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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Si j'ai eu la chance de faire partie du jury du prédecesseur du Festival du Film Policier de Beaune, à savoir le Festival du Film Policier de Cognac (en 2002), je ne connais pas encore celui-ci qui me tente néanmoins et dont la troisième édition aura ainsi lieu du 30 mars au 3 avril 2011.
Pour la troisième année consécutive, Le Festival International du Film Policier de Beaune rendra hommage à une ville pour son influence et sa dimension mythologique au sein du genre policier. Après « Paris Polar » pour sa première édition et « New York Polar » l’an dernier, le Festival mettra cette année à l’honneur Hong Kong:
Communiqué de presse :
HONG KONG POLAR
La noirceur stylisée des ruelles de l’ancienne colonie britannique apparaît en effet comme le théâtre privilégié du polar. Dans les années 1980, une première vague de cinéastes redéfinit le genre, entre film noir, film d’action et film choral. Des réalisateurs tels que Tsui Hark (L’enfer des armes, 1980 ; Time and Tide, 2000), John Woo (Le Syndicat du Crime, 1986 ; The Killer, 1989), Ringo Lam (City on Fire, 1987 ; Full Alert, 1997) ou Jackie Chan (Police Story, 1985, également acteur) en renouvellent habilement les codes en proposant une version métissée du genre, à la violence souvent sophistiquée. C’est le moment de l’explosion du polar hongkongais, marquée par un pessimisme appuyé et des scènes d’action chorégraphiques qui frôlent le ballet sauvage. On assiste à l’avènement, quelques années plus tard, de ce que certains ont nommé le « néo-polar », brillamment représenté par des cinéastes devenus indissociables du genre comme Johnnie To (The Mission, 1999 ; P.T.U., 2005 ; Vengeance, 2009) ou Dante Lam (Beast Cops, 1998 ; The Beast Stalker, 2009). Mais au-delà de ces images d’Epinal de scènes de combats spectaculaires, d’affrontements mortels entre membres des triades et flics désabusés, c’est une vision nihiliste de la société que le polar hongkongais propose au spectateur : celle d’un monde gangréné par la corruption où les limites entre le Bien et le Mal s’effacent au rythme des coups de feu échangés et du sang versé. Dans le cadre de « Hong Kong Polar », les festivaliers pourront découvrir une sélection de films emblématiques, qui vous sera dévoilée ultérieurement.
Si, cette année encore, je n'ai pas tenu ma promesse (renouvelée chaque année depuis ma participation au jury du festival en 2007) de retourner dans ce festival cher à mon coeur de cinéphile, je n'en suis pas moins l'actualité avec assiduité. Pour tout savoir sur l'édition 2011, je vous recommande bien entendu le (tout nouveau tout beau) site officiel du festival mais aussi le blog qu'on ne présente plus d'une autre ex-jurée (qu'on ne présente plus non plus) qui y partage ses mésaventures, sa passion du cinéma et pour ce festival. En attendant que j'y retourne, un jour, peut-être, et en attendant, comme chaque année, de vous parler du concours vous permettant peut-être à votre tour de devenir juré(e)s, voici le palmarès de cette édition 2011, 28ème du nom. Je me réjouis que le Grand prix du jury ait été attribuer à "Si je veux siffler, je siffle" ("If I want to whistle, I whistle"), mon chouchou du Festival Paris Cinéma 2010 dont je faisais d'ailleurs également partie du jury( d'ailleurs également avec la blogueuse précitée, décidément...) et donc vous pouvez retrouver ma critique en bas de cet article
Grand Prix du Jury Si Je Veux Siffler, Je Siffle (Roumanie) de Florin Serban
Prix Spécial du Jury 80 Jours (Espagne) de Jon Garano et Jose Mari Goenaga
Prix du Public La Petite Chambre (Suisse) de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat
Prix des Lycéens Oxygène (Belgique / Pays-Bas) de Hans Van Nuffel
Prix de la Meilleure Musique de film Contracorriente (Pérou) de Javier Fuentes Leon
« If I want to whistle, I whistle »est un film roumain de Florin Serban dans lequel Silviu, un jeune délinquant de 18 ans, attend sa libération de la maison de redressement où il termine sa quatrième et dernière année d’emprisonnement. Seulement, après une longue absence, sa mère est rentrée d’Italie pour emmener son petit frère avec elle. Il la tient pour responsable de sa situation et ne veut pas que son frère vive la même chose. Son enfermement devient insupportable. Pris de panique, il kidnappe Ana la jeune assistance sociale dont il est tombé amoureux.
