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  • Critique - « A royal affair » de Nikolaj Arcel avec Mads Mikkelsen

     

    "A royal affair" faisait partie de la sélection du Grand Prix Cinéma du magazine Elle 2012 (dont je faisais partie du jury) dans le cadre duquel je l'ai découvert.

    « A royal affair » est l’histoire vraie d’un homme ordinaire qui gagne le cœur d’une reine et démarre une révolution. Centré sur le triangle amoureux constitué par Christian VII (Mikkel Folsgaard), roi cyclothymique et débauché, l’idéaliste Struensee ( Mads Mikkelsen), médecin imprégné de la pensée des Lumières, et la jeune reine Caroline Mathilde (Alicia Vikander), Royal Affair relate l’épopée d’idéalistes audacieux qui, vingt ans avant la révolution française, risquèrent tout pour imposer des mesures en faveur du peuple. »

     Il faut d’abord souligner qu’il s’agit là d’un première long-métrage, ce dont on ne se douterait pas à première vue tant l’écriture, la photographie, la direction d’acteurs et la réalisation sont maitrisées.

     Ce film sous-titré « Une passion secrète qui changea à jamais l’avenir d’une nation » est passionnant et à plus d’un titre. Il débute comme un conte de fée: une jeune princesse anglaise va épouser le roi du Danemark et devenir reine mais la santé mentale fragile de son époux, sa vie de débauche et les complots de cour vont rapidement le transformer en intrigue politique, historique et amoureuse passionnante et nous plonger dans cet épisode historique bien connu des Danois et méconnu du reste du monde.

     Le réalisateur a eu la bonne idée de traiter de manière contemporaine un fait historique, d’abord parce que Struensee était lui-même avant-gardiste et visionnaire en faisant appliquer les idées des philosophes des Lumières bien avant la Révolution française.

     Le film est porté par une musique inspirée ( comme souvent lorsqu’elle est signée Gabriel Yared), une photographie qui passe rapidement des couleurs lumineuses d’une vie idéalisée à celles plus grisâtres des réalités de la cour, et l’interprétation remarquable du trio –Mikkel Boefolsgaard qui interprète le roi Cristian VIII a obtenu le prix d’interprétation au Festival de Berlin 2012 et il faut dire qu’il est bluffant dans le rôle de ce roi débauché, égocentrique, manipulable et finalement surtout fragile et plus touchant qu’il n’en a l’air- et face à lui, Mads Mikkelsen qui incarne à merveille le charisme et le mystère de cette figure illustre et Alicia Vikander parfaite dans le rôle de cette reine qui gagne peu à peu en autorité, force et détermination.

     Ce sont les relations de ce trio et l’évolution de ces personnages qui rendent ce film passionnant avec quelques scènes magistrales comme celle lors de laquelle l’un d’entre eux monte à l’échafaud.

    Un premier film passionnant, historique et moderne, romanesque et instructif, étonnamment maitrisé.

     

    Sortie en salles : le 21 novembre 2012

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  • Critique - "Mademoiselle Chambon" de Stéphane Brizé , sur Arte, ce dimanche 11 novembre

    Demain, à 20H40, sur Arte, ne manquez sous aucun prétexte le magnifique "Mademoiselle Chambon" de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, un des meilleurs films de l'année 2009. Retrouvez ma critique ci-dessous:

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    Cela pourrait se résumer en une phrase : Jean (Vincent Lindon), maçon, bon mari et père de famille, croise la route de la maîtresse d'école de son fils, Mademoiselle Chambon (Sandrine Kiberlain) ; leurs sentiments réciproques vont s'imposer à eux. Enfin non, justement, cela ne se résume pas en une phrase parce que tout ce qui importe ici réside ailleurs que dans les mots, même si ce film est inspiré de ceux du roman d'Eric Holder.

    Les mots sont impuissants à exprimer cette indicible évidence. Celle d'un regard qui affronte, esquive, tremble, vacille imperceptiblement. Celle d'une lèvre dont un rictus trahit un trouble ou une blessure. Celle d'une rencontre improbable mais impérieuse. Entre un homme qui ne sait pas manier les mots (la preuve, c'est son fils qui lui apprend ce qu'est le complément d'objet direct) et vit du travail de ses mains et une femme dont c'est le métier que de manier les mots, les apprendre. Lui construit des maisons, elle déménage sans cesse. Lui est ancré dans la terre, elle est évanescente. Il a un prénom, elle est avant tout mademoiselle. Lui a un lien douloureux et charnel avec son père, ses parents à elle ne lui parlent que par téléphone interposé et pour lui faire l'éloge de sa sœur. Et pourtant, et justement : l'évidence. La musique va alors devenir le langage qui va cristalliser leurs émotions, et les sanglots longs des violons (pas de l'automne, comme ceux de Verlaine, mais ici du printemps, avec une langueur plus mélancolique que monotone) exprimer la violence de leurs irrépressibles sentiments.

    Comme dans le magnifique « Je ne suis pas là pour être aimé », on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette sensualité dans les gestes chorégraphiés, déterminés et maladroits. Cette révolte contre la lancinance de l'existence. Et ce choix face au destin. Cruel. Courageux ou lâche. (Magnifique scène de la gare dont la tension exprime le combat entre ces deux notions, la vérité étant finalement, sans doute, au-delà, et par un astucieux montage, Stéphane Brizé en exprime toute l'ambivalence, sans jamais juger ses personnages...). On retrouve aussi cet humour caustique et cette mélancolie grave, notamment dans la scène des pompes funèbres qui résume toute la tendresse et la douleur sourdes d'une existence et qui fait écho à celle de la maison de retraite dans « Je ne suis pas là pour être aimé. »

    Mais ce film ne serait pas ce petit bijou de délicatesse sans l'incroyable présence de ses acteurs principaux, Vincent Lindon ( déjà magistral notamment dans "Welcome, "Pater", "Pour elle" ) d'abord, encore une fois phénoménal, aussi crédible en maçon ici qu'en avocat ailleurs. Son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbe et s'impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage. Et puis Sandrine Kiberlain, rayonnante, lumineuse, mais blessée qui parvient à faire passer l'émotion sans jamais la forcer. Aure Atika, qui interprète ici l'épouse de Vincent Lindon, est, quant à elle, absolument méconnaissable, d'une justesse irréprochable et d'une sobriété remarquable. Elle parvient à faire exister son personnage, dans l'ombre pourtant. Sans doute faut-il aussi une direction d'acteurs d'une précision, d'une sensibilité rares pour arriver à une telle impression d'évidence et de perfection ( la preuve, les seconds rôles sont d'ailleurs tout aussi parfaits).

    Une histoire simple sur des gens simples que Stéphane Brizé (avec la complicité de Florence Vignon, déjà co-scénariste du très beau « Le bleu des villes ») compose avec dignité dans un film épuré, sensible qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence (résumé par le dernier plan d'une belle luminosité derrière les barreaux d'une fenêtre ). Un film qui, encore une fois, rappelle le cinéma de Claude Sautet (notamment par l'utilisation du violon et de la musique comme éléments cristallisateurs qui rappellent mon film fétiche « Un cœur en hiver » mais aussi par la sublimation d'une « histoire simple ») qui, tout en « faisant aimer la vie » et la poésie des silences, en souligne toute la quotidienne et silencieuse beauté, cruelle et dévastatrice.

     

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  • Critique – « Argo » de Ben Affleck

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    4 ans après son premier film » Gone baby gone » qu’il avait accessoirement présenté en avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville, et deux ans après « The Town », Ben Affleck revient dernière la caméra avec « Argo ». Après avoir exploré les bas-fonds,  voire les tréfonds obscurs et secrets de Boston, il nous embarque cette fois en Iran, en 1979.

    Le 4 novembre 1979, en pleine révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran prenant 52 Américains en otage. Au milieu de ce chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils finiront par être découverts et fort probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez (Ben Affleck himself)  monte un plan risqué, totalement abracadabrantesque visant à les faire sortir du pays. Un plan tellement incroyable que, s’il n’était inspiré d’une histoire vraie, seuls Hollywood et le cinéma auraient pu l’inventer: faire passer les six américains à exfiltrer pour l'équipe de tournage d'un film, "Argo".

    Ayant particulièrement apprécié les deux premiers films de Ben Affleck cinéaste, j’en attendais beaucoup de ce troisième long-métrage par ailleurs encensé par la critique, et c’est pourtant à mon avis le moins bon des trois, ou en tout cas le plus convenu qui présente les écueils qu’il avait magistralement évités dans ses précédents films : le manichéisme et les facilités scénaristiques.

    Cela commence par un mélange certes habile d’images d’archives et d’images de fiction, une exposition claire mais assez longue pour nous rappeler les circonstances historiques. Puis, Ben Affleck abuse des montages parallèles pour nous faire comprendre de manière appuyée le parallèle entre Hollywood qu’il ne se prive pas d’égratigner (de manière assez drôle, c’est vrai) et la mise en scène de la prise d’otages par ses « acteurs ». Dans les deux cas, il s’agit d’une réalité scénarisée comme le souligne et surligne le montage au cas où nous ne l’aurions pas compris. A partir de ce moment, nous n’attendons plus qu’une chose : l’exfiltration à l’aéroport, le paroxysme, le climax. La scène tant attendue est certes haletante et prenante mais ne nous épargne rien des clichés du genre ( ticket validé à la dernière minute…).

    Lorsqu’il s’agit de courses poursuites ou de susciter le sentiment d’urgence, l’adrénaline, le danger, la maîtrise du réalisateur est flagrante, comme dans « The Town » et la est tension palpable.  Dommage qu’on n’y retrouve pas cette même étanchéité entre le bien et le mal, le crime et l’innocence, et cet aspect sociologique passionnant que dans « Gone baby gone »  et « The Town »  qui leur apportaient leur intérêt et originalité.

    Si la réalisation est totalement maîtrisée, c’est d’ailleurs avant tout le montage et le découpage qui insufflent au film son rythme trépidant même si Ben Affleck recourt, comme dans ses précédents films, à la caméra qui enserre et encercle les visages pour nous faire comprendre l’enfermement, l’étau qui se resserre, la tension.

    « Argo » a tout de la caricature du film d’espionnage américain : le slogan qui claque (le film était faux la mission bien réelle), le héros mélancolique qui  s’oppose à la hiérarchie et en proie à ses démons personnels (le summum est atteint avec le dessin pour le petit garçon, scène encore une fois téléphonée sans oublier le dialogue entre le producteur et l’agent de la CIA sur leurs enfants), la musique (signée Alexandre Desplat) pour accentuer le suspense, et évidemment et surtout pour nous montrer à quel point ces gens de la CIA et d’Hollywood sont virils et n’ont pas leur langue dans leur poche un langage châtié avec « le censé être irrésistible » « Argofuckyourself ! » ou encore cette réplique parmi d’autres qui fait se retourner Prévert dans sa tombe : : «  Le public visé détestera. Quel public ?Celui avec des yeux ! ».

    Tout était là pour faire de ce scénario réel et improbable un vrai, un grand et beau film d’espionnage politique, malheureusement son manque criant de sobriété et de subtilité en font un  divertissement captivant (mais on peut captiver avec des ficelles plus ou moins faciles) au-dessus de la mêlée certes mais sans grande originalité et à la gloire de la bannière étoilée (étonnant qu’elle ne flotte pas insolemment et fièrement à la fin du film). Cela m’aura néanmoins permis de découvrir cette histoire rocambolesque (déclassifiée par Bill Clinton et rendue publique en 1997) qui présente des résonances intéressantes avec la situation politique actuelle (le film a d’ailleurs été tourné en Turquie). Mais si, comme moi, vous aimez les films d’espionnage des années 1970, revoyez plutôt « Les 3 jours du Condor » et non celui qui essaie de les singer… ou allez voir « Skyfall ».

     

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  • Critique de « Biutiful » d’Alejandro Gonzales Inarritu, ce soir sur Ciné + premier

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    Retrouvez ci-dessous ma critique de « Biutiful » d’Alejandro Gonzalez Inarritu, en compétition du 63ème Festival de Cannes et pour lequel Javier Bardem a obtenu le prix d’interprétation ex-aequo. «

    Pendant tout le festival, la rumeur selon laquelle Javier Bardem obtiendrait le prix d’interprétation n’a cessé de courir. C’est le dernier jour, en séance de rattrapage que j’ai pu découvrir ce dernier film du réalisateur de « Babel » primé du prix de la mise en scène pour celui-ci à Cannes en 2006, de retour sur la Croisette en compétition, cette fois sans son scénariste Guillermo Arriaga.

    Premier des films d’Alejandro Gonzales Inarritu écrit sans Guillermo Arriaga, scénariste de ses célèbres films choraux, « Biutiful » n’en était pas moins attendu notamment parce que Javier Bardem, lui aussi habitué de la Croisette (membre du jury d’Emir Kusturica en 2005, en compétition avec « No country for old men » en 2007 et hors compétition pour « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen l’an passé) en incarne le rôle principal.

    Synopsis de « Biutiful »: Uxbal (Javier Bardem), un homme solitaire, jongle entre la difficulté d’un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, ce dernier venant d’apprendre qu’il est atteint d’un mal incurable…

    Difficile d’imaginer un autre acteur dans le rôle d’Uxbal tant Javier Bardem porte et incarne le film, tant l’intérêt et la complexité de son personnage doivent tout à son jeu à la fois en forces et nuances. Pas de film choral et de multiplicité des lieux cette fois mais une seule ville, Barcelone, et un personnage central que la caméra d’Inarritu encercle, enserre, suit jusqu’à son dernier souffle. Unité de temps, de lieu, d’action pour renforcer l’impression de fatalité inéluctable.

    Ceux qui comme moi connaissent et aiment Barcelone auront sans doute du mal à reconnaître en ces rues pauvres, tristes, sombres, parfois même sordides, la belle et lumineuse ville de Gaudi. Ce pourrait être n’importe où ailleurs, cette histoire, tristement universelle, pourrait se dérouler dans tout autre endroit du monde.

    Epouse bipolaire, trahison du frère, maladie incurable, morts causées par sa faute et par accident, orphelin : rien n’est épargné à Uxbal. Certes, le scénario y va un peu fort dans le drame mais la force du jeu de Javier Bardem est telle que tout passe, et que cet homme qui vit pourtant de trafics peu recommandables, prêt à tout pour assurer un avenir meilleur à ses enfants et en quête de rédemption, finit par être attachant. En arrière plan, l’immigration et l’exploitation des travailleurs clandestins dont la peinture de l’âpre réalité nous fait davantage penser à des cinéastes plus engagés qu’aux précédents films d’Inarritu même si on trouvait déjà ces thématiques dans « Babel ».

    Evidemment « Biutiful » déconcertera comme moi les habitués d’Inarritu, époque Arriaga, non seulement en raison de cette construction plus linéaire mais aussi en raison d’incursions oniriques dans un film par ailleurs extrêmement réaliste comme si le seul espoir possible était dans un ailleurs poétique mais irréel. Certes « Biutiful » désigne les enfants d’Uxbal qui, à l’image de ce mot, égratigné, blessé, représente un avenir bancal, incertain, mais bel et bien là. La vie est là malgré tout même imparfaite.

    « Biutiful » reste un film suffocant ne laissant entrevoir qu’une mince lueur d’espoir, un film dont les excès mélodramatiques au lieu de nous agacer nous touchent grâce au jeu d’un acteur au talent sidérant et grâce à la réalisation qui insuffle un troublant réalisme. Scénaristiquement moins éblouissant que « Babel » ou même « 21 grammes », par le talent de celui qui incarne son personnage principal et par la complexité de ce personnage, condamné et digne, « Biutiful » ne lâche pas notre attention une seule seconde. Un prix d’interprétation d’une incontestable évidence.

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  • Concours - Gagnez 10 affiches et 10x2 places pour voir le film "Rengaine" de Rachid Djaïdani

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    J'ai pour principe de ne vous faire gagner ici des places que pour des films qui m'ont enthousiasmée et c'est le cas de celui pour lequel je vous propose de remporter aujourd'hui 10x2 places et 10 affiches.

    Le film sortira en salles le 14 novembre prochain.

    Synopsis: "Paris, aujourd'hui. Dorcy, jeune noir chrétien veut épouser Sabrina, une jeune maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n'avait pas quarante frères et que ce mariage plein d'insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés: pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s'opposer par tous les moyens à cette union..."


    "Rengaine" a remporté le prix Michel d'Ornano (qui récompense un premier film français) du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012, le Prix du Jury au premier Festival du cinéma indépendant de Bordeaux, ainsi que le prix Fipresci au Festival de Cannes. Rachid Djaïdani, réalisateur du film, a tourné plus de 200 heures de rush en 9 ans pour concrétiser ce long métrage.

    il se souvient de ce qui l'a poussé à réaliser ce film, alors qu'il était assistant-régie sur le tournage de "La Haine" : "(...) j’avais découvert Mathieu Kassovitz qui tournait place Saint-Eustache : alors qu’il était recroquevillé comme un fœtus, la tête dans ses mains, tous ses techniciens étaient concentrés autour de lui et il n’y avait de place que pour le silence. Cette image m’a beaucoup marqué et donné envie de faire du cinéma."

    Film atypique, conte moderne, à la fois drôle et coup de poing, un film plein de vie et de frénésie, teinté de gravité légère, et filmé au plus près des visages, "Rengaine" est un "Roméo & Juliette" contemporain.

    Pour en savoir plus, découvrez la page Facebook du film.

    CONCOURS:

    Répondez aux 3 questions suivantes (uniquement si vous résidez en France métropolitaine, un gagnant par foyer), avant le 15 novembre, à minuit. Envoyez vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Rengaine" en n'oubliant pas de joindre vos coordonnées pour l'envoi des places. Les 10 premières bonnes réponses recevront deux places pour découvrir le film en salles ainsi que 10 affiches du film. Seuls les gagnants seront contactés.

    1. De quel film est extraite cette image modifiée? Quel est le rapport avec "Rengaine"?

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    2. De quel film est extraite cette image? Quel est le rapport avec "Rengaine"?

    3. En une phrase, pourquoi souhaitez-vous découvrir ce film?

     

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  • Critique de "Babel" d'Alejandro Gonzales Inarritu, ce soir, sur Ciné + premier, à 20H45

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     Je vous recommande vivement ce film qui avait reçu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2006:  un de mes plus grands chocs cinématographiques cannois et, pour moi, un chef d'oeuvre. Voici la critique que j'avais alors publiée:

    En plein désert marocain, des enfants jouent avec un fusil que leur père vient d’acheter. Un coup de feu retentit et blesse une touriste américaine dans un bus qui passait sur la route, en contrebas. Les destins de cette femme (Cate Blanchett) et de son mari (Brad Pitt) dont le couple battait de l’aile, les destins des deux enfants responsables du coup de feu, le destin de la nourrice mexicaine des enfants du couple d’Américains, le destin d’une jeune Japonaise, en l’occurrence la fille de l’homme qui a donné le fusil à un Marocain qui l’a revendu au père des deux enfants : ces destins vont tous avoir une influence les uns sur les autres, des destins socialement et géographiquement si éloignés, mais si proches dans l’isolement et dans la douleur.

    Rares sont les films que je retourne voir, mais pour Babel vu au Festival de Cannes 2006 où il a obtenu le prix de la mise en scène et celui du jury œcuménique, c’était une vraie nécessité parce que Babel c’est plus qu’un film : une expérience. Ce film choral qui clôt le triptyque du cinéaste après Amours chiennes et 21 grammes fait partie de ces films après lesquels toute parole devient inutile et impossible, de ces films qui expriment tant dans un silence, dans un geste, qu’aucune parole ne pourrait mieux les résumer. De ces films qui vous hypnotisent et vous réveillent. De ces films qui vous aveuglent et vous éclairent. Donc le même choc, la même claque, le même bouleversement, quelques mois après, l’effervescence, la déraison et les excès cannois en moins. Malgré cela.

    Si la construction n’avait été qu’un vain exercice de style, qu’un prétexte à une démonstration stylistique ostentatoire, l’exercice aurait été alors particulièrement agaçant mais son intérêt provient justement du fait que cette construction ciselée illustre le propos du cinéaste, qu’elle traduit les vies fragmentées, l’incommunicabilité universelle.

    Le montage ne cherche pas à surprendre mais à appuyer le propos, à refléter un monde chaotique, brusque et impatient, des vies désorientées, des destins morcelés. En résulte un film riche, puissant où le spectateur est tenu en haleine du début à la fin, retenant son souffle, un souffle coupé par le basculement probable, soudain, du sublime dans la violence. Du sublime d’une danse à la violence d’un coup de feu. Du sublime d’une main sur une autre, de la blancheur d’un visage à la violence d’une balle perdue et d’une blessure rouge sang. Du sublime du silence et du calme à la violence du basculement dans le bruit, dans la fureur, dans la déraison.

    medium_P80601087315038.jpgUn film qui nous emmène sur trois continents sans jamais que notre attention ne soit relâchée, qui nous confronte à l’égoïsme, à notre égoïsme, qui nous jette notre aveuglement et notre surdité en pleine figure, ces figures et ces visages qu’il scrute et sublime d’ailleurs, qui nous jette notre indolence en pleine figure, aussi. Un instantané troublant et désorientant de notre époque troublée et désorientée. La scène de la discothèque est ainsi une des plus significatives, qui participe de cette expérience. La jeune Japonaise sourde et muette est aveuglée. Elle noie son désarroi dans ces lumières scintillantes, fascinantes et angoissantes. Des lumières aveuglantes: le paradoxe du monde, encore. Lumières qui nous englobent. Soudain aveuglés et sourds au monde qui nous entoure nous aussi.

    Le point de départ du film est donc le retentissement d'un coup de feu au Maroc, coup de feu déclenchant une série d'évènements qui ont des conséquences désastreuses ou salvatrices, selon les protagonistes impliqués. Peu à peu le puzzle se reconstitue brillamment, certaines vies se reconstruisent, d’autres sont détruites à jamais.

    Jamais il n’a été aussi matériellement facile de communiquer. Jamais la communication n’a été aussi compliquée, Jamais nous n’avons reçu autant d’informations et avons si mal su les décrypter. Jamais un film ne l’a aussi bien traduit. Chaque minute du film illustre cette incompréhension, parfois par un simple arrière plan, par une simple image qui se glisse dans une autre, par un regard qui répond à un autre, par une danse qui en rappelle une autre, du Japon au Mexique, l’une éloignant et l’autre rapprochant.

    Virtuosité des raccords aussi : un silence de la Japonaise muette qui répond à un cri de douleur de l’américaine, un ballon de volley qui rappelle une balle de fusil. Un monde qui se fait écho, qui crie, qui vocifère sa peur et sa violence et sa fébrilité, qui appelle à l’aide et qui ne s’entend pas comme la Japonaise n’entend plus, comme nous n’entendons plus à force que notre écoute soit tellement sollicitée, comme nous ne voyons plus à force que tant d’images nous soit transmises, sur un mode analogue, alors qu’elles sont si différentes. Des douleurs, des sons, des solitudes qui se font écho, d’un continent à l’autre, d’une vie à l’autre. Et les cordes de cette guitare qui résonnent comme un cri de douleur et de solitude.

    Véritable film gigogne, Babel nous montre un monde paranoïaque, paradoxalement plus ouvert sur l’extérieur fictivement si accessible et finalement plus égocentrique que jamais, monde paradoxalement mondialisé et individualiste. Le montage traduit magistralement cette angoisse, ces tremblements convulsifs d’un monde qui étouffe et balbutie, qui n’a jamais eu autant de moyens de s’exprimer et pour qui les mots deviennent vains. D’ailleurs chaque histoire s’achève par des gestes, des corps enlacés, touchés, touchés enfin. Touchés comme nous le sommes. Les mots n’ont plus aucun sens, les mots de ces langues différentes. Selon la Bible, Babel fut ainsi une célèbre tour construite par une humanité unie pour atteindre le paradis. Cette entreprise provoqua la colère de Dieu, qui pour les séparer, fit parler à chacun des hommes impliqués une langue différente, mettant ainsi fin au projet et répandant sur la Terre un peuple désorienté et incapable de communiquer.

    medium_P80601161052655.jpgC’est aussi un film de contrastes. Contrastes entre douleur et grâce, ou plutôt la grâce puis si subitement la douleur, puis la grâce à nouveau, parfois. Un coup de feu retentit et tout bascule. Le coup de feu du début ou celui en pleine liesse du mariage. Grâce si éphémère, si fragile, comme celle de l’innocence de ces enfants qu’ils soient japonais, américains, marocains, ou mexicains. Contrastes entre le rouge des vêtements de la femme mexicaine et les couleurs ocres du désert. Contrastes entres les lignes verticales de Tokyo et l’horizontalité du désert. Contrastes entre un jeu d’enfants et ses conséquences dramatiques. Contraste entre le corps dénudé et la ville habillée de lumière. Contraste entre le désert et la ville. Contrastes de la solitude dans le désert et de la foule de Tokyo. Contrastes de la foule et de la solitude dans la foule. Contrastes entre « toutes les télévisions [qui] en parlent » et ces cris qui s’évanouissent dans le désert. Contrastes d’un côté et de l’autre de la frontière. Contrastes d’un monde qui s’ouvre à la communication et se ferme à l’autre. Contrastes d’un monde surinformé mais incompréhensible, contrastes d’un monde qui voit sans regarder, qui interprète sans savoir ou comment, par le prisme du regard d’un monde apeuré, un jeu d’enfants devient l’acte terroriste de fondamentalistes ou comment ils estiment savoir de là-bas ce qu’ils ne comprennent pas ici.

    medium_P80601693016905.jpgMais toutes ces dissociations et ces contrastes ne sont finalement là que pour mieux rapprocher. Contrastes de ces hommes qui parlent des langues différentes mais se comprennent d’un geste, d’une photo échangée (même si un billet méprisant, méprisable les séparera, à nouveau). Contrastes de ces êtres soudainement plongés dans la solitude qui leur permet finalement de se retrouver. Mais surtout, surtout, malgré les langues : la même violence, la même solitude, la même incommunicabilité, la même fébrilité, le même rouge et la même blancheur, la même magnificence et menace de la nuit au-dessus des villes, la même innocence meurtrie, le même sentiment d’oppression dans la foule et dans le désert.

    Loin d’être une démonstration stylistique, malgré sa virtuosité scénaristique et de mise en scène Babel est donc un édifice magistral tout entier au service d’un propos qui parvient à nous transmettre l’émotion que ses personnages réapprennent. Notons que malgré la pluralité de lieux, de langues, d'acteurs (professionnels mais souvent aussi non professionnels), par le talent de son metteur en scène, Babel ne perd jamais sa cohérence qui surgit, flagrante, bouleversante, évidente, au dénouement.

    La mise en scène est volontairement déstructurée pour refléter ce monde qu'il met en scène, un monde qui s'égare, medium_P80601398560603.jpget qui, au moindre geste , à la moindre seconde, au moindre soupçon, peut basculer dans la violence irraisonnée, un monde qui n'a jamais communiqué aussi vite et mal, un monde que l'on prend en pleine face, fascinés et horrifiés à la fois, un monde brillamment ausculté, décrit, par des cris et des silences aussi ; un monde qui nous aveugle, nous assourdit, un monde de différences si semblables, un monde d’après 11 septembre.

    Babel est un film douloureux et clairvoyant, intense, empreint de la fébrilité du monde qu’il parcourt et dépeint de sa lumière blafarde puis rougeoyante puis nocturne. Un film magnifique et éprouvant dont la mise en scène vertigineuse nous emporte dans sa frénésie d’images, de sons, de violences, de jugements hâtifs, et nous laisse avec ses silences, dans le silence d’un monde si bruyant. Le silence après le bruit, malgré le bruit, le silence de l’harmonie retrouvée, l’harmonie éphémère car il suffirait qu’un coup de feu retentisse pour que tout bascule, à nouveau. La beauté et la douleur pareillement indicibles. Babel, tour de beauté et de douleur. Le silence avant les applaudissements, retentissants, mérités. Si le propre de l’Art c’est de refléter son époque et de l’éclairer, aussi sombre soit-elle, alors Babel est un chef d’œuvre. Une expérience dont on ne peut ressortir indemne ! Mais silencieux, forcément.

