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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 593

  • « Les temps qui changent » d’André Téchiné : de sublimes « égarés » à Tanger.

    medium_temps_qui_changent.jpgUn premier amour peut-il devenir un dernier amour ? C’est autour de cette question passionnante, de cette idée malheureusement apparemment désuète, que tournent ces « temps qui changent » et c’est aussi la réponse affirmative à cette question qui dicte les actes d’Antoine (Gérard Depardieu) qui depuis plusieurs années cherche à venir travailler et diriger un chantier à Tanger pour retrouver Cécile (Catherine Deneuve) qu’il a aimée 30 ans plus tôt. Cécile s’est pourtant remariée mais cela n’arrête pas Antoine persuadé que ce premier amour doit être son dernier amour. Le couple mythique du non moins légendaire « Dernier métro » de Truffaut se trouve ici à nouveau réuni pourtant leurs retrouvailles seront ici aux antipodes du romantisme. Ce sera dans un supermarché. Ce sera l’émotion qui submerge Antoine. Ce sera Antoine qui tellement bouleversé se cogne contre la vitre du supermarché. Ce sera le mari de Cécile (interprété par Gilbert Melki) qui vient au secours d’Antoine. Ce sera Cécile qui le découvre, là, à terre, le nez ensanglanté. Et il va se cogner à la vie, à la réalité l’idéaliste Antoine. La réalité des temps qui changent. La réalité de l’indifférence de Cécile. La réalité des corps et des situations bouleversés. La réalité de l’oubli.
    Là où d’autres auraient démontré, insisté, prenant le spectateur en otage, lui dictant ses émotions, Téchiné sait suggérer par une colère subite, une main qui se pose sur une autre, un regard fuyant. Depardieu est magistral en colosse fragile et Deneuve étonnant de fragilité endurcie. On pourra regretter que Téchiné amorce plusieurs histoires, tous ces destins qui s’entremêlent nous laissant un goût d’inachevé, mais faisant la force du film ne le réduisant ainsi pas à un clin d’œil cinéphilique. La caméra vacille constamment, hésite, cherche, bouge, change… Cécile vacillera-t-elle à son tour ? Un premier amour peut-il devenir un dernier amour ? Pour le savoir, rendez-vous dans les salles obscures pour ce voyage passionné et passionnant à Tanger que je vous recommande vivement et qui ravira forcément les inconditionnels du cinéaste (dont je suis) et qui ravira ceux qui s’agacent du cynisme ambiant. (dont je suis également).
    Un film inégal, mélancolique traversé par de fugaces instants magiques comme seul Téchiné en a le secret, comme chacun de ses films en recèle.
    Note : A voir absolument du même cinéaste « Les Egarés », « Hôtel des Amériques », « le lieu du crime » …et tous les autres.

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  • Les sœurs fâchées d’Alexandra Leclère : un premier film très prometteur.

    medium_soeurs.2.jpgPour son premier film Alexandra Leclère a choisi de nous conter l’histoire de Louise (Catherine Frot), esthéticienne au Mans, venue passer 3 jours chez sa sœur Martine (Isabelle Huppert), à Paris pour rencontrer un potentiel éditeur. C’est dans ce face à face singulier que réside tout l’intérêt de ce premier film plus que prometteur. Louise va malgré elle faire exploser l’existence glacialement routinière de Martine. Renoir aurait appelé ce film un « drame gai », tant la frontière entre drame et comédie est étanche avec pour résultat un film au rythme enlevé au cours duquel on ne s’ennuie pas une seule seconde. C’est une comédie savoureuse, savoureusement grinçante même dans laquelle comédie et noirceur, voire cruauté s’entremêlent. Le face à face entre Louise et se joie de vivre constante, sa gentillesse inaltérable, presque envahissante, et la cinglante Martine est jubilatoire. Une magnifique scène d’opéra avec leurs visages en gros plan résume merveilleusement la capacité émotive de l’une et l’indifférence, l’indolence, de l’autre. Catherine Frot interprète magnifiquement ce rôle en or, véritable personnage chaplinesque faisant penser à Villeret ou à Bourvil pour cette impression donnée au spectateur de pouvoir passer du rire à la mélancolie avec une déconcertante facilité. Les seconds rôles sont également brillamment distribués avec un François Berléand, dans un rôle inédit et Brigitte Catillon, parfaite dans le rôle de la parisienne snob et cynique. Le sujet se prêtait à la caricature, la réalisatrice-scénariste ne plonge jamais dans cet écueil. On songe à de brillantes références, notamment à Claude Sautet, cette « histoire simple »étant aussi celle « d’un cœur en hiver »capable de colères et de violence soudaines comme souvent chez les personnages de Sautet, une référence corroborée par la présence de la lancinante mélodie de Philippe Sarde, compositeur attitré de Claude Sautet. Ce film n’est néanmoins pas une copie de tel ou tel style, il possède son ton bien à lui, la singularité d’une réalisatrice qui devrait compter…
    Remarque:Alexandra Leclère a signé en 2002 un court-métrage, Bouche-à-bouche, avec Alexandra Vandernoot et Helene Foubert dans le rôle de... deux soeurs.

