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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 572

  • Création d'un Festival de cinéma à Saint-Germain des Prés: donnez votre avis!

    medium_place_Saint_Germain.jpgEn 1998, je faisais partie du jury d'un festival de cinéma pour la première fois. C’était le medium_photosordi_1647bis.JPGjury jeunes du Festival du Film de Paris, festival cette année-là présidé par Sean Penn, un festival qui attirait alors spectateurs et têtes d’affiche internationales sans pour autant négliger les premiers films et les œuvres plus confidentielles.En 1998, Gadjo Dilo de Tony Gatlif avait ainsi obtenu le prix du jury jeunes. De l’entièreté du Gaumont Marignan, à l’Espace Pierre Cardin où il se déroulait alors, le Festival a ensuite dû se contenter de quelques salles du Gaumont Marignan (et sa dernière année, il cohabitait étrangement avec les projections de ... Brice de Nice) et rares étaient encore ceux qui savaient qu’un festival de cinéma se déroulait encore sur les Champs Elysées. Je n’ai donc pas été très étonnée de voir ce festival disparaître après s’être transformé en Festival de Paris Île-de-France

    Certes, depuis 4 ans, s’est mis en place un nouveau festival, « Paris Cinéma », initié par la Mairie de Paris. L’intention est louable mais avec une programmation trop vaste, des lieux de programmation très (trop) diversifiés, une thématique floue pour ne pas dire inexistante, les salles sont malheureusement bien souvent vides… Alors que d’autres capitales européennes comme Rome (depuis cette année)ou Berlin ont leurs festivals de cinéma, Paris, la ville emblématique du septième art, ne possède pas vraiment de festival de cinéma digne de ce nom.

    medium_photosordi_349.jpgPour moi, il est un quartier plus que d’autres où il aurait pourtant sa place: c’est Saint-Germain des Prés. Saint-Germain des Prés, plus qu’un quartier de Paris ou de son 6ème arrondissement : un univers, un monde à part, un village citadin, intemporel et branché, littéraire et (faussement) futile, grave et désinvolte. Les boutiques de luxe y côtoient les maisons d’édition. Les écrivains y croisent les touristes et les nombreux acteurs qui y vivent. Acteurs du septième art et pas seulement : de la vie publique, politique aussi. Quartier discret, exubérant aussi, parfois, moins que ses voisins de la rive droite néanmoins. Joyeux et mélancolique. Intemporel et moderne. Paradoxal surtout, donc. Quartier qui est un peu l'âme de Paris et aime à se croire le centre du monde. C’est aussi celui où se trouvent le plus de cinémas art et essai : l’Arlequin, le Saint-André des Arts, le Saint-Germain des Prés et tant d’autres. C’est aussi le quartier qui a inspiré nombre de cinéastes (ci-contre l'affiche des Tricheurs de Marcel Carné) où chaque année sont encore tournés un nombre medium_32e65f33420517ad0bf5a3aba22242de.jpgconsidérable de films. Rares sont les jours où par hasard, je ne tombe pas sur un tournage. Je suis donc très étonnée de constater qu’il n’existe pas réellement de manifestations cinématographiques emblématiques pour un quartier qui symbolise pourtant tellement le septième art même s'il existe des "opérations" ponctuelles comme le Festival du Cinéma Allemand organisé par L'Arlequin.

    medium_photosordi_350.jpgAlors qu’existent déjà plus de 200 festivals de cinéma en France, évidemment il serait absurde de créer un festival juste pour faire un festival mais je pense qu’un festival dans ce quartier aurait réellement sa place, un festival qui mettrait en avant de jeunes réalisateurs, des premières œuvres, mais qui saurait aussi être populaire, et s’intégrer au cadre magnifique du quartier, par exemple avec des projections en plein air, dans les Jardins du Luxembourg notamment. 

    medium_cafe_de_Flore.jpgQuant à la thématique, par exemple, il n’existe pas encore réellement de festival du cinéma européen d’envergure internationale.

    Il pourrait aussi être judicieux de mettre en place un festival autour de la littérature et de l’écriture (scénario, adaptations littéraires). Ce festival existait sous la forme de l’Encre à l’Ecran, à Tours. Son ultime édition a eu lieu en 2005. (Il était question qu’une municipalité le reprenne. D’ailleurs si quelqu’un a des informations à ce sujet, elles seront les bienvenues.) Or, Saint-Germain des Prés est aussi le quartier des éditeurs, le quartier sur lequel les ombres de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir planent encore, notamment sur le mythique café de Flore qui se trouve d’ailleurs près de la place qui porte leurs noms.

    medium_pont_neuf.jpgAvant de prendre la décision de soumettre un dossier à la Mairie de l’arrondissement, je voulais donc ici lancer le débat.

    Pensez-vous qu’un tel festival serait intéressant et porteur? 

    Quel(s) thème(s) serai(en)t selon vous le(s) plus approprié(s) ?

    Toutes les suggestions seront également les bienvenues. Germanopratins, Parisiens mais aussi cinéphiles, festivaliers de France et de Navarre : à vous la parole...

    Sandra.M

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  • "Nouvelle chance": la fantaisie mélancolique d'Anne Fontaine. Avant-première à l'UGC Ciné Cité les Halles.

    medium_18669724.jpgAprès la passion douloureuse et le drame poignant, fascinant, inquiétant, troublant, avec Entre ses mains ( un film à voir absolument, ma critique ici), Anne Fontaine a changé de registre pour mettre en scène une comédie fantaisiste non dénuée d’ironie délicieusement cruelle.

