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festival de cannes 2020

  • Programme du 46ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Deauville à l'heure de la Croisette.png

    « Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n’y a pas d’embouteillage dans les films, il n’y a pas de temps mort. ».

    Pourquoi cette citation pour vous parler de ce 46ème Festival du Cinéma Américain de Deauville ? Parce que Truffaut avait raison, non ? Au cinéma, tout est plus harmonieux. Ou à l'inverse follement dissonant. Mais aussi trépidant. Exaltant. Passionné. Passionnant. Intense. Sans temps mort. La succession de films qu'est un festival de cinéma (et évidemment celui de Deauville) nous plonge a fortiori dans une bulle d'irréalité où la frontière avec la fiction devient si délicieusement et délictueusement étanche. Où tout semble possible, pensable, où même la fin semble soudain n'être qu'une chimère puisque le générique passé, les cœurs broyés recommencent à battre. Moins intensément que sur grand écran peut-être. Où la réalité se tait avant de reprendre son assourdissant tintamarre. Même si ces films sont aussi des miroirs de la société, à Deauville en particulier où les films en compétition reflètent une réalité souvent âpre, d'autant plus depuis la présidence Trump depuis laquelle inégalités et iniquités s'accroissent terriblement. Sans doute cette parenthèse enchantée est-elle la raison pour laquelle plus de 20 ans plus tard, je reste fidèle au rendez-vous de ce festival. Quoiqu'il advienne. Malgré les vicissitudes de l'existence. Le Festival de Deauville a en effet toujours été le repère insubmersible. Malgré le temps qui dévore tout. Mais heureusement pas les rêves d'enfance. Pas cette passion ardente pour le cinéma que les festivals ont exacerbé, au premier rang desquels celui-ci. 

    « Qu’on écrive un roman ou un scénario, on organise des rencontres, on vit avec des personnages ; c’est le même plaisir, le même travail, on intensifie la vie » écrivit encore Truffaut.

    Intensifier la vie. Pouvoir suave et ensorceleur de l’écriture. De la musique aussi. Et du cinéma. Et des festivals qui en sont la quintessence. Alors que se consumeront les derniers feux de l'été (fragiles, si précieux, plus intenses) débutera le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020 lors duquel nous pourrons nous autoriser à imaginer que cette frontière entre réalité et fiction, en cet endroit si ténue, comme dans « La rose pourpre du Caire », abdiquera devant nos yeux de rêveurs intarissables avides de romanesque. Ou comme dans "Inception" que nous manipulerons les rêves jusqu'à nous égarer dans ce savoureux dédale filmique dont nous serions à la fois scénaristes et protagonistes, démiurges et marionnettes, dans lequel rien ne semblerait impossible pour peu qu'on le rêve ardemment. Pourquoi ne pas se permettre de feindre de le croire le temps d'un festival ? De CE festival. Comme des enfants qui ignoreraient que tout, irrémédiablement, s'achève par un générique de fin, d'un implacable prosaïsme. Et faire ainsi nôtre cette phrase extraite du film d’ouverture de l'édition 2019 du festival : « Laissons la réalité à ceux qui ne trouvent pas mieux ». Oubliant ainsi que la toupie ( forcément !), à l'issue de ces 9 jours, cessera de tournoyer. Et nos illusions de rêves éternels avec.

    affiche du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020.jpg

    Pour sa 46ème édition qui aura lieu du 4 au 13 septembre 2020, le Festival du Cinéma Américain de Deauville a décidé de se réinventer. En cette année dramatiquement exceptionnelle, marquée par une crise sanitaire que n'auraient osé imaginer les scénaristes hollywoodiens les plus inventifs ou à l'imagination la plus retorse, sans doute car comme disait Truffaut (encore lui !) "La vie a beaucoup plus d'imagination que nous", le Festival du Cinéma Américain de Deauville innove donc pour cette 46ème édition et se veut ainsi solidaire de l’industrie du cinéma mondial durement éprouvée.

    Au programme de cette édition, 100 films répartis en 13 catégories. « Ce sera le festival du cinéma américain mais aussi du cinéma tout court » a ainsi déclaré le Maire de Deauville, Philippe Augier. Ce sera en effet aussi le retour à la vie pour le cinéma, le Festival du Cinéma Américain de Deauville étant le deuxième festival de cinéma depuis la crise sanitaire (le Festival du Film Francophone d'Angoulême ouvrant le bal quelques jours plus tôt) à cause de laquelle de nombreux autres comme Cannes ou Beaune ont été annulés.

     

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    Le festival ouvre ainsi ses portes à deux des plus grands festivals internationaux de cinéma dont le déroulement, en France, a été perturbé : le Festival de Cannes et le Festival international du film d’animation d’Annecy. L’occasion pour le public de découvrir sur grand écran des films inédits dont il aura été privé.
     
     
     
    Vanessa Paradis présidente jury Deauville 2020.jpg
     
    Le jury sera présidé par la comédienne et chanteuse Vanessa Paradis, également égérie Chanel, partenaire officiel du festival. Bruno Barde a qualifié ce jury « d’ouvert et artistique ».
     

    Vanes­sa Para­dis sera entou­rée de :

    Yann Gon­za­lez (Réa­li­sa­teur & scé­na­riste)
    Zita Han­rot (Comé­dienne)
    Del­phine Hor­vil­leur (Auteure, confé­ren­cière & rab­bin)
    Vincent Lacoste (Comé­dien)
    Mou­nia Med­dour (Réa­li­sa­trice & scé­na­riste)
    Syl­vie Pia­lat (Pro­duc­trice)
    Bru­no Poda­ly­dès (Réa­li­sa­teur, scé­na­riste & comé­dien)
    Oxmo Puc­ci­no (Rap­peur)

    Le jury remet­tra lors de la céré­mo­nie du pal­ma­rès, same­di 12 sep­tembre, le Grand Prix et le Prix du jury.

