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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 589

  • "De battre mon coeur s'est arrêté" de Jacques Audiard

    medium_18409617.jpgDans ce remake du film américain « Mélodie pour un tueur », le protagoniste Tom interprété par Romain Duris (sur)vit de transactions immobilières frauduleuses suivant consciencieusement l’exemple paternel incarné par Niels Arestrup. Puis, un jour les hasards et coïncidences de l’existence le mettent sur la route d’un impresario de musique classique lui proposant une audition. Il se met alors à rêver de devenir concertiste à l’image de sa mère décédée … Le film alterne alors entre les moments de grâce induits par sa passion pour la musique pendant lesquels son cœur semble battre la chamade et ceux vulgaires de cet univers frauduleux, univers dissonant de violence et de mesquineries. Le fossé se creuse de plus en plus entre ces deux univers si contradictoires. Tom semble alors écartelé entre ces deux univers, ses deux identités, oppressé par cette violence qui le rattrape inéluctablement mais aussi exalté par cette passion qui le (ré)anime. Le mode filmique : plans séquences caméra à l’épaule et plans serrés font battre nos cœurs au plus près de celui des personnages et contribuent à un rythme soutenu et à l’implication constante du spectateur. La caméra scrute les visages de sorte qu’aucun battement de cœur ne nous échappe. Romain Duris, très loin d’Arsène Lupin, est ici magistral face à un Niels Arestrup toujours aussi impressionnant. Comme dans « Sur mes lèvres » (que je vous recommande si vous ne l’avez pas encore vu) les émotions proviennent des silences et se situent essentiellement dans le non dit et l’indicible. Peut-être peut-on regretter que les rôles secondaires et notamment les rôles féminins soient trop en filigrane et elliptiques mais cela renforce encore cette impression de vibrer à l’unisson de son personnage principal. Film brillamment orchestré et intense sur l’amour filial, sur les méandres du destin, hymne à la musique: pour le cinéma de Jacques Audiard de battre mon cœur est très loin de s’arrêter...

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  • Festival du film de Paris île-de-France : un festival en quête d’identité

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    Ce soir s’achève le festival de Paris île de France, première édition…en réalité la continuité du festival du film de Paris qui peine à trouver son identité depuis que la mairie de Paris s’en est désengagée et depuis la création du festival Paris cinéma qui se déroule au mois de juillet. Après avoir eu les honneurs de l’espace Cardin pendant plusieurs années et la totalité du Gaumont Marignan, le festival doit désormais se cantonner à deux salles de ce même cinéma, cadre plutôt restreint pour un festival qui doit donc en plus cohabiter avec les blockbusters à l’affiche, dont la programmation n’en est néanmoins pas moins foisonnante. Trop ? Entre la compétition officielle, le prix du cercle de la presse, le prix du public, le festival de la francophonie, le cinéma d’aujourd’hui, l’hommage au festival des antipodes, les documentaires, l’hommage au cinéma québecois, le cinéma témoin sur l’immigration et l’intégration en France… le programme est en tout cas très diversifié.