Il y a des films, comme celui-ci, et plutôt rares, qui captent votre attention pour ne plus la lâcher. La caméra à l’épaule au plus près de Silviu, au plus près de sa fébrilité, de sa rage qui affleure, des tourments qui le hantent, de la déraison qui le menace, nous plonge entre ces quatre murs qui l’oppressent, face à cette liberté qu’il enrage de retrouver.
Le film doit beaucoup à son acteur principal, George Pistireanu au mélange de force, de fragilité, de tension qui émanent de son regard et de ses gestes. Florin Serban le filme comme un animal sauvage, apeuré, dont la violence est, à ses yeux, une question de survie.
La tension culmine lors de la scène de la prise d’otage, lorsque Silviu et Ana se retrouvent seuls. Notre souffle est suspendu à chacun de ses gestes, à ce corps-à-corps presque fiévreux, au souffle saccadé d’Ana, au regard à la fois déterminé et perdu de Silviu. Puis, le cadre, les couleurs, le décor changent. Le décor champêtre procure à cette liberté chèrement payée et éphémère une tension encore plus palpable alors que le calme règne et que pourtant le piège qu’il s’est construit se referme sur lui. Les longs silences et regards entre Ana et Silviu sont alors riches de sens, de douleurs, de regrets, de pardons après ce corps-à-corps intense, d’une violence presque sensuelle.
Un huis-clos haletant et fiévreux, tout en forces et fragilités, sur la fureur de vivre et d’être libre que la caméra de Florin Serban sait si bien débusquer dans le regard de son talentueux acteur principal. Après « Un Prophète » de Jacques Audiard, la prison et le sentiment de révolte qui l’anime n’a visiblement pas fini d’inspirer les cinéastes et de procurer à leurs films une rage fascinante.
Le roi en question, c’est George VI (Colin Firth), à la fois fragile et colérique, qui n’avait d’ailleurs pas vocation à le devenir puisque c’est sont frère Edouard VIII (Guy Pierce) qui était destiné au trône à la mort de leur père. Seulement Edouard VIII préféra abdiquer pour vivre son amour avec une femme, Wallis Simpson, à la réputation légère (du moins pour un monarque) car notamment divorcée deux fois, histoire à laquelle est d’ailleurs consacré le prochain film de Madonna W.E, dont la rumeur court qu’il pourrait être présenté dans le cadre du prochain Festival de Cannes. George VI que toute la famille royale appelle « Bertie » va donc devoir surmonter son handicap, un bégaiement qui l’empêche de s’exprimer en public. Pour cela, il pourra compter sur le soutien indéfectible de sa femme (Helena Bonham Carter) et sur l’aide d’un thérapeute du langage aux méthodes peu orthodoxes, Lionel Rogue (Geoffrey Rush). Alors qu’il mène cette guerre contre lui-même, une autre guerre beaucoup moins intime se fait de plus en plus menaçante…
A priori, cela s’annonçait donc comme un énième biopic avec reconstitution historique spectaculaire de rigueur et c’est sans doute d’abord le choix de prendre le contrepied de ce à quoi nous aurions pu nous attendre qui fait de ce film une grande réussite. Tom Hooper et son scénariste David Seidler ont ainsi fait le judicieux choix de l’intime, de l’histoire sans nier son implication sur l’Histoire mais vue telle que la voyait George VI, relativement lointaine. Le monde extérieur et ses rumeurs sont étouffés par l’atmosphère ouatée et non moins redoutable des allées du pouvoir.