     

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    La réalisatrice Rebecca Zlotowski présidera le jury Révélation.

     

    Rebec­ca Zlo­tows­ki sera entou­rée de :

    Lua­na Baj­ra­mi (Comé­dienne & réa­li­sa­trice)
    Mya Bol­laers (Comé­dienne)
    Arnaud Rebo­ti­ni (Auteur, com­po­si­teur, inter­prète & pro­duc­teur)
    Antoine Rei­nartz (Comé­dien)

    Le jury de la Révé­la­tion remet­tra lors de la céré­mo­nie du pal­ma­rès, same­di 12 sep­tembre, le Prix Fon­da­tion Louis Roe­de­rer de la Révé­la­tion.

    la porte s'ouvre.jpg

     
    Dans Le Point, le directeur du festival, Bruno Barde, annonçait ainsi un festival "aux dimensions pantagruéliques" avec une centaine de films au programme. Mais aussi un hommage au personnel soignant avec (parmi d'autres), La porte s'ouvre de Mankiewicz, Le Cirque infernal de Richard Brooks, et Le Secret magnifique de Douglas Sirk.
     
    "En cette année exceptionnelle, marquée par une crise sanitaire défiant l’imagination, Deauville se veut en effet solidaire du monde médical durement éprouvé, aux États-Unis comme en France, en lui rendant un hommage à travers la présentation de films et français et américains, dont les héros cinématographiques sont issus du personnel soignant: chirurgiens, chirurgiennes, doctoresses, docteurs… mais aussi infirmières, infirmiers, sages-femmes, aides-soignantes, aides-soignants. " Dans ce cadre seront ainsi projetés les films suivants :
     
    AMERICAN DOCTORS 
     
    5B de Paul Haggis & Dan Krauss  
    C’EST MA VIE APRES TOUT ! (Whose Life Is It Anyway?) de John Badham
    LA CITE DE LA JOIE (City of Joy) de Roland Joffé
    LA PORTE S’OUVRE (No Way Out) de Joseph L. Mankiewicz
    LE SECRET MAGNIFIQUE (Magnificent Obsession) de Douglas Sirk
    L’EVEIL (Awakenings) de Penny Marshall M.A.S.H. de Robert Altman
     
    FRENCH DOCTORS
     
    DE CHAQUE INSTANT de Nicolas Philibert
    JOURNAL D’UNE FEMME EN BLANC de Claude Autant-Lara  
    LA MALADIE DE SACHS de Michel Deville
    L’AMOUR D’UNE FEMME de Jean Grémillon
    PATIENTS de Grand Corps Malade & Mehdi Idir
    UN GRAND PATRON de Yves Ciampi 
    VOIR LE JOUR de Marion Lai
     

    kirk douglas festival de deauville.jpg

     
    Pendant cette édition sera  aussi rendu un hommage à Kirk Douglas, légende d'Hollywood disparue cette année à l'âge de 103 ans dont la mythique silhouette avait foulé les planches de Deauville en 1999 (je m'en souviens encore...année mémorable du festival). Il honora ainsi deux fois Deauville de sa présence.  En 1978 pour un hom­mage et en 1999, en com­pa­gnie de son amie de tou­jours Lau­ren Bacall, pour pré­sen­ter Dia­monds de John Asher et rece­voir un Prix lit­té­raire pour son livre « En gra­vis­sant la mon­tagne ».

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    Dans ce cadre seront projetés les films suivants (je vous les recommande tous, vous pourrez notamment retrouver ma critique du film "Les Ensorcelés" à la fin de cet article) :
    NIMITZ, RETOUR VERS L’ENFER (The final Countdown) de Don Taylor (1980) 
    SEPT JOURS EN MAI (Seven days in May) de John Frankenheimer (1964)
    SEULS SONT LES INDOMPTES (Lonely are the braves) de David Miller (1962)
    SPARTACUS de Stanley Kubrick (1960)
    LES VIKINGS (The Vikings) de Richard Fleischer (1958)
    LES SENTIERS DE LA GLOIRE (Paths of Glory) de Stanley Kubrick (1957) 
    LA VIE PASSIONNEE DE VINCENT VAN GOGH (Lust for life) de Vincente Minnelli & George Cukor (1956) LES ENSORCELES (The bad and the beautiful) de Vincente Minnelli (1952)
    LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS (The big sky) de Howard Hawks (1952)
    LE GOUFFRE AUX CHIMERES (Ace in the hole) de Billy Wilder (1951)
    LE CHAMPION (Champion) de Mark Robson (1949)
    LA GRIFFE DU PASSE (Out of the past) de Jacques Tourneur (1947)
     

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    Comme chaque année, le festival présentera des films classiques restaurés. Parmi eux, seront présentés :  
     
    LES TROIS JOURS DU CONDOR (Three Days of the Condor) de Sydney Pollack (1975)
    THE GAME de David Fincher (1997)
    TOTAL RECALL de Paul Verhoeven (1990)

     

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    Au programme de cette édition, la Croisette qui s'invite à Cannes avec dix films de Cannes et des films d'Annecy. 10 films sélectionnés parmi les 56 titres de la Sélection officielle du Festival de Cannes seront ainsi présentés en présence de Thierry Frémaux et de Pierre Lescure.

    Tous les publics pourront découvrir ces films sur grand écran, en présence de son délégué général Thierry Frémaux et de son président Pierre Lescure.

    Les films de Cannes irrigueront ainsi toutes les sections de cette édition 2020, conférant une teinte originale et cosmopolite à la programmation. De nombreuses équipes de films, pour une grande majorité française, seront présentes pour échanger avec le public. Pour les amoureux du cinéma d'outre-Atlantique, en dehors de cette sélection cannoise, le festival proposera, comme à son habitude, quelques 70 films américains. Et comme le dit Philippe Augier, Maire
    de Deauville, « Cette année, le festival de Deauville, c’est avant tout le rendez-vous du cinéma ».

