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  • Critique de "Walkyrie" de Bryan Singer avec Tom Cruise, ce soir, sur France 3, à 20H50

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    Walkyrie. Du nom de la musique de Wagner qu’Hitler appréciait. Du nom de ce plan national d’urgence élaboré par Hitler lui-même pour protéger l’intégrité du régime en cas d’émeute ou de tentative d’assassinat de ce dernier afin que les réservistes prennent alors le contrôle des infrastructures étatiques centrales jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli. Et surtout du nom de l’opération mise au point par la Résistance allemande pour éliminer le Führer et s’emparer du pouvoir.

    Pour le colonel Stauffenberg (Tom Cruise), inquiet de voir Hitler précipiter l’Allemagne et l’Europe dans le chaos, il n’y a que deux possibilités : servir l’Allemagne ou servir Hitler. En 1942, il tente de convaincre plusieurs officiers supérieurs de la nécessité de renverser Hitler. Un an plus tard, alors qu’il se remet de ses blessures de guerre (il a perdu l’usage d’une main et d’un œil, ce qui le contraindra à porter constamment un bandeau qu’il retirera à certaines occasions notamment lorsqu’il rencontrera Hitler), il rejoint la résistance allemande pour mettre au point l’Opération Walkyrie destinée à tuer Hitler et à ce que ses opposants de la résistance allemande puissent s’emparer du pouvoir, d’abord en modifiant secrètement le plan walkyrie afin de pouvoir ensuite, après avoir fait croire que le cercle intime d’Hitler avait tué le Führer, provoquer la chute du régime nazi. C’est à lui, Claus von Stauffenberg, que reviendra cette périlleuse et historique mission de tuer Hitler…

    S’emparer d’un sujet comme celui-ci nécessitait de relever plusieurs défis. D’abord comment maintenir constamment l’intérêt du spectateur qui sait pertinemment qu’Hitler n’est pas mort assassiné le 20 juillet 1944 mais qu’il s’est suicidé dans son bunker le 30 avril 1945 et donc que l’opération Walkyrie fut un échec ? Comment maintenir l’attention du spectateur qui connaît donc d’avance le dénouement de l’opération ? Comment traiter cette histoire vraie et méconnue sans tomber dans l’outrance mélodramatique ? Comment aborder la résistance allemande et cette période sans tomber dans le manichéisme ?

    A mon avis, le premier défi, de taille, est le plus brillamment rempli. Pas une seconde, alors que l’échec de l’opération Walkyrie était connu, mon intérêt ne s’est relâché. La mise en scène (à qui certains ont reproché son caractère appliqué et sans âme) s’efface intelligemment devant son sujet, le montage mais surtout la musique (notamment les bombardements en même temps que la musique de « la Chevauchée des Valkyries » de Wagner ) et les sons sont d’une efficacité redoutable pour nous impliquer dans la mission de Stauffenberg (le scénario est construit de telle sorte que nous voyons presque tout selon son point de vue) et pour créer un suspense haletant. Ainsi, on a beau savoir que l’opération va échouer, lorsqu’est évoquée la possibilité que Mussolini assiste aussi à la réunion lors de laquelle doit avoir lieu l’attentat, une seconde, l’éclair de satisfaction dans l’œil de Stauffenberg nous convainc, malgré tout, d’y croire, et que les deux dictateurs vont périr à cet instant. Impossible de ne pas penser à quel point la marche de l’Histoire en aurait été modifiée, combien de morts auraient alors été épargnés…

    Certains ont aussi reproché au film son absence d’émotion, ce qui est, au contraire, selon moi, un atout majeur. Les relations entre les personnages ne sont en effet traités que dans la mesure où elles influent sur l’opération Walkyrie et les personnages secondaires ne sont là que pour expliciter cette opération, la manière dont ils vont l’aider ou la contrer. Cette sobriété (au contraire du son, emphatique) sied parfaitement au sujet, aux enjeux qui se nouent, à cette tragique ironie de l’Histoire qui a fait échouer l’opération. La photographie épouse la sobriété de la réalisation, son clair-obscur étant terni de temps à autre par ce rouge terrifiant du drapeau nazi sur lequel débute d’ailleurs le film. Tom Cruise a aussi eu la bonne idée, ou du moins peut-être la lui a-t-on soufflée, de n’en pas faire trop. Tout cela contribue donc au contraire à la force émotionnelle du film parce qu’elle n’est pas forcée, pas dictée, parce que, si elle l’avait été, elle aurait alors été indécente, en contradiction même avec le sujet.

    L’intérêt principal de ce film est enfin d’avoir mis en lumière cette opération Walkyrie, évènement le plus marquant de la Résistance allemande au nazisme et donc de rendre hommage à cette même résistance, à une partie de la population qui s’est insurgée contre l’abjection et la barbarie. L’héroïsme de ces résistants réside d’ailleurs autant dans les actes spectaculaires comme la tentative d’attentat que dans des actes qui le sont a priori moins mais tout aussi courageux et emblématiques au sein de ce régime fou et infiniment intolérant comme le refus de Stauffenberg de saluer Hitler ou la manière dont il le fera finalement et que je vous laisse découvrir.

    Détail qui a son importance : a langue (le film est en Anglais , ce qui va de soi pour un film américain, mais ce qui entrave néanmoins fortement la crédibilité notamment lors d’une scène clef où Goebbels reçoit un coup de fil d’Hitler destiné à prouver qu’il est en vie , lequel Hitler parle avec un fort accent américain et une voix bien juvénile) m’a, il est vrai, aussi dérangée mais pas suffisamment pour que ce film, particulièrement instructif et efficace, ne fasse pas partie de ceux que je vous recommande.

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  • Théâtre - Master class de Jean-Laurent Cochet du 12 novembre à la Pépinière Opéra

    Vous pouvez encore réserver votre place pour la (prodigieuse) Master class Jean-Laurent Cochet du 12 novembre. Retrouvez mon compte-rendu complet de la précèdente pour vous en convaincre, en cliquant ici.

     

     

    Quels

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  • Critique de "The Town" de Ben Affleck, en attendant "Argo"

    Alors que "Argo" sortira demain en salles, retour sur "The Town", le deuxième film de Ben Affleck en tant que réalisateur après "Gone baby gone".

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    Il y a quatre ans, Ben Affleck présentait son premier film en tant que réalisateur, en avant-première, à Deauville :« Gone baby gone » inspiré du roman éponyme de Denis Lehane relatant l’enquête après la disparition d’une petite fille de 4 ans dans une banlieue pauvre de Boston, plus exactement à Dorchester, le plus grand et le plus hétéroclite des quartiers de Boston, à travers le regard de deux jeunes détectives privés interprétés par Casey Affleck et Michelle Monaghan. Avec ce premier film, Ben Affleck avait choisi d’explorer les bas-fonds voire les tréfonds obscurs et secrets de ce quartier de Boston.

    Etrangement, malgré un passage à Paris, ce n’est pas à Deauville mais à Venise et uniquement que son deuxième film en tant que réalisateur, le très attendu « The town » avait été présenté (hors compétition), malgré l’accueil chaleureux qui avait été réservé au premier en Normandie en 2007 et malgré le thème de ce second film parfaitement en adéquation avec ceux de l'édition 2010 du Festival de Deauville : des films relevant souvent de l’étude sociologique.

