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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 292

  • Rappel- Critique - "Une bouteille à la mer" de Thierry Binisti

    Exceptionnellement, je vous parle à nouveau d'un film déjà évoqué ici. Mon coup de coeur de ce début d'année cinématographique dont il a été trop peu question à mon goût, raison pour laquelle je vous en parle à nouveau. Il est encore à l'affiche dans quelques salles. Ma critique ci-dessous pour vous convaincre de le découvrir...

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    J’ai découvert ce film lors du dernier Festival des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean de Luz dans le cadre duquel il était présenté en compétition et où il a d’ailleurs remporté le prix du meilleur film (Chistera d’or). Un vrai coup de cœur. Un coup de foudre, même. Malheureusement, je n’avais pas rédigé de critique à l’époque ou quelques lignes trop brèves. Je n’ai pas la possibilité de le revoir cette semaine mais je vous livrerai une critique plus longue dès que je pourrai retourner le voir. En attendant, ci-dessous, quelques mots qui, je l’espère, vous inciteront à découvrir ce film magnifique et rare.

     

    Adapté du roman de Valérie Zenatti « Une bouteille à la mer de Gaza », c’est l’histoire de Tal (Agathe Bonitzer), une jeune Française installée à Jérusalem avec sa famille. A dix-sept ans, elle a l’âge des premières fois : premier amour, première cigarette, premier piercing. Et premier attentat, aussi. Après l’explosion d’un kamikaze dans un café de son quartier, elle écrit une lettre à un Palestinien imaginaire où elle exprime ses interrogations et son refus d’admettre que seule la haine peut régner entre les deux peuples. Elle glisse la lettre dans une bouteille qu’elle confie à son frère pour qu’il la jette à la mer, près de Gaza, où il fait son service militaire.

     

    « Je m’appelle Tal Lévine, j’ai bientôt 17 ans et j’habite Jérusalem.

     

    Hier soir, il y a eu un attentat près de chez moi […]

     

    Toi qui trouveras cette bouteille, réponds-moi.

     

    Dis-moi où tu l’as trouvée. Qui tu es. Parle-moi de toi. S’il te plaît. »

     

    Quelques semaines plus tard, Tal reçoit une réponse d’un mystérieux « Gazaman » (Mahmoud Shalaby)… Va alors débuter un échange épistolaire d’abord constitué de doutes, de reproches, d’incompréhension mais qui va finalement les mener sur le chemin d’une liberté et d’une réconciliation apriori impossibles.

     

    Je vous avais déjà parlé du travail de Thierry Binisti à l’occasion de la diffusion du docu-fiction « Louis XV, le soleil noir » qu’il avait réalisé pour France 2 et par lequel j’avais été très agréablement surprise et charmée : un divertissement pédagogique passionnant, de très grande qualité, aussi bien dans le fond que dans la forme, une immersion dans les allées tumultueuses de Versailles et dans les mystérieux murmures de l'Histoire, dans le bouillonnant siècle des Lumières et dans la personnalité tourmentée de Louis XV. Les similitudes entre ce téléfilm et « Une bouteille à la mer » sont d’ailleurs assez nombreuses, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer : Versailles, une prison (certes dorée) pour Louis XV comme peut l’être Gaza pour Naïm, un portrait nuancé de Louis XV comme le sont ceux de Naïm et Tal, une combinaison astucieuse entre fiction et documentaire ( Certaines séquences d’« Une bouteille à la mer » sont ainsi des images d’actualité provenant d’archives diffusées par les médias, comme celles sur la grande manifestation commémorant l’anniversaire de la mort de Yitzhak Rabin filmée sur la place des Rois, au milieu de milliers d’Israéliens manifestant leur désir de paix ) permettant d’explorer le politique et l’intime, l’importance du lieu qui cristallise les tensions et les émotions.

     

    Tout comme le docu-fiction évoqué ci-dessous, « Une bouteille à la mer » ne laisse pas place à l’approximation. Le sujet est ainsi particulièrement documenté, l’auteure Valérie Zenatti (auteure du roman éponyme et coauteure du scénario) a d’ailleurs passé son adolescence en Israël. Il faut d’ailleurs souligner le formidable travail d’adaptation de ce roman épistolaire, genre particulièrement périlleux à adapter. Valérie Zenatti et Thierry Binisti ont fait de ce qui aurait pu être un inconvénient un atout : ces deux voix qui se répondent, à la fois proches et parfois si lointaines, se font écho, s’entrechoquent, se confrontent et donnent un ton singulier au film, grâce à une écriture belle et précise, et sont ainsi le reflet de ces deux mondes si proches et si lointains qui se parlent, si rarement, sans s’entendre et se comprendre.

     

    Un autre grand atout du film est que Thierry Binisti ne tombe jamais dans l’angélisme ni la diabolisation de l’un ou l’autre côté du « mur ». Il montre au contraire Palestiniens et Israëliens, par les voix de Tal et Naïm, si différents mais si semblables dans leurs craintes et leurs aspirations, et dans l’absurdité de ce qu’ils vivent. Il nous fait tour à tour épouser le point de vue de l’un puis de l’autre, leurs révoltes, leurs peurs, leurs désirs finalement communs, au-delà de leurs différences, si bien que nous leur donnons tour à tour raison. Leurs conflits intérieurs mais aussi au sein de leurs propres familles sont alors la métaphore des conflits extérieurs qui, paradoxalement, les rapprochent.

     

    Agathe Bonitzer, grave et candide, épouse parfaitement la belle maturité de son jeune personnage et, face à elle, Mahmoud Shalaby est bouleversant de douceur et de rage mêlées (vous aviez pu le découvrir dans « Les Hommes libres » d'Ismaël Ferroukhi).

     

    La sensibilité avec laquelle ce sujet justement sensible est évoqué rend probable une histoire a priori impossible entre ces deux êtres que tout sépare, pour qui la vie tient à ça : « avoir envie d’aller ou pas au café d’en bas ». Une violence cruellement quotidienne, ce qui ne les empêche pas d’être épris de vie et de désirs, de rêves et d’aspirations, ce que montre très bien ce film à hauteur d’hommes qui, par la « petite » histoire permet d’appréhender la grande. La caméra est au plus près des êtres, de leurs émotions, de leur rage, leurs désirs, leurs douleurs, leur éveil (à la politique, à l’amour) et se fait « carcérale » pour suivre Naïm emprisonné dans les 370 km2 de Gaza (pour 1,6 millions d’habitants !).

     

    Cela commence par le fracas tétanisant d’une bombe et s’achève par une lumière d’espoir bouleversante, un dénouement fiévreux d’une tension palpitante.

     

    Ce dame cornélien, au sens littéral, concilie l’impossible, la douceur et l’âpreté, la modernité des emails et l’archaïsme romanesque de la bouteille à la mer, le romantisme (ou en tout cas le romanesque) et la politique, la raison et les sentiments. Des « liaisons dangereuses » qui possèdent la beauté tragique du roman éponyme de Laclos, outre le fait d’avoir en commun le style épistolaire.

     

    C’est un hymne à la paix et à la tolérance mais aussi au pouvoir et à la magie des mots qui peuvent unir, réunir ceux que tout oppose, si ce n’est leur aspiration à la liberté. Ce sont finalement leurs différences et leur jeunesse qui les réunissent. C’est d’ailleurs la langue, le Français, qui sert de terrain neutre, de pont entre eux. C’est ainsi au Centre Culturel Français de Gaza que s’évade Naïm et ose croire à la liberté, à un avenir meilleur.

     

    Ce film réunit tout ce que j’aime dans le cinéma : une histoire d’amour ou en tout cas d’amitié, apriori impossible, un propos engagé, une réalisation maîtrisée, des acteurs époustouflants, un style épistolaire que et qui sublime(nt) les mots. De l’émotion. De l’espoir. Sans mièvrerie, mais avec beaucoup de sensibilité et de pudeur (aucun cliché, aucune volonté de forcer l’émotion, pourtant ravageuse).

     

    Ce film m’a bouleversée comme je l’ai rarement été ces derniers temps au cinéma. Un film intense d’une douce gravité qui possède et concilie la fraîcheur et l'incandescence de ses jeunes interprètes. Une brillante métaphore d’un conflit a priori insoluble auquel il apporte un vibrant message d’espoir. Un film plus convaincant que n'importe quel discours politique. Deux personnages bouleversants que la réalisation et la direction d’acteurs nous font prendre en empathie ainsi que ceux qui subissent la même situation. Une bouteille à la mer qui nous fait croire à l’impossible. Que des bouteilles à la mer peuvent arriver à destination. Réunir ceux que tout oppose. Et que des milliers de bouteilles, un jour, peut-être, arriveront à faire entendre leurs voix pacifistes et arriveront à briser le fracassant et assourdissant silence après les tonitruantes explosions de terreur et de haine. Un film ensorcelant, poignant comme un poème entremêlant tragédie et espoir, et les réunissant par la beauté lumineuse et clairvoyante des mots. Mon coup de coeur de ce début d'année 2012.

     

    « Une bouteille à la mer » a également été récompensé dans d’autres festivals que celui de Saint-Jean de Luz et en particulier au Festival du film de La Réunion 2011 où il a reçu le Prix du Public ;le Prix Coup de cœur du Jury Jeune ;le Mascarin de la meilleure interprétation masculine à Mahmoud Shalaby.

