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  • Critique de THE GREAT GATSBY de Baz Luhrmann

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    Ci-dessous ma critique de "Gatsby" de Baz Luhrmann vu en ouverture du Festival de Cannes 2013 (et publiée suite à cette ouverture) avec, également, mon avis sur cette ouverture.

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    Chaque année, au fur et à mesure que les jours avancent et que la clôture du Festival de Cannes se rapproche, la barrière entre la fiction et la réalité s’amenuise, transformant chaque journée et chaque seconde en une troublante, délicieuse, enivrante et perturbante confusion… Cette année, pour cette 66ème édition qui s’annonce décidément exceptionnelle à tous points de vue, cette vertigineuse et grisante sensation s’est emparée de moi dès le premier jour avec, en film d’ouverture, « Gatsby le magnifique » de Baz Luhrmann, nouvelle adaptation de l’intemporel roman de Francis Scott Fitzgerald,  miroir de Cannes, de la mélancolie et de la solitude, sans doute, de quelques uns, derrière le faste, la fête, les éblouissements.

    Mais avant cela, il y a eu cette musique, dans le Grand Théâtre Lumière qui annonce la cérémonie d’ouverture et, qui, pour la 13ème année consécutive, sans que mon enthousiasme soit entamé (bien au contraire) a réussi à me faire frissonner d’impatience et de plaisir.  Avant, il y a eu la voix douce d’Audrey Tautou qui, dans une élégante robe blanche, simple et raffinée, à son image, le souffle à peine coupé, de sa voix à la fois fragile et assurée, a présenté la cérémonie. Enthousiaste, resplendissante, glamour, pétillante Audrey Tautou qui, contrairement à d’autres lors de précédentes éditions, a eu la bonne idée d’écrire son texte elle-même…et j’en tremblais pour elle devant le public sans doute le plus difficile qui soit dans cette salle en effet vertigineuse. Le prestige de l’évènement ne lui a en rien fait perdre ses moyens. Elle nous a rappelé, avec justesse, les beaux paradoxes cannois, que derrière « son air frivole », c’est la « plus fervente manifestation du 7ème art », que le festival est là pour nous « offrir du rêve » et aussi « nous faire voir la vérité ». Elle nous a aussi parlé d’émotions, de cœurs entrainés, charmés, renversés etc, de ses premières émotions cinématographiques. Et puis il y a eu la standing ovation à Steven Spilerbg, la présentation de son éclectique et splendide jury, l’aperçu des films de la sélection qui m’ont rappelé pourquoi j’aimais Cannes et le cinéma. Et pourquoi je les aimais à la folie.

    A peine le temps de comprendre que tout cela était réel, quoique pas tout à fait en apparence, que déjà Gatsby nous emportait dans son tourbillon mélancolique et festif (certains, certainement, songeant déjà à leurs « tweets grincheux », trop rarement joyeux). Je redoutais beaucoup cette adaptation, appréciant beaucoup celle de Jack Clayton (Robert Redford étant pour moi à jamais Gatsby) et aimant inconditionnellement ce sublime roman qui évite toujours soigneusement la mièvrerie et assume le romantisme effréné et exalté (mais condamné) de son personnage principal. Je redoutais surtout que Baz Luhrmann ne dénature totalement le roman en voulant le vulgariser.

    Le  film a été projeté en 3D. C’était la deuxième fois dans l’histoire du Festival après « Up » (« Là-Haut ») de Pete Docter, en  2009, que le film d’ouverture faisait l’objet d’une projection en relief.

    Printemps 1922. L’époque est propice au relâchement des moeurs, à l’essor du jazz et à l’enrichissement des contrebandiers d’alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway (Tobey Maguire » quitte la région du Middle-West pour s’installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d’un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio), qui s’étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy ( Carey Mulligan) et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C’est ainsi que Nick se retrouve au coeur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges.

    Dans l’adaptation de Clayton (rappelons que le scénario de cette précédente adaptation était écrit par Coppola), je me souviens de la magnificence crépusculaire de la photographie et de la langueur fiévreuse qui étreignait les personnages et nous laissaient entendre que tout cela s’achèverait dans le drame. Ici, c’est plus implicite même si de la fête émane toujours une certaine mélancolie. C’est d’ailleurs ce qui semble avoir déçu une grande partie des festivaliers hier qui s’attendaient sans doute à une joyeuse flamboyance…et, c’est selon moi, au contraire, toute la réussite de cette adaptation que de retranscrire la flamboyance de l’univers de Gatsby sans dissimuler totalement la mélancolie et même la tristesse qui affleurent dans cette débauche festive. L’amertume dissimulée derrière l’apparente légèreté. La mélancolie et le désenchantement derrière la désinvolture.

    Là aussi, Jay Gatsby n’apparaît qu’au bout de vingt minutes, voire plus.  Nous nous trouvons alors dans la même situation que Nick qui ne le connaît que par sa réputation : on dit qu’il « a tué un homme » et qu’il n’apparaît jamais aux fêtes somptueuses qu’il donne dans une joyeuse décadence.

    « Gatsby le magnifique » est à la fois une critique de l’insouciance cruelle et de la superficialité de l’aristocratie que symbolise Daisy, c’est aussi le portrait fascinant d’un homme au passé troublant, voire trouble et à l’aura romantique dont la seule obsession est de ressusciter le passé et qui ne vit que pour satisfaire son amour inconditionnel et aveugle. (Je me souvenais de la magnifique scène où Jay et Daisy dansaient dans une pièce vide éclairée à la bougie, dans le film de Clayton,  moins réussie ici). Face à lui Daisy, frivole et lâche, qui préfère sa réputation et sa richesse à Gatsby  dont la réussite sociale n’avait d’autre but que de l’étonner et de poursuivre son rêve qui pour lui n’avait pas de prix. Gatsby dont par bribes la personnalité se dessine : par sa manie d’appeler tout le monde « vieux frère », par ses relations peu recommandables. Pour Daisy, la richesse est un but (même si elle me parait moins frivole que dans le roman de Fitzgerald et que dans l’adaptation de Clayton). Pour Jay, un moyen (de la reconquérir). Elle qui ne sait que faire des 30 années à venir où il va falloir tuer le temps.