    Le films de la sélection cannoise  présentés dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020 : 

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    ADN de Maïwenn
    AMMONITE de Francis Lee
    DES HOMMES de Lucas Belvaux
    LES DEUX ALFRED de Bruno Podalydès
    A GOOD MAN de MarieCastille Mention-Schaar
    LAST WORDS de Jonathan Nossiter
    PENINSULA de Yeon Sang-ho
    ROUGE de Farid Bentoumi
    SLALOM de Charlène Favier
    TEDDY de Ludovic & Zoran Boukherma

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    Pour l’ouverture du festival qui se fera avec un film de la compétition, Bruno Barde a annoncé « un film qui rend heureux » : « Minari » de Lee Isaac Chung. Les organisateurs ont ainsi souhaité ouvrir ce fes­ti­val avec un film de la com­pé­ti­tion, afin d’affirmer celle-ci comme une prio­ri­té. Cette œuvre définie comme un film « aux accents for­diens » affirme leur « désir d’un ciné­ma exi­geant et popu­laire. »

    Pitch : « Une famille américaine d’origine sud-coréenne s’installe dans l’Arkansas où le père de famille veut devenir fermier. Son petit garçon devra s’habituer à cette nouvelle vie, et à la présence d’une grand-mère coréenne qu’il ne connaissait pas. »

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    C’est cette même volon­té qui les a poussés à choi­sir en clô­ture Com­ment je suis deve­nu super-héros, film fran­çais en hom­mage aux héros mar­vel­liens (véri­table X‑Men à la fran­çaise) mais aus­si au ciné­ma amé­ri­cain dans sa veine fan­tas­tique. « Les deux films ont en com­mun de nous rendre heu­reux» ont précisé les organisateurs. Un film réalisé par Dou­glas Attal  avec Pio Mar­maï, Vima­la Pons, Benoît Poel­voorde, Leï­la Bekh­ti & Swann Arlaud. Une projection en pré­sence de l’équipe du film.

    compétition Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020.png

    Ont également été annoncés les films de la compétition. Sur 14 films, 7 sont des premiers films et 8 sont des films de réalisatrices :

    FIRST COW de Kelly Reichardt GIANTS BEING LONELY de Grear Patterson - 1er film

    HOLLER de Nicole Riegel - 1er film

    KAJILLIONAIRE de Miranda July - sortie le 30 septembre

    LORELEI de Sabrina Doyle - 1er film

    LAST WORDS de Jonathan Nossiter - sortie le 21 octobre

    LOVE IS LOVE IS LOVE d‘Eleanor Coppola

    MINARI de Lee Isaac Chung

    SHIVA BABY d’Emma Seligman - 1er film

    SOPHIE JONES de Jessie Barr - 1er film

    SOUND OF METAL de Darius Marder - 1er film

    THE ASSISTANT de Kitty Green - 1er film

    THE VIOLENT HEART de Kerem Sanga

    UNCLE FRANK de Alan Ball - 2e film

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    Le film THE NEST de Sean Dur­kin, avec Jude Law, Car­rie Coon & Anne Reid rejoint la com­pé­ti­tion lors de la conférence du 18 août portant à 15 le nombre de films en compétition.

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    Le Prix du Festival de Deauville est remis chaque année à un cinéaste qui a franchi l’Atlantique pour réaliser un film aux Etats-Unis, matérialisant ainsi un pont franco-américain issu d’une longue tradition artistique.

    Après Jacques Audiard (Les Frères Sisters), Olivier Assayas (Cuban Network), c’est Barbet Schroeder qui sera honoré par la 46ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, non pas pour un film, mais pour l’ensemble de son oeuvre américaine.
    Comme le précise le communiqué de presse du festival, "La simple évocation de son nom fait surgir des images mythiques de la Nouvelle vague et des jeunes turcs des « Cahiers du cinéma ». Mais c’est aussi bien sûr aussi aux Films du Losange que l’on songe, société de production qu’il créé à 20 ans à peine pour produire les films d’Eric Rohmer et qui continue d’éclairer le paysage de la cinéphilie française aujourd’hui." A cette occasion, je vous propose ci-dessous la critique de L'avocat de la terreur de Barbet Schroeder.

     

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    Comme chaque année, des films seront présentés dans la section « Premières » :

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    BAD EDUCATION de Cory Finley

    COMMENT JE SUIS DEVENU SUPER-HEROS de Douglas Attal 

    CRITICAL THINKING de John Leguizamo

    DON’T TELL A SOUL de Alex McAulay

    RESISTANCE de Jonathan Jakubowicz

    SONS OF PHILADELPHIA (Sounds of Philadelphia) de Jérémie Guez

    THE PROFESSOR AND THE MADMAN de P.B. Shemran 

    WANDER de April Mullen

    WENDY de Benh Zeitlin

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    Comme chaque année également, la section "Les Docs de l'Oncle Sam" nous réservera certainement de belles découvertes de documentaires. Seront au programme : 


    BILLIE de James Erskine

    DEAUVILLE ET LE REVE AMERICAIN de Daphné Baiwir

    KIRK DOUGLAS, L’INDOMPTE de Hubert Attal

    KUBRICK PAR KUBRICK de Gregory Monro

    LEAP OF FAITH: WILLIAM FRIEDKIN ON “THE EXORCIST” d’Alexandre O. Philippe

    PIERRE & LESCURE de Maxime Switek & Philippe Lézin

    THE LAST HILLBILLY de Diane Sara Bouzgarrou & Thomas Jenkoe

    WEED AND WINE de Rebecca Richman Cohen
     

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    Lors de la cérémonie du palmarès du Festival du cinéma américain de Deauville, le Prix d’Ornano-Valenti 2020 sera officiellement remis par Jean-Guillaume d’Ornano, Président du jury du Prix d’Ornano-Valenti composé de journalistes anglo-saxons, au long métrage français : Slalom réalisé par Charlène Favier qui succédera ainsi aux Misérables de Ladj Ly.