     Comme souvent dans les comédies, les destins des personnages principaux, si dissemblables, n’avaient aucune raison de se croiser. Il y a Odette Saint-Gilles (Danielle Darrieux), vieille actrice oubliée dans un centre social; Augustin Dos Santos ( Jean-Christian Sibertin-Blanc), garçon de piscine à l'hôtel Ritz; Bettina Fleischer (Arielle Dombasle), héroïne de feuilleton populaire et accessoirement cliente du Health club du Ritz; et Raphaël (Andy Gillet), jeune homme à la beauté troublante, travaillant au centre social où loge Odette. Augustin est aussi metteur en scène pour des centres, des foyers, des entreprises… et en l’espèce il doit mettre en scène une pièce pour un spectacle d’entreprise. Il décide de mettre en scène une pièce du XVIIIème trouvée chez Odette, une histoire de passion et de rivalité féminine. Il va donc réunir ces êtres dissemblables et leur donner une nouvelle chance d'assouvir leurs rêves...

    Jean-Christian Sibertin-Blanc (le frère d’Anne Fontaine) reprend ici le personnage d’Augustin qu’elle avait créé et déjà mis en scène dans Augustin (1995) et Augustin roi du kung-fu (1999). Personnage lunaire aux idées incongrues, insolites, avec un naturel désarmant, il ne recule devant rien pour mettre son projet à exécution : ni demander à Jack Lang (qui fait aussi ses débuts au cinéma, d’autres diraient qu’il ne fait que ça, je leur en laisse la responsabilité) un lieu pour ses répétitions, ni arranger une rencontre aquatique entre Odette et Bettina, dans la piscine du Ritz.

     En présentant le film, lors de l’avant-première, Anne Fontaine a précisé qu’elle avait songé aux acteurs avant d’écrire son scénario, cela se ressent dans son écriture avant tout centrée sur ses acteurs, donc. Elle a également précisé que si Danielle Darrieux était absente c’était parce qu’elle déménageait pour la cinquième fois en deux ans, tournée vers l’avenir, toujours, encore, merveilleusement...à 89 ans.

     Nouvelle chance est d’ailleurs surtout un magnifique hommage à Darielle Darrieux (Avec plus de 130 films à son actif, tournés sous la direction des plus grands -de Claude Autant-Lara à François Ozon en passant par Max Ophüls, Claude Chabrol et Benoît Jacquot-, elle fut l'égérie du réalisateur Henri Decoin qui lui offrit la vedette de nombre de ses longs métrages - Mademoiselle ma Mère (1936), Abus de Confiance (1938), Battement de Coeur (1940)... - et connut la consécration internationale avec The Rage of Paris d'Henry Koster (1938) et L'Affaire Cicéron (1951) de Joseph L. Mankiewicz.). Ici, elle est tantôt fragile, forte, caustique, cruelle, mourante, incroyablement vivante, bref émouvante, sublime. Elle est filmée sans artifices, parfois en gros plan. Nous voilà plongés dans son regard, un regard incroyablement expressif, nous voilà plongés dans l’Histoire du cinéma français, un regard incroyablement pluriel. Un regard qui perd la vue. Le drame, la mélancolie affleurent, constamment. Ce regard si expressif suffit à nous émouvoir. Nous l’écoutons, la regardons religieusement. Peut-être n’est-ce pas un hasard s’ils répètent dans une église ...

    Danielle Darrieux nous fait oublier le manque de rythme et les faiblesses scénaristiques. D’ailleurs peut-on réellement parler de faiblesse puisque l’objectif n’était pas là? La mise en scène est aussi très théâtrale, l'intérêt n'est pas là non plus et puis après tout il est question de théâtre, aussi. C’est avant tout une histoire d’acteurs, pour ses acteurs, et finalement nous sommes tristes de les quitter, tristes après avoir ri, quand même, aussi. Nous aimerions savoir ce qu’ils vont devenir avec  leurs solitudes, leurs regrets, leurs ambitions.

     Le film pourrait commencer quand il s’achève sur une note de musique et d’amertume. Les dernières minutes nous font ainsi retrouver l’amoralité jubilatoire d’Entre ses mains et des précédents films d’Anne Fontaine (Nathalie, Nettoyage à sec). En quelques plans tout est dit : la cruauté, l’amertume, l’arrivisme et la beauté, encore, finalement, celle de cette dame en noir, radieuse, lumineuse, plongée à jamais dans l’obscurité. Dans Entre ses mains, déjà, la fascination ‘du personnage d’Isabelle Carré pour celui de Benoît Poelvorde et du spectateur pour cette histoire d’amour absolu, dérangeante et non moins sublime- provenait de ses personnages, si ambivalents et si magistralement interprétés.  C’est aussi ce qui fait le charme de cette Nouvelle chance. Oui, rassurez-vous : l’amoralité (et heureusement pas la moralité) est sauve. Rien que pour cela  cette comédie caustique empreinte de charme nostalgique et de la grâce juvénile  de Danielle Darrieux,  vaut la peine que vous leur donniez cette nouvelle chance.

    Sandra.M

  • Ne le dîtes à personne...ou le débat du jour

    medium_arton8800.jpgNe dîtes à personne que Ne le dis à personne de Guillaume Canet m’a déçue.

    Ne le dîtes à personne :

    Parce que le pitch était quand même alléchant : un homme dont la femme qu’il aimait depuis l’enfance a été sauvagement assassinée. Huit ans plus tard, il reçoit un email la montrant vivante.

    Parce que c’était un vrai défi d’adapter le best seller de Harlan Coben traduit en 27 langues et vendu à des millions d’exemplaires.