    Gatsby est une histoire de contrastes. Entre le goût de l’éphémère de Daisy et celui de l’éternité de Gatsby. Entre la réputation sulfureuse de Gatsby et la pureté de ses sentiments. Entre la fragilité apparente de Daisy et sa cruauté. Entre la douce lumière d’été et la violence des sentiments. Entre le luxe dans lequel vit Gatsby et son désarroi. Entre son extravagance apparente et sa simplicité réelle. Entre la magnificence de Gatsby et sa naïveté. Et tant d’autres encore. Des contrastes d’une douloureuse beauté dans le roman, et dans l’adaptation de Clayton dont la mise en scène (trop rare) est la réussite du film de Luhrmann (comme ces plans de Gatsby seul sur son ponton) davantage que les fastueuses et non moins réussies scènes de fête qui ne comblent pas le vide de l’existence de Gatsby.

    C’est à travers le regard sensible et lucide de Nick qui seul semble voir toute l’amertume, la vanité, et la beauté tragique de l’amour, mélancolique, pur et désenchanté, que Gatsby porte à Daisy que nous (re)découvrons cette histoire tragique. Bien que le connaissant par cœur, j’en suis ressortie avec l’irrésistible envie de relire encore et encore le chef d’œuvre de Fitzgerald, une nouvelle fois bouleversée par cette histoire d’amour absolu, d’illusions perdues, de bal des apparences, de solitude, de lâcheté, de cruauté (oui, il y a tout cela dans Gatsby) et avec l’irrésistible envie de  me laisser dangereusement griser par l’atmosphère de chaleur écrasante, d’extravagance et d’ennui étrangement mêlés dans une confusion finalement criminelle.

    Mia Farrow interprétait Daisy entre cruauté, ennui, insouciance et même folie. La Daisy de Carey Mulligan est moins déjantée, presque moins pitoyable. Si Gatsby restera pour moi à jamais Robert Redford, Leonardo DiCaprio, une fois de plus, excelle, et est un Gatsby bouleversant, énigmatique, mélancolique, fragile, charismatique, avec ce sourire triste, si caractéristique du personnage. Il incarne magnifiquement celui qui est pour moi un des plus beaux personnages de la littérature. Le talent de Leonardo Di Caprio n’est plus à prouver : que ce soit dans « Les Noces rebelles« , « Inception » ,  « Shutter Island« ou, plus récemment dans « Django unchained »  , il crève invariablement l’écran et prouve aussi son intelligence par ses judicieux choix de rôles.

    Ont participé à la B.O du film: Lana Del Rey, Beyoncé x André 3000, Florence + The Machine, will.i.am, The xx, Fergie + Q Tip + GoonRock, et The Bryan Ferry Orchestra … Ces anachronismes et cette volonté de moderniser un roman et des sentiments de toute façon intemporel  restent ici (heureusement) mesurés.

    Un film, comme celui de Clayton, empreint de la fugace beauté de l’éphémère et de la nostalgie désenchantée que représente le fascinant et romanesque Gatsby auxquelles Baz Luhrmann ajoute une mélancolique flamboyance. Il n’a pas dénaturé l’essence du roman, en choisissant justement de modérer ses envolées musicales.

    Relisez le magnifique texte de Fitzgerald, ne serait-ce que pour « La poussière empoisonnée flottant sur ses rêves » ou cette expression de « nuages roses » qui définit si bien le ton du roman et du film et revoyez l’adaptation de Jack Clayton …mais ne passez pas non plus à côté de celle-ci qui ne déshonore pas la beauté de ce roman bouleversant sur l’amour absolu, la solitude et les illusions perdues derrière le faste et la multitude, et qui ici, et en particulier hier soir, prenait une étrange résonance devant tous ces acteurs qui, sans doute, connaissent ses rêves inaccessibles (ou les rêves accomplis qui ne guérissent ni l’amertume ni la solitude) et de cruelles désillusions, la mélancolie et la solitude dans la fête et la multitude, peut-être même celui qui incarne Gatsby dont le nom toute la journée, n’a cessé d’être murmuré et hurlé sur la Croisette et qui, peut-être, s’est parfois senti comme Gatsby, dans une troublante confusion (nous y revenons) entre la fiction et la réalité.  Belle mise en abyme pour une ouverture et un film d’ouverture mêlant flamboyance, grand spectacle, mélancolie… à l’image de Cannes. Vivement la suite !

     

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  • Programme complet du Festival Paris Cinéma 2013

    Le Festival Paris Cinéma célèbrera cette année sa 11ème édition, déjà (!), un Festival dont je n’ai manqué aucune édition puisque l’année de sa création coïncide avec mon arrivée à Paris. J’ai même fait partie de ses bénévoles, il y a quelques années de cela, avant d’intégrer son jury de blogueurs un peu plus tard.  Retrouvez mes articles sur les dernières éditions en cliquant sur l’année qui vous intéresse, ci-dessous.

    FESTIVAL PARIS CINEMA 2009

    FESTIVAL PARIS CINEMA 2010

    FESTIVAL PARIS CINEMA 2011

    FESTIVAL PARIS CINEMA 2012

    Comme chaque année, je profiterai donc de ses nombreuses avant-premières (avec de nombreux films présentés à Cannes, comme chaque année, ce qui me permettra de rattraper ceux que j’avais manqués ou d’en revoir certains comme la palme d’or « La vie d’Adèle » ou « La Vénus à la fourrure » de Roman Polanski).

     Comme chaque début été, le festival proposera dans une quinzaine de lieux de la capitale plus de 200 films, dont beaucoup d’inédits, en présence de nombreuses personnalités du 7e art.

    MADE IN BELGIËQUE  :  Les cinémas wallon, flamand et bruxellois à l’honneur

    Après un  focus sur le cinéma hongkongais en 2012, place à l’humour et à l’avant-garde , l’édition 2013 mettra à l’honneur le cinéma belge avec un panorama très large. C’est donc un panorama de plus de 100 films, des premiers temps du muet à nos jours que le festival proposera en présence de nombreux invités : Natacha Régnier, Joachim Lafosse, Bouli Lanners, Félix van Groeningen… Le focus sur Joachim Lafosse sera notamment l’occasion de revoir « A perdre la raison« , grand coup de cœur de l’année 2012 dont vous pouvez retrouver ma critique, ici.

