Critique de "La vie est belle" de Roberto Benigni - Mercredi 01/08/2012 à 20:40 sur Ciné+ Emotion
A ne manquer sous aucun prétexte ce Mercredi 01/08/2012 à 20:40 sur Ciné+ Emotion "La vie est belle" de Roberto Benigni dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous.

La vie est belle. Deux films. Deux chefs d’œuvre. Deux contes pour un même titre. Celui de Capra en 1946. Et celui de Benigni en 1997. J’ai choisi de vous parler du second à l’occasion de sa projection dans le cadre du Festival International du Film de Boulogne-Billancourt (dimanche, à 14H30), un festival dont je serai membre du jury, ce week end, et dont l’ouverture a lieu ce vendredi soir (retrouvez mon article avec la programmation complète, ici).
Tout le monde se souvient des remerciements émus, expansifs et débordants d’enthousiasme de Roberto Benigni se jetant aux pieds de Martin Scorsese et embrassant tout son jury pour les remercier de lui avoir attribué le grand prix du jury du Festival de Cannes 1998. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance après la polémique suscitée en amont de la projection, eu égard au sujet du film que certains, sans savoir, qualifiaient déjà de « comédie sur la Shoah ». C’était compter sans l’immense talent du cinéaste et sans sa délicatesse pour traiter de ce sujet ô combien sensible.
Roberto Benigni interprète Guido, un jeune homme fantasque qui, en 1938, rêve d’ouvrir une librairie. Il se heurte à l’administration fasciste et, en attendant, il est serveur dans un Grand Hôtel en Toscane. Tandis que la menace plane déjà, il rencontre Dora (Nicoletta Braschi), une institutrice dont il tombe immédiatement amoureux. Guido l’enlève le jour de ses fiançailles avec un bureaucrate du régime. De l’union de Dora et Guido nait un fils, Giosué. Les lois raciales sont entrées en vigueur. Juif, Guido est déporté avec son fils, alors âgé de 5 ans. Par amour pour eux, Dora demande à monter dans le train qui les emmène aux camps de la mort. A partir de ce moment, Guido va alors tout faire pour préserver son fils et lui éviter de comprendre l’inénarrable horreur en lui faisant croire que tout cela n’est qu’un jeu…
D’emblée, la voix off définit cette histoire comme un conte à la fois « douloureux » et plein de « merveilleux », désamorçant ainsi toute critique sur l’absence de réalisme ou du moins était-elle censée le faire car cela n’empêcha pas un célèbre quotidien de parler à l’époque de « comédie négationniste ». Comment peut-on commettre un tel contre-sens ? Benigni n’a en effet jamais prétendu effectuer une reconstitution historique des camps et de la Shoah mais, au contraire, un conte philosophique, une fable, qui en démontre toute la tragique absurdité.
Là réside l’incroyable intelligence de ce film : à travers les yeux de l’enfance, l’innocence, ceux de Giosué, la violente absurdité de leur situation est encore exacerbée puisqu’elle est indicible et ne peut s’expliquer que comme un jeu. Benigni ne cède pour autant à aucune facilité, son scénario et ses dialogues sont ciselés pour que chaque scène « comique » soit le masque et le révélateur de la tragédie qui se « joue ». Bien entendu, Benigni ne rit pas, et à aucun moment, de la Shoah mais utilise le rire, la seule arme qui lui reste, pour relater l’incroyable et terrible réalité et rendre l’inacceptable acceptable aux yeux de son enfant.
L’histoire se scinde ainsi en deux parties : l’histoire d’amour de Guido et Dora avec en toile de fond une critique du fascisme tourné en dérision, et le « jeu » dans le camp (« les très très méchants qui crient très fort », sont là pour « faire respecter les règles », et « on gagne des points si on se cache, si on ne pleure pas, si on ne réclame pas de goûter » et « avec 1000 points on gagne un char, un vrai ») même si les actes de Guido sont toujours guidés par son amour pour Giosue, et pour Dora, qui lui sera d’ailleurs fatal. Dès les premières minutes, la folie poétique de son personnage, époustouflant de créativité, séduit irrésistiblement. Les clés tombent du ciel. Les chiens se retrouvent sur des plateaux. Et l’amour fou de Guido lui ferait presque ignorer la triste réalité qui, déjà, assombrit le ciel toscan.
