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  • Festival du Cinéma Américain de Deauville : BLUE BAYOU de Justin Chon et FLAG DAY de Sean Penn

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    Trois films figuraient à mon programme de ce jour : "Blue bayou" de Justin Chon (compétition), "Flag day" de Sean Penn et "City of lies" de Brad Furman à l'occasion de la projection duquel Dylan Penn a reçu le prix du Nouvel Hollywood. Trois films qui déconstruisent le rêve américain et explorent le besoin de (re)pères des êtres ( deux d'entre eux interrogent d'ailleurs la filiation tout comme "Stillwater", le film d'ouverture dont je vous parlais samedi) et d'une société désorientés,  trois films qui traquent le mensonge...Une Amérique déboussolée en quête de vérité qui semble douter de tout, et se raccrocher aux liens familiaux eux-mêmes souvent décrits comme instables.

    Et deux conférences passionnantes, d'Oliver Stone (lui aussi en quête perpétuelle et même obsessionnelle de vérité ou de sa vérité, à vous de voir...) et Johnny Depp qui  aiment à sortir des sentiers battus des films au dénouement desquels flotte la bannière étoilée, et qui clament et revendiquent leur indépendance et leur singularité. (Articles à suivre)

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    Justin Chon comme Sean Penn ont choisi une esthétique très travaillée, le lyrisme même pour mettre en lumière la noirceur de destins tragiques, éblouis et terrassés par l'American dream.

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    Le premier raconte l'histoire d'Antonio qui risque d’être expulsé des États-Unis étant un enfant  adopté par une famille américaine. Il est ainsi  expulsable en raison d'une loi, sorte de vide juridique, qui le permet en cas de condamnation.  Malgré une surenchère dramatique, ce film n'en demeure pas moins bouleversant et édifiant sur l'iniquité que subissent les citoyens américains d'origine étrangère.

    Le deuxième, se penche sur la relation chaotique d'une fille (Dylan Penn honorée samedi d'un Deauville Talent Award) avec son père braqueur de banque et faux-monnayeur, John (Sean Penn)  né un 14 juin, le jour de l’adoption de la bannière étoilée comme drapeau national. Tout un symbole pour ce menteur pathologique. Avant tout magnifique cadeau d'un père acteur  réalisateur à sa fille actrice (dans la réalité) dont le talent éclate et qui raconte l'amour d'une fille pour son père (dans la fiction elle-même inspirée d'une histoire vraie puisqu'il s'agit d'une adaptation des mémoires de John Vogel).

    La mise en scène et le montage sont à l'image de leur relation : chaotiques, morcelés, poétiques parfois aussi.  Le tout porté par une bo remarquable entre compositions de Joseph Vitarelli,  standards rock-folk et Chopin, et une voix off qui instillent l'émotion.

    Enfin "City of lies" est aussi une adaptation du roman biographique LAbyrinth de Randall Sullivan (2002) sur l’enquête de meurtre de Tupac Shakur et Christopher « The Notorious B.I.G. » Wallace. Je vous en parlerai ultérieurement...

  • Critique de LA FRACTURE de Catherine Corsini (Première - Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    Ce film figurait en compétition officielle du Festival de Cannes 2021 et fut présenté aujourd'hui à Deauville dans la section « L’heure de la Croisette ».

    Dans Partir, Suzanne (Kristin Scott Thomas) menait une vie bien (trop) tranquille avec son mari médecin (Yvan Attal) dans une belle maison, glaciale, à l’image de ce dernier, avant de rencontrer Ivan (Sergi Lopez), un ouvrier espagnol employé au noir vivant de petits boulots et ayant fait de la prison, chargé de leurs travaux. Un accident allait les rapprocher et bientôt une passion irrépressible les emporter. Dans ce film déjà, Catherine Corsini confrontait ainsi des mondes qui n’auraient pas dû se rencontrer. C’était aussi le sujet au centre du palpitant et bien nommé Trois mondes, un film s’inspirant du cinéma de Sautet et de celui d’Hitchcock, entre histoire d’amour et thriller. Dans son dernier film, Un amour impossible, deux mondes se télescopaient aussi : celui de Rachel (Virginie Efira), modeste employée de bureau, et celui de Philippe (Niels Schneider), brillant jeune homme issu d'une famille bourgeoise. Cette fois encore, dans La Fracture, ce sont donc des mondes qui se confrontent. Des genres cinématographiques qui se mêlent aussi.