     La Compétition Internationale

    Le Festival Paris Cinéma  offre un aperçu du cinéma contemporain mondial à travers une sélection d’une dizaine de films (fictions, documentaires, films d’animation ou expérimentaux) présentés par leurs réalisateurs. Ces films, en provenance du monde entier, concourent pour le Prix du Public, le Prix du Magazine Grazia, le Prix des Blogueurs & du Web et le Prix des Étudiants. Les films primés recevront une aide pour soutenir leur distribution en France. Voici les films en compétition:

    « La Bataille de Solférino » de Justine Triet

    2013 / France

    « Celui que nous laisserons » de Caetano Gotardo

    2012 / Brésil

     « Eka & Natia, Chronique d’une jeunesse géorgienne » de Nana Ekvtimishvili Simon Groß

    2013 / Allemagne, Géorgie, France

    « Ilo Ilo” de Anthony Chen

    / Singapour

    “Kid” de Fien Troch

    2012 / Belgique

    « Lifelong » (titre provisoire) de Asli Özge

    2013 / Turquie, Allemagne, Pays-Bas

      « Prince Avalanche” de David Gordon Green

    2013 / USA

     “Vic + Flo ont vu un ours » de Denis Côté

    2012 / Canada

     “Youth” de Tom Shoval

    2012 / Israel, Allemagne

    Les Avant-premières 

    Une sélection d’une quarantaine d’avant-premières présentées par leurs équipes  vous permettront de découvrir avant tout le monde les grands films de Cannes, les futurs succès des mois à venir ou pour redécouvrir des classiques du cinéma en copie restaurée.

    2 automnes 3 hivers

    Sébastien Betdeder

    France

    Présenté par Sébastien Betbeder et l’équipe du film

    Vendredi 28 juin à 21h

    MK2 Bibliothèque

    3x3D

     

    JL Godard, P. Greenaway et Edgar Pêra

    Portugal

     

    Alabama Monroe

    Felix van Groeningen

    Belgique

     

    Film de clôture en présebce du réalisateur

    lundi 8 juillet à 21h

    MK2 Bibliothèque

    Les Apaches

    Thierry de Peretti

    France

    Présenté par Thierry de Peretti et l’équipe du film

    Samedi 29 juin à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Budori

    Gisaburo Sugii

    Japon

    La Cinquième saison

    Peter Brosens et Jessica Woodworth

    Belgique

    Présenté par Jessica Woodworth et l’équipe du film

    Mardi 2 juillet à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Le Congrès

    Ari Folman

    Israël

    Présenté par Ari Folman

    Vendredi 29 juin à 21h

    MK2 Bibliothèque

    Dans un jardin je suis entré

    Avi Mograbi

    Israël

    Film suivi d’un débat avec le réalisateur

    mardi 9 juillet à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Elle s’en va

    Emmanuelle Bercot

    France

    Présenté par Emmanuelle Bercot et l’équipe du film

    Dimanche 30 juin à 21h

    MK2 Bibliothèque

    Frances Ha

    Noah Baumbach

    USA

     Gold

    Thomas Aslan

    Allemagne

     Goltzius and the Pelican Company

    Peter Greenaway

    Pays-Bas

    Présenté par Peter Greenaway

    vendredi 5 juillet 21h15

    MK2 Bibliothèque

    Grand Central

    Rebecca Zlotowski

    France

    Présenté par Rebecca Zlotowski

    vendredi 5 juillet à 19h

    MK2 Bibilothèque

    Le Grand’Tour

    Jérôme Le Maire

    Belgique

    Le Grand Méchant Loup

    Nicolas et Bruno

    France

     GriGris

    Mahamat-Saleh Haroun

    France

    Projection + spectacle

    lundi 1er juillet à 19h (film)

    MK2 Bibliothèque

    et à partir de 21h (performance)

    Petit Bain

    Haewon et les Hommes

    Hong Sang-soo

    Corée du Sud

     Henri

    Yolande Moreau

    France

    Hijacking

    Tobias Lindholm

    USA

     Ini Avan – Celui qui revient

    Asoka Handagama

    Sri Lanka

    Présenté par Asoka Handagama

    samedi 6 juillet 21h

    MK2 Bibliothèque

    Jeune et jolie

    François Ozon

    France

    Présenté par François Ozon, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot et Charlotte Rampling

    Samedi 29 juin à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Juliette

    Pierre Godeau

    France

     

    Présenté par Pierre Godeau et l’équipe du film

    dimanche 7 juillet à 21h

    MK2 Bibliothèque

    Koko le clown

    Les frères Fleischer

    USA

    Layla Fourie

    Pia Marais

    Afrique du Sud

     La Légende de Kaspar Hauser

    Davide Manuli

    Italie

    Présentation et débat avec Davide Manuli, suivi d’un Dj set du Label Cracki Records

    2 juillet à 21h30

    Nouveau Latina

    Léo et Fred

    Pal Toth

    Hongrie

    Lettre à Momo 

    Okiura Hiroyuki

    Japon

    Film de clôture de Paris CinéMômes

    mardi 9 juillet à 19h

    Étoile Lilas

    Mes séances de lutte

    Jacques Doillon

    France

    Présenté par Jacque Doillon et, sous réserve, Sara Forestier

    jeudi 4 juillet à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Michael H. Profession: Réalisateur

    Yves Montmayeur

    Autriche

     

    Présenté par Yves Montmayeur

    vendredi 5 juillet à 19h15

    MK2 Bibliothèque

    Michael Kohlhaas

    Arnaud des Pallières

    France

    jeudi 4 juillet à 19h (film)

    Max Linder Panorama

    Présenté par l’équipe du film et, sous réserve, Mads Mikkelsen

    Monstres Academy

    Dan Scanlon

    USA

    Film d’ouverture de Paris CinéMômes

    samedi 29 juin dès 13h (film à 14h)