    Parce qu’il met en scène une pléiade d’acteurs tous plus talentueux les uns que les autres : Jean Rochefort, Nathalie Baye, François Berléand, Jalil Lespert, André Dussolier, Kristin Scott Thomas, Marie-Josée Croze, Marina Hands, Florence Thomassin…jusque dans les plus petits rôles.

    Parce qu’un tel casting ce ne doit pas être si évident à réunir.

    Parce que de ce film sombre se dégage une belle luminosité photographique (pas vraiment thématique).

    Parce que ce n’est, après tout, qu’un second long métrage.

    Parce que, quand même, il s’est attiré les foudres de quelques milliers d’automobilistes pour avoir bloqué le périphérique pendant plusieurs heures.

    Parce que le réalisateur s’est attribué un rôle particulièrement antipathique.

    Parce que vouloir faire un « thriller romantique » est une intention louable et un genre malheureusement ignoré en France.

    Parce qu’il y a des films dont la sincérité et l’énergie de ceux qui les font nous font regretter de ne pas les aimer.

    Parce qu'il vous fait oublier le temps qui passe et c’est déjà beaucoup quand d’autres vous le rappellent.

    Parce que la bande originale (notamment avec la musique de Matthieu Chedid) est particulièrement réussie.

    Parce que je n’aime pas dire du mal d’un film fait avec sincérité.

    Parce que la maladresse c’est touchant quand même.

    Parce que Mon idole portait la patte d’un futur cinéaste.

    Parce que je ne le recommanderais pas mais ne voudrais empêcher personne d’y aller.

     

    Mais quand même:

     

    Parce qu’un bon film ne se résume pas à un bon pitch.

    Parce que c’est frustrant de voir autant d’acteurs talentueux sans que leurs personnages existent réellement.

    Parce que le scénario ne joue pas avec mais contre le spectateur.

    Parce que, bon d’accord, le personnage de Berléand est maniaque et a des tocs mais ça ne rattrape pas le manque d’existence et de caractérisation de ses petits camarades.

    Parce qu'il ne suffit pas de faire soudainement une contre plongée très appuyée pour passer d’acteur qui filme à cinéaste.

    Parce qu’un film nerveux n’est pas forcément rythmé.

    Parce que ce personnage ne semble pas vraiment traqué et n’inspire ni sympathie ni même empathie.

    Parce qu’il ne doit en parler à personne et parce qu’il en parle à tout le monde.

    Parce que la scène au parc Monceau.

    Parce que ces méchants ont vraiment l’air de caricatures de méchants.

    Parce que par moment c’est aussi improbable que Mission impossible 3.

    Parce que j’en attendais beaucoup plus de cette intrigue prometteuse, de ces acteurs si talentueux, et de cette équipe qui a éclusé tous les plateaux TV de France et de Navarre.

    Parce que c’est juste un film d’action de plus qui manque de psychologie.

    Parce que trop de personnages tuent la psychologie du personnage.

    Parce qu’on se demande comment lors du précèdent procès il n’a pas été au courant  de certains détails.

    Parce que je ne me suis pas sentie impliquée ni touchée.

    Parce que  j’ai plus ri qu’aux Bronzés 3 (bon d’accord, je n’ai pas ri mais quand même…) et parce que je ne crois pas que ce soit une comédie.

    Parce que la police n’y est pas myope mais complètement aveugle.

    Parce que certains personnages apparaissent comme des cheveux sur la soupe.

    Parce que Guillaume Canet dans le rôle d'un pédophile, non vraiment …

    Parce que j’ai imaginé le même film tourné par Melville, parce que je n’aurais pas dû, parce que évidemment ce serait impossible.

    medium_18680377.jpgParce qu’un film, par exemple comme Ô Jérusalem d'Elie Chouraqui, certes scénaristiquement  imparfait, mais malgré son sujet très sensible, historiquement passionnant et si instructif, aurait mérité qu’il en soit autant question.( Phrase effacée parce que vous avez raison, l’un n’empêche pas l’autre mais j’avais juste envie de vous le recommander et oui, je vous le recommande!).

    Parce que tout ça donc je vous le dis quand même (on est entre nous, hein!) . Parce que je voudrais que vous m'expliquiez  POURQUOI (et si) vous  avez aimé…ou pas. Parce que ce n’est qu’un avis parmi d’autres. Parce que j’ai envie d’en débattre  !

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE(2004 à 2007) Pin it! 18 commentaires
  • En attendant Babel...

    medium_labyrinthe.jpgEn attendant Babel, le chef d’œuvre d’Alejandro Gonzalez Inarritu ( Je vous en avais longuement medium_californie.jpgparlé lors du dernier Festival de Cannes où il a obtenu le prix de la mise en scène, je retournerai très certainement le voir pour vous en parler à  nouveau, mais je vous le recommande d'ores et déjà) qui sortira le 15 novembre, deux films présentés lors du dernier festival de Cannes, l’un en compétition officielle, Le labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, l’autre dans la section Un Certain Regard, La Californie de Jacques Fieschi, sont sortis récemment (le premier la semaine dernière, le second cette semaine) et sont malheureusement passés quasiment inaperçus.

     La Californie, premier long métrage du scénariste Jacques Fieschi, est surtout remarquable par les prestations de ses deux acteurs principaux : Nathalie Baye et Roshdy Zem, le Labyrinthe de Pan, un conte pour adultes, l'est surtout pour son univers si particulier, ensorcelant, signifiant, à la fois sombre et poétique. Vous pouvez retrouver mes articles sur ces medium_babel.jpgdeux films en cliquant ici :

    Festival de Cannes 2006, critiques de la Californie et du Labyrinthe de Pan.