    C’est de nouveau à Boston que nous entraîne Ben Affleck, plus précisément dans le quartier de « Charlestown » surnommé « The town », un quartier réputé pour son nombre record de braquages de banques et dans lequel la population se divise entre ceux qui y contribuent et ceux qui font régner la loi. Doug MacRay (Ben Affleck), comme beaucoup d’habitants du quartier a été choisi par le crime plus qu’il ne l’a choisi, son père étant lui-même un ancien braqueur. Lors d’un casse, Doug et sa bande prennent en otage la directrice de la banque, Claire Keesey (Rebecca Hall, découverte dans « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen.)
    Relâchée indemne mais profondément marquée, Claire sait qu’elle risque des représailles mais elle ignore que le jeune Doug qu’elle rencontre à la laverie automatique est un de ses ravisseurs…. Pendant que le FBI mène l’enquête et se rapproche de plus en plus de la piste de Doug et sa bande, ce dernier et Claire se rapprochent aussi de plus en plus.

    The Town est adapté du best-seller de Chuck Hogan, Prince of the thieves.

    Dès les premiers plans, la camera tourne autour du quartier de Charlestown l’emprisonnant dans son cadre comme les protagonistes le sont par ce lieu qui les a vu naitre et grandir et qui les condamne à y mourir, souvent prématurément. Condamnés à une vie plus subie que choisie qui les dédouane d’une part de responsabilité, Charlestown incarne le déterminisme social et Doug la possibilité d’y échapper. C’est sa rencontre avec Claire qui va le conduire sur le chemin de la rédemption après une première chance avortée et une carrière de hockeyeur brisée par la violence. James (Jeremy Renner) incarne (brillamment) son double, celui qui choisira l’autre route et pour qui il n’en existe aucune autre.

    Des thèmes que l’on retrouve notamment dans le cinéma de James Gray même si Ben Affleck n’atteint pas toujours la même subtilité dans les scènes les plus intimistes, notamment dans l’histoire d’amour qui manque parfois de subtilité mais dont l’impossibilité apparente et la tension (il semble impossible qu’elle puisse être amoureuse de celui qui est la cause de la terreur de sa vie) apportent piment et originalité. Lorsqu’il s’agit de courses poursuites ou de susciter le sentiment d’urgence, l’adrénaline, le danger, la maîtrise du réalisateur est en revanche flagrante et la tension palpable.

    « The town » est certes moins âpre et angoissant que « Gone baby gone » mais on retrouve cette réalisation sobre et parfaitement maîtrisée et ce même souci de réalisme. Ben Affleck confirme être un des réalisateurs de polars avec qui il va falloir compter, avec une mise en scène de facture certes classique mais respectant les codes du genre et bien ancrée dans un lieu et son époque. On retrouve cette même étanchéité entre le bien et le mal, le crime et l’innocence que dans « Gone baby gone » qui écarte pareillement « the town » du classique thriller manichéen.

    Comme dans « Gone baby gone », Ben Affleck soigne ses rôles secondaires aux visages marqués par la violence, la souffrance, l’aigreur. On pourrait lui reprocher quelques baisses de rythme qui sont néanmoins davantage la marque de son style (la mise en relief des personnages et intrigues secondaires) que de réelles lacunes.

    Un deuxième film plus que prometteur qui laisse entrevoir un horizon riche de possibles.

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  • Critique - "Nous York" de Géraldine Nakache et Hervé Mimran

    A moins d'avoir émigré sur une autre planète, vous savez certainement que demain sort en salles "Nous York" de Géraldine Nakache et Hervé Mimran, la suite qui n'en est officiellement pas une de "Tout ce qui brille". Autant je vous avais dit tout le bien que je pensais de "Tout ce qui brille", hier, ici, film joyeux, rafraîchissant, pétillant, lumineux, d’une tendre drôlerie et justesse, intelligemment écrit et interprété,  autant je suis beaucoup plus réservée sur "Nous York" découvert dans le cadre du Grand Prix Elle du Cinéma dont je faisais partie du jury (c'est finalement "La Chasse" de Thomas Vinterberg qui a gagné, un meilleur choix même si je lui aurais préfèré "Les Bêtes du Sud sauvage").

     Si « Nous York » n’est pas une suite, il surfe indéniablement sur le succès du premier reprenant des personnages similaires, voire identiques.

    C’est l’histoire de trois trentenaires de Nanterre qui débarquent à New York par surprise à l'occasion de l’anniversaire de leur amie d'enfance. C'est une autre amie d’enfance qui a tout organisé. Les deux amies ont quitté leur cité depuis deux ans pour tenter leurs chances aux États-Unis. La première est l'assistante personnelle d'une célèbre comédienne avec qui elle partage un sublime appartement. La seconde travaille dans une maison de retraite.

    Pour le reste… j’ai eu l’impression d’un immense gâchis, que le talent d’écriture (certain) des deux auteurs s’est perdu dans une admiration béate pour New York, totalement hypnotisés et paralysés par cette beauté d’acier tant de fois filmée, aussi par l’envie de filmer la ville en long, en large et en travers et de filmer leur bande d’amis en oubliant totalement le scénario et réduisant le film à une suite de saynètes sans réelle consistance entre situations convenues, prévisibles et parfois plans interminables et inutiles malgré une tentative d'alterner entre rires et larmes (souvent de manière peu crédible concernant le second, entre la mort d'un personnage et la maladie de la mère d'une autre pour nous faire comprendre de manière appuyée que "la vraie vie est ailleurs", là où ils ont grandi et que, une fois de plus, "tout ce qui brille n'est pas de l'or".)

    Les personnages censés être trentenaires sont particulièrement enfantins, peut-être le reflet d’une génération qui essaie de prolonger l’enfance en laquelle certains se reconnaîtront sans doute mais en tout cas, cela n’a pas été mon cas et j'avoue être un peu lasse de ces personnages récurrents de trentenaires dans les comédies qui les font souvent passer pour des ados attardés et velléitaires.

    Je suis néanmoins moins sévère que les autres jurées envers cette comédie inégale (si l’ennui n’est pas un critère pour moi au cinéma, cela l’est en revanche pour une comédie, et je me suis malheureusement ennuyée ici) aux personnages néanmoins sympathiques interprètés visiblement avec bonheur et qui déambulent et nous font déambuler dans un New York  joliment mis en lumière, beaucoup des jurées ayant attribué la note de 0 au film et ayant considéré qu’il n’y avait que le «générique à sauver».

    Dommage que d'autres films ne bénéficient pas d'autant de mise en avant (le magazine Elle, devant l'étonnement des jurées sur la sélection de ce film, nous a clairement fait comprendre qu'il y avait quelques sélections "obligées", comprendre un échange de bons procédés) que ce film qui se déroule aux Etats-Unis (ô mais quel choix innocent) et sort le jour des élections américaines. Si vous voulez une vraie bonne comédie qui sache alterner entre rires et larmes, je vous recommande "Comme des frères" d'Hugo Gélin, pour moi la comédie de l'année (au casting duquel figure d'ailleurs  Hervé Mimran, coréalisateur de "Nous York", en tant que scénariste).