    à Étoile Lilas

    Monstres et Cie

    Pete Docter

    USA

    Northwest

    Michael Noer

    Danmark

     L’Œil du cyclone

    Fred Schepisi

    Australie

    Présenté par Charlotte Rampling

    samedi 6 juillet à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Oggy et les Cafards

    Jean-Marie Oliver

    France

    L’Oncle de Brooklyn

    Daniele Cipri et Franco Maresco

    Italie

     Poupi

    Zdenek Miler

    Pussy Riot: A Punk Prayer 

    Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin

    Projection et débat

    Lundi 1er juillet à 21h15

    MK2 Bibliothèque

    Les Salauds

    Claire Denis

    France

    Présenté par Claire Denis et l’équipe du film

    samedi 6 juillet 21h

    MK2 Bibliothèque

    Salvo

    Grassadonia et d’Antonio Piazza

    Italie

     Sur le chemin de l’école

    Pascal Plisson

    France

    Présenté par Pascal Plisson et le producteur Barthélémy Fougea

    dimanche 7 juillet à 19h

    MK2 Bibliothèque

    Suzanne

    Katel Quillévéré

    France

    Film suivi d’un débat avec la réalisatrice et l’équipe du film

    vendredi 5 juillet à 21h

    MK2 Bibliothèque

    La Tendresse

    Marion Hänsel

    Belgique

    Présenté par Marion Hänsel, Marilyne Canto et l’équipe du film

    Dimanche 30 juin à 21h

    MK2 Bibliothèque

    Tip Top

    Serge Bozon

    France

    Présenté par Serge Bozon

    jeudi 4 juillet à 21h

    MK2 Bibliothèque

    La Vénus à la fourrure

    Roman Polanski

    France

    Film d’ouverture en présence de l’équipe du film

    jeudi 27 juin à 21h

    Gaumont Opéra Capucines

    La Vie d’Adèle Chapitres 1 & 2

    Abdellatif Kechiche

    France, Belgique, Espagne

    Les Invités d’honneur

    Asghar Farhadi

    Louxor (10e) | Jeudi 29 juin

    Le Festival Paris Cinéma lui rendra hommage à travers une projection exceptionnelle de deux de ses films, en sa présence, au Louxor. Cliquez ici pour lire ma critique du « Passé ».

     

    Natacha Régnier

    Grand Action (5e) | Du 29 juin au 9 juillet

    Retour en 20 films sur les petits et grands rôles d’une comédienne remarquable, en sa présence.

     

     

     

    Les Événements

    Le Festival Paris Cinéma c’est aussi une série d’événements festifs et ludiques pour vivre le cinéma autrement.

    Ne ratez pas la Nuit du Cinéma qui marquera le lancement de cette nouvelle édition : films cultes de série B, petits bijoux d’animations et autres raretés, films trash ou érotiques… viendront ponctuer cette exploration du cinéma sous ses formes les plus déviantes ou méconnues.

    Ouverte aux professionnels comme aux particuliers et dédiée à la vente d’objets en lien avec l’univers du cinéma (DVD, affiches, photos de tournages, revues, matériel de projection, figurines collector…), la 5ème Brocante cinéma se tiendra les samedi 6 et dimanche 7 juillet sur le parvis du MK2 Bibliothèque.

    Sans oublier le désormais mythique Ciné- Karaoke ! Venez fêter le cinéma en sons et en images, et reprendre à tue-tête les grands airs du 7e Art !

    D’autres événements et surprises vous seront dévoilés à l’approche du festival !

    Hommages et rétrospectives

     

    William Kentridge

    Forum des Images (1er)

     

    © Fonds Alain Robbe-Grillet/IMEC Images / DR

    Alain Robbe-Grillet

    Nouveau Latina (4e)

    Hommage au Pape du Nouveau Roman  devenu auteur de cinéma en 1961 en signant le scénario de L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais. En présence de nombreux invités.

    © Les Films du Jeudi

    Programme Street art

    Autour de Keith Haring : Murmures de la ville

    Centquatre (19e)

    À l’occasion de l’exposition « Keith Haring, The Political Line » qui se tient au CENTQUATRE et au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, le festival propose un cycle de films et des ateliers dédiés au Street Art.

     

     

    Paris Project (événement réservé aux professionnels)

    Du 30 juin au 3 juillet, le Festival Paris Cinéma invite les professionnels du cinéma européen et étranger à sa plateforme de co-production, Paris Project, pour accompagner une sélection de projets à la recherche de financements. Au programme de cet événement devenu incontournable : des rendez-vous personnalisés, des séances de pitching, des séminaires et des ateliers pratiques conçus par des professionnels reconnus de l’industrie du cinéma en Europe et à l’intention des réalisateurs, producteurs, vendeurs internationaux et distributeurs.

    En 2012, 350 professionnels de 140 sociétés ont participé à Paris Project, tandis que 500 rendez-vous étaient organisés.

    Paris Ciné classics

    Paris cinéma, c’est aussi l’occcasion de (re)voir des classiques du cinéma. Je vous recommande notamment « Plein soleil » de René Clément. Retrouvez mon dossier complet sur ce film suite à sa projection cannoise, ici.

    Docteur Jerry et Mister Love, Jerry Lewis
    Enquête sur une passion, Nicolas Roeg
    Faux-semblants, David Cronenberg
    Fedora, Billy Wilder
    La Fille de Ryan, David  Lean
    Le Goût du saké, Yasujiro Ozu
    Hiroshima, mon amour, Alain Resnais
    L’Homme qui en savait trop, Alfred Hitchcock
    Mais… qui a tué Harry ?, Alfred Hitchcock
    Un monde fou, fou, fou, Stanley Kramer
    My childhood, Bill Douglas
    My ain folk, Bill Douglas
    My way home, Bill Douglas
    Plein Soleil, René Clément
    Le Roi et l’oiseau, Paul Grimault
    Sidewalk stories, Charles Lane
    Spéciale première, Billy Wilder
    Le Tombeur de ces dames, Jerry Lewis
    Les Voyages de Sullivan, Preston  Sturges
    Voyage à Tokyo, Yasujiro Ozu

    INFORMATIONS PRATIQUES

     

    Les cartes de fidélité (Gaumont, MK2…), habituellement acceptées par les salles de cinéma, sont valables sur les séances du festival.

