Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

cinema - Page 197

  • Critique-« Les feux de la rampe » (Limelight) de Charles Chaplin (Cycle Chaplin sur Arte)

    feux10.jpg

    feux8.jpgArte consacre actuellement un cycle au génie Charles Chaplin, l'occasion pour moi de rererevoir  un de ses nombreux chefs d'œuvre « Les feux de la rampe » qui est aussi son dernier film américain sorti en 1953 (accusé de communisme en pleine période maccarthyste, Chaplin va en effet ensuite fuir les Etats-Unis), écrit en 3 ans et tourné en 45 jours.

    Il y interprète un vieil artiste de music hall déchu (Calvero) qui, un soir de l'été 1914, en rentrant ivre chez lui, sauve du suicide sa voisine, la jeune danseuse de ballet Thérèse Ambrouse, dite Terry (Claire Bloom). Il l'héberge chez lui, la soigne et surtout lui insuffle le goût de vivre et la force de danser... Tandis que sa carrière à lui décline, la jeune femme s'avance vers le triomphe et vers les feux de la rampe...

    Même s'il réalisa encore deux films par la suite (« Un roi à New York » et « La comtesse de Hong Kong »), « Les feux de la rampe » aurait pu être le dernier film de Chaplin tant il résonne comme son testament artistique.

    Le premier plan, un long travelling qui ressemble déjà à une danse nostalgique nous conduit jusqu'à la jeune femme, étendue inconsciente sur son lit, nous captivant d'emblée par sa fluidité, sa précision qui fouille au plus profond des âmes. Les âmes des artistes surtout, mélancoliques, nostalgiques, aussi aptes à transmettre le bonheur qu'à se morfondre dans le malheur. L'âme de Calvero en particulier, un clown triste qui dissimule sa mélancolie avec beaucoup d'élégance mais qui, aussi, se démaquille sous nos yeux et montre son visage à nu à l'image de Chaplin dans ce film, le plus autobiographique de sa carrière. Le plus sombre aussi, celui où il nous fait davantage rire que pleurer, où ses tourments l'emportent sur le désir de faire rire et où le vagabond Charlot n'est feux5.jpgplus qu'un spectre lointain qu'évoque vaguement ce clown qui doit changer de nom pour pouvoir encore jouer en public, qui refait sans cesse le cauchemar de salles vides, et à qui une rencontre transmet un instant l'éclat de sa jeunesse mais qui symbolise aussi « l'éclat des feux de la rampe que doit quitter la vieillesse quand la jeunesse entre en scène », et le passage de la lumière à l'ombre. Un hommage aussi à tous les arts et artistes qui, lorsque les feux de la rampe, brusquement et impitoyablement  ne les éclairent plus, s'éteignent dans l'ombre carnassière.

    La caméra de Chaplin et les feux de la rampe caressent la danse éblouissante et aérienne de la jeune danseuse tandis que Calvero la regarde d'en haut, des coulisses, démiurge mort déjà. Celui sur qui les lumières de la scène s'éteignent, tandis qu'il reste abandonné et esseulé sur un banc, dans l'ombre, avec seulement son visage éclairé, à nu, sans les fards du clown devenu triste. Magnifique scène tellement évocatrice.

    feux7.jpg

    Tandis que Terry s'épanouit et triomphe dans la lumière (Claire Bloom sublime en Colombine, doublée dans les scènes de danse par Melissa Hayden, vedette du New York city ballet), Calvero s'éteint peu à peu dans l'ombre pour simplement renaître le temps d'une représentation, ultime adieu à la scène, puisant dans ses dernières forces pour revivre un instant et pour faire revivre le cinéma muet le temps d'une scène d'anthologie avec Buster Keaton (voir la vidéo ci-dessous). L'art au péril de la vie puisqu'il en mourra, en coulisses, là où Chaplin laissera Charlot comme si c'était son dernier acte. L'art aussi plus fort que la vie et la mort puisque tandis qu'il agonise Terry danse sous les feux de la rampe. L'artiste est mort. Vive l'artiste !

