous pourrez ainsi retrouver ma critique ci-dessous ainsi que celles des autres films qui figuraient dans mon top : "120 battements par minute" et "Visages villages".

    Voici la liste des films que pourrez voir :

    • 120 battements par minute
    • Faute d'amour
    • Blade Runner 2049
    • The lost City of Z
    • Logan Lucky
    • Barbara
    • Visages villages
    • Un homme intègre
    • L'atelier
    • Le Caire confidentiel
    • La villa
    • Une vie violente
    • Certaines femmes
    • Une femme douce
    • Patients
    • Le grand méchant renard et autres contes

     

    et des films en avant-première :

    • America
    • Les bonnes manières
    • Razzia
    • Jusqu'à la garde
    • À l'heure des souvenirs

    3,50 € chaque séance avec le PASS dans Télérama ou sur Télérama.fr

    Plus d’infos sur : http://festivals.telerama.fr/festivalcinema

    1. FAUTE D'AMOUR d'Andreï Zviaguintsev

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.

    2. 120 BATTEMENTS PAR MINUTE de Robin Campillo

     

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici. "120 battements par minute" a également obtenu le prix du public du Festival du Film de Cabourg 2017 dont vous pouvez retrouver mon bilan, là.

    C’est le film qui avait bouleversé les festivaliers au début de la 70ème édition du Festival de Cannes  et qui méritait amplement son Grand Prix. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’émotion que Pedro Almodovar l’avait évoqué lors de la conférence de presse du jury du festival. On sentait d’ailleurs poindre un regret lorsqu’il a déclaré : « J'ai adoré 120 battements par minute. Je ne peux pas être plus touché par un  film. C'est un jury démocratique. Et je suis 1/9ème seulement. » Il avait également déclaré :   « Campillo raconte l'histoire de héros qui ont sauvé de nombreuses vies. Nous avons pris conscience de cela. »

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    Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan (Arnaud Valois) va être bouleversé par la radicalité de Sean (Nahuel Perez Biscayart) qui consume ses dernières forces dans l’action. Sean est un des premiers militants d' Act Up. Atteint du VIH, il est membre de la commission prisons.  Au film politique va s’ajouter ensuite le récit de son histoire avec Nathan, nouveau militant, séronégatif.

    Le film s’attache en effet à nous raconter à la fois la grande Histoire et celle des deux personnages. Celle d’Act Up se heurtant aux groupes pharmaceutiques, essayant d’alerter  l’opinion publique et le gouvernement insensible à sa cause. Celle de l’histoire d’amour entre Sean et Nathan. Deux manières de combattre la mort. La première est racontée avec une précision documentaire. La seconde est esquissée comme un tableau avec de judicieuses ellipses. L’une domine tout le début du film avant que la seconde ne prenne une place grandissante, le film se focalisant de plus en plus sur l’intime même si le combat est toujours présent, en arrière-plan.

    La durée du film (2H10) devient alors un véritable atout nous permettant de nous immerger pleinement dans leur action et de faire exister chaque personnage, de nous les rendre attachants, de nous permettre d'appréhender la violence apparente de leurs actions qui deviennent alors simplement  à nos yeux des appels au secours, des cris de colère, si compréhensibles. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution face à l’indifférence et l’inertie. Parce que le temps court et leur manque. La caméra s’attache et s’attarde à filmer les visages et les corps, vivants, amoureux, mais aussi les particules qui les détruisent inéluctablement. Deux réalités qui s’opposent. Une course contre la montre. Contre la mort.

    Nahuel Pérez Biscayart, Arnaud Valois et Antoine Reinartz sont impressionnants de force, d’intensité, de justesse, de combattivité. Ils rendent leurs personnages furieusement vivants et Adèle Haenel impose sa colère avec force, totalement imprégnée de son rôle.

    Campillo démontre ici une nouvelle fois son talent de scénariste (il fut notamment celui d’ « Entre les murs », palme d’or 2008 mais aussi  notamment des autres films de Laurent Cantet), dosant brillamment l’intime et le collectif, l’histoire d’amour et le combat politique et parvenant à faire de chacun des débats, parfois virulents,  des moments passionnants, témoignant toujours de ce sentiment d’urgence.  Certains ont reproché au film d’être trop long ou bavard mais aucun de ces échanges n’est vain ou gratuit. Ils sont toujours vifs et incisifs, enragés de l’urgence dictée par la maladie et la mort qui rôde. Ne pas s’arrêter, ne pas se taire pour ne pas mourir.

    La dernière partie du film, poignante, ne tombe pourtant jamais dans le pathos ni dans la facilité. Campillo raconte avec minutie et pudeur les derniers sursauts de vie, puis la mort et le deuil, leur triviale absurdité. « Mince » réagit une mère à la mort  de son enfant. Et c’est plus bouleversant que si elle s’était écroulée, éplorée.

     En immortalisant ces combats personnels et ce combat collectif, Campillo a réalisé un film universel, transpirant la fougue et la vie dont chaque dialogue, chaque seconde, chaque plan palpitent d'une urgence absolue. A l’image de la réalisation, effrénée, nerveuse,  d’une énergie folle qui ne nous laisse pas le temps de respirer. Avec sa musique exaltant la vie. Ses images fortes aussi comme ces corps allongés sur le sol de Paris symbolisant les défunts, des corps que la caméra surplombe, tourbillonnant autour comme si elle filmait un ballet funèbre. Sa poésie aussi. Un film jalonné de moments de grâce et d’images fortes qui nous laissent une trace indélébile. Lorsque la Seine devient rouge. Lorsque Sean évoque le ciel et la vie, plus prégnante avec la maladie, et que Paris défile, insolemment belle et mélancolique, derrière la vitre, irradiée de soleil.

    Un film qui rend magnifiquement hommage à ces combattants, à leur ténacité. Lorsque, finalement, le désir de vie l’emporte, avec ces battements musicaux et cardiaques, qui s’enlacent et se confondent dans un tourbillon sonore et de lumières stroboscopiques, qui exaltent la force de l’instant, et nous accompagnent bien après le générique de film, Campillo nous donne envie d’étreindre furieusement le moment présent.

    3. VISAGES VILLAES D'Agnès Varda et JR

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    Que de poésie dans ce film, révélateur de la profondeur, la noblesse, la beauté et la vérité des êtres ! Présenté hors-compétition du dernier Festival de Cannes où il a reçu le prix L’œil d’or du meilleur documentaire, il est coréalisé par Agnès Varda et JR.

    Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences.

    Dès le générique, le spectateur est saisi par la délicatesse et la poésie. Poésie ludique des images. Et des mots, aussi : « tu sais bien que j’ai mal aux escaliers » dit Agnès Varda lorsqu’elle peine à rejoindre JR, « Les poissons sont contents, maintenant ils mènent la vie de château» à propos de photos de poissons que l'équipe de JR a collées sur un château d’eau.

    « Le hasard a toujours été le meilleur de mes assistants », a ainsi déclaré Agnès Varda et en effet, de chacune de ces rencontres surgissent des instants magiques, de profonde humanité. Sur chacun des clichés, dans chacun de leurs échanges avec ces « visages » affleurent les regrets et la noblesse de leurs détenteurs.

    En parallèle de ces explorations des visages et des villages, se développe l’amitié entre ces deux humanistes qui tous deux ont à cœur de montrer la grandeur d’âme de ceux que certains appellent avec condescendance les petites gens (terme qui m’horripile), de la révéler (au sens photographique et pas seulement).

    En les immortalisant, en reflétant la vérité des visages que ce soit celui de la dernière habitante de sa rue, dans un coron du Nord voué à la destruction en collant sa photo sur sa maison, à ces employés d'un site chimique,  ils en révèlent la beauté simple et fulgurante. Et nous bouleversent. Comme cet homme à la veille de sa retraite  qui leur dit avoir « l’impression d’arriver au bout d’une falaise et que ce soir je vais sauter dans le vide ». Et dans cette phrase et dans son regard un avenir effrayant et vertigineux semble passer.

    Le photographe de 33 ans et la réalisatrice de « 88 printemps » forment un duo singulier, attachant, complice et attendrissant. Le grand trentenaire aux lunettes noires (qu’Agnès Varda s’évertuera pendant tout le film à lui faire enlever) et la petite octogénaire au casque gris et roux. Deux silhouettes de dessin animé. Les mettre l’un avec l’autre est déjà un moment de cinéma. Tous deux se dévoilent aussi au fil des minutes et des kilomètres de ce road movie inclassable. Et ces visages dont les portraits se dessinent sont aussi, bien sûr, les leur. Ce voyage est aussi leur parcours initiatique. Celui d’un JR gentiment taquin, empathique, et d’une Agnès Varda tout aussi à l’écoute des autres, tantôt malicieuse et légère (impayable notamment quand elle chante avec la radio) tantôt grave et nous serrant le cœur lorsqu’elle dit « la mort j’ai envie d’y être parce que ce sera fini ».

    Ce récit plein de vie et fantaisie est aussi jalonné par l’évocation tout en pudeur de ceux qui ne sont plus, du temps qui efface tout (parce que photographier les visages c’est faire en sorte qu’ils « ne tombent pas dans les trous de la mémoire ») comme la mer qui engloutit ce portrait de cet ami d’Agnès Varda qui avait pourtant été soigneusement choisi pour être collé sur un bunker en bord de mer. Et la nostalgie et la mélancolie gagnent peu à peu du terrain jusqu’à la fin. Jusqu’à cette « rencontre » avec le « redoutable » Jean-Luc Godard qui donne lieu à un grand moment de cinéma poignant et terriblement cruel. Jusqu’au lac où la vérité et le regard sont, enfin, à nu. Et le nôtre embué de larmes.

    Ajoutez à cela la musique de M. Et vous obtiendrez une ode au « pouvoir de l’imagination », un petit bijou de délicatesse et de bienveillance. Un pied de nez au cynisme. Passionnant. Poétique. Surprenant. Ensorcelant. Emouvant. Rare. A voir absolument.

     

  • Critique de DALIDA de Lisa Azuelos à voir à 21h ce soir sur Canal +

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    Le biopic (film autobiographique qui, par définition, retrace l’existence de personnalités ayant existé) est un genre cinématographique à la mode, symptomatique d’une époque dans laquelle la notoriété (quelle qu’en soit l’origine) apparaît comme la réussite ultime. Aussi parce qu’il retrace le plus souvent des destins tragiques qui permettent au spectateur de mêler à l’envie et l’admiration, une sorte de pitié consolante, et de se rassurer sur la vanité universelle de l’existence, y compris pour ses idoles. Enfin parce qu’il s’agit, aussi, d’un genre très commercial puisque cela garantit déjà un nombre minimum de spectateurs, ceux qui appréciaient la personnalité disparue. Avec 170 millions de disques vendus, un film sur Dalida dispose indéniablement d’un public acquis.

    Voici donc le biopic sur Dalida. Après « La Môme », « Sagan », « J.Edgar » (remarquable), « La dame de fer », « My week with Marilyn ». Après Ali, Ray, Marie-Antoinette,  Cloclo… Autant de prénoms comme titres de films qui suffisent à résumer la notoriété de ceux qu’ils désignent et leur potentiel empathique et commercial. Il y eut aussi « Gainsbourg, vie héroïque », un conte, et une libre adaptation, liberté dont était épris celui dont il retraçait une partie du parcours artistique et des histoires d’amour souvent célèbres et tumultueuses, un film en apparence désordonné et confus comme émergeant des volutes de fumée et des vapeurs d'alcool indissociables de Gainsbourg. Le film sur Dalida, s’il n’avait pas la même ambition artistique, n’en est pas moins particulièrement efficace et réussi.

    Je suis pourtant allée sans grande conviction découvrir ce nouveau film de Lisa Azuelos, n’étant pas particulièrement sensible aux chansons de Dalida. « Une rencontre », le dernier film de la réalisatrice m’avait laissé le souvenir d’une très belle comédie romantique, une ode moderne et réjouissante aux illusions, portée par des acteurs et une réalisation lumineux. Ce souvenir m’a donc incitée à rencontrer cette « Dalida ».

    De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe n°1, aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de Gigi l’Amoroso en 1974, le film Dalida est le portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire... Une femme moderne à une époque qui l’était moins ... Malgré son suicide en 1987, Dalida continue de rayonner de sa présence éternelle.

    « Cloclo » retraçait  le destin tragique de Claude François, icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans qui, plus de trente ans après sa disparition, continue de fasciner. Tout commençait (et tout s’expliquait) par son enfance et son adolescence en Egypte auprès d’une mère aimante et d’un père irascible et exigeant  dont le travail consistait à contrôler le trafic de la Compagnie du Canal de Suez et qui en, en  1956, lors de la nationalisation du canal de Suez, dut rentrer en France avec sa famille, une humiliation dont il ne se remettra jamais. Une fois la famille, alors désargentée, arrivée en France, Claude fit ensuite ses débuts de musicien au Sporting club de Monaco, ce que désapprouva son père qui souhaitait le voir devenir comptable, refusant  alors de lui parler et, jusque sur son lit de mort, il s’y obstinera.

    Un artiste se construit sur des failles et c’est par celle-ci, ce silence et cette incompréhension douloureux, que ce biopic sur Claude François expliquait en grande partie la complexité, l’insatisfaction permanente, le perfectionnisme de Claude François mais aussi sa rage de réussir. C’est aussi autour des failles enfantines que s’articule le scénario de « Dalida » . Et c’est ce qui le rend passionnant. Chaque séquence, chaque chanson illustrent une blessure supplémentaire, autant d’éraflures devenant au fil des ans une plaie béante et profonde, provoquant cette douleur indicible masquée par les paillettes et les projecteurs qui a mené à son suicide, comme inéluctable. Dès les premiers plans, l’histoire est placée sous le sceau de la tragédie, les ultimes mots que Dalida écrit avant de se suicider, sa première tentative de suicide et les témoignages de ses proches chez un psychiatre.

     L’accent est mis sur l’enfance de Dalida, née Iolanda Cristina Gigliotti au Caire en 1933 dans une famille italienne, qui depuis lors s’est toujours vue laide, une maladie des yeux l’ayant contrainte à porter de grosses lunettes et provoquant les moqueries des autres enfants. Autre point commun et non des moindres avec l’enfance de Cloclo, sa relation à son père, qui explique en grande partie ses souffrances. Le père de Dalida, professeur de violon, accusé de collaboration, Italien dans une Egypte à domination anglaise alors que la Grande-Bretagne est en guerre contre l’Italie, a en effet été fait prisonnier pendant la guerre, dans un camp dans le désert. Il y resta 4 ans. De cet emprisonnement, il revient malade et violent. Dalida souhaitait alors sa mort ( il décéda en 1945) et en portera toujours la culpabilité comme elle portera ensuite la culpabilité des suicides successifs des hommes de sa vie.

    Lisa Azuelos a eu la bonne idée de construire un film à l’image de son héroïne, constitué de contrastes : mélancolique et lumineux, à la fois flamboyant (dans les costumes, les reconstitutions des spectacles, les scènes en public) et sombre (dans les scènes plus intimes) comme dans cette scène lors de laquelle, après un triomphe et ses clameurs, Dalida se retrouve dans la solitude glaçante et le silence tétanisant de sa salle de bain. Nous rappelant ce plan : cette image d’elle-même qui se démultiplie dans le reflet d’un miroir, multiples facettes de la femme, plus fragile, que l’icône se doit de dissimuler.