    BILLET À LA SÉANCE

    5€ ET 4€ pour les moins de 12 ans

    Séance 3D relief : +2€

    Les billets sont en vente dans la salle où est programmée la séance et sur le site pariscinema.org pour certaines salles.

    TARIFS SPÉCIAUX

    Atelier Street art & Paris CinéMômes : 5€

    Ciné-concert William Kentridge : 9€

    Ciné-concert Jean-François Zygel : 9€

    Nuit du cinéma : 12€

    ENTRÉE LIBRE

    Pour le Ciné-Karaoké Géant, La Brocante Cinéma

    L’Exposition photo  » Les Invités vus par Jérôme Bonnet »

    BILLETTERIE EN MAGASIN ET SUR FNAC.COM DÈS LE 12 JUIN

    INFORMATIONS & ACCUEIL

    Espace Paris Cinéma – MK2 Bibliothèque

    info@pariscinema.org | www.pariscinema.org

    13e arrondissement

    tél. 09 88 77 75 75

    Bibliothèque François-Mitterrand – Quai de la Gare – Bus 62 / 89 / 132

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  • CRITIQUE - LE PASSE d'Asghar Farhadi (compétition officielle du Festival de Cannes 2013)

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    Photos ci-dessus copyright inthemoodforcinema.com

    Après 4 années de « séparation », Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d’Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.

    Dès les premiers plans, la précision visuelle et scénaristique d’Asghar Farhadi, est saisissante. Ahmad et Marie se retrouvent dans un aéroport, communiquant d’abord en lisant sur les lèvres de l’autre, à travers une vitre, se parlant sans s’entendre, ce qu’ils feront finalement pendant tout le film, cette première scène étant la métaphore de ce que sera tout le film qui traite essentiellement du doute, puisque chacun devra essayer de deviner la réalité, la vérité de l’autre. Puis, ils se retrouvent dans la voiture. Le malaise et l’émotion sont palpables. En reculant, Marie, heurte un autre véhicule. Revenir en arrière ne se déroule jamais sans heurts. Des secrets vont en effet ressurgir du passé et faire basculer l’équilibre déjà très fragile entre ces différents personnages.

    Le récit se construit comme pourrait l’être un thriller. Les preuves s’accumulent. De nouvelles pistes naissent. Et nous sommes captivés comme s’il s’agissait d’une course-poursuite haletante. La force de la mise en scène, sa discrétion aussi, constamment au service d’un scénario ciselé et de dialogues parfaitement écrits, nous conduisent à suivre ces personnages pas forcément sympathiques mais  pris et écartelés par l’absurdité et la complexité de la réalité.

    La direction d’acteurs et la distribution sont également exceptionnelles avec, d’abord, une très belle découverte, Pauline Burlet qui interprète  le rôle de la fille de Marie, à la fois introvertie et très forte. Bérénice Béjo très loin ici de la lumineuse Peppy Miller, est constamment crédible dans le rôle de cette mère écartelée entre son passé et l’avenir qu’elle tente de construire  (un rôle qui vient de lui valoir le prix d'interprétation féminine à Cannes) et Tahar Rahim comme toujours d’une justesse irréprochable et sidérante sans oublier Ali Mosaffa qui interprète le rôle d’Ahmad, l’autre belle découverte du film.

    En conférence de presse, Tahar Rahim a expliqué que, avec Asghar Farhadi «  Tout est réglé comme du papier à musique et pourtant on se sent libre au milieu de tout ça ». Bérénice Bejo a parlé de chorégraphie pour ce film qui a nécessité 2 mois de répétition et 4 mois de tournage. Et, en effet, tout semble parfaitement orchestré, sans qu’il n’y ait jamais la moindre fausse note.

    Asghar Farhadi ne cherche jamais à forcer notre émotion, ou à la prendre en otage mais il nous montre des personnages pas forcément aimables (ils ne sont pas tendres avec leurs enfants et Bérénice Bejo et Tahar Rahim, en conférence de presse, hier, ont d’ailleurs expliqué avoir parfois eu des réticences à interpréter ces personnages très éloignés d’eux) pour lesquels il parvient à nous faire ressentir de l’intérêt, constant, et de l’empathie.

     Il a également eu la bonne idée, pour ce film tourné en France, de ne pas filmer un Paris   de carte postale mais de tourner en banlieue, pour l’ancrer davantage encore dans la réalité.

    « Le Passé » est aussi un film remarquable parce qu’il traite du doute et nous laisse aussi dans le doute quand tant de films nous prennent par la main, cherchant à nous dicter jusqu’à nos émotions. Faut-il privilégier la loyauté au passé ou y renoncer pour s’élancer vers l’avenir ? Pour échapper au passé, il faut continuer à avancer, mais le passé ne freine-t-il et ne condamne-t-il pas ce dessein ? Asghar Farhadi a la bonne idée de  ne pas apporter de réponse et de nous laisser, comme ses personnages, avec ces questionnements.

    Le scénario, pour son extrême sensibilité et sa  précision rare et parce qu’il donne au spectateur un vrai rôle (finalement comme dans le film de Folman) et qui reflète si bien l’absurdité et la complexité de l’existence mériterait sans aucun doute un prix. C’est là toute la force du « Passé », d’une justesse fascinante et rare, dont le dernier plan nous laisse astucieusement interrogatifs, et émus, enfin.

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  • Critique - JEUNE ET JOLIE de François Ozon

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    Après « Dans la maison », un des meilleurs films de 2012, et une brillante leçon d’écriture, de manipulation et un hommage au pouvoir de l’écriture, Ozon explore une nouvelle fois les fragilités de l’adolescence, plus exactement d’une adolescente, qui se dévoile en quatre saisons, qui se lance dans la prostitution comme d’autres se jetteraient dans l’alcool ou dans la drogue, pour expérimenter, explorer ses désirs, franchir un interdit.

