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film - Page 75

  • Critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Joseph L.Mankiewicz avec Ava Gardner, Humphrey Bogart, Edmond O'Brien…

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    Après les avoir, un peu, délaissées ces derniers temps, je reprends aujourd’hui mes critiques de classiques du septième art avec un film qui fait partie de mes premiers souvenirs cinématographiques,  des premiers films m’ayant marquée, en tout cas,  et que je n’avais pas revu depuis un moment :  « La Comtesse aux pieds nus » (en vo « The Barefoot Contessa »), un film de 1954 de Joseph L.Mankiewicz, écrit, réalisé et produit par Joseph L.Mankiewicz (avec Franco Magli, pour la production), ce qui est loin d’être un simple détail puisque « La Comtesse aux pieds nus » est la première production de Joseph L.Mankiewicz qui s’était ainsi affranchi de la tutelle des grands studios américains (Il avait auparavant réalisé des films pour la 20th Century-Fox et pour la Metro-Goldwyn-Mayer.) en fondant sa propre société « Figaro Inc. ».

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     Ce film fit parler de lui bien avant sa sortie en raison des similitudes du scénario avec la vie de Rita Hayworth (star de la Columbia) parmi d’autres similitudes frappantes avec le cinéma d’alors comme la ressemblance entre l’antipathique Kirk Edwards et Howard Hughes. Le rôle fut même proposé à Rita Hayworth qui,  en raison de la ressemblance avec sa propre existence justement, refusa.

    « La Comtesse aux pieds nus » débute, en Italie, un sinistre jour de pluie à l’enterrement de la star hollywoodienne Maria d'Amato née Maria Vargas (Ava Gardner). Le scénariste et réalisateur Harry Dawes (Humphrey Bogart) se souvient de   leur première rencontre alors qu’elle travaillait comme danseuse, dans un cabaret de Madrid, alors que ce dernier cherchait une nouvelle vedette pour le compte du producteur et milliardaire Kirk Edwards (Warren Stevens). Face à la statue de Maria, aux pieds symboliquement dénudés, alternent ensuite les récits d’Oscar Muldoon (Edmond O’Brien), l’agent de publicité, de Harry Dawes et de son mari, le comte Vincenzo Torlato-Favrini (Rossano Brazzi) qui dissimule un douloureux secret…à cause duquel Maria perdra ses dernières illusions, et la vie.

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    Dès le départ, le récit est placé sous le sceau de la fatalité et de la tragédie. La pluie implacable. L’enterrement sous un ciel grisâtre. L’atmosphère sombre. La voix poignante et traînante d’Humphrey  Bogart. Cette statue incongrue, d’une blancheur immaculée. La foule qui se presse, vorace, pour assister à sa dernière scène, ultime cynique ironie du destin pour Maria, éprise d’absolu et de liberté, qui voit même son enterrement lui échapper, en tout cas l’enfermer dans un rôle, chacun, là encore, cherchant à se l’approprier.

    Au-delà de ses ressemblances avec des personnalités ayant réellement existé, « La Comtesse aux pieds nus » est un classique pour de nombreuses raisons, à commencer par l’originalité de sa construction, ses flashbacks enchâssés qui permettent d’esquisser un portrait de Maria qui, malgré tout, reste d’une certaine manière insaisissable. Ces récits sont encore une fois une manière de se l’approprier, de l’enfermer, de décrire « leur » Maria même si Harry Dawes lui voue une amitié sincère, seul personnage réellement noble, désintéressé, au milieu de ces univers décadents. Mankiewicz avait déjà utilisé ce procédé dans « Eve », autre chef d’œuvre sans concessions, sur l’univers du théâtre cette fois, et démonstration cruelle mais terriblement juste sur l’arrivisme (j’en ai observé un rayon dans ce domaine...).

    Mankiewicz décrit en effet, à travers le parcours de Maria (trois portraits d’une même femme) trois univers distincts : celui du cinéma hollywoodien, des grandes fortunes sur la Riviera  et de l’aristocratie italienne, trois univers à la fois dissemblables et semblables dans leur décadence, tous trois théâtres de faux-semblants, de lassitude et de désenchantement. Maria, si lumineuse, semble égarée dans ces mondes qui l’emprisonnent.

