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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 304

  • Réélection de Gilles Jacob à la présidence du Festival de Cannes, et de Thierry Frémaux en tant que délégué général

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    Sans surprise, Gilles Jacob a été réélu à la présidence du Festival de Cannes et Thierry Frémaux en tant que délégué général. Une bonne nouvelle néanmoins le premier apportant sa passion pour le cinéma, sa connaissance du festival, et le second son enthousiasme légendaire (que j'ai à nouveau pu constater au Festival Lumière de Lyon dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu, ici: http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/10/09/festival-lumiere-de-lyon-2011-la-cinephilie-et-la-passion-a.html  ), son érudition tout en insufflant un peu de nouveauté dans ce festival qui reste le plus grand au monde et celui qui permet la plus belle et grande immersion cinématographique.

    Le Conseil d'Administration et l’Assemblée générale de l'Association française du Festival international du Film (AFFIF) - qui organise chaque année le Festival de Cannes – ont ainsi réélu Gilles Jacob en tant que président du Festival de Cannes, pour un mandat de trois ans à compter d’aujourd’hui, et Thierry Frémaux en tant que délégué général, déjà en charge de la programmation artistique, qui se voit conforté dans ses responsabilités opérationnelles.

    En bonus, retrouvez, ci-dessous, mon article sur le très beau livre de Gilles Jacob "La vie passera comme un rêve", l'autobiographie de Gilles Jacob entre rêve et réalité.

    Pour tout savoir sur cette édition 2012, rendez-vous sur le site officiel du Festival (http://festival-cannes.com ) mais aussi bien entendu ici, sur mon blog consacré au Festival http://www.inthemoodforcannes.com  et sur mon nouveau site http://inthemoodlemag.com sur lequel une large place sera donnée au Festival de Cannes.

    "La vie passera comme un rêve" de Gilles Jacob

    Alors que dans six mois retentira à nouveau l’électrisante musique de Saint-Saens indissociable du festival, la fébrilité qui précède toujours le plus grand festival de cinéma au monde, dès mars, commencera à s’accroître peu à peu, pour ceux qui auront la chance d’y aller en tout cas, encore que… je me souviens, il y a 10 ans déjà, avant d’aller au Festival pour la première fois, et même bien avant, lorsque je suivais cet évènement avec la plus grande attention et avec une curiosité insatiable, de mon canapé alors ou dans les journaux de cinéma que je dévorais déjà, ce festival illuminait les mois de Mai les plus sombres.

      

    « La vie passera comme un rêve ». La phrase du titre de l’ouvrage de Gilles Jacob est aussi celle que pourraient s’approprier tous ceux qui veulent faire de leur passion une profession, une vie même. Faire que la vie passe comme un rêve. Ressemble à du cinéma, que l’un et l’autre se confondent dans un tango passionné. Et passionnant. Que la vie soit un tourbillon étourdissant comme l’est le Festival de Cannes tout comme il peut, parfois, aussi, être effrayant, ravageur, déstabilisant (mais l’étourdissement l’emporte toujours, la preuve : depuis 11 ans, ce rendez-vous cannois est pour moi incontournable).

     

    Même si vous n’êtes pas des habitués de la Croisette, vous connaissez forcément Gilles Jacob, cet homme à la silhouette longiligne, à l’élégance joliment surannée (tout comme l’est son écriture), au sourire imperturbable, au regard rassurant qui accueille les invités du Festival en haut des marches (ou descendant parfois jusqu’au parvis pour les accueillir, ce dont on apprend dans le livre qu’il s’agit là du privilège suprême).

     

    Plutôt que de n’évoquer que ce tourbillon étourdissant,  qui l’est évidemment d’autant plus pour lui qu’il en occupe les plus hautes fonctions depuis plus de trente ans, Gilles Jacob a eu la bonne idée d’y mêler sa propre histoire personnelle et notamment son enfance qu’il a en partie vécue caché dans un séminaire pour échapper aux nazis, après avoir échappé à une arrestation qui aurait probablement été fatale. Sa deuxième bonne idée est la construction de l’ouvrage, d’ailleurs très cinématographique, une (dé)construction judicieuse un peu à la Mankiewicz ou à la Orson Welles, un ouvrage assaisonné d’humour et d’autodérision à la Woody Allen dont Gilles Jacob est un fervent admirateur. La dernière bonne idée est de n’avoir pas céder à cette mode du déballage personnel sans pour autant que ce soit inintéressant ou convenu. Bien au contraire.