    Synopsis : (Le film fait partie de la Sélection Officielle Cannes 2020)

    Lyz, 15 ans, vient d'intégrer une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred, ex-champion et désormais entraîneur, décide de tout miser sur sa nouvelle recrue. Galvanisée par son soutien, Lyz s'investit à corps perdu, physiquement et émotionnellement. Elle enchaîne les succès mais bascule rapidement sous l'emprise absolue de Fred.

    Comme annoncé en juin, le Festival international du film d'animation d'Annecy viendra à Deauville avec un programme jeunesse de trois films, afin de "retrouver la joie de projections sur grand écran, en public, où la magnificence des trois films présentés prendra tout son essor." Au tarif de 10 euros*, le pass Annecy donnera accès aux trois films sélectionnés suivants :

    CALAMITY de Rémi Chayé - Cristal d’or de l’édition 2020 - à partir de 6 ans

    LUPIN III de Takashi Yamazaki - à partir de 10 ans

    PETIT VAMPIRE de Joann Sfar - à partir de 6 ans

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    Pour les festivaliers amateurs de sensations fortes et de cinéma de genre, le Festival proposera également cette année le Pass Frissons. Pour un tarif exceptionnel de 10 euros, ils pourront découvrir en avant-première les films suivants :

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    PENINSULA de Yeon Sang Ho (Corée du Sud)

    TEDDY de Ludovic Boukherma & Zoran Boukherma (France)

    prix Barrière.jpg

    Un jury composé des journalistes et écrivains Ariane Bois Heilbronn, François Forestier, Éric Neuhoff, Patrick Poivre d’Arvor, Colombe Schneck et Laurent Seksick remettra le Prix littéraire Lucien-Barrière lors du Festival du cinéma américain de Deauville, sous la bienveillance de Béatrice Nakache Halimi.

    Le Prix littéraire Lucien-Barrière 2020 est décerné au roman Le monde n’existe pas de Fabrice Humbert, publié aux éditions Gallimard.

    Ce captivant roman  nous entraîne dans les pensées tortueuses d’Adam Voll­mann, lequel, jour­na­liste au New Yor­ker, voit s’afficher sur les écrans de Times Square le por­trait d’Ethan Shaw. Celui qui fut la star du lycée. Celui dont la beauté était le pouvoir. Celui qui faisait penser à Robert Redford dans « Nos plus belles années. » Celui qui a un nom et une allure de personnage hollywoodien d’ailleurs. Son seul ami d’alors, accu­sé de viol et de meurtre. Refu­sant de croire à sa culpa­bi­li­té, Adam retourne à Drys­den, où ils se sont connus pour enquêter. Là où certains ont été déçus par l’énigmatique dénouement, j’y ai vu la seule fin possible. Logique. Implacable. Brillante. Un monde qui n’existe pas ne peut s’achever, non ? Tel le MacGuffin cher à Hitchcock qu’il évoque d’ailleurs, la quête n’est ici qu’un prétexte. Une mise en scène pour nous emmener dans une ville morne qui concentre tout ce que Vollmann déteste en Amérique : la petitesse, le conformisme. Pour nous emmener dans un voyage dans les méandres de l’identité entre vérité et mensonge, réalité et fiction. Dans une mise en abyme vertigineuse, de poupées russes qui se dévoilent indéfiniment, il nous égare pour nous inviter à trouver la vérité, notre « rosebud ». Citizen Kane était ainsi « la somme de ses légendes et des cinq témoignages du film racontant cinq histoires différentes. » A nous de trouver la vérité dans ce monde qui affectionne les récits à rebondissements, qui fictionnalise la réalité. En partant à la rechercher d’un homme qui ne finissait jamais les puzzles, il nous confronte nous-mêmes à un puzzle dont il nous appartient de trouver la dernière pièce. Vollmann est d’ailleurs devenu journaliste par passion de la littérature. De la fiction donc. Vollmann ne signifie-t-il d’ailleurs pas « homme plein », lui qui recherche son ami de lycée…à propos duquel d’autres parlent de case vide ? Réflexion passionnante sur notre besoin de dramatisation, de « susciter la tempête des passions par la construction d’une intrigue simple », il nous interroge : « tout ce que nous vivons est un livre ou un film. En tout cas, une fiction recomposée ou non. » Non ? Il nous invite à composer notre fiction à nous interroger sur celles qui se composent (ou décomposent avec parfois autant d’obstination, il n’est qu’à voir les foisonnantes théories du complot) à nos regards, à nous interroger sur la manipulation du récit…tout en manipulant son personnage narrateur et à travers lui le lecteur. Laissez-vous embarquer par ce récit aux accents lynchiens qui, en vous égarant, vous invite à trouver une vérité sur une société (qui fait évidemment songer à celle de Trump, il suffit de voir ses clips de campagne qui pourraient rivaliser avec les plus abracadabrantesques et grandiloquents des blockbusters) qui en scénarisant tout brouille les repères…à l’image de ce roman dans lequel réalité et fiction, vérité et mensonges s’imbriquent pour finalement se confondre. Brillante mise en abyme vous dis-je !

    Concernant la sécurité sanitaire, sachez que tout sera mis en œuvre pour que celle-ci  soit assurée au mieux :

    Les lieux d’accueil sont nettoyés et désinfectés régulièrement.

    La ventilation du C.I.D est contrôlée, l’air est renouvelé.

    Le port du masque est obligatoire dans tous les lieux du Festival, à tout moment : - En intérieur - dans le C.I.D et les salles du Casino et du Morny - En extérieur - aux abords du tapis rouge, dans les files d’attente et sur les terrasses du Festival (retrait du masque autorisé une fois assis pour se restaurer).