    « Dalida » est avant tout un sublime portrait de femme libre, sombre et solaire, très entourée  et solitaire, en avance sur son époque. Cette à qui toutes les femmes voulaient ressembler mais qui voulaient « juste être une femme ». Cette femme qui incarnait la vie éclatante et autour de qui la mort semblait toujours rôder. Cette femme qui incarnait la culture populaire mais qui s’intéressait à la philosophe d’Heidegger.  Cette femme qui, dans ses chansons qui provoquaient les joies de son public, semblait crier les drames de sa vie (« Mourir sur scène », reprise de « je suis malade », « Pour ne pas vivre seul », « Il venait d’avoir 18 ans »). Cette artiste qui criait les drames de la femme, Iolanda que les projecteurs éblouissants braqués sur Dalida reléguaient dans l’ombre.

    Dans le rôle de Dalida, Sveva Alviti crève littéralement l’écran, nous faisant oublier son modèle et le sublimant, sans jamais le singer. D’une justesse sidérante, elle vit son rôle plus encore qu’elle ne l’incarne. Les seconds rôles sont parfaits :  Patrick Timsit en Bruno Coquatrix, Jean-Paul Rouve en Lucien Morisse, qui aimait l’artiste avant la femme et a étouffé Iolanda pour créer « leur » enfant, Dalida, Nicolas Duvauchelle, inénarrable avec sa perruque,   ses tenues improbables dans le rôle de l’étrange Richard Chanfray alias le Comte de St Germain, Vincent Perez dans le rôle d’Eddie Barclay, mais aussi Ricardo Scarmacio dans le rôle d’Orlando, Alessandro Borghi dans le rôle du ténébreux Luigi Tenco, Niels Schneider dans le rôle du séduisant Jean Sobieski, le seul peut-être à avoir aimé vraiment la femme, avant l’artiste, pour qui elle n’était pas un instrument, même si la frontière toujours semble floue, y compris avec son frère (qui l’aimait avec possessivité) et producteur qui a aussi supervisé le scénario et les différentes étapes de la production du film. On imagine à quel point le montage d’un tel film a dû être un casse-tête et si certains personnages sont sacrifiés, chaque rôle existe et permet de dresser, par petites touches et rencontres successives, le portrait de Iolanda, la femme que dissimulait la star Dalida. Très belle scène du retour en Egypte avec les réminiscences de l’enfance, et ce contraste, saisissant et poignant, entre le passé (omniprésent) et le présent.

    Lisa Azuelos signe un biopic captivant, à l’image de son héroïne, populaire,  électrique, vibrant d’émotions et de vie, un sublime, touchant et tragique portrait de femme, une reconstitution envoûtante qui fait tomber le masque de Dalida (sans l’écorner et même au contraire la réhabilitant) pour dessiner  le visage tourmenté de Iolanda, un cœur malade, celle qui à la fois vivait intensément, chantait sa vie avec flamboyance, et mourait un peu plus sur scène, en chantant les affres de Iolanda et les condamnant paradoxalement à l’ombre et au silence. Des chansons et une histoire, celle des déchirantes souffrances de l’artiste, à l’image du film : intemporelles et universelles. Et bouleversantes. Alors n'écoutez pas les éternels grincheux qui, systématiquement, critiquent le cinéma populaire (au sens noble) lorsqu'il est (et parce qu'il est) hexagonal et, à votre tour, allez rencontrer cette fascinante Dalida.  

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  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 : le programme complet détaillé (un festival à suivre ici en direct du 6 au 12 novembre)

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    Retrouvez ce même article sur Inthemoodforfilmfestivals.com, ici.

    Lors des trois premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino en 2014 -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif– et le cinéaste Christophe Barratier), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil « Les illusions parallèles » (Editions du 38), se déroule dans le cadre de celui-ci. J'avais d'ailleurs eu le plaisir de le dédicacer dans le cadre du festival l'an passé. Pour la 4ème année consécutive, vous pourrez me suivre en direct du festival. Je vous promets une belle immersion, a fortiori cette année. Suivez-moi sur twitter (@Sandra_Meziere) et Instagram (@sandra_meziere) pour tout savoir du festival au jour le jour. 

    Je  recommande vivement dès à présent cette édition 2017 du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, d’autant plus que le programme s'annonce particulièrement riche et alléchant (7 films en compétition, de nombreuses avant-premières, un jury présidé par Diane Kurys, un hommage à Vladimir Cosma et à Catherine Deneuve, de nombreux invités, des concerts, des classiques du cinéma à voir et revoir, de nombreuses animations dont une exposition consacrée à De Funès...- retrouvez tout le programme détaillé ci-dessous : 48 films dont 20 avant-première, 2 concerts, 3 Master class, 2 ciné-concert, une exposition De Funès) avec une durée en plus rallongée d'une journée cette année(avec ainsi une préouverture le 6 novembre avec  "Moi et le Che » de Patrice Gautier, avec Patrick Chesnais,en présence de Patrick Chesnais et Patrice Gautier). La cérémonie d'ouverture officielle aura lieu le mercredi 8 novembre à 20H  en présence du Jury avec un hommage à Remy Julienne en sa présence et un concert « UK on The Rocks » (Trio Cover) : Hommage au film « Good Morning England ». La cérémonie de remise des Prix aura lieu le samedi 11 novembre à 20H, en présence du Jury et de nombreux guests avec ensuite un concert dirigé par Vladimir Cosma, « Vladimir Cosma, dirige ses plus grandes musiques de films » (avec un Orchestre de 60 musiciens). 
     

    Pour tout savoir sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule retrouvez :

    mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

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    Retrouvez également toutes mes bonnes adresses à La Baule pour profiter au mieux du festival, ici.

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    (Photos ci-dessous prises à l'hôtel Barrière Le Royal Thalasso de La Baule, mon article ici à ce sujet. Je vous parlerai également prochainement de l'hôtel Barrière L'Hermitage également rénové.)

     

    LES EVENEMENTS A NE PAS MANQUER

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    - L’hommage rendu, en sa présence, au compositeur Vladimir Cosma,

    une légende à qui l'on doit d'innombrables musiques de films dont celles de La Boum, des Aventures de Rabbi Jacob, du Grand Blond avec une chaussure noire (des films que vous pourrez d'ailleurs revoir dans le cadre du festival), de L'Aile ou La Cuisse, de La Chèvre, du Diner de cons , etc. VLADIMIR COSMA dirigera ses plus grandes musiques de film avec un orchestre symphonique d'une soixantaine de musiciens et artistes internationaux, sur la scène du Palais des Congrès Atlantia de La Baule, le samedi 11 Novembre à 20h. (précédé de la Cérémonie de remise des Prix du Festival) - Réservation : Site de vente en ligne : billetterie.atlantia-labaule.com. Par téléphone au : 02 40 11 51 51

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    -L'hommage à Catherine Deneuve :

    l'actrice viendra présenter en avant-première "Tout nous sépare" de Thierry Klifa aux côtés de ce dernier et de Nicolas Duvauchelle le samedi 11 novembre à 15h au Cinéma le Gulf Stream. A cette occasion, en bonus, en bas de cet article, retrouvez ma critique de "Les yeux de sa mère" de Thierry Klifa et le récit de ma rencontre avec l'équipe du film (dans lequel jouait déjà Catherine Deneuve). Cliquez ici pour retrouver mon article avec de nombreuses critiques de films avec Catherine Deneuve.

    -Les comédies mises à l'honneur :

     pour illustrer ce thème, les organisateurs du Festival ont ainsi choisi une affiche réalisée par l’artiste Sébastien Dupouey (qui avait déjà réalisé l’affiche de l’édition précédente). Cette affiche fait référence à la comédie « Les Vacances de M. Hulot », de Jacques Tati, dont le tournage a eu lieu en 1951 et 1952 près de La Baule (à Saint-Marc-sur-Mer).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

       

    -Le Coup de projecteur sur Jacques Tati

    dont on fête les 110 ans de sa naissance et dont le personnage culte M.Hulot figure donc sur la magnifique affiche du Festival et Buster Keaton, dont les projections de films seront accompagnées en musique. Vous pourrez ainsi voir "Sherlock Jr" le mardi 7 novembre à 20h (suivi du Film d’Ouverture « La Mélodie ») au cinéma le Gulf Stream, accompagné en musique par Laurent Pontoizeau. Vous pourrez également voir "Mon oncle " de Jacques Tati en copie restaurée le Mercredi 8 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream.

     

    -L'hommage à LOUIS DE FUNES à la Chapelle Saint Anne à la Baule

    avec une exposition d'objets inédits et encore jamais exposés ayant appartenu à l'acteur.

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    -L'hommage à REMY JULIENNE :

    Avec plus de 1400 films à son actif (!) et une carrière internationale qui en ferait réver plus d’un, il est considéré comme « le plus grand cascadeur du cinéma français » et l’un des plus grands cascadeurs au monde. Rémy Julienne recevra un Ibis d’Or d’Honneur, récompensant l’ensemble de sa carrière, lors de la Cérémonie d’Ouverture du Festival, le Mercredi 8 novembre, au Palais des congrès de La Baule Atlantia. Il rencontrera aussi le public le Mercredi 9 novembre à 17h au Cinéma Le Gulf Stream pour une Master Class.


    -L' hommage rendu au réalisateur  JEAN PIERRE MELVILLE,

     réalisateur des chefs-d'œuvre que sont notamment L’Armée des Ombres, Le Cercle Rouge, le Samouraï. A l'occasion de cet hommage seront également projetés ses chefs-d'œuvre "L'armée des ombres" et "Le cercle rouge" (un film dont je vous parle d'ailleurs dans mon roman "L'amor dans l'âme"), des séances que je vous recommande vivement. Pour nous parler de son rapport passionnel et paradoxal à la musique, le Festival de La Baule accueillera deux grands ambassadeurs melvilliens : Rémy Grumbach, réalisateur de télévision et neveu de Melville ; Eric Demarsan, le seul, l’unique compositeur à avoir composé deux bandes originales complètes pour le cinéaste, “L’Armée des ombres et “Le Cercle rouge” (Master Class, Vendredi 10 novembre à 18h au Gulf Stream). Cliquez ici pour lire mon article sur le cinéma de Melville.

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    Ma CRITIQUE du CERCLE ROUGE de Melville  à voir le Vendredi 10 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream.

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     Bien plus qu'un film policier, ce film est sans nul doute un de ceux qui ont fait naitre ma passion pour le cinéma...
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    Synopsis : Le commissaire Matteï (André Bourvil) de la brigade criminelle est chargé de convoyer Vogel (Gian Maria Volonte), un détenu. Ce dernier parvient à s'enfuir et demeure introuvable malgré l'importance des moyens déployés. A même moment, à Marseille, Corey (Alain Delon), à la veille de sa libération de prison, reçoit la visite d'un gardien  dans sa cellule venu lui proposer une « affaire ». Alors que Corey gagne Paris, par hasard, Vogel se cache dans le coffre de la voiture. Corey et Vogel montent alors ensemble l'affaire proposée par le gardien : le cambriolage d'une bijouterie place Vendôme. Ils s'adjoignent ensuite les services d'un tireur d'élite : Janson, un ancien policier, rongé par l'alcool.

    Dès la phrase d'exergue, le film est placé sous le sceau de la noirceur et la fatalité : " Çakyamuni le Solitaire, dit Siderta Gautama le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : " Quand des hommes, même sils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge (Rama Krishna)".

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    C'est cette fatalité qui fera se rencontrer Corey et Vogel puis Jansen et qui les conduira tous les trois à la mort « réunis dans le cercle rouge ». Ce cercle rouge réunit aussi policier et gangsters, Mattei ressemblant à bien des égards davantage à ces derniers qu'à l'inspecteur général pour qui les hommes sont « tous coupables ». Dès le début, le film joue sur la confusion : le feu rouge grillé par la police, les deux hommes (Vogel et Matteï) qui rentrent en silence dans la cabine de train, habités par la même solitude, et dont on ne découvre que plus tard que l'un est policier et l'autre un prévenu. Il n'y a plus de gangsters et de policiers. Juste des hommes. Coupables. Matteï comme ceux qu'ils traquent sont des hommes seuls. A deux reprises il nous est montré avec ses chats qu'il materne tandis que Jansen a pour seule compagnie «  les habitants du placard », des animaux hostiles que l'alcool lui fait imaginer.

    Tous sont prisonniers. Prisonniers d'une vie de solitude. Prisonniers d'intérieurs qui les étouffent. Jansen qui vit dans un appartement carcéral avec son papier peint rayé et ses valises en guise de placards. Matteï dont l'appartement ne nous est jamais montré avec une ouverture sur l'extérieur. Ou Corey qui, de la prison, passe à son appartement devenu un lieu hostile et étranger. Prisonniers ou gangsters, ils subissent le même enfermement. Ils sont avant tout prisonniers du cercle du destin qui les réunira dans sa logique implacable. Des hommes seuls et uniquement des hommes, les femmes étant celles qui les ont abandonnés et qui ne sont plus que des photos d'une époque révolue (que ce soit Corey qui jette les photos que le greffe lui rend ou Matteï dont on aperçoit les photos de celle dont on imagine qu'elle fut sa femme, chez lui, dans un cadre).

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    Avec une économie de mots (la longue -25 minutes- haletante et impressionnante scène du cambriolage se déroule ainsi sans qu'un mot soit échangé), grâce à une mise en scène brillante, Melville signe un polar d'une noirceur, d'une intensité, d'une sobriété rarement égalées.

     Le casting, impeccable, donne au film une dimension supplémentaire : Delon en gangster désabusé et hiératique (dont c'est le seul film avec Melville dont le titre ne le désigne pas directement, après « Le Samouraï » et avant « Un flic »), Montand en ex-flic rongé par l'alcool, et  Bourvil, mort peu de temps après le tournage, avant la sortie du film (même s'il tourna ensuite « Le mur de l'Atlantique »), est ici bouleversant dans ce contre-emploi, selon moi son meilleur deuxième rôle dramatique avec « Le Miroir à deux faces ».  Ce sont pourtant d'autres acteurs qui étaient initialement prévus : Lino Ventura pour « Le commissaire Matteï », Paul Meurisse pour Jansen et Jean-Paul Belmondo pour Vogel.

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    La critique salua unanimement ce film qui fut aussi le plus grand succès de Melville dont il faut par ailleurs souligner qu'il est l'auteur du scénario original et de cette idée qu'il portait en lui depuis 20 ans, ce qui lui fit dire : « Ce film est de loin le plus difficile de ceux qu' j'ai tournés, parce que j'en ai écrit toutes les péripéties et que je ne me suis pas fait de cadeau en l'écrivant. »

    En tout cas, il nous a fait un cadeau, celui de réunir pour la première et dernières fois de grands acteurs dans un « Cercle rouge » aux accents hawksiens, aussi sombre, fatal qu'inoubliable.

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    -Le cinéma positif à l'honneur :

      Jacques Attali, Président de la fondation Positive Planet, sera présent pour parler de ce cinéma lanceur d’alerte le samedi 11 novembre à 17H. Depuis 2 ans la fondation Positive Planet, présidée par Jacques Attali, organise durant le Festival de Cannes, « La Semaine du Cinéma Positif ». Ce nouveau rendez-vous du cinéma en France, auquel s’associe le Festival de La Baule, a pour objectif de mettre en valeur le travail de réalisateurs engagés, lanceurs d’alertes, qui s’évertuent à éveiller les consciences et inspirent ainsi les générations futures.

    Cette année, le Festival du Film de La Baule a décidé de mettre l’accent sur ce genre de « Cinéma Positif » via la séléction de plusieurs films en avant-première comme « La Mélodie » de Rachid Hami, « Le Brio » de Yvan Attal, « M » de Sara Forestier, « Fractures » de Harry Roselmack, « Beach Rats » de Eliza Hittman, « Gook » de Justin Chon, « Favela Vargas » de Catherine Gund et d’Aresha Kyi ou encore « The Full Monthy » de Peter Cattaneo et « La Dernière leçon » de Pascale Pouzadoux.