     

    Ce livre qui mêle astucieusement les lumières, souvent aveuglantes de la Croisette (mais par lesquelles il ne s’est jamais laissé éblouir sans pour autant en être blasé), et la mélancolie de l’enfance en apprendra beaucoup à ceux qui ne connaissent rien du festival et ravira encore davantage ceux qui le fréquentent.

     

    On imagine qu’il a dû être difficile de choisir entre la multitude de souvenirs qu’il a engrangés toutes ces années., de choisir ce qui devait rester dans l’ombre ou pouvait passer dans la lumière.

     

    Parmi les anecdotes les plus passionnantes :

     La concurrence avec la Quinzaine des Réalisateurs dont on comprend l’origine et la teneur. Son admiration pour les actrices, en particulier Juliette Binoche ; Isabella Rossellini ;  Jeanne Moreau qu’il définit comme sensuelle, intelligente, malicieuse , talentueuse ; Catherine Deneuve dont il rappelle la peur de parler en public (et qui avait eu l’immense modestie aussi de l’évoquer, lors de sa venue à SciencesPo ) mais là aussi l’intelligence et l’élégance ;  Isabelle Huppert qu’il avait choisie comme présidente pour le festival 2009 et dont deux phrases pourraient justifier le choix :« Je n’ai connu aucune actrice au monde ayant obtenu autant de sélections à Cannes » et « elle est à la fois au centre et à la marge. »  Comment Benigni aura le Grand Prix alors que son film ne correspond pas à la définition de ce prix qui est « un film qui manifeste un esprit de recherche et d’originalité. » Les démons attendrissants de Lars Van Triers. Que deux réalisateurs ont refusé la présidence : Carlos Saura et Andrzej Wajda. Son amitié pour Daniel Toscan du Plantier. Les caprices de certains politiques et, plus encore, de leurs entourages. Son émotion lors du cinquantième anniversaire. L’élégance imperturbable de Clint Eastwood, lors d’un tremblement de terre. Le pourquoi du pin’s star d’Alain Delon et son admiration, aussi, pour celui-ci. L’explication des trois récompenses attribuées à « Barton Fink » des frères Coen, l’année où Roman Polanski présidait le jury et les caprices d’enfant gâté de ce dernier. Le cyclone Depardieu, aussi talentueux qu’imprévisible. Les délibérations, les constitutions épiques des jurys. Les revirements de situations. Les tractations palpitantes et invraisemblables pour obtenir un film. Et autant de personnalités qui deviennent ici des personnages dont il dévoile le plus souvent une facette touchante, sans pour autant édulcorer leurs aspects les plus sombres, notamment ceux de Pialat dont il parle à de nombreuses reprises.  Et puis évidemment, le personnage principal : le cinéma qu’il sert si bien et que Cannes honore si bien depuis trente ans.

      

    Comme l’écrit Gilles Jacob : « Cannes n’est pas un paradis pour les âmes sensibles ». On imagine aisément (d’autant plus que je l’ai parfois constaté) la violence que peut parfois représenter une projection cannoise pour une équipe. Cannes ne connaît pas la demi-mesure dans la majesté comme dans la brutalité, dans le rêve comme dans le cauchemar, mais c’est aussi ce qui rend ce festival irrésistible et unique.