    feux11.jpg

    Avec ce film-testament artistique d'une tendre tristesse et lucidité, Chaplin nous livre l'âme et le visage à nu d'un artiste qui, tout faisant ses adieux à son double Charlot, est au sommet de son art. Un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage lorsque le public, si versatile, devient amnésique ou lorsque le talent se tarit. Un film d'une bouleversante beauté et nostalgie auquel la sublime musique (composée par Chaplin lui-même et qui reçut l'Oscar de la meilleure musique 20 ans plus tard) procure un charme poignant et envoûtant, et l'immortalité d'un artiste à jamais sous les feux de la rampe de l'Histoire du cinéma.  « La recherche du temps perdu de Charlie Chaplin »  selon Bertolucci. Un temps sublimé par  ces feux de la rampe qui, à jamais, éblouiront les cinéphiles et les cinéastes dont Chaplin a porté l'art au firmament.

    Trailer du film:

    La scène d'anthologie entre Buster Keaton et Charlie Chaplin:


                                                      Rediffusion mardi 5 janvier, à 15H05, sur Arte

  • « Le dernier vol » de Karim Dridi avec Marion Cotillard, Guillaume Canet, Guillaume Marquet…

    derniervol.jpg

    En cette période hivernale et glaciale rien de mieux qu'un petit voyage dans le Sahara Français pour se réchauffer. C'est en effet là que nous embarque Karim Dridi, en 1933. C'est là aussi que l'aventurière et aviatrice Marie Vallières de Beaumont  (Marion Cotillard) recherche l'homme qu'elle aime, le Britannique Lancaster, disparu lors d'une tentative de traversée Londres/ Le Cap en avion.  Suite à une tempête de sable, elle est contrainte de poser son biplan près d'un poste de « méhariste » français en plein désert.  Touché par son infaillible détermination, Antoine Chauvet (Guillaume Canet), un lieutenant en conflit avec sa hiérarchie,  décide de l'aider dans sa quête désespérée.  Il la conduira alors aux confins du Ténéré... et d'eux-mêmes.

    Tout dans ce film me faisait craindre le « coup marketing » sans fond, sans âme, crainte confirmée lors des premières minutes lors desquelles la direction d'acteurs plus qu'approximative m'empêchait de voir autre chose et puis... et puis... sans doute cela s'appelle-t-il le miracle du cinéma, et puis ensuite je me suis retrouvée complètement fascinée par ce désert grandiose et hostile, fascinant et inquiétant et par cette histoire de quête obsessionnelle dont les vraies raisons apparaissent progressivement.

    J'ai aimé ce par quoi les deux acteurs principaux ont apparemment été charmés : la beauté ténébreuse et périlleuse du désert, mais surtout le temps laissé au temps. Le temps de laisser les émotions naitre sans jamais les forcer. Le temps d'éprouver les sensations des personnages. La solitude. L'égarement. Le temps de confronter leur désir  d'aimer à l'amour véritable. L'enfermement paradoxal dans un lieu à l'horizon infini qu'un cadre restreint, cernant leurs visages, symbolise.

    On se laisse envoûter par les formes voluptueuses du désert, la beauté parfois douloureuse du silence comme ils le seront l'un par l'autre, contre toute attente.  Marion Cotillard tout en détermination aveugle, et Guillaume Canet, rebelle indépendant, en défenseur ardent des touaregs, forment un beau duo et la première prouve que moins elle use d'artifices, plus son jeu est juste et intense. A noter également : la très belle présence de Guillaume Marquet, enfermé dans ses certitudes.

    Dans ce dénuement impossible de mentir, et c'est leur propre vérité qui naitra. Malgré un dénouement, lui en revanche attendu, notre attention, comme dans un thriller, dans un film dont le rythme en est pourtant à l'opposé, est suspendue à leur moindre regard, geste, parole. Par la grâce des interprètes mais aussi par la beauté inquiétante du désert sublimée par la photographie (d'Antoine Monod) et par la musique.

    Adapté du premier roman de Sylvain Estibal « Le Dernier vol de Lancaster », s'inspirant de l'histoire vraie de Bill Lancaster,  est aussi un vibrant  défi lancé à la raison par la volonté et la passion.