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  • Critique - "Tout ce qui brille" de Géraldine Nakache et Hervé Mimran (ce soir, à 20H50, sur M6 )

    Alors que mercredi prochain sortira "Nous York", la deuxième réalisation du tandem Nakache/Mimran avec une partie du casting en commun avec "Tout ce qui brille", M6 diffuse ce dernier, ce soir, une excellente comédie que je vous recommande et dont vous pouvez retrouver ma critique, publiée lors de la sortie du film, ci-dessous.

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    Avec le printemps refleurissent les comédies qui surfent sur la vague d'une saisonnière soif de légèreté et de fraîcheur dont on aspire à ressortir le cœur (et plus rarement le cerveau) alertes. Ayant délibérément choisi de délaisser pour quelques jours les projections presse où, il faut bien le dire, l'assistance est assez souvent blasée, je retrouve donc avec plaisir les joies de la file d'attente et surtout d'une salle qui, quand elle rit, ne le fait pas au détriment du réalisateur (un jour, il faudra que je vous fasse une note sur le sarcasme journalistique).

    J'ai souvent tendance à me méfier des films avec deux réalisateurs (si un film est certes un travail collectif, la vision sur la mise en scène doit tout de même être personnelle) mais je me méfie aussi des préjugés, avec raison d'ailleurs en ce qui concerne « Tout ce qui brille ».

    Synopsis : Ely (Géraldine Nakache) et Lila (Leïla Bekhti) sont comme deux sœurs. Elles se connaissent depuis l'enfance, vivent dans la même banlieue à dix minutes de Paris, partagent tout et rêvent ensemble d'une autre vie, à dix minutes de là, là où tout brille. Entre Puteaux et Neuilly, il n'y a finalement qu'un pas... Elles vont tout faire pour entrer dans ce monde qui n'est pas le leur et qui les fascinent. Avec un peu de culot elle vont y arriver... mais leur amitié y résistera-t-elle car c'est bien connu "tout ce qui brille n'est pas de l'or"... ?

    Dès les premières minutes, le charme de la complicité du duo opère et nous conquiert. M'a conquise en tout cas. Les dialogues sont rythmés et énergiques sans jamais être vulgaires. Et ce qui saute d'abord aux yeux, c'est le regard, communicatif, tendre et empathique, porté sur les personnages mais aussi sur la banlieue, sans condescendance, misérabilisme ou démagogie. Ce n'est d'ailleurs finalement pas le sujet.

    Ainsi, si Lila, « leadeur » mais finalement aussi la plus fragile du duo, se laisse éblouir, c'est avant tout parce qu'elle a besoin de se griser, d'oublier le rejet de son père, préférant se mentir à elle-même, croire en un amour voué à l'échec pour édulcorer la rudesse de la réalité, pour croire que « tout brille » pour éluder les zones d'ombre de son existence. Pendant ce temps, sa mère attend inlassablement ce dernier, chantant chaque week end là où ils se sont connus des années auparavant.

    Si les nuits parisiennes ne sont finalement pas (non plus) le sujet principal, entre, notamment, une danseuse en moon boots et une soirée dans un supermarché reconstituée, « Tout ce qui brille » croque avec ironie le côté ridicule de certaines soirées prétendues branchées.

    Géraldine Nakache et Hervé Mimran ont réussi une chose rare : une comédie tendre ET drôle ET sans mafieux russe (trouvez-moi une comédie dernièrement qui n'a pas eu son mafieux russe) ET qui ne cherche pas à faire à la manière de... Et c'est sans doute pour cela que ça fonctionne aussi bien, que ces deux filles attachantes nous embarquent dans leurs péripéties dans ce monde de paillettes même si nous nous doutons bien qu'elles découvriront bientôt que tout ce qui brille n'est pas de l'or, et qu'à vouloir « s'élever » socialement, elles risquent de passer à côté de l'essentiel...

    Alors certes, ce film n'est pas dénué de défauts (ainsi dommage que les personnages masculins soient un peu moins travaillés et les intrigues sentimentales plus bâclées) mais les deux réalisateurs n'ont visiblement pas voulu signé une comédie romantique mais une histoire d'amitié d'ailleurs pas si naïve nous parlant notamment d'émancipation, de relations entre parents et enfants et de désirs d'ailleurs.

    Un film joyeux, rafraîchissant, pétillant, lumineux, d'une tendre drôlerie et justesse qui, s'il vous confirmera qu'il ne faut pas vous laisser éblouir par tout ce qui brille, fera au moins briller vos yeux grâce à l'intelligence de son écriture mais aussi de ses trois interprètes ( Géraldine Nakache, Leïla Bekhti -qui a reçu le César du meilleur espoir féminin- photo ci-dessous- et Audrey Lamy, également impayable en prof de sport ). Un film dont vous aurez envie de sortir en faisant le paon et en dansant sur Véronique Sanson (si, si, vous verrez !).

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    Photo copyright Inthemoodforcinema.com , Cérémonie des César 2011

    En 2012, la comédie de l'année, c'est "Comme des frères" de Hugo Gélin dont vous pouvez d'ores et déjà retrouver ma critique en cliquant ici.

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  • Critiques - "Le Quai des Brumes", "Le jour se lève", "Drôle de drame" de Marcel Carné

    En attendant de rererevoir le chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre du duo Carné/Prévert "Les Enfants du Paradis", ce soir, sur Arte, je vous propose trois analyses de films de Carné également indispensables.

    Analyse -"Le Quai des Brumes" de Marcel Carné (1938)

    Du "Quai des Brumes" , vous connaissez très certainement la cultissime réplique de Gabin à Morgan "T'as de beaux yeux tu sais" qui immortalisa ce film. "Le Quai des Brumes" est pourtant beaucoup plus qu'une réplique...

    Le Quai des brumes : un cinéma du désenchantement

    Avant même d’en dépeindre l’atmosphère le synopsis du "Quai des brumes" laisse déjà entrevoir le pessimisme qui émane de ce film et qui suffira à certains pour le qualifier de « film manifeste » du réalisme poétique.

    Le sceau de la fatalité

    Un déserteur de la coloniale Jean (Jean Gabin), arrive au Havre en espérant s’y cacher avant de partir à l’étranger. Dans la baraque du vieux Panama (Edouard Delmont)où il trouve refuge grâce à un clochard, il rencontre le peintre fou Michel Krauss(Robert Le Vigan) et une orpheline : Nelly(Michèle Morgan) .Cette dernière vit chez son tuteur Zabel (Michel Simon), qui tente d’abuser d’elle. Au moment où Jean se croit sauvé, un destin tragique va l’emporter, malgré la passion de Nelly et sa nouvelle envie de vivre.