     

    C’est le livre savoureux d’un homme passionné (de cinéma, par les cinéastes, par son festival évidemment mais aussi par la vie), enthousiaste et enthousiasmant, qui mêle intelligemment, cinéma et réalité, son histoire et l’Histoire, et évidemment l’Histoire du cinéma, un homme doucement ironique, empathique, au regard sensible et aiguisé, pétri de cette inquiétude bien légitime, qui ne l’a pas quitté depuis la guerre, et qui fait qu’il a peut-être aussi toujours gardé ce regard d’enfant inquiet et curieux. Un homme   qui a l’humilité et l’élégance des grands. L’élégance de ne pas trop en dire. L’élégance de nous faire partager ce rêve. L’élégance de partager sa passion. L’élégance de faire passer les artistes et les films avant tout. L’élégance qui nous fait comprendre pourquoi Cannes est encore et toujours le premier festival de cinéma au monde. L’élégance mais aussi la folie des passionnés car, comme il le dit lui-même : « Il faut être vraiment fou pour continuer à relever ce défi : révéler, surprendre, faire rêver ». Gageons d’ores et déjà que ce Festival 2012 remplira à nouveau ce beau défi. Révéler. Surprendre. Faire rêver.   Un Festival 2012 qui, à n’en pas douter, à nouveau « passera comme un rêve ».

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  • 17ème cérémonie des Prix Lumières (Lumiere Awards): les nominations

     

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    Depuis deux ans, je vous fais suivre les Prix Lumières en direct de la Mairie de Paris ( Mon compte-rendu et mes photos  de la cérémonie des Lumières 2011: http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/01/15/palmares-des-prix-lumieres-2011-polanski-et-beauvois-a-l-hon.html, Mon compte-rendu et mes photos de la cérémonie des Lumières 2010: http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2010/01/16/ceremonie-et-palmares-des-prix-lumieres-2009-a-l-hotel-de-vi.html ), une cérémonie qui ouvre la saison des prix et que j'affectionne tout particulièrement, d'abord parce qu'elle reste conviviale malgré son cadre prestigieux, ensuite parce qu'elle met à l'honneur le cinéma français.  La 17ème cérémonie aura lieu le 13 janvier 2012.

    Organisés par l’Académie des Lumières qui a vu le jour en 1995 à l'initiative de Daniel Toscan du Plantier et du journaliste américain Edward Behr, les Prix Lumières récompensent le cinéma français et francophone.  À l'image des Golden Globe Awards (auxquels un film français,  « The Artist », vient d’ailleurs de récolter 6 nominations ) décernés chaque année par l'Association de la presse étrangère de Hollywood, l'Académie des Lumières veut souligner le grand intérêt que porte au cinéma français la presse internationale.  Les Prix Lumières de la critique internationale sont attribués aux meilleurs films du cinéma français (ou francophone) de l’année précédente  par plus de 200 représentants de la presse internationale en poste à Paris.

    L'an passé "The Ghost Writer" de Roman Polanski et "Des Hommes et des dieux" de Xavier Beauvois avaient eu les honneurs de la cérémonie.

    Je me réjouis des 5 nominations (enfin 6..., cf la dernière nomination) pour "The Artist", après ses 6 nominations aux Golden Globes, pour moi incontestablement le film français de cette année...(retrouvez mon dossier spécial, ici: http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/08/28/avant-premiere-critique-de-the-artist-de-michel-hazanavicius.html   ) . Je vous laisse découvrir les autres nominations qui me semblent reflèter la diversité du cinéma français et cette année riche de succès et découvertes. Y figurent également en bonne place "Le Havre", "Polisse", "L'Exercice de l'Etat", "L'Apollonide" (6 nominations!) et un peu moins "Intouchables" (ce qui n'est pas pour me déplaire...). Souligné en rouge, mon propre vote.

     Vous pourrez retrouver le compte-rendu de cette cérémonie sur inthemoodforcinema.com mais également sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com .