     Le film s'éloigne peu à peu des sentiers battus commerciaux (tant en lui faisant quelques concessions comme l'apparence des deux protagonistes étonnamment glamour après des heures de marche en plein soleil) pour nous rapprocher de la vérité des êtres. Dommage que Karim Dridi ne soit pas allé au bout de cette réjouissante audace, probablement impressionné par l'aura hollywoodienne de son actrice principale dont c'est le premier film français après l'Oscar reçu pour « la Môme » et sans doute également impressionné par ce changement de registre et par de prestigieux films ayant, avant le sien, eu pour cadre le désert ( « Fort Saganne », « Lawrence d'Arabie », « Le Patient Anglais ».)

     Un dernier vol qui perdra certainement certains passagers en chemin mais qui en emmènera d'autres dans sa romanesque errance, aussi enivrante que le désert parcouru. A ceux-là et ceux qui veulent se laisser ensorceler par la beauté progressive et éblouissante des émotions et du désert, je recommande un embarquement immédiat.

  • Concours: 1x2 places pour "La Princesse et la grenouille" en avant-première (soirée privée allociné)

    princesse.jpgJe vous rappelle que vous avez jusqu'à ce soir, minuit, pour participer au concours permettant de remporter 1 invitation pour 2 pour l'avant-première Allociné de "La Princesse et la grenouille".

    Cliquez ici pour lire le règlement du concours.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 0 commentaire
  • Mon bilan de l'année cinéma 2009 (version courte publiée dans le journal de l'ENA)

    noces.jpgIl y a quelques jours, je publiais mon bilan de l'année cinéma 2009 dans sa version longue , ici . Je vous propose aujourd'hui la version courte, telle que publiée dans le journal de l'ENA (l'ENA hors les murs) de janvier prochain, en attendant demain et le retour de mes articles en direct.

    Vous pouvez aussi toujours donner votre top 10 de l'année cinématographique et retrouver le mien, en cliquant ici.

    Selon Jean Renoir, « L'art du cinéma consiste à s'approcher de la vérité des Hommes et non pas à raconter des histoires de plus en plus surprenantes ». En 2009, le cinéma, plus que jamais, semble s'être divisé en deux parties bien distinctes,  à l'image d'un monde lui-même écartelé, avec d'un côté, des films ancrés dans la réalité, cherchant à la disséquer, à approcher la vérité, de l'autre des films, souvent fantastiques, de plus en plus surprenants, a priori éloignés du réel. Cette année aura été celle de la diversité : entre comédies classiques et cinéma engagé, succès et échecs inattendus... L'oxymore du titre d'un des premiers grands succès de cette année 2009, Slumdog Millionaire -slumdog signifiant chien des taudis- (auréolé de 8 Oscars) est à l'image de cette année cinématographique : riche de contradictions.

    Un besoin de vérité et d'évasion : entre cinéma de l'intime et grand spectacle

    Le point commun entre les grands succès de cette année est le besoin d'évasion, aussi bien des spectateurs souhaitant échapper à une actualité morose que des personnages des films, prisonniers de leur réalité ou même d'un univers carcéral au sens propre avec, d'un côté, des films intimistes, centrés sur la « cellule » familiale ou amoureuse,  de l'autre des films à grand spectacle, souvent fantastiques.

    Le grand succès critique  de cette année, « Un Prophète » témoigne de ce désir insaisissable de liberté, tout en conciliant drame intime et universel, habile métaphore de la société (à l'intérieur de la prison) et génie poétique de son réalisateur Jacques Audiard. « Qu'un seul tienne et les autres suivront », premier long métrage choral réussi de Léa Fehner avait d'ailleurs pour cadre ce même univers carcéral.

    Entre le film phénomène Paranormal Activity (11000 $ de budget pour plus de 20 millions de $ de recettes rien qu'aux Etats-Unis), Harry potter et le prince de sang mêlé, 2012, Twilight (respectivement 2ème,  7ème, 11ème-pour le chapitre 1- du box office français) mais aussi The box, les succès de cette année auront témoigné de cette envie d'ailleurs et de fantastique, de même avec L'étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher, une brillante allégorie sur l'effroyable écoulement  du temps.