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  • Interview de Jeff Domenech, réalisateur de "Belmondo, itinéraire..."

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    Même si j'ai décidé de continuer à développer les interviews vidéo comme celle de John Malkovich (à propos, il est encore temps d'aller voir son adaptation des "Liaisons dangereuses", retrouvez mon interview et ma critique en cliquant ici) ou Anthony Delon récemment (une interview que vous pouvez retrouver là, même si la pièce pour laquelle je l'ai interviewé "Panik" est malheureusement arrêtée prématurément), je n'abandonne pas pour autant les interviews écrites et j'ai le plaisir de publier aujourd'hui celle de Jeff Domenech. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, en revanche certainement avez-vous entendu parler de son documentaire "Belmondo, itinéraire..." projeté lors du mémorable hommage que lui a rendu le Festival de Cannes 2011 ( un documentaire par ailleurs diffusé à la télévision le même jour). Ce passionné de cinéma (et de Belmondo) au parcours atypique qui a d'abord réussi dans la restauration rapide à Grasse, très cinéphile, est parvenu, avec Vincent Perrot, à monter ce projet que certains auront sans doute jugé complètement fou et utopique.

     Moi qui n'en suis pas avare de projets fous et qui sais à quel point la route est semée d'embûches autant que passionnante, j'avais envie de connaître son regard sur cette aventure, d'en savoir plus sur sa cinéphilie et ses projets.

    Je le remercie d'avoir accepté de répondre à ces questions.

    Pour le plaisir, en bonus, après l'interview, vous trouverez la fameuse scène de l'étonnement d'"Itinéraire d'Un Enfant gâté", mon article sur l'hommage mémorable du Festival de Cannes à Jean-Paul Belmondo et mes commentaires sur le documentaire de Jeff Domenech, et la critique de "La Sirène du Mississipi" de François Truffaut, avec Jean-Paul Belmondo.

     Les photos qui illustrent l'interview appartiennent Jeff Domenech. Celles qui illustrent le compte-rendu de l'hommage sont celles que j'ai prises lors de cet évènement .

    INTERVIEW DE JEFF DOMENECH

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    .       Votre propre histoire qui vous a mené à « Belmondo, itinéraire… »,  c’est finalement aussi, l’« itinéraire d’un enfant gâté » ?
     

     Oui on peut le résumer ainsi ... meme si le parcours pour monter un tel projet n'a pas été simple . On peut dire que j'ai réalisé mon rêve ... L'image la plus symbolique , c'est cette photo que mon père a prise de moi en Mai 1985 , lors de ma premiere visite au festival de Cannes.
    Je pose devant une l'affiche du film "Hold-up"   ( mon père me disant : "profites-en c'est la seule fois où tu pourras approcher Belmondo ! " )

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    Et me voila 26 ans plus tard  tout en haut des marches dans ce meme festival , aux côtés de mon idole pour venir présenter le film que je lui ai consacré ... Avec a l'issue de cette projection , la remise d'une palme d'or ... 

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    Copyright Christophe Geral

     

     C'est une belle histoire et un beau clin d'oeil du destin. Je résume d'ailleurs tout ce parcours et cette histoire assez incroyable dans mon livre "Belmondo du rève à la réalité " . Et si  cela peut donner des envies à certains d'aller au bout de leur rêves les plus fous ... j'en serai très fier.

     
    2.        Quel souvenir gardez-vous de la projection cannoise,  cet hommage bouleversant, en présence d’un incroyable générique ?
     

    Dès le départ de ce projet , j'ai eu deux idées en tête. La première :réunir un casting  multi générationel ( où chacun nous parlerait de "son Belmondo") et la seconde de présenter le film au festival de  Cannes. Deux idées ambitieuses et pas si simples à réaliser ... Mais là encore j'ai fait preuve de culot et de tenacité et j'ai réussi a aller au bout de mes rêves ... Pour le casting on retrouve Delon, Cardinale, Rochefort, Marielle, Galabru, Cardinale, Lelouch, Lautner, Blier, Besson...  mais aussi la jeune génération Cassel, Dujardin, G. lellouche, Cornillac, Dupontel, Paradis, Marceau ... Et deux  clins d'oeil l'un du DJ Bob Sinclar et le deuxieme de Zinedine Zidane ... Concernant le festival de Cannes, Thierry Fremaux et Gilles Jacob se sont montrés immédiatement très enthousiastes a l'idée de célèbrer la carrière de Belmondo lors d'une soirée spéciale . Restait quand meme le  challenge le plus difficile, celui de réaliser un film à la hauteur de l'immense carrière de Jean-Paul.

     
    3.       Si vous deviez définir Jean-Paul Belmondo en trois adjectifs tel que vous l’imaginiez avant de le connaître et en trois adjectifs tels que vous le définiriez après l’avoir rencontré ?
     

    Avant de connaitre Jean Paul , je le voyais avec les yeux d'un fan pour son idole ... Héroïque.  Magnifique. Charismatique.
    A présent qu'il est devenu un ami intime je vous répondrais ... Généreux , fidèle et ... déconneur !

     
    4.       Qu’avez-vous retiré de cette expérience que j’imagine humainement et cinématographiquement particulièrement enrichissante …et peut-être d’ailleurs parfois aussi déstabilisante?
     

    Lorsque vous évoluez dans un monde qui n'est pas le vôtre vous commencez par faire profil bas et observer les soit-disants "professionnels de la profession". Mais je me suis vite rendu compte que la franchise , la sincérité , et la loyauté ne sont sont pas des valeurs très présentes dans ce milieu ( je ne parle pas des artistes ) . Pourtant dès le départ Belmondo , Lautner et meme Michèle Mercier m'avaient affranchis en me parlant des pièges de ce métier , et des personnes mal intentionnées qui gravitent tout autour . Alors au départ j'ai fait des erreurs que j'ai payé très cher ( dans tous les sens du terme ! ). Si l'on dit souvent que l'on paye pour apprendre ... alors on va dire que j'ai énormément appris en 3 ans . J'ai dû abandonner mon premier projet de film sur Belmondo , pour en monter un second avec Vincent Perrot qui lui a reussi a mener ce projet a son terme de facon rigoureuse et professionnelle .

     
    5.        Y a-t-il des extraits que vous auriez souhaité mettre dans le documentaire mais que vous n’avez pas pu inclure pour des raisons de droits ou d’autres raisons ? Y a-t-il des interviews que vous auriez aimé ajouter au documentaire et que vous n’avez pas eu l’opportunité de réaliser ?
     

    En général, j'évite de regarder en arrière pour justement éviter d'avoir des regrets  ... le seul refus d'interview que j'ai eu c'est Godard. Sinon je regrette de ne pas avoir pu utiliser les interviews de certains acteurs pourtant présents dans le premier projet . ( Romain Duris, Edouard Baer , Richard Anconina , Laurent gerra ou Michele Mercier) . Mais je regrette surtout de ne pas avoir pu réaliser la scène finale que j'avais écrite et dont je rêvais ... En fait pour conclure le film, on revoyait la scène culte d' " A bout de souffle"  ou Belmondo remonte les Champs Elysées aux cotés de Jean Seberg. Il lui rend son journal en lui disant
     " Tiens je te le rends , il ya pas d'horoscope " ... Seberg lui demande
    " C'est quoi l'horoscope ? " ... Belmondo réplique :
    " L'horoscope c'est l'avenir , j'ai envie de savoir l'avenir..."
     
    Et a la suite de cela , on faisait un fondu enchainé sur Jean Paul avec sa fille Stella  au même endroit sur les Champs Elysées mais de nos jours ...
    Avec Stella qui dit a son père ...
     " Mais papa , c'est quoi l'avenir ?"    et Jean Paul baisse son regard sur elle en lui disant :
    " l'avenir ... c'est toi. "
     
    Voila comment j'avais imaginé la scène finale ... Donc si je devais avoir un regret ca serait celui de ne pas avoir pu filmer cette scène .

     
     
    6.        Quel est le témoignage qui vous a le plus surpris et celui qui vous a le plus touché et pourquoi ?

     Difficile de ressortir un seul témoignage ... Je peux quand même vous dire que Jean-Paul  a été très touché par la lettre de son ami Bruno Cremer  ( décédé peu de temps près ) et il a été aussi très sensible aux témoignages de la jeunes génération , et surpris de l'influence qu'il a pu avoir sur eux .

     
    7.        Si vous ne deviez choisir qu’un seul film de Jean-Paul Belmondo, quel serait-il et pourquoi  (même s’il y a sans doutes de grandes chances pour qu’il s’agisse du « Professionnel ») ?  Et si vous ne deviez choisir qu’une seule scène d’un film avec Jean-Paul Belmondo, (peut-être celle qui le représente le mieux ou que vous préférez), quelle serait-elle ?
     