    La capacité d’accueil des salles est adaptée pour répondre aux exigences sanitaires en cours et garantir votre sécurité. Des solutions hydroalcooliques sont à disposition à l’entrée du C.I.D, du Casino et du Morny, et sur les terrasses du Festival.   La distanciation physique est recommandée.

    Vous pouvez bien sûr d'ores et déjà réserver vos pass pour le festival, ici.

    Venez fêter le retour du cinéma à Deauville 10 jours et près de 100 films projetés : 

    RÉSERVEZ VOS PASS DÈS MAINTENANT www.festival-deauville.com

    PASS JOURNÉE / 35€ (tarif réduit : 16€) PASS FESTIVAL / 160€ (tarif réduit : 99€)

    En attendant de vous en dire plus sur cette 46ème édition du festival, je vous invite à lire mon article consacré à l'édition 2019 publié dans le magazine annuel Normandie Prestige (cf ci-dessous).

    Vous pouvez aussi retrouver mon bilan détaillé de l'édition 2019, ici. 

    Comme chaque année, je serai en direct du festival, de l'ouverture à la clôture. En attendant mon bilan du festival, suivez-moi en direct sur instagram et twitter (@sandra_meziere), je vous y livrerai chaque jour mon journal de bord du festival.

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    Critique - "Les Ensorcelés"  de Vincente Minnelli

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    Les films sur le cinéma se sont  multipliés dans le cinéma américain des années 1950, avec d’ailleurs également une commune structure en flashback comme dans les deux chefs-d’œuvre de Mankiewicz (« Eve » et « La Comtesse aux pieds nus ») qui, avec « Les Ensorcelés » de Minnelli, sont les films sur ce thème que je vous recommande, trois chefs-d’œuvre.

    Synopsis : Le producteur Harry Pebel (Walter Pidgeon)  convoque dans son bureau Georgia Lorrison (Lana Turner), une grande actrice, Fred Amiel (Barry Sullivan), un jeune réalisateur, et James Lee Bartlow (Dick Powell), un écrivain. Pebel attend un coup de téléphone du producteur Jonathan Shields (Kirk Douglas) qui a permis à ces trois personnes d’accéder au rang de star mais s’est parfois mal comporté avec elles. Aujourd’hui en difficulté, il leur demande de l’aider. Avant d’accepter ou refuser, chacun d’eux raconte comment il les a rencontrés et comment il les a déçus, voire blessés…

    « The Bad and The Beautiful ». Tel est le titre original en VO des « Ensorcelés » et qui résume parfaitement la sublime et subtile dualité du personnage de Jonathan (incarné par Kirk Douglas) et du film tout entier. Dualité entre son altruisme apparent et son ambition tueuse et ravageuse dont il est le masque. Lorsque le masque tombe, Minnelli a, à chaque fois, la judicieuse idée de le filmer en gros plan frontalement, le réduisant alors à son égoïsme, alors que le reste du temps il est souvent filmé en plan plus large et rarement de face.

     Dualité aussi des sentiments du spectateur face à ce personnage complexe, digne successeur d’un père diabolique à la personnalité, pour son fils, aussi fascinante qu’écrasante dont il suivra finalement le modèle et face à ce personnage qui, au nom de la gloire et l’ambition, sacrifiera ceux qu’il aime ou qu’il est incapable d’aimer … même si finalement ils y gagneront tous aussi la gloire.

    La gloire ce pourrait aussi d’ailleurs être elle « The bad and the beautiful ». Etincelante en surface, au regard des autres mais qui a nécessité combien de « bad » compromis et de trahisons inavouables ?

     Dualité aussi entre la sincère Georgia (the beautiful)  et le manipulateur Jonathan (the bad).

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     Dualité entre la forme et le fond. Le fond qui critique le monde du cinéma : son hypocrisie, l’arrivisme, la superficialité, la déchéance, le commerce qu’il est souvent, les trahisons, les manipulations. La forme qui est un des plus beaux hommages qu’on puisse lui rendre avec des plans d’une virtuosité admirable (Ah, cette scène où Georgia, époustouflante et lumineuse Lana Turner ici terrifiante tant elle semble réellement terrifiée, fuit en voiture et où le spectateur a la sensation de ressentir sa suffocation cauchemardesque !), un scénario d’une construction astucieuse, une photographie envoûtante et somptueuse, et des acteurs au sommet de leur art et de leur beauté. Dualité entre le rêve que représente le monde du cinéma et la réalité que dépeint Minnelli.

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    « Les Ensorcelés » est à la fois une magnifique déclaration d’amour au cinéma et un regard lucide sur ses travers s’inspirant de la réalité, notamment de David O.Selznick (le producteur et créateur d’ « Autant en emporte le vent ») ou encore de « La Féline » de Jacques Tourneur pour le script du « Crépuscule des hommes chats » que Jonathan produit.

    Les Ensorcelés : ce sont Georgia, Fred et James, ensorcelés et aveuglés par Jonathan. C’est Jonathan, ensorcelé par le cinéma, prêt à tout au nom de celui-ci. Et c’est surtout le spectateur, ensorcelé par la magie du cinéma, de ce cinéma que Minnelli magnifie tout en le montrant dans toute son ambiguïté, d’une cruelle beauté. De ce cinéma qui finalement sort vainqueur. Malgré tout. Plus important que tout.

    « Les Ensorcelés » (1952) remporta 6 Oscars : celui de la meilleure interprétation pour Kirk Douglas, du meilleur second rôle féminin pour Gloria Grahame,  de la meilleure photographie,  de la meilleure direction artistique, des meilleurs costumes et du meilleur scénario.