    Mankiewicz  définissait « La Comtesse aux pieds nus » comme une « version amère de Cendrillon ». Il multiplie ainsi les symboles, clins d’œil au célèbre conte de fée : les chaussures (mais qui ici sont haïes par Maria pour qui elles symbolisent la boue à laquelle elle a  voulu échapper), son rêve d’amour idéalisé, son mariage avec un comte (mais pas vraiment de conte puisqu’il s’avèrera être une tragédie). Le rêve se transforme constamment en amertume jusqu’à sa mort, jusqu’au dernier plan, dans ce cimetière, où, statufiée, emprisonnée dans une image infidèle, elle reste seule face à la foule qui s’éloigne et au cinéma qui reprend ses droits.

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    La photographie (du chef opérateur anglais Jack Cardiff) même (à l’exception des images de l’enterrement) rappelle les couleurs chatoyantes d’un conte de fée, ce qui n’en fait pas pour autant un film suranné mais, au contraire, en fait une oeuvre particulièrement intemporelle dans la description de ces univers, éternels théâtres de vanités même si Mankiewicz dira que « le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin" , limitant la modernité du film (même si deux plans y font référence) mais aussi dans la description de la solitude de l’artiste, auréolé de mystère.

    La mise en abîme, les flashbacks, l’intelligence des ellipses, la qualité de la voix off, la juste description de théâtre de faux semblants, les similitudes avec la réalité du cinéma hollywoodien de l’époque, tout cela en fait un classique mais, sans doute, sans les présences d’Humphrey Bogart et d’Ava Gardner n’aurait-il pas laissé une telle empreinte dans l’histoire du cinéma. Le premier interprète à la perfection ce personnage doucement désenchanté, mélancolique, lucide, fidèle, intègre, à la fois figure paternelle, protectrice et même psychanalyste de Maria. Et que dire d’Ava Gardner ? Resplendissante, étincelante, elle illumine le film, empreinte, à  l’image de celui-ci, de beauté tragique, et symbolise la liberté entravée. Personnage de conte de fée aux rêves brisés pour qui rien ne semblait impossible, même transformer la lune en projecteur et qui, peut-être, n’aura été heureuse et elle-même que l’espace d’une danse, sublime et qu’elle sublime,  au milieu de gitans, bohême, libre, animale, sensuelle, et l’instant d’un regard croisé ouvrant sur un océan de possibles.

    Ne pas oublier non plus Edmond O’Brien qui reçut l’Oscar et le Golden Globe du meilleur second rôle masculin, en 1954. Mankiewicz fut, quant à lui, nommé pour la meilleure histoire et le meilleur scénario original.

    En revoyant « La Comtesse aux pieds nus », des années après l’avoir revu de nombreuses fois, j’ai à nouveau été marquée par sa beauté désespérée, par sa justesse, et même par sa modernité, par la voix traînante et inimitable de Bogart, par l’élégance lumineuse et triste d’Ava Gardner, par le mystère de ce personnage noble épris d’absolu, être insaisissable et « féérique», presque irréel, dont, finalement, personne ne sondera les contours. Che sara sara : ce qui doit être sera, vieux dicton italien cité dans le film aux allitérations et assonances (et évidemment à la signification) portant la même beauté traînante et mélancolique que cette « Comtesse aux pieds nus » au destin fatal et à la magie tragique et non moins ensorcelante.

    Voir aussi ma critique de « Casablanca » de Michael Curtiz également avec Humphrey Bogart.

  • « Faubourg 36 » de Christophe Barratier : un hommage au cinéma d’hier ( ce soir, sur France 2)

    Si vous n'avez pas TPS star et/ou que je n'ai pas réussi à vous convaincre de regarder "Les noces rebelles", vous pourrez toujours regarder "Faubourg 36" sur France 2 dont vous pouvez retrouver ma critique, publiée lors de la sortie du film, ci-dessous.