Plutôt que de filmer George VI comme un personnage historique distant, Tom Hooper le filme à portée d’homme avec ses angoisses et ses faiblesses. Il n’apparait alors pas comme le puissant lointain (éloigné de nous historiquement et humainement) mais comme un homme qui doit affronter ses faiblesses en lequel chacun peut se reconnaître. La caméra de Tom Hooper le suit au plus près de son visage, de ses doutes, de son angoisse qui s’amorce. Le jeu en nuances de Colin Firth et la caméra sensible de Tom Hooper qui l’enferme ans son cadre, (il est tantôt filmé à gauche ou à droite, à son image, en marge) comme il l’est dans son handicap, nous donne la sensation asphyxiante d’éprouver nous aussi son angoisse si bien que notre souffle est suspendu à ses lèvres hésitantes. La maîtrise du langage devient alors le véritable enjeu du suspense du film, haletant comme un thriller. Arrivera-t-il à prononcer ce fameux discours qui fera entrer le Royaume-Uni dans la guerre contre l’Allemagne nazie ?
Un sujet qui n’a rien d’anachronique et qui est même particulièrement actuel à une époque (la nôtre) où le contenant, la forme, la communication priment sur le contenu et le message, où celui ou celle qui recevra le plus de suffrages ne sera pas forcément le ou la plus apte à gouverner mais le ou la plus apte à délivrer son message et à maîtriser la communication et le langage. Un ancien premier ministre français au phrasé si particulier en a ainsi souvent fait les frais revendiquant et regrettant lui-même que son message qu’il ne veut pas lapidaire, expéditif, ou résumable à un slogan ne puisse être développé dans des médias toujours plus avides d’images chocs que de pensées profondes. Un peu la génération twitter aussi qui recherche le choc de la formule et qui pousse souvent à l’exagération, quitte à piétiner quelques personnes voire la réalité au passage. Plutôt que le pouvoir des mots, c’est donc celui de la communication que doit donc maîtriser le monarque. Un pouvoir qu’il était d’autant plus urgent de détenir quand un dictateur outre-Rhin en faisait un des instruments de sa propagande et l’utilisait pour haranguer, galvaniser et endormir les foules.
Sans tomber dans la psychologie de comptoir, le scénario montre habilement et par petites touches comment le poids de l’enfance et de l’Histoire (son père, ceux qui l’ont précédé, tous ceux dont les regards pèsent sur lui) sont responsables de son handicap. Mais, au-delà du combat personnel, c’est aussi une très belle histoire d’amitié entre deux hommes à la fois très différents et en quête de reconnaissance. Rogue demande constamment à être sur un pied d’égalité avec George VI, lui qui toujours à été à distance : du peuple, des autres, des mots. Prendre la parole c’est prendre sa place et exister. Le langage, dans le titre même, a d’ailleurs toute son importance : il ne s’agit pas du discours du roi mais d’un roi, qui n’a pas encore son identité propre, écrasé par le poids de l’Histoire et de ses prédécesseurs.
La richesse des dialogues saupoudrés d’un humour so british participe amplement de la réussite du film. Il est vrai que le langage d’un film dont le sujet est justement le langage se devait d’être exemplaire mais ce n’était pas pour autant gagné d’avance.
Enfin, le grand atout du film ce sont ses acteurs principaux : Colin Firth (absolument remarquable, ne forçant pas trop le trait comme c’est souvent le cas dans ces rôles à Oscars mais reflétant le bégaiement essentiellement par l’angoisse qu’il générait , Colin Firth d’ailleurs qui interprétait déjà pour moi un des meilleurs rôles de 2010 dans le très beau « A single man » de Tom Ford pour lequel il était déjà nommé à l’Oscar du meilleur acteur), Geoffrey Rush( impeccable en médecin peu conventionnel et malicieux ) et Helena Bonham Carter ( parfaite en future reine, à la fois cinglante et épouse aimante. )
Si « Le discours d’un roi » n’est pas un film exceptionnel, c’est un beau film en raison du degré de raffinement de chacun des éléments qui le constituent (musique –du Français Alexandre Desplat, d’ailleurs très belle mais parfois un peu trop présente pour un film sur le langage même si elle en est une autre forme-, scénario, interprétation, mise en scène), un film à résonance universelle autant de par le combat qu’il met en scène (un homme, fut-il roi, qui surpasse ses faiblesses et ses peurs) que de par le langage qu’il emploie et dont il souligne le poids historique.