    Le festival propose par ailleurs chaque année des rencontres avec des acteurs, cinéastes, producteurs… avec notamment cette année Francis Huster, Patrice Leconte, Mireille Darc, Bernard-Henri Lévy, Jean-Louis Livi, Pierre Schoenderffer.
    Francis Huster est ainsi venu présenter « Classe de comédie », un documentaire de Raoul Girard qui immortalise la rencontre de l’acteur avec des étudiants de la classe d’été du cours Florent auxquels il transmet avec passion son expérience et sa conception du métier de comédien avec notamment un cours très enrichissant sur les regards. Il martèle par ailleurs sa conception du jeu ou plutôt du non jeu puisque pour lui elle consiste à « ne pas jouer », ce qui donna lieu à un débat plutôt animé avec François Florent également présent. Patrice Leconte d’une disponibilité exemplaire pour le public venu l’écouter, avait quant à lui amené dans ses bagages « La fille sur le pont » et « Dogora », deux chefs d’œuvre qui montrent l’éclectisme du cinéaste… « La fille sur le pont » fait partie de ces films que vous pouvez revoir pour la énième fois ( ce qui est mon cas) et continuer à le trouver jubilatoire grâce à un scénario et des dialogues ciselés et non moins caustiques, une interprétation remarquable de Vanessa Paradis et Daniel Auteuil, une musique envoûtante, une réalisation impeccable à laquelle le noir et blanc procure un parfum délicieusement suranné, une atmosphère onirique et romantique, voire sensuelle, qui ne tombe jamais dans la mièvrerie, une inspiration multiple parfois fellinienne, parfois chaplinesque, des personnages singuliers et attachants... « Dogora » propose un pari ambitieux, celui d’un film musical sans acteur ni dialogue, tourné au Cambodge, et dont le scénario est composé d’une suite symphonique du compositeur, intitulée Dogora… Le pari est réussi, chaque plan étant empreint d’émotion corroborée par une musique emphatique. Plutôt que de filmer pour la énième fois le temple d’Angkor, Leconte s’est attaché à scruter les visages, à capter la mélancolie des regards, les couleurs chatoyantes de ce pays qui le fascine. Ce n’est plus la fiction mais la seule émotion qui guide le spectateur happé par ces regards et la beauté picturale de cette symphonie visuelle. Gageons sans grand risque que l’échec (malheureux) cuisant de ce film sera à la mesure du succès annoncé des « Bronzés » dont le cinéaste commence le tournage le mois prochain, témoignant ainsi encore de l’éclectisme de son travail. Bernard-Herni Lévy était quant à lui venu présenter « Le jour et la nuit » qui avait connu lors de sa sortie un échec retentissant auprès du public mais aussi (car aussi et avant tout) de la critique qui s’était littéralement acharnée. Certes, « le jour et la nuit » est loin d’être un chef d’œuvre mais méritait-il un tel acharnement médiatique, « Les cahiers du cinéma » l’ayant même qualifié de « plus mauvais film depuis 1945 » ? Les raisons de cet acharnement n’étaient-elles pas davantage dues à la personnalité du cinéaste qu’à son film ? Un critique présent au festival lors de la rencontre avec BHL apporta d’ailleurs une amorce de réponse déclarant au cinéaste avoir réalisé une critique négative de son film lors de sa sortie et revoyant le film le trouvant « plutôt pas mal » et (un comble) demandant à BHL s’il connaissait les raisons de cet acharnement, lequel lui a évidemment retourné la question, non sans une pointe de consternation et d’ironie. Quel plus bel exemple d’une critique grégaire et versatile ? Pour sa défense, et pour ne pas faire écho au lynchage généralisé, le film comporte quelques plans intéressants, la mythique présence du « Samouraï » Alain Delon et de Lauren Bacall. Certes cela n’enlève rien à l’aspect trop didactique d’un film qui selon son réalisateur n’avait néanmoins pour autre ambition que de faire une « œuvre lyrique, nostalgique et romantique ». BHL a également évoqué sa volonté de réaliser d’autres fictions, trouvant les potentialités de « l’alphabet filmique » beaucoup plus riches que celles du cinéma…

