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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Comme chaque année ou presque, j'irai cette année à nouveau au Salon du livre, rendez-vous incontournable des amoureux de la littérature, pour des raisons différentes de l'année dernière néanmoins puisque j'y étais invitée en tant que membre du jury des lectrices du magazine Elle et que cette année j'irai plutôt pour rechercher des contacts pour un projet personnel (dont je vous parlerai bientôt). Raison de plus pour y aller cette année: le cinéma mis à l'honneur puisque cette année plus que jamais le Salon du livre sera un rendez-vous des professionnels du cinéma et des cinéphiles.
Au programme de ce Salon du livre de Paris 2011 dans le domaine du 7ème art:
- un Marché du Film : Une 3e édition pour le Marché des droits audiovisuels (une coproduction SCELF / le Salon du livre de Paris) La Société Civile des Editeurs de Langue Française (SCELF) en collaboration avec Reed Expositions France et le Syndicat national de l'édition (SNE), donne rendezvous aux producteurs lors de son Marché des droits audiovisuels le vendredi 18 mars à l’Espace 2 000 au Salon du livre de Paris. Près de 300 oeuvres récentes sélectionnées par les éditeurs français seront proposées aux producteurs en vue d’une adaptation cinématographique. Les principaux acteurs de l’édition, du cinéma et de la télévision bénéficient ainsi d’une journée unique et conviviale pour développer leurs échanges.
- des rencontres : sur la grande Scène
Vendredi de 14h-15h : Lecture de textes de Pagnol par un acteur de "La fille du puisatier"
Samedi de 15h-16h La série "Ikigami, préavis de mort" de Motoro Masé (invité du Salon) a été adapté au cinéma. Présence du mangaka et diffusion d'extraits du film 21h-22h Table ronde Polar Cinécinéfrisson
Dimanche
- 15-16h Avant-première de "La fille du puisatier" présentée par Daniel Auteuil
- 16h-17h Grande rencontre Tatiana de Rosnay avec diffusion d'extraits de "Elle s'appelait Sarah".
et en exclusivité Avant-première du film de Zep
sur la scène des Auteurs
Samedi
11h30-12h30 Grande rencontre Kathryn Lasky . Diffusion d'extrait de l'adaptation en film d'animation 3D de la saga "Les Gardiens de Ga'Hoole"
Ce soir, au Gaumont Parnasse, vous pourrez découvrir "Black swan" en avant-première.
Après une année cinématographique 2010 plutôt tiède , l’année cinéma 2011 (« Black swan » sortira en salles le 9 février) débutera par un vrai choc cinématographique, un tourbillon fiévreux dont vous ne ressortirez pas indemnes.
Nina (Natalie Portman) est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Elle (dé)voue sa vie à la danse et partage son existence entre la danse et sa vie avec sa mère Erica (Barbara Hershey), une ancienne danseuse. Lorsque Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre (Winona Ryder) pour leur nouveau spectacle « Le Lac des cygnes », Nina se bat pour obtenir le rôle. Le choix de Thomas s’oriente vers Nina même si une autre danseuse, Lily, l’impressionne également beaucoup, Nina aussi sur qui elle exerce à la fois répulsion et fascination. Pour « Le Lac des cygnes », il faut une danseuse qui puisse jouer le Cygne blanc, symbole d’innocence et de grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina en plus de l’incarner EST le cygne blanc mais le cygne noir va peu à peu déteindre sur elle et révéler sa face la plus sombre.
« Black swan » n’est pas forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky, rusé comme un cygne noir, et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant.
« Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que Thomas met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens.
Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion.
Par une sorte de mise en abyme, le combat (qui rappelle celui de « The Wrestler ») de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice.
Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski (qui décidément inspire ces derniers temps les plus belles scènes du cinéma après « Des hommes et des dieux ») pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Confusion encore, cette fois d’une ironie cruelle, entre l'actrice Winona Ryder et son rôle de danseuse qui a fait son temps. Tout comme, aussi, Nina confond sa réalité et la réalité, l’art sur scène et sur l’écran se confondent et brouillent brillamment nos repères. Cinéma et danse perdent leur identité pour en former une nouvelle. Tout comme aussi la musique de Clint Mansell se mêle à celle de Tchaïkovski pour forger une nouvelle identité musicale.
La caméra à l’épaule nous propulse dans ce voyage intérieur au plus près de Nina et nous emporte dans son tourbillon. L’art va révéler une nouvelle Nina, la faire grandir, mais surtout réveiller ses (res)sentiments et transformer la petite fille vêtue de rose et de blanc en un vrai cygne noir incarné par une Natalie Portman absolument incroyable, successivement touchante et effrayante, innocente et sensuelle, qui réalise là non seulement une véritable prouesse physique (surtout sachant qu’elle a réalisé 90% des scènes dansées !) mais surtout la prouesse d’incarner deux personnes (au moins...) en une seule et qui mérite indéniablement un Oscar.
Un film aux multiples reflets et d’une beauté folle, au propre comme au figuré, grâce à la virtuosité de la mise en scène et de l’interprétation et d’un jeu de miroirs et mise(s) en abyme. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige.
Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...
Ci-dessous ma vidéo du débat après la projection : Darren Aronofsky y explique notamment la genèse du film.
Comme chaque année, vous trouverez ici toutes les informations concernant le Festival du Film Asiatique de Deauville auquel j'assiste depuis ma participation à son jury de cinéphiles, en 2005, et d'ailleurs même bien avant...un festival qui s'améliore d'années en années et que vous pourrez bien sûr suivre ici comme chaque année ainsi que sur "In the mood for Deauville", mon blog entièrement consacré aux festivals du cinéma américain et du film asiatique de Deauville sur lequel vous trouverez mes reportages sur les éditions précédentes du festival, vous pourrez également trouver de bonnes adresses deauvillaises sur "In the mood for luxe".
Cette 13ème édition ne devrait pas déroger à la règle puisque, si nous savions déjà que le festival aurait lieu du 9 au 13 mars, nous venons d'apprendre qu'Amos Gitaï présiderait le jury et qu'un hommage serait rendu au cinéaste coréen Hong Sangsoo. En collaboration avec la Cinémathèque Française l'intégralité de son oeuvre sera d'ailleurs projetée à cette occasion (cf sa filmographie en bas de cet article).
Enfin, je vous invite à découvrir ci-dessus le charmant visuel de cette édition 2011 sur laquelle vous pourrez également avoir tous les renseignements nécessaires en vous rendant sur le site officiel du festival.
Par ailleurs vous pourrez suivre le festival en direct et recevoir toutes les informations en amont en suivant mon compte twitter dédié aux festivals de Deauville: http://twitter.com/moodfdeauville . Je vous tiendrai bien entendu de la suite de la programmation et des noms des autres membres du jury dès leurs annonces.
Filmographie de Hong Sangsoo
1996 : Le Jour où le cochon est tombé dans le puits