C'est un peu tôt vous direz-vous sans doute pour vous parler d'un festival qui se déroule en juin alors même que l'hiver n'a pas dit son dernier mot mais un peu de romantisme ne fait jamais de mal et il n'est jamais trop tôt pour (bien) préparer une belle escapade festivalière. Je n'y suis allée que trois fois depuis ma participation au jury de courts-métrages en 2002 (ah oui, si loin que ça , déjà...) et j'avoue que cela me tenterait bien d'y refaire un tour cette année d'autant que je travaille sur un projet pour lequel il pourrait m'être utile d'aller là-bas. Pour l'instant tout ce que nous savons c'est que le festival fêtera ses 25 ans, qu'il aura lieu du 15 au 19 juin et que, en plus des "journées romantiques", vous pourrez vous plonger dans les "journées mexicaines". Vous pourrez bien entendu trouver ici toutes les informations concernant le festival ainsi que sur son site officiel: Site offficiel du Festival de Cabourg. En attendant Cabourg, pour moi il y aura peut-être Berlin la semaine prochaine, si une très sympathique invitation se confirme. A suivre...
En plus de ma critique de "Black swan" et de ma vidéo du débat avec Darren Aronofsky, retrouvez ci-dessous de nouveaux extraits, bande-annonce et quelques "featurette" du film. Un dossier spécial à l'occasion de la sortie du film en salles en France, le 9 février prochain et qui récolte seulement 4 nominations aux Oscars 2011. A ne manquer sous aucun prétexte!
Nouvelle bande-annonce en VO
Critique du film
En décembre dernier, au mk2 Bibliothèque était projeté en avant-première le nouveau film de Darren Aronofsky « Black swan », une projection suivie d’un débat avec le cinéaste. Après une année cinématographique 2010 plutôt tiède (vous pourrez retrouver mon bilan de l’année ces jours prochains), autant le dire tout de suite, l’année cinéma 2011 (« Black swan » sortira en salles le 9 février) débute par un vrai choc cinématographique, un tourbillon fiévreux dont vous ne ressortirez pas indemnes.
Nina (Natalie Portman) est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Elle (dé)voue sa vie à la danse et partage son existence entre la danse et sa vie avec sa mère Erica (Barbara Hershey), une ancienne danseuse. Lorsque Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre (Winona Ryder) pour leur nouveau spectacle « Le Lac des cygnes », Nina se bat pour obtenir le rôle. Le choix de Thomas s’oriente vers Nina même si une autre danseuse, Lily, l’impressionne également beaucoup, Nina aussi sur qui elle exerce à la fois répulsion et fascination. Pour « Le Lac des cygnes », il faut une danseuse qui puisse jouer le Cygne blanc, symbole d’innocence et de grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina en plus de l’incarner EST le cygne blanc mais le cygne noir va peu à peu déteindre sur elle et révéler sa face la plus sombre.
« Black swan » n’est pas forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky, rusé comme un cygne noir, et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant.
« Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que Thomas met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens.
Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion.
Par une sorte de mise en abyme, le combat (qui rappelle celui de « The Wrestler ») de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice.
Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski (qui décidément inspire ces derniers temps les plus belles scènes du cinéma après « Des hommes et des dieux ») pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Confusion encore, cette fois d’une ironie cruelle, entre l'actrice Winona Ryder et son rôle de danseuse qui a fait son temps. Tout comme, aussi, Nina confond sa réalité et la réalité, l’art sur scène et sur l’écran se confondent et brouillent brillamment nos repères. Cinéma et danse perdent leur identité pour en former une nouvelle. Tout comme aussi la musique de Clint Mansell se mêle à celle de Tchaïkovski pour forger une nouvelle identité musicale.