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    Je l’avoue : je n’avais aucune envie de voir ce film, la bande annonce me laissait présager un film daté et artificiel mais ayant vu tous les autres films à l’affiche dans mes cinéma favoris, je me suis finalement laissée tenter. Il m’a fallu un petit bout de temps pour m’accoutumer à ce cinéma désuet, à sa succession frénétique de plans, de situations et de personnages stéréotypés et puis je me suis replongée sans déplaisir dans mes souvenirs de ce cinéma que j’aimais tant : celui de Carné, de Duvivier, de Becker (Jacques) , celui de l’avant-guerre , perdu quelque part entre les espoirs du Front populaire et la montée des extrêmes et de l’antisémitisme, avec des références aussi à celui que l’on appelait de qualité française (cinéma de studio et de scénaristes d’après-guerre. )

     Evidemment ce film n’a rien à voir avec « Entre les murs » par exemple actuellement à l’affiche et il ne prétend d’ailleurs nullement au même cinéma (si vous ne devez voir qu’un film ce mois-ci c’est évidemment celui de Laurent Cantet) mais aussi diamétralement opposés que soient leurs styles et leurs écritures (d’ailleurs ne vous y trompez pas « Entre les murs » est un film très écrit, parfaitement écrit  même au point de donner cette parfaite illusion du documentaire, de vérité prise sur le vif) je les crois portés par la même sincérité, la même envie de mener un genre à son paroxysme, le même perfectionnisme.

    Dans un faubourg populaire du nord de Paris en 1936, l'élection printanière du gouvernement de Front Populaire fait naître les plus folles espérances et favorise la montée des extrêmes. C'est là que trois ouvriers du spectacle au chômage Pigoil, Milou et Jacky  ( respectivement incarnés par Gérard Jugnot, Clovis Cornillac et Kad Merad) décident d'occuper de force le music-hall qui les employait il y a quelques mois encore, pour y monter un "spectacle à succès".

    Clovis Cornillac ressemble à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier dans « Les Choristes » avec lequel elle a un commun une fraîcheur et un talent éclatants) à Michèle Morgan : tous deux font inévitablement penser au couple mythique Nelly et Jean du « Quai des Brumes » de Marcel Carné auquel un plan d’ailleurs fait explicitement référence. Bernard-Pierre Donnadieu (Galapiat), quant à lui,  fait penser à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans « Les enfants du paradis » de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans « Le jour se lève »  du même Carné  ou  dont j’ai d’ailleurs cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  font d’ailleurs penser à ceux de Trauner, avec cette photographie exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l'amitié qui unit les protagonistes de ce "Faubourg 36" fait évidemment penser à celle qui unissait ceux de "La belle équipe" de Duvivier. (Voir mes critiques des films précités dans ce paragraphe en cliquant ici).

      Barratier assume donc ses références, celles d’un cinéma académique, classique et populaire, prévisible,  empreint d’une douce nostalgie. Dommage qu’il n’ait pas trouvé un dialoguiste du talent de Prévert et qu’à la fin les personnages incarnés par Clovis Cornillac et Nora Arnezeder passent au second plan mais après tout le film s’intitule « Faubourg 36 » : c’est lui le vrai héros du film, lequel n’est pas vraiment une comédie musicale (même si la fin du film s’y apparente avec une belle énergie), plutôt un film sur un music hall, ceux qui le font vivre, pour qui il est une raison de vivre. Le destin, le conte de fée  d’une « Môme » qui assume pleinement le genre du film  sans les excès mélodramatiques et les maquillages outranciers du film éponyme...auquel quelques plans font d’ailleurs étrangement songer.

     On en reste peut-être un peu trop à distance comme on regarderait un beau spectacle avec l’impression que ses artistes s’amusent beaucoup entre eux mais ne nous font pas totalement entrer dans la danse mais ce voyage dans le temps et dans le cinéma d’hier que Christophe Barratier fait revivre le temps d’un film vaut néanmoins le détour ne seraient-ce que pour la beauté des plans emportés par une caméra dynamique, et pour ses comédiens portés par une énergie admirable au premier rang desquels François Morel qui apporte ici sa fantaisie imparable, Pierre Richard et sa bonhomie clownesque, Gérard Jugnot sa touchante justesse, Kad Merad son goût du second degré et sa –belle- voix que l’on découvre, et les seconds rôles qui, à l’image de ceux du cinéma auquel Barratier rend hommage, existent réellement.