Si la première partie est traitée comme un conte de fées, la menace n’en est pas moins constamment présente. Ainsi, tel un prince de conte de fées, Guido enlève sa « princesse » sur un cheval mais un cheval sur lequel est écrit « Achtung cheval juif » tandis qu’une femme raconte avec une dramatique inconscience un problème mathématique dont la solution, pour faire des économies, consiste à éliminer les personnes hospitalisées.
Guido prend déjà la vie comme un jeu et prend aussi la place de l’inspecteur d’Académie venu expliquer « la pureté de la race » à des enfants et se transforme en un pantin ridicule illustrant toute l’absurdité de l’expression montrant à quel point le fascisme est une clownerie et un cirque pathétiques. Et quand Giosué lit sur une vitrine « Entrée interdite aux juifs et aux chiens », Guido tourne l’inacceptable stupidité en dérision en déclarant qu’il interdirait son magasin « aux araignées et aux wisigoths ».
Benigni cite ainsi Primo Levi dans “Si c’est un homme” qui décrit l’appel du matin dans le camp. « Tous les détenus sont nus, immobiles, et Levi regarde autour de lui en se disant : “Et si ce n’était qu’une blague, tout ça ne peut pas être vrai…” C’est la question que se sont posés tous les survivants : comment cela a-t-il pu arriver ? ». Tout cela est tellement inconcevable, irréel, que la seule solution est de recourir à un rire libérateur qui en souligne le ridicule. Le seul moyen de rester fidèle à la réalité, de toutes façons intraduisible dans toute son indicible horreur, était donc, pour Benigni, de la styliser et non de recourir au réalisme.
Chaque phrase a alors un double sens et n’en est que plus poignante (comme lorsque, dans le camp, Guido force son fils à aller « prendre une douche » et que l’indiscipline de ce dernier va lui sauver la vie), en ce qu’elle révèle l’ineffable mais aussi l’amour inconditionnel d’un père pour son fils. Quand il rentre au baraquement, épuisé, après une journée de travail, il dit à Giosué que c’était « à mourir de rire ». Giosué répète les horreurs qu’il entend à son père comme « ils vont faire de nous des boutons et du savon », des horreurs que seul un enfant pourrait croire mais qui ne peuvent que rendre un adulte incrédule devant tant d’imagination dans la barbarie (« Boutons, savons : tu gobes n’importe quoi ») et n’y trouver pour seule explication que la folie (« Ils sont fous »).
L’expression de négationnisme attribué par certains au film est d’autant plus erronée que si Benigni utilise l’humour, il ne nie à aucun moment toute l’horreur de la Shoah et en montre même les pires abjections : la douche, l’amas de vêtements abandonnés, et cette fumée noire, cruelle réminiscence de l’horrible et impensable réalité. Ainsi, cette scène où la musique cesse brutalement, et est remplacée par le bruit d’un vent cinglant et terrifiant, où Guido avec son fils dans ses bras se retrouve au milieu d’une fumée aveuglante et terrifiante puis face à cette brutale image des corps entassés, comme sorti d’un cauchemar, rappelant que ce « jeu » n’est là que pour le dissimuler aux yeux de son enfant. Tout cela est alors tellement irréel que même Guido, ne pouvant y croire, dira « Peut-être que tout cela n’est qu’un rêve ».
Chaque scène ou presque ajoute à l’implacable démonstration de l’absurdité de l’ignominie comme cette scène encore où Guido croit qu’un médecin allemand qu’il avait connu au Grand Hôtel va l’aider et découvre qu’il ne fait appel à lui que pour l’aider à résoudre une énigme : « Viens à mon secours, j’ai perdu mon sommeil » dit le médecin, pour une simple énigme, tandis que Guido qui aurait dû prononcer cette même phrase ( rappelant une autre citation du film selon laquelle « le silence est le cri le plus puissant ») ne dit rien, muet de stupéfaction, de consternation, d’abattement devant une telle criminelle inconscience.