    Outre ces rencontres, le festival c’est aussi et avant tout une compétition officielle qui à l’image de l’organisation du festival était parfois inégale et hasardeuse même si la règle veut que ce ne soit que des premiers ou deuxièmes films. Parmi les bonnes surprises figure d’abord « Souli » d’Alexandre Abela qui nous emmène avec Carlos, étudiant espagnol, en Afrique, dans un village de pêcheurs isolé, à la recherche de Souli, auteur africain qui détient un conte ancestral que le jeune espagnol espère transcrire. En s’immisçant dans la vie de la communauté, Carlos va provoquer l’explosion de son fragile équilibre social et de sa délicate harmonie. Ce film, dont le tournage a laissé une large place à l’improvisation, et qui est une adaptation très libre d’ « Othello », métaphorise brillamment les rapports ambivalents et passionnels entre l’Orient et l’Occident. Malgré un budget et une équipe réduite, grâce à une photographie sublime le résultat est parfaitement réussi. On peut s’interroger sur la cohabitation d’un film tel que celui-là et des très classiques « Quand les anges s’en mêlent » de Crystel Amsalem et « Saint-Ralph » de Michael Mc Gowan, ce dernier ayant même fait l’ouverture du festival de Toronto et ayant déjà une sortie prévue aux Etats- Unis. A côté de cela, la compétition officielle nous proposait également un film du dogme « In your hands » d’Annette K. Olesen, un film qui comme ses personnages oscille entre confiance et méfiance, savoir sur la foi et douleur sur l’amour. Pour reprendre l’expression de Francis Huster à propos de ses cours de comédie, les comédiens donnent ici l’impression de « ne pas jouer ». De plus, les règles inhérentes au dogme procurent à cette histoire des accents de véracité entraînant le spectateur alors en empathie pour ces personnages qui évoluent dans cette prison de femmes.

    Tout aussi inégale était la sélection du prix du cercle de la presse qui proposait notamment « Doo Wop » de David Lanzmann, road movie parisien racontant les errances de Ziggy, producteur de musique, rêveur et ambitieux. Ce « road movie » très attachant et désenchanté est aussi celui des illusions perdues sur fond de musique funk. De musique il était encore question dans « ma vie en cinemascope »…dans un genre beaucoup plus académique puisque le film inspiré d’une histoire vraie nous raconte le parcours et la maladie de la chanteuse Alys Robi.

    Quant au prix du public il tente bien souvent de redonner un second souffle (ou un dernier) à des films grand public passés inaperçus lors de leur sortie, films français produits en 2004…

    Des films plus engagés étaient également au programme avec notamment, concourant pour le prix de la francophonie, « Les suspects » de Kamal Dehane, une histoire d’amour en Algérie sur fond de corruption, misogynie, suspicion et montée de l’intégrisme. A l’issue de la projection, le film donna ainsi lieu à un passionnant débat sur la situation actuelle du pays avec son réalisateur et son interprète principale.

    Tout aussi engagés étaient les passionnants et instructifs documentaires de la section « cinéma témoin : immigration et intégration en France » avec notamment « le plafond de verre » de Yamina Benguigui ou encore « la faute à Voltaire » d’Abdellatif Kechiche, réalisateur multicésarisé pour « l’Esquive » dont les jeunes interprètes Osman Elkharraz et Sabrina Ouazani figuraient parmi les nouveaux talents conviés à une rencontre avec le public. Dommage que ces rencontres se soient déroulées dans un lieu de passage incessant dont le brouhaha rendait les questions inaudibles, donnant l’impression de rencontres improvisées…


    C’est donc avec nostalgie que j’ai quitté ce festival me souvenant de cette année 1998 où j’étais membre d’un jury pour la première fois, le jury jeunes du festival de Paris, y éprouvant plus que jamais cette délicieuse confusion entre fiction et réalité … Je ne savais pas alors que c’était le premier chapitre d’une histoire passionnante, celle de ma vie de festivalière, de jurée… Cette année là Sean Penn présidait le jury, rencontre inoubliable, rencontre surréaliste… En 2005, une municipalité et quelques années plus tard, le festival comptait comme membre du jury Jacques Séguéla…autre temps, autres mœurs… et cynisme involontaire de prendre un publicitaire pour un festival qui aspire à faire découvrir des « films plus fragiles » et qui se veut engagé dans « la découverte des œuvres nouvelles et des choix artistique rigoureux ».
    Espérons que cette première édition ne sera pas la dernière et que ces balbutiements préfigurent une renaissance et que le festival reviendra à sa formule initiale se souvenant que diversité et richesse ne signifient pas forcément dispersion (de thèmes, de lieux, de motivation), certaines séances en région parisienne ayant ainsi totalisé...un spectateur.
    Comment un festival qui se déroule sur la plus belle avenue du monde, dans la ville du septième art et des cinéphiles pourrait-ils être condamné à des salles au public (très) clairsemé comme ce fut malheureusement le cas cette année ?