    A la différence près que le rôle du producteur n’est aujourd’hui plus le même que celui du producteur du cinéma d’Hollywood des années 30, 40, 50 « Les Ensorcelés » est un film intemporel qui pourrait presque être tourné aujourd’hui. L’ambitieux Jonathan pourrait être le même aujourd’hui. Il se pourrait même que vous croisiez quelques Jonathan Shields, et surtout bien pire, à Cannes ou ailleurs. Alors si vous voulez découvrir Hollywood, son univers impitoyable, voir un film ensorcelant et éblouissant,  un personnage aussi manipulateur qu’amoureux du cinéma bien fait, et fascinant, et surtout si vous aimez le cinéma et forcément les films sur le cinéma, alors laissez-vous envoûter etne manquez pas ce chef-d’œuvre de Minnelli à (re)voir dans le cadre de ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2020.

    Critique de L'AVOCAT DE LA TERREUR de Barbet Schroeder

    Présenté en sélection officielle (Un Certain Regard) du Festival de Cannes , "L'avocat de la terreur" avait obtenu le César du meilleur documentaire en 2008, un prix entièrement mérité pour ce qui fut un des meilleurs film de cette année-là et que je vous recommande. Retrouvez ci-dessous ma critique de ce documentaire qui dresse le portrait de d'un avocat aussi énigmatique que médiatique : Jacques Vergès. 

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    Communiste, anticolonialiste, d’extrême droite ?  Quelle(s) conviction(s) guide(nt) Jacques Vergès ? Barbet Schroeder mène l’enquête pour élucider le mystère. Au départ de la carrière de cet avocat énigmatique : la guerre d’Algérie et Djamila Bouhired, la pasionaria qui porte la volonté de libération de son peuple. Le jeune homme de loi épouse la cause anticolonialiste (procès mémorable où il fait le procès de la justice, Djamila Bouhired sera ainsi condamnée à mort puis graciée !), et la femme. Puis, entre 1970 et 1978, il disparaît. 8 longues années de clandestinité qui suscitent les rumeurs les plus folles. A son retour, il défend les terroristes de tous horizons et des monstres historiques tels que Klaus Barbie, le tristement célèbre ancien chef de la Gestapo de Lyon (là, il ne fera pas le procès de la justice mais… celui de la Résistance !).

    Le documentaire commence donc en Algérie, là où débute aussi la carrière de l’avocat qui y défendit Djamila Bouhired puis qui l’épousa.  Les images d’archives alternent avec l’interview de l’avocat, et les entretiens avec des proches de ce dernier, des fréquentations souvent peu recommandables (il revendique ainsi son amitié avec un ancien nazi notoire : le banquier suisse François Genoud).

     A travers le portrait de cet homme ambigu passant de l’extrême gauche à l’extrême droite, de la défense des persécutés à celle des persécuteurs, de la clandestinité à l’exposition médiatique, de l’opposition à l’Etat Français à une éventuelle collaboration avec les services secrets, ses 8 années de disparition n’ayant jamais réellement été élucidées (même si on évoque un exil au Cambodge…), c’est celui du terrorisme du 20ème siècle qu’effectue Barbet Schroeder.

     Dictateurs africains,  Khmers rouges et Pol Pot, Klaus Barbie…tout ce que le 20ème siècle a compté de terroristes semble avoir un jour ou l’autre croisé la route de Jacques Vergès qui, loin de s’en défendre, le revendique avec cynisme, suffisance et bravade.  L’Algérie, la Palestine, l’Afrique, le Cambodge, aucune partie du globe où règne ou où a régné la violence ne lui est inconnue.

    Si la longueur de ce documentaire vous rebute, sachez que le parcours de cet avocat de la terreur se regarde comme un thriller palpitant, qu’il nous paraît trop court tant Barbet Schroeder fait preuve d’habileté dans sa mise en scène et dans son montage. Il  ne recourt ainsi jamais à la voix off mais à une musique qui donne des allures de films d’espionnage à ce documentaire  qui ressemble à s’y méprendre à une fiction qui nous permet de reconstituer les pièces du parcours mystérieux de l’avocat, puzzle aux multiples et dangereuses ramifications.

    Il révèle l’ambiguïté d’un homme dont il explique l’engagement autant par ses origines desquelles résulterait son horreur de la soumission et de l’oppression que par ses histoires d’amour ( Djamila Bouhired puis la femme de Carlos) : l’ambiguïté de celui qui pleure dans les prisons des combattants algériens et qui défend Klaus Barbie sans un remord en déclarant, avec une jubilation délibérément ostentatoire qui ne peut que susciter le malaise du spectateur (et qui la suscite à dessein, la provocation étant l’arme favorite de l’avocat), que c’est « euphorisant de le défendre seul contre 39 avocats », l’épicurien parfois enfantin qui tire avec un pistolet à eau sur les passants et qui se déclare capable de tuer…

    Barbet Schroeder (qui a eu le final cut) ne prend pas parti, mais certains plans sont particulièrement éloquents comme ceux des interviews de Vergès qui se met lui-même en scène avec une vanité stupéfiante, jouant du silence entre deux bouffées de cigare, entre deux paroles délibérément provocatrices, dans un décor aussi fastueux qu’était misérable celui de certains de ses clients, des paroles parfois démenties par les interviews qui leur succèdent grâce à un montage astucieux. Le générique de fin est ainsi un clin d'oeil ingénieux, il énumère les noms des clients de Jacques Vergès et défilent sous nos regards effarés les plus grands criminels du 20ème siècle.

     Plus qu’un documentaire, c’est une plongée passionnante et instructive dans l’Histoire du 20ème siècle, dans ses zones d’ombre à travers celles d’un homme (ses années de disparition, son énigmatique enrichissement…),  qui donne parfois froid dans le dos et est tellement réussie qu’elle nous fait presque oublier qu’elle relate des faits dramatiquement réels dont Vergès a tour à tour été le protagoniste, l’avocat et parfois la victime autoproclamée… Fascinant et terrifiant à l’image de son protagoniste, un documentaire qui est aussi une réflexion sur la vérité et la sincérité d’un engagement. A voir absolument !