    Le quai des brumes est une adaptation du roman de Pierre Mac Orlan de 1928 qui se déroule à Montmartre en 1900. Les services de propagande de la UFA jugent le sujet du film décadent et font savoir qu’il n’est pas souhaitable de le tourner. Le film devait en effet être tourné en Allemagne dans le cadre des accords de coproduction franco allemande mais les censeurs d’outre Rhin effarouchés par le pessimisme du sujet refusèrent l’autorisation de tourner à Hambourg les scènes qui dans le roman se déroulaient à Montmartre. La ténacité de Gabin permettra néanmoins au projet d’aboutir et c’est d’ailleurs lui qui imposera le scénariste Prévert et le réalisateur Carné. Gabin avait refusé de jouer dans Jenny et avait été intrigué par Drôle de drame. Rabinovitch, le producteur qui reprend le projet, l’accepte sur le nom de Gabin sans même avoir lu le scénario. Il le lira à la veille du tournage et n’aura de cesse de répéter « c’est sale, c’est sale », n’aimant pas le projet, refusant même que son nom apparaisse au générique et insistant pour qu’il y figure lorsque le film connaîtra un triomphe : un triomphe aussi bien en salle où il sera applaudi à l’issue de sa première projection (fait rarissime)-au cinéma Marivaux le 18 mai 1938-, que chez les professionnels pusqu’il reçut le prix Louis Delluc 1939 et le Lion d’or à Venise.

    A l’exception de l’Humanité et de l’Action Française le film est également encensé par la presse. Mac Orlan lui-même dira aimer cette « version nettement désespérée ». Le projet parvint donc à se monter sans veto de la commission de censure, si ce n’est le Ministère de la guerre qui exigea tout de même que le mot «déserteur » ne soit jamais prononcé et que le héros plie soigneusement ses effets militaires au lieu de les jeter en vrac, au cours d’une scène où il doit les remettre au tenancier du cabaret. Le producteur essaiera d’obtenir d’autres coupures mais grâce à l’obstination de Carné la seule qu’il parvint à obtenir fut celle d’une scène où l’on devait voir Michel Krauss nu et de dos s’avancer dans la mer. Dans la version définitive, son suicide est seulement évoqué mais pas montré.

    Dès les premiers plans, le décor (finalement celui du Havre) est planté, l’atmosphère est caractérisée. Jean est un personnage taciturne, suivi par un chien abandonné tel un miroir de lui-même. L’inéluctabilité du malheur résulte bien sûr du récit mais avant tout des personnages : un peintre fou, un mauvais garçon jaloux et violent, Lucien(interprété par Pierre Brasseur), un tuteur qui convoite sa pupille, un déserteur . Le destin de chacun semble être tracé dès les premières minutes du film et voué à la tragédie et au drame. Le décor et son charme triste créé par la pluie et la brume et les dialogues de Prévert renforcent cette impression. Les dialogues sont ceux de personnage pessimistes, et même davantage : désenchantés. Ainsi pour le peintre : « Je peins malgré moi les choses cachées derrière les choses. Quand je peins un nageur, je vois un noyé. », « Oh, le monde il est comme il est, plutôt sinistre, plutôt criminel. », « Je verrais un crime dans une rose ». Les personnages ne croient plus en la vie, ni en l’amour : « Qu’est-ce qu’ils ont tous à parler d’amour, est-ce qu’il y a quelqu’un qui m’aime, moi ? » regrette Michel Simon qui se dit « amoureux comme Roméo avec la tête de barbe bleue. »

    Si la fatalité de la guerre semble planer comme la tragédie au-dessus des têtes des protagonistes, elle se confond avec le regret de 1936 : « C’est beau d’être libre. Oui, c’est beau, l’indépendance, la liberté. » Le cadre de la fête foraine à la fin du film rappelle également l’euphorie de 1936 et exacerbe encore le désenchantement dont elle est alors le cadre. Le thème de la solitude revient également comme un leitmotiv : « C’est difficile de vivre. », « Oui, on est seuls », « On rencontre des gens qu’on ne reverra peut-être pas et qui nous rendent service. » C’est un univers hanté par la mort comme la réalité est hantée par le spectre de la guerre : la mort se présente sous plusieurs formes. C’est d’abord le suicide avec le peintre, le meurtre avec Zabel, et la mort par la fatalité, dont la rencontre avec Nelly n’a fait que repousser l’échéance, celle du déserteur tué par la police. Nelly semble être la seule à matérialiser une forme de rêve, un ailleurs mais ses propos ne sont pas moins pessimistes : « Mais ce n’est pas le fond de la mer. Le fond de la mer, c’est plus loin, plus profond. »Le couple formé par Jean Gabin et Michèle Morgan dans Le quai des brumes est caractéristique du climat de lourde fatalité de l’avant guerre. Les personnages démissionnent tous face au cataclysme qui les menace comme la guerre menace la France et le monde. Ce pessimisme vaudra au Quai des brumes d’être un des premiers films interdits par le gouvernement français au moment de la déclaration de guerre celui-ci le qualifiant de « démoralisateur ».

     Le film emblématique du réalisme poétique

     Même si chronologiquement Le quai des brumes n’est pas le premier film à pouvoir s’inscrire sous la dénomination de réalisme poétique, même si c’est déjà le troisième film de Marcel Carné, il est bien souvent qualifié de « film manifeste » de ce mouvement et même parfois de film créateur de ce mouvement. Il en a peut-être en revanche poussé les caractéristiques à leur paroxysme. Son atmosphère lugubre, bouleversante, mélancolique, ses personnages voués à un destin tragique, les décors embrumés de Trauner, la poésie de Prévert le classent indéniablement dans cette catégorie. Le réalisme poétique également synonyme de classicisme sera donc bien souvent décrié même si certains le défendirent comme le critique Claude Briac qui écrivit qu’il « n’y a pas au monde dix réalisateurs capables de réaliser un tel film. » Marcel Carné lui-même réfutait d’ailleurs cette dénomination de réalisme poétique à laquelle il préférait celle de « fantastique sociale » imaginée par Mac Orlan. Cela n’empêchera pas certains critiques d’encenser le film justement parfois grâce à ses caractéristiques propres à cette dénomination. Ainsi dans L’avant-garde du 28 Mai 1938 on pouvait lire : « en dépit de cette atmosphère de misère morale, physique et physiologique, peut-être même à cause de cette atmosphère, trouble, floue, brumeuse, le Quai des brumes est un chef d’œuvre. »

    Des personnages victimes de la fatalité et une société qui court à sa perte

    Cette inéluctabilité du malheur s’incarne essentiellement dans un acteur, Jean Gabin, et dans un mouvement cinématographique, le réalisme poétique.