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    MEILLEUR FILM
    L’Apollonide - Souvenirs de la maison close de Bertrand BONELLO
    The Artist de Michel HAZANAVICIUS
    L’Exercice de l’Etat de Pierre SCHOELLER
    Le Havre de Aki KAURISMAKI
    ... Intouchables de Eric TOLEDANO, Olivier NAKACHE

    MEILLEUR REALISATEUR
    Bertrand BONELLO pour L’Apollonide
    Michel HAZANAVICIUS pour The Artist
    Aki KAURISMAKI pour Le Havre
    MAIWENN pour Polisse
    Pierre SCHOELLER pour L’Exercice de l’Etat

    MEILLEUR SCENARIO
    Bertrand BONELLO pour L’Apollonide
    Robert GUEDIGUIAN, Jean-Louis MILESI pour Les Neiges de Kilimandjaro
    Michel HAZANAVICIUS pour The Artist
    MAIWENN, Emmanuelle BERCOT pour Polisse
    Pierre SCHOELLER pour L’Exercice de l’Etat

    MEILLEURE ACTRICE
    Bérénice BEJO dans The Artist de Michel Hazanavicius
    Catherine DENEUVE, Chiara MASTROIANNI dans Les Bien-Aimés de Christophe Honoré
    Valérie DONZELLI dans La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli
    Marina FOIS, Karin VIARD dans Polisse de Maïwenn
    Clotilde HESME dans Angèle et Tony d’Alix Delaporte


    MEILLEUR ACTEUR
    Jean DUJARDIN dans The Artist de Michel Hazanavicius
    Olivier GOURMET dans L’Exercice de l’Etat de Pierre Schoeller
    Joey STARR dans Polisse de Maïwenn
    Omar SY dans Intouchables d’Eric Toledano, Olivier Nakache
    André WILMS dans Le Havre d’Aki Kaurismäki

    MEILLEUR ESPOIR FEMININ
    Alice BARNOLE dans L’Apollonide de Bertrand Bonello
    Adèle HAENEL dans L’Apollonide de Bertrand Bonello
    Zoé HERAN dans Tomboy de Céline Sciamma
    Céline SALLETTE dans L’Apollonide de Bertrand Bonello
    Anamaria VALTOROMEI dans My Little Princess d’Eva Ionesco

    MEILLEUR ESPOIR MASCULIN
    Grégory GADEBOIS dans Angèle et Tony d’Alix Delaporte
    Guillaume GOUIX dans Jimmy Rivière de Teddy Lussi-Modeste
    Raphaël FERRET dans Présumé coupable de Vincent Garinq
    Denis MENOCHET dans Les Adoptés de Mélanie Laurent
    Mahmoud SHALABY dans Les Hommes libres d’Ismaël Ferroukhi

    MEILLEUR FILM FRANCOPHONE (hors de France)
    Curling de Denis COTE (Canada)
    Et maintenant, on va où de Nadine LABAKI (France, Liban, Italie)
    Incendies de Denis ViLLENEUVE (Canada)
    Le gamin à vélo de Jean-Pierre DARDENNE, Luc DARDENNE (Belgique, France, Italie)
    Les géants de Bouli LANNERS (Belgique, Luxembourg, France)

    Une mention TRES SPECIALE pour l’acteur-chien dans The Artist
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  • César 2012: de nouveaux changements dans le règlement...

    Depuis 3 ans, vous pouvez suivre les César en direct sur ce blog , c’est pourquoi j’ai décidé d’y consacrer ici une rubrique dans laquelle vous pourrez retrouver toutes les informations concernant la cérémonie 2012 (ainsi que sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com ). Nous venons ainsi d’apprendre que le nombre de nominations passera de 5 à 7 dans 3 catégories: meilleur(e) réalisateur(trice), meilleur acteur, meilleure actrice. Voilà qui promet un beau générique pour la cérémonie au regard de la qualité des films présentés cette année.

    En attendant d’en savoir plus, retrouver mes reportages sur la Cérémonie 2010 et sur la Cérémonie 2011:

    -http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/02/26/palmares-commente-des-cesar-2011-et-compte-rendu-detaille-de.html 

    -http://www.inthemoodforcinema.com/cesar-2010/

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  • Une nouvelle publiée sur My Major Company Books

    Je vous parlais la semaine dernière de My Major Company Books, site d’édition et de partage de textes sur lequel avait été publiée ma chronique « Qu’est-ce qu’un bon livre? » que vous pouvez retrouver ici: http://inthemoodlemag.com/2011/12/13/ma-chronique-sur-my-major-company-books-quest-ce-quun-bon-livre/.