     

  • Festival de Cannes 2020

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    Ce jour qui aurait dû être celui de l'ouverture de sa 73ème édition, je vous raconte ce que représente pour moi le Festival de Cannes... :

    « Je ne me souviens plus du film, mais je me souviens des sentiments » déclare le personnage incarné par Jean-Louis Trintignant en racontant une anecdote à son épouse dans le film de Michael Haneke, Amour (palme d’or du Festival de Cannes 2012). Parce que dans mon "film de Cannes" il y aurait trop de souvenirs, de films magistraux ou de rencontres marquantes ou de moments inoubliables, inénarrables parfois, à citer ou raconter, j’ai plutôt choisi de vous parler des sentiments que m'inspire Cannes et dont je me souviens…

    Ce soir, L'Aquarium du Carnaval des animaux de Saint-Saëns ne résonnera pas sur la Croisette. Réminiscence émouvante de tant de souvenirs, depuis mon premier Festival de Cannes il y a 20 ans (grâce à l'écriture déjà, alors étudiante en sciences politiques grâce à un concours du Ministère de la jeunesse et des sports, j'avais remporté une semaine au festival avec le sentiment un peu coupable de faire l'école buissonnière mais surtout exaltant de faire un pas de plus vers cette passion pour le cinéma qui m'animait depuis l'enfance), sans imaginer alors que 18 autres lui succéderaient. Ce soir, je ne déambulerai pas dans ce labyrinthe délicieusement inextricable dont les frontières sont délimitées par les confins d’une ville appelée Cannes qui, pendant douze jours, devient le centre du monde. Ou du moins nous en donne la troublante illusion. Parce que là bat le cœur exalté et insatiable du cinéma soudain omniprésent, omniscient, omnipotent même. Jours et nuits, réalité et fiction s’y imbriquent et confondent. A voyager immobiles dans les cinématographies du monde entier, à regarder la réalité du monde, poétique parfois, âpre souvent, confortablement installés à l’abri de ses tumultes. Miroir grossissant et informant du monde. Un monde dont ce festival met en lumière les ombres et les blessures alors que, n’étant pas à un paradoxe près, il nous en tient tellement éloignés. Avec cette Croisette insolemment insomniaque où se frôle une faune excentrique et volubile. Là se réunissent des curiosités inextinguibles pour le cinéma et la vie qui s’y entremêlent, s’y défient et entrechoquent. Tourbillon de cinéma avec ses rituels, dérisoires et soudain essentiels. 

    A Cannes, nous sommes tous des enfants gâtés et capricieux qui oublions le lendemain, qui oublions que tout doit finir un jour, que la vie ne peut être une fête et un spectacle et une histoire et une nuit sans fin. Cannes et sa frénésie : de fêtes, de bruit, de rumeurs, de scandales, et de cinéma heureusement. Cannes effervescente qui s’enivre de murmures, qui se grise de lumières fugaces.  Cannes où des rêves achoppent, où des projets s’esquissent, où des carrières s’envolent, se brisent aussi parfois, où des films vous éblouissent, où des regards étincellent, où des cinéastes émergent, se révèlent au monde, nous révèlent un monde. Le leur. Le nôtre. Cannes et sa palme. D’or et de bruit et de lumières. Tonitruante, retentissante, scintillante. Cannes aux intentions pacifistes, aux débats presque belliqueux. Cannes paradoxale.  Multiple et unique. Lumineuse et violente. J’y ai découvert des films inoubliables, j'y ai assisté à des master classes passionnantes et j’y ai vécu des moments uniques, insolites et irréels et improbables aussi, parfois plus encore que ceux auxquels je venais d’assister sur les écrans. J’y ai ressenti de formidables frissons cinéphiliques. De bonheur. D’effroi. De tension. Cannes, étourdissant manège pour cinéphiles. Même si je connais les pièges et revers de ce théâtre des vanités, cette comédie humaine fascinante et terrifiante (un peu, parfois, aussi), la versatilité des personnalités et avis pour un sursaut d'orgueil. Même si je sais que tant d’illusions s’y fracassent, que Cannes peut encenser, broyer, magnifier, dévaster et en a perdu certains à force de les éblouir, les fasciner, les aliéner.

     

    Ainsi, j’aime :

     