    Jean Gabin ou le mythe du héros tragique contemporain

    Dès la Bandera, l’image de Gabin était marquée du sceau de la fatalité et l’enchaînement inéluctable de ses infortunes procèderait, dans ses films à venir, d’un crime commis par désespoir d’amour : la Belle équipe qui se solde par le meurtre de Charles Vanel, Pépé le Moko dont le héros meurt sur le port d’Alger après avoir voulu rejoindre celle qu’il aimait etc. L’image du garçon malchanceux poursuivi par la fatalité sociale et victime du trop grand prix qu’il accorde à l’amour des femmes, sera celle de Gabin jusqu’au Jour se lève. Tous ses personnages sont voués à la mort comme la France est vouée à la guerre : que ce soit le sableur du Jour se lève, le déserteur du Quai des brumes ou le cheminot fou de La bête humaine ou encore le pittoresque Pépé de Pépé le Moko. C’est néanmoins toujours un personnage doté de moral et s’il tue, il n’est pas pour autant un assassin. C’est bien souvent la folie ou la fatalité qui le poussent au crime. Zola définit ainsi Lantier comme « un homme poussé à des actes où sa volonté n’était pour rien », une définition qui pourrait s’appliquer à chacun des personnages incarnés par Gabin. Dans tous ses films, Gabin incarne un séducteur, la plupart du temps malgré lui, qui ne croit plus en rien mais dont l’amour s’empare et que la fatalité pousse à une fin tragique. Tout en continuant à incarner le Front Populaire, Gabin incarne donc ces destins tragiques comme s’il incarnait, au-delà de personnages fictifs, le destin d’un Etat.

     D’après la définition communément admise le mythe est une croyance, largement représentée dans l’imagination collective, en une fable porteuse de vérité symbolique et répondant aux inspirations souvent inconscientes de ceux qui la partagent .Le mythe transmet, justifie, renforce et codifie les croyances, valeurs et coutumes sociales. Il permet la projection des fantasmes et des problèmes d’une société lorsque celle-ci ne peut les satisfaire ou les résoudre. Elle apporte à l’homme moderne la certitude et la cohésion dont il a besoin , l’aide à se définir et lui fournit des modèles d’authentification .Les films ,comme les autres œuvres humaines , véhiculent des mythes , archétypes ,symboles , et stéréotypes qui expriment la mentalité collective de leur époque… Le mythe de Jean Gabin représente donc une mentalité pessimiste et les films dans lesquels il évolue : l’angoisse collective de la guerre. Au-delà de son immense talent le succès de Gabin s’explique donc aussi par les attentes, les craintes plus ou moins conscientes de la population, qu’il incarne. Les angoisses de ses personnages coïncident avec celles de la population, voyant en Gabin le « héros tragique par excellence du cinéma français d’avant-guerre », un héros dont les craintes résonnent avec une étonnante humanité et vérité dans ce contexte où l’héroïsme sera parfois le fruit des circonstances. Gabin c’est aussi l’incarnation du peuple ouvrier représenté pour la première fois à l’écran st ainsi selon Jean-Michel Frodon « Avec la double mort de Gabin-Lantier(La bête humaine) et de Gabin-François(Le jour se lève), le peuple ouvrier français quitte pour toujours les écrans. Le Gabin d’avant-guerre incarne donc une défaite, celle de l’idéologie et de l’époque du Front Populaire, qui voyait dans la classe ouvrière l’avenir du monde. » Pour d’autres comme Weber, .., ce « mythe emblématique et récurrent de l’ouvrier », « voué à l’échec » et « écrasé par la fatalité » reste l’image que se font les producteurs et les cinéastes de l’époque du prolétariat et qui selon lui représentent un « bel exemple d’idéologie dominante. »

    Le mythe du réalisme poétique : reflet d’une angoisse collective.

    Le succès du Quai des brumes agit comme un révélateur. Les principaux succès de l’époque sont des comédies, des films d’espionnage ou d’aventures exotiques qui contrastent avec la noirceur absolue du film de Carné comme si les spectateurs se sentaient inconsciemment attirés par ce film comme par un miroir, celui de ses angoisses. Comme l’affirmait Ferro le cinéma « offre un outil d’investigation irremplaçable pour dévoiler le réel et révéler les non dits d’une société (…)de découvrir le latent derrière l ‘apparent, d’atteindre des zones inaccessibles par l’écrit » et de montrer comme l’a écrit Maurice Merleau Ponty la « pensée dans les gestes, la personne dans la conduite, l’âme dans le corps ». Le réel n’est donc pas celui que donne à voir les comédies mais celui qui semble si surréaliste par son pessimisme et qui sera pourtant bientôt la tragique réalité. La France court à sa perte, ne croit plus en son avenir comme Jean dans Le Quai des brumes, le poète Michel Krauss et les autres. Ce qui est encore invisible est pressenti par les réalisateurs. C’est avant tout en cela que le réalisme poétique peut être qualifié de mythe : les préoccupations des spectateurs s’incarnent dans ces films.

    Analyse - "Le Jour se lève" de Marcel Carné (1939)

    Je vous propose aujourd'hui une analyse du" Jour se lève" de Marcel Carné, cinéaste dont certains raillent le classicisme mais qui, avec ce film en particulier, a pourtant influencé un grand nombre de réalisateurs.

     
    Le jour se lève : la fin d’une « grande illusion »
     
    Pour Mitry, le film phare du réalisme poétique n’était pas "le Quai des Brumes" mais "Le jour se lève" qui marqua indéniablement les esprits surtout par sa construction singulière qui, a posteriori, en fait une œuvre particulièrement clairvoyante et un constat désespéré sur son époque.
     
     
    Le constat désespéré de la fin d’un monde
     
    A la recherche d’un scénario qui pourrait reformer le trio qu’il formait avec Gabin et Prévert ; Carné est enthousiasmé par un synopsis de Jacques Viot et surtout par le procédé de narration que celui-ci a l’intention d’utiliser et qui comprend trois longs retours en arrière et une structure dramatique respectant la règle des trois unités. Il trouvait en revanche que l’histoire était assez inconsistante. Au final ce sera celle de François (Jean Gabin) assassin de son rival Valentin (Jules Berry), un ignoble dresseur de chiens. François est assiégé dans sa chambre par la police et il revoit en une nuit les circonstances qui l‘ont conduit au crime. François est un ouvrier sableur, enfant de l’Assistance publique qui s’éprend d’abord de Françoise (Jacqueline Laurent), une petite fleuriste, elle aussi de l’Assistance. Il apprend ensuite que Valentin a sans doute été l’amant de Françoise, celui-ci se vantant de l’avoir séduite pour se venger de François. Il rencontre Clara (Arletty), l’ancienne et sulfureuse maîtresse de Valentin dont il tombe également amoureux et que celle-ci préfère à Valentin. François remonte son réveil pour aller travailler. Valentin vient le provoquer chez lui. Le réveil ne sonnera plus l’heure du travail mais l’heure de la mort comme il aurait pu sonner l’heure inéluctable de la guerre. La police fait évacuer la place et lance des bombes lacrymogènes dans l’appartement, mais François s’est déjà tiré une balle dans le cœur. Le film est sorti le 17 juin 1939, c’est-à-dire quelques semaines seulement avant la guerre.
     
    Le désenchantement du film semblait anticiper sur la déception amère qui submergea la France à la veille du second cataclysme mondial. Comme le destin tragique des personnages scellé par l’armoire mais aussi scellé par le compte à rebours du réveil, le destin tragique de la France semble être scellé. La fin du film en devient donc d’autant plus symbolique : les policiers donnent l’assaut contre François et laissent un espace vide que parcourt un aveugle qui hurle, ne comprenant pas ce qui se passe. L’euphorie du Front Populaire est chassée par la guerre comme les ouvriers par la police, et la succession et le contraste de ces deux évènements diamétralement opposés sont si soudains que le spectateur de l’époque ne comprend pas non plus ce qui se passe. L’innocent est condamné au suicide. Il n’y a plus d’espoir. Il n’y a plus d’avenir.
     
