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« Duplicity » de Tony Gilroy avec Julia Roberts et Clive Owen

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Claire Stenwick (Julia Roberts ) est officier de la CIA. A Dubaï (si, c’est important parce qu’ils changent de pays plus vite que leurs ombres), elle séduit l’agent du MI6, Ray Koval (Clive Owen) et lui subtilise ainsi des informations top secrètes. Ils se retrouvent à Rome, par un faux hasard, et décident en commun de quitter leurs fonctions gouvernementales pour le monde plus lucratif des affaires. Ils se font engager chacun dans une des deux multinationales se livrant une guerre sans merci, celle de Howard Tully (Tom Wilkinson) et celle de Dick Garsik (Paul Giamatti), Claire travaillant pour l’une et en réalité pour l’autre (si, vous verrez, c’est très clair), l’objectif étant d’obtenir le premier la formule d’un produit mystère tout en ne sachant jamais si l’un des deux ne trahira pas l’autre.

                                                               

Après quelques jours loin des salles obscures, j’avais envie d’un film léger et ludique,  j’ai choisi celui-ci parce que j’adore le cinéma d’espionnage, parce que Tony Gilroy est un scénariste particulièrement talentueux (« Duplicity » est son second long-métrage en tant que réalisateur après "Michael Clayton" mais il est aussi notamment scénariste de  la saga des Jason Bourne) et parce qu’un petit voyage (Londres, les Bahamas, Dubaï, Rome) comme il sied toujours au genre, n’était pas pour me déplaire. Le genre, justement, celui du film d’espionnage qui culmina dans les années 70, Tony Gilroy en emprunte toutes les règles pour mieux les détourner au dénouement.

 

Le générique, granguignolesque, (un ralenti que je vous laisse découvrir) pouvait augurer du pire : il faut pas mal de talent et de maîtrise du genre pour manier humour et rythme trépidant, pour  concilier le rythme et les règles de la comédie et du film d’arnaque et d’espionnage.

 

Tony manie habilement les flashbacks pour donner du rythme et instiller un suspense ( qui s’estompe néanmoins bien vite dès le troisième flash-back, et ralentit plus le rythme qu’il ne le maintient), et l’humour pour donner du piquant aux dialogues  et aux joutes oratoires qu’il orchestre brillamment. Le montage nerveux et la réalisation, classique mais adapté au sujet (avec les split screens de rigueur), maintiennent constamment notre attention, même s’il use et abuse d’ellipses un peu faciles qui décrédibilisent l’ensemble.

 

L’idée de placer cette histoire d’espionnage et de duplicité dans des multinationales plutôt qu’entre des Etats est certes bien ancrée dans son époque où les multinationales mènent le jeu mais l’ensemble y perd peut-être en intérêt et le spectateur en empathie.

 

On s’amuse à reconstituer le puzzle et à suivre les tribulations menées par ces deux charmants acteurs, peut-être un peu trop lisses et même effacés. Dommage que leur histoire manque de piquant, et qu’y manque cette étincelle qui nous y ferait adhérer pleinement, le jeu l’emportant toujours sur les sentiments, Tony Gilroy étant du moins plus doué dans la mise en scène  ludique que dans la mise en scène des sentiments ambigus.

 

 Un divertissement, appliqué, ludique, léger, qui tient ses promesse mais ne renouvèlera pas le genre mais après tout est-ce ce qu’on demande à ce genre de film dont on cherche plutôt à ce qu’il soit fidèle aux règles qui le caractérisent et qu’il nous fasse appréhender l’existence comme un jeu et nous y embarque ? Dans ce cas, l’objectif est atteint.

 

Sandra.M

Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 5 commentaires

Commentaires

  • Je pense que les films d'espionnage les plus réussis sont à l'image des livres d'espionnages, avec une trame très simple et des manipulations rustiques qui mettent en relief la faiblesse ridicule de l'individu face au système. Hélas les films à grand spectacle (quoi ? vous avez bien aimez les Jason Bourne ?) essayent de démontrer le contraire, ce qui n'est pas intéressant dans l'espionnage qui est une machine à détruire aussi bien les victimes que les acteurs (et donc le film qui peut devenir outil de dénonciation de tout système, entre autres, plutôt que de propagande).

    Dans la Maison Russie Sean Connery réussi (très vaguement) à se sortir d'un engrenage, mais son personnage avoue par en-dessous avoir des tendances anarchistes... de toutes façons ce film, sobre, fait l'apologie de la trahison comme seul chemin vers l'émancipation. Dans the Taylor of Panama, film léger et sympathique, tous les personnages s'en sortent bien, sauf peut-être la population qui n'est qu'un décor (c'est une comédie cynique).
    Quant au flash-back et au split-screen je pense qu'ils sont adaptés justement aux récits plats. L'espionnage étant par définition un empilement le fait de montrer un empilement ne fait que le déconstruire. Enfin moi je dis ça... je n'ai pas vu le film. Et comme il y a Julia Roberts je suis de toutes façons dans l'incapacité physique de jeter un seul regard dessus.

  • Moi tout ce que je demandais à ce film c'est qu'on voit Clive Owen tout nu !
    Mais encore un qui dort en culotte !
    De toute façon c'est pas parce qu'on n'a pas vu un film qu'on n'a rien à en dire pas vrai ?

  • @ J'ai beau réflèchir: tous les films d'espionnage que j'aime ne "mettent pas en relief la faiblesse ridicule de l'individu face aux système". Nous ne devons pas aimer les mêmes!:-) Oui, j'adore la saga des Jason Bourne, enfin pour être exact, j'adore le dernier et un peu moins le reste.
    Si le récit est plat alors l'empilement devrait servir à le construire et non le déconstruire car si déconstruction il y a c'est que construction il y a eu et donc que ce n'était pas si plat, non?

    @ Pascale: Ah?! Clive Owen aussi??!!! T'es définitivement polygame.
    Bah tiens, même on a toujours plus à dire d'un film qu'on n'a pas vu (logique de l'empilement, voir plus haut.)

  • Si tu suivais, tu saurais que Clive Owen aussi et depuis longtemps (sauf dans un film avec Jennifer Aniston où il avait des yeux de crapaud)!!!
    Han, ça s'appelle la logique de l'empilement ? C'est beau le cinéma !

  • @Sandra
    Tout à fait ! C'est le reproche que je fais: un film d'espionnage ne doit pas montrer d'empilement puisqu'il s'agit d'un empilement.
    Du coup je pose la question: un film avec trop de montage ne fait-il pas seulement semblant d'aborder le thème de l'espionnage?

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