    J'ai souvent demandé a Jean Paul quel était son film préféré ... et il m'a toujours répondu très justement , que ses films c'était comme ses enfants il est impossible d'en préférer un plutot qu'un autre.
    Je me souviens qu'un jour, mon pote Albert Dupontel m'as dit une chose très juste ... " A chaque moment de notre vie on a un Belmondo qui nous correspond" 
    Alors sur ce postulat je dirais que mes préférences pour le  début de sa carrière vont vers  "A bout de souffle", "Un nommé la Rocca"," Un singe en hiver" et "Pierrot le fou "
    Dans les années 70 " Peur sur la ville" " Le magnifique " et surtout " l'incorrigible" où Jean Paul est en totale liberté !
    Puis evidement " Le professionnel" dont j'ai usé à l'époque la bande vhs  ... Mais là ou Jean Paul arrive au sommet de son art c'est bien évidemment sous l'oeil de Claude Lelouch dans " Itineraire d'un enfant gâté" .
     La scène du face à face avec  Anconina restera a jamais dans l'histoire du 7 ième art.

     
    8.       Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet. Celui-ci ne vous a-t-il pas donné envie de passer à la réalisation de fictions ?
     

    C'est pas les projets ni les idées qui me manquent ... mais après une telle aventure j'ai eu besoin de faire un break.  Mais J'ai quand même pris le temps d'écrire un programme court destiné au petit ecran , et je suis en préparation d'un nouveau film documentaire. Et concernant la réalisation d'un long metrage , c'est dans un coin de ma tête depuis des années.

     
    9.       Si une baguette magique vous permettait de réaliser un documentaire sur trois personnalités que vous admirez (mortes ou vivantes), quelles seraient-elles ?

     Sans hésitation  faire un face a face " De niro vs Pacino" en retracant leur parcours et leur carrière en parallèle ... Concernant la troisième personne , vous le saurez très prochainement ...
     
     
    10.   En mettant de côté les films de Jean-Paul Belmondo, quels sont les 5 films que vous considérez comme vos films de prédilection ?
     
    C'est pas simple ...
     Pour les films francais : 37, 2 le matin , Série Noire , Irreversible , Bernie , Le père noel est une ordure.
    Pour les films americains : Raging Bull , Voyage au bout de l'enfer, Pulp fiction , Il etait une fois en amerique, Apocalyse now.

    COMPTE-RENDU DE L'HOMMAGE A JEAN-PAUL BELMONDO - FESTIVAL DE CANNES 2011

     

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    Le festival s’achève dans 5 jours déjà, et les journées (et les soirées) se succèdent à un rythme joyeux et vertigineux sans que je trouve le temps de vous raconter tout ce que je souhaiterais (mais je le ferai après le festival), mais je ne pouvais pas ne pas vous parler de l’incroyable émotion qui s’est emparée de Cannes hier soir, un de ces moments qui resteront sans aucun doute comme un des plus beaux de la mémoire du festival, et de ma mémoire de festivalière. Devant la salle Debussy où s’est déroulé l’hommage, l’affluence n’était étrangement pas au rendez-vous, beaucoup de festivaliers ayant préféré, sans doute, assister à la montée des marches, une montée des marches qui a bouleversé l’assistance, les photographes français et internationaux ayant exceptionnellement déposé leurs appareils photos, non pas en signe de protestation comme avec Isabelle Adjani il y a quelques années mais pour applaudir Jean-Paul Belmondo (sur la musique de Chi Mai, composé par Ennio Morricone , sublime musique du film « Le Professionnel ») comme nous l’a raconté Thierry Frémaux en arrivant dans la salle, précisant que le présentateur de la montée des marches en avait même perdu la voix.

    Pendant ce temps, dans la salle Debussy, de plus en plus fébrile, tandis qu’arrivaient les premiers invités (Faye Dunaway, l’indétrônable Jack Lang…), nous attendions l’arrivée de cet acteur qui a su concilier cinéma d’auteur et cinéma populaire, et qui ne s’est jamais pris pour la star incontestable qu’il est. Belmondo n’était pas venu à Cannes depuis l’hommage à Gérard Oury en 2001 (auquel je me souviens d’avoir assisté, dans la salle Bunuel, avec, là aussi, une incroyable assistance), sa dernière sélection en compétition remontant à 1974 pour « Stavisky » d’Alain Resnais.

    Puis est arrivé le moment tant attendu avec la montée sur scène d’un formidable générique où se mêlaient des acteurs ayant tourné avec lui, ses amis du Conservatoire (leur présence étant la première chose souhaitée par Belmondo lorsque cet hommage lui a été annoncé) , des réalisateurs pour lesquels il a tourné etc : Claudia Cardinale, Marielle, Rochefort, Vernier, Charles Gérard, Guy Bedos, Claudia Cardinale, Claude Lelouch, Albert Dupontel, Samy Naceri, Richard Anconina, Xavier Beauvois, Michel Hazanavicius, Nicole Calfan… Puis « Il » est arrivé, descendant aussi rapidement que lui permettait son état de santé, acclamé par la salle Debussy et ses amis sur scène. Quand, comme moi, on a aimé le cinéma avec « Borsalino », « Le Doulos », « La Sirène du Mississippi » mais aussi tous ces films populaires et jubilatoires et évidemment « A bout de souffle » impossible de ne pas être bouleversée par cet homme qui a incarné tous ces rôles et qui cheminaient vers la scène avec tant de difficultés mais avec un imperturbable sourire d’enfant, et sous les acclamations d’un public particulièrement ému.

    Avec lui, c’était tout un pan du cinéma français qui se déplaçait vers la scène, dans un lent, magnifique et douloureux flashback. Thierry Frémaux et Gilles Jacob ont rivalisé d’humour et d’élégance, visiblement eux aussi émus, Gilles Jacob lui disant « vous avez réussi ce soir votre plus belle cascade ». Puis ce dernier lui a remis un palme d’or pour sa carrière, une distinction reçue avant lui par Jeanne Moreau, Catherine Deneuve, Clint Eastwood et Gérard Oury. Pour Gilles Jacob : "l'étendue du registre de Bébel, le charisme de sa personnalité, la précision de son jeu, la gouaille de ses propos, l'aisance de son allure en ont fait avec Jean Gabin et Michel Simon, l'un des plus grands comédiens français de tous les temps". « Je suis très ému par cette Palme qui me va droit au coeur. Je veux remercier tous ceux qui sont ici, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas. Un grand merci du fond du coeur !" a alors déclaré Jean-Paul Belmondo, avant que la salle, toujours debout, ne l’acclame à nouveau.

    A ses côtés, son fils Paul arborait un visage grave, peut-être pour contenir son émotion, Claude Lelouch et Richard Anconina ne pouvaient retenir leurs larmes, à l’image d’une grande partie de l’assistance. Enfin, Vincent Perrot et Jeff Domenech ont pris la parole, ce dernier n’oubliant pas d’adresser une pensée pour Marie-France Pisier (qui aurait dû être là…) et pour celle qui fut sa costumière pendant plus de 50 ans.

    A ensuite débuté la projection du documentaire que vous avez pu également voir sur France 2…sans entendre néanmoins les applaudissements de la salle Debussy qui ont ponctué la projection : lors des cascades impressionnantes de Belmondo (notamment celles du « Guignolo » à Venise), lors de la lecture d’une lettre d’amitié de Bruno Crémer, lors de l’apparition à l’écran de Marie-France Pisier, lors de scènes inoubliables (comme celle d’ « Itinéraire d’un enfant gâté », une de mes préférés, ou comme celle de la fin du « Professionnel » avec Robert Hossein)...ou lorsque Delon dit que la différence entre eux se résume au fait que si Belmondo passe sa tête hors du train tout le monde rit, et reste impassible s’il s’agit de lui.

    Le documentaire fait défiler sa carrière à travers des extraits de ses films mêlés avec les témoignages d’acteurs de sa génération et d’aujourd’hui, le tout accompagné par une voix-off signée Jean Dujardin, le film commençant par Belmondo qui va assister lui-même au film de sa vie d’acteur (et le documentaire s’y cantonne strictement et c’est tant mieux), étrange mise en abyme puisque nous-mêmes voyions le film en sa compagnie. De temps, à autre, je ne pouvais m’empêcher de me retourner pour voir ses réactions, deux rangs derrière moi, assis à côté de Claudia Cardinale, comme l’était Alain Delon, dans cette même salle, pour la projection de la version restaurée du « Guépard » l’an passé. Tandis que, l’un, l’année dernière, Alain Delon, avait le visage grave et soucieux, Belmondo avait à nouveau ce visage d’enfant ébloui et amusé de ses propres blagues, échangeant des sourires complices avec Claudia Cardinale, radieuse. Que pouvait-il bien penser, en voyant défiler tous ces témoignages d’amitié, en se voyant effectuer les cascades les plus improbables, en revoyant tous ces extraits sans doute associés pour lui à tant de souvenirs ? Que pouvait bien penser Claudia Cardinale, voyant ce film, qui d’une certaine manière, à l’image du « Guépard » de Visconti, l’an passé, lui montrait l’évanouissement d’un monde, la fin d’une époque ? C’était à la fois joyeux (le festival voulait faire de cet hommage une fête et il l’a été) et douloureux, au souvenir de sa lente montée vers la scène qui contrastait tellement avec ses cascades spectaculaires sur l’écran, et qui résonnait parfois comme un hommage posthume à cet acteur qui, aujourd’hui encore incarne tellement la vie, « foudroyant de vie et d’amitié ». Comment ne pas être nostalgique aussi en revoyant tous ces comédiens comme Gabin dans l’inénarrable scène de « Un singe en hiver »… ?