    Depuis 15 jours, le site a mis en place un Calendrier de l’Avent dont le principe est expliqué ci-dessous (cliquez sur la photo tout en bas de cet article pour lire le règlement).

    Comme ma nouvelle écrite pour l’occasion intitulé « Un cadeau inestimable » a été sélectionnée et publiée par le site aujourd’hui (vous pouvez la retrouver ici: http://www.mymajorcompanybooks.com/#!/news(286/blog_post_id/8162  ), c’est pour moi l’occasion aujourd’hui d’initier cette nouvelle rubrique consacrée à l'écriture sur http://inthemoodlemag.com  dans laquelle vous pourrez lire quelques-unes de mes nouvelles: http://inthemoodlemag.com/category/ecritures/ . J’ai une vraie passion pour ce genre littéraire parfois méconnu ou mésestimé qui se définit en général comme étant un texte court se caractérisant par une chute. En écrire est pour moi une vraie jubilation (ce que je fais depuis un petit moment maintenant avec parfois quelques nouvelles sélectionnés dans des concours), j’ai donc décidé d’en publier de temps à autre sur http://inthemoodlemag.com  en espérant qu’elles vous feront réagir.

    Et si vous voulez soutenir mon projet mis en ligne sur le site My Major Company Books ( et qui me tient particulièrement à coeur) et m’aider à être publiée (un recueil de 13 nouvelles sur le cinéma au sujet duquel vous pourrez en savoir plus, ici:  http://www.mymajorcompanybooks.com/#!/meziere ), inscrivez-vous comme fan sur ma page My Major Company Books en question  et n’hésitez pas à commenter:

    Rendez-vous très prochainement pour une autre nouvelle publiée sur http://inthemoodlemag.com !

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  • Critique de « La Délicatesse » de David et Stéphane Foenkinos : LE film de cette fin d'année à ne pas manquer

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    Il y a deux ans, dans le cadre du jury des lectrices de Elle dont je faisais partie, je découvrais « La Délicatesse », le roman de David Foenkinos en lice pour le prix et dont le film éponyme est l’adaptation signée par ce dernier et Stéphane Foenkinos. Je découvrais aussi l’écriture fantaisiste, précise et délicate de David Foenkinos (oui, je l’avoue, il m’a fallu attendre son 8ème roman pour cela) après avoir  remarqué la présence joliment discrète de l’auteur quand d’autres se mettaient en avant avec une ridicule et présomptueuse ostentation, lors d’un débat dans le cadre de feu Forum International Cinéma et Littérature de Monaco. Bien qu’ayant obtenu dix prix littéraires, « La Délicatesse » (à mon grand regret) n’avait pas reçu celui des lectrices de Elle...mais cela ne l’a pas empêché d’en vendre 700000 exemplaires et d’être traduit dans 21 pays...et c’est particulièrement rassurant. Rassurant de voir que pour cela il n’aura fallu ni faire voyager le lecteur dans le temps, ni lui raconter des histoires rocambolesques improbables, ni faire preuve d’un cynisme vengeur et racoleur, ni recourir à un style même pas digne d’un scénario avec deux phrases par page (vous voyez à qui je songe ?).  Un livre dont l'auteur ose l'intituler « La Délicatesse » dans une société (pas seulement littéraire) souvent brutale qui prône et glorifie plutôt le cynisme, cela force déjà le respect. A l’encontre d’une société qui veut qu’une pensée se résume à 140 caractères d’exagération ou de mauvaise foi (ah, twitter, mon amour…), ou qu’une personne soit appréhendée et jugée en quelques secondes, le temps d’un regard scrutateur et sentencieux.