    A l'inverse, cette année aura été aussi celle de films intimistes avec des personnages prisonniers d'un quotidien suffocant comme dans le chef d'œuvre de cette année 2009, Les noces rebelles de Sam Mendès réflexion palpitante sur les idéaux de jeunesse, la cruauté de la réalité, la médiocrité,  l'hypocrisie et le conformisme de la société mettant en scène un couple unique et universel. On retrouve cette même volonté d'échapper au quotidien notamment dans Joueuse de Caroline Bottaro,  dans le film de Catherine Corsini au titre significatif Partir ou encore dans Melle Chambon, le bijou de délicatesse de S.Brizé qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence, dans la lancinance de l'existence. C'est aussi cette vérité humaine que capte magistralement Xavier Giannoli dans le bien nommé A l'origine, dans lequel le mensonge qui va étouffer, porter,  puis enchaîner son personnage principal  (d'ailleurs ancien prisonnier) sera le moyen d'échapper à cette prison.

    Il est évidemment impossible de clore cette partie sans parler d'Avatar, révolution technique, film le plus cher de tous les temps, vibrant plaidoyer pour la défense de la planète et expérience cinématographique visuellement vertigineuse, voyage spectaculaire dans l'imaginaire qui en célèbre la magnifique force, créatrice et salvatrice. Finalement un film qui, aussi éloigné de la réalité puisse-t-il paraître, nous ramène aux blessures de notre époque, plus engagé et ancré dans le réel qu'il n'y paraît.

    Un cinéma engagé et ancré dans le réel

    En 2009 le cinéma cherche aussi plus que jamais à éveiller les consciences, à se faire le miroir informant du monde, le reflet de sa poésie mais aussi de ses colères, ses blessures. Home, le documentaire de Yann Arthus-Bertrand projeté dans 130 pays, visuellement époustouflant, et loin d'être exempt de contradictions a le mérite de vouloir (r)éveiller les consciences, individuelles et politiques. Avec la même optique, Nicolas Hulot, avec Le syndrome du Titanic a connu un cuisant échec.

    C'est une autre cruelle réalité,  de l'Amérique latine, que deux metteurs en scène ont filmée, et qui a coûté la vie au premier d'entre eux : Christian Poveda dans La vida  loca et Cary Joji Fukunaga dans Sin nombre, éclairage édifiant sur la sombre et impitoyable réalité des gangs dont le style documentaire (caméra à l'épaule) épouse judicieusement l'impression de rage, de d'urgence que connaissent les personnages principaux en lesquels  combattent innocence et violence, rage de vivre et de tuer pour vivre. Cette cruelle réalité est aussi celle de l'immigration également présente dans Eden à l'ouest de Costa-Gavras.  Dans  Puisque nous sommes nés, Jean-Pierre Duret et Andrea Santana, par des images d'une beauté âpre, nous montrent quant à eux un Brésil où règne  la ségrégation économique mais qui semble là-bas être devenue une morne habitude.

    Le cinéma permet aussi de donner de la voix à une révolte étouffée, celle de la jeunesse iranienne dans le lyrique Les Chats persans  de Bahman Ghobadi qui suit le  bouillonnement musical underground  et qui exprime l'audace, la révolte, la fureur de vivre de la jeunesse iranienne qui manifeste, et même joue de la musique au péril de sa vie, la transformant en acte de résistance pacifiste.

    Avec L'armée du crime, c'est à une autre résistance d'une autre armée des ombres que Guédiguian, avec solennité et sobriété, rend hommage, celle de juifs résistants et communistes tandis qu'Haneke avec le multi primé « Le Ruban blanc «  (notamment palme d'or 2009) poursuit son examen de la violence en décortiquant ici les racines du nazisme, par une démonstration implacable et saisissante et grâce à la somptuosité glaciale  et glaçante de la réalisation, le  ruban blanc étant le signe ostentatoire d'un passé qui voulait se donner le visage de l'innocence.

    Avec The Messenger, grand prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville, Oren Movermann stigmatise les conséquences effroyables de la guerre en Irak et ses douleurs et horreurs indicibles.

