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  • Critique - ROSE d'Aurélie Saada

    cinéma, critique, film, Rose, Aurélie Saada, Françoise Fabian, Aure Atika, Pascal Elbé

    Rose est le premier long métrage d’Aurélie Saada, initialement surtout connue pour être l’une des chanteuses du duo Brigitte. Cela commence ainsi : dans un tourbillon de paroles et de musiques. Une fête qui nous emporte d’emblée dans sa danse, mais une fête, comme le sont souvent la joie et la vie : au bord des larmes. C’est l’anniversaire de Philippe (Bernard Murat), le mari de Rose. Elle ne le sait pas encore, Rose. Mais ce sera son dernier. Peu de temps après, Rose est veuve, à 78 ans. C’est même ainsi qu’elle se définit lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait dans la vie : veuve. Elle a l’impression de n’être plus que cela, une femme qui a perdu le sens et l’essence de sa vie.

    Rose est abattue, ne sort plus, ne se lave plus. Rose est éteinte. Rose est perdue dans son silence mortel au milieu des cris des vivants et d’un monde auquel elle a la sensation d’être soudain étrangère. Mais un soir, lors d’un dîner auquel l’invite sa fille, elle rencontre une femme d’un âge aussi avancé que le sien. Une femme furieusement vivante. Peu à peu, à partir de ce moment, l’absente redevient présente. Elle retrouve même un appétit de vie qui emporte sa tristesse, et la nôtre potentielle avec. Elle réalise qu’elle n’est pas seulement la mère et la veuve mais une femme qui peut encore embrasser la vie, désirer même (et l'être aussi, désirée), et les deux scènes que le lui font réaliser sont remarquables d’intensité, de justesse, d’émotion, de pudeur et sensualité mêlées, et pour l'une de ces deux scènes grâce au jeu tout en nuances de Pascal Elbé en restaurateur chamboulé par Rose mais aussi grâce au scénario particulièrement sensible coécrit par Aurélie Saada et Yaël Langmann.

    La Rose qu’incarne Françoise Fabian est plurielle et invite chaque femme à oser l’être. Elle est ainsi tour à tour déroutée, déroutante, fascinante, séduisante, espiègle, femme, enfantine, libre, égarée, lumineuse, fragile, forte. Renaissante. Vivante ! Quel rôle ! Quelle interprétation ! Il y a des personnages comme cela, rares, qui vous accompagnent longtemps après la projection, qu’on intègre à sa mémoire comme des êtres réels, de chair et de sang. Et celui-ci l’est d’autant plus qu’il donne à voir et admirer une femme d’un âge trop rarement (voire presque jamais !) représenté ainsi au cinéma. Pleine de vie. Pleine de la vie.

    Tout sonne incroyablement juste. Tout vibre de vie, et l’exalte. Rarement un film m’aura semblé avoir des décors qui sonnent aussi vrais, aussi, tant l’attention portée aux « détails » est remarquable, jusqu’aux mets amoureusement filmés et confectionnés.

    Aure Atika ( toujours si juste, ici dans le rôle d'un très émouvant personnage aveuglé par l’amour qui sombre et renait aussi), Grégory Montel, Damien Chapelle sont parfaits pour incarner les enfants de Rose, dont les portraits sont esquissés par petites touches là aussi particulièrement sensibles, tous confrontés à leurs propres fêlures, à un carrefour de leurs vies.

     L’affiche évoque une « ode à la vie ». C’est plus que cela. De ces films qui vous apprennent à « vivre avec la déchirure » pour reprendre les mots prononcés par Delphine Horvilleur qui incarne son propre rôle de Rabbin. Un film qui est par ailleurs bouleversant pour les grands enfants qui voient leurs parents vaciller, et n’ont de cesse de craindre qu’ils tombent. Un film poignant à l’image de Rose et de son monologue final.

    Un film qui invite à se « foutre » de l’âge, à faire exploser les cases dans lesquelles on cherche à nous enfermer. Et à croire en tous les possibles, encore, toujours, malgré tout, malgré les autres, même malgré soi. Un film qui appelle à provoquer l’instant présent, à le savourer aussi, chaque seconde, jusqu’à la dernière seconde. Un film rempli d’espoir qui vous donne envie d’empoigner la vie, de croire en ses sursauts improbables de joie, quel que soit notre âge. Un film qui dynamite les clichés et fait exploser les cases, qui nous rappelle que la beauté et la vitalité n’ont pas d’âge. Un film comme celle dont il dresse le merveilleux portrait : libre ! Joyeusement. Profondément. Intensément.