    « C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise ». Ainsi était résumé ce roman. C’est l’inverse aussi. L’histoire d’un homme qui va être surpris par une femme. Réellement surpris. Et c’est surtout l’histoire de Nathalie (Audrey Tautou), une jeune femme qui a tout pour être heureuse, jeune, belle, insouciante, amoureuse de François (Pio Marmaï) qui avait décidé de la séduire parce qu’elle avait choisi un jus d’abricot, ou à peu près. Ils se marièrent et n’eurent pas le temps d’avoir beaucoup d’enfants car François décède brutalement. Tout pourrait s’arrêter là. D’ailleurs, pour elle le temps s’est arrêté, le jour où la lecture de son livre a été interrompue par la mort de François, mais après le deuil va venir le temps de la renaissance, là où et comme on ne l’attendait pas : un jour, sans raison, un peu perdue dans ses rêveries, elle embrasse un de ses collègues, l’insignifiant Markus (François Damiens)...enfin a priori insignifiant. Va alors naitre l’idée de ce couple improbable…

    Pas facile de transcrire à l’écran ce qui faisait en partie le charme du roman : l’écriture sensible, à la fois pudique et sensuelle, de David Foenkinos, une écriture émaillée d'une réjouissante fantaisie (aphorismes, digressions aussi savoureuses que décalées) qui faisait de ce roman une passionnante histoire autant qu'une aventure ludique pour le lecteur que Foenkinos, avec, décidément, une délicatesse quasiment amoureuse, n'oubliait jamais, ce qui n'est finalement pas si courant...

    « La Délicatesse » est un film à l’image de son personnage principal : d’apparence simple, discret, grave et triste, il se révèle gai, d’une lucidité joyeuse, tendre, et il vous charme d’une manière totalement inexplicable. Le charme des rencontres impromptues, improbables, inattendues. Les plus belles. Et ce n’était pas gagné d’avance. Il faut voir la première apparition de face de Markus, au bout de trente minutes de film (on aperçoit son dos et ses mains lors d’une réunion auparavant mais son visage reste invisible, insignifiant) avec son physique peu évident, son allure débraillée, son assurance hasardeuse. Le jeu du comédien est tel, remarquable François Damiens qui se glisse dans la peau du personnage avec une apparente facilité déconcertante (aidé par la réalisation), que le spectateur finit (presque) par le trouver séduisant, par être charmé à son tour, et en tout cas par comprendre le charme qu’il opère sur Nathalie. Il apparaît comme un personnage aussi lunaire que solaire, grâce à une photographie bienveillante, qui auréole la deuxième partie du film d’une douceur rassurante (très belle photographie de Rémy Chevrin) mais aussi grâce à la douce et énergique bo d’Emilie Simon.

    C’est sans doute cela la délicatesse : une sensation indicible, des petits gestes qui vous vont droit au cœur, une empathie du personnage qui emporte celle du spectateur et qui m’a totalement charmée. Par sa fantaisie (celle du roman qui se retrouve par petites touches). Par son mélange subtil de gravité et légèreté. Par sa manière d’appréhender le deuil et de célébrer le retour à l’espoir, à la vie.

    Dommage peut-être que Markus ne parle pas davantage puisque dans le roman, le charme opérait surtout par la parole. Il n’empêche que ce film est d’une douceur aussi simple que renversante. Audrey Tautou est l’actrice idéale pour incarner Nathalie. A la fois fragile et décidée, entre détermination énergique et une grâce enfantine qui me fait toujours penser à Audrey Hepburn. Une actrice trop rare qui jongle habilement entre le drame et la comédie, à l’image du film qui mêle subtilement les deux genres.

    Un bel hymne à la différence. Un film qui rend hommage aux anonymes, héros du quotidien, ces « émotifs anonymes » (on retrouve d’ailleurs une sensibilité commune avec celle de Jean-Pierre Améris), ces êtres vulnérables qui se découvrent plus qu’ils ne se remarquent mais qui n’en sont que plus intéressants. Avec le même sens de la précision et de l’humour décalé (ah, les joies de la Suède et du 114), avec ces mêmes accents truffaldiens, David et Stéphane Foenkinos réussissent non pas à transposer mais à retranscrire le style enchanteur du roman, son romantisme décalé et dénué de mièvrerie.