    Sandra.M

  • In the mood ... for cinema!

    medium_photosordi_464.jpgAprès quelques jours de silence laborieux, l’actualité cinématographique revient sur « Mon Festival du Cinéma » passé en version professionnelle, avec un nouveau design, un nouveau nom, « In the mood for cinema » (mais une adresse inchangée), plus en adéquation avec son contenu.

    Plus que jamais l’objectif de ce blog est en effet de vous plonger dans l’ambiance du cinéma avec des reportages sur les festivals de cinéma, avec bien sûr les incontournables : le Festival du Cinéma Américain de Deauville  (le premier festival auquel j’ai assisté, il y a 14 ans, ce blog est d’ailleurs le seul qui figure parmi les liens de son site officiel), le Festival du Film Asiatique de Deauville, le Festival de Cannes, (qui fêtera l’an prochain ses 60 ans), le Festival du Film Britannique de Dinard, le Festival du Film Romantique de Cabourg etc et peut-être aussi cette année quelques nouveautés…et pourquoi pas des festivals à l’étranger.

    medium_photosordi_1525bis.JPGCe nom est aussi bien sûr un hommage au sublime film de Wong Kar Wai, In the mood for love, film emblématique parmi ceux plébiscités par ce  blog sur lequel vous pouvez d’ailleurs retrouver la critique du film en question.

    Après deux ans d’existence, de nombreuses pérégrinations festivalières, cinématographiques, et dans les salles obscures, l’objectif de ce blog reste le même : ne pas écrire à tout prix sous prétexte d’exercer une plume potentiellement acerbe mais avant tout vous faire partager mes coups de cœur pour des films très hétéroclites. Peu importe qu’ils aient été encensés ou vilipendés par la critique « classique », peu importe qu’ils aient coûté des millions de dollars ou quelques milliers d’euros, peu importe qu’ils aient engrangé des millions d’entrées ou n’aient même pas eu de distributeurs, peu importe qu’il s’agisse de courts ou de longs métrages, peu importe qu’ils soient classiques ou expérimentaux.

    medium_photosordi_1595bis.JPGL’objectif d’ In the mood for cinema sera aussi, parfois, de vous faire partager ma vision de l’industrie cinématographique actuelle, du scénario, bref la vision d’une jeune scénariste passionnée, consciente des obstacles, des difficultés auxquels elle est et sera confrontée dans un paysage cinématographique de plus en plus uniformisé et tributaire des desideratas des chaînes de télévision, mais aussi plus que jamais consciente que les portes de l’univers cinématographique ne sont pas hermétiquement closes même lorsqu’on n’appartient pas initialement à son cénacle, certes avec beaucoup de passion, de volonté, de motivation. J’y reviendrai bientôt…

    L’intérêt principal d’un blog, outre la liberté de ton qu’il permet, c’est aussi son interactivité et le débat auquel il  peut donner lieu. Vous êtes donc plus que jamais invités à participer, critiquer et même suggérer.

    medium_photosordi_1368bis.JPGCe blog comprend aussi de nombreux liens utiles de sites institutionnels ou de blogs cinématographiques sur lesquels je vous recommande de promener votre regard de cinéphiles avertis ou de simples spectateurs...mais en tout cas votre regard d’amoureux transis du septième art.

    Je vous laisse avec la citation d’exergue de ce blog, plus que jamais d’actualité : « Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion ». Un exquis et jubilatoire égarement auquel je vous convie…in the mood for cinema!

    Cinématographiquement vôtre.

    Sandra.M

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  • "Scoop", la dernière comédie policière de Woody Allen

    medium_scoop.jpgAprès Match point (voir ma critique, ici), perfection du genre, film délicieusement immoral au scénario virtuose totalement et magnifiquement scénarisé en fonction de son dénouement et de la balle de match finale, quel film pouvait donc bien  ensuite réaliser Woody Allen ? Evidemment pas un film noir qui aurait inévitablement souffert de la comparaison. Si, à l’image de Match point, Woody Allen a de nouveau délaissé New York -qu’il a tellement sublimée et immortalisée- pour Londres, si comme dans Match point, il a de nouveau eu recours à Scarlett Johansson comme interprète principale,  il a donc néanmoins délaissé le film noir pour retourner à la comédie policière à l’image d’Escrocs mais pas trop ou du Sortilège du scorpion de Jade. Si le principal atout de Match point était son scénario impeccable, c’est ailleurs qu’il faut aller chercher l’intérêt de ce Scoop.

    L’intrigue est ainsi délibérément abracadabrantesque et improbable. Le célèbre journaliste d'investigation Joe Strombel, arrivé au Purgatoire, y rencontre la secrétaire de l’aristocrate Peter Lyman, également politicien à l’image irréprochable de son état. Elle lui révèle qu’elle aurait été empoisonnée par ce dernier après avoir découvert que Peter serait en réalité le tueur en série surnommé « le Tueur au Tarot » qui terrorise Londres. Professionnel et avide de scoops jusqu’à la mort et même après, Joe Strombel, va se matérialiser à une jeune étudiante en journalisme (et accessoirement en orthodontie), la jeune Sondra (Scarlett Johansson) lorsqu’elle est enfermée dans une boîte lors du tour de magie de l’Américain Splendini (Woody Allen). Croyant avoir trouvé le scoop du siècle elle décide de faire la connaissance de Peter Lyman (charismatique et mystérieux Hugh Jackman) pour le démasquer, avec, comme « perspicace » collaborateur, Splendini. Evidemment elle va tomber amoureuse (de Peter Lyman, pas de Woody, celui-ci ayant ici renoncé au rôle de l’amoureux, dans un souci de crédibilité, ou dans un sursaut de lucidité, pour jouer celui du protecteur). Elle n’aurait peut-être pas dû…