La caméra à l’épaule nous propulse dans ce voyage intérieur au plus près de Nina et nous emporte dans son tourbillon. L’art va révéler une nouvelle Nina, la faire grandir, mais surtout réveiller ses (res)sentiments et transformer la petite fille vêtue de rose et de blanc en un vrai cygne noir incarné par une Natalie Portman absolument incroyable, successivement touchante et effrayante, innocente et sensuelle, qui réalise là non seulement une véritable prouesse physique (surtout sachant qu’elle a réalisé 90% des scènes dansées !) mais surtout la prouesse d’incarner deux personnes (au moins...) en une seule et qui mérite indéniablement un Oscar.
Un film aux multiples reflets et d’une beauté folle, au propre comme au figuré, grâce à la virtuosité de la mise en scène et de l’interprétation et d’un jeu de miroirs et mise(s) en abyme. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige.
Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...
Ci-dessous ma vidéo du débat après la projection : Darren Aronofsky y explique notamment la genèse du film.
A entendre ou lire certains mépriser le film sans l'avoir vu (et parfois par la même occasion ceux qui iront le voir) et se glorifier de ne surtout pas aller le voir, par une sorte de parisianisme condescendant pseudo (et seulement pseudo) intellectuel, cela me donnerait presque envie de le défendre, ne serait-ce que pour ses acteurs, même si je n'ai pas aimé.
Cliquez ici pour lire ma critique ainsi que le compte rendu de l'avant-première en province et retrouvez ci-dessous ma vidéo de la présentation du film par Dany Boon, lui, en revanche, comme souvent, irrésistible. "Rien à déclarer" sort en salles demain dans toute la France après une sortie anticipée la semaine dernière, dans le nord de la France et en Belgique.
Comme chaque année ou presque, j'irai cette année à nouveau au Salon du livre, rendez-vous incontournable des amoureux de la littérature, pour des raisons différentes de l'année dernière néanmoins puisque j'y étais invitée en tant que membre du jury des lectrices du magazine Elle et que cette année j'irai plutôt pour rechercher des contacts pour un projet personnel (dont je vous parlerai bientôt). Raison de plus pour y aller cette année: le cinéma mis à l'honneur puisque cette année plus que jamais le Salon du livre sera un rendez-vous des professionnels du cinéma et des cinéphiles.
Au programme de ce Salon du livre de Paris 2011 dans le domaine du 7ème art:
- un Marché du Film : Une 3e édition pour le Marché des droits audiovisuels (une coproduction SCELF / le Salon du livre de Paris) La Société Civile des Editeurs de Langue Française (SCELF) en collaboration avec Reed Expositions France et le Syndicat national de l'édition (SNE), donne rendezvous aux producteurs lors de son Marché des droits audiovisuels le vendredi 18 mars à l’Espace 2 000 au Salon du livre de Paris. Près de 300 oeuvres récentes sélectionnées par les éditeurs français seront proposées aux producteurs en vue d’une adaptation cinématographique. Les principaux acteurs de l’édition, du cinéma et de la télévision bénéficient ainsi d’une journée unique et conviviale pour développer leurs échanges.
- des rencontres : sur la grande Scène
Vendredi de 14h-15h : Lecture de textes de Pagnol par un acteur de "La fille du puisatier"
Samedi de 15h-16h La série "Ikigami, préavis de mort" de Motoro Masé (invité du Salon) a été adapté au cinéma. Présence du mangaka et diffusion d'extraits du film 21h-22h Table ronde Polar Cinécinéfrisson
Dimanche
- 15-16h Avant-première de "La fille du puisatier" présentée par Daniel Auteuil
- 16h-17h Grande rencontre Tatiana de Rosnay avec diffusion d'extraits de "Elle s'appelait Sarah".
et en exclusivité Avant-première du film de Zep
sur la scène des Auteurs
Samedi
11h30-12h30 Grande rencontre Kathryn Lasky . Diffusion d'extrait de l'adaptation en film d'animation 3D de la saga "Les Gardiens de Ga'Hoole"