     Cela commence pour un réveil en sursaut comme celui auquel nous invite Catherine Corsini. Raf (Valeria Bruni-Tedeschi) envoie une salve de textos furieux à sa compagne Julie (Marina Foïs) qui dort profondément à ses côtés. Elles sont au bord de la rupture. En voulant rattraper Julie, Raf chute et se retrouve dans un service d’Urgences proche de l'asphyxie le soir d'une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann (Pio Marmaï), un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l'extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…

    Dès ce réveil brusque, La Fracture nous emporte dans un tourbillon porté par la caméra à l’épaule de Catherine Corsini aidée de sa cheffe opératrice Jeanne Lapoirie, et ne nous lâchera plus, si ce n’est le temps de quelques pas dans un Paris faussement apaisé. Le rire est constamment au bord des larmes. La colère laisse parfois affleurer un instant de douceur. Catherine Corsini n’a en effet pas son pareil pour marier les paradoxes et nous emporter dans ce maelstrom d’émotions porté par une énergie folle. L’humour, aux frontières du burlesque, en une fraction de seconde, vient désamorcer ce cauchemar suffocant, parfois par le comique de répétition (les chutes, nombreuses, de Raf). Le film lorgne aussi du côté du documentaire en dressant un état des lieux terrifiant (et malheureusement réaliste) de l’hôpital en pleine implosion qui se décompose même au sens propre. L’infirmière Kim a ainsi enchaîné six nuits de garde alors que la loi n’en permet pas plus de trois. Le personnel est en grève. Tous les services de psychiatrie étant fermés, les urgences reçoivent aussi ceux qui devraient y être.  Certains meurent dans la solitude.

    Dans ce chaos et ce huis-clos, la cohabitation forcée va conduire des êtres qui n’auraient jamais dû se côtoyer à se rapprocher. Là, il n’y a pas de privilèges, plus de barrières sociales. Un routier et une dessinatrice peuvent se retrouver dans la même situation de détresse, face au même infirmier désabusé et insensible. Ou une éditrice parisienne peut croiser un ancien camarade de Valenciennes venu à Paris pour manifester. La fracture (sociale) provient avant tout d’un manque de dialogue, d’écoute, d’un vacarme assourdissant. La fracture (physique) va les rapprocher.

    Les acteurs sont pour beaucoup dans cette réussite au premier rang desquels des comédiens non professionnels comme Aissatou Diallo Sagna (nommée au César de la meilleure actrice dans un second rôle). Elle est absolument bouleversante dans le rôle de l’infirmière Kim. Valeria Bruni-Tedeschi (nommée pour le César de la meilleure actrice) est une Raf à la fois exaspérante et touchante, égocentrique et attachante, et surtout blessée dans tous les sens du terme. Quant à Pio Marmaï (également nommé, pour le César du meilleur acteur), il incarne l’énergie du désespoir avec une conviction qui force l’admiration.

    Et puis il y a ce dernier plan, d’une tristesse implacable, qui témoigne d’un répit illusoire et nous laisse comme l’infirmière : abattus, impuissants, sidérés devant cette situation suffocante. Catherine Corsini, une fois de plus, avec cette tragicomédie sociale, a su brillamment marier les genres et faire se côtoyer les mondes pour nous emporter avec elle dans ce tourbillon à la fois drôle et désespéré sur la fracture et les maux d’une époque. Un cri d’alerte retentissant et surtout  clairvoyant.

  • Critique de L'ETAT DU TEXAS CONTRE MELISSA de Sabrina Van Tassel - Docs de l'Oncle Sam - Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Quelques mots sur deux poignants documentaires projetés dans la section des "Docs de l'oncle Sam".


    "L'État du Texas veut me tuer". Ce documentaire commence ainsi, par ces mots terribles de Melissa et par des images chocs : devant les policiers qui l'interrogent et lui demandent de reproduire les gestes qui sont censés avoir provoqué la mort de sa fille, elle frappe violemment le dos d'une poupée symbolisant son enfant. Melissa Lucio reconnaît ainsi les faits dont elle est accusée : avoir provoqué la mort de sa fille de deux ans. Elle devient alors la première femme hispano-américaine condamnée à mort au Texas. Pauvre, droguée, mère de 14 enfants, elle est la coupable idéale...Depuis dix longues années, elle attend en prison l'application de l'implacable sentence. Ne lui reste qu'un seul recours : la cour suprême. Ce documentaire est une passionnante et bouleversante démonstration de son innocence mais aussi pour ceux qui n'en seraient pas encore convaincus, une édifiante démonstration de l'absurdité révoltante et abjecte de la peine de mort.


    Les intérêts politiques (le procureur montre ainsi à ses électeurs qu’il défend une justice intraitable), la corruption, la dissimulation des preuves attestant de son innocence (ses enfants qui l’auraient innocentée n’ont pas été appelés à témoigner), un avocat incompétent ont abouti à cette terrible injustice.