    Cannes ne pouvait pas ne pas rendre hommage à celui qui résume finalement ce festival qui sait concilier cinéma d’auteur et cinéma populaire. Un grand moment, vraiment. Merci Cannes. Merci M.Belmondo. Merci Jeff Domenech (qui, auparavant travaillait dans la restauration rapide à Grasse, très cinéphile et proche de Lautner et qui, avec Vincent Perrot a monté ce projet que leur envie certainement plus d’un réalisateur) pour ce documentaire qui m’a replongée dans le cinéma que j’aime et qui m’a fait aimer le septième art, un documentaire malheureusement trop court (les extraits donnant envie de revoir tous ses films !). Je crois que je garderai longtemps le souvenir de ce géant du cinéma au regard et au sourire d’un enfant malicieux qui n’a pas dit son dernier mot et qui semble déjà songer à sa prochaine blague ou pirouette. En revoyant ces archives Belmondo aurait déclaré à Vincent Perrot que cela lui avait donné envie de remonter sur scène. Si seulement…

    Pour clore cet hommage, cliquez ici pour retrouver ma critique de « Borsalino » de Jacques Deray et retrouvez ma critique de la Sirène du Mississippi, ci-dessous.

    Critique de"La Sirène du Mississipi" de François Truffaut (1969): entre joie et souffrance...

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    Après « Baisers volés » (1969) et « La Femme d’à côté » (1981), pour cet hommage à Jean-Paul Belmo,do, je poursuis également le cycle consacré à François Truffaut sur inthemoodforcinema.com, en remontant un peu dans le temps, avec « La Sirène du Mississipi », un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.

     

    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion. Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance. Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

     

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    Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississipi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague. Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

     

    Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississipi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

     

    Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississipi) notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississipi » porte déjà les prémisses.

     

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississipi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

     

    A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

     

    A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin, Marion aurait pu dire à Louis : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

     

    Enfin ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

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    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

     

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississipi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme récemment Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées ».

     

    « La Sirène du Mississipi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.

     

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississipi »:

     

    « - Quand je te regarde, c'est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.

    - C'est une joie et une souffrance.''

     

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississipi ».

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    Le communiqué de presse sur le livre "Du rêve la réalité" de Jeff Domenech:

    C’est l’histoire d’un gamin de Marseille qui réalise son rêve à quarante ans.

    C’est l’histoire d’un fan qui entre dans le cercle intime de l’une des plus grandes stars du cinéma français.

    C’est l’histoire d’un ancien serveur dans une chaine de fast-food qui devient auteur et produc­teur d’un documentaire diffusé en prime-time sur France 2.

    Jeff Domenech est depuis toujours incondition­nel de Jean-Paul Belmondo. Il aime autant sa décontraction insolente dans À bout de souffle que son goût des cascades dans Peur sur la ville ou son tempérament comique dans L’as des as. Il a toujours rêvé de le rencontrer. Il va faire mieux : le convaincre de participer à un film retraçant sa carrière.

    Rien ne le prédisposait pourtant à pareille réussite : entré comme serveur chez Mc Donald’s, devenu directeur de la succursale de Grasse, dans les Alpes Maritimes, il n’avait aucun rapport avec le monde du cinéma. Mais Jeff Domenech est de ces hommes qui savent saisir les opportunités : il deviendra ami avec le réalisateur Georges Lautner qui lui présentera son légendaire interprète de Flic ou voyou.

    Comment devient-on ami avec une star ? Comment vit Jean-Paul Belmondo au quotidien ? Quel homme est-il ? Comment réussit-on à convaincre les plus grands stars françaises de participer à un tel projet ? A travers les coulisses d’un documentaire exceptionnel, ce livre est une manière de découvrir Jean-Paul Belmondo dans son intimité et sa simplicité chaleureuse. Une manière aussi pour Jeff Domenech de dire : tout est possible, il suffit d’y croire.

    L’auteur

    Entré comme serveur en 1989 au Mc Donald’s de Marseille, Jeff Domenech a gravit tout les échelons de responsabilités de la chaîne internationale de restauration rapide jusquà diriger le restaurant de Grasse qu’il quittera en Janvier 2011 pour se consacrer exclusivement à l’écriture et à la production audiovisuelle.

    Son premier documentaire en tant qu’auteur et producteur avec Vincent Perrot qui en est aussi le réalisateur, Belmondo, Itinéraire est projeté au Festival de Cannes, dans le cadre d’un hommage à Jean-Paul Belmondo, le mardi 17 mai et diffusé le même jour en prime time dans le cadre d’une soirée spéciale Jean-Paul Belmondo sur France 2.

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  • L'affiche du 65ème Festival de Cannes en hommage à Marilyn Monroe

     

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    C'est la première information concernant le 65ème Festival de Cannes (dont nous savons seulement pour l'instant que son jury sera présidé par Nanni Moretti) que je vous dévoile avec plaisir: l'affiche qui rend un bel hommage à Marilyn Monroe, disparue il y a 50 ans déjà, une sublime photo en noir et blanc de celle-ci dans l'habitacle d'une limousine, après la photo de Faye Dunaway prise par Jerry Schatzberg en 1970  qui figurait sur l'affiche du festival l'an passé.

     Celle-ci, les yeux baissés, comme une invitation douce et langoureuse au rêve, souffle une bougie. Une affiche à la fois gracieuse et épurée réalisée à partir d'une photo de l'actrice faite par Otto L. Bettmann. Symbole mythique du cinéma, symbole moderne et intemporel, mélange de glamour et de fragilité, et réconciliant cinéphiles et grand public. Marilyn... A la fois sophistiquée et simple. Fragile et complexe. Elegante et à fleur de peau. Le symbole idéal pour le Festival de Cannes qui concilie si bien ces beaux paradoxes. Et puis Marilyn souffle une bougie, une manière de nous rappeler que ce festival, un autre mythe, fêtera ses 65 ans, et qu'il découvre et célèbre le cinéma d'aujourd'hui aussi bien que celui d'hier (à travers Cannes Classics notamment). 

    Voilà une belle image et de beaux symboles qui annoncent le meilleur pour cette édition 2012 que je vous ferai suivre comme chaque année sur http://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodforcinema.com et sur mon nouveau site http://inthemoodlemag.com et sur mon compte twitter dédié http://twitter.com/moodforcannes .

    Marilyn Monroe est actuellement à l’honneur dans le biopic « My week with Marilyn » qui sortira en France le 4 Avril. 

     Voici le communiqué de presse du festival:

    "Cinquante ans après sa disparition, Marilyn demeure l’une des figures majeures du cinéma mondial, référence éternelle et résolument contemporaine de la grâce, du mystère et de la séduction.
    Chacune de ses apparitions éveille l’imagination. Surprise ici dans un moment d’intimité où la mythologie rejoint la réalité, Marilyn célèbre un anniversaire qui pourrait être celui de Cannes. Elle nous ensorcelle d’un geste qui se fait promesse, d’un souffle en forme de baiser.
    Cette rencontre, entre la parfaite incarnation du glamour et le Festival qui en est le temple, figure un idéal de simplicité et d’élégance.
    L’agence Bronx (Paris) a réalisé l’affiche à partir d’une photo d’Otto L. Bettmann (©Corbis/Bettmann) et signera toute la création graphique du Festival 2012."

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  • Critique de « Oss 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, ce soir, sur M6

    Après le triomphe de "The Artist" de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin aux Oscars, je vous suggère de revoir leur précèdent film ensemble, ce soir, sur M6, à 20H50 ainsi que mes vidéos de ces derniers lors de l'avant-première.

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    Nous ne sommes donc plus en Egypte en 1955 comme dans "OSS117: Le Caire, nid d'espions" mais une décennie plus tard, plus exactement en 1967, au Brésil, à Rio. En France, De Gaulle et Pompidou ont remplacé Coty et Faure. Douze ans après, OSS 117 (Jean Dujardin) reprend donc du service, cette fois lancé à la poursuite, non pas du diamant vert, mais d’un microfilm compromettant pour l’Etat français. Il va alors devoir faire équipe avec une séduisante jeune femme, lieutenant-colonel du Mossad, Dolorès (Louise Monod) pour capturer un nazi maître chanteur.

     

    Hubert Bonisseur de la Bath est désormais affublé du ravissant pseudonyme de Noël Flantier mais il n’a rien perdu de ses costumes et de son attitude surannés, ni de sa misogynie, de son racisme et de toutes ses autres tares légendaires (la pire affliction qu’on puisse lui reprocher étant pour lui la première !) qui, vues sous le prisme du premier degré ou maladroitement mises en scène et interprétées, pourraient être consternantes, voire dangereuses. Ce n’est heureusement pas le cas. D’abord parce que, ici, on présuppose l’intelligence du spectateur qui saura rire du personnage principal et non rire avec, contrairement à la majorité des comédies qui n’osent pas prendre ce « risque » . Aussi parce que les réactions, de consternation le plus souvent, de ceux qui lui font face désamorcent l’abjection de ses propos (ici Louise Monod, malheureusement moins nuancée dans son jeu que Bérénice Béjo, peut-être aussi, parce que son personnage est moins riche et moins construit) . Et même si le film n’est pas militant et même s’il est foncièrement politiquement incorrect, c’est finalement peut-être beaucoup plus efficace, contre le racisme et l’antisémitisme et toutes autres formes de bêtises, que le film d’Etienne Chatillez, « Agathe Cléry » sorti la même année, qui avait totalement manqué son objectif,... à condition évidemment d’être mis sous des yeux clairvoyants.