    Woody Allen est donc passé de la noirceur à la légèreté. C’est agréable la légèreté, aussi, surtout après la noirceur, aussi parfaite soit-elle. Woody Allen nous revient aussi en tant qu’acteur, fidèle à lui-même, balbutiant, maladroit, chaplinesque, woodyallenesque plutôt, adepte de l’ironie et de l’autodérision, et narcissique de religion (si, si, vous verrez, ça existe). Intrigue abracadabrantesque donc mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce scoop. Preuve que légèreté et noirceur ne sont pas totalement incompatibles, Woody Allen a saupoudré son scoop d’humour exquisément noir avec notamment une mort presque sympathique en  grande faucheuse embarquant ses défunts et bavards voyageurs. Woody Allen lui aussi nous embarque, dans un jeu, dans son jeu. Il ne nous trompe pas. Nous en connaissons les règles, les codes du genre : la désinvolture et la loufoquerie sont de mise.

    La mise en scène reste cependant particulièrement soignée, Scarlett Johansson est de nouveau parfaite, cette fois en étudiante naïve  et obstinée. Comme la plupart des bonnes comédies, ce Scoop  fonctionne sur les contrastes  d’un duo impossible, celui de la journaliste écervelée et obstinée et de son protecteur farfelu. Certes, vous n’explosez pas de rire mais vous avez constamment le sourire aux lèvres entraînés par l’entrain communicatif et l’humour décalé de Woody Allen qui montre à nouveau que l’on peut être un réalisateur particulièrement prolifique sans rien perdre de son enthousiasme et de sa fraîcheur. Une bonne humeur tenace et contagieuse vaut après tout mieux qu’un rire explosif, non ?

    Un film rythmé, léger, burlesque, ludique à la mise en scène soignée avec une touche d’humour noir même si on peut regretter que la morale soit sauve et même si on peut donc regretter l’immoralité jubilatoire de Match point. Ce scoop-là n’est ni sidérant, ni inoubliable, mais néanmoins il vaut la peine d’être connu.

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE(2004 à 2007) Pin it! 7 commentaires
  • Compte-rendu et palmarès du 17ème Festival du Film Britannique de Dinard

     

    medium_ber1bis2.jpg

    Le Festival du Film Britannique de Dinard, dix-septième du nom, s’est achevé il y a presque deux semaines et je n’avais pas encore eu le temps d’écrire ce compte-rendu. Parce que la réalité, parfois, dépasse la fiction. Parce que la vie,  parfois, se confond, étrangement, avec le cinéma. Ce résumé sera donc plus concis que d’habitude, suivant le fil, peut-être vague, peut-être même infidèle,  de mes souvenirs, deux semaines après. Restent néanmoins les émotions fortes. Des impressions tenaces.  Le souvenir de quatre journées cinématographiquement intenses et passionnantes sur la Côté d’Emeraude. Un festival toujours exemplaire pour sa convivialité et l’enthousiasme de son équipe organisatrice. C’est donc toujours un plaisir de se retrouver dans ce festival dont j’avais fait partie du jury, il y a sept ans déjà, dont je devais faire partie du jury à nouveau (voir mes deux précédentes notes) et dont j’ai néanmoins profité de la riche programmation avec non moins de plaisir.

    medium_toucan_et_les_autres.2.JPG

     Après la traditionnelle présentation du président du jury (François Berléand) puis de la medium_ber11bis.jpgprésidente du Festival 2007 (Marianne Denicourt) puis de la Présidente du Festival (Sylvie Mallet)-eh oui, ce festival dure quatre jours et ne compte pas moins de trois présidents !-, après une présentation du jury par son président, François Berléand donc, un peu embrouillé (Charles Dance devenant Richard…) mais non moins enthousiaste, elle aussi, après que Leslie Phillips et Brian Cox à qui le festival rendait hommage aient enchanté l’assistance avec leur  bonne humeur contagieuse  et leurs facéties, c’est royalement que s’est ouvert cette 17ème édition du Festival avec le film évènement du dernier festival de Venise (récompensé du prix d’interprétation féminine, la Coupe Volpi pour Helen Mirren qui interprète le rôle d’Elisabeth II et du prix du meilleur scénario, l’Osella, pour le scénario de Peter Morgan ) : The Queen de Stephen Frears. Oubliés les sifflets (d’ailleurs injustifiés, en tout cas excessifs) de l’an passé (voir le compte-rendu du Festival 2005, ici) : place à la bonne humeur !