Face à cette horreur impensable, inimaginable, Guido/Benigni utilise la seule arme possible : la poésie, la dérision, l’humour comme un combat fier et désespéré. Ainsi cette scène où Guido fait écouter à tout le camp et à destination de Dora les « Contes d’Hoffmann » d’Offenbach sur un phono résonne comme un cri d’amour tragiquement sublime, éperdu et déchirant, une lumière vaine et douloureusement belle dans cette nuit macabre. Scène magnifique, pudique (jamais d’ailleurs il n’utilise les ficelles du mélodrame). Benigni recourt à plusieurs reprises intelligemment à l’ellipse comme lors du dénouement avec ce tir de mitraillette hors champ, brusque, violent, où la mort terrible d’un homme se résume à une besogne effectuée à la va-vite. Les paroles suivantes le « C’était vrai alors » lorsque Giosué voit apparaître le char résonne alors comme une ironie tragique. Et saisissante.
Benigni, bouleversant de tendresse, d’inventivité, d’énergie fut le deuxième acteur italien à remporter l’Oscar du meilleur acteur (après Sophia Loren pour « La Ciociara » en 1960. Il obtint aussi celui du meilleur film étranger et de la musique (magnifique et inoubliable musique de Nicola Piovani ).
A Cannes, il dédia son film « à tous ceux qui ne sont plus là, disparus pour nous faire comprendre ce que c’est que la liberté et la vie ». Son film y est parvenu, magistralement. Un hymne à la vie aussi puisque lui-même dit, pour le titre, avoir « pensé à Trotski et à tout ce qu’il a enduré : enfermé dans un bunker à Mexico, il attendait les tueurs à gages de Staline, et pourtant, en regardant sa femme dans le jardin, il écrivait que, malgré tout, la vie est belle et digne d’être vécue. Le titre est venu de là… »
L’histoire d’un personnage poétique qui meurt et se sacrifie par amour. Un film empreint de toute la folie magique de Fellini (pour qui Benigni a d’ailleurs joué ) et de toute la poésie mélancolique et burlesque de Chaplin (il rend d’ailleurs ouvertement hommage au « Dictateur ») . Une fable tragique, inoubliable et éloquente. Une démonstration brillante et implacable par l’absurde de toute la folie humaine. Une œuvre magistrale, pleine de sensibilité, toujours sur le fil, évitant tous les écueils. Un film dans lequel, plus que jamais, le rire, salvateur, est le masque du désespoir. Au lieu de banaliser l’horreur comme certains le lui ont reproché, en la montrant à travers les yeux d’un enfant, Benigni n’en démontre que mieux l’absurdité indicible tout en réalisant un film bouleversant de tendresse poétique qui s’achève sur une note d’espoir parce que, malgré toute l’ignominie dont les hommes sont capables, la vie est belle, nous laissant à chaque fois bouleversés. Un film aussi poignant et nécessaire que « Le Pianiste », « Le Dictateur », « Nuit et brouillard », « La Liste de Schindler ». Du grand art.

avec Lino Ventura, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Simone Signoret, Paul Crauchet, Claude Mann, Christian Barbier, Serge Reggiani/ Musique: Eric Demarsan/ Directeur de la photographie: Pierre Lhomme/ Décors: Théobald Meurisse.