    Ensuite, la mise en scène est toujours aussi réjouissante, imprégnée cette fois de l’atmosphère des années 60, de ses couleurs acidulées, usant et abusant du split screen (mais ici à bon escient puisque cela devient un instrument du comique) mais aussi des références cinéphiliques. Lors du débat qui avait suivi Michel Hazanavicius avait même avoué avoir « pillé » certains films, évoquant ainsi « Sueurs froides » auquel il est explicitement fait référence. La spectaculaire scène du dénouement au sommet du Christ du Corcovado que je vous laisse découvrir semble, quant à elle, directement inspirée de celle de la « Mort aux trousses » sur le Mont Rushmore, et les scènes de poursuite semblent suivre l’enseignement d’Hitchcock dans le film précité qui avait inversé les codes de la course poursuite, se déroulant jusque-là la plupart du temps dans une rue étroite et sombre.

    On ne peut évidemment pas ne pas penser à « L’Homme de Rio » tant Jean Dujardin rappelle Belmondo, conciliant sens de l’action, du comique, qualité de jeu, et bénéficiant du même capital sympathie auprès du public, et ne s’économisant d’ailleurs pas, lui non plus, pour le conquérir. (Voir vidéos ci-dessous). Comme Belmondo, à une époque où les films se faisaient sur son nom et où les titres reflétaient cette importance, là aussi, le film semble ne pas avoir de raison d'être sans Jean Dujardin qui lui insuffle son énergie débordante. Sans doute faut-il énormément d’intelligence pour interpréter avec autant de vraisemblance et d’apparente conviction un personnage aussi stupide, sans pour autant lui rendre le spectateur totalement hostile. Il n’économise ni ses rictus, ciselés, ni ses soulèvements de sourcils, ni ses silences, ni ses incoercibles rires gras, trouvant toujours la note juste pour contribuer à une partition à la fois baroque et sans fausse note et il montre une nouvelle fois la large pallette de son talent à ceux qui en douteraient encore après tous les prix qu'il vient de recevoir pour "The Artist". 

    Si certaines répliques sont particulièrement décapantes, c’est donc à mon avis dans le jeu de Jean Dujardin aux frontières du burlesque, mais aussi dans l’absurde de certaines situations et dans leur caractère inattendu que cet OSS est le meilleur (scène de l’hôpital puis du « jardinier » etc), quand le comique n’est pas annoncé par des roulements de tambour et arrive subrepticement. C’est en cela qu’il diffère peut-être le plus du premier volet dont , pour le reste, il épouse la structure, quasiment à l’identique, avec cependant des personnages féminins moins présents, moins écrits, plus secondaires.

    Le spectateur est transporté dans un ailleurs temporel et spatial qui contribuent aussi à son plaisir et à son dépaysement et à l’embarquer dans cette aventure fantasque des plages et extraordinaires paysages de Rio aux forêts amazoniennes.

    Le seul bémol concerne le scénario, signé Jean-François Halin et Michel Hazanavicius. Si Michel Hazanavicius s’est vraisemblablement là aussi inspiré d’Hitchcock pour le MacGuffin (objet matériel et généralement mystérieux qui sert de prétexte au développement de l’action du film)-ici le microfilm-, chez Hitchcock le parfait enchaînement des scènes grâce à un scénario exemplaire nous le fait, toujours, totalement oublier, ici nous avons davantage la sensation d’une succession de saynètes sans réel but défini. Le rythme soutenu, la qualité de l’interprétation, de la mise en scène, des décors et des dialogues parviennent néanmoins à rendre ce défaut anecdotique et à nous emporter dans ces rocambolesques et absurdes aventures brésiliennes.

    A l’heure où les comédies sont de plus en plus formatées, suivant les demandes des chaînes de télévision mais aussi une demande (probablement à tort) présupposée du public, cet hymne au politiquement incorrect, grâce à l’intelligence de la mise en scène et de l’interprétation transforment ce qui aurait pu être un simple film potache en un salutaire divertissement, malin et de qualité.

     

    Vidéos de la soirée au Forum des Images:

     

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : A VOIR A LA TELEVISION : CRITIQUES DE FILMS Pin it! 2 commentaires
  • Palmarès des Oscars 2012 : le triomphe mérité de "The Artist" de Michel Hazanavicius et de Jean Dujardin

     

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    Je ne peux pas m'empêcher de songer à cette première projection cannoise de "The Artist" qui m'avait émue, bouleversée, enthousiasmée, aux larmes alors de Jean Dujardin, à l'enthousiasme du Grand Théâtre Lumière, à la sensation alors d'avoir découvert une pépite cinématographique. Entre-temps le film aura récolté des récompenses partout, des Bafta aux Goya, avant ce couronnement historique aux Oscars. An american dream. Cette nuit la cérémonie des Oscars m'a donnée des frissons comme le film il y a quelques mois, une sorte de mise en abyme l'un et l'autre étant un hommage sublime au cinéma. Et quel parcours pour Jean Dujardin qui entre dans l'Histoire en étant le premier acteur français à recevoir l'Oscar du meilleur acteur et qui prouve qu'à force de talent, de ténacité, de passion, tout devient possible. Un beau pied-de-nez aussi à ceux qui clament sans cesse la supériorité du cinéma américain sur le cinéma français alors que le premier vient de s'incliner devant le second. "The Artist" repart donc avec 5 Oscars après ses 6 César: meilleur film, meilleur acteur, meilleur réalisateur, meilleure musique, meilleurs constumes. Dommage pour Bérénice Béjo qui a heureusement obtenu le César (cliquez ici pour lire mon article sur la cérémonie vécue en direct) vendredi dernier. Les César auront donc été les seuls à ne pas reconnaître l'incroyable performance de Jean Dujardin. Sans commentaires. Je me réjouis également du prix du scénario pour "Minuit à Paris" de Woody Allen, un des meilleurs films de cette année 2011, également un hommage au pouvoir de l'imaginaire, finalement à l'image des deux grands vainqueurs de cette 84ème cérémonie: "The Artist" et Hugo Cabret de Scorsese.  Je vous invite à retrouver ma critique de "The Artist" en bas de cet article et le palmarès, ci-dessous.

    PALMARES DES OSCARS 2012

    Meilleur film

    The Artist de Michel Hazanavicius

     Meilleure actrice

     Meryl Streep – La Dame de Fer

     Meilleur acteur

    Jean Dujardin - The Artist

     Meilleur réalisateur

    Michel Hazanavicius (The Artist)

     Meilleur second rôle masculin

    Christopher Plummer - Beginners

     Meilleur second rôle féminin

    Octavia Spencer – La Couleur des sentiments

     Meilleur Scénario original

    Minuit à Paris - Woody Allen

     Meilleur Scénario adapté

    The Descendants - Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash

     Meilleur film en langue étrangère

     Une Séparation d'Asghar Farhadi (Iran)

     Meilleur film d'animation

    Rango de Gore Verbinski

      Meilleure photographie

    Robert Richardson pour Hugo Cabret

      Meilleure direction artistique

    Dante Ferretti et Francesca Lo Schavio pour Hugo Cabret

     Meilleurs costumes

    Mark Bridges pour The Artist

     Meilleur documentaire

    Undefeated de TJ Martin, Dan Lindsay, and Richard Middlemas

     Meilleur court-métrage documentaire

    Saving Face de Daniel Junge et Sharmeen Obaid-Chinoy

     Meilleur court-métrage

    The Shore de Terry George et Oorlagh George

     Meilleur montage

    Angus Kirk et Kirk Baxter pour Millenium

     Meilleur maquillage

    Mark Coulier et J. Roy Helland pour La dame de fer 

    Meilleure musique originale 

    Ludovic Bource pour The Artist

      Meilleure chanson originale

    Man or Muppet (Les Muppets)

     Meilleur mixage

    Tom Flesichmann et John Midgley pour Hugo Cabret

     Meilleur montage son

    Philip Stockton et Eugene Gearty pour Hugo Cabret

     Meilleurs effets spéciaux

    Rob Legato, Joss Williams Ben Grossmann et Alex Henning pour Hugo Cabret

     Meilleur court-métrage d’animation

    The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore de William Joyce and Brandon Oldenburg

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius


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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.


     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.


     

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi, lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".


    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du Numérique.


     

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).


    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer. Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.


    Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

     

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.


    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le primant, le Festival de Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     

    « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films aussi différents et marquants que « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.


    Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz


    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius


    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia


    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

     

    Critique de "Minuit à Paris" de Woody Allen

     

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    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 2 commentaires
  • En attendant le palmarès des Oscars 2012 et le potentiel triomphe de "The Artist": direct, nominations, critiques...

    Deux jours après les César dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu et la palmarès complet en cliquant ici, place aux Oscars que vous pourrez suivre à partir de 2H25 sur Canal plus mais aussi sur internet: sur Watch-oscar-online.com ou encore sur Facebook, sur Twitter et YouTube, sur la chaîne officielle des Oscars.

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    Comme les Golden Globes le laissaient espérer,   "The Artist" a récolté 10 nominations aux Oscars, autant que pour les César. A Los Angeles, cette nuit, le film de Michel Hazanavicius sera en lice  pour le meilleur film, le meilleur réalisateur, le meilleur scénario original, le meilleur acteur, la meilleure actrice de second rôle, la meilleure musique, le meilleur montage, la meilleure photographie, les meilleurs costumes et décors.