    Sandra.M

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  • "Les montagnes russes" : pour voir un Alain Delon inédit

    Les Montagnes russes d’Eric Assous, avec Alain Delon et Astrid Veillon,
    Théâtre Marigny ;

    De mémoire de delonophile, je me souvenais l’avoir vu poignant, bouleversant (notamment dans « Variations énigmatiques » d’Eric Emmanuel Schmitt, à ce jour mon plus beau souvenir de spectatrice de théâtre : un texte brillant que je me lasse pas de relire-et que je vous recommande vivement !- pour un acteur alors au sommet de son art…dans un rôle ambigu, un personnage inoubliable ) , je me souvenais l’ avoir vu susciter et interpréter toutes les palettes de l’émotion à l’exception d’une seule : l’humour . Un regard mélancolique et captivant, une aura indéniable, un charisme de monstre sacré du cinéma, un regard qui vous happe dans des profondeurs d’émotion eh oui, et pourtant… l’interprète inoubliable de Visconti, Verneuil, Losey, Clément et tant d’autres n’avait jamais fait rire… Je le soupçonnais pourtant d’être très loin d’être dénué d’humour, me souvenant l’avoir vu rire aux éclats lors du festival du film policier de Cognac 2002, là, à deux mètres de moi,(j’étais alors membre d’un jury de cinéphiles) lors d’une soirée organisée par le festival, où il arriva tel un fauve majestueux, impérial et admiré, imposant un silence respectueux et moi n’en croyant pas mes yeux d’être assise si proche de celui qui m’avait fait aimer le cinéma de « la piscine » au « cercle rouge » à « M.Klein », tous ces chefs d’œuvre qui jalonnent cette carrière exemplaire. Alors non pas qu’il n’y parvenait pas mais on l’apprécie dans le mystère, dans l’indicible comme dans « Le Samouraï », dans ces films où il n’a pas besoin de parler pour être, ou de démontrer pour montrer. C’est donc un des intérêts des « Montagnes russes » de nous montrer Alain Delon drôle, humain (trop humain ?), interprétant un personnage presque pitoyable, et le spectateur presque déçu d’y croire là encore, là aussi… Eh oui Alain Delon peut être humain nous qui le croyions surhumain. La pièce vaut aussi le déplacement pour la remarquable interprétation et l’énergie incontestable d’Astrid Veillon…
    Sandra.M

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  • "La bête dans la jungle":pour ceux qui aiment le silence, Duras,l' implicite, la langueur mélancolique

    La bête dans la jungle

    Pièce de James Lord, d’après une nouvelle de Henri James, adaptation française de Marguerite Duras, mise en scène de Jacques Lassalle, avec Fanny Ardant et Gérard Depardieu.