     Son film, elliptique,  est imprégné de la mélancolie de son personnage principal, intrigant (magnifique Marine Vacth) et a la bonne idée de ne jamais tomber dans le graveleux ou de provoquer gratuitement nous montrant davantage ses rituels que les actes en eux-mêmes, esthétisant ce qui est néanmoins certainement beaucoup plus sordide. Ozon a choisi la prostitution comme il aurait choisi une autre manifestation du malaise adolescent et un autre moyen de dépasser les interdits.

    Les chansons de Françoise Hardy qui rythment ces saisons contribue également à la mélancolie qui émane de ce film, néanmoins émaillé de scènes de comédie (la séance chez le psy) qui provoquent entre le malaise et le rire, l’inconscience des actes de la « jeune et jolie » Marine Vacth me faisant d’ailleurs penser à celle de certains personnages du « Polisse » de Maïwenn.

    Malheureusement, habituellement fin psychologue, je trouve que, ici, François Ozon ne parvient pas à dépasser les clichés, et plus que misogyne (au fond, il semble aimer son personnage principal qui, elle, n’y parvient justement pas) plutôt misanthrope ne donnant pas de l’humanité dans son ensemble, et en particulier des hommes, une image  très glorieuse (jusqu’au petit frère).

    On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. La plus belle scène du film reste d’ailleurs sans doute celle où des adolescents donnent chacun leur interprétation du poème de Rimbaud, une scène pour laquelle de vrais lycéens d’Henri IV, après avoir lu le poème, en donnent leur analyse.

    Si certains voyaient déjà en Marine Vacth un prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes 2013 (le film figurait en compétition),l'absence de ce film au palmarès n'est guère étonnante, même s’il est très élégamment filmé, même s’il dit indéniablement quelque chose de la jeunesse d’aujourd’hui, et de l’intemporelle violence de cet âge de tous les possibles, où se mêlent désirs  et souffrances (où « joie et souffrance » pour paraphraser Truffaut que François Ozon aime d’ailleurs lui-même citer).

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  • Critique de GRAND CENTRAL de Rebecca Zlotowski

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     "Grand Central" sera projeté dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival dont vous pouvez retrouver le programme, ici.

    Dans ce nouveau film de Rebecca Zlotowski, Tahar Rahim incarne Gary, un jeune homme agile, frondeur, qui apprend vite, embauché dans une centrale nucléaire, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes et dangereuses. Là, où le danger est constant. Il va y trouver ce qu’il cherchait, de l’argent, une équipe à défaut d’une famille (on ne verra de sa vraie famille qu’une sœur dont le conjoint le rejette visiblement, et une grand-mère dont la porte restera impitoyablement fermée) même si elle le devient presque, mais aussi Karole ( Léa Seydoux), la femme de son collègue Toni (Denis Menochet). Tandis que les radiations le contaminent progressivement, une autre forme de chimie (ou d’alchimie), l’irradie, puisqu’il tombe amoureux de Karole. Chaque jour, la menace, de la mort et de la découverte de cette liaison, planent.

    La première bonne idée du film est de nous faire découvrir cet univers dans lequel des hommes côtoient le danger et la mort chaque jour, dans des conditions terrifiantes que Rebecca Zlotowski parvient parfaitement à transcrire notamment par un habile travail sur le son, des bruits métalliques, assourdissants qui nous font presque ressentir les vibrations du danger. A l’image d’un cœur qui battrait trop fort comme celui  de Gary pour Karole.  J’ignore ce qui est réel dans sa retranscription des conditions de vie des employés de la centrale nucléaire tant elles paraissent iniques et inhumaines mais j’imagine qu’elles sont tristement réelles puisque  Claude Dubout, un ouvrier qui avait écrit un récit autobiographique, « Je suis décontamineur dans le nucléaire », a été le conseiller technique du  film. Le film a par ailleurs été tourné dans une centrale nucléaire jamais utilisée, en Autriche, ce qui renforce l’impression de réalisme.

    Ne vous y trompez pas, « Grand Central » n’est néanmoins pas un documentaire sur les centrales nucléaires. C’est aussi et avant tout une histoire d’amour, de désirs dont la force est renforcée par la proximité d’un double danger. C’est un film sensuel, presque animal qui pratique une économie de dialogues et qui repose sur de beaux parallèles et contrastes. Parallèle entre l’amour de Gary pour Karole  qui se laisse irradier par elle et pour rester auprès d’elle. Parallèle entre le sentiment amoureux, presque violent, impérieux, qui envahit lentement et irrémédiablement celui qui l’éprouve comme la centrale qui contamine. Parallèle entre les effets du désir amoureux et les effets de la centrale : cette dose qui provoque « la peur, l’inquiétude », les jambes « qui tremblent », la « vue brouillée » comme le souligne Karole. Parallèle entre ces deux dangers que Gary défie, finalement malgré lui. Contraste entre cette centrale clinique, carcérale, bruyante et la nature dans laquelle s’aiment Gary et Karole et que Rebecca Zlotowski filme comme une sorte d’Eden, ou comme dans « Une partie de campagne » de Renoir, même si elle n’élude rien des difficiles conditions de vie des ces ouvriers/héros qui habitent dans des mobile-homes près des centrales, telle une Ken Loach française.

    Rebecca Zlotowski dresse le portrait de beaux personnages incarnés par d’excellents comédiens ici tout en force et sensualité au premier rang desquels Tahar Rahim, encore une fois d’une justesse irréprochable, Denis Menochet, bourru, clairvoyant et attendrissant, un beau personnage qui échappe au manichéisme auquel sa position dans le film aurait pu le réduire, ou encore Olivier Gourmet ou Johan Libéreau (trop rare).

    Encore un film dont je vous reparlerai qui à la fois nous emporte par la beauté de ses personnages, leur rudesse tendre, la radieuse force des sentiments (amitié, amour) qui les unit … et qui nous glace d’effroi en nous montrant les conditions de travail de ceux qui risquent chaque jour leur vie dans l’une de ces 19 centrales françaises.