    Voici le programme des MASTER CLASS :

    Le Festival, ce sont aussi des ateliers, des rencontres, des séances de dédicaces, des Master class dirigées par STÉPHANE LEROUGE, grand spécialiste de la musique de film, et bien sûr des projections en avant première en présence des équipes de films et acteurs.

    CHRISTIAN CARION et LAURENT PEREZ DEL MAR racontent la musique de “Mon garçon”
    Mardi 7 novembre à 18h30 au Gulf Stream

    ERIC DEMARSAN et REMY GRUMBACH : Melville et la musique
    Vendredi 10 novembre à 18h au Gulf Stream

    VLADIMIR COSMA : 50 ans de musique pour l’image
    Dimanche 12 novembre à 16h30 au Gulf Stream

    FILMS EN COMPETITION ET JURY

    Comme chaque année, un jury de professionnels aura pour passionnante charge de décerner les différents Ibis (du meilleur film, de la meilleure musique de film, du meilleur scénario, du meilleur acteur, de la meilleure actrice, du meilleur court-métrage AG2R La Mondiale, du prix du public Groupe Barrière). Le jury 2017 sera présidé par la réalisatrice et scénariste Diane Kurys (réalisatrice notamment de La Baule Les Pins) qui sera entourée : du compositeur Laurent Perez del mar  (Ibis d'or de la meilleure musique 2016 pour "La tortue rouge"), de la productrice journaliste et présentatrice Daniela Lumbroso, de l'actrice, compositrice, interprète Elodie Frégé),  de l'acteur, humoriste, chanteur Elie Seimon.

    Vous pourrez ainsi découvrir 7 films en compétition très attendus parmi lesquels "Gook" (dont je vous ai déjà parlé dans mon compte rendu du 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, retrouvez à nouveau mes commentaires ci-dessous), le nouveau film de Thierry Klifa, le premier film en tant que réalisatrice de Sara Forestier, le film "Fractures" réalisé par Harry Roselmack.

    LA MÉLODIE


    Réalisé par Rachid Hami (France)

    Film d’Ouverture - Avant-Première (film en compétition) le Mardi 7 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Bruno Coulais et du producteur Nicolas Mauvernay


    Date de sortie : 8 novembre 2017

    Drame Comédie

    Durée : 1h42

    Musique : Bruno Coulais

    Scénario : Rachid Hami - Guy Laurent - Valérie Zenatti

    Image : Jérome Alméras

    Montage : Joëlle Hache

    Production : Nicolas Mauvernay - Mizars Films - France 2 Cinéma - UGC

    Distribution : UGC Distribution

    Interprétation : Kad Merad - Samir Guesmi


    A bientôt cinquante ans, Simon est un violoniste émérite et désabusé. Faute de mieux, il échoue dans un collège parisien pour enseigner le violon aux élèves de la classe de 6ème de Farid.

    GOOK


    Réalisé par Justin Chon (USA)


    Avant-Première (film en compétition) le Mercredi 8 novembre à 17H au cinéma le Gulf Stream


    Date de sortie : 2018

    Drame

    Durée : 1h35
    noir et blanc
    anglais et coréen
    sous titré français

    Musique : Roger Suen

    Scénario : Justin Chon

    Image : Ante Cheng

    Montage : Reynolds Barney - Rooth Tang

    Production : James J. Yi - Alex Chi

    Distribution : Kinology

    Interprétation : Justin Chon - Simone Baker - Sang Chon


    Eli et Daniel, deux frères d’origine coréenne, gèrent un petit magasin de chaussures pour femmes situé dans un quartier majoritairement afro-américain de Los Angeles. Ils se lient d’une amitié profonde et improbable avec Kamilla, une jeune fille âgée de seulement onze ans. Un jour, les tensions raciales entre communautés atteignent leur paroxysme et des rixes – les tristement célèbres émeutes de 1992 – éclatent dans la ville. En cherchant à protéger le magasin, ce sont les notions mêmes de famille, de rêves et d’avenir que le trio va devoir être amené à reconsidérer.

    Mon avis :

    Avec une précision quasi documentaire, « Gook » nous immerge dans le quartier de Paramount à L.A en avril 1992, le jour où de violentes émeutes éclatent suite à la décision de justice de déclarer les policiers non-coupables d’une agression sur un jeune noir, Rodney King. Ce sont deux frères d’origine coréenne, Eli et Daniel, sur lequel le réalisateur braque sa caméra ainsi qu’une jeune fille noire de onze ans, Kamilla, qui préfère les aider à la boutique plutôt que d’aller à l’école. « Gook » est un film de contrastes. Pas seulement entre le noir et le blanc pour lequel le cinéaste a opté. Contraste entre la candeur, la naïveté des scènes entre Kamilla et les deux frères qui se chamaillent tels des enfants. Et la violence qui les environne. Contrastes entre la gaieté de leurs danses et les agressions verbales. Contrastes entre les rêves (Daniel rêve se rêve en chanteur de RnB) et la réalité (il finira par jeter sa démo car en toile de fond figurent des aboiements de chien). C’est  un deuil du passé qui a divisé ces deux communautés. Un autre les réunira. Entre les deux une tranche de vie et des personnages bouleversants brillamment interprétés.

    BEACH RATS


    Réalisé par Eliza Hittman (USA)



    Avant-Première (film en compétition) le Jeudi 9 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream


    Date de sortie : 2018

    Drame

    Durée : 1h35

    Musique : Nicholas Leone

    Scénario : Eliza Hittman

    Image : Hélène Louvart

    Montage : Scott Cummings - Joe Murphy

    Production : Animal Kingdom - Brad Becker-parton - Cinereach

    Distribution : Optimale Distribution


    Interprétation : Harris Dickinson - Nicole Flyus - Frank Hakaj - Kate Hodge


    Adolescent paumé vivant à l’extérieur de Brooklyn, Frankie passe un été épouvantable entre un père mourant et une mère qui insiste pour qu’il se trouve au plus vite une petite amie. Il tente d’échapper au pathétique de son quotidien en traînant à la plage avec son groupe d’amis. Par conformisme, il accepte d’entamer une relation avec une jeune fille de son âge, mais il continue secrètement à draguer des hommes plus âgés sur Internet. Frankie va alors devoir lutter pour concilier ses désirs antagonistes les plus intimes.

    BRAVO VIRTUOSE


    Réalisé par Levon Minasian (Arménie, Belgique, France)



    Avant-Première (film en compétition) le Vendredi 10 novembre à 14h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence de Levon Minasian


    Date de sortie : 3 janvier 2018

    Comédie

    Durée : 1h32
    arménien, russe
    sous titré français

    Musique : Tigran Hamasyan - Michel Petrossian

    Scénario : Lévon Minasian - Stéphanie Kalfon

    Image : Mko Malkhasyan

    Montage : Nicolas Desmaison

    Production : Robert Guédiguian - Agat Films & Cie - HK Productions - Artémis Productions

    Distribution : Blue Bird Distribution

    Interprétation : Samvel Tadevosian - Maria Akhmetzyanova - Arman Navasardyan

    Arménie. Alik, 25 ans, musicien d’exception, membre d’un orchestre de musique classique prépare un grand concert. Tout bascule quand le mécène de l’orchestre est assassiné. Par un concours de circonstances, Alik se retrouve en possession du téléphone d’un tueur à gage nommé “Virtuose”.

    FRACTURES


    Réalisé par Harry Roselmack (France)



    Avant-Première (film en compétition) le Samedi 11 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Harry Roselmack


    Date de sortie : 2018

    Drame

    Durée : 1h25

    Musique : Jean-Michel Rotin - Wealstarr - Sulee B Wax - Quamen

    Scénario : Harry Roselmack

    Image : Thomas Moren

    Montage : David Poucet

    Production : Harry Roselmack - Gaël Bonnel Sanchez

    Interprétation : Alexandra Naoum - Benoit Rabillé - Alix Bénézech - Tony Harrisson

    Fariha une escort-girl et Youssouf converti à l’islam radical, sont deux français, à la vision du monde opposée. Ils se rendent à une même Soirée sur un yacht...

    TOUT NOUS SÉPARE


    Réalisé par Thierry Klifa (France)



    Avant-Première (film en compétition) le Samedi 11 novembre à 15h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Catherine Deneuve, Thierry Klifa, et Nicolas Duvauchelle


    Date de sortie : 8 novembre 2017

    Drame Thriller

    Durée : 1h38

    Musique : Gustavo Santaolalla

    Scénario : Thierry Klifa - Cédric Anger

    Image : Julien Hirsh

    Montage : Thomas Marchand

    Production : François Kraus - Romain Rousseau - Maxime Delauney - Kev Adams - Elisa Soussan

    Distribution : Mars Films

    Interprétation : Catherine Deneuve - Diane Kruger - Nicolas Duvauchelle - Nekfeu

    Une maison bourgeoise au milieu de nulle part. Une cité à Sète. Une mère et sa fille. Deux amis d’enfance. Une disparition. Un chantage. La confrontation de deux mondes...

    M



    Réalisé par Sara Forestier (France)


    Avant-Première (film en compétition) le Samedi 11 novembre à 17h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Sara Forestier et Christophe



    Date de sortie : 15 novembre 2017

    Drame

    Durée : 1h40

    Musique : Christophe

    Scénario : Sara Forestier

    Image : Guillaume Schiffman

    Montage : Thomas marchand

    Production : Denis Freyd - Vincent Mazel - Hugo Sélignac

    Distribution : Ad Vitam

    Interprétation : Sara Forestier - Redouanne Harjane - Jean-Pierre Léaud - Liv Andren




    Lila est bègue et s’est réfugiée dans le silence. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre Mo, un jeune homme charismatique, en manque d’adrénaline et d’amour. Ils tombent fou amoureux, mais Lila va découvrir que Mo a aussi ses secrets...

    AVANTS-PREMIERES

    Vous pourrez également découvrir de nombreux films en avant-première.

    MOI ET LE CHE

    Réalisé par Patrice Gautier (France)


    (Pré-Ouverture) Avant-Première le Lundi 6 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Patrick Chesnais et Patrice Gautier



    Date de sortie : 31 janvier 2018

    Comédie

    Durée : 1h30

    Musique : Weak - Newton - Madeleine Marchant

    Scénario : Patrice Gautier

    Image : Christophe Legal

    Montage : Nathalie Triniac

    Production : Arnaud Kerneguez - Kapfilms

    Distribution : Kanibal Films Distribution

    Interprétation : Patrick Chesnais - Fanny Cottençon - Didier Flamand - Florence Thomassin

    GO est un prof de fac en fin de parcours. Mais il a surtout été, à 18 ans, un jeune homme nourri d’égalité et de fraternité, engagé frontalement dans l’action. L’un des derniers compagnons du CHE. C’était quelque part, là-bas, en Bolivie en 1967. Du moins, c’est ce qu’il dit, re-dit et re-re-dit.

    MON GARÇON



    Réalisé par Christian Carion (France)


    Projection le Mardi 7 novembre à 17h au cinéma le Gulf Stream, en présence du réalisateur et du compositeur

    Date de sortie : 20 septembre 2017

    Thriller

    Durée : 1h24

    Musique : Laurent Perez Del Mar

    Scénario : Christian Carion - Laure Irmann

    Image : Eric Dumont

    Montage : Loic Lallemend

    Production : Christophe Rossignon - Philip Boëffard

    Distribution : Diaphana Distribution

    Interprétation : Guillaume Canet - Mélanie Laurent - Olivier De Benoist - Antoine Hamel

    Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l’étranger. Ce manque de présence a fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l’arrêter.

    CHAVELA VARGAS




    Réalisé par Catherine Gund & Daresha Kyi (USA)



    Avant-Première le Mercredi 8 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream


    Date de sortie : 15 novembre 2017

    Documentaire, Biopic

    Durée : 1h30
    espagnol, anglais
    sous titré français

    Musique : Chavela Vargas

    Scénario : Catherine Gund - Daresha Kyi

    Image : Catherine Gund - Natalia Cuevas - Paula Gutierrez

    Montage : Carla Guttierez

    Production : Catherine Gund - Daresha Kyi

    Distribution : Bodega Films

    Interprétation : Chavela Vargas - Pedro Almodovar - Laura Garcia-Lorca

    De Frida Kahlo à Pedro Almodovar, artiste inspirante et inspirée, ce récit composé d’images rares révèle une femme à la vie iconoclaste et d’une modernité saisissante. Figure de proue de la musique mexicaine Ranchera, Chavela Vargas, restera à jamais empreinte de récits et de légendes. Chavela s’est elle vraiment glissée tard dans la nuit dans les chambres des maris pour leur voler leur femme ?

    MARIA BY CALLAS




    Réalisé par Tom Volf (France)



    Avant-Première le jeudi 9 novembre à 18h au cinéma le Gulf Stream (à l’occasion des 40 ans de la disparition de Maria Callas)


    Date de sortie : 13 décembre 2017

    Documentaire

    Durée : 1h30

    Musique : Maria Callas

    Scénario : Tom Volf

    Image : Archives

    Production : Emmanuel Chain - Gaël Leiblang - Emanuelle Lepers - Petit Dragon - Elephant Doc - Volf Production

    Distribution : MK2

    Interprétation : Maria Callas





    Tout le monde connaît Maria Callas, la Voix du Siècle, la Diva des couvertures de magazines, le personnage public, bien différent pourtant de la femme fragile et de l’artiste acharnée de travail dont témoignent ceux qui l’ont connue dans l’intimité. Durant toute sa vie, elle s’est toujours sentie incomprise et aspirait à être entendue par ses propres mots. Elle disait d’elle-même qu’elle était une personnalité double, parfois même antagoniste : Maria et Callas. Ces deux facettes, Tom Volf, les a réunies et permet de découvrir aujourd’hui la dernière des divas racontée pour la première fois à la première personne à travers des documents inédits, gardés secrets pendant plus de 40 ans par ses proches aux quatre coins du monde.

    JALOUSE



    Réalisé par Stéphane et David Foenkinos (France)


    Première le Jeudi 9 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Stéphane & David Foenkinos et Bruno Todeschini

    Date de sortie : 8 novembre 2017

    Comédie dramatique

    Durée : 1h46

    Musique : Paul-Marie Barbier - Julien Grunberg

    Scénario : David Foenkinos - Stéphane Foenkinos

    Image : Guillaume Deffontaines

    Montage : Virginie Bruant

    Production : Nicolas Altmayer - Eric Altmayer

    Distribution : StudioCanal

    Interprétation : Karin Viard - Anne Dorval - Thibault de Montalembert - Anais Demoustier - Bruno Todeschini

    Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.

    LES ÉTOILES RESTANTES




    Réalisé par Thierry Klifa (France)



    Avant-Première le Vendredi 10 novembre à 12h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence de Loïc Paillard et du producteur Xavier Pleche


    Date de sortie : 2018

    Comédie

    Durée : 1h20

    Musique : Laurent Parisi

    Scénario : Loïc Paillard

    Image : Loïc Paillard

    Montage : Maéva Dayras

    Production : Loïc Paillard - Xavier Pleche

    Interprétation : Benoît Chauvin - Camille Claris - Jean Fornerod - Sylvain Mossot





    Alexandre, trentenaire un peu paumé, décide de se lancer dans la vie active. Loris, son colocataire misanthrope, travaille sur une « méthode universelle pour réussir sa vie » et Patrick, son père, décide d’arrêter sa chimiothérapie. Jusqu’ici tout va bien mais c’est sans compter l’arrivée de Manon...