     Quatre ans après « Les Choristes » (8 million de spectateurs) Christophe Barratier avec son second film a eu l’intelligence de ne pas forcer sa nature, d’être fidèle à ses convictions cinématographiques et impose  ainsi son style joliment désuet, musical, mélancolique, sentimental, photogénique (Tom Stern, photographie de Clint Eastwood signe ici la photographie) et enthousiaste avec une résonance sociale finalement très actuelle. Le film d’un réalisateur qui aime indéniablement le cinéma, ses acteurs et ses artifices revendiqués, et rien que pour cela, pour cette sincérité ce « Faubourg 36 » vaut le détour.

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  • Critique de « Last night » de Massy Tadjedin avec Guillaume Canet, Keira Knightley, Sam Worthington, Eva Mendes…

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    C’est désormais devenu une mode, le jour de la Saint-Valentin, les distributeurs se croient obligés de sortir des comédies romantiques. Cette année, il y a donc eu le pire avec « Sex friends »(qui ne vaut même pas la peine que je lui consacre une critique, n’oublions pas que le but premier de ce blog était de partager mes coups de cœur et pérégrinations festivalières même si j’y déroge de temps à autre) qui bat le record d’alignement de clichés (la femme moderne a peur de s’engager sauf pour un gentil beau-encore que concernant Ashton Kutcher ce soit très relatif- gosse aux synapses déconnectées ), de vocabulaire en-dessous de la ceinture pour se donner air politiquement incorrect (alors que le film est tout le contraire) et moderne (mais c’est juste vulgaire)… et qui surtout ne m’a pas fait rire une seule seconde et plongée dans un profond ennui sans parler de la prestation d’Ashton Kutcher qui se contente de montrer ses dents qu’il bien blanches et bien alignées quand il est joyeux et de ne pas sourire dans le cas contraire (mais il a une nette préférence pour la première expression), bref qui a deux expressions à son actif. Mais qu’est-ce que Natalie Portman est allée faire dans cette galère ? Sans doute éprouvait-elle un besoin de légèreté après le magnifique mais sombre « Black swan »…

    Mais je digresse, je digresse et je ne suis pas là pour vous parler de « Sex friends » dont vous pourrez très bien vous passer, vous l’aurez compris, mais des comédies romantiques réussies également sorties cette semaine  comme « Les femmes du 6ème étage » dont je vous ai déjà parlé ici (encore que son appartenance à cette catégorie soit discutable) , et surtout de « Last night » de Massy Tadjedin  (dont l’appartenance à cette catégorie sera d’ailleurs sans doute pour d’autres également discutable).

    « Last night » met en scène 36 heures de la vie de quatre personnes : Joanna (Keira Knightley) et Michael (Sam Worthington) qui vivent à New York, apparemment amoureux et heureux, même si Joanna soupçonne Michael d’être fortement attiré par sa collègue de travail Laura (Eva Mendes). Cela tombe mal, c’est justement avec cette collègue de travail qu’il part à Philadelphie. Pendant ce temps, Joanna recroise Alex (Guillaume Canet), l’autre grand amour de sa vie. Joanna et Michael, pendant ces 36 heures, en même temps, et chacun de leur côté vont devoir faire des choix cruciaux. Vont-ils résister à la tentation ou rester fidèles?  Passionnant et éternel duel entre la raison et les sentiments.

    Résumée ainsi, l’intrigue semble banale mais le regard que pose Massy Tadjedin, d’une sensibilité indéniable, lui apporte sa force et son originalité. Dès les premières secondes se dégage de ce film un charme indéfinissable grâce auquel l’histoire se déroule avec une belle fluidité et pour laquelle notre intérêt va crescendo. La bonne idée est en effet d’avoir mis ces deux histoires en parallèles et de les mettre en scène comme un thriller. L’enjeu n’est pas de savoir si le coupable se fera arrêter mais si l’innocence va se transformer en culpabilité. Grâce à un montage judicieux qui contrebalance l’aspect théâtral du sujet, la tension et l’attention du spectateur vibrent à l’unisson et s’accroissent jusqu’au dénouement.  Ces 36 heures feront-elles basculer leurs existences ? Un mot, un geste peuvent tout changer, faire basculer une vie heureuse mais peut-être aussi routinière.