petitesses qu’elle engendre. La séquence au Majestic en fournit un exemple flagrant. Pour se sauver d’une mort certaine Gerbier sacrifie un autre détenu, probablement un résistant comme lui, en lui demandant de courir pour détourner l’attention. Ce geste est précédé d’une suite de regards entre les deux hommes dans un silence pesant en cet instant décisif. Le vol du temps est suspendu, l’instant n’en paraît que plus crucial, la peur des personnages n’en est que plus prégnante. L’horloge est ainsi ostensiblement montrée deux fois, un de leurs « geôliers » baille à plusieurs reprises. Les deux prisonniers sont filmés en champ, contre-champ, l’autre résistant a le visage dans l’ombre préfigurant sa mort si bien qu’il est à peine perceptible tandis que celui de Gerbier est clairement visible. La caméra les scrute, les contourne, les domine. Melville ne glorifie donc pas la Résistance mais en offre une radiographie minutieuse, contrairement à des films comme Paris brûle-t-il ou La bataille du rail dans lesquels les résistants sont irréprochables et passent leur temps à accomplir des exploits. La lecture du dossier de Gerbier arrêté semble être une sorte de prologue puisque, dans le dossier en question, son attitude est qualifiée de « distante », distance avec laquelle Melville nous enjoigne de regarder ces évènements historiques, paradoxalement voir le général, le global, en nous montrant des actions précises. Il ne la décrit pas avec emphase et avec une admiration aveuglée mais il recrée avec un certain réalisme le travail dans l’ombre, des résistants. Plutôt que de situer son film par rapport à des faits historiques, il le centre sur les personnages, leur dévouement, leurs trahisons, leurs peurs, leurs erreurs. Il nous décrit des hommes et des femmes plongés dans des situations hors du commun, mais pas des mythes déshumanisés. Si Melville évite l’écueil du manichéisme et de la glorification, il évite aussi celui du mélodrame, raison pour laquelle les deux frères Jardie pourtant tous deux résistants ignorent tout de leurs activités respectives, ce qui nous épargne une éventuelle séquence larmoyante inadéquate dans cet univers de murmures et d’ombres silencieuses et évanescentes. Melville le dira ainsi lui-même « J’ai voulu éviter le mélodrame, ça vous manque ? ». Cette ignorance de leurs situations respectives est aussi le témoignage que dans cet univers toute fraternité est impossible. Ainsi lorsque Félix sent une main sur son épaule, il s’empresse d’empoigner son revolver, ne pouvant plus croire ou penser d’emblée à un geste de fraternité mais se croyant forcément l’objet d’une agression de l’ennemi. Les résistants sont donc ici loin d’être irréprochables et un parallèle est même parfois implicitement établi avec ceux qu’ils combattent. Ainsi, lorsque les résistants conduisent le jeune homme qui les a trahis au lieu de son exécution ce dernier croise le regard d’une jeune fille, regard exprimant de la pitié, celle-ci croyant certainement à une arrestation , façon d’assimiler leurs méthodes à celles de l’ennemi. L’assassinat du traître donne ensuite lieu à une séquence magistrale. Cette scène lourde de non
dits et d’angoisses de part et d’autre se déroule dans une pièce qui rappelle la chambre ascétique et austère du Samouraï et donc qui insinue ainsi que leurs méthodes franchissent les frontières de la loi. Tout est fait pour que sa mort suscite notre compassion et notamment l’indécision interminable de ces défenseurs de la liberté (indécision quant au moyen à employer pour procéder au meurtre) qui doivent en l’espèce devenir des assassins. Il est jeune, ne tente pas de se débattre et ne tente pas de se sauver, et on ne nous renseigne pas sur la faute qu’il a commise et tout concourt dans la mise en scène à ce que nous croyions que Félix, qui vient l’arrêter, soit un policier. La compassion suscitée chez le spectateur atteint son paroxysme lorsque, alors que le « traître » n’avait pas prononcé une parole, sa mort s’ensuit de l’écoulement de larmes sur ses joues. On est alors plus que jamais plongés dans un univers de contradictions où il faut employer les méthodes de l’ennemi pour en combattre l’action. La Gestapo et les Résistants sont en effet obligés de recourir aux mêmes méthodes, à savoir des enlèvements et des exécutions sans jugements. La séquence au cours de laquelle Félix est arrêtée et torturée fait ainsi écho à celle où lui-même avait dû tuer le jeune traître. Loin d’être toutes utiles, héroïques et récompensées leurs actions sont ici parfois viles, silencieuses, et inutiles. Ainsi, Jean-François se sacrifie inutilement pour Félix qui sera lui-même torturé. Il y a bien un but à tous ces actes (la Libération de la France) mais il semble démesurément lointain alors que chaque petite action paraît être payée d’un prix exorbitant. Tout est devenu irrationnel et le