    MON PRINCE EST PARTI



    Réalisé par Thierry Guedj (France)


    Avant-Première (version longue inédite) le Vendredi 10 novembre à 16h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence de Thierry Guedj

    Date de sortie : 2017

    Documentaire

    Durée : 1h15

    Musique : Prince - Médéric Collignon - Benoît Carré

    Scénario : Thierry Guedj

    Image : Thierry Guedj

    Montage : Thierry Guedj

    Production : Olivier Gal - Jean-Pierre Brun

    Distribution : France Télévisions

    Interprétation : Matthieu Chedid - Antoine de Caunes - Sinclair - Jean-Paul Gaultier

    La disparition de Prince, le 21 avril 2016, a laissé son public français en état de choc. Entrelacé d’hommages musicaux exclusifs et de documents inédits, ce portrait en creux du Kid de Minneapolis donne la parole à ceux qui ont été profondément marqués par son œuvre : des artistes reconnus, des musiciens parmi les plus passionnants de la scène française, des journalistes ou producteurs qui l’ont approché, mais aussi des inconnus, des fans sur qui il exerçait une fascination sans limite, chacun nous raconte « son » Prince.

    TOUT LÀ HAUT



    Réalisé par Serge Hazanavicius (France)


    Avant-Première, Vendredi 10 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Serge Hazanavicius et Laurent Perez Del Mar

    Date de sortie : 20 décembre 2017

    Comédie - Aventure

    Durée : 1h45

    Musique : Laurent Perez del Mar

    Scénario : Stephane « Fanfan » Dan - Serge Hazanavicius

    Image : Rémy Chevrin

    Production : Kev Adams - Julie Gayet - Nadia Turincev - Elisa Soussan

    Distribution : UGC Distribution

    Interprétation : Kev Adams - Vincent Elbaz - Bérénice Bejo - Serge Hazanavicius

    Scott, jeune surdoué du snowboard, n’a qu’un rêve : être le premier. Il veut réaliser ce que personne n’a réussi : aller tout en haut de l’Everest et tenter la descente de la plus pure, de la plus raide, de la plus dangereuse des pentes. En arrivant à Chamonix, capitale mondiale de la glisse, son destin va croiser la route de Pierrick, ancien champion devenu guide de montagne. Une rencontre qui pourrait bien le conduire jusqu’au sommet.

    ZOMBILLENIUM




    Réalisé par Arthur de Pins et Alexis Ducord (France)



    Projection le Dimanche 12 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream.


    Date de sortie : 18 octobre 2017

    Animation

    Durée : 1h18

    Musique : Eric Neveux

    Scénario : Arthur de Pins - Alexis Ducord

    Montage : Benjamin Massoubre

    Production : Henri Magalon

    Distribution : Gebeka

    Interprétation : Emmanuel Curtil - Alain Choquet - Kelly Marot





    Dans le parc d’attractions d’épouvante Zombillénium, les monstres ont le blues. Non seulement ce sont de vrais monstres dont l’âme appartient au Diable à jamais, mais en plus ils sont fatigués de leur job, de devoir divertir des humains consuméristes, voyeuristes et égoïstes...

    BRILLANTISSIME




    Réalisé par Michèle Laroque (France)



    Avant-Première le Dimanche 12 novembre à 14h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence de Pascal Elbé et Marthe Villalonga


    Date de sortie : 17 Janvier 2018

    Comédie

    Durée : 1h35

    Musique : Alex Baupain

    Scénario : Michèle Laroque

    Image : Kika Ungaro

    Montage : Jeanne Kef

    Production : Romain Rousseau - Maxime Delauney - Benjamin Morgaine - Lionel Dutemple - Nolita Cinéma - Princesse Beli

    Distribution : StudioCanal

    Interprétation : Michèle Laroque - Kad Merad - Françoise Fabian - Gérard Darmon - Pascal Elbé


    Angela pense avoir une vie idéale. Elle vit à Nice, dans un bel appartement, avec un beau mari et une charmante ado. Mais le soir de Noël, sa fille la laisse pour rejoindre son petit copain, son mari la quitte et sa meilleure amie préfère prendre des somnifères plutôt que de passer la soirée avec elle.

    LE BRIO




    Réalisé par Yvan Attal (France)



    Avant-Première le Dimanche 12 novembre à 18h au cinéma le Gulf Stream


    Date de sortie : 22 novembre 2017

    Drame Thriller

    Durée : 1h35

    Musique : Michaël Brook

    Scénario : Yaël Langmann - Victor Saint Macary - Yvan Attal

    Image : Rémy Chevrin

    Montage : Célia Lafite-Dupont

    Production : Dimitri Rassam - Benjamin Elalouf

    Distribution : Pathé Distribution

    Interprétation : Daniel Auteuil - Camélia Jordana - Jean-Baptiste Lafarge - Nicolas Vaude


    Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence.

    RILEY’S PEAK




    Réalisé par Patrick Alessandrin (France)



    Film de Clôture - Avant-Première le Dimanche 12 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Patrick Alessandrin


    Date de sortie : 2018

    Drame, aventure

    Durée : 1h25

    Musique : Laurent Eyquem

    Scénario : Mark Hefti

    Image : R. Michaël Givens

    Montage : Robert A. Ferretti

    Production : Steven Paul

    Interprétation : John Voight - Aidan Cullen - Jamie Kennedy - Vail Bloom






    Contre la volonté de ses parents (en plein divorce), Shaun vole les cendres de Gus, son grand-père et s’enfuit dans le désert avec son chien. Il est déterminé à accomplir les dernières volontés de Gus et à répandre ses cendres au sommet d’une montagne reculée.

     

    LES CLASSIQUES A VOIR OU REVOIR PENDANT LE FESTIVAL

    LE GRAND BLOND AVEC UNE CHAUSSURE NOIRE


    Réalisé par Yves Robert (France)


    Projection le Mardi 7 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream



    Date de sortie : 5 décembre 1972

    Comédie

    Durée : 1h30

    Musique : Vladimir Cosma

    Scénario : Francis Veber

    Image : René Mathelin

    Montage : Ghislaine Desjonquères

    Production : Alain Poiré - Yves Robert - Gaumont - Les Productions de Guéville - Madeleine Films

    Distribution : Gaumont

    Interprétation : Pierre Richard - Jean Rochefort - Bernard Blié - Mireil Darc


    François Perrin, arrive à Orly avec aux pieds une chaussure jaune et l’autre noire. Une aubaine pour Perrache, adjoint du colonel Toulouse, chef d’un service secret, que ce jeune violoniste fantasque. Il le choisit, pour jouer à ses dépens, le rôle d’un redoutable espion international. Toulouse, las de défendre sa place contre son très ambitieux adjoint Milan, a décidé de s’en débarrasser une fois pour toute, en le lançant sur une fausse piste.

    DIVA

    Réalisé par Jean-Jacques Beineix (France)

    Projection le Mardi 7 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream


    Date de sortie : 11 mars 1981

    Drame Policier

    Durée : 1h57

    Musique : Vladimir Cosma

    Scénario : Jean-Jacques Beineix - Jean Van Hamme

    Image : Philippe Rousselot

    Montage : Marie-Josèphe Yoyotte - Monique Prim

    Production : Irène Silberman - Films A2 - Greenwich Film Productions

    Interprétation : Wilhelmenia Wiggins Fernandez - Frédéric Andrei - Richard Bohringer

    Un jeune postier amoureux du bel canto réalise un enregistrement pirate d’un concert donné par une diva. Sa passion et un hasard malencontreux vont provoquer une chasse à l’homme dont il est la proie.

    L’ARMÉE DES OMBRES


    Réalisé par Jean-Pierre Melville (France)


    Projection le Mardi 7 novembre à 14h au cinéma le Gulf Stream.



    Date de sortie : 12 Septembre 1969

    Drame, guerre

    Durée : 2h20

    Musique : Eric Demarsan

    Scénario : Jean-Pierre Melville

    Image : Pierre Lhomme - Walter Wottitz

    Montage : Françoise Bonnot - Jean Nény

    Production : Jacques Dorfmann - Les Films Corona - Fono Roma - Valoria Films

    Distribution : Les Acacias

    Interprétation : Lino Ventura - Simone Signoret - Paul Crauchet - Jean-Pierre Cassel


    France 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées est également l’un des chefs de la Résistance. Dénoncé et capturé, il est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu’il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo...

    SHERLOCK JR.

    Réalisé par Buster Keaton (USA)

    Projection le Mardi 7 novembre à 20h (suivi du Film d’Ouverture « La Mélodie ») au cinéma le Gulf Stream, accompagné en musique par Laurent Pontoizeau


    Date de sortie : 21 avril 1924

    Comédie

    Durée : 0h59
    Noir & blanc / Muet

    Musique : Accompagnement en musique par Laurent Pontoizeau

    Scénario : Clyde Bruckman - Jean C. Havez - Joseph A. Mitchell

    Image : Byron Houck - Elgin Lessley

    Montage : Buster Keaton

    Production : Buster Keaton - Joseph M. Schenk

    Distribution : Metro Pictures Corporation

    Interprétation : Buster Keaton - Joe Keaton - Kathryn McGaire

    Un projectionniste s’endort et retrouve en rêve son amie, son rival et vit de nombreuses aventures.

    MON ONCLE


    Réalisé par Jacques Tati (France)


    Projection (copie restaurée) le Mercredi 8 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream, à l’occasion du 110ème anniversaire de la naissance de Jacques Tati.



    Date de sortie : 10 mai 1958

    Comédie

    Durée : 1h56

    Musique : Alain Romans - Norbert Glanzberg - Franck Barcellini

    Scénario : Jacques Tati - Jacques Lagrange - Jean L’Hôte

    Image : Jean Bourgoin

    Montage : Suzanne Baron

    Production : Jacques tati - Fred Orain

    Distribution : Carlotta Films

    Interprétation : Jacques Tati - Jean Pierre Zola - Adrienne Servantie - Alain Bécourt


    Monsieur Arpel, riche industriel et fier de sa maison futuriste bardée de gadgets technologiques à l’utilité improbable, veut éviter que son beau-frère, M. Hulot, personnage rêveur et bohème, n’influence son fils. Il va essayer de lui confier un emploi dans son usine afin de l’éloigner.

    GOOD MORNING ENGLAND


    Réalisé par Richard Curtis (UK)


    Projection le Mercredi 8 novembre à 14h30 au cinéma le Gulf Stream



    Date de sortie : 6 mai 2009

    Comédie

    Durée : 2h15

    Musique : The Who - Jimi Hendrix - David Bowie

    Scénario : Richard Curtis

    Image : Dany Cohen

    Montage : Ian Voigt - Andrew Jadavji

    Production : Working Title Films - MedienProduktion - Prometheus - Filmgesellschaft - Portobello Studios - Tightrope Pictures

    Distribution : Universal International Pictures - Studio Canal

    Interprétation : Tom Sturridge - Philip Seymour Hoffman - Rhys Ifans - Emma Thompson - Kennet Branagh


    En 1966, le rock explose dans le monde, et notamment au Royaume-Uni. Pourtant, la BBC diffuse moins de 45 minutes quotidiennes de ce nouveau son. Radio Rock, une radio pirate, diffuse ses programmes depuis un bateau naviguant dans les eaux internationales de la mer du Nord, au large de la côte anglaise. Le gouvernement britannique est bien décidé à réduire ces voix dissidentes au silence, mais ces incroyables disc jockeys ne comptent pas se laisser faire...

    THE FULL MONTHY / Le Grand Jeu


    Réalisé par Peter Cattaneo (UK)


    Projection le Mercredi 8 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream



    Date de sortie : 22 Octobre 1997

    Comédie

    Durée : 1h32

    Musique : Anne Dudley

    Scénario : Simon Beaufoy

    Image : John De Borman

    <strongMontage : David Freeman

    Production : Uberto Pasolini - Redwaves Films - 20th Century Fox - Channel Four Films

    Distribution : 20th Century Fox

    Interprétation : Robert Carlyle - Mark Addy - Tom Wilkinson - William Snape


    Aujourd’hui, Sheffield, qui fut l’orgueil du Yorkshire et le joyau de l’Angleterre, est une ville sinistrée. Le chômage y règne en maître et les hommes désoeuvrés errent dans les rues en quête d’illusoires petits boulots. La venue de la troupe des Chippendales, qui, lors de leur spectacle, provoqua un véritable délire chez les spectatrices, va donner des idées à Gaz et ses copains. Si les femmes de Sheffield craquent pour des éphèbes anabolisés, que penseront-elles de vrais hommes, prêts à aller jusqu’au bout en s’exhibant entièrement nus ?

    LES AVENTURES DE RABBI JACOB


    Réalisé par Gérard Oury (France)


    Projection le Jeudi 9 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream



    Date de sortie : 18 octobre 1973

    Comédie

    Durée : 1h35

    Musique : Vladimir Cosma

    Scénario : Gérard Oury - Danièle Thompson - Josy Eisenberg

    Image : Henri Decaë

    Montage : Abert Jurgenson

    Production : Bertrand Javal - Gérard Beytout - Films Pomereu - Horse Films

    Distribution : Impéria Films

    Interprétation : Louis de Funès - Claude Giraud - Suzy Delair


    A la suite d’un quiproquo, un homme d’affaires irascible et raciste, se retrouve confronté malgré lui à un règlement de compte entre terroristes d’un pays arabe. Afin de semer ses poursuivants, il se déguise en rabbin, après avoir croisé à Orly des religieux juifs en provenance de New-York.

    MONSIEUR DE FUNES


    Réalisé par Gregory Monro (France)


    Projection le Jeudi 9 novembre à 14h au cinéma le Gulf Stream



    Date de sortie : 23 décembre 2013

    Documentaire

    Durée : 1h23

    Musique : Louis Mazetier

    Scénario : Gregory Monro

    Image : Thomas Letellier

    Montage : Bénédicte Teiger

    Production : Sabrina Azoulay - Jean-François Boyer

    Distribution : Tetra Média - Tangaro

    Interprétation : Louis De Funès - Jamel Debbouze - Alexandre Astier - Guillaume Gallienne


    Trente ans après sa disparition, Louis de Funès reste l’un des acteurs préférés des Français et ses films, inlassablement diffusés, n’ont pas pris une ride. Quel est le secret de cet immense succès dans l’Hexagone et les pays étrangers ? Comment l’engouement se perpétue-t-il à travers les générations ? Alliant rigueur, humour et émotion, cette enquête interroge la célébrité de cet homme unique à la filmographie si riche.

    RÉMY JULIENNE, 50 ANS DE CASCADES


    Réalisé par Vincent Perrot (France)


    Projection le Jeudi 9 novembre à 16h au cinéma le Gulf Stream, en présence Rémy Julienne et Vincent Perrot



    Date de sortie : 2013

    Documentaire

    Durée : 0h53

    Musique : Patrick Martini

    Scénario : Vincent Perrot - Valérie Bettancourt

    Image & son : Adrian Martini

    Production : Vincent Perrot - Charlotte Guenin - A Prime Group - La Prod

    Interprétation : Rémy Julienne - Jean-Paul Belmondo - Alain Delon - Jean-Louis Trintignant - Claude Lelouch


    Depuis cinquante ans, sur la planète cinéma, son nom est associé à l’action et aux séquences spectaculaires. Après une carrière exemplaire et quelques épreuves dramatiques, Rémy Julienne demeure inoxydable, enthousiaste et débordant de projets. Il a passé la majeure partie de sa vie à prendre tous les risques et à narguer le danger et la mort, à repousser les limites du raisonnable. Mais doit-on en déduire que Rémy n’a peur de rien ? Pas sûr... Vincent Perrot a exhumé des archives de tournage inédites et recueilli de nombreux témoignages ; Celui de Rémy Julienne, qui revient sur son extraordinaire carrière, bien sûr, mais aussi ceux de John Woo, Alain Delon, Jean-Louis Trintignant, Jean-Paul Belmondo, Claude Lelouch...

    DIKKENEK


    Réalisé par Olivier Van Hoofstadt (Belgique, France)


    Projection le Jeudi 9 novembre à 22h au cinéma le Gulf Stream (Spécial 10ème anniversaire du film), en présence de Olivier Van Hoofstadt



    Date de sortie : 21 juin 2006

    Comédie

    Durée : 1h22

    Musique : Damien Roques

    Scénario : Olivier Van Hoofstadt - Olivier Legrain

    Image : Jean François - Hensgens

    Montage : Vincent Tabaillon - Yves Beloniak

    Production : Emmanuel Prevost - Marc Libert - Olivier Van Hoofstadt - EuropaCorp - Cinema Seven

    Distribution : EuropaCorp - Distribution

    Interprétation : Jean-Luc Couchard - Dominique Pinon - Jérémie Renier - Marion Cotillard - Mélanie Laurent - Catherine Jacob - Florence Foresti - François Damiens


    JC est LE dikkenek belge, un donneur de leçon à cinq balles, un moralisateur, un tombeur de minettes, bref une grande gueule intégrale, coiffé comme un peigne. Stef est tout le contraire. Il cherche le Grand Amour, mais vu qu’il ne bouge pas de son lit, il va avoir du mal à trouver. JC lui explique donc la méthode : faire un sans-faute du point A jusqu’au point G...

    LE CERCLE ROUGE


    Réalisé par Jean-Pierre Melville (France)


    Projection le Vendredi 10 novembre à 10h au cinéma le Gulf Stream



    Date de sortie : 1 octobre 1970

    Policier

    Durée : 2h30

    Musique : Eric Demarsan

    Scénario : Jean-Pierre Melville

    Image : Henri Decaë

    Montage : Marie Sophie Dubus - Jean-Pierre Melville

    Production : Jacques Dorfmann - Robert Dorfmann - Les Films Corona - Selenia Cinematografica

    Distribution : Les Films Corona

    Interprétation : Alain Delon - Bourvil - Gian Maria Volonte - Paul Crauchet - Yves Montand


    Un truand marseillais, un détenu en cavale et un ancien policier mettent au point le hold-up du siècle. Le commissaire Mattei, de la brigade criminelle, leur tend une souricière.

    LA DERNIÈRE LEÇON


    Réalisé par Pascale Pouzadoux (France)


    Projection le Vendredi 10 novembre à 22h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence de Pascale Pouzadoux, Marthe Villalonga, Antoine Dulery



    Date de sortie : 4 novembre 2015

    Drame

    Durée : 1h45

    Musique : Eric Neveux

    Scénario : Pascale Pouzadoux - Laurent de Bertillat - D’après l’œuvre de Noelle Chatelet

    Image : Nicolas Brunet

    Montage : Sylvie Gadmer

    Production : Olivier Delbosc - Marc Missonnier - France 2 Cinema - Wild Bunch

    Distribution : Wild Bunch

    Interprétation : Marthe Villalonga - Sandrine Bonnaire - Antoine Duléry - Gilles Cohen


    Madeleine, 92 ans, décide de fixer la date et les conditions de sa disparition. En l’annonçant à ses enfants et petits-enfants, elle veut les préparer aussi doucement que possible, à sa future absence.

    MAURICE JARRE, UN PARCOURS EN MUSIQUE


    Réalisé par Rémy Grumbach (France)


    Projection le Samedi 11 novembre à 13h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence de Rémy Grumbach



    Date de sortie : 1999

    Documentaire, biographie

    Durée : 0h56

    Musique : Maurice Jarre

    Scénario : Rémy Grumbach - Djami Chêne - Sylvie Renoir

    Production : Olivier Delbosc - Marc Missonnier - France 2 Cinema - Wild Bunch

    Distribution : Telmondis

    Interprétation : Maurice Jarre


    « Docteur Jivago », « Lawrence d’Arabie », « Le Jour le plus long », « Paris brûle-t-il ? »... Autant de mélodies magiques, fredonnées dans le monde entier autant de chefs-d’œuvre signés Maurice Jarre. Deux cents films, cent cinquante comédies musicales, trois Oscars, une étoile sur Hollywood boulevard ! Aujourd’hui, consécration suprême, après Jean Vilar, David Lean, Luchino Visconti, Alfred Hitchcock, John Frankenheimer, Terence Young, Peter Weir, Sa Sainteté Jean-Paul II a demandé à Maurice Jarre de composer la musique originale de son Jubilé de l’an 2000. Quel est le secret de Maurice Jarre ? Où puise-t-il son inspiration ? Comment fait-il naître les plus belles musiques de films du monde ? En 56 minutes, cent questions, les plus somptueuses broderies musicales et quelques fragments de vie, ce film retrace l’étincelante trajectoire du petit lyonnais qui, armé des sept notes de la gamme, a conquis la planète.

    LA BOUM


    Réalisé par Claude Pinoteau (France)


    Projection le Samedi 11 novembre à 20h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Richard Sanderson



    Date de sortie : 17 décembre 1980

    Romance, Comédie

    Durée : 1h50

    Musique : Vladimir Cosma

    Scénario : Claude Pinoteau - Danièle Thompson

    Image : Edmon Séchan

    Montage : Marie-Josèphe Yoyotte

    Production : Alain Poiré - Gaumont - Société de Productions des Films Dassault

    Distribution : Gaumont

    Interprétation : Sophie Marceau - Brigitte Fossey - Claude Brasseur - Denise Grey


    Vic vit tranquillement entre le lycée, ses parents et Poupette, son arrière-grand-mère. Lorsque sa mère apprend l’existence d’une ancienne maîtresse de son mari, elle décide de « faire un break » mais du haut de ses 13 ans Vic ne pense qu’à sa première boum...

    LES VACANCES DE M. HULOT


    Réalisé par Jacques Tati (France)


    Projection le Dimanche 12 novembre à 12h au Cinéma le Gulf Stream (version restaurée) à l’occasion du 110ème anniversaire de la naissance de Jacques Tati



    Date de sortie : 25 février 1953

    Comédie

    Durée : 1h28

    Musique : Alain Romans

    Scénario : Jacques Tati - Henri Marquet - Jacques Lagrange

    Image : Jacques Mercanton - Jean Mousselle

    Montage : Suzanne Baron - Charles Bretoneiche - Jacques Grassi

    Production : Fred Orain - Jacques Tati

    Distribution : Carlotta films

    Interprétation : Jacques Tati - Nathalie Pascaud - Micheline Rolla - Valentine Camax


    Les vacances, tout le monde le sait, ne sont pas faites pour s’amuser. Tout le monde le sait, sauf Monsieur Hulot qui, pipe en l’air et silhouette en éventail, prend la vie comme elle vient, bouleversant scandaleusement au volant de sa vieille voiture Salmson pétaradante la quiétude estivale des vacanciers qui s’installent avec leurs habitudes de citadins dans cette petite station balnéaire de la côte atlantique.

    COURTS METRAGES

    Courts métrages de l’Adami

    Organisée chaque année depuis maintenant 24 ans, l’opération Talents Adami permet de découvrir et de mettre en valeur des jeunes comédiens de 18 à 30 ans au travers un programme de courts métrages. Ces films sont projetés dans le cadre du Festival de Cannes et désormais aussi lors du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule.

    Cette année c’est la Belgique qui est à l’honneur : 5 réalisateurs belges racontent leur histoire courte. Une série de « petits » films produits par FullDawa Films et Nexus Factory et distribués par Distri7.

    Projections de l’ensemble des courts métrages le DIMANCHE 12 novembre à 10h30 au cinéma le Gulf Stream, en présence des réalisateurs et des comédiens


    Timing

    Réalisé par MARIE GILLAIN / musique originale de MARTIN GAMET France, Belgique / 2017 / fiction / 13 min / Interprétation : Martin Darondeau, Juliet Doucet, Félix Martinez, Elisa Ruschke


    Comédien dans la galère, Julien se prépare, fébrile, à passer des essais. Mila, elle aussi comédienne, va aussi passer ces mêmes essais. Sauf qu’aujourd’hui, elle n’a pas de temps à perdre, car son gamin a besoin d’elle à l’autre bout de paris. Quand elle arrive au bureau de production, l’accueille une standardiste qui se fiche bien d’elle et de ses emmerdements…


    Qui ne dit mot

    de STÉPHANE DE GROODT / musique originale de MICHEL DUPREZ France, Belgique / 2017 / fiction / 15 min / Interprétation : Lucie Boujenah, Claudia Dimier, Grégoire Isvarine, Stanislas Perrin.

    Depuis toujours, John est maladivement incapable de s’engager. Mais aujourd’hui, les choses changent. Le monde entier semble s’être ligué contre lui, avec une étrange obsession... lui faire enfin dire « Oui » !


    Le Pérou

    de MARIE KREMER / musique originale de CHLOE THEVENIN France, Belgique / 2017 / fiction / 15 min / Interprétation : Alba Gaïa Bellugi, Oscar Copp, Laurette Tessier, Benjamin Voisin

    Convoqués pour un mystérieux rendez-vous, Poppy, Vincent, Gaspard et Adèle se retrouvent devant un bar défraichi, sur le front de mer, à Ostende. Très vite, les quatre individus découvrent qu’ils ne sont pas ici par hasard : apprenant qu’ils sont demi-frères et soeurs, ils héritent également du bar. Avec une mission : le retaper...


    La station

    de PATRICK RIDREMONT / musique originale de OLAF HUND Belgique, France / 2017 / fiction / 13 min / Interprétation : Léa Arnezeder, Margot Luciarte, Adrien Rob, Joffrey Verbruggen

    Max, Mégane et Louise débarquent dans une mystérieuse station essence. A l’intérieur du bâtiment désert, de nombreuses photocopieuses qui fonctionnent à plein régime. Et un homme, bien décidé à exploiter le pouvoir magique des machines, capables de donner vie aux fantasmes les plus fous.


    Chougmuud

    de CÉCILE TELERMAN / musique originale de FRED PARKER ALLIOTI France, Belgique / 2017 / fiction / 13 min / Interprétation : Christopher Bayemi, Pauline Cassan, Jules Sagot, Aloïse Sauvage

    Lorsque Gilles, Marylin, Lucie et Thomas arrivent à leur soirée de Speed Dating, ils ont tous en tête le personnage idéal qui leur permettra de conclure à coup sûr. C’était sans compter sur l’un des serveurs qui glisse dans les cocktails une drogue violemment désinhibante !

     

    EGALEMENT AU  PROGRAMME :

    INITIATION À LA MUSIQUE À L’IMAGE POUR LES SCOLAIRES

    Dans le cadre de sa politique culturelle, la Ville de La Baule a souhaité que des moments privilégiés soient offerts à 600 jeunes Baulois des écoles, en cohérence avec les enseignements et le Parcours d’Education Artistique et Culturelle (PEAC).

    Le Festival du Film de La Baule propose donc, cette année, une rencontre autour de l’univers de Buster Keaton afin de faire découvrir l’un des classiques du cinéma en noir et blanc : « La Maison démontable ».

    Pour accompagner, en direct, la diffusion de ce court métrage, quoi de mieux qu’un piano, bien sûr, mais aussi des instruments aux sonorités acoustiques et originales : ukulele, flûtes, percussions..., quelques machines et des bruitages rigolos ! Et pour compléter le tout : une bonne part d’interactivité, puisque les enfants sont invités à participer à la création de la bande-son (rire, pluie...) et ainsi de mieux leur faire appréhender l’importance du rôle que joue la musique dans un film et les coulisses de la fabrication d’une bande son. C’est magique !
    C’est ce que l’artiste Laurent Pontoizeau (musicien, compositeur et professeur d’éducation musicale) proposera lors de ce « ciné-concert » unique qui rendra aussi hommage aux accompagnements musicaux des films muets des années 20.

    Une première approche de la musique à l’image à la fois pédagogique et ludique, accessible dès 7 ans et la découverte d’un film du patrimoine et d’un genre « le burlesque ».

    « La maison démontable » de Buster Keaton (1920)

    Un jeune couple se fait offrir une maison en kit. Il ne reste plus qu’à la monter. Ce serait facile si un rival n’avait pas inversé les numéros des caisses... Un des meilleurs court-métrages de Keaton et aussi l’un des plus accessibles pour les plus jeunes !

     

     

     

     

     

    Le Jardin - L’Expérience fait son Cinéma...


    Le Jardin pose ses valises à la Maison Pavie à l’occasion du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. Le Jardin-L’Expérience, haut lieu des nuits parisiennes, a fermé ses portes. C’est donc l’occasion de retrouver l’ambiance qui a fait son succès lors du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule pour un Jardin confidentiel. Les artistes du Jardin prennent place au bord de la mer et donnent le ton pour ambiancer les after parties officielles de cette 4ème édition du festival.


    AURELIEN WIIK(Dj set)
    le Mercredi 8/11

    MACADAM CROCODILE
    (concert), le Jeudi 9/11

    BOZECK (concert),
    le Vendredi 10/11
    (soirée privée sur invitation uniquement)

    MARIE-AMELIE SEIGNER (Dj set),
    le Samedi 11/11


     


    Tous les soirs de 23h à 2h au restaurant Maison Pavie,
    20 avenue Pavie 44500 La Baule-Escoublac
    Renseignement et réservations : 02.40.88.07.13
    (la direction se réserve le droit d’admission)

    INFORMATIONS PRATIQUES ET RESEAUX SOCIAUX

    Pour en savoir plus, vous pouvez d’ores et déjà vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    Pour préparer au mieux votre séjour, vous pouvez aussi retrouver mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

    Cet article (à retrouver aussi bientôt sur mon autre blog Inthemoodforfilmfestivals.com) sera complété au fur et à mesure des annonces sur la programmation de cette édition 2017.

    PASS FESTIVAL
    donnant accès à l’ensemble des rendez-vous du Festival du 7 au 12 novembre 2017 (à l’exception de la Céremonie d'Ouverture avec le concert de "UK on the Rocks" et de Remise des Prix avec le concert dirigé par Vladimir Cosma) disponible à partir du 28 octobre directement auprès du cinéma de La Baule Le Gulf Stream (Tél : 02 51 75 15 41). Tarifs: 45€ adulte, 25€ -25 ans (et demandeur d'emploi), 15€ Pass journée (tarif unique), gratuit -14 ans.

    Toutes le projections auront lieu au Cinéma Le Gulf Stream (52, avenue du Général de Gaulle, 44 500 La Baule)

    BILLET CINE-CONCERT
    Cérémonie d'Ouverture et Concert par le groupe "UK on the Rocks", Mercredi 8 novembre à 20h. Tarif (unique) : 35€

    Cérémonie de Remise des Prix et Concert-Hommage dirigé par Vladimir Cosma ("Vladimir Cosma - 50 ans de succès"), Samedi 11 novembre à 20h.Tarif: 65€ Cat.1 et 54€ Cat. 2

    (Réservation pour ces deux soirées-concerts auprès du Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com).

    EXPOSITION LOUIS DE FUNES
    Entrée libre du 26 octobre au 19 novembre, tous les jours de 14h à 19h (sauf le lundi) à la Chapelle Sainte-Anne (Place du Maréchal Leclerc, 44500 La Baule)

     

    Critique " Les yeux de sa mère" de Thierry Klifa et récit de ma rencontre avec l'équipe du film

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    Parmi mes très nombreuses péripéties au cours de mes pérégrinations festivalières et cinématographiques, depuis déjà une bonne dizaine d’années, celle de ce 14 mars restera parmi les excellents souvenirs puisque, après avoir assisté à la projection du film « Les yeux de sa mère »,   j’ai partagé un déjeuner presse avec l’équipe du film : Catherine Deneuve, Marina Foïs, Marisa Paredes, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Jean-Baptiste Lafarge… mais un peu de patience, avant de vous faire le compte rendu de ce déjeuner et de (presque) tout vous dire sur ces rencontres, place à la critique du film.

     Critique – « Les yeux de sa mère » de Thierry Klifa

     « Les yeux de sa mère » est le troisième film de Thierry Klifa, ancien critique de Studio (du temps où il n’était que Studio Magazine et pas encore Studio Ciné Live),  après « Une vie à t’attendre » et « Le héros de la famille », il sortira en salles le 23 mars. Après s’être intéressé au père dans « Le héros de la famille », Thierry Klifa (avec son coscénariste Christopher Thompson avec qui il a également coécrit le premier film en tant que réalisateur de ce dernier « Bus Palladium » auquel il est d’ailleurs fait un clin d’œil dans ce film) s’est, cette fois-ci, intéressé  à la mère qu’elle soit présente ou absente.

     A Paris, un écrivain en mal d'inspiration, Mathieu Roussel (Nicolas Duvauchelle) infiltre la vie d'une journaliste qui présente le journal télévisé, Lena Weber (Catherine Deneuve) et de sa fille danseuse étoile, Maria Canalès (Géraldine Pailhas) pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. Pendant ce temps, en Bretagne, un garçon de 20 ans, Bruno (Jean-Baptiste Lafarge), qui habite avec ses parents, ne sait pas encore les conséquences que toute cette histoire va avoir sur son existence.

      Les yeux de sa mère » débute par le décès du père de Maria, dans les larmes et la douleur. Thierry Klifa revendique ainsi d’emblée le genre du film, celui du mélodrame auquel il est une sorte d’hommage. Un cinéma des sentiments exacerbés, des secrets enfouis, des trahisons amères, des amours impossibles. Un cinéma qui, sans doute, irritera ceux qui, il fut un temps, évoquait ce « cinéma de qualité française » avec un certain mépris  mais qui enchantera les autres pour qui comme disait Gabin "pour faire un bon film il faut trois choses: une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire » et ceux pour qui le cinéma doit faire preuve de la flamboyance et de l’exaltation qui font parfois défaut à l’existence.

    Depuis son succès, dix ans auparavant intitulé « Palimpseste », à l’image d’un palimpseste qui justement se construit par destruction et reconstruction successive, Mathieu, écorché par la vie, ayant perdu sa mère jeune, va donc d’abord s’acharner à déconstruire, au départ sans se soucier des conséquences, étant un peu « hors de l’existence » à l’image du personnage de Stephan interprété par Daniel Auteuil dans « Un cœur en hiver » que Thierry Klifa a d’ailleurs conseillé à Nicolas Duvauchelle de revoir. Mathieu, c’est Nicolas Duvauchelle un peu inquiétant, un peu ailleurs, qui en voulait déconstruire la vie des autres va, peut-être, se reconstruire.

    « Les yeux de sa mère » est un film dense et ambitieux avec beaucoup de séquences. Cela va vite, presque trop, tant les sujets (trahison, filiation, deuil insurmontable, création…) et personnages qui les incarnent sont nombreux.  La très belle musique de Gustavo Santaolalla (lauréat d’un Oscar en 2007 pour un magnifique film, là aussi choral, « Babel ») fait heureusement le lien entre ces différentes séquences.

     Le film reflète ce que j’ai pu entrevoir de Thierry Klifa : de l’enthousiasme,  une connaissance et un amour du cinéma et des acteurs, et de l’humilité. De l’enthousiasme pour la vie, pour ses personnages malgré ou à cause de leurs fêlures. De l’humilité qui peut-être est cause du principal défaut du film, celui de brasser trop de personnages (certes caractéristique du film choral) et de sujets de peur, peut-être, que le spectateur ne s’ennuie alors que dans « Une vie à t’attendre » il montrait justement qu’il savait raconter une histoire simple sans trop de personnages. « Les yeux de sa mère » semble contenir plein d’ébauches de films tant Thierry Klifa est sans doute imprégné de films et de sujets si bien qu’il nous laisse un peu sur notre faim, regrettant de laisser ses personnages finalement tous attachants à leurs destins (qui pourraient d’ailleurs donner lieu à une suite). Enfin un amour des acteurs.  Aucun n’est délaissé, des rôles principaux aux rôles plus secondaires, chacun ayant  sa  scène phare et il faut reconnaître à Thierry Klifa et Christopher Thompson possèdent le talent d’esquisser les traits de leurs personnages et de les faire pleinement exister en quelques plans.

     Mention spéciale à la découverte Jean-Baptiste Lafarge (qui n’avait jamais rien tourné jusqu’alors et dont la seule expérience se réduisait aux cours de théâtre de son lycée) parfait en jeune boxeur, personnage déterminé et à fleur de peau, à la fois sincère, naïf et épris d’absolu.

     Quant à Catherine Deneuve, dans un rôle encore une fois très différent du précèdent, dans « Potiche » (où elle était irrésistiblement drôle), en quelques secondes, en un regard, elle passe d’un état à un autre (et par voie de conséquence le spectateur lui aussi passe d’un état à un autre), soudainement bouleversée et absolument bouleversante (notamment dans la scène sur le quai de la gare avec Nicolas Duvauchelle tournée en un plan séquence). Ce regard m’a rappelée celui de ce sublime film dont Julien Hirsh, directeur de la photographie des « Yeux de sa mère » était aussi directeur de la photographie : « Je veux voir »  de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (dont je vous ai souvent parlé mais que je vous recommande vraiment !).

     Le film est aussi un jeu de miroirs et mises en abyme. Entre Catherine Deneuve qui incarne une star du petit écran et Catherine Deneuve star de cinéma. Entre Géraldine Pailhas ancienne danseuse  qui incarne une danseuse étoile. Entre l’écrivain dans le film qui infiltre la vie des autres et le cinéaste qui, par définition, même involontairement, forcément la pille aussi un peu. Entre l’écrivain voyeur de la vie des autres et le spectateur qui l’est aussi.

     Hommage au mélodrame donc mais aussi aux acteurs, et à la mère chère au cinéma d’Almodovar dont une lumineuse représentante figure dans le film de Thierry Klifa en la personne de Marisa Paredes. Mère absente,  qui abandonne, de substitution, adoptive, ou même morte.  « Les yeux de sa mère » est aussi un thriller sentimental qui instaure un vrai suspense qui n’est néanmoins jamais meilleur que lorsqu’il prend le temps de se poser, de regarder en face « les choses de la vie » et de laisser l’émotion surgir ou dans un très beau montage parallèle qui reflète au propre comme au figuré la filiation du courage.

     Un film de regards. Celui d’un réalisateur plein d’empathie pour ses personnages, d’admiration pour ses acteurs, et d’enthousiasme et qui nous les transmet. Ceux des acteurs dont sa caméra débusque les belles nuances. Et celui de Catherine Deneuve, une fois de plus dans les yeux de qui, si multiples et fascinants, il ne vous reste qu’à plonger. Ils vous émouvront et surprendront une fois de plus, je vous le garantis.  J’attends aussi avec impatience le prochain film de Thierry Klifa, un cinéma de qualité française et populaire au sens noble du terme, un cinéma que je revendique d’aimer aussi bien qu’un cinéma plus social comme celui de Ken Loach ou Mike Leigh.

    Récit de la rencontre exceptionnelle avec  Catherine Deneuve, Marina Foïs, Marisa Paredes, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Jean-Baptiste Lafarge

     En préambule, je précise qu’aucune photo ou vidéo ne viendront illustrer cet article, celles-ci étant interdites par la maison de distribution en ces circonstances qui se doivent d’être plutôt conviviales. Il faudra vous contenter de mes mots, mon enregistrement sonore de trois heures n’étant pas très audible avec le cliquetis des couverts et aussi préférant je crois vous le relater et raconter mes impressions plutôt que de vous faire écouter une conversation décousue. Après la projection du film au cinéma du Panthéon, lieu que je fréquente assidûment et dont j’apprécie le caractère intimiste (et que je vous recommande au passage), rendez-vous était donné à 12H30 au-dessus dans le café restaurant de ce même cinéma, d’ailleurs décoré d’après les instructions de Catherine Deneuve.

    Si, comme moi, pour qui ce déjeuner presse était une première (et une première prestigieuse) vous en ignorez le fonctionnement, sachez qu’il consistait en l’occurrence en quatre tables, chaque table composée de six places, dont quatre pour les « journalistes » et deux pour les membres de l’équipe du film qui tournent entre l’entrée, le plat de résistance, le fromage et le dessert.  J’ai donc pris place et ai fait connaissance avec les autres convives, un sympathique blogueur-et non ce n’est pas du tout un pléonasme- de Publik’Art, une affable journaliste belge du quotidien le Soir totalement obnubilée par Catherine Deneuve et un journaliste dont je préserverai l’anonymat mais qui se contentait de regarder avec un œil goguenard l’assistance et moi a fortiori (car pas journaliste, pas du cénacle, pas considérable à ses yeux inquisiteurs et éreintés, sans doute). Je posai donc pas mal de questions à mes voisins (à l’exception du troisième dont il ne fallait pas être très perspicace pour constater qu’il n’aurait guère eu envie d’y répondre) pour évacuer mon anxiété et tenter d’oublier que quelques minutes plus tard j’allais me retrouver face à  l’héroïne des films de Bunuel, Téchiné, Truffaut, Demy et de tant d’autres que j’aime tant, doutant encore néanmoins que la mystérieuse Catherine Deneuve serait vraiment quelques minutes dans cette même salle où déambulaient déjà les autres acteurs du film.

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    Puis Marisa Paredes accompagnée de sa traductrice s’est installée à notre table, un peu sur la réserve, dégageant beaucoup de classe, de retenue. Pas peu fière de comprendre ce qu’elle disait en Espagnol, je ne poussai néanmoins pas la témérité, le ridicule ou l’inconscience jusqu’à lui poser mes questions en Espagnol, me contenter d’osciller de la tête comme un chien sur la plage arrière d’une voiture lorsqu’elle parlait et attendant patiemment la traduction pour parler à nouveau. Je me surpris à me prêter à l’exercice que je redoutais pourtant (parce que non, je ne suis pas journaliste, et non d’ailleurs je ne souhaite pas l’être) et de poser des questions, en Français donc. Elle nous a d’abord parlé du film, évidemment,  disant avoir accepté le projet car « l’histoire était intéressante, les personnages aussi » et parce qu’elle avait « la curiosité de travailler avec des personnes qu’elle ne connaissait pas » même si pour elle il y avait « une insécurité de ne pas parler la langue ». Elle a évoqué Paris où elle aime tout « sauf les taxis qu’on ne trouve jamais quand on en a besoin » et sa « grande complicité avec Catherine Deneuve,  une grande vedette. » Evidemment impossible de rencontrer Marisa Paredes sans parler de Pedro Almodovar et son prochain film « La peau que j’habite », « un film encore plus complexe  que ses précédents» selon elle. Elle n’a pas voulu répondre sur la possible sélection du film à Cannes mais son sourire valait acquiescement. Quand il lui propose un projet, il procède particulièrement en lui demandant d’abord si elle est libre à telle ou telle date plutôt que de lui envoyer d’abord le scénario toujours « très construit en profondeur », a-t-elle précisé. « Personne ne dirait non à Almodovar. On se sent privilégié d’être appelée par Almodovar. Pedro et moi avons une relation très complice, cela rend les choses plus faciles. Il  a inventé un style qui lui est propre, a donné une autre image de l’Espagne  » a-t-elle ajouté.  Elle a également évoqué le Franquisme comme « une blessure qu’il faut refermer mais dont il y a toujours un risque qu’elle s’infecte » et aussi de la  séparation stricte entre sa vie privée et sa vie professionnelle malgré « le problème de la presse rose  très agressive. » 

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    L’entrée n’était pas tout à fait terminée que déjà il fallait passer aux invités suivants : Marina Foïs et Jean-Baptiste Lafarge. J’ai été agréablement surprise par la sincérité, l’intelligence, la douce folie de la première qui, après avoir parlé de son rôle de « mère courageuse qui affronte ses émotions, la magnanimité du personnage, un rôle qui canalise sa folie » et de Catherine Deneuve « belle, intelligente avec ce truc prodigieux »  a parlé aussi bien des  scénarii qu’elle reçoit à réaliser alors qu’elle n’a aucun désir de réalisation car elle « ne raisonne pas en images », que de son rêve d’incarner Simone Weil au cinéma, que du théâtre auquel elle préfère le cinéma à cause du côté volatile du premier et parce qu’elle se trouve toujours « de moins en moins bien au fil des représentations car la mécanique intervient et que c’est donc moins intéressant et qu’il faudrait 30 représentations, pas plus». De temps à autre je ne pouvais m’empêcher de regarder autour espérant et redoutant à la fois la silhouette de Catherine Deneuve qui a fini par « apparaître » à l’autre extrémité de la pièce.   Evidemment moins de questions pour Jean-Baptiste Lafarge, forcément parce que sa carrière débute tout juste et que jusque là il n’avait joué que dans des cours de théâtre au lycée, et des réponses moins longues, forcément aussi, parce qu’il n’est pas encore rodé à l’exercice. Il s’est tout de même dit impressionné mais que c’était finalement « plus facile de jouer face à des acteurs de ce niveau » et que « quand c’était parti il n’était plus le temps d’angoisser. »

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    Changement de plats et changement d’interlocuteurs avec cette fois Géraldine Pailhas et Nicolas Duvauchelle, en apparence très différents l’un de l’autre, une vraie maitrise de soi de la première, et une certaine désinvolture du second, l’une cherchant visiblement à dissimuler ses doutes, fêlures à tout prix et l’autre non (pas plus que son ennui assez visible, d’être là, et compréhensible tant cela doit être à la longue lassant de répondre toujours aux mêmes questions, de subir les mêmes regards inquisiteurs). En réponse à la journaliste belge (qui m’avait avoué, mais ne le répétez pas, n’être là QUE pour Catherine Deneuve et dont les questions tournaient donc essentiellement autour de cette dernière), Géraldine Pailhas a donc à son tour évoqué Catherine Deneuve, comme « une actrice de chair et de sang capable de tout jouer » (Catherine Deneuve dont je ne pouvais m’empêcher d’entendre la voix tellement reconnaissable à la table d’à côté). Pour elle ce rôle représente « une conquête plus qu’un défi. » Il s’agissait d’une « opportunité à saisir. » Les réponses de Géraldine Pailhas étaient parfois très longues sans doute un peu pour pallier celles, très courtes de son voisin, aussi il m’a semblée pour masquer ses doutes, paraissant parfois presque trop sûre d’elle, s’enorgueillissant, au contraire et à la surprise de Nicholas Duvauchelle, de ne pas être gênée de jouer dans le conflit et du fait que le danger soit pour elle au contraire d’être dans la complaisance. Ce dernier a avoué avoir été très éprouvé par la scène du cimetière.  Et évidemment ma voisine belge lui a demandé ce qu’il pensait de Catherine Deneuve, ce à quoi il a répondu (sans doute pour la énième fois) qu’elle était « très drôle, très maternelle, toujours dans le vif, une évidence ». 

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    Puis est arrivée l’heure du dessert… et de Catherine Deneuve et Thierry Klifa. Accompagnés de deux personnes. Enfin accompagnéE de deux personnes aux petits soins. Silence respectueux et un peu intimidé de trois des convives et toujours goguenard pour le quatrième. Thierry Klifa particulièrement souriant, sous doute habitué aussi à ce manège probablement instructif à observer. Catherine Deneuve presque grave, déplaçant une lampe et ce cher journaliste dont je respecterai, toujours et malgré tout, l’anonymat ayant un humour aussi légendaire que son air goguenard de demander à Catherine Deneuve « si elle refaisait ainsi la décoration à chaque fois qu’elle venait », ce à quoi elle a répondu avec une douce autorité que simplement la lumière la gênait.  Il a précisé que c’était de l’humour. Vous vous en doutez tout le monde a trouvé cela absolument irrésistible, surtout lui-même. Puis silence… Je ne pouvais m’empêcher de me dire à quel point tout cela devait être amusant et lassant à ses yeux. Amusant de voir qu’elle dont je ne doute pas une seconde qu’elle sache être si drôle, ironique, brillante, modifie ainsi l’atmosphère et provoque le silence et le trouble. Elle dont je me souviens que lors de cette mémorable master class à sciences po elle avait parlé de ces rencontres qui la terrifiaient. Elle que j’avais aussi vue un peu lointaine et éblouissante lors de sa master class cannoise. Elle que certains sans doute auront trouvé froide ou distante mais dont je devinai à la fois l’amusement, le trac, la lassitude, tour à tour ou en même temps. Finalement notre journaliste belge a enfin posé ses questions à celle pour qui seule elle était là dont une particulièrement délicate sur la fin de sa carrière (et moi qui, avant cette rencontre redoutais de poser des questions ridicules ou absurdes). Elle a allumé une cigarette, avec classe, presque détachement, en apparence du moins, sans doute un moyen  de se donner une contenance et de se conformer à son rôle, celle de la star, pas parce qu’il lui plait de le jouer mais parce que c’est ce que chacun semble attendre d’elle. J’étais bien décidée à poser mes nombreuses questions d’abord à Thierry Klifa mais notre ami-dont-je-respecterai-l’anonymat semblait prendre un malin plaisir à me couper la parole pour poser des questions extrêmement originales à Catherine Deneuve « Est-ce que vous arrivez à sortir de vos rôles après un film ? Est-ce une nécessité pour vous de jouer ? ». Puis enfin, j’ai pu m’exprimer et parler avec Thierry Klifa de mon film préféré « Un cœur en hiver » auquel il se réfère dans le dossier de presse (ainsi qu’à deux de mes films fétiches « La femme d’à côté » de Truffaut et « La fièvre dans le sang » de Kazan ou encore au cinéma de James Gray mais malheureusement le temps a manqué pour évoquer ces sujets) , plus pour lui « une musique qui l’accompagne qu’un modèle » . Ses réponses étaient vraiment intéressantes et j’avoue que j’aurais eu encore des dizaines de questions à lui poser. Puis je lui ai parlé du directeur de la photographie Julien Hirsch moyen aussi de parler à Catherine Deneuve de ce sublime film « Je veux voir » -dont il est aussi directeur de la photographie- qui est aussi affaire de regards  (manière détournée de m’adresser à elle tout en posant une question à Thierry Klifa) seul moment où je crois avoir vu son regard s’illuminer. J’aurais voulu qu’elle parle de ce film mais le temps était compté. Thierry Klifa a répondu avoir été heureux de travailler pour la première fois avec Julien Hirsch avec qui il n’avait jamais travaillé mais qui avait déjà travaillé à plusieurs reprises avec Catherine Deneuve et qui sait s’adapter aux univers de chaque cinéaste. C’est le seul dialogue au cours duquel je n’ai pas pris de notes. J’étais captivée par la lumineuse présence de Catherine Deneuve  tout de rose vêtue, à la fois là et un peu ailleurs, croisant furtivement son regard perçant. Je n’osais la regarder de peur que ce regard passe pour scrutateur  ou  comme tant d’autres cherchant des stigmates du temps que chacun doit tenter de débusquer (mais qui l’ont épargnée et que de toute façon sa magnétique présence ferait oublier) ou ayant l’impression que ce regard, un de plus encore s’ajouterait à tous ceux qui la fixent constamment et serait presque indécent (pour ceux qui ne le sauraient pas encore, ma devise est « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué »). Elle a parlé des témoignages de sympathie qu’elle reçoit, de ces personnes (comme c’est le cas pour Lena dans le film) qui la dévisagent constamment qu’elle envisage différemment selon qu’elle est déprimée ou de bonne humeur, des rôles qu’elle reçoit qui sont souvent les mêmes et en réponse à Monsieur Goguenard du cinéma dont elle ne sait si c’est nécessaire car elle a toujours vécu là-dedans. Je ne me souviens pas de tout. Je n’ai pas noté donc. Je ne le souhaitais pas.  Juste être dans l’instant. Profiter de ce moment rare. J’ai rebondi sur une ou deux questions mais il me semble que ce qui se disait dans les gestes, les silences et les regards étaient plus intéressants que les mots. Puis elle est partie. Un peu comme une ombre ou un beau mirage évanescent.  Elle a sans doute dit au revoir, je n’ai rien entendu. Moi aussi je crois que j’étais à mon tour un peu ailleurs…

    Trois heures qui se sont écoulées comme un rêve, à la rapidité d’un générique de cinéma auquel elles ressemblaient.  Bien sûr de ces trois heures je ne vous ai retranscrit que quelques bribes, l’essentiel ayant finalement été dans l’implicite.

     Vous ne serez pas surpris si je vous dis que notre ami goguenard est parti sans dire au revoir, que mes tentatives d’amorce de conversation, connaissant bien son journal ayant un lien particulier avec, ne se sont soldées que par des soupirs de consternation (au moins aurons-nous eu celle-ci en commun). Et je ne peux que comprendre la lassitude de Nicholas Duvauchelle, de Catherine Deneuve ou des autres face à ce manque d’élégance, marque, au-delà de l’absence d’humilité, d’un défaut de talent, en tout cas de psychologie, belle illustration des propos de Marina Foïs sur les grands acteurs face auxquelles il est si facile de jouer, qui d’une certaine manière ne s’embarrassent pas d’une comédie pathétique. Cette comédie humaine que j’ai constaté dans tant de circonstances cinématographiques (pour connaître réellement quelqu’un, placez le soit dans un théâtre de guerre ou dans un théâtre des vanités, par exemple un festival, c’est imparable) à la fois belle et pathétique ne cessera de m’amuser, ou consterner, selon les jours.

     Un beau moment en tout cas dont je suis ressortie  avec  des tas d’images, d’impressions (que je retranscrirai ailleurs…) mais surtout de regards insolents, lasses, farouches, maquillés (au figuré), absents, incisifs, mécaniques, brumeux, enthousiastes et surtout d’un perçant que je ne verrai plus jamais pareil même si et heureusement il a  conservé tout son mystère, résisté à la lumière tapageuse et insatiable. D’une lampe détournée et pas seulement…

     

  • Ma critique de MAL DE PIERRES de Nicole Garcia sur Canalplus.fr

    Comme chaque mois, une de mes critiques est à l'honneur sur le site officiel de Canal +, ce mois-ci "Mal de pierres" de Nicole Garcia dont la première diffusion aura lieu le 17 octobre. Cliquez ici ou sur l'image ci-dessous pour accéder à ma critique sur Canalplus.fr.

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  • Critique de HAPPY END de Michael Haneke

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles.  Instantané d’une famille bourgeoise européenne.» nous indiquait le synopsis du dernier film de Michael Haneke, ironiquement intitulé (connaissant la noirceur de son cinéma, nous pouvions en effet douter de la sincérité du titre) « Happy end ». Lauréat de la palme d’or en 2009 avec « Le ruban blanc » et avec « Amour » en 2012, deux chefs-d’œuvre, Michael Haneke m’a quelque peu décontenancée avec ce nouveau film. Déçue de prime abord… et pourtant il est de ceux dont les images me reviennent, dont je réalise la force avec le recul.

    Le film commence par une scène vue à travers le téléphone portable de la fille de la famille, tout aussi ironiquement prénommée (Eve), qui filme avec celui-ci. La scène est la suivante : la mère de la jeune fille se prépare dans son rituel quotidien avant d’aller au lit. Chaque geste, du brossage des cheveux à l’extinction de la lumière, est commenté par sa fille. Des gestes mécaniques. Comme si la mère était un robot déshumanisé. La mère prend des calmants. La fille décide qu’il serait bien de s’en servir pour se débarrasser du hamster dont elle filme ainsi la mort. Prémisses de celle de la mère qui mourra dans des circonstances similaires auxquelles sa fille ne semble pas étrangère. Ces premiers plans, glaçants, quotidiens mais palpitants, nous rappellent ainsi ceux d’ « Amour » : la caméra d’Haneke y explorait les pièces d’un appartement pour arriver dans une chambre où une femme âgée gisait, paisible, morte. Ici aussi il s’agit de mort. Des sentiments. De l’humain. Là aussi la mort va peu à peu tisser sa toile.

    Pendant ce temps, à Calais, sur un chantier, un mur s’effondre.

    Deux mondes qui ne devraient pas se côtoyer.

    Mais alors que sa mère est hospitalisée dans le coma,  la jeune fille doit revenir vivre dans la famille de son père. Sa tante dirige l’entreprise de BTP. Il y a là aussi son grand-père qui n’aspire plus qu’à une chose : mourir.

    Haneke est sans concessions avec la bourgeoisie de province aveuglée par ses drames individuels tandis que des drames collectifs se jouent à ses portes. L’histoire se déroule à Calais, là où les migrants venus du monde entier tentent de passer en Angleterre.  La première fois où nous voyons les migrants, c’est en plan large alors que le patriarche leur adresse des propos inaudibles pour le spectateur, et dont on imagine qu’il leur demande de l’aide.

    Chacun vit enfermé. Dans sa douleur. Dans son monde. Dans sa catégorie sociale. Dans son incapacité à communiquer. A livrer ses émotions autrement que par écrans interposés. Autrement qu’en criant sa douleur en tentant de mettre fin à ses jours (ce qui relie d’ailleurs le patriarche et la jeune fille). Les échanges amoureux ont lieu par messagerie internet (donnant lieu à de très longues scènes où les échanges défilent sur l’écran).

    Jean-Louis Trintignant est une fois de plus remarquable, sorte de continuité du personnage d’ « Amour », misanthrope ayant perdu et aidé l’amour de sa vie à mettre fin à ses jours.

    Le tout est filmé avec une froideur documentaire, une distance qui renforce la force du propos. Le dénouement, lorsque ces différents mondes et douleurs se confrontent, est férocement savoureux. Un mariage dans une salle baignée de clarté, avec la mer d'un bleu parfait en arrière-plan alors que tout n'est que fallacieuse sérénité et harmonie. Les dernières minutes sont cruelles, lucides, cyniques, magistrales.

    Une comédie noire grinçante d’une d’une acuité ahurissante qui prouve une nouvelle fois l’étendue du talent d’Haneke, la puissance de son regard mais aussi la modernité de son cinéma. «Je ne me souviens plus du film, mais je me souviens des sentiments» dit Jean-Louis Trintignant en racontant une anecdote à son épouse dans « Amour ». C’est aussi ce qui reste de ce nouveau film d’Haneke. Le sentiment d’une incommunicabilité ravageuse et destructrice.

     Avec une froideur et un ascétisme inflexibles, avec une précision quasi clinique, avec une cruauté tranchante et des dialogues cinglants, avec une maîtrise formelle fascinante, dans « Le ruban blanc » Haneke poursuivait son examen de la violence en décortiquant les racines du nazisme, par une démonstration cruelle et prodigieuse. C’est une autre démonstration d’une autre violence, l’indifférence sociale, qu’il réalise ici. Et la démonstration est une fois de plus implacable et saisissante.

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 : Vladimir Cosma, Melville, Rémy Julienne, De Funès, Tati et la comédie à l'honneur

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    Lors des trois premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif– et le cinéaste Christophe Barratier), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil « Les illusions parallèles » (Editions du 38), se déroule dans le cadre de celui-ci. J'avais d'ailleurs eu le plaisir de le dédicacer dans le cadre du festival l'an passé.

    Pour tout savoir sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule retrouvez :

    mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

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    Je  recommande vivement dès à présent l'édition 2017, d’autant plus que les premières annonces concernant la programmation sont vraiment alléchantes avec l’hommage rendu, en sa présence, au compositeur Vladimir Cosma, une légende à qui l'on doit d'innombrables musiques de films dont celles de La Boum, des Aventures de Rabbi Jacob, du Grand Blond avec une chaussure noire, de L'Aile ou La Cuisse, de La Chèvre, du Diner de cons , etc. VLADIMIR COSMA dirigera ses plus grandes musiques de film avec un orchestre symphonique d'une soixantaine de musiciens et artistes internationaux, sur la scène du Palais des Congrès Atlantia de laBaule, le samedi 11 Novembre à 20h.

    CHRISTOPHE BARRATIER et SAM BOBINO, présidents du Festival, pour cette 4ème édition ont décidé de mettre à l'honneur les comédies :

    -Coup de projecteur sur Jacques Tati dont on fête les 110 ans de sa naissance et dont le personnage culte M.Hulot figure sur la magnifique affiche du Festival ((en bonus, ma critique de "Playtime" de Tati en bas de cet article)), et Buster Keaton, dont les projections de films seront accompagnées en musique

    -Hommage à LOUIS DE FUNES à la Chapelle Saint Anne à la Baule avec une exposition d'objets inédits et encore jamais exposés ayant appartenu à l'acteur.


    -Par ailleurs, un hommage sera rendu au réalisateur culte JEAN PIERRE MELVILLE, réalisateur des chefs-d'œuvre que sont notamment L’Armée des Ombres, Le Cercle Rouge, le Samouraï (dont je vous propose ma critique en bonus, ci-dessus)

    -Un hommage sera également rendu à REMY JULIENNE, le plus grand cascadeur du Cinéma Français.


    -Le Festival, ce sont aussi des ateliers, des rencontres, des séances de dédicaces, des Master class dirigées par STÉPHANE LEROUGE, grand spécialiste de la musique de film, et bien sûr des projections en avant première en présence des équipes de films et acteurs.

    Le festival 2017 aura lieu du mercredi 7 au dimanche 12 novembre.

    Pour en savoir plus, vous pouvez d’ores et déjà vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    Pour préparer au mieux votre séjour, vous pouvez aussi retrouver mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

    Cet article (à retrouver aussi bientôt sur mon autre blog Inthemoodforfilmfestivals.com) sera complété au fur et à mesure des annonces sur la programmation de cette édition 2017.

    Critique - Le Samouraï de Jean-Pierre Melville

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    C’est un des films à l’origine de ma passion pour le cinéma qui s’est au départ et dès l’enfance nourrie surtout de cinéma policier, un chef d’œuvre du maître du cinéma policier et accessoirement l'œuvre d'un de mes cinéastes de prédilection, Jean-Pierre Melville, et enfin un des meilleurs rôles d’Alain Delon qui incarne et a immortalisé le glacial, élégant et solitaire Jef Costello tout comme il immortalisa Tancrède, Roch Siffredi, Corey, Robert Klein, Roger Sartet, Gino dans les films de Clément, Deray, Visconti, Verneuil, Losey, Giovanni. Si je ne devais vous recommander qu’un seul polar, ce serait sans doute celui-ci…

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    Jef Costello est un tueur à gages dont le dernier contrat consiste à tuer le patron d’une boîte de jazz, Martey. Il s’arrange pour que sa maîtresse, Jane (Nathalie Delon), dise qu’il était avec elle au moment du meurtre. Seule la pianiste de la boîte, Valérie (Cathy Rosier) voit clairement son visage. Seulement, lorsqu’elle est convoquée avec tous les autres clients et employés de la boîte pour une confrontation, elle feint de ne pas le reconnaître… Pendant ce temps, on cherche à  tuer Jef Costello « le Samouraï » tandis que le commissaire (François Périer) est instinctivement persuadé de sa culpabilité qu’il souhaite prouver, à tout prix.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Dès le premier plan, Melville parvient à nous captiver et plonger dans son atmosphère, celle d’un film hommage aux polars américains…mais aussi référence de bien des cinéastes comme Johnny To dans « Vengeance » dans lequel le personnage principal se prénomme d’ailleurs Francis Costello mais aussi Jim Jarmusch  dans « Ghost Dog, la voie du samouraï » sous oublier Michael Mann avec « Heat » , Quentin Tarantino  avec « Reservoir Dogs » ou encore John Woo dans « The Killer » et bien d’autres qui, plus ou moins implicitement, ont cité ce film de référence…et d’ailleurs très récemment le personnage de Ryan Gosling dans « Drive » présente de nombreuses similitudes avec Costello (même si Nicolas Winding Refn est très loin d’avoir le talent de Melville qui, bien que mettant souvent en scène des truands, ne faisait pas preuve de cette fascination pour la violence qui gâche la deuxième partie du film de Nicolas Winding Refn malgré sa réalisation hypnotique) ou encore le personnage de Clooney dans "The American" d'Anton Corbijn.

    Ce premier plan, c’est celui du Samouraï à peine perceptible, fumant, allongé sur son lit, à la droite de l’écran, dans une pièce morne dans laquelle le seul signe de vie est le pépiement d’un oiseau, un bouvreuil. La chambre, presque carcérale, est grisâtre, ascétique et spartiate avec en son centre la cage de l’oiseau, le seul signe d’humanité dans cette pièce morte (tout comme le commissaire Mattei interprété par Bourvil dans « Le Cercle rouge » a ses chats pour seuls amis).  Jef Costello est un homme presque invisible, même dans la sphère privée, comme son « métier » exige qu’il le soit. Le temps s’étire. Sur l’écran s’inscrit « Il n’y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n’est celle d’un tigre dans la jungle…peut-être… » ( une phrase censée provenir du « Bushido, le livre des Samouraï » et en fait inventée par Melville). Un début placé sous le sceau de la noirceur et de la fatalité comme celui du « Cercle rouge » au début duquel on peut lire la phrase suivante : "Çakyamuni le Solitaire, dit Siderta Gautama le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : " Quand des hommes, même sils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge (Rama Krishna)".

    Puis, avec calme et froideur (manière dont il agira tout au long du film), Costello enfile sa « panoplie », trench-coat et chapeau, tandis que son regard bleu acier affronte son image élégante et glaciale dans le miroir. Le ton est donné, celui d’un hiératisme silencieux et captivant qui ne sied pas forcément à notre époque agitée et tonitruante. Ce chef d’œuvre (rappelons-le, de 1967) pourrait-il être tourné aujourd’hui ? Ce n’est malheureusement pas si certain…

    Pendant le premier quart d’heure du film, Costello va et vient, sans jamais s’exprimer, presque comme une ombre. Les dialogues sont d’ailleurs rares tout au long du film mais ils  ont la précision chirurgicale et glaciale des meurtres et des actes de Costello, et un rythme d’une justesse implacable : «  Je ne parle jamais à un homme qui tient une arme dans la main. C’est une règle ? Une habitude. » Avec la scène du cambriolage du « Cercle rouge » (25 minutes sans une phrase échangée), Melville confirmera son talent pour filmer le silence et le faire oublier par la force captivante de sa mise en scène. (N’oublions pas que son premier long-métrage fut « Le silence de la mer »).

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    La mise en scène de Melville est un modèle du genre, très épurée (inspirée des estampes japonaises), mise en valeur par la magnifique photographie d’Henri Decae, entre rues grises et désertes, atmosphère grise du 36 quai des Orfèvres, passerelle métallique de la gare, couloirs gris, et l’atmosphère plus lumineuse de la boîte de jazz ou l’appartement de Jane. Il porte à la fois le polar à son paroxysme mais le révolutionne aussi, chaque acte de Costello étant d’une solennité dénuée de tout aspect spectaculaire.

    Le scénario sert magistralement la précision de la mise en scène avec ses personnages solitaires, voire anonymes. C’est ainsi « le commissaire », fantastique personnage de François Périer en  flic odieux prêt à tout pour satisfaire son instinct de chasseur de loup (Costello est ainsi comparé à un loup) aux méthodes parfois douteuses qui fait songer au « tous coupables » du « Cercle rouge ». C’est encore « La pianiste » (même si on connaît son prénom, Valérie) et Jane semble n’exister que par rapport à Costello et à travers lui dont on ne saura jamais s’il l’aime en retour. Personnages prisonniers d’une vie ou d’intérieurs qui les étouffent comme dans « Le cercle rouge ».

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Le plan du début et celui de la fin se répondent ainsi ingénieusement : deux solitudes qui se font face, deux atmosphères aussi, celle grisâtre de la chambre de Costello, celle, plus lumineuse, de la boîte de jazz mais finalement deux prisons auxquelles sont condamnés ces êtres solitaires qui se sont croisés l’espace d’un instant.  Une danse de regards avec la mort qui semble annoncée dès le premier plan, dès le titre et la phrase d’exergue. Une fin cruelle, magnifique, tragique (les spectateurs quittent d’ailleurs le « théâtre » du crime comme les spectateurs d’une pièce ou d’une tragédie) qui éclaire ce personnage si sombre qui se comporte alors comme un samouraï sans que l’on sache si c’est par sens du devoir, de l’honneur…ou par un sursaut d’humanité.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Que ce soit dans « Le Doulos », « Le Deuxième souffle » et même dans une autre mesure « L’armée des ombres », on retrouve toujours chez Melville cet univers sombre et cruel, et ces personnages solitaires qui firent dirent à certains, à propos de « L’armée des ombres » qu’il réalisait un « film de gangsters sous couverture historique » … à moins que ses « films de gangsters » n’aient été à l’inverse le moyen d’évoquer cette idée de clandestinité qu’il avait connu sous la Résistance. Dans les  films précédant « L’armée des ombres » comme « Le Samouraï », Melville se serait donc abrité derrière des intrigues policières comme il s’abritait derrière ses indéfectibles lunettes, pour éviter de raconter ce qui lui était le plus intime : la fidélité à la parole donnée, les codes qui régissent les individus vivant en communauté. Comme dans « L’armée des ombres », dans « Le Samouraï » la claustrophobie psychique des personnages se reflète dans les lieux de l’action et est renforcée d’une part par le silence, le secret qui entoure cette action et d’autre part par les «couleurs », terme d’ailleurs inadéquat puisqu’elles sont ici aussi souvent proches du noir et blanc et de l’obscurité. Le film est en effet auréolé d’une lumière grisonnante, froide, lumière de la nuit, des rues éteintes, de ces autres ombres condamnées à la clandestinité pour agir.

    Evidemment, ce film ne serait sans doute pas devenu un chef d’œuvre sans la présence d’Alain Delon (que Melville retrouvera dans « Le Cercle rouge », en 1970, voir ma critique ici, puis dans « Un flic » en 1972) qui parvient à rendre attachant ce personnage de tueur à gages froid, mystérieux, silencieux, élégant dont le regard, l’espace d’un instant face à la pianiste, exprime une forme de détresse, de gratitude, de regret, de mélancolie pour ensuite redevenir sec et brutal. N’en reste pourtant que l’image d’un loup solitaire impassible d’une tristesse déchirante, un personnage quasiment irréel (Melville s’amuse d’ailleurs avec la vraisemblance comme lorsqu’il tire sans vraiment dégainer) transformant l’archétype de son personnage en mythe, celui du fameux héros melvillien. 

    Avec ce film noir, polar exemplaire, Meville a inventé un genre, le film melvillien avec ses personnages solitaires portés à leur paroxysme, un style épuré d’une beauté rigoureuse et froide et surtout il a donné à Alain Delon l’un de ses rôles les plus marquants, finalement peut-être pas si éloigné de ce samouraï charismatique, mystérieux, élégant et mélancolique au regard bleu acier, brutal et d’une tristesse presque attendrissante, et dont le seul vrai ami est un oiseau. Rôle en tout cas essentiel dans sa carrière que celui de ce Jef Costello auquel Delon lui-même fera un clin d’oeil dans « Le Battant ». Melville, Delon, Costello, trois noms devenus indissociables au-delà de la fiction.

    Sachez encore que le tournage se déroula dans les studios Jenner si chers à Melville, en 1967, des studios ravagés par un incendie…et dans lequel périt le bouvreuil du film. Les décors durent être reconstruits à la hâte dans les studios de Saint-Maurice.

    Édités par Pathé, le DVD restauré et le Blu-ray inédit du film « Le Samouraï » seront disponibles à partir du 7 décembre 2011. Les deux supports contiennent un sublime livret de 32 pages au cours desquelles le journaliste Jean-Baptiste Thoret raconte la genèse du film et nous livre une analyse complète de l’œuvre et de son influence dans le cinéma français et international. Les Bonus sont enrichis par des documents inédits : un documentaire « Melville-Delon : de l’honneur à la nuit » et le Journal Télévisé de 20h de 1967 qui diffuse un reportage sur le film. Vendue au prix de 19.99€ pour le DVD et 24.99€ pour le Blu-ray, cette réédition exceptionnelle est l’occasion de redécouvrir les couleurs magistrales de ce chef d’œuvre du cinéma policier.

    Je vous recommande aussi cette interview d’Alain Delon pendant le tournage de « Mélodie en sous-sol »  réalisée en 1963 dans laquelle apparaît toute sa détermination, son amour du métier…que je ne retrouve malheureusement pas chez beaucoup d’acteurs aujourd’hui.

     

     Critique de PLAYTIME de Tati

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    « Playtime », tourné entre 1964 et 1967 et sorti en 1967, est organisé en six séquences qui nous emmènent successivement à Orly, dans un dédale de bureaux, au salon des arts ménagers,  dans des appartements ultramodernes, au royal garden et dans un manège urbain. Ces scènes sont reliées entre elles grâce à l'utilisation de deux personnages qui se croiseront au cours du récit : Barbara, une jeune touriste américaine en visite à Paris et M. Hulot (Jacques Tati), qui a un rendez-vous avec un personnage important.

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    Si le film a été un retentissant échec à sa sortie et un véritable gouffre financier pour Tati   (il dut hypothéquer sa propre maison ainsi que les droits des « Vacances de Monsieur Hulot » et de « Mon oncle » ), il est aujourd'hui considéré comme un chef d'œuvre de l'histoire du cinéma qui a par ailleurs influencé de nombreux cinéastes : : de Truffaut (qui lui rend hommage dans « Domicile conjugal » reprenant le gag du fauteuil de « PlayTime ») à Lynch ou Kaurismaki.  Prévu pour 2,5 millions de francs, le budget de Playtime est ainsi passé de 6 millions en 1964 à plus de 15 millions en 1967. Pour l'occasion Tati avait fait reconstituer une ville moderne entière « Tativille ».

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    Peut-être comme moi la première fois où je l'ai vu serez-vous déconcertés par le refus de la narration classique, par cette sollicitation permanente de l'ouïe et surtout du regard, par cette responsabilisation du spectateur mais le monde de Tati mérite un deuxième voyage, une deuxième chance et surtout un deuxième regard.

    « PlayTime » qui est pourtant sorti en 1967, il y a donc plus de 40 ans, pourrait ainsi avoir été réalisé aujourd'hui tant il reflète notre époque contemporaine : une époque avide de transparence, d'exhibition (« nous appartenons à une génération qui éprouve le besoin de se mettre en vitrine » disait-il déjà) et souvent aveugle à ce qui l'entoure. Une époque tonitruante et sourde. Une époque utra « communicationnel » et parfois tellement égocentrique voire égoïste. Une époque ouverte et cloisonnée. Une époque où les technologies compliquent parfois les rapports humains alors qu'elles devraient les faciliter. Une époque d'une modernité  aliénante (de l'uniformisation de l'architecture au rôle de la télévision en passant par l'influence de la société de consommation), déshumanisante et parfois inhumaine. C'est tout ce que Tati savait déjà si bien tourner en dérision et envelopper dans un vaste manège parfois (contrairement à ce qu'on pourrait croire) plus désenchanté qu'enchanté, en tout cas enchanteur. Le premier plan sur l'immeuble gigantesque, en contre-plongée est ainsi le reflet, à la fois inquiétant et fascinant, de ce que représente la modernité pour Tati.

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    Quelle clairvoyance, quand il y a plus de 40 ans, Tati nous montre une société aseptisée, uniformisée, qui perd son identité et sa convivialité mais qui perd aussi la notion d'intimité (même si ici la transparence est un leurre, au propre comme au figuré), des vies standardisées, une société monochrome, un monde moderne qui aliène dans lequel « la vedette est avant tout le décor ». Les corps et décors sont alors pareillement soumis à la standardisation et à la répétition. « Playtime » a ainsi été tourné en 70mm pour montrer la démesure de l'architecture par rapport à l'homme.

     Quel cinéaste arrive aujourd'hui à construire des plans (souvent des plans séquence et des plans d'ensemble) d'une telle richesse, d'une  telle densité, d'une telle polysémie avec un tel travail sur le son, les couleurs, l'organisation en apparence désorganisée de l'espace, créant un univers tellement singulier à la fois absurde et clairvoyant, tendre et mélancolique ?

      PlayTime est un bijou burlesque, héritier de Keaton mais aussi de Chaplin avec ses objets métonymiques (canne, chapeau),  d'une beauté inégalée et qui nous embarque dans son univers aussi gris que fantaisiste, aussi absurde que réaliste : Tati met ainsi en lumière les paradoxes de notre société par un cinéma lui-même en apparence paradoxal, mais savamment orchestré.

    Ah, la séquence du Royal Garden! Quelle lucidité. Quelle drôlerie ! Quel discernement ! Quelle folie savante et poétique ! Quel sens du détail ! 45 minutes d'une inventivité et d'une intelligence jubilatoires et incomparables ! Et quelle confiance accordée au spectateur qu'on cherche si souvent aujourd'hui à infantiliser et quelle confiance accordée à son regard qu'on cherche si souvent à dicter... Un tourbillon spectaculaire, une récréation savoureuse dont le spectateur fait partie intégrante.

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     Tati se fait chorégraphe et maître de ballet de son univers labyrinthique si particulier et fascinant, tout en folie, déplacement et transparence, avec ses mouvements qui épousent d'abord les lignes architecturales puis qui prennent leur liberté, leur envol et deviennent plus audacieux comme une invitation à ne pas se laisser emprisonner par les lignes du décor et donc à se désaliéner de la modernité dans laquelle Paris n'est plus qu'un reflet inaccessible et nostalgique. L'artiste prend alors le pas sur les lignes rectilignes et glaciales de l'architecture. Tati s'inspire lui-même de plusieurs peintres : Mondrian, Klee, Bruegel...Il tente alors de décloisonner et perturber l'espace.

    Au milieu de cette modernité intrigante, inquiétante, faîte de tant d'incongruités,  le spectateur est en permanence sollicité, surtout responsabilisé. Tati nous déconcerte et nous ensorcelle, nous interpelle et nous responsabilise, donc, et nous invite à voir la poésie, certes parfois désespérée, qui se cache derrière (et parfois émane de)  l'absurdité de la société et de l'existence modernes.

    Le film a été restauré en 2002 pour plus de 800000 euros...

     

  • Critique de FAUTE D'AMOUR (LOVELESS) d'Andreï Zvyagintsev (prix du jury du Festival de Cannes 2017)

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.