    Un délicieux film d’une gravité légère à déguster sans modération, l’histoire d’une renaissance lumineuse qui fera du bien tous ceux qui ont été touchés par le deuil, à tous ceux qui ne croient plus à la beauté foudroyante des hasards et coïncidences et des rencontres singulières, qui ne croit plus que le bonheur réside là où on ne l’attend pas. Voilà ce film m’a totalement charmée, aussi rare (et précieux) que la délicatesse qu’il met en scène, avec le même charme progressif et non moins ravageur. Une des grandes réussites de cette année !

    Retrouvez également cette critique à la une de mon autre blog http://inthemoodlemag.com

    Sortie en salles: le 21 décembre 2011

     
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  • Critique de "A l'origine" de Xavier Giannoli, ce soir, à 20H40, sur Ciné + club

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     A l’origine, il y avait un film beaucoup trop long que j’avais vu à Cannes où il figurait en compétition officielle, mais malgré cela très séduisant. Depuis, le film a été amputé de 25 minutes, c’est la raison pour laquelle je souhaitais le revoir, en espérant que ces 25 minutes en moins lui feraient gagner en rythme.

     

    L’histoire est toujours la même que celle du film projeté à Cannes. Celle de Philippe Miller (François Cluzet), un escroc solitaire  qui découvre un chantier d’autoroute abandonné depuis des années, tout cela à cause d’un scarabée ! De l’arrêt des travaux avait découlé une véritable catastrophe  économique pour les habitants de la région. Si pour Philippe il s’agit d’une chance de réaliser une escroquerie aussi improbable qu’inédite en reprenant les travaux, pour les habitants de la région, il est le messie (c’est d’ailleurs ce qui lui dira le maire de la ville à son arrivée), celui qui va leur redonner espoir.  Les choses se compliquent quand Philippe prend conscience de l’importance considérable que prend son escroquerie dans la vie de ces gens surtout que dans le même temps, son passé va le rattraper.

     

    Mettons tout de suite fin au suspense : ce nouveau montage est une incontestable réussite…même si pour cela il a fallu sacrifier certains personnages (et dans le même temps certains comédiens qui ont vu leurs rôles réduits ou supprimés comme l’ex-femme de « Philippe Miller », en réalité son pseudonyme). Ce que le film perd en minutes, le personnage interprété par François Cluzet le gagne en mystère,  en densité, en intérêt, en épaisseur, en charme ; et le film également. Ce montage radicalisé fait revenir à l’essentiel,  à l’être, à ce que l’homme était « à l’origine », à cette vérité humaine que la caméra de Xavier Giannoli, une nouvelle fois, capte avec une grande sensibilité, en filmant au plus près des visages, au plus près de l’émotion, au plus près du malaise. Et même quand il filme ces machines, véritables personnages d’acier, il les fait tourner comme des danseurs dans un ballet, avec une force visuelle saisissante et captivante. Image étrangement terrienne et aérienne, envoûtante. La musique de Cliff Martinez achève de rendre poétique ce qui aurait pu être prosaïque. Une poésie aussi inattendue que la tournure que prend cette histoire pour Philippe Miller qui va finalement vivre les choses plutôt que les prévoir.

     

     A l’origine, il y avait aussi ce besoin de ne pas être seul, et surtout d’être considéré. Philippe devient quelqu’un et dans le regard des autres, il prend toute la mesure de sa soudaine importance. A l’origine il y avait un scarabée. Un homme qui aurait pu aussi être ce scarabée. Là pour détruire puis, par la force des choses et des rencontres, pour aider.

     

    Il faut voir avec quel brio François Cluzet interprète cet être mal à l’aise, introverti, peu bavard, qui peu à peu va gagner en confiance. Le malaise de son imposture le dépasse, et les traits de son visage, ses gestes, tout semble témoigner de son tiraillement intérieur. Et dans cette scène où il se retrouve face au conseil municipal, son malaise est tellement palpable, crédible, que je l’ai ressenti comme si j’étais moi aussi dans cette pièce, prise dans un étau de mensonges. Et puis, il faut voir son visage s’illuminer éclairé par un soleil braqué sur lui comme un projecteur braqué sur celui dont le pouvoir est devenu quasiment démiurgique ; il faut le voir aussi patauger dans la boue en frappant dans ses mains, exalté, le voir tomber, se relever, aller au bout de lui-même pour les autres. Ce mensonge va l’étouffer, puis, le porter, puis l’enchaîner, pourtant il aura conquis un territoire, planté son drapeau.