    Du « couple » formé par Guillaume Canet et Keira Knightley se dégage une incontestable alchimie. Massy Tadjedin semble d’ailleurs avoir plus de tendresse pour eux que pour le personnage de Sam Worthington qui manque cruellement de personnalité mais finalement rend d’autant plus triste ce qu’éprouve pour lui le personnage d’Eva Mendes, moins sensuelle et plus fragile qu’à l’accoutumée. Un Australien, une Anglaise, une Française, une Cubaine, un joyeux melting pot qui contribue aussi à la richesse de ce premier film. A signaler également : Griffin Dunne impeccable dans le rôle de l’ami éditeur.

    Avec un regard acéré, pudique, sensible, Massy Tadjedin filme les gestes synonymes de trouble, d’hésitation, d’attirance et les regards complices, fuyants, émus dont nous sommes les discrets et attentifs témoins, le souffle suspendu, presque gênés d’être là. Elle ne juge pas mais nous laisse juges : où commence l’infidélité ? Peut-être elle être simplement morale ?

    Massy Tadjedin signe là un premier film réellement prometteur, raffiné, élégant (grâce à la photo de Peter Deming et à  New York, inépuisable écrin des films romantiques), un vrai suspense sentimental. Une histoire simple au charme ensorcelant grâce à ses comédiens au premier rang desquels Keira Knightley, pétri de doutes artistiques et amoureux, et Guillaume Canet, au sourire enjôleur et au jeu en demi-teinte, grâce au scénario mais aussi grâce à la musique de Clint Mansell discrètement présente.  Une réalisatrice à suivre et un premier film que je vous recommande sans réserves qui n’est pas sans rappeler un autre cinéaste qui a, lui aussi, majestueusement filmé  New York et des atermoiements amoureux: un certain James Gray.

  • L'affiche de la 36ème cérémonie des César : Romy Schneider dans "L'Enfer" de Clouzot

    C'est Romy Schneider, la première lauréate du César de la meilleure actrice en 1976 qui figure sur l'affiche de la 36ème cérémonie des César. Pour tout savoir sur ces César 2011 (nominations, César d'honneur...), retrouvez mon précèdent article à ce sujet en cliquant ici. La photo est extraite de "L'Enfer" d'Henri-Georges-Clouzot, un sublime film inachevé dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

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  • Le film de la semaine: "Black swan" de Darren Aronofsky - dossier spécial

    A l'occasion de sa sortie en salles aujourd'hui, cliquez ici pour retrouver mon dossier spécial consacré au film de la semaine, "Black swan" de Darren Aronofsky: critique du film, vidéo, du réalisateur, teaser, making of...

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  • Festival International du Film Policier de Beaune 2011 : Hong Kong polar à l'honneur et affiche de cette 3ème édition

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    Si j'ai eu la chance de faire partie du jury du prédecesseur du Festival du Film Policier de Beaune, à savoir le Festival du Film Policier de Cognac (en 2002), je ne connais pas encore celui-ci qui me tente néanmoins et dont la troisième édition aura ainsi lieu du 30 mars au 3 avril 2011.