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  • CRITIQUE - LE CONGRES d'Ari Folman

     « Le Congrès d’Ari Folman – Ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs 2013

     

    Retour sur "Le Congrès" d'Ari Folman, un de mes coups de coeur de ce Festival de Cannes 2013, découvert en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs.

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    Cinq ans après « Valse avec Bachir » qui, déjà, avait su surprendre et éblouir la Croisette (en compétition officielle, il était reparti sans un prix), Ari Folman est donc de retour avec un film en trompe l’œil, en trompe l’œil puisque la réalité n’y est pas ce qu’elle semble être, en trompe l’œil parce qu’il débute comme un film classique pour ensuite nous plonger dans un tourbillon visuel et émotionnel  éblouissant et d’une inventivité rare. On se souvient du début de « Valse avec Bachir » (comment l’oublier ?), qui commençait par la course d’une meute de chiens face caméra. L’image nous heurtait de plein fouet : féroce, effrayante, belle et terrifiante. Ici, cela commence avec un plan sur le visage de Robin Wright, un visage d’une belle gravité sur lequel coule une larme tandis qu’une voix off, celle d’Harvey Keitel, son agent, lui assène ses « mauvais films, mauvais mecs »…lui reprochant même sa mère, laissant déjà entrevoir le ton décalé que le film (brillamment écrit) utilisera parfois. Et cette image est tout aussi féroce, belle et terrifiante, que l’était celle du début de « Valse avec Bachir ».

     « Le Congrès » est tout d’abord une adaptation d’un roman des années 1960 de l’écrivain de science-fiction Stanislas Lem intitulé « Le Congrès de futurologie » dans lequel se met en place une dictature chimique mondiale contrôlée par quelques grandes firmes pharmaceutiques. Dans le film d’Ari Folman, une firme nommée Nagasaki ( !) s’allie à une major hollywoodienne, la Miramount (toute ressemblance…).

     Robin Wright qui porte ici son nom  joue « à être elle-même », ou plutôt une Robin Wright dont la carrière n’est plus qu’un lointain souvenir, vivant avec ses deux enfants dans un ancien hangar au bout de la piste d’un aéroport en plein désert. Son fils, malade, s’évade en jouant avec un cerf volant rouge, frôlant dangereusement la zone sécurisée de l’aéroport. Le monde du cinéma s’est détourné d’elle. La seule proposition qu’elle reçoit :  se faire scanner,  être dépossédée totalement de son image et permettre ainsi à la Miramount de jouer avec comme ils l’entendent et de créer des films à partir des émotions de cette Robin Wright à jamais figée dans le temps enregistrées, tandis que l’autre continuer à vieillir inexorablement. Déjà une très belle idée…

     Dans la 2ème partie, et sans crier gare, le film bascule ensuite dans un monde animé, foisonnant, fascinant, effrayant parfois, surtout, aussi, en ce qu’il montre à quel point cette quête effrénée de virtualité, d’éternité, de spectacle, peut aboutir à un nouveau totalitarisme dans lequel les personnages et surtout les personnalités sont même consommés et finalement broyés.

    Cela manque certes parfois un peu de clarté mais  c’est aussi ce que j’aime dans le cinéma et qu’il nous propose trop rarement, lorsqu’il nous emmène totalement ailleurs, au risque de nous perdre. J’aime être entraînée dans un autre univers, étrange et mystérieux, et c’est d’autant plus intéressant ici que ce monde imaginaire est avant tout un reflet de notre propre monde, et de ses périlleuses tentations, même si les termes abordés sont peut-être trop nombreux : nostalgie du cinéma d’hier, course à la technologie, contre le temps, contre la réalité, au mépris d’autres recherches beaucoup plus vitales qui mériteraient cette même obsession.

    Le film est aussi jalonné de références cinématographiques qui vous feront croiser un Clint Eastwood inattendu, l’ombre d’Hitchcock et de Kubrick, apportant un aspect ludique à cette fable d’anticipation étourdissante.

    Robin Wright qui a déjà eu le courage de jouer avec son image en acceptant ce rôle, certes en or mais qui sans doute exige aussi pas mal de recul sur ce qui obsède les acteurs/trices, est bouleversante, notamment dans cette scène au cours de laquelle ses expressions sont scannées et qui dévoile l’étonnante palette de son jeu, par un habile stratagème de son agent.

    Avec ce film très (trop?) riche, empreint de pessimisme et de nostalgie, une nouvelle fois, Ari Folman s’affranchit des règles  cinématographiques qui veulent qu’un film soit cantonné à un genre pour nous embarquer dans un labyrinthe visuel et émotionnel dont on ressort bousculé, ému, ébloui, terrifié . La beauté formelle et la poésie cruelle qui en émane accroche notre attention même si la deuxième partie s’égare et nous égare parfois dans ses méandres (comme, après tout, le virtuel risque de nous égarer, faisant finalement et ainsi résonner la forme et le fond).  Une œuvre atypique, unique qui, comme « Valse avec Bachir », allie intelligemment forme et force du propos, où la forme, sublime, est au service du fond, brutal. Premier coup de cœur et de poignard de cette édition. Un film à voir et revoir dont je vous reparlerai .

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  • Critique – Téléfilm – ALIAS CARACALLA, AU CŒUR DE LA RESISTANCE, réalisé par Alain Tasma

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    En 1969, Jean-Pierre Melville réalisait « L’armée des ombres », un chef d’œuvre qui donnait de la Résistance une image inédite, celle d’une Résistance démythifiée, dans un film à la mise en scène épurée, au scénario ciselé dans lequel le Résistant était l’emblème paroxystique de la solitude de l’anti-héro melvillien (vous pouvez en retrouver mon analyse détaillée, ici). Fin Mai, France 3 diffusait « Alias Caracalla, au cœur de la Résistance », un téléfilm en deux parties réalisé par Alain Tasma écrit par Raphaëlle Valbrune, Daniel Cordier et Georges-Marc Benamou d’après le livre de Daniel Cordier (Editions Gallimard, 2009) intitulé  « Alias Caracalla ». C’est avec beaucoup trop de retard que je vous parle de cette fiction de France Télévisions diffusée fin Mai et que j’avais eu le plaisir de voir en avant-première au cinéma l'Arlequin mais, néanmoins le DVD est disponible à la vente si vous voulez vous rattraper et découvrir cette fiction de qualité.