    Alors, on en ressort comme Rose à la fin du film, heureux et triste un peu aussi, avec en tête l’ensorcelante musique d’Aurélie Saada (qui a aussi composé la BO comme les chansons du film C’est toi que j’attendais de Stéphanie Pillonca pour lesquelles elle a reçu une mention spéciale du jury pour lors du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2021). Ou peut-être heureux d’être triste, qui sait. Cela s’appelle la mélancolie, ce « bonheur d’être triste » qu’évoquait Victor Hugo. Elle sait en effet parfois aussi être réconfortante, la mélancolie, comme l’est ce petit bijou. Foncez le découvrir ! Rose a été primé au Festival de Locarno. Pour moi, Françoise Fabian était jusqu’à présent la Françoise de « La bonne année », mon film de Lelouch préféré. Elle sera désormais l’incandescente Rose. Et Aurélie Saada sera la talentueuse chanteuse des Brigitte, toujours, mais désormais indéniablement aussi une cinéaste.

  • Les 1ers Paris Film Critics Awards - le 7 février 2022 à Paris

    cinéma, film, Paris Film Critics Awards, Paris

    À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, qui sont aujourd’hui des institutions, les Paris Film Critics Awards, créés à l'initiative de Sam Bobino, récompenseront chaque année le meilleur du cinéma.

    Un collège de votants constitué de critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) décernera ses prix aux meilleurs films français et internationaux sortis en salle durant l’année.

    Je remercie Sam Bobino de m'avoir proposé d'en faire partie. Je m'en réjouis car j'y vois là avant tout un autre moyen de défendre les films que j'aime comme j'essaie de le faire, passionnément, depuis 2003 sur Inthemoodforcinema.com et ponctuellement ailleurs, surtout que le cinéma (plus que jamais !) a besoin d'être ardemment défendu.

    Les Paris Film Critics Awards seront remis lors d’une cérémonie qui aura lieu à Paris au début de l’année suivante. Ils rendront hommage aux membres de l'industrie cinématographique qui ont excellé dans leur domaine ainsi qu’aux grandes figures du cinéma avec le prix d’honneur pour l'accomplissement d’une carrière (Life Achievement Award).

    La 1ère Cérémonie de remise des Paris Film Critics Awards aura lieu à l’Hôtel Royal Monceau Raffles Paris, le lundi 7 février 2022. 50 journalistes et critiques parisiens devront départager les films sortis en salle en France en 2021.

    17 trophées seront décernés :

    Meilleur film

    Meilleur réalisateur

    Meilleure actrice

    Meilleur acteur

    Meilleure actrice dans un second rôle

    Meilleur acteur dans un second rôle

    Meilleure révélation féminine

    Meilleure révélation masculine

    Meilleur scénario original

    Meilleure adaptation

    Meilleure photographie

    Meilleur montage

    Meilleure musique originale

    Meilleur premier film

    Meilleur film d'animation

    Meilleur film documentaire

    Prix d’Honneur (pour l’ensemble d’une carrière)

    Relations presse du prix : Agence PMC

    Instagram du Prix : @parisfilmcritics

    Facebook du Prix : Paris Film Critics Association

    Lien permanent Imprimer Catégories : PARIS FILM CRITICS AWARDS Pin it! 0 commentaire
  • 27ème Cérémonie des Lumières de la Presse internationale : les nominations

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    Ce matin, au Cinéma des Cinéastes, furent annoncées les nominations des Prix Lumières 2022 en tête desquelles on retrouve la flamboyante et passionnante adaptation du chef-d'œuvre de Balzac par Xavier Giannoli, Illusions perdues.  

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    Cette adaptation d’un classique de la littérature qu’est Illusions perdues est tout sauf académique et méritait ainsi de figurer en tête des nominations. Cette satire de l’arrivisme, du théâtre des vanités que furent et sont encore Paris et le monde des médias, des « bons » mots, armes vengeresses qui blessent et tuent parfois, est d’une modernité époustouflante comme l’était l’œuvre de Balzac. Bien sûr, comme le roman, l’adaptation de Giannoli n’est pas seulement une peinture sociale mais aussi un film d’amour condamné sur l’autel d’une fallacieuse réussite. « L'amour véritable offre de constantes similitudes avec l'enfance : il en a l'irréflexion, l'imprudence, la dissipation, le rire et les pleurs. » écrivit ainsi magnifiquement Balzac dans Illusions perdues. Si, comme moi, vous aimez passionnément Balzac, son écriture, ses peintures de la société et des sentiments (nobles, sacrifiés, sublimés, éperdus, terrassés), alors cette adaptation parfois intelligemment infidèle mais toujours fidèle à l’esprit de l’œuvre devrait vous séduire. Et si vous ne connaissez pas encore ce roman alors la modernité, la beauté, la clairvoyance et la flamboyance de cette adaptation devraient vous donner envie de le dévorer surtout que vous ne verrez pas passer ces 2H29 absolument captivantes qui s’achèvent sur cette citation de Balzac terrible et sublime : « Je pense à ceux qui doivent trouver quelque chose en eux après le désenchantement ».