    Avec « Rapt » (inspiré de l'affaire du Baron Empain) Lucas Belvaux analyse la barbarie et l'inhumanité contemporaines mais dénonce aussi, en filigrane, les outrances des médias, lunatiques et amnésiques. Comme François Favrat, dans La Sainte-Victoire, il met en scène une société de l'image où cette dernière l'emporte sur les faits. Il montre comment, un homme politique, malgré son intégrité, pour appliquer sa politique, machiavélien sans être machiavélique va devoir renoncer à certaines de ses idées pour en défendre d'autres et pour conserver le pouvoir.

    Les succès de l'année, habituels ou inattendus : la comédie à l'honneur

    Outre le cinéma fantastique, le grand vainqueur de cette année 2009 aura été la comédie, l'humour ayant été plus que jamais « la politesse du désespoir ». Ce sont surtout des comédies sur l'enfance et l'adolescence, essentiellement françaises, qui ont emporté l'adhésion du public au premier rang desquelles Le petit Nicolas (plus de 5 millions d'entrées),  LOL  (3,6 millions d'entrées), Neuilly sa mère (2, 5 millions d'entrées)... sans oublier le phénomène  Twilight  également destiné à un public adolescent. Le grand vainqueur du box office français de cette année est une comédie d'animation qui totalise plus de 7, 8 millions de spectateurs : L'Age de glace 3.

    Et puis il y a ceux qui, films après films, continuent à nous surprendre: Clint Eastwood avec Gran Torino, un film qui nous enserre subrepticement dans son univers et nous assène le coup (et le moment) de grâce au moment où nous nous y attendons le moins ; Woody Allen qui, avec Whatever works parvient  encore à nous émouvoir et nous étonner, avec une  audace toujours aussi réjouissante, avec cet hymne à la liberté amoureuse ou artistique, et à la vie et ses « hasards dénues de sens» ; Alain Resnais enfin qui, bien qu'octogénaire, avec Les herbes folles a signé le film le plus fou, jeune, inventif, iconoclaste de cette année.

    De grands rôles plus que de grands films

    Cette année 2009  aura surtout offert de beaux personnages permettant à des acteurs de se révéler et à d'autres de revenir là où on ne les attendait pas : celle qui, en recevant son prix d'interprétation à Cannes a espéré que son père aurait été « fier et choqué », Charlotte Gainsbourg  pour  Antéchrist  mais aussi Isabelle Adjani dans le rôle inattendu d'un professeur de banlieue (La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld ) dans un film au départ destiné seulement à la télévision ; Mickey Rourke en boxeur dans The Wrestler  sans oublier Kate Winslet dont, dans les Noces Rebelles, chacune de ses expressions contient une infinitude de possibles ou encore Yvan Attal, époustouflant dans Rapt, émacié, méconnaissable avec son regard  renversant d'homme blessé et seul mais digne.  Il faudrait encore parler de Penelope Cruz d'une mélancolie resplendissante dans Etreintes brisées ; Vincent Lindon  dans  Welcome et Melle Chambon tout en violence et sensibilité, certitudes et fêlures, force et fragilité. François Cluzet dans A l'origine incarne, quant à lui, un personnage énigmatique et dense qui, porté par un acteur au sommet de son art, nous emporte totalement  dans ses mensonges et ses contradictions.  

    Quant aux révélations : Firat Ayverdi dans  Welcome mais surtout Tahar Rahim dans Un Prophète  qui campe un personnage à la fois fragile, énigmatique, égaré,  malin,  angélique et (puis) diabolique dont le regard et la présence, le jeu nuancé magnétisent l'écran mais aussi Christoph Waltz, acteur autrichien méconnu, lauréat du prix d'interprétation à Cannes.

     Mais sans doute les plus bouleversants ont-il été deux acteurs à qui la magie du cinéma a redonné vie dans L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot : Romy Schneider et Serge Reggiani, la première qui hante, capture, éblouit l'écran, dont le jeu témoigne d'une fascinante modernité et face à elle, Reggiani qui épouse le visage de la folie maladive avec une rage bouleversante.

    Un cinéma de la mise en abyme

    Peut-être parce que, comme le disait  Truffaut « Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps mort » le cinéma a-t-il autant été mis à l'honneur cette année, à commencer dans le film précité,  une expérience visuelle et sonore, sensuelle, novatrice et éblouissante qui prouve qu'il n'est peut-être pas nécessaire d'atteindre le budget d'Avatar pour innover et surprendre, ce que Clouzot avait réussi avec ces images de 1964.