    Pour la troisième année consécutive, Le Festival International du Film Policier de Beaune rendra hommage à une ville pour son influence et sa dimension mythologique au sein du genre policier. Après « Paris Polar » pour sa première édition et « New York Polar » l’an dernier, le Festival mettra cette année à l’honneur Hong Kong:

    Communiqué de presse :

    HONG KONG POLAR

    La noirceur stylisée des ruelles de l’ancienne colonie britannique apparaît en effet comme le théâtre privilégié du polar. Dans les années 1980, une première vague de cinéastes redéfinit le genre, entre film noir, film d’action et film choral. Des réalisateurs tels que Tsui Hark (L’enfer des armes, 1980 ; Time and Tide, 2000), John Woo (Le Syndicat du Crime, 1986 ; The Killer, 1989), Ringo Lam (City on Fire, 1987 ; Full Alert, 1997) ou Jackie Chan (Police Story, 1985, également acteur) en renouvellent habilement les codes en proposant une version métissée du genre, à la violence souvent sophistiquée. C’est le moment de l’explosion du polar hongkongais, marquée par un pessimisme appuyé et des scènes d’action chorégraphiques qui frôlent le ballet sauvage. On assiste à l’avènement, quelques années plus tard, de ce que certains ont nommé le « néo-polar », brillamment représenté par des cinéastes devenus indissociables du genre comme Johnnie To (The Mission, 1999 ; P.T.U., 2005 ; Vengeance, 2009) ou Dante Lam (Beast Cops, 1998 ; The Beast Stalker, 2009). Mais au-delà de ces images d’Epinal de scènes de combats spectaculaires, d’affrontements mortels entre membres des triades et flics désabusés, c’est une vision nihiliste de la société que le polar hongkongais propose au spectateur : celle d’un monde gangréné par la corruption où les limites entre le Bien et le Mal s’effacent au rythme des coups de feu échangés et du sang versé. Dans le cadre de « Hong Kong Polar », les festivaliers pourront découvrir une sélection de films emblématiques, qui vous sera dévoilée ultérieurement.

    Pour en savoir plus rendez-vous sur le site officiel du Festival International du Film Policier de Beaune.

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  • Critique – « Le discours d’un roi » de Tom Hooper avec Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter…

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    C’est avec pas mal de retard que j’ai découvert « Le discours d’un roi » d’autant plus qu’il était  précédé de  la réputation de ses 12 nominations aux Oscars, soit bien plus que l’envoûtant « Black swan » de Darren Aronofsky.

    Le roi en question, c’est George VI (Colin Firth), à la fois fragile et colérique, qui n’avait d’ailleurs pas vocation à le devenir puisque c’est sont frère Edouard VIII (Guy Pierce) qui était destiné au trône à la mort de leur père.  Seulement Edouard VIII préféra abdiquer pour vivre son amour avec une femme, Wallis Simpson, à la réputation légère (du moins pour un monarque) car notamment divorcée deux fois, histoire à laquelle est d’ailleurs consacré le prochain film de Madonna W.E, dont la rumeur court qu’il pourrait être présenté dans le cadre du prochain Festival de Cannes. George VI que toute la famille royale appelle « Bertie » va donc devoir surmonter son handicap, un bégaiement qui l’empêche de s’exprimer en public. Pour cela, il pourra compter sur le soutien indéfectible de sa femme (Helena Bonham Carter) et sur l’aide d’un thérapeute du langage aux méthodes peu orthodoxes, Lionel Rogue (Geoffrey Rush). Alors qu’il mène cette guerre contre lui-même, une autre guerre beaucoup moins intime se fait de plus en plus menaçante…

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    A priori, cela s’annonçait donc comme un énième biopic avec reconstitution historique spectaculaire de rigueur et c’est sans doute d’abord le choix de prendre le contrepied de ce à quoi nous aurions pu nous attendre qui fait de ce film une grande réussite. Tom Hooper et son scénariste David Seidler ont ainsi fait le judicieux choix de l’intime, de l’histoire sans nier son implication sur l’Histoire mais vue telle que la voyait George VI, relativement lointaine. Le monde extérieur et ses rumeurs sont étouffés par l’atmosphère ouatée et non moins redoutable des allées du pouvoir.