    medium_queenbis.jpgDans The Queen, Stephan Frears nous dresse le portrait d’Elisabeth II alors que l’image du  pouvoir monarchique est ébranlé, après le séisme médiatique et émotionnel (surtout irrationnel) provoqué par la mort de Diana, le 31 août 1997. Tony Blair qui vient d’être élu perçoit la vague d’émotion et de chagrin qui submerge le pays tandis que la Reine, enferrée dans ses traditions et son orgueil reste à Balmoral, sa résidence d’été, silencieuse, distante, indifférente, refusant obstinément de mettre le drapeau en berne pour celle qui « n’appartient plus à la famille royale ». Aveugle, aveuglée par sa fierté. Tony Blair va œuvrer pour la rapprocher de ses sujets éplorés et plongés dans l’incompréhension face à son attitude aussi imperturbable que les gardes de Buckingham Palace. Helen  Mirren interprète brillamment la reine avec un mélange de froideur, de dignité, de sarcasmes jubilatoires pour le spectateur. Mais c’est aussi le portrait d’une femme qu’a voulu dresser Stephen Frears, une femme qui certes est reine d’Angleterre, une femme enfermée dans son royal rôle pleurant à la mort d’un cerf, symbole d’une liberté qu’elle ne semble plus avoir,  et qui reste de marbre à la mort de cette belle-fille qu’elle n’a semble-t-il medium_bawbis.jpgjamais aimée. Le principal intérêt réside dans la drôlerie du contraste entre le quotidien de Tony Blair au 10 Downing street et celui de la reine à Balmoral, entre l’assurance de la reine et la maladresse de son premier ministre, contraste et drôlerie atteignant leurs paroxysmes lors de leurs épiques conversations téléphoniques. Leurs existences sont constamment mises en parallèle. L’un et l’autre regardent les informations à la télévision, informations par lesquelles ils apprennent l’accroissement irraisonné de l’émoi populaire  provoqué par la mort de Diana. La famille royale va à la chasse. Tony Blair mange ses plateaux repas. Et le prince Phillip résume la situation : « Même morte, medium_ber2bis.jpgDiana nous aura emmerdés ». Stephen Frears a eu l’intelligence de ne pas tomber dans la caricature et le rapport de force va s’inverser. Malgré les railleries de sa femme Cherie, Tony Blair éprouve une admiration presque filiale pour cette reine fière et imperturbable.  Elisabeth II va prendre conscience de sa maladresse, elle va revenir à Londres pour parler aux britanniques, le plus maladroit des deux n’étant finalement pas celui qu’on croyait. Le montage mêle astucieusement une dizaine de minutes d’images d’archives et images de fiction crédibilisant cette histoire dont nous n’avons finalement pas envie de savoir si elle est conforme à la réalité mais que nous suivons du début à la fin avec beaucoup d’intérêt tant les personnages en sont vraisemblables et d’une humaine ambivalence. Un film que la caricature, l’excès auraient desservi mais que sa mesure rend d’autant plus caustique qu’elle est  plausible notamment grâce à un scénario ciselé et grâce au judicieux choix de ses deux interprètes principaux. Peut-être pouvons-nous juste regretter que Stephen Frears ait été trop révérencieux envers la monarchie, la reine, sarcastique mais humaine, ressortant finalement grandie de ce portrait.

    medium_ber19.JPGSi Dinard présentait cette année quinze films en avant-première, l’autre grand intérêt du festival, comme chaque année, fut sa compétition de six longs métrages, une compétition qui plaçait l’adolescence au centre de ses histoires, une adolescence douloureuse avec d’abord Almost adult de Yousaf Ali Khan, un film bancal, titubant  comme ses héroïnes qui viennent de fuir l’Afrique pour la Grande-Bretagne, égarées dans ce monde cruel semé d’obstacles. Un film chaotique donc mais rempli de bonnes intentions.

    Le deuxième film sur l’adolescence était Kidulthood (écrit et filmé par des adolescents !), second long métrage de Menhaj Huda qui montre la culture de la rue dans un quartier ouest de Londres et qui met en scène des adolescents de  quinze ans, qui n’ont déjà plus d’espoir, des enfants avec les désespérances d’adultes, le tout sur fond de musique hip-hop. Le jour où l’une d’entre eux, Katie, se suicide, ces adolescents se retrouvent face à leurs responsabilités et leur culpabilité. Les uns vont la fuir, les autres l’affronter mais tous vont être désorientés, un peu plus encore. Là encore un film sombre, ancré dans le présent, un présent sans espoir. Un film d’une maturité étonnante au regard de la jeunesse de ses auteurs qui méritaient amplement le prix du meilleur scénario.