    D’ailleurs, avant même le générique, tout espoir est banni : « Un homme a tué … , enfermé ,assiégé dans une chambre. Il évoque les circonstances qui ont fait de lui un meurtrier. » François n’a plus d’espoir. La France n’a plus d’espoir. Le prénom du personnage même semble insister sur la métaphore du désespoir connu alors par l’Etat qui voit la guerre comme un avenir inévitable. Dans cette optique les dialogues prennent alors une étrange résonance. Ainsi lorsqu’un gendarme répond à une voisine inquiète « Mais vous ne courez aucun danger madame » et qu’on lui répond « On dit ça, on dit ça » on songe autant à la situation inquiétante de la France qu’à celle de François. D’autres répliques font ainsi écho à celle-ci : « On dirait que tout le monde est mort », « vous êtes nerveux parce-que vous êtes inquiet et vous êtes inquiet parce-qu’il y a des choses qui vous échappent. » Son destin échappe à François comme le destin de la France lui échappe et il s’évanouit dans un dernier cri de désespoir : « François, mais qu’est-ce qu’il a François, y a plus de François, il est mort François. »Cette menace semble être davantage encore mise en exergue par des répliques qui rappellent les idéaux du Front Populaire si proche et pourtant si lointain comme « Le travail c’est la liberté puis c’est la santé. » ou encore les paroles d’Arletty : « la liberté, c’est pas rien. » Ces idéaux sont encore symbolisés par la solidarité dont les amis de François font preuve à son égard.
     
    Cette dichotomie entre une France encore marquée par cette euphorie mais néanmoins consciente du danger qui la menace pourrait se résumer dans cette réplique de Françoise à propos de l’ours en peluche qu’elle compare à François : « vous voyez il est comme vous, il a un œil gai et l’autre qui est un petit peu triste », comme la France partagée entre les réminiscences de la gaieté de 1936 et la tristesse suscitée par le danger imminent.
     
     
     
    Une innovation formelle : une homologie esthétique entre la forme et le fond
     
    Ainsi, pour Mitry, la raison de la réussite du film n’en tient pas essentiellement à l’histoire, ni à l’interprétation mais à ce que « le scénario , entièrement bâti sur un retour en arrière construit une structure narrative parfaitement adéquate à son conten  .Le flash back n’est plus un flash back plus ou moins judicieusement utilisé pour faire avancer l’histoire mais il devient la figure de style en quoi une homologie esthétique s’instaure entre la forme et le fond , ce à quoi fort peu de films sont parvenus (Citizen Kane de Welles , Vivre de Kurosawa , 8 ½ de Fellini, Providence de Resnais). »
     
     Sans sa construction singulière le film aurait peut-être été noyé dans le flot de ceux du réalisme poétique mais sa construction, son scénario original de Jacques Viot, l’adaptation et les dialogues de Prévert, en ont fait pour beaucoup « le chef d’œuvre du réalisme poétique. » C’est donc la première fois en France qu’on construit entièrement une histoire sur le principe du retour en arrière même si le procédé n’était pas entièrement nouveau puisque Renoir l’avait aussi utilisé dans "Le crime de Monsieur Lange", le cinéma muet utilisant également quelques incursions dans le passé de ses personnages, il apparaît néanmoins ici comme novateur. Ce procédé a bien sûr été immortalisé par un mythique film américain, en 1941 : "Citizen Kane" d’Orson Welles. Ce procédé paraissait alors tellement novateur, que le distributeur, craignant une réaction négative du public, par mesure de précaution, avait fait précéder le générique du Jour se lève d’un « carton »destiné à expliquer à un public supposé trop ingénu le fonctionnement du « retour en arrière » même si ce procédé avait déjà été utilisé dans un film américain : T"he power and the glory" écrit par Preston Sturges et réalisé par William K.Howard en 1933.
     
    Cette innovation du flash back et de ce film qui se déroule donc en une nuit, du meurtre à l’assaut de la police n’est pas la seule contenue dans "Le jour se lève". Il était également audacieux de montrer un ouvrier sur les lieux de son travail, en l’occurrence François dans l’exercice de sa profession de sableur, ce qui était jusqu’alors considéré comme ennuyeux et donc susceptible de lasser le public. Des ouvriers ont donc été mis en scène et ne l’ont été auparavant que dans dans "Toni"(1934) et "La vie est à nous" (1936), encore invisible. Il sera ainsi qualifié de « huis clos prolétarien ». Rarement en effet le cadre de vie de la population ouvrière aura été décrite avec autant de précision, le travail de François n’étant pas un simple cadre mais aussi au centre de certains dialogues, celui-ci évoquant : « le chômage...ou bien le boulot. Ah ! J’ai fait des boulots, jamais les mêmes, toujours pareils…La peinture, le pistolet…ou bien le minium…Pas bon non plus le minium…le sable…et la fatigue…la lassitude ».
     
     Si les décors paraissent au premier abord réalistes, une observation plus minutieuse permet de constater qu’ils ne sont pas dénués d’expressionnisme à l’exemple de l’immeuble de François démesurément vertical et situé à côté d’un réverbère presque aussi haut que lui. Trauner, le décorateur, avait ainsi insisté pour que le personnage soit isolé, loin et très haut et donc pour que l’immeuble fasse cinq étages et que François soit en haut de celui-ci. Le producteur menace de se suicider quand Carné annonce que cet immeuble fera cinq étages et sera construit aux studios de Joinville mais le réalisateur finira par obtenir gain de cause. Le remake américain de Litvak de 1947 prouve d’ailleurs à quel point ce fut judicieux. Le protagoniste s’y trouve en effet au deuxième étage, ce qui fait perdre toute sa force à ces scènes.
     
    Malgré toutes les précautions du distributeur le film fut jugé déconcertant par le public, pourtant il fut reconnu tout de suite comme un chef-d’oeuvre dont l’envoûtement résulte d’un ensemble : les leitmotiv musicaux de Maurice Jaubert et qui accompagnent les lents fondus enchaînés, la lumière de Curt Courant et le décor de Trauneur alliés aux dialogues de Prévert et au jeu de contrasté de Gabin qui murmure différemment avec Françoise ou Clara et qui crie face au cynisme de Berry. Pour Bazin, ainsi on « y éprouve le sentiment d’un parfait équilibre, d’une forme d’expression idéale : la plénitude d’un art classique » ou encore René Lehmann dans L’intransigeant en 1939 c’est « un film extrêmement attachant et fort, dont on n’aimera peut-être pas la substance mais qu’on ne pourra pas s’empêcher d’admirer. » ou encore dans La Lumière Georges Altman écrivit en 1939 : « mais c’est là une œuvre d’art sans défaillance ni concession ».
     
