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Coup de projecteur sur Touscoprod: interview exclusive de "Melvil Poupaud" pour "Laurence Anyways" de Xavier Dolan

 

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J'inaugure aujourd'hui une  nouvelle rubrique qui consistera à vous présenter des sites internet liés au cinéma (mais pas forcément) que j'apprécie. Je commence avec touscoprod.com  un site créé en janvier 2009, alors premier site participatif dédié au cinéma et à l'audiovisuel et qui permet aux internautes de: choisir les films de demain, participer à leurs financements et recevoir des contreparties inédites mais aussi découvrir gratuitement des films en VOD grâce à leur soutien aux projets, d'ailleurs toujours des projets de qualité, dont certains ont connu les honneurs des plus grands festivals de cinéma, avec même une sélection cannoise.

Je vous en ai d'ailleurs déjà parlé puisque, à l'occasion du Festival de Cannes 2010, touscoprod m'avait donné l'opportunité d'interviewer le passionné et passionnant Bernard Blancan (dont le premier film en tant que réalisateur sort d'ailleurs bientôt, je vous en reparlerai) et de parler de la mémorable projection du "Guépard"à Cannes.

Le site a récemment été modifié, et est ainsi plus simple, plus moderne et encore plus interactif. Je vous engage vraiment à le découvrir: http://www.touscoprod.com .

Plus de 15000 membres dont ainsi déjà souscrit plus de 650000 euros sur 35 films! Nouveauté du site: les internautes peuvent également soumettre leurs propres projets. L'initiative est sérieuse contrairement à certaines autres similaires et il se pourrait que je me laisse aussi tenter...

Parmi ces projets ouverts à la production, "Laurence Anyways" de Xavier Dolan (http://www.touscoprod.com/project/produce?id=116 ) dans lequel Melvil Poupaud interprète le rôle principal. Je vous propose son interview exclusive ci-dessous.

Pitch: En 1989, Laurence Alia célèbre son 30e anniversaire au restaurant en compagnie de Fred, sa petite copine. Quand il lui révèle son projet le plus secret, le plus brûlant, celui de devenir une femme, leur univers bascule.

Et pour le plaisir, une vidéo d'un autre projet touscoprod qui vaut le coup d'oeil, le projet "Pauvre Richard", comédie de Malik Chibane qui a donné lieu à une entrevue avec Jacky Berroyer (making of).

En bonus, ma critique du précèdent film de Xavier Dolan " Les Amours imaginaires"  qui, je l'espère, vous donnera envie de découvrir  (et peut-être de coproduire) "Laurence Anyways", un projet qui s'annonce tout aussi prometteur.

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Critique "Les Amours imaginaires" : une grisante fantasmagorie

Francis (Xavier Dolan) et Marie (Monia Chokri) sont tous deux amis et épris du même jeune homme rencontré lors d’une soirée, Nicolas (Niels Schneider), et tous les deux bien déterminés à le conquérir, analysant, interprétant, scrutant obsessionnellement le moindre geste ou comportement de leur (obscur) objet du désir.

Dès les premiers plans se dégage de ce film un charme irrésistible et surtout un ton, un style qui font souffler un vent d’air frais et revigorant sur le cinéma actuel.  Xavier Dolan est un vrai cinéphile et son film regorge de références cinématographiques   (entre les ralentis langoureux et poétiques à la Wong Kar Waï, les couleurs chatoyantes et la fantaisie jubilatoire à la Almodovar,  les plans de dos à la Gus Van Sant, les références à la Nouvelle Vague, au « Mépris » de Godard, un trio à la « Jules et Jim » de Truffaut ou encore des confessions face caméra qui rappellent Woody Allen) mais aussi picturales (Boticelli, Michel Ange) ou littéraire (Musset…).

Que de brillantes références me direz-vous.  Tout cela aurait pu donner un film présomptueux mais Xavier Dolan, d’une part, a su assimiler toutes ces références pour créer son propre univers et d’autre part, y apporter une légèreté masquant savamment la mélancolie sous-jacente (que ne faut-il pas avoir souffert en amour pour faire preuve d’une telle maturité et clairvoyance  à seulement 21 ans!), que ce soit par les dialogues, légèrement précieux, souvent hilarants, toujours caustiques ou le jeu des comédiens (à commencer par lui-même mais surtout celui de Monia Chokri absolument irrésistible).

La caméra de Xavier Dolan est au plus près des visages, ignorant le plus souvent le cadre spatial à l’image de cet amour obsédant qui rend Marie et Francis aveugles au monde qui les entoure. La mise en scène non seulement épouse le propos du film mais devient un élément scénaristique : puisque Marie et Francis se « font des films » (l’un se prenant pour James Dean, l’autre pour Audrey Hepburn), et sont enivrés par leur fantasmagorie amoureuse, par ce destructeur et grisant vertige de l’idéalisation amoureuse, le film en devient lui-même un  vertige fantasmatique. Cette soirée aux images syncopées rappelle ce vertige à la fois grisant et déstabilisant, ce manège qui rend si floue la frontière entre enchantement et désenchantement, rêve et illusion. Marie et Francis sont amoureux d’une chimère, d’une image,  d’un idéal, d’une illusion, de l’amour même qui prend ici les traits d’un bellâtre ambigu aux allures de Dieu Grec. L’histoire de notre trio est entrecoupée de « témoignages » face caméra de style documentaire de victimes d’illusions amoureuses, là aussi irrésistibles.

Xavier Dolan a aussi en commun avec quelques uns des plus brillants réalisateurs auxquels il se réfère une bande originale particulièrement soignée, à l’image du film, mêlant modernité, et titres plus anciens, et musique classique : de Dalida qui reprend « Bang Bang » à Indochine jusqu’à « The Knife », « Fever Ray », « Vive la fête » en passant par Bach qui rappelle mélodieusement la douleur de ces irrépressibles et irrationnels élans amoureux, de ces amours qui rongent et enragent.

Xavier Dolan est un véritable chef d’orchestre qui mêle les couleurs, les références les arts, un prodige du cinéma (à la fois monteur, scénariste, producteur, acteur, s’occupant aussi des costumes) faisant à la fois preuve de l’inventivité et de l’audace de sa jeunesse mais aussi d’une étonnante maturité. Déclaration d’amour au cinéma, déclaration de désespoir d’un amoureux désillusionné sous des allures de fable burlesque et hilarante, « Les amours imaginaires » est un film mélancoliquement caustique.

Xavier Dolan signe là une fantasmagorie pop, poétique sur la cristallisation amoureuse, sur ces illusions exaltantes et destructrices, sublimes et pathétiques un film enivrant et entêtant comme un amour imaginaire… sans les effets secondaires. A prescrire donc et à très haute dose !

Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 5 commentaires

Commentaires

  • merci pour cette présentation, nous sommes très heureux d'inaugurer la rubrique.

  • Les amours imaginaires était une vraie réussite, une magnifique poésie sombre en images. J'attends avec impatience les prochains films de Xavier Dolan !

  • Les amours imaginaires était une vraie réussite, une magnifique poésie sombre en images. J'attends avec impatience les prochains films de Xavier Dolan !

  • @ChrisCinema: Oui, ce film était magnifique et vue l'intelligence du cinéaste, je ne doute pas que les suivants le seront tout autant.

  • @Nicolas: De rien!

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