    Sa culpabilité qui apparaissait comme une évidence au début est démontée point par point ensuite et au fur et à mesure que les preuves irréfutables en sa faveur s'accumulent l'empathie du spectateur grandit pour cette accusée victime d'un destin tragique. Melissa a certes reconnu les faits, mais après un interrogatoire de plus de sept heures dans des conditions inhumaines interrogée inlassablement par des policiers menaçants  ayant pour seul objectif de lui faire avouer  alors qu’elle venait de vivre une tragédie, la perte de son enfant.

    Impossible de ne pas être révoltée par le sort inique qui lui est réservé alors que se dessine peu à peu le portrait d'une mère aimante, a fortiori quand un intervenant l’accuse d’avoir mérité ce qui lui arrive car elle a refusé de plaider coupable, ce qui lui aurait permis d’obtenir une peine « plus clémente » de trente années de prison.  

    Ce documentaire, avec une remarquable, rigueur réalise le travail de défense qui a manqué à l'accusé mais témoigne aussi de ce qu’est la peine de mort, un acte illogique et effroyable : le recours d'un État à un crime pour "punir" une personne accusée d'un autre crime ou quand la justice devient vengeance. Le documentaire met également en lumière les failles criantes du système judiciaire américain, véritable machine à broyer les individus.

    Un documentaire qui ne tombe jamais dans le pathos mais qui n'en est pas moins bouleversant, d'autant plus qu'il est porté par une réalisation soignée accompagnée par la BO interprétée en partie par le guitariste Dominic Miller. Un plaidoyer contre la peine de mort dont on ne peut qu'espérer qu'il change le terrible destin qu'il relate...On en ressort secoué, sonné, et plus que jamais indigné contre le non-sens terrifiant que représente la peine de mort...qu'elle s'applique à un coupable ou un innocent comme l'est incontestablement Melissa.

  • Ouverture du Festival du Cinéma Américain de Deauville et Première de STILLWATER de Tom Mc Carthy

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    L'ouverture de ce 47ème Festival du Cinéma Américain de Deauville eut lieu sous le signe de l'émotion de cette ouverture du 47ème Festival du Cinéma Américain de Deauville et de "L'affaire Thomas Crown" et des "Moulins de mon coeur" de Michel Legrand (re)interprétés par Steve  Nieve. Après ces mois de vie claquemurée, une musique à l'image de l'affiche de cette édition du festival, qui nous invite à embrasser la vie et à nous laisser embarquer dans ce tourbillon de cinéma et qui nous procure l'envie paradoxalement vorace et douce de dévorer chaque seconde. 

     

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    L’affiche de cette édition rend ainsi hommage à un classique du cinéma « L’Affaire Thomas Crown » de Norman Jewison (1968), célèbre pour l'utilisation du split screen, pour sa si sensuelle et troublante partie d’échecs entre Faye Dunaway et Steve McQueen et pour sa bande originale autour de laquelle s'articule le film et la scène mythique précitée. 


    Après quelques discours fut ensuite projeté en avant-première "Stillwater" de Tom McCarthy.

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    Stillwater, c'est à la fois le nom d'une ville de l'Oklahoma, celle de Bill Baker incarné par Matt Damon. C'est aussi la clef de l'intrigue. C'est enfin ce même Bill Baker qui quitte  son Oklahama qui lui ressemble tant, monotone et tourmenté, pour venir retrouver sa fille emprisonnée à Marseille où elle était venue étudier avant d'y être condamnée pour le meurtre de sa compagne.

    2h20 d'une quête passionnante  au cours de laquelle il rencontre la bienveillante Virginie (Camille Cottin), comédienne de théâtre élevant seule sa fille de 8 ans dont l'univers est aux antipodes du sien. La rencontre de deux personnages en apparence diamétralement opposés. La rencontre de deux mondes, de deux solitudes aussi, de deux êtres dont les certitudes vont s'ébranler.  

    La France n'est pas filmée comme elle l'est souvent dans les films américains dont la vision de l'hexagone est souvent surannée et caricaturale. Ici Tom McCarthy nous fait (re)découvrir Marseille, riche de ses contrastes comme le duo que forment Camille Cottin et Matt Damon. Ce dernier est bluffant et méconnaissable en Américain rustre dont la carapace se fissure peu à peu.


    À la fois polar, drame social, romance c'est avant tout le parcours initiatique d'un homme pétri de foi, religieuse et en l'innocence de sa fille, qui d'Américain trumpiste (même s'il dit n'avoir pas voté pour cause de prison) va peu à peu s'ouvrir à d'autres horizons.


    Un remarquable scénario coécrit par Noé Debré et Thomas Bidegain pour un film poignant et haletant. L'idéal pour une ouverture. Au programme aujourd'hui : "Blue bayou" (compétition), rencontre avec Oliver Stone et "Flag day" de Sean Penn.