     "Le jour se lève" étant considéré comme le chef d’œuvre du réalisme poétique, on lui imputera donc les défauts ultérieurement reprochés à ce mouvement, le trouvant trop « fabriqué » ou même que le symbolisme était « de pacotille » et la mise en scène « rudimentaire ». Le réveil qui sonne au dénouement du film pour appeler l’ouvrier mort au travail est peut-être jugé « de pacotille » mais le pessimisme du film et justement ce symbolisme témoignent de l’état d’esprit de l’époque avec une étonnante lucidité. Il est vrai que dans ce film rien ne semble laissé au hasard. Tous les objets ont leur signification et constituent même des personnages du film concourant à cette impression que le dénouement tragique est inéluctable. L’ours en peluche, la broche, les photos, les boyaux de vélo, tout va prendre peu à peu une signification. Ainsi Bazin en a fait une analyse détaillée lui permettant de dresser un véritable portrait anthropomorphique de François et en démontre l’utilisation dramatique et le rôle symbolique en fonction du caractère du personnage de François, le fait qu’il prenne par exemple bien soin de faire tomber dans le cendrier la cendre de cigarette qui macule le tapis de la chambre : « Tant de propreté et d’ordre un peu maniaque révèle le côté soigneux et un peu vieux garçon d’un personnage et frappe le public comme un trait de moeurs ». L’armoire joue alors un rôle central :« Cette armoire normande que Gabin pousse devant la porte et qui donne lieu à un savoureux dialogue dans la cage d’escalier entre le commissaire et le concierge(…).Ce n’est pas la commode ,la table ou le lit que Gabin pouvait mettre devant la porte .Il fallait que ce fut une lourde armoire normande qu’il pousse comme une énorme dalle sur un tombeau .Les gestes avec lesquels il fait glisser l’armoire , la forme même du meuble font que Gabin ne se barricade pas dans sa chambre :il s’y mure. »
     
    Analyse - "Drôle de drame" de Marcel Carné (1937)
     
     
    Lors de sa sortie en 1937, Drôle de drame est un échec, le public étant désorienté par son ton acéré et par son synopsis rocambolesque que la précision de son écriture rend néanmoins parfaitement compréhensible.
     
    L’intrigue se déroule ainsi à Londres en 1900. Elle met en scène le professeur de botanique Molyneux (Michel Simon) qui écrit en cachette des romans policiers sous le pseudonyme de Félix Chapel. Son cousin Soper, évêque de Bedford (interprété par Louis Jouvet) qui a lancé une véritable croisade contre ces livres « impies » s’invite à dîner chez Molyneux ignorant qu’il s’agit aussi de Felix Chapel. La cuisinière ayant déserté le domicile, les Molyneux préfèrent eux aussi quitter le domicile en le laissant seul plutôt que d’avouer que c’est Mme Margaret Molyneux(Françoise Rosay) qui a fait la cuisine. Persuadé que Molyneux a tué sa femme, l’évêque alerte alors la police. Déguisé en Chapel, arborant une fausse barbe Molyneux est contraint de revenir sur les lieux « du crime » pour effectuer un reportage, lieux alors occupés par la presse et encerclés par une foule furibonde. Pendant ce temps William Kramps (Jean Louis Barrault) l’assassin de boucher décide de tuer Chapel et tombe amoureux de Mme Molyneux tout en sympathisant avec Mr Molyneux...ignorant qu’il s’agit aussi de Chapel. Tout dégénère dans la folie générale et dans la loufoquerie. Le boucher avoue finalement le meurtre qu’il n’a pas commis et Molyneux est contraint d’être Chapel à vie, sacrifiant ainsi sa véritable identité et assumant jusqu’à la fin de ses jours sa fonction d’escroc littéraire.
     
     
    Carné et Prévert qui désiraient à nouveau collaborer ensemble avaient d’abord songé à s’inspirer d’un fait divers sur un bagne d’enfants de Belle-île-en mer. La censure s’y opposa et le producteur prévu, le commandant d’aviation Coriglion Molinier, ami d’André Malraux, leur propose alors deux sujets dont il avait acquis les droits dont le roman de J. Storer-Clouston The lunatic at large or his first offence paru en France sous le titre de La mémorable et tragique aventure de Mr Irwyn Molyneux. Carné, Prévert et l’équipe technique s’étaient tant amusés à réaliser le film qu’ils étaient persuadés qu’il en irait de même pour le spectateur. Ce film qui se voulait avant tout ludique ne séduisit pourtant pas du tout le public qui le jugea aussi « bizarre, bizarre » que la réplique qui l’a immortalisé. Le film a même été accueilli par des sifflets et un véritable chahut et au Colisée où il passait en exclusivité il fut accueilli par des « Idiot », « On se fout de nous » particulièrement encourageants… En province il fut même présenté avec le slogan « le film le plus idiot de l’année. » Le public d’Outre-Manche sera beaucoup plus sensible au film présenté au nom de « Bizarre…bizarre ! » Son caractère théâtral lui fut également reproché faisant dire à certains que le véritable « réalisateur » n’était pas Carné mais son scénariste Jacques Prévert , Carné n’ayant alors fait, selon ses détracteurs, que transcrire le texte en film. Certaines critiques furent alors aussi acerbes que les propos du film : « Marcel Carné a essayé, c’est visible, de transposer dans le style français cette loufoquerie arbitraire et clownesque, qui nous ravit tant dans les films américains. Il n’est parvenu qu’à une sorte de violent vaudeville théâtral, au dessin caricaturalement stylisé(…) » (Les Beaux Arts du 29.10.1937)ou encore dans Candide , du 28 octobre 1937 Jean Fayard écrivit : « tout cela est trop compliqué, trop verbeux, trop appuyé, trop voulu » même si d’autres reconnaissaient déjà qu’il n’y avait « pas une faute à relever dans cette comédie échevelée. »
     
    Ce qui déconcerte peut-être davantage encore le public ce sont probablement les personnages, aucun n’étant véritablement innocent à commencer par les traditionnels amoureux des films de Prévert ici inspirateurs des romans infâmes de Chapel et qui reçoivent « la première pierre de celui qui n’a jamais pêché », probablement le seul personnage véritablement innocent du film. Le balayeur n’est pas plus innocent (« C’est justement les affaires des autres qui m’intéressent ») que le gardien de prison qui n’hésite pas, moyennant finance, à fermer les yeux sur le baiser échangé par les amoureux à travers les grilles de la cellule. Les personnages sont même parfois d’un véritable cynisme comme ce curieux noceur interprété par Marcel Duhamel qui prend le deuil des morts qu’il ne connaît pas afin de se sentir « moins seul dans la vie.»
     
    Drôle de drame est en effet une véritable critique sociale où le paraître prime sur l’être et engendre cette folie et ce quiproquo généralisé entre petits mimosas carnivores et évêque gastronome. Personne n’échappe à la critique ou à l’ironie cinglante : pas plus la bourgeoisie et ses mensonges sociaux qui préfère passer pour criminelle plutôt que pour « des imbéciles » en manquant aux usages. Ce sont aussi les délires d’une vieille tante qui n’a jamais pu supporter sa famille, l’exagération de la presse à sensation, les délires moralisateurs d’un homme d’Eglise finalement ridiculisé d’un kilt et même accusé du meurtre qu’il avait dénoncé, l’incompétence de la police qui se laisse entraîner dans cette histoire rocambolesque sans vraiment se poser de questions etc.
     