    Théâtre de la Madeleine, jusqu’au 31 décembre 2004

    Catherine Bertram et John Marcher se retrouvent par hasard au château de Weatherend, dix ans après leur première rencontre, qui eut lieu lors d’un voyage en Italie. John avait alors confié un secret à Catherine, un secret qui va sceller leurs deux destins…

    De cette pièce je savais qu’elle avait été éreintée par la critique, cela m’incitait plutôt à y aller. Je savais aussi qu’elle avait été adaptée par Marguerite Duras, ce qui suscitait déjà mon intérêt… et je ne me suis pas trompée. Certes si vous voulez voir le Depardieu extraverti et tonitruant de Cyrano, si vous voulez voir une pièce didactique et explicite, passez votre chemin mais vous risquez néanmoins de passer à côté d’une pièce où l’implicite et le non dit sont poussés au paroxysme et nous tiennent en haleine pour peu qu’on accepte de se donner la peine d’écouter et de nous laisser emmener dans ce style épuré mais non moins magnifique. Alors oui c’est ici un Depardieu tout en intériorité auquel certaines mauvaises langues reprochent ses silences que certains attribuent à des trous de mémoire et à une prétenduemedium_depardieu_blog.jpg oreillette et après tout qu’importe car cela sied à son personnage qui est plus absence que présence, plus silence que bruit. Face à lui Fanny Ardant interprète son personnage sensuel face à cet homme obsédé par lui-même et qui ne voit ni ce qui est ni ce qui aurait pu être obnubilé par cette « certitude qui le hante » et donc ce qui devrait être. C’est une pièce sur le non-dit, empreinte de langueur et de mélancolie dans laquelle Fanny Ardant est magnifique, une pièce qui nous berce de sa musique lancinante.
    Sandra.M

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  • Pour tout savoir sur le dernier festival du film américain de Deauville...

    medium_abckid.2.jpgPour tout savoir sur le dernier festival du film américain de Deauville, rendez-vous sur mon site:

    http://monsite.wanadoo.fr/deauvilleles30ans

    (photo de Nicole Kidman et Lauren Bacall, invitées du dernier festival du film américain de Deauville pour "Birth")

  • Exposition "Véronèse profane"

    A voir du 22 septembre au 30 janvier 2004 au Musée du Luxembourg
    19 rue de Vaugirard, Paris 6ème


    Peintre profane par excellence du 16ème siècle, cette exposition met en valeur la splendeur et lamagnificence des couleurs auxquelles il recourait et la représentation mythologique et allégorique...

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  • "Brooklyn boy": à voir actuellement à la comédie des Champs Elysées

    Brooklyn boy,
    pièce de Donald Margulies adaptée et mise en scène par Michel Fagadau
    Avec Stephan Freiss, Maurice Chevit, Serge Kribus, Stéphanie Fagadau, Aissa Fagadau, Aissa Maiga, Stephan Roux-Weiss, Smadi Wolfman.

    Comédie des Champs Elysées

    Un écrivain juif apporte son dernier ouvrage à son père mourant… Grâce à ce dernier livre il a accédé à la notoriété mais au lieu de le rassurer ce succès le fragilise et le place face à ses doutes et face à l’incompréhension de ceux qui l’entourent.

    « Brooklyn boy »est en effet avant tout l’histoire d’une solitude, le portrait réaliste et sensible d’un homme face à lui-même, son passé, ses racines que l’écran de fumée créée par sa notoriété ne permettra pas d’éluder mais qui, au contraire, exacerbera sa solitude et sa crise identitaire.

    En six tableaux le portrait s’esquisse de plus en plus précisément, de plus en plus mélancolique même si l’humour est toujours sous-jacent, le rire constamment aux bords de larmes et les larmes au bord des rires…notamment grâce à l’interprétation nuancée de Stephan Freiss et celle, émouvante, de Maurice Chevit, ou celle irrésistible de Smadi Wolfman, en productrice surbookée, qui adoooore tout le monde.

    En quête d’identité, on renvoie toujours le protagoniste à celle de sa communauté, à ses racines qu’il a voulu oublier pour exister… d’où une incommunicabilité au centre de la pièce. Il parle peu, on le devine dans ses silences, dans les rencontres qui jalonnent sa route au cours de ces six scènes dans lesquels se mêlent émotion et dérision, nostalgie et mélancolie.

    On comprend, on imagine, on s’identifie…par une mise en scène subtile qui met les comédiens en valeur. La dernière scène est magnifique, comme si tout ce qui précède n’avait été qu’un parcours initiatique menant à cet instant…malheureusement seulement rêvé mais grâce au rêve probablement trouvera-t-il le chemin de sa réalité qui peut-être vous renverra à la vôtre…En tout cas, je vous invite à emprunter celui de la pièce…

    Sandra.M

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