    Bonus: Critique de "Biutiful"

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    Retrouvez ci-dessous ma critique de "Biutiful" d'Alejandro Gonzalez Inarritu, en compétition du 63ème Festival de Cannes et pour lequel Javier Bardem a obtenu le prix d'interprétation ex-aequo. "

    Pendant tout le festival, la rumeur selon laquelle Javier Bardem obtiendrait le prix d'interprétation n'a cessé de courir. C'est le dernier jour, en séance de rattrapage que j'ai pu découvrir ce dernier film du réalisateur de « Babel » primé du prix de la mise en scène pour celui-ci à Cannes en 2006, de retour sur la Croisette en compétition, cette fois sans son scénariste Guillermo Arriaga.

    Premier des films d'Alejandro Gonzales Inarritu écrit sans Guillermo Arriaga, scénariste de ses célèbres films choraux, "Biutiful" n'en était pas moins attendu notamment parce que Javier Bardem, lui aussi habitué de la Croisette (membre du jury d'Emir Kusturica en 2005, en compétition avec "No country for old men" en 2007 et hors compétition pour "Vicky Cristina Barcelona" de Woody Allen l'an passé) en incarne le rôle principal.

    Synopsis de "Biutiful": Uxbal (Javier Bardem), un homme solitaire, jongle entre la difficulté d'un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, ce dernier venant d'apprendre qu'il est atteint d'un mal incurable...

    Difficile d'imaginer un autre acteur dans le rôle d'Uxbal tant Javier Bardem porte et incarne le film, tant l'intérêt et la complexité de son personnage doivent tout à son jeu à la fois en forces et nuances. Pas de film choral et de multiplicité des lieux cette fois mais une seule ville, Barcelone, et un personnage central que la caméra d'Inarritu encercle, enserre, suit jusqu'à son dernier souffle. Unité de temps, de lieu, d'action pour renforcer l'impression de fatalité inéluctable.

    Ceux qui comme moi connaissent et aiment Barcelone auront sans doute du mal à reconnaître en ces rues pauvres, tristes, sombres, parfois même sordides, la belle et lumineuse ville de Gaudi. Ce pourrait être n'importe où ailleurs, cette histoire, tristement universelle, pourrait se dérouler dans tout autre endroit du monde.

    Epouse bipolaire, trahison du frère, maladie incurable, morts causées par sa faute et par accident, orphelin : rien n'est épargné à Uxbal. Certes, le scénario y va un peu fort dans le drame mais la force du jeu de Javier Bardem est telle que tout passe, et que cet homme qui vit pourtant de trafics peu recommandables, prêt à tout pour assurer un avenir meilleur à ses enfants et en quête de rédemption, finit par être attachant. En arrière plan, l'immigration et l'exploitation des travailleurs clandestins dont la peinture de l'âpre réalité nous fait davantage penser à des cinéastes plus engagés qu'aux précédents films d'Inarritu même si on trouvait déjà ces thématiques dans « Babel ».

    Evidemment « Biutiful » déconcertera comme moi les habitués d'Inarritu, époque Arriaga, non seulement en raison de cette construction plus linéaire mais aussi en raison d'incursions oniriques dans un film par ailleurs extrêmement réaliste comme si le seul espoir possible était dans un ailleurs poétique mais irréel. Certes « Biutiful » désigne les enfants d'Uxbal qui, à l'image de ce mot, égratigné, blessé, représente un avenir bancal, incertain, mais bel et bien là. La vie est là malgré tout même imparfaite.

    « Biutiful » reste un film suffocant ne laissant entrevoir qu'une mince lueur d'espoir, un film dont les excès mélodramatiques au lieu de nous agacer nous touchent grâce au jeu d'un acteur au talent sidérant et grâce à la réalisation qui insuffle un troublant réalisme. Scénaristiquement moins éblouissant que « Babel » ou même « 21 grammes », par le talent de celui qui incarne son personnage principal et par la complexité de ce personnage, condamné et digne, « Biutiful » ne lâche pas notre attention une seule seconde. Un prix d'interprétation d'une incontestable évidence.

     

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