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Avant-première au cinéma St Germain-des-Prés : « Tournée » de Mathieu Amalric en sa présence

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Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce film lors de sa présentation en compétition du Festival de Cannes (voir mon article ci-dessous) où il a d’ailleurs obtenu le prix de la mise. Jeudi 24 juin à 20h,  vous pourrez donc le voir lors d’une avant-première exceptionnelle, suivie d'une rencontre avec Mathieu Amalric
menée par Elisabeth Quin.  Les réservations sont closes mais un quota de 100 places sera mis en vente à la caisse du cinéma le jour-même à partir de 13h30
Informations : 01 46 34 82 54. Adresse du cinéma : Place Saint Germain des Prés- Paris 6ème. Projection à 20H.

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Critique du film (publiée suite à la projection dans le cadre du Festival de Cannes)

Les choses sérieuses ont débuté hier avec la compétition officielle et la projection du premier film français en lice pour la palme d'or, le quatrième film de Mathieu Amalric réalisateur et le premier sélectionné en compétition, même si ce dernier a souvent présenté des films sur la Croisette en tant que comédien, notamment l'émouvant « Le Scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel en 2007 ou encore le juvénile et réjouissant « Les herbes folles » d'Alain Resnais l'an passé. Après une montée des marches haute en couleurs, c'est parti pour une première « tournée » de compétition.

Dans « Tournée » Amalric incarne Joachim un producteur  de spectacles de retour de son exil américain avec dans ses bagages une revue de strip-tease new burlesque. Loin des canons de beauté, du moins ceux édictés par certains magazines,  ces trip-teaseuses détournent l'image de la femme fatale avec  une grivoise et ludique dérision.

Tout pourrait être pathétique dans ce film : ces femmes aux visages et aux corps marqués qui incarnent les pin-up kitschissimes, ce producteur véritable loser qui harcèle en vain ses anciens « amis » de la télévision et du spectacle pour obtenir une salle, les hôtels impersonnels...

Et c'est là tout le talent d'Amalric : nous montrer la fragile frontière entre beau et pathétique (et le film se situe beaucoup plus du côté du premier), la complexité de l'âme humaine derrière l'apparente légèreté, les tourments qui se cachent derrière les corps qui se montrent ostensiblement. C'est d'ailleurs par ces corps autour desquels la caméra virevolte que le film va débuter, finalement un masque qui va peu à peu tomber pour dévoiler les fragilités de chacun( e) pour que deux fières solitudes  finissent par se trouver.

Amalric fait tomber les masques avec beaucoup de pudeur et de délicatesse malgré l'exhibitionnisme apparent.  Son personnage révèle progressivement sa fragilité et sa mélancolie et sa « politesse du désespoir ». Son âme se déshabille pour dévoiler l'homme mélancolique, le père égaré derrière le producteur passionné, paternaliste avec ses strip-teaseuses. C'est aussi un hommage à ceux (producteurs de spectacles ou de cinéma..., rappelant en cela le très beau « Le Père de mes enfants » de Mia Hansen-Love) pour qui il n'existe pas de séparation entre vie et spectacle qui s'entrechoquent et se confondent.

 Mais n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un film présomptueux. Amalric réalisateur a aussi le don de l'humour décalé auquel le jeu d'Amalric acteur se prête si bien. Des scènes très réussies dans lesquelles l'émotion et l'humour affleurent (scène de la station service etc) et la précision du trait avec lequel il esquisse la fausseté ou au contraire la solitude et la fragilité de certains personnages  montrent au contraire un réalisateur plein d'élégance.

Une « tournée » atypique, bouillonnante, attachante qui a la grâce inattendue d'un Botero et imprégnée de la touchante fantaisie de ses interprètes ...

 Sortie en salles : le 30 juin

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