    medium_ber21bis.jpg Mon coup de cœur de cette compétition qui a d’ailleurs obtenu le prix du public n’était pas réellement non plus un film lumineux ne serait-ce que par son sujet : celui de Pierrepoint d'Adrian Shergold, une histoire vraie, celle d’un livreur d’épicerie, mari aimant et fidèle, qui mène en secret la vie de bourreau. Sa réputation dans son métier lui vaut d’être choisi pour exécuter les criminels les plus sombrement célèbres de Grande-Bretagne, ainsi que les criminels de guerre nazis condamnés au procès de Nuremberg. La couverture médiatique de tous ces évènements le rend alors tristement célèbre. Là, nous voilà plongés en pleine noirceur humaine, dans une atmosphère grisâtre dans laquelle déambule Timothy Spall qui prouve une nouvelle fois son immense talent déjà éclatant dans All or nothing de Mike Leigh, Mike Leigh d’ailleurs le mentor du réalisateur Adrian Shergold , dont on retrouve ici le réalisme sombre. Timothy Spall interprète avec beaucoup de retenue, de justesse, cet homme effroyablement fascinant qui a pratiqué plus de 500 « assassinats »légaux avant de réaliser, enfin, qu’il ne s’agissait pas de « justice » mais de « vengeance ». Un film qui vous glace le sang, qui est aussi, surtout, un formidable et singulier plaidoyer contre la peine de mort. Adrian Shergold n’a certes pas choisi la facilité. Plutôt que de réaliser un film larmoyant sur les injustices de la peine de mort, il nous montre les pendaisons des auteurs de ce qui est évidemment un des actes les plus abjectes de l’Histoire de l’humanité : celle des criminels nazis. Même là, l’horreur de la peine de mort nous apparaît en pleine face. Filmés comme un ballet chorégraphié, ces assassinats sont assimilés à une danse, bien macabre, à un rituel que Pierrepoint accomplit machinalement, consciencieusement. Dérangeant. En medium_ber23bis.jpgrevenant de Nuremberg, Pierrepoint est applaudi comme un héros. Lui, un héros, cet homme qui prépare chaque mise à mort avec minutie, cherchant à battre le record, celui de l’exécution la plus rapide. Lui, un héros, cet homme qui chante dans les bars et qui semble apprécié de tous. La barbarie peut parfois prendre le visage de l’héroïsme. Des actes antidémocratiques peuvent parfois endosser le masque de la démocratie. La femme de Pierrepoint refuse de savoir « pourvu qu’on n’en parle pas », tout en réprimant Pierrepoint lorsqu’il n’a pas été suffisamment payé pour une exécution. Elle symbolise le cynisme d’une société qui refuse de s’offusquer tant qu’elle ne voit pas, ou qui refuse de voir ce qu’elle sait pourtant, pourvu que cela lui rapporte. De l’argent. Une fausse bonne conscience. Peu importe. Mais que cela lui rapporte. Il faudra plus de 500 exécutions pour que Pierrepoint réalise son erreur, son horreur.  « Ce sont des êtres humains qui vont mourir, peu importe ce qu’ils ont fait » dit-il, se persuadant que si c’est lui qui les pend, ils souffriront moins que si un autre prend sa place... Pour conserver son sentiment d’humanité, il se cache derrière la légalité de ses actes. Jusqu’à ce qu’il doive pendre un ami…De ce film sobre et sombre qui frôle parfois l’abstraction, dont l’obscure photographie le fait ressembler à un tableau de Goya, vous ne pourrez ressortir ni indemne ni indifférent à cet acte barbare qu’une démocratie aujourd’hui encore utilise comme arme de justice, vengeance. Une plongée dans les tréfonds obscurs de l’âme humaine et dans les gouffres inavouables d’une certaine démocratie. Un film brillant et nécessaire magistralement porté par son acteur principal. Après une Vérité qui dérange puis Indigènes, plus que jamais le cinéma se préoccupe des faits de société et est déterminé à faire avancer l’Histoire… Rappelons simplement qu’aujourd’hui  encore soixante-dix-huit pays conservent dans leur droit pénal la peine de mort dont au moins quatre démocraties qui ont exécuté 65 personnes en 2004 : Taiwan (3), le Japon (2), l'Inde (1) et les États-Unis (59).

    La seule lueur d’espoir de cette compétition est venue de Small Engine Repair de Niall Heery dans lequel Doug rêve d’être chanteur de country. Il mène une vie de loser dans une petite ville où personne ne prend sa voix et son talent de musicien au sérieux. Sa femme l’a quitté et seul son meilleur ami croit en lui. Il reste pourtant à Doug une dernière chance d’y arriver… D’une facture certes classique ce film a un charme, à l’image de la musique country, d’une mélancolie désuète et envoûtante.  Doug est un personnage qui « se sent bien et mal » et qui «  a envie de s’envoler ».Les personnages sont tous attachants, et portent tous en eux un rêve brisé pour finalement se reconstruire, s’envoler… et nous avec eux, nous donnant des ailes et l’envie d’accomplir nos rêves. C’est ça aussi, encore, le cinéma.

    Enfin, Cashback de Sean Ellis aurait pu être un film intéressant. Des acteurs photogéniques. Un sujet original, celui d’un personnage qui arrête le temps pour capturer la fugacité de la beauté. Et malheureusement un film racoleur dont le cheminement semble n’être qu’un prétexte à son dénouement cinégénique sous la neige.

    Le vrai, franc, salutaire éclat de rire de ce festival est provenu de Désaccord parfait, le troisième long métrage d’Antoine medium_desaccordbis.jpgde Caunes présenté en avant-première, un film très différent des deux autres du réalisateur et avec lequel il présente néanmoins le point commun de mettre particulièrement en valeur ses acteurs.  Louis Ruinard, (Jean Rochefort) est un cinéaste français venu tourner son 34ème film en Angleterre, accompagné de son fidèle impresario interprété, comme toujours brillamment, par Isabelle Nanty . Charlotte Rampling est Alice d’Abanville, une ancienne actrice aujourd’hui mariée à un Lord Anglais et se consacrant uniquement au théâtre. Trente ans auparavant Alice et Louis formaient un couple magnifique jusqu’à ce qu’Alice disparaisse de la vie de Louis, sans explication. Alice doit remettre un prix à Louis, lors de la cérémonie des Batar, l’équivalent de nos César et cette remise de prix, avec l’ironie vengeresse d’Alice devient "Règlement de compte à OK Corral"… Après cette compétition certes de bon niveau mais plutôt sombre, les spectateurs n’ont pas boudé leur plaisir devant cette comédie sentimentale déjantée, aux dialogues -parfois- incisifs (Ah, la scène du dîner !), entre ironie française et causticité anglaise, le choc des deux étant explosif, comédie dans laquelle ses deux acteurs principaux semblent tellement s’amuser, (Charlotte Rampling exemplaire  dans ce contre-emploi et Jean Rochefort plus fantasque que jamais) que cet amusement en est devenu communicatif. Si le scénario est assez irrégulier et léger, le rythme des dialogues et l’entrain des interprètes nous le font bien vite oublier. Cette comédie sentimentale présente l’originalité d’avoir pour interprètes principaux deux acteurs très talentueux mais qui ne sont néanmoins plus des jeunes premiers et qui se moquent d’eux-mêmes avec une jubilation évidente. En filigrane, une réflexion sur le temps qui passe. L’amour n’a pas d’âge : Louis et Alice en sont l’illustration magnifique. Un concentré d’humour et d’optimisme à consommer sans modération. Certainement, ce film aurait mérité  le Hitchcock d’or des applaudissements de ce festival…et Antoine de Caunes celui du réalisateur le plus satisfait, remontant sur scène , pour accueillir les applaudissements du public et y appelant une Charlotte Rampling beaucoup plus réservée que son personnage! Dommage que Jean Rochefort, grippé, n’ait finalement pas pu venir et assister à ce chaleureux accueil des festivaliers.