    Créés en 1995 par la volonté d’un journaliste britannique, Edward Behr, et d’un producteur français, Daniel Toscan du Plantier, les prix annuels de l’Académie des Lumières se veulent un regard différent, international, sur le cinéma français. L’Académie des Lumières se donne pour but de susciter l’intérêt parmi les nombreux correspondants à Paris de la presse internationale pour le cinéma français.

    L'an passé, le petit bijou d'écriture signé Emmanuel Mouret, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait avait remporté le Lumière du meilleur film. Pour savoir quel film lui succèdera, il vous faudra suivre la cérémonie le 17 janvier à 20H et en clair sur Canal +.

    Pour en savoir plus  : L'Académie des Lumières - Académie des lumières (academiedeslumieres.com)

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    NOMINATIONS 2022

    FILM
    ANNETTE de Leos Carax
    DE SON VIVANT de Emmanuelle Bercot
    L’ÉVÉNEMENT de Audrey Diwan
    ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli
    ONODA, 10 000 nuits dans la jungle de Arthur Harari

    MISE EN SCENE
    Jacques Audiard pour LES OLYMPIADES
    Leos Carax pour ANNETTE
    Audrey Diwan pour L’ÉVÉNEMENT
    Xavier Giannoli pour ILLUSIONS PERDUES
    Arthur Harari pour ONODA, 10 000 nuits dans la jungle

    SCÉNARIO
    Antoine Barraud pour MADELEINE COLLINS
    Leyla Bouzid pour UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DÉSIR
    Catherine Corsini pour LA FRACTURE
    Xavier Giannoli pour ILLUSIONS PERDUES
    Arthur Harari, Vincent Poymiro pour ONODA, 10 000 nuits dans la jungle

    FILM DOCUMENTAIRE
    9 JOURS À RAQQA de Xavier de Lauzanne
    DELPHINE ET CAROLE INSOUMUSES de Callisto Mc Nulty
    INDES GALANTES de Philippe Béziat
    LE KIOSQUE de Alexandra Pianelli
    LA PANTHÈRE DES NEIGES de Marie Amiguet et Vincent Munier

    FILM D’ANIMATION
    PIL de Julien Fournet
    PRINCESSE DRAGON de Anthony « Tot » Roux et Jean-Jacques Denis
    LE SOMMET DES DIEUX de Patrick Imbert
    LA TRAVERSÉE de Florence Miailhe
    LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS de Samuel Tourneux

    ACTRICE
    Suliane Brahim pour LA NUÉE
    Virginie Efira pour BENEDETTA
    Valérie Lemercier pour ALINE
    Sophie Marceau pour TOUT S’EST BIEN PASSÉ
    Anamaria Vartolomei pour L’ÉVÉNEMENT

    ACTEUR
    Damien Bonnard pour LES INTRANQUILLES
    André Dussollier pour TOUT S’EST BIEN PASSÉ
    Vincent Lindon pour TITANE
    Benoît Magimel pour DE SON VIVANT
    Benjamin Voisin pour ILLUSIONS PERDUES

    REVELATION FEMININE
    Zbeida Belhajamor pour UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DÉSIR
    Aïssatou Diallo Sagna pour LA FRACTURE
    Daphné Patakia pour BENEDETTA
    Agathe Rousselle pour TITANE
    Lucie Zhang pour LES OLYMPIADES

    REVELATION MASCULINE
    Alseni Bathily pour GAGARINE
    Abdel Bendaher pour IBRAHIM
    Sami Outalbali pour UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DÉSIR
    Thimotée Robart pour LES MAGNÉTIQUES
    Makita Samba pour LES OLYMPIADES

    PREMIER FILM
    GAGARINE de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
    IBRAHIM de Samir Guesmi
    LES MAGNÉTIQUES de Vincent Maël Cardona
    LA NUÉE de Just Philippot
    SOUS LE CIEL D’ALICE de Chloé Mazlo

    COPRODUCTION INTERNATIONALE
    FÉVRIER de Kamen Kalev
    LA FIÈVRE DE PETROV de Kirill Serebrennikov
    LES INTRANQUILLES de Joachim Lafosse
    JULIE (EN 12 CHAPITRES) de Joachim Trier
    THE FATHER de Florian Zeller

    IMAGE
    Christophe Beaucarne pour ILLUSIONS PERDUES
    Romain Carcanade pour LA NUÉE
    Caroline Champetier pour ANNETTE
    Tom Harari pour ONODA, 10 000 nuits dans la jungle
    Laurent Tangy pour L’EVENEMENT

    MUSIQUE
    Amine Bouhafa pour LE SOMMET DES DIEUX
    Warren Ellis et Nick Cave pour LA PANTHERE DES NEIGES
    Evgueni Galperine, Sacha Galperine, Amine Bouhafa pour GAGARINE
    Ron Mael et Russell Mael / SPARKS pour ANNETTE
    Jim Williams pour TITANE