    S'il obtenait l'Oscar, Jean Dujardin serait le premier acteur français à être récompensé de l'Oscar du meilleur acteur (même si des actrices ont obtenu l'Oscar de la meilleure actrice: Marion Cotillard en 2008 pour "La Môme" et Simone Signoret en 1960 pour "Les chemins de la haute ville") alors que, déjà, c'est une pluie de récompenses pour ce film (dont un Golden Globe du meilleur acteur et un prix d'interprétation à Cannes pour Jean Dujardin mais aussi le Goya du meilleur film européen, 7 Bafta, 3 Golden Globes...) qui vient par ailleurs de triompher au Festival du Cinéma indépendant de Californie et qui est d'ores et déjà le film français de l'Histoire du cinéma le plus nommé aux Oscars.

    Face à Jean Dujardin: George Clooney, Brad Pitt, Gary Oldman, Demian Bichir. La compétition sera donc palpitante. C’est aussi la première fois qu’un film français est nommé comme meilleur film et meilleur réalisateur aux Oscars.

    Le film a récolté six César sur dix nominations. Jean Dujardin a malheureusement été l'oublié du palmarès, Omar Sy ayant obtenu le César du meilleur acteur. Dommage et assez absurde étant donné que le succès du film repose en grande partie sur lui. Souhaitons-lui d'entrer dans l'Histoire cette nuit, après une campagne qui a duré tout l'automne avec l'appui du producteur Harvey Weinstein dont le flair cinématographique (et l'influence) n'est plus à prouver qui avait acheté les droits dès le Festival de Cannes.

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011

     

    Un succès amplement mérité pour "The Artist" dont je me réjouis d'autant plus que j'avais eu un énorme coup de coeur pour ce film dès sa première projection cannoise et d'autant plus compréhensible que "The Artist" (dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici) est un vibrant hommage au cinéma (et au cinéma américain), à sa magie étincelante, à son histoire.  Jean Dujardin confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage...un rôle qui le fait d'ores et déjà entrer dans l'Histoire du cinéma avec, nous lui souhaitons, l'apothéose à Los Angeles, ce 26 février.

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    Avec 10 nominations, "The Artist" est devancé d'une nomination par "Hugo Cabret" de Scorsese.

    Je me réjouis également des trois nominations pour Woody Allen avec "Minuit à Paris "(meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original), également un film hommage au pouvoir de l'imaginaire...et d'une certaine manière au cinéma, un film un peu oublié qui est pourtant un de mes grands coups de coeur de cette année 2011 et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici.

    On remarquera également l'absence incompréhensible de Leonardo DiCaprio pour "J.Edgar" de Clint Eastwood (raison de date de sortie?), décidément maudit des Oscars après celui qui aurait dû lui revenir pour "Shutter island" de Martin Scorsese.

    Vous pourrez bien entendu retrouver le palmarès des César 2012 ici et sur mon nouveau site http://inthemoodlemag.com . En attendant, retrouvez mes critiques de quelques films nommés aux Oscars en bas de cet article.

    NOMINATIONS OSCARS 2012

    Meilleur film

     

    The Artist de Michel Hazanavicius

     

    The Descendants d' Alexander Payne

     

    La Couleur des sentiments de Tate Taylor

     

    Le stratège de Bennett Miller

     

    Cheval de guerre de Steven Spielberg

     

    The Tree of life de Terrence Malick

     

    Minuit à Paris de Woody Allen

     

    Extrêmement fort et incroyablement près de Stephen Daldry

     

    Hugo Cabret de Martin Scorsese

     

    Meilleur réalisateur

     

    Michel Hazanavicius (The Artist)

     

    Martin Scorsese (Hugo Cabret)

     

    Alexander Payne (The descendants)

     

    Woody Allen (Minuit à Paris)

     

    Terrence Malick (The tree of life)

     

    Meilleur acteur

     

    Brad Pitt – Le stratège

     

    Gary Oldman – La Taupe

     

    George Clooney - The Descendants

     

    Jean Dujardin - The Artist

     

    Demian Bechir - A better life

     

    Meilleure actrice

     

    Meryl Streep – La Dame de Fer

     

    Michelle Williams - My Week With Marilyn

     

    Viola Davis – La Couleur des sentiments

     

    Glenn Close - Albert Nobbs

     

    Rooney Mara - Millenium

     

    Meilleur second rôle masculin

     

    Christopher Plummer - Beginners

     

    Jonah Hill – Le Stratège

     

    Kenneth Branagh - My Week With Marilyn

     

    Nick Nolte - Warrior

     

    Max Von Sidow - Extrêmement fort et incroyablement près

     

    Meilleur second rôle féminin

     

    Bérénice Bejo - The Artist

     

    Jessica Chastain – La Couleur des sentiments

     

    Melissa Mccarthy – Mes Meilleures amies

     

    Octavia Spencer – La Couleur des sentiments

     

    Janet McTeer- Albert Nobbs

     

    Meilleur Scénario original

     

    The Artist - Michel Hazanavicius

     

    Mes Meilleures amis - Annie Mumolo, Kristen Wiig

     

    Minuit à Paris - Woody Allen

     

    Margin Call - JC Chandor

     

    Une séparation - Asghar Farhadi

     

    Meilleur Scénario adapté

     

    The Descendants - Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash

     

    La Taupe - Bridget O'Connor, Peter Straughan

     

    Hugo Cabret - John Logan

     

    Le stratège - Steve Zaillant et Aaron Sorkin

     

    Les marches du pouvoir - George Clooney et Grant Heslov

     

    Meilleur film en langue étrangère

     

    Sous terre de Agnieszka Holland (Pologne)

     

    Bullhead de Michael R. Roskam (Belgique)

     

    Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau (Canada)

     

    Une Séparation d' Asghar Farhadi (Iran)

     

    Footnote de Joseph Cedar (Israël)

     

    Meilleur film d'animation

     

    Rango de Gore Verbinski

     

    Une vie de chat

     

    Chico et Rita

     

    Kung Fu Panda 2

     

    Le chat potté

     

    Meilleure technique cinématographique

     

    Guillaume Schiffman - The Artist

     

    Jeff Cronenweth - Millenium

     

    Robert Richardson - Hugo Cabret

     

    Emmanuel Lubezki - The Tree of Life

     

    Janusz Kaminski - Cheval de Guerre

     

    Meilleure direction artistique

     

    The Artist

     

    Harry Potter et les Reliques de la Mort - Partie 2

     

    Hugo Cabret

     

    Cheval de Guerre

     

    Meilleurs costumes

     

    Anonymous

     

    The Artist

     

    Hugo Cabret

     

    Jane Eyre

     

    W.E

     

    Meilleur documentaire

     

    Hell and back again

     

    If a tree falls

     

    Paradise Lost 3 : purgatory

     

    Pina

     

    Undefeated

     

    Meilleur court-métrage documentaire

     

    The barber of Birmingham

     

    God is the bigger Elvis

     

    Incident in New Baghdad

     

    Saving Face

     

    The Tsunami and the Cherry Blossom

     

    Meilleur court-métrage

     

    Pentecost

     

    Raju

     

    The Shore

     

    Time Freak

     

    Tuba Atlantic

     

    Meilleur montage

     

    The Artist

     

    The descendants

     

    Millenium

     

    Hugo Cabret

     

    Le stratège

     

    Meilleur maquillage

     

    Albert Nobbs

     

    Harry Potter et les Reliques de la Mort 2

     

    La dame de fer

     

    Meilleure musique originale

     

    Ludovic Bource pour The Artist

     

    John Williams pour Tintin et les secret de la Licorne

     

    Howard Shore pour Hugo cabret

     

    Alberto Iglesias pour La taupe

     

    John Williams pour Cheval de Guerre

     

    Meilleure chanson originale

     

    Man or Muppet (Les Muppets)

     

    Real in Rio (Rio)

     

    Meilleur mixage

     

    Millenium

     

    Hugo Cabret

     

    Le stratège

     

    Transformers 3

     

    Cheval de Guerre

     

    Meilleur son

     

    Drive

     

    Millenium

     

    Hugo Cabret

     

    Transformers 3

     

    Cheval de Guerre

     

    Meilleurs effets spéciaux

     

    Harry Potter 7 - partie 2

     

    Hugo Cabret

     

    Real Steel

     

    La planète des singes origines

     

    Transformers 3

    CRITIQUES DES FILMS EN LICE

    Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius

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    Critique de "Minuit à Paris" de Woody Allen

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    Critique de "Cheval de guerre" de Steven Spielberg

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    Critique de "Les marches du pouvoir" de George Clooney

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    Critique "Harry Potter et les reliques de la mort" (2)

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    Critique de "Drive" de Nicolas Winding Refn

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  • Palmarès et compte-rendu de la cérémonie des César 2012 vécue en direct du Théâtre du Châtelet

     

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    Les César. (Au passage, et une fois pour toutes, sans s). Cette cérémonie que je regarde depuis ma plus tendre enfance, quoiqu’il arrive, alors fébrile, attendant avec impatience la fête de ce cinéma français à l’origine de ma passion pour le septième art et qui m’apparaissait comme un moment magique, électrique, dénué de ce cynisme et cet orgueil ravageurs dont j’ignorais alors à quoi point ils peuvent y régner en maîtres. Je ne sais pas qui de ma mémoire ou de ma vision de la réalité me trahissent mais cela me semble avoir bien changé, pourtant même s’il est de bon ton d’être désabusé et de regarder la cérémonie, ou  d’y aller, en étant blasé, je n’ai pas boudé mon plaisir d’être invitée pour la quatrième fois là où est censé battre le cœur du cinéma français, même si de battre son cœur semble parfois s’être arrêté au regard des baisses de rythme de la cérémonie et pas seulement en raison de l’absence de Jacques Audiard (et de d’ailleurs beaucoup de réalisateurs, acteurs, auteurs du cinéma français).