    Avec Etreintes brisées, Pedro Almodovar, livre lui aussi  une véritable déclaration d'amour au cinéma qui y est paré de toutes les vertus même celle de l'immortalité, un film d'une gravité mélancolique dans lequel,  cinéma et réalité se répondent, s'imbriquent, se confondent. Avec Inglourious basterds Quentin Tarantino  signe une leçon et une déclaration d'amour fou et d'un fou magnifique au cinéma à tel point qu'il permet de réécrire la page la plus tragique de l'Histoire  

     Evidemment, on ne peut évoquer ces films sur le cinéma sans songer au Bal des actrices de Maïwenn, à Visage de Tsaï Ming-Liang,  Le père de mes enfants de Mia Hansen-Love... D'autres films ont aussi évoqué le cinéma de manière plus métaphorique comme  Gran Torino dans lequel un  mythe du cinéma américain que représente Clint Eastwood fait preuve d'autodérision en faisant se répondre et confondre subtilement cinéma et réalité, son personnage et sa vérité, pour nous livrer un visage à nu et déchirant et  nous donner une belle leçon d'espoir, de vie, d'humilité et de cinéma...

    Nombreux sont donc ainsi les cinéastes à avoir  signé des films de cinéphiles, des mises en abyme savoureuses, des déclarations passionnées au cinéma mais finalement aussi des hymnes à la vie que le cinéma exhale et exalte.

    2009 aura donc été une année phare pour la comédie et le cinéma fantastique mais aussi  pour les films de genre(s) conciliant les paradoxes et les transcendant. 2009 aura vu le cinéma redevenir un évènement (sorties savamment orchestrées : This is it, Avatar, Home...), s'inventer et se réinventer des mythes et des légendes. Plus que jamais, le cinéma aura signifié un besoin de rêve et d'évasion, un retour aux sources de l'enfance et de l'adolescence et, même si « la vraie vie est ailleurs », comme pour Rimbaud et dans le titre du film de Frédéric Choffat, c'est aussi dans son propre reflet et univers que le cinéma en trouve finalement les clefs, en décèle les failles et les remèdes. Peut-être que finalement l'art du cinéma, en 2009, consistait à concilier cet apparent paradoxe défini par Renoir : s'approcher de la vérité des hommes tout en ne cessant pas de nous surprendre ...

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 5 commentaires
  • Concours: 10x2 places pour "Cracks" de Jordan Scott avec Eva Green...

    cracks.jpgComme c'est noël, de nouveau un concours très simple et 10x2 places de cinéma à gagner, cette fois pour "Cracks" de Jordan Scott avec Eva Green...

    Pour remporter ces places, rien de plus simple, soyez parmi les 10 premiers à m'envoyer vos coordonnées avec pour intitulé de votre email "concours cracks" à inthemoodforcinema@gmail.com .

    Bonne chance et joyeuses fêtes de noël à tous!

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 0 commentaire
  • Bande annonce de "Mother" de Bong Joon-ho

    mother2.jpgVoici la bande annonce du très beau film de Bong Joon-ho, "Mother", qui sortira en salles le 27 janvier prochain .

    Retrouvez ma critique de "Mother" en avant-première, en cliquant ici et mon interview de son réalisateur Bong Joon-ho, en cliquant ici.


    Lien permanent Imprimer Catégories : BANDES ANNONCES Pin it! 0 commentaire
  • "Les chats persans" de Bahman Ghobadi : à ne surtout pas manquer aujourd'hui!

    leschatspersans.jpgJe vous rappelle que c'est aujourd'hui que sort en salles le très beau film de Bahman Ghobadi, "Les chats persans", qui figure dans mon top 10 de cette année 2009 et que je vous recommande donc vivement.

    Cliquez ici pour voir mes vidéos du passionnant débat avec l'équipe du film ainsi que pour lire ma critique du film.

    Cliquez ici pour voir la bande annonce et écouter une partie de la très belle bande originale du film

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire