In the mood for news 6: l'actualité de la semaine du 24 octobre
Les films à l’affiche
Les films de la semaines recommandés par "In the mood for cinema"
Cette semaine du 24 octobre est particulièrement chargée en sorties cinématographiques de qualité ou du moins très attendues. Je vous recommande tout d’abord “Never forever” de Gina Kim, mon coup de cœur de la compétition officielle du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2007. Voici ma critique publiée lors du festival :
Vient ensuite « Never Forever » mon grand favori de cette compétition 2007, très « in the mood for love », très « Wong Kar Waiesque », qui se démarque des deux comédies romantiques de cette compétition que j’évoquerai ensuite brièvement. Gina Kim parvient à instaurer une tension passionnelle par des détails et des gestes qui deviennent essentiels et déterminants, par la manière dont elle filme et magnifie Vera Farmiga (les nuances de son jeu sont remarquables) en proie aux doutes, écartelée entre deux hommes si semblables physiquement, si dissemblables dans leur histoire, écartelée entre raison et passion, son altruisme et l'égoïsme de ses désirs, par l’intensité et presque la ferveur qu’elle met dans chaque plan. Le spectateur est hypnotisé, captivé et enserré dans cette histoire apparemment insoluble. La passion charnelle qui envahit les deux personnages principaux transpire et émane de l’écran. Le film aurait pu être scabreux (Afin de sauver à tout prix son couple son mari coréen ne pouvant pas avoir d’enfants, Sophie va payer un travailleur clandestin venu de Corée pour qu’il lui fasse un enfant…), il est envoûtant. Avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, Gina Kim filme le malaise qui se transforme en désir puis en amour et dresse un magnifique portrait de femme amoureuse guidée par ses sentiments et en proie aux affres de la passion irrépressible. Dans un cinéma qui filme de plus en plus la vie en noir et blanc, ou simplement en rose, ce film d’un rouge éclatant est bouleversant, malgré (et à cause de) sa lumière crépusculaire, il dépasse de loin les autres films la compétition. Gina Kim filme l’ambiguïté des sentiments, le désir amoureux -et le désir d’enfant-, avec en toile de fond l’immigration clandestine. Son film est un « thriller amoureux ». Gina Kim c’est le mariage de Truffaut et Wong Kar Wai. Je vous invite donc à voir ce « Never forever » qui nous immerge dans la fragilité des sentiments. A jamais ou pour toujours. Never ou forever. Si on ne peut jamais dire toujours, l’important c’est d’aimer… « Never forever » a reçu le prix du jury de ce 33ème Festival du Cinéma Américain pour son « mystère » et son « audace » qui a « touché » le jury comme l’a souligné André Téchiné.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur mon blog consacré au Festival du Cinéma Américain de Deauville : http://inthemoodfordeauville.hautetfort.com .
Je vous recommande également « Paranoïd park » de Gus Van Sant, une adaptation du roman de Blake Nelson projetée en compétition au dernier Festival de Cannes à l’occasion duquel le cinéaste a reçu le prix du 60ème anniversaire pour l’ensemble de son œuvre.( Je vous renvoie ainsi à mon blog consacré à ce festival : http://inthemoodforcannes.hautetfort.com). Gus Van Sant signe là une œuvre poétique sur la culpabilité qui nous immerge dans les pensées d’Alex, un adolescent fou de skate impliqué dans l’accident mortel d’un agent de sécurité. Un film à voir absolument pour les inconditionnels de Gus Van Sant (dont je suis) au sommet de son art et avec ses figures stylistiques et thèmes récurrents : thème de l’adolescence et sa fragilité, une bande son particulièrement réussi, un acteur amateur comme souvent chez Gus Van Sant –une vraie révélation, Gabe Nevins , découvert suite à l’annonce laissée par le cinéaste sur My space- aurait mérité le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes, délitement et déconstruction du temps, ralentis, narration déstructurée, photographie particulièrement soignée grâce à Christopher Doyle, le chef opérateur de Wong Kar Waï, plans séquences, flash-backs et envoûtement du spectateur, mélange de 8 et 35 mm pour refléter le désordre mental. La magie opère, encore et toujours. Pour les inconditionnels et ceux qui voudraient découvrir ce cinéaste majeur.
Demain sortent également deux films très attendus (que je n’ai pas encore vus) « Le deuxième souffle », l’adaptation du livre de José Giovanni par Alain Corneau, plus de 40 ans après celle de Jean-Pierre Melville, une adaptation dans laquelle Daniel Auteuil reprend le rôle marquant de Lino Ventura.
Demain sort également « Le cœur des hommes 2 », de Marc Esposito. Le premier avait engrangé 1, 5 millions d’entrées. Le second renouvellera-t-il l’exploit ?
Demain sort également « La part animale » de Sébastien Jaudeau auquel notre jury avait décerné son prix (du jury donc) lors du Festival International du Premier Film d’Annonay 2007. Voici la critique que j’avais alors publiée :
Deux autres films radicalement différents mais non moins intéressants ont émergé de cette compétition dont le niveau était d’ailleurs étonnamment élevé pour des premiers films n’ayant pas de distributeurs. C’est tout d’abord La part animale, le film français de Sébastien Jaudeau qui a obtenu le Prix spécial du jury, une adaptation du roman d’Yves Bichet. Etienne vient d’être embauché comme ouvrier dans une exploitation avicole moderne. Il est en charge de la reproduction des dindons. Peu à peu, au contact des bêtes, le regard qu’il porte sur l’humanité évolue. La part animale est une œuvre. Avec tout ce que cela peut impliquer. De radicalité. De point de vue. D’étrangeté. D’audace. Elle décontenance et malgré et à cause de cela force notre admiration. Le thème de l’animalité s’insinue dans le moindre fragment du film (jusqu’à l’excès : plans de sangliers, excès de références, notamment picturales, comme L’origine du monde de Courbet qui lui font frôler le didactisme et toujours en éviter l’écueil), se reflète dans le jeu des comédiens, dans leurs excès et leurs dérives. Tel le Rhinocéros de Ionesco, le dindon s’immisce partout. L’animalité s’empare des comportements et les travestit, déteint sur l’existence et en fait ressortir la noirceur inavouable. En filigrane, un discours intéressant sur l’aliénation du travail, sur les effets pervers de la technique qui, si on n’y adhère pas forcément, n’en demeure pas moins intelligemment mise en scène malgré sa démonstration ostentatoire et revendicatrice. Une réalisation et un montage très maîtrisés, la photographie de Pierre Cottereau, des images qui vous hantent longtemps après la dernière minute du film contribuent à faire de cette part animale un film salutairement dérangeant. Pour ceux qui ne craignent pas de ne plus jamais voir les dindons et les petits pains de la même manière et de faire surgir la part animale qui est en eux. A noter : Niels Arestrup, parfait en patron bourru et inquiétant, de même que Sava Lolov en employé effacé qui se laisse peu à peu envahir et submerger par sa part animale.
(Pour en savoir plus sur le Festival d’Annonay 2007, voir ici : http://www.inthemoodforcinema.com/festival_international_du_1er_film_d_annonay/ ) .
L’info Festivals de la semaine :
Le BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac) vient d’annoncer qu’il ne financerait pas le Festival du Film Policier de Cognac 2008, faute de « retour sur investissement, » un festival dont il représentait… 70% du budget ! Le Festival du Film Policier de Cognac 2008 est donc plus que compromis alors que le festival 2007 avait déjà failli ne pas avoir lieu, reporté d’avril à juin 2007. Dommage… Une sélection de qualité. Un festival convivial. Et accessoirement de si beaux souvenirs du 20ème anniversaire, année où je faisais partie du jury Première… Le Festival 2008 aura-t-il lieu ? Aura-t-il lieu à Nice comme il en fut déjà un moment question pour l’édition 2007 ? A suivre…
L’info rétrospective de la semaine :
La Cinémathèque depuis le 17 octobre, rend hommage à Sacha Guitry (expositions, visites guidées, rétrospective intégrale, table ronde, conférences, lectures…), pour les 50 ans de sa mort. A cette occasion, hier soir, à la mairie du 6ème arrondissement de Paris, Pierre Arditi a lu quelques textes de Guitry qu’il avait lui-même choisis, le terme lire convient d’ailleurs mal tant cette « lecture » était vivante, une foule de personnages ayant ainsi pris vie sous mes yeux captivés qui découvrirent avec stupeur à l’issue d’une heure trente qu’il y avait juste sur scène, un bureau, quelques textes, et un acteur passionné tant l’enthousiasme qu’il mettait à lire m’a donné l’impression d'avoir vu défiler une galerie de personnages, de multiples décors, de traverser les vies, les époques. Le cynisme savoureux, l’esprit ironique et aiguisé de Guitry s’est animé sous nos yeux si bien qu’il semblait être là, dans cette salle à l’atmosphère tamisée, soudain plongée plus de cinquante ans en arrière par la simple voix d’un acteur aux multiples et subtiles nuances, à la fois admiratif et faussement choqué du cynisme jouissif, mais aussi la modernité de l’auteur, guettant la complicité du public ou de sa compagne. Un beau moment qui donne envie de redécouvrir Guitry… Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la Cinémathèque : http://www.cinematheque.fr . En guise de conclusion,
petit florilège de citations de Sacha Guitry:
"Être parisien, ce n'est pas être né à Paris, c'est y renaître.
On a dit de la beauté que c'était une promesse de bonheur. On n'a pas dit qu'elle fût tenue.
Deux personnes mariées peuvent fort bien s'aimer, à condition de ne pas être mariées ensemble.
Nous avons beau dire : "Mon temps... je perds mon temps... je prends mon temps..." - ce possessif est dérisoire : c'est toujours lui qui nous possède.
En cherchant bien, l'on trouverait à la plupart des bonnes actions des circonstances atténuantes.
Le monde est mal fait, certains deviennent cibles pour avoir été trop points de mire.
Je n'ai vraiment l'impression que je suis libre que lorsque je suis enfermé. Lorsque je fais tourner la clef ce n'est pas moi qui suis bouclé ce sont les autres que j'enferme.
Si vous êtes un jour traité de parvenu, tenez pour bien certain que vous serez arrivé.
Il n'y a pas de gens modestes. Il y a des ratés qui ont la prétention d'être modestes et qui font les modestes pour faire croire qu'ils ne sont pas des ratés.
Les femmes désirent ce qu'elles aiment, les hommes aiment ce qu'ils désirent." Sacha Guitry
Sandra.M











4.Candide-Voltaire (le plus « sage » conte philosophique)
sans aucun doute mériterait de figurer dans ce classement, ce sont en tout cas ceux que j’ai lus le plus tôt et le plus relus. Finalement les plus contemporains, intemporels, multiples, à la fois romanesques et si réalistes. Et puis évidemment les incomparables descriptions balzaciennes qui nous plongent dans les moindres frémissements des âmes et des lieux qui les reflètent. Il y aurait tant à dire qu’un blog entier n’y suffirait pas !:-))

23. Les Misérables -Victor Hugo ( l’un des plus beaux souvenirs de mes études, le roman le plus clairvoyant aussi )
















D’autres impressions encore, de plus en plus floues. Le long plan séquence sur la plage de Dunkerque de "The Atonement" (l' Expiation en français qui sortira sous le tire "Reviens-moi", plus attractif sans doute...mais moins intéressant au regard de ce qui constitue l'intérêt principal du film) de Joe Wright, un mélo comme on n’en fait plus dont la seconde partie ne tient malheureusement pas les promesses de la première, romanesque à souhait, d’une incandescence réjouissante, dont le souffle épique et entraînant ne tient malheureusement pas la longueur. Un film sur un amour contrarié, sur les rapports troublants entre art et vérité, dont la forme épouse intelligemment le fond.






Cette semaine, « in the mood for news », le bulletin d’informations cinématographiques de “In the mood for cinema” sera entièrement consacré à "L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik, indéniablement le film de la semaine et peut-être de l’année, présenté en avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2007 où il a créé l’évènement et divisé le public, les uns criant au chef d’œuvre, les autres, s’ennuyant et partant avant la fin du film, aveugles ou insensibles à sa beauté sidérante et ensorcelante.




L’ambiguïté du personnage de Maxime parcourt et enrichit tout le film : Maxime qui exhibe son corps, qui nie presque sa judaïté, qui fera dire à son père sur le ton de l’humour, certes, qu’il a un fils antisémite, à qui dans son roman Philippe Grimbert attribue des « ambitions de dandy ». L’ambiguïté est encore accrue quand il tombe amoureux de Tania : une femme blonde aux yeux bleus, sportive comme lui, et ce qui n’arrange rien, sa belle sœur, dont il tombe amoureux, pour couronner le tout, le jour de son mariage. Tania, si différente de sa femme, Hannah (Ludivive Sagnier), la timide, la mère parfaite, plus mère que femme dans le regard de Maxime, dans son regard hypnotisé par Tania, son double, celle qui lui ressemble tellement. Hanah : celle pour qui Maxime est pourtant tout. Et qui le signifiera tragiquement.
Passé et présent se répondent constamment en un vibrant écho. L’entrelacement de temporalités rendait d’ailleurs le roman quasiment inadaptable, selon les propres propos de Philippe Grimbert. Claude Miller y est pourtant admirablement parvenu. Echo entre le passé et le présent donc, Echo c’est aussi le nom du chien dans le roman. Celui dont la mort accidentelle fera ressurgir le passé, cette douleur ineffable intériorisée pendant tant d’années. Maxime s’effondre alors sur la mort de son chien alors qu’il avait surmonté les autres. Il s’effondre, enfin abattu par le silence meurtrier, le poids du secret et de la culpabilité.