    Plutôt que de  filmer George VI comme un personnage historique distant, Tom Hooper le filme à portée d’homme avec ses angoisses et ses faiblesses. Il n’apparait alors pas comme le puissant lointain (éloigné de nous historiquement et humainement) mais comme un homme qui doit affronter ses faiblesses en lequel chacun peut se reconnaître. La caméra de Tom Hooper le suit au plus près de son visage, de ses doutes, de son angoisse qui s’amorce. Le jeu en nuances de Colin Firth et la caméra sensible de Tom Hooper qui l’enferme ans son cadre, (il est tantôt filmé à gauche ou à droite, à son image, en marge) comme il l’est dans son handicap, nous donne la sensation asphyxiante d’éprouver nous aussi son angoisse si bien que notre souffle est  suspendu à ses lèvres hésitantes. La maîtrise du langage devient alors le véritable enjeu du suspense du film, haletant comme un thriller. Arrivera-t-il à prononcer ce fameux discours qui fera entrer le Royaume-Uni dans la guerre contre l’Allemagne nazie ?

     Un sujet qui n’a rien d’anachronique et qui est même particulièrement actuel à une époque (la nôtre)  où le contenant, la forme, la communication priment sur le contenu et le message, où celui ou celle qui recevra le plus de suffrages ne sera pas forcément le ou la plus apte à gouverner mais le ou la plus apte à délivrer son message et à maîtriser la communication et le langage. Un ancien premier ministre français au phrasé si particulier en a ainsi souvent fait les frais revendiquant et regrettant lui-même que son message qu’il ne veut pas lapidaire, expéditif, ou résumable à un slogan ne puisse être développé dans des médias toujours plus avides d’images chocs que de pensées profondes. Un peu la génération twitter aussi qui recherche le choc de la formule et qui pousse souvent à l’exagération, quitte à piétiner quelques personnes voire la réalité au passage. Plutôt que le pouvoir des mots, c’est donc celui de la communication que doit donc maîtriser le monarque. Un pouvoir qu’il était d’autant plus urgent de détenir quand un dictateur outre-Rhin en faisait un des instruments de sa propagande et l’utilisait pour haranguer, galvaniser et endormir les foules.  

    Sans tomber dans la psychologie de comptoir, le scénario montre habilement et par petites touches comment le poids de l’enfance et de l’Histoire (son père, ceux qui l’ont précédé, tous ceux dont les regards pèsent sur lui) sont responsables de son handicap. Mais, au-delà du combat personnel, c’est aussi une très belle histoire d’amitié entre deux hommes à la fois très différents et en quête de reconnaissance. Rogue demande constamment à être sur un pied d’égalité avec George VI, lui qui toujours à été à distance : du peuple, des autres, des mots. Prendre la parole c’est prendre sa place et exister. Le langage, dans le titre même, a d’ailleurs toute son importance : il ne s’agit pas du discours du roi mais d’un roi, qui n’a pas encore son identité propre, écrasé  par le poids de l’Histoire et  de ses prédécesseurs.

    La richesse des dialogues saupoudrés d’un humour so british participe amplement de la réussite du film. Il est vrai que le langage d’un film dont le sujet est justement le langage se devait d’être exemplaire mais ce n’était pas pour autant gagné d’avance.

    Enfin, le grand atout du film ce sont ses acteurs principaux : Colin Firth (absolument remarquable, ne forçant pas trop le trait comme c’est souvent le cas dans ces rôles à Oscars mais reflétant le bégaiement essentiellement par l’angoisse qu’il générait , Colin Firth d’ailleurs qui interprétait déjà pour moi un des meilleurs rôles de 2010  dans le très beau « A single man » de Tom Ford pour lequel il était déjà nommé à l’Oscar du meilleur acteur), Geoffrey Rush( impeccable en médecin peu conventionnel et malicieux ) et Helena Bonham Carter ( parfaite en future reine, à la fois cinglante et épouse aimante. )

    Si « Le discours d’un roi » n’est pas un film exceptionnel,  c’est un beau film en raison du degré de raffinement de chacun des éléments qui le constituent (musique –du Français Alexandre Desplat, d’ailleurs très belle mais parfois un peu trop présente pour un film sur le langage même si elle en est une autre forme-, scénario, interprétation, mise en scène), un film à résonance universelle autant de par le combat qu’il met en scène (un homme, fut-il roi, qui surpasse ses faiblesses et ses peurs) que de par le langage qu’il emploie et dont il souligne le poids historique.

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