     

    19h. Je me dirige vers l’antre de la cérémonie, le théâtre du Châtelet, impatiente, au regard du suspense de cette cérémonie qui reflète l’éclectisme et la qualité de cette année cinématographique 2011 exceptionnelle pour le cinéma français. Les projecteurs illuminent la place du Châtelet et la rendent presque méconnaissable. La foule se presse déjà en nombre pour assister à l’arrivée des invités. Un petit air de fête et de Cannes en plein Paris à trois mois du festival mais alors que Cannes, justement, met à l’honneur les artistes, le paradoxe de cette soirée qui a récompensé un film qui est un hommage au cinéma et aux artistes est de, parfois, un peu les oublier pour privilégier le média qui retransmet la cérémonie. L’accueil est toujours souriant et une fois les manteaux déposés au vestiaire, tandis que le direct de Canal plus avec Laurent Weil se prépare dans le hall, les invités peuvent déambuler comme ils le veulent entre les différents étages pour profiter du cocktail (un à chaque étage), pendant les deux heures qui précèdent la cérémonie. Avoir cet élément en tête permet de considérer différemment la cérémonie et l’attitude improbable de certains remettants…

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    Je croise les discrets Ariane Ascaride et Robert Guédiguian tandis que d’autres manifestent avec beaucoup trop de tapage leur indifférence à la cérémonie pour qu’elle soit sincère. Joeystarr sirote je ne sais quel breuvage armé de ses lunettes de soleil dont il semble ne jamais se départir. Des présentateurs, des journalistes, des sportifs et des « professionnels de la profession » se pressent au premier étage, bondé, dont certains d’entre eux sans doute diront qu’ils se sont mortellement ennuyés et que ces cérémonies se ressemblent toutes tout en ne manquant pas d’y marquer leur présence. Tandis que la foule se presse dans le hall où arrivent les nommés, je vais faire un petit tour sur le toit pour admirer la vue vertigineuse sur la foule en contrebas et sur Paris.

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    20H15 à peine et on sonne déjà la fin de la récréation alors que la cérémonie est à 21H.  Les invités prennent place jusqu’à la dernière minute, pour certains bien égayés. La lumière s’éteint. Je constate que, comme l’an passé, mes tweets ne passent pas. C’est tant mieux. Je n’ai finalement pas envie de me joindre à cette bataille de bons mots qui me font penser au « Ridicule » de Patrice Leconte, une bataille dans laquelle l'autre n'est alors qu'un faire-valoir et qu'importe si, pour briller, sauver la face, il faut l'anéantir en le ridiculisant. Comme dans le film, le langage devient l'arme de l'ambition, surtout du paraître car « le bel esprit ouvre des portes » mais « la droiture et le bel esprit sont rarement réunis ».

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    Mais revenons à la cérémonie. Cela commence bien par le montage vraiment réussi qui met Antoine de Caunes en scène dans des films en lice et qui fait débuter la cérémonie sous le signe de la bonne humeur et de la célébration du cinéma. La salle applaudit avec enthousiasme. Guillaume Canet, Président des César 2011 ouvre la cérémonie, semble-t-il un peu tendu et avec une certaine humilité, évoquant notamment cette année record pour le cinéma français (215 millions d’entrées) à l’ère du téléchargement. Puis le petit numéro de danse de Joeystarr et Antoine de Caunes qui rappelle une scène mémorable de « Polisse » (musique « Stand on the word » de Keedz qui vous quitte difficilement) achève de dérider la salle. Cela semble décidément bien parti. Antoine de Caunes annonce une soirée sous le signe du « glumour », du glamour et de l’humour…Espérons.

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    Cela commence également bien côté prix, pour le prix du meilleur espoir féminin, avec un prix ex-aequo pour les deux comédiennes que je souhaitais voir récompensées: Naidra  Ayadidans « Polisse » et Clotilde Hesme dans « Angèle et Tony ». Deux prix remis par Tahar Rahim, premier acteur à avoir obtenu à la fois le César du meilleur acteur et du meilleur espoir masculin pour « Un prophète » dde Jacques Audiard (ce n’est désormais plus possible, le règlement ne permettant plus qu’un même acteur soit nommé pour ces deux prix) avec son élégance discrète habituelle.

     

     Puis, c’est également celui qui selon moi méritait le prix du meilleur second rôle qui reçoit le César en question : Michel Blanc dans « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller, visiblement touché qui, modestement, déclare notamment « je n’étais pas sûr que vous m’aimiez dans ces rôles-là » avant de conclure par un enthousiaste et obamaesque « Yes we can ! ». Formidable dans « L’Exercice de l’Etat », il y  interprète notamment une des plus belles scènes du film, lorsque celui-ci écoute le discours d’André Malraux sur Jean Moulin, presque avec ferveur, comme le témoignage d’un idéalisme révolu, le sien, et qui sera broyé avec une ferme et impitoyable douceur.  Nommé pour la 8ème fois aux César dans diverses catégories, il l’obtenait ainsi pour la première fois. Il avait déjà prouvé à quel point il peut être extraordinaire dans des rôles en retenue ou dramatiques comme dans « Monsieur Hire » de Patrice Leconte. « L’Exercice de l’Etat » a reçu au total trois César dont celui du meilleur scénario original et meilleur son (sur ses onze nominations).

     

    Passons sur la prestation désastreuse de Mathilde Seigner qui a eu le tact de vouloir faire monter sur scène Joeystarr nommé face à Michel Blanc pour son rôle dans « Polisse » tant en spécifiant qu’elle aurait préféré que le premier obtienne le César. La cérémonie des César ne serait plus la cérémonie des César sans ses habituels dérapages (comme Sara Forestier l’an passé qui s’est plutôt bien débrouillée cette année en faisant preuve d’autodérision).

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    La cérémonie suit ensuite son cours, manquant parfois de rythme.  Antoine de Caunes fait des plaisanteries plus ou moins inspirées (il y aurait 7 auteurs pour la cérémonie…) comme celle sur l’haleine avec cette pauvre Valérie Bonneton aussi radieuse que talentueuse qui a dû se prêter au jeu, comme l’intervention un peu longue de Julie Ferrier sans oublier l’humour très lourd de Laurent Lafitte avec son « César du meilleur français dans une actrice américaine » sans oublier enfin la présence  incongrue et même incompréhensible de Mathieu Kassovitz en remettant alors que celui-ci avait copieusement insulté l’Académie et le cinéma français et qui vient d’ailleurs de récidiver sur cet excellent site que je vous recommande au passage, Newsring, dans un article sidérant de mépris pour la profession. Selon lui notamment « «Polisse» tu fais une affiche normale tu fais pas deux millions d'entrées. », «  J'aurais applaudi «Polisse» des deux mains s'il y avait pas de star dans le casting, si on l'avait joué réaliste sans star de la comédie ou du rap. » Je ne comprends pas bien en quoi le fait que des acteurs connus soient à l’affiche de « Polisse » ôte des qualités au film… Selon lui également,  « Les films nommés, si tu les regardes avec un oeil de cinéaste, c'est des téléfilms. » La longue liste de grands cinéastes récompensés aux César appréciera…et le jour où vous verrez des téléfilms muets en noir et blanc, faîtes-moi signe! J’ai aussi le souvenir de films peu formatés ou ayant fait peu d’entrées en salles récompensés aux César qui proposent par ailleurs une catégorie « meilleur premier film » et « meilleur court-métrage ». Entre ceux qui reprochent aux César de ne jamais récompenser les comédies et les films populaires et Mathieu Kassovitz qui leur reprochent l’inverse, il semblerait qu’il y ait quelques contradictions et un peu de mauvaise foi, sans doute compréhensible quand on sait l’investissement (bien sûr pas seulement financier) que représente un film et les obstacles qu’il faut franchir pour y parvenir mais je ne comprends pas bien comment on peut se dire que « les César c’est mortuaire » et, d’une certaine façon pas crédible, et en parler autant.

     

    Les prix se sont ensuite enchaînés pour « The Artist » qui repart avec six César : meilleure musique, meilleur actrice, meilleur décor, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photo. Je vous ai déjà longuement dit ici et cela dès la première projection cannoise et à quel point j’aimais ce film, et vous pouvez retrouver ma en cliquant ici critique ici.