    Le peuple n’a d’ailleurs probablement pas apprécié l’image que le film lui renvoyait. Il est en effet dépeint comme versatile. Ainsi, après avoir réclamé la tête de Molyneux puis celle de sa femme et celle de l’évêque, il exige finalement celle de William Kramps. La bourgeoisie n’a pas plus apprécié cet humour ravageur qui souligne son souci des convenances. Cette critique passe également par des dialogues avec des expressions du langage courant qui prennent ici un tout autre sens comme l’inspecteur qui dit à Molyneux déguisé en Chapel et revenant sur les lieux du crime : « Considérez-vous ici comme chez vous. » Ces dialogues furent aussi jugés trop travaillés : « Là où il y a contrepoison il y a poison » ou encore le célèbre « mimétisme du mimosa » de Michel Simon. On y retrouve pourtant les décors de Trauner, les images de Schufftan qui avaient contribué au succès des films du réalisme poétique.
     
    Il semble donc qu’on ne puisse pas rire de tout en 1937, que par un drôle de drame on ne puisse faire oublier qu’une drôle de guerre se profile. Le film connaîtra néanmoins un véritable triomphe lors de sa reprise nationale en 1952, peut-être le public avait-il alors davantage le goût de rire de tout...
     
  • Critique - "Commes les 5 doigts de la main" d'Alexandre Arcady, le 4 novembre 2012, sur France 2

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    L'acharnement systématique comme celui subi par ce film dont, à lire une large majorité de critiques, j'en étais presque venue à croire que « Rien à déclarer » était un chef d'œuvre à côté, a particulièrement le don de m'agacer. Si « Comme les cinq doigts de la main » n'est pas le film de la décennie, il est aussi loin d'être le pire et il a au moins le mérite de tenir ses promesses. Que les promesses plaisent ou déplaisent, c'est là une autre question dont la réponse négative ne méritait pas un tel déchainement au moment de la sortie de ce film, que je vous recommande de découvrir, ce 4 novembre, sur Fance 2, à 20H45.

    Les Hayoun. Cinq frères semblables et très différents dont le père est mort très tôt. L'aîné, Dan, (Patrick Bruel) dirige un restaurant. D'ailleurs, il dirige aussi la famille. Il a repris le rôle du patriarche avec trois de ses frères que sont Jonathan (Pascal Elbé), le pharmacien nerveux, le plus religieux et doux des trois qui tient aux valeurs de la famille ; Julien (Eric Caravaca), professeur, un peu décalé ; Michael (Mathieu Delarive), le chien fou qui brûle son existence et son argent au pocker. Enfin, il y a le cadet David (Vincent Elbaz) avec lequel c'est plus compliqué : il s'est éloigné de la famille depuis plusieurs années et réapparaît brusquement et avec lui un lourd secret. Les cinq frères vont alors s'unir pour défendre et venger la mémoire de leur père assassiné. Quant à leur mère Suzie, elle survit grâce à l'amour de ses fils et des traditions juives qu'elle suit scrupuleusement.

    Tout au long de sa filmographie, Alexandre Arcady s'est attaché à dépeindre la communauté juive et l'exil (il quitte l'Algérie devenue indépendante pour la France à 15 ans) souvent associées à des thématiques mafieuses (Le Grand Pardon) ou policières (Hold up, L'Union sacrée). Sans doute ses détracteurs s'attendaient-ils à une sorte de Grand Pardon 3. Or, avec ce nouveau film, Arcady (même si la trame de fond est policière) s'est avant tout attaché à dépeindre la vie familiale et à faire l'éloge de l'amour fraternel.

    Les quarante premières minutes du film, il s'attèle ainsi à montrer chacun des frères ensemble puis individuellement dans leurs milieux respectifs mettant l'accent sur leurs différences mais aussi leur solidarité. Autour d'eux gravitent quelques femmes : l'épouse fidèle de Jonathan, l'épouse séduisante et séductrice de Dan, Linda ( Caterina Murino). Le retour de David va venir briser un moment cette harmonie fragile, une rancœur passée le liant à Dan, avant que la solidarité familiale ne reprenne le dessus.

    Quand je parle d'un film qui tient ses promesses, je pense au sujet de départ, celui de la solidarité familiale, de l'amour fraternel. Cette famille prend vie sous nos yeux et le spectateur s'attache assez rapidement aux protagonistes (en tout cas, je m'y suis attachée) regrettant néanmoins que certains personnages ne soient pas davantage fouillés, esquissés comme autant d'histoires possibles. Ce qui se justifie néanmoins puisque ce sont les cinq frères le cœur de l'histoire et non ceux qui gravitent autour d'eux. Sans doute certains ont-ils été déçus s'attendant à un thriller âpre et haletant, et même si la vie confortable des cinq frères bascule dans la violence, là n'était de toute façon pas le sujet. Un plan rappelant d'ailleurs « Vincent, François, Paul et les autres » de Claude Sautet (film phare sur l'amitié), le souligne d'ailleurs.

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    C'est dans les face-à-face entre deux personnages qu'Arcady est ici le meilleur pour créer la tension et donner du souffle à l'intrigue: les deux frères Dan et David l'un face à l'autre (sans doute ce face-à-face aurait-il été meilleur si David avait été interprété par Anconina comme c'était initialement prévu), ou Dan face à sa femme Linda, couple électrique qui doit sa crédibilité à la fois au magnétisme de Patrick Bruel, dont c'est la cinquième et judicieuse collaboration avec Arcady (qui a aussi prouvé notamment dans le très beau film de Claude Miller, « Un secret », qu'il pouvait avoir des rôles beaucoup plus en retenue), et de Caterina Murino. Des scènes beaucoup plus porteuses de tension que l'assaut final où les cinq frères ont beaucoup plus l'air de jouer à la guerre que de se battre.

    Alors, certes, le dénouement est superflu et larmoyant (encore qu'il soit justifié par le thème de départ), et le traitement parfois désuet ou archétypal (ce qui d'ailleurs contribue au rythme et à l'efficacité) mais c'est aussi parfois ce que l'on attend du cinéma, de ce cinéma et qu'on pardonne d'ailleurs beaucoup plus facilement aux films venus d'Outre-Atlantique. Quant à la musique, elle n'est pas plus omniprésente que dans un film d'Olivier Marchal, et est toujours au service du sujet et de l'atmosphère. En tout cas, rien ne justifiait cet emballement contre ce film qui est ce qu'il aspirait à être : un film très divertissant qui dépeint une communauté et fait l'éloge de l'amour filial et fraternel. Dussé-je être la seule, si vous souhaitez passer un bon moment, je vous recommande « Comme les cinq doigts de la main » qui sera au moins aussi efficace qu'une grande majorité de blockbusters américains et a le mérite de tenir ses promesses et d'être réalisé par un cinéaste sincère et fidèle à ses thèmes de prédilection et sans doute à ses racines dont ils sont indissociables.

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