    medium_Din_1_bis.3.jpgEnfin…non, pardon pour cette omission : le vrai, franc éclat de rire a résulté de la réplique d’une spectatrice involontairement comique dans une file d’attente, laquelle spectatrice racontait, non sans fierté, comment elle avait demandé  un autographe à un autre festival à un « acteur » qu’elle ne connaissait pas, et après que ce dernier ait signé « Jean-François Copé » elle racontait s’être étonnée de ne pas connaître cet « acteur » qu’elle jugeait « charmant ». Et qui a dit que les politiques n’étaient pas de bons acteurs ? Et qui a dit que les Français ne s’intéressaient pas à la politique ? Et qui dit que je ne devrais pas écouter dans les files d’attente ?

    Dinard ce sont aussi des hommages, des courts métrages et notamment Vagabond shoes de Jackie Oudney, qui a reçu le prix Kodak du meilleur court métrage : un vagabond qui, la veille de Noël, découvre un costume tout neuf, oublié par un cadre pressé dont il va se servir pour entrer dans une soirée huppée. Il va passer de l’ombre à la lumière mais dans un monde où l’habit doit obligatoirement faire le moine ses rêves s’envolent bien vite et vont faire place à sa dure réalité.

    Dinard ce sont aussi des avant-premières un peu différentes avec notamment le deuxième épisode de la première saga de l’hiver 2007 de France 2 inspiré du roman d’Agatha Christie Le Noël d’Hercule Poirot, dont la programmation à Dinard a avant tout été choisie car ce téléfilm a été tourné en Bretagne. Le téléfilm s’intitule Petits meurtres en famille . medium_ber27.JPGL'action de Petits meurtres en famille se déroule en 1939, à la veille de la déclaration de la seconde guerre mondiale : à l'occasion de son 70ème anniversaire, Simon Le Tescou (Robert Hossein) a réuni sa famille. Mais le soir même, il est sauvagement assassiné dans sa chambre. L'inspecteur Larosière (Antoine Duléry), assisté d'Emile Lampion (Marius Colucci), son fidèle second, découvre vite que les placards de cette famille sont remplis de cadavres... Outre Robert Hossein et Antoine Duléry, le casting de cette saga se compose également d'Elsa Zylberstein, Bruno Todeschini, Gregori Derangère. L’extrait de cette saga projeté à Dinard laisse entrevoir ce qu’il sera : à l’image d’un livre d’Agatha Christie, le spectateur est impatient de connaître la suite. Un téléfilm ludique, avec une distribution réussie et attrayante, sans oublier des dialogues plutôt bien écrits. Ce téléfilm apparemment plutôt efficace est aussi à l’image de ce que sont désormais un nombre croissant de téléfilms projetés sur le service public dont les scénarii sont de plus en plus travaillés.

    medium_ber14bis.jpgDinard, cette année, c’était donc un festival ancré dans la réalité sociale, le sombre portrait d’une société qui se décompose, se cherche une lueur d’espoir, une société que son présent tourmenté préoccupe et dont, plus que jamais, le cinéma veut se faire le porte-parole, et pourquoi pas l’acteur, comme il vient de l’être pour la revalorisation des pensions des tirailleurs grâce à Indigènes.

    medium_ber15bis.jpgDinard, cette année, ce furent aussi les grandes marées, impressionnantes, sa mer étincelante et déchaînée, sublimement fascinante et terrifiante, son ambiance hitchcockienne, son charme obscur, presque inquiétant,  l’impression d’être ailleurs, si loin, si proche, à la porte de rêves démesurés auxquels désormais le cinéma oublie un peu trop souvent de nous faire croire …

    Le palmarès de la 17ème édition  fut suivi de la projection de Red road d'Andrea Arnold(voir ma critique du film dans mon compte-rendu du  Festival de Cannes 2006).

     La remise de prix, véritable "désaccord parfait", semblait inspirée par  Louis Ruinard, le fantasque personnage du film d'Antoine de Caunes, entre un président du jury qui se plaignait de la sonnerie d’un portable avant de réaliser qu’il s’agissait du sien et les lapsus de son passionné directeur artistique. So british … Le festival s’est clos comme il avait commencé. Dans la bonne humeur. A l’année prochaine… si tout va bien !

    PALMARES

    medium_ber13bis.jpgLe Trophée Hitchcock d’Or :  le Grand Prix est attribué par le Jury à  London to Brighton de Paul Andrew Williams

    Le Trophée Hitchcock Kodak Limited récompensant le Meilleur Directeur de la Photo, a été attribué à :  Pierrepoint de Adrian Shergold

    Le Trophée Grand Marnier Lapostolle pour le Prix du Meilleur Scénario, a été attribué à  Kidulthood» de Menhaj Huda

    Le Prix Première du Public, décerné par les spectateurs, a été attribué à  Pierrepoint de Adrian Shergold

    medium_berderbis.jpgLe Prix Coup de Cœur, décerné par l’association la Règle du Jeu a été attribué à Red Road de Andrea Arnold

    Le Prix Entente Cordiale du British Council a été attribué au court-métrage Treinta Anos  de Nicolas Lasnibat

    La 18ème édition du Festival du Film Britannique de Dinard aura lieu du 4 au 7 octobre 2007. En attendant, vous pourrez bien entendu retrouver d’autres festivals sur « Mon Festival du Cinéma » !

    Sandra.M