    Daniel (Jules Sadoughi) a 20 ans. C’est un jeune homme fougueux, "royaliste, maurrassien et antisémite". Il est révulsé par l’Armistice. La trahison de Pétain – en qui il croyait tant- est un choc pour lui! Il veut partir se battre et, avec quelques copains, arrive en Angleterre presque par hasard. Là, il s’enrôle vite auprès d’un Général inconnu : De Gaulle. L’armée du chef ne compte alors que quelques centaines de gamins… C’est la naissance d’une incroyable épopée : la "France libre", et le début de l’évolution intellectuelle et républicaine de ce jeune fanatique. De retour dans une France occupée, la " vraie " Résistance va enfin pouvoir commencer. Le hasard (et le désordre qui règne dans la Résistance) vont faire du jeune Daniel un témoin incroyablement privilégié de l’Histoire. A Lyon, il rencontre un dénommé Rex (Eric Caravaca) dont il devient le secrétaire. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il découvrira que Rex n’était autre que… Jean Moulin.

    Le téléfilm commence le 17 juin 1940. Daniel Cordier vend l’Action française en criant « La jeunesse ne peut que soutenir Pétain »,  «Dans quelques jours, vous ferez moins les malins, le Maréchal vous fera tous mettre en taule, vous et toute votre clique de juifs et de métèques.» Un personnage de prime abord pour le moins antipathique...et pourtant… et pourtant c’est ce même personnage qui, deux ans plus tard, sera devenu le secrétaire de Jean Moulin après être passé par Londres aux côtés du Général de Gaulle. C’est ce même jeune homme qui s’engagera avec fougue et passion dans la Résistance, avec la même ténacité que celle avec laquelle il défendait au départ Pétain.

    Ce téléfilm est passionnant à plus d’un titre, d’abord parce que c’est un véritable récit d’apprentissage (basé sur des faits réels, les mémoires de Daniel Cordier) et qu’il montre une passionnante évolution intellectuelle, celle d’un jeune homme antisémite qui comprendra son « erreur » et s’engagera dans la Résistance même s’il lui faudra du temps pour « renier » ses idées de jeunesse. Une scène à laquelle il assiste, d’un grand-père et son petit-fils ne pouvant aller au Parc Monceau « interdit au juif » lui feront comprendre, enfin. Aujourd’hui encore, Daniel Cordier dit avoir honte d’avoir pu être antisémite. C’est justement cette évolution du personnage, dénuée de manichéisme, qui est passionnante, en partie grâce à la maturité du jeu du jeune Jules Sadoughi (lycéen qui suit une formation dans une école de cirque) dont j’ai été surprise de découvrir qu’il n’avait que 17 ans. Il interprète avec une force et une conviction surprenantes la fougueuse détermination et le courage du jeune Résistant. Au contact de celui dont il découvrira après sa mort qu’il était Jean Moulin, et dont les idées sont opposées aux siennes, il va ainsi évoluer, grandir, ouvrir les yeux. Eric Caravaca est également impressionnant dans le rôle de Jean Moulin, à la fois posé et imposant, calme et déterminé. On ne saura jamais vraiment pourquoi il choisira ce jeune homme dont il aurait dû au contraire se méfier…mais ce choix étonnant contribue au portrait de cet homme complexe que dessine également le téléfilm.

    Grâce à une réalisation nerveuse et sobre, le téléfilm montre la solitude de ces hommes qui s’engageaient, souvent très jeunes, la peur omniprésente, mais l’envie de résister plus encore. Les soldats allemands ne sont quasiment jamais visibles mais la menace est là, constante, et n’en est même que plus oppressante. Le téléfilm ne donne pas de la Résistance une image d’un mouvement invincible composé de héros irréprochables. Il montre au contraire des hommes avec tout ce que cela implique de failles et de faiblesses qui parfois, souvent, n’étaient pas d’accord et il montre quel combat fut la création du Conseil National de la Résistance, le 27 Mai 1943, grâce aux efforts acharnés de Jean Moulin pour unifier les différents mouvements de Résistance, souvent en désaccord, ou sujets à des batatailles d’egos des dirigeants des différents mouvements qui souvent s’opposaient à Jean Moulin.  Il montre aussi à quel point la distribution des fonds venus de Londres était une lutte quotidienne, qu’il fallait parfois risquer sa vie pour de « simples » tâches administratives. « Alias Caracalla » ne dresse pas le portrait d’une Résistance de légende  mais montre la Résistance au quotidien, avec ses moyens parfois dérisoires, ce qui n’en est que plus passionnant.

    Après-guerre,  Daniel Cordier est devenu un important marchand d’art et collectionner. Il a offert au Centre Pompidou plus de 500 œuvres, soit la plus grosse donation d’art jamais perçue par l’Etat français. Vous comprendrez comment Jean Moulin, lui-même grand amateur d’art, a fait naitre cette passion.

    Je suis un peu lasse de ce dénigrement systématique des fictions françaises (un jour il faudra qu’on m’explique l’intérêt des « Experts » par exemple dont les ressorts démagogiques m’ont toujours consternée) et je vous encourage vraiment à découvrir cette fiction instructive et de qualité qui apporte un nouvel éclairage sur la Résistance, certes pas exhaustif (on regrette parfois de ne pas en savoir plus sur d’autres Résistants dont le portrait n’est qu’esquissé), mais qui m’a donné envie de me documenter et de lire l’ouvrage de Daniel Cordier. Et si ce récit nous parle d’une Résistance passée, il a évidemment des échos avec l’actualité, cette notion étant plus que jamais d’actualité… A signaler également, aux côtés de Jules Sadoughi et Eric Caravaca, une distribution réussie et impressionnante avec Julie Gayet, Louis-Do de Lencquesaing, Laurent Stocker, Grégory Gadebois, Thierry Hancisse, Lou de Laâge, François Loriquet, Géraldine Martineau…

     

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