    Entendre le petit cliquetis lorsque les contrôleurs scannent les badges à l'entrée de la salle Debussy ou du Grand Théâtre Lumière comme un passeport pour le paradis, celui des cinéphiles. Me laisser envoûter par le lever du soleil en allant à la première projection du matin sur une Croisette alors étrangement déserte et sereine et avoir l’impression que l'avenir m’appartient, soudain sans un nuage pour l'assombrir. Oublier que ce tourbillon enivrant de cinéma ne durera pas toujours, que les nuages reviennent forcément un jour ou l'autre, et que des illusions s’y perdent, aussi. Avoir le cœur qui bat la chamade en entrant dans le Grand Théâtre Lumière, comme la première fois où je découvrais cet antre du cinéma. Ce moment palpitant lorsque la salle est plongée dans le noir et avant que ne s’allume l’écran lorsque le souffle de la salle est suspendu à ces premières images qui nous happeront dans un nouvel univers, un nouveau monde, une nouvelle aventure. Ce moment à la fin du film où, aussi, la salle retient son souffle, avant de se taire, glaciale, ou d'applaudir, éperdue de reconnaissance. Rarement dans la demi-mesure. Lorsque les applaudissements semblent ne devoir jamais arrêter leur course folle et s'élancent en une vague de gratitude. Cette bulle d'irréalité où les émotions, les joies réelles et cinématographiques, si disproportionnées, procurent un sentiment d'éternité éphémère. Parler cinéma à toute heure du jour et de la nuit. Redécouvrir des classiques du cinéma à Cannes classics, ceux par lesquels j'ai commencé à l'aimer et se dire que la boucle est bouclée et que tout recommence, toujours. Découvrir des pépites du septième art et en être exaltée. Être heurtée, brusquée par un film et en être exaltée, aussi, malgré tout. Gravir les marches les plus célèbres du monde au son de la musique sous un soleil éblouissant et, l'espace d'un instant, être envahie par l'irréalité étincelante que procure ce moment qui suspend le vol du temps et la conscience et la terreur de la fin, de toute fin. Sortir d'une projection tardive, un peu étourdie, éblouie, et de retour sur la Croisette, être portée par la force ravageuse d’un film, avec l’impression d’être dans son prolongement ou dans le plan-séquence d’un long-métrage inédit de Fellini où se côtoieraient les êtres les plus élégants et les dégaines les plus improbables. Retrouver celles et ceux que je ne croise qu'une fois par an là-bas et avoir l'impression de les avoir quittés la veille. Et ainsi avoir le sentiment que Cannes abolit toutes les frontières, même celles du temps. Cette impression que tout y est possible, que cela ne s’arrêtera jamais. Être fascinée devant un film (hongrois en l’occurrence) et l’instant d’après, sur le toit du palais des festivals, regarder le soleil décliner, face à une vue à couper le souffle, tout en écoutant religieusement Michel Legrand réinterpréter magistralement avec une générosité et une énergie admirables la musique des Parapluies de Cherbourg sur différents tempos, nous procurant la sensation de nous envoler et de voltiger comme dans ledit film, mais aussi que rien n'est impossible, a fortiori si on le rêve ardemment. Et puis tant de mises en abyme. Comme celle d'assister à un chef-d’œuvre, 46 ans après sa palme d'or, accessoirement mon film préféré, assise derrière ses protagonistes et de les voir signifier ainsi la déliquescence du monde que le film reflète, sublimes encore, terrassés par l'émotion de se revoir éclatants  de jeunesse et de vitalité, bouleversants. Ces deux souvenirs parmi une multitude d'autres car ils illustrent cette mise en abyme. À Cannes, la frontière entre l'écran et la réalité est si ténue qu'ils semblent même parfois s'entrelacer comme dans La rose pourpre du Caire.

     

    J’aime moins :

     

     Quand Cannes devient théâtre des vanités. Là tout est démultiplié. Les émotions. Les solitudes qui se grisent et s’égarent et se noient dans la multitude. Les soirées sans fin, sans faim à force d’être enchaînées pour certains. La foule pressée et ha-ra-ssée du festival qui, mieux que nulle autre, sait être passionnément exaltée et aussi impitoyable avec la même incoercible exaltation. Cette valse troublante des apparences que Cannes exhale et exhibe, adore et abhorre. Cannes décidément si versatile...Les parures d’orgueil que revêtissent ceux qui s’y donnent ainsi l'illusion d’exister.  Ceux qui s’émeuvent et s’offusquent des drames mis en lumière sur l’écran mais qui sont totalement insensibles à ceux qui se produisent au même moment, dans l’ombre, au-delà des frontières du labyrinthe. La volatilité de l’attention, aux autres et à l'instant, là où pourtant on célèbre « un certain regard ». Les semblants d’amitiés piétinées sans vergogne pour grimper dans l’échelle de la vanité. Les personnalités qui se révèlent, tristement parfois, dans ce théâtre des apparences car là plus qu’ailleurs, les personnalités peuvent prendre des reflets changeants, finalement éclairants, révélant le portrait de Dorian Gray en chacun.  L’exacerbation par la hiérarchie festivalière des rancœurs de ceux qui sont "en bas" et la vanité de ceux qui sont en "haut" de cette hiérarchie et qui croient y déceler là un signe de leur supériorité, et qui oublient que, au bout de dix jours, l’égalité et la réalité reprendront leurs droits. Les Georges Duroy, Rastignac, Lucien de Rubempré de ce siècle qui s’y croisent, s’y défient, s’y méprisent.

     

    Ces contrastes et paradoxes, excès et contradictions, me font parfois hésiter à revenir mais la passion du cinéma l'emporte toujours. Parce que chaque année, lorsqu'arrive le dernier jour de cet enivrant oubli de l'ailleurs et du lendemain qui nous laisse grisés et légèrement désenchantés, le sentiment persistant est celui que laisse un grand film, un magma d’émotions et de réflexions. Alors, il faut souvent un peu de recul pour les appréhender, pour découvrir quelles images auront résisté à l’écoulement du temps, aux caprices de la mémoire, à ce flux et flot d’informations ininterrompues. Ce dernier jour, j’ai toujours un peu l'impression que le festival vient de commencer et de l'avoir traversé comme un rêve éveillé, même émaillé de quelques visions cauchemardesques mais surtout de souvenirs qui soudain semblent irréels. Alors, brusquement je réalise que le tour de manège est terminé et j'aimerais remonter le temps pour revenir au premier jour quand les films que j'y ai découverts n'étaient encore que des mystères, comme autant de cadeaux à déballer.

     

    Et puis de tout cela, même si le festival n’aura pas lieu cette année, reste l’essentiel : des amitiés précieuses.  Et l’amour, fou, du cinéma. Le Festival de Cannes n’aura en effet pas lieu cette année (des films se verront simplement attribuer le "label Cannes"). Mais d’autres « petits » festivals (qui présentent l’avantage de n’être pas aussi des théâtres des vanités et qui mettent en lumière des films qui le méritent tout autant que ceux présentés à Cannes) devraient pouvoir se dérouler (je leur souhaite et le souhaite pour le cinéma) alors…quand le temps sera venu et si vous en avez la possibilité, profitez-en pour partir à leur découverte parce que ces derniers et les films qui y seront projetés et ceux qui ont travaillé à leur élaboration en auront plus que jamais besoin alors que le Festival de Cannes est un navire insubmersible qui, forcément, se remettra à flots. En attendant, et plus que jamais : vive le cinéma !

    Pour retrouver l'ensemble de mes articles sur le Festival de Cannes, rendez-vous sur http://inthemoodforcannes.com.