titre du livre de Jardie que Gerbier feuillette dans sa cachette « Essai sur la logique et de la théorie de la science » semble venir cyniquement en contrepoint, parce-que tout est alors justement irrationnel, « illogique ». Gerbier lui-même, protagoniste de l’histoire, ne survit qu’au prix d’une humiliation qui ébranle la confiance en lui-même. Il courra sous les balles de l’ennemi alors qu’il s’était promis de rester impassible. Ses amis ont compté sur sa faiblesse en lui lançant une corde à l’endroit jusqu’auquel ils avaient prévu qu’il courrait. Même un résistant doit trahir son courage pour continuer de servir sa cause. Même Jardie à qui Gerbier voue une immense admiration sera présent dans la voiture qui les conduira jusqu’à Mathilde pour la tuer, ce qui fera dire à Gerbier « Vous dans cette voiture de tueurs, il n’y a donc plus rien de sacré dans ce monde. » A la fin aucun d’entre eux ne survivra… même si Gerbier sauvera sa conscience cette fois mort en ne courrant pas. On nous précise même les atroces souffrances de certains, ainsi Le Bison est « décapité à la hache ». Jardie, quant à lui, est mort en ne donnant qu’un nom « le sien ». L’héroïsme est alors celui de l’ombre et du silence. Melville nous montre donc la Résistance dans son effroyable banalité, dans sa terrifiante humanité, sans fards, sans artifices dramaturgiques ou mélodramatiques, sans grandiloquence élogieuse, par le truchement d’un film qui a une allure de tragédie. C’est le quotidien d’hommes et femmes qui risquent leur vie pour des exploits minuscules comme transporter un poste de radio, à l’image de Jean-François dont ce sera la première action de résistance et qui déjà risquera deux fois d’être arrêté. Melville démythifie la Résistance en nous montrant des hommes qui non seulement doivent abattre des traîtres mais qui doivent également constamment se battre avec eux-mêmes, leurs doutes, leurs peurs, leurs lâchetés. Il filme des êtres qui mènent un combat collectif mais qui sont irrémédiablement seuls. La musique entêtante et angoissante, et les couleurs d’un froid cinglant du film renforcent cette impression. Pas plus que la résistance n’y est dépeinte comme constamment héroïque et irréprochable, la France n’est dépeinte unanimement au service de sa Libération. Melville montre ainsi l’engagement de fait de l’administration française dans la répression contre les juifs (camp d’internement en zone Sud géré par l’administration et la gendarmerie française qui remettent Philippe Gerbier à la Gestapo ou encore en montrant l’action de la milice, notamment lors d’un contrôle d’un restaurant de Lyon qui amène à l’arrestation de Gerbier. Soulignons néanmoins que d’un autre côté Melville montre également la France qui venait en aide aux résistants : le coiffeur, le douanier complice, les fermiers qui hébergent les aviateurs alliés en attente de départ pour Londres, le châtelain qui utilise ses terres pour faire atterrir les alliés.
la Résistance seront contraints de l’abattre. Les apercevant elle ne fuit pas. Son regard exprime un questionnement, une terreur indicible, une supplique : le doute plane. Lors du tournage Melville lui-même aurait laissé toute liberté à Simone Signoret dans l’interprétation de la scène. Jardie après avoir dit « Nous allons tuer Mathilde parce-qu’elle nous en prie » avouera à Gerbier « ce n’est qu’une hypothèse. » Le meurtre de Mathilde évoque d’ailleurs le degré de cynisme que les circonstances leur ont fait atteindre. Seul Le Bison, alors le plus proche de la criminalité, est horrifié par cette décision déclarant « Je tuerai tous les types que vous voulez, mais pas elle ». Cette scène met ainsi en exergue la déshumanisation de ceux qui agissent pour défendre l’humanité et qui dont dû franchir pour y arriver les frontières qu’ils voulaient rétablir. La scène est d’autant plus significative que c’est Luc Jardie, surnommé par son frère « Saint-Luc », qui le persuade de la nécessité de son exécution.







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S’il y a bien un rendez-vous incontournable pour moi chaque année, c’est celui-ci : ce Festival du Cinéma Américain de Deauville qui a exacerbé ma passion pour le cinéma, l’a transformée en doux mal incurable, il y a tant d’années déjà (je préfère ne plus les compter). Je l’ai expérimenté (et savouré) d’une multitude de manières, adolescente comme simple public d’abord (peu importaient les files d’attente –jusqu’à 5h !- ce fut l’occasion de créer des amitiés cinéphiles) mais aussi, comme jurée cinéphile (il y a 12 ans déjà !), accréditée public, vip, presse (peu importe d’ailleurs, quel que soit le statut, le festival est très accessible et permet une vraie immersion cinématographique)…mais toujours et depuis la première fois en restant tout le festival pour en avoir une vue aussi exhaustive que possible.
