     

    Face à lui: le maire de la ville interprété avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Devos qui dissimule sa solitude et ses blessures derrière une belle assurance.   Tous deux, comme tous les habitants du village, vont avoir une seconde chance, tout reprendre du départ, de l’origine.

     

    Cette route qui va nulle part va les mener quelque part, à vivre une aventure humaine à se créer une famille (formidable Vincent Rottiers dans le rôle du « fils de substitution »).

     

     C’est aussi une belle métaphore du cinéma et du métier de comédien qui est finalement aussi une imposture, qui fait devenir quelqu’un d ‘autre, fabriquer un chemin, un univers qui ne mène pas forcément quelque part mais reste, là aussi, une belle aventure humaine.

     

    Ce film est avant tout un portrait d’homme touchant, énigmatique et dense qui, porté par un acteur au sommet de son art, nous emporte totalement  dans son aventure aussi improbable soit-elle (et pourtant inspirée d’une histoire vraie s’étant déroulée en 1997 dans la Sarthe), dans ses mensonges, dans ses contradictions, dans sa conquête. 

     

     Et ce nouveau montage a su faire d’un bon film un très beau film qui nous faire revenir à l’essentiel. A l’origine. Nous fait croire à l’impossible. A une seconde chance. Aux routes qui ne mènent nulle part.  A ce que le cinéma lui aussi était à l’origine : un mensonge exaltant qui peut nous faire croire que tout est possible. Même si la réalité, un jour ou l’autre, finira par reprendre ses droits.

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  • Soutenez l'excellente cause des Toiles Enchantées en allant au cinéma le 25 décembre

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    Je vous en parle chaque année car je trouve le principe de cette association (qui fait venir le cinéma à l'hôpital pour des milliers d'enfants qui ne peuvent se déplacer) vraiment louable (et fiable) sans compter que, si vous voulez leur venir en aide, c'est vraiment très simple grâce à la formidable opération mise en place chaque année.

    Le dimanche 25 Décembre 2011, en vous rendant dans une salle de cinéma, vous soutiendrez Les Toiles Enchantées ! Rien de plus simple donc!

    Après le succès rencontré en décembre 2010 dans toute la France (plus de 300 000 spectateurs), la profession cinématographique, et plus particulièrement les distributeurs de films et exploitants de salles de cinéma se mobilisent une nouvelle fois aux côtés des Toiles Enchantées !

    Sur chaque entrée dans une salle obscure, uniquement le jour de Noël, partout en France, quel que soit le film, la salle de cinéma, la séance, ou le mode paiement (billets classiques achetés aux caisses, cartes prépayés, cartes et pass illimités, chèques cinéma, etc...),  une partie du prix du billet sera reversée aux Toiles Enchantées sans qu'il ne vous en coûte un centime de plus.

    Pour le spectateur, cela ne change donc strictement rien, si ce n'est que si vous étiez indécis quant à une date pour vous rendre au cinéma en décembre ou pendant les vacances de Noël, le mieux serait d'y aller en famille ou entre amis le 25 décembre afin de participer à une belle action !

    Grâce à vous, cela permettra à l'association de financer encore plus de séances de cinéma, d'aller dans de nouveaux établissements hospitaliers et de développer et poursuivre ses actions dans une période économiquement difficile.

    Alors, faites vous une Toile et offrez des Etoiles !!!  N'hésitez pas à le faire savoir autour de vous...

    Les Toiles Enchantées comptent sur vous !

    Je vous en reparlerai la semaine prochaine en vous donner quelques conseils sur les films à aller voir à cette occasion.

    http://www.lestoilesenchantees.com

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