     

    Au regard des nombreux bons films de cette année, forcément, certains ne figurent pas au palmarès ou d’autres insuffisamment. Certains regretteront l’absence de « La guerre est déclarée » qui avait pourtant reçu des récompenses dans tous les festivals où il était passé (Cabourg, Paris cinéma …). Pour ma part, je regrette celle de « La Délicatesse » (d’ailleurs dommage que François Damiens n’ait pas été nommé comme meilleur acteur), celle de « J’aime regarder les filles » pour lequel Pierre Niney était nommé pour le meilleur jeune espoir (c’est Grégory Gadebois qui l’a obtenu) mais je ne prends guère de risques en prédisant de nombreuses nominations futures pour le jeune comédien de la Comédie française. « Polisse » n’a reçu que deux César malgré ses 13 nominations qui le plaçaient en tête, deux César mérités, un César du meilleur jeune espoir féminin pour Naidra Ayadi et un César du meilleur montage pour Laure Gardette et Yann Dedet, la première  a d’ailleurs fait une belle déclaration d’amitié et d’admiration à Maïwenn, un prix là aussi mérité tant le film tire en partie sa force de son montage ingénieux.

     

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    Malgré les petites baisses de rythme, les plaisanteries de plus ou moins bon goût, c’est heureusement le cinéma qui, comme toujours, en sort vainqueur avec malgré tout, quelques beaux moments entre les deux pas de danse qui auront marqué la cérémonie, ceux de Joeystarr et Antoine de Caunes au début, ceux d’Omar Sy à la fin dont le bonheur éclatant et l’émotion en recevant son prix étaient communicatifs même si j’aurais préféré que ce prix revienne à Jean Dujardin. Je vous ai déjà dit également à quel point il était extraordinaire dans ce rôle.  Son personnage est bien sûr un hommage au cinéma d’hier, son personnage étant un mélange réussi de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane, un personnage flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps qui fait passer dans son une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Ironie de l’histoire : c’est Nicole Garcia qui a remis le César du meilleur acteur, elle qui l’avait révélé en acteur dramatique dans le très beau « Un balcon sur la mer ». Récompenser le film qui repose en grande partie sur sa prestation sans le récompenser me semble absurde. Espérons vraiment qu’il recevra l’Oscar ce soir…même s’il est favori, n’oublions pas qu’il se retrouve face à George Clooney et Brad Pitt. Le film de Michel Hazanavicius y  est également en lice pour les Oscars du meilleur film, réalisateur, scénario, acteur principal, actrice de second rôle (Bérénice Bejo), musique, montage, photographie, costumes et décors. Bérénice Béjo à elle enfin été récompensée (alors que, ailleurs, c’était toujours Jean Dujardin qui recevait les récompenses et qui, d’ailleurs, avec beaucoup de fair play s’est déclaré très heureux pour elle et non déçu pour lui), bouleversée, sincère et émouvante et apportant la touche de glamour annoncée au début et qui a un peu fait défaut au reste de la cérémonie : "Je vais vous faire une confession, je le voulais ce prix, je le voulais."

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    Restent aussi l’émotion de Kate Winslet, l’émotion de la monteuse de Maïwenn mais pour moi restera surtout une image, à jamais indissociable des César, mais aussi de ce qu’ils peuvent représenter : l’inoubliable Nadia de « Rocco et ses frères », (l’affiche de cette édition des César), Annie Girardot, qui avait apporté à ce rôle toute sa candeur, sa lucidité, sa folie, son désespoir à ce personnage à la fois fort et brisé et  qu’elle avait rendu inoubliable par l’intensité et la subtilité de son jeu. Annie Girardot, bouleversante de sincérité, de bonheur et de douleur quand elle disait en recevant son César pour « Les Misérables », « Je ne sais pas si j’ai manqué au cinéma français mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement et votre témoignage, votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte ».  Une image que les César nous rediffusent régulièrement, un métier qui, peut-être, cherche à se dédouaner en honorant celle qu’il a si longtemps oubliée, ou qui se rappelle peut-être ainsi avec une cruelle ironie l’ingratitude et la violence dont il fait parfois preuve.

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    La cérémonie achevée, les lauréats posent sur scène pour la photo finale. C’est terminé, déjà. Tout le monde se précipite, pour féliciter les lauréats, ou récupérer ses vêtements au vestiaire pour ne surtout pas manquer l’arrivée au Fouquet’s. Quelques césarisés dont Carmen Maura (meilleure actrice dans un second rôle pour « Les femmes du 6ème étage ») attendent comme tout le monde avec leurs César. Dans l’escalier qui domine le vestiaire, Sylvie Testud paraît soudain triste et fragile, après sa belle assurance sur scène, et réclame son manteau au-dessus de la foule qui attend, en contrebas. Elle me rappelle cette magnifique scène de « The Artist » et le douloureux désarroi, la fade réalité lorsque les flahs s’éloignent. George Valentin (Jean Dujardin) y croise croise Peppy Miller (Bérénice Béjo) dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes. Sans doute beaucoup auront éprouvé cette mélancolie, une fois le masque d’orgueil et de gaieté ôté et la cérémonie terminée.

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    « Rappelez-vous que vous participez à ce que cet amour du cinéma reste intact » avait commencé par dire Guillaume Canet. Finalement, c’est en effet tout ce qui compte : l’amour du cinéma que célèbre si bien le grand vainqueur de cette cérémonie 2011 auquel je souhaite le même succès aux Oscars cette nuit (sachant qu’il vient encore de triompher au Festival du Cinéma indépendant en Californie). Ce cinéma que j’aime follement, éperdument, parfois aussi douloureusement, et c’est finalement cette passion intacte et tumultueuse que je retiendrai de cette cérémonie qui, malgré les quelques temps morts ou superflus au cours desquels son « cœur de battre s’est arrêté », a été à l’honneur.

      

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     Palmarès complet des César 2012

     

    Meilleure Actrice

    BÉRÉNICE BEJO dans THE ARTIST

    Meilleur Acteur

    OMAR SY dans INTOUCHABLES

    Meilleure Actrice dans un second rôle

    CARMEN MAURA dans LES FEMMES DU 6E ÉTAGE

    Meilleur Acteur dans un second rôle

    MICHEL BLANC dans L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleur Espoir Féminin (Ex Aequo)

    NAIDRA AYADI dans POLISSE

    CLOTILDE HESME dans ANGÈLE ET TONY

    Meilleur Espoir Masculin

    GRÉGORY GADEBOIS dans ANGÈLE ET TONY

    Meilleur Scénario Original

    PIERRE SCHOELLER pour L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleure Adaptation

    YASMINA REZA, ROMAN POLANSKI pour CARNAGE

    Meilleure Musique Originale

    LUDOVIC BOURCE pour THE ARTIST

    Meilleur Son

    OLIVIER HESPEL, JULIE BRENTA, JEAN-PIERRE LAFORCE pour L'EXERCICE DE L'ÉTAT

    Meilleure Photo

    GUILLAUME SCHIFFMAN pour THE ARTIST

    Meilleur Montage

    LAURE GARDETTE, YANN DEDET pour POLISSE

    Meilleurs Costumes

    ANAÏS ROMAND pour L'APOLLONIDE, SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE

    Meilleurs Décors

    LAURENCE BENNETT pour THE ARTIST

    Meilleur Réalisateur

    MICHEL HAZANAVICIUS pour THE ARTIST

    Meilleur Film de Court Métrage

    L'ACCORDEUR réalisé par Olivier Treiner produit par Thibault Gast, Matthias Weber

    Meilleur Film d'Animation

    LE CHAT DU RABBIN réalisé par Joann Sfar, Antoine Delesvaux produit par Antoine Delesvaux

    Meilleur Film Documentaire

    TOUS AU LARZAC réalisé par Christian Rouaud produit par Sandrine Brauer, Marie Masmonteil, Denis Carot

    Meilleur Film Étranger

    UNE SÉPARATION réalisé par Asghar Farhadi distribution France MEMENTO FILMS DISTRIBUTION (Alexandre Mallet-Guy)

    Meilleur Premier Film

    LE COCHON DE GAZA réalisé par Sylvain Estibal produit par Franck Chorot

    Meilleur Film

    THE ARTIST produit par Thomas Langmann réalisé par Michel Hazanavicius

    César d’Honneur

    KATE WINSLET

    Retrouvez ci-dessous, en cliquant sur le nom du film qui vous intéresse, mes critiques des films en lice et pour voir mon article complet sur les nominations, cliquez ici.

    CRITIQUES DES FILMS EN LICE

     

    « Polisse » de Maïwenn (13 nominations)

     

     

     

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    « L’Exercice de l’Etat » de Pierre Schoeller (11 nominations)

     

     

     

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    « The Artist » de Michel Hazanavicius (10 nominations)

     

     

     

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    « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf (1 nomination)

     

     

     

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    « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal ( 1 nomination)

     

     

     

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    « La Délicatesse » de Stéphane et David Foenkinos (2 nominations)

     

     

     

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    « Omar m’a tueR » de Roschdy Zem (2 nominations)

     

     

     

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    « Les Femmes du 6ème étage » de Philippe Le Guay (3 nominations)

     

     

     

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    « Pater » de Alain Cavalier (2 nominations)

     

     

     

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    « Melancholia » de Lars von Trier (1 nomination)

     

     

     

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    « Le Discours d’un roi » de Tom Hooper (1 nomination)

     

     

     

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    « Drive » de Nicolas Winding Refn (1 nomination)

     

     

     

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    “Le Gamin au vélo” de Jean-Pierre et Luc Dardenne (1 nomination)

     

     

     

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    « Carnage » de Roman Poalanski (1 nomination)

     

     

     

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