    Autre ambiance, autre effervescence… Dans un peu plus d’un mois le festival de Cannes déroulera son tapis rouge sur les mythiques marches que je ne manquerai pas de fouler pour vous en faire un récit détaillé… Alors, en attendant de retrouver le récit de mon immersion dans la folie cannoise (sur ce blog ou sur mon site dont le projet n’est pas abandonné, simplement retardé pour le rendre le plus attractif possible) retrouvez l’actualité cinématographique sur ce blog…

    Sandra.M

    (photo: Francis Huster et Raoul Girard lors de la rencontre avec le public à l'issue de la projection du documentaire "classe de comédie" de Raoul Girard. photo: Sandra.M)

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  • Lecture de scénarii et clôture du festival du film court de Lille du 11 Mars 2005

    21ème festival du film court de Lille du 7 au 11 mars 2005medium_asia11bis.jpg

    Depuis 21 ans, le festival du film court de Lille célèbre le court-métrage en projetant des films du monde entier. Pour la 6ème année consécutive, le festival proposait également la lecture de 4 scénarii pour laquelle j’étais sélectionnée. Emotion à la fois terrifiante et jubilatoire d’entendre ses mots interprétés en public…et une pensée pour la première personne 145ienne à avoir été touchée par cette "illusion tragique".

    La soirée de clôture donna lieu à la projection des films primés notamment à l’inventif « Petite routine » de Mathieu Van Eeckout qui met en scène un curieux personnage qui a enchanté le public, de même que les crabes de Arthur de Pins dans « La révolution des crabes », film d’animation qui a suscité l’hilarité générale. Le silencieux « Tempête » et ses pêcheurs, de Bertrand Poiraud nous ont ensuite tous bouleversés, de même que le poignant « Sous le bleu » de David Oelhoffen à la fois pour son sujet, son traitement et ses comédiens à fleur de peau. Enfin, le grand lauréat de ce festival est le film franco-libanais « After shave » de Hany Tamba qui nous raconte avec subtilité, humour et même onirisme l’histoire d’un barbier qui se retrouve confronté à un homme reclus dans une grande et vieille demeure bourgeoise où il vit avec les souvenirs de sa femme disparue. Un film qui vous accompagne longtemps après le générique de fin…

    Pour en savoir plus sur ce festival, son palmarès, sa lecture de scénarii etc : le site officiel du festival.

    Sandra.M

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  • Compte-rendu collectif du jury Première du festival du film asiatique de Deauville 2005

    Veuillez trouver ci-dessous … le compte-rendu collectif du jury Première du festival du film asiatique de Deauville 2005 dont les éminents membres :-) venaient des 4 coins de la France et furent tous sélectionnés sur concours (questions et critiques de films ). La version ci-dessous est la version intégrale de notre compte-rendu. Cella qui paraîtra dans le numéro d'avril de Première (page festivals) sera probablement plus condensée. A suivre...


    Un palpitant voyage aux confins de l’Asie

    Mercredi 9 Mars : première étape

    Enthousiasmés par notre palpitante mission, impatients et fébriles, sur les pas de Sandra, notre « guide », inconditionnelle de Deauville et de ses festivals notre passionnant périple commence par un hommage à Christine Hakim suivi de l’ouverture et son film éponyme sans oublier l’anecdote réjouissante du président Régis Wargnier. Cette première escale en Thaïlande suscite déjà des vocations. Cette joute musicale au xylophone sur fond de tension politique qui se clôt par un duel paroxystique, se révèle harassante pour Fabien, touchante pour les autres grâce à la passion pour la musique qui en émane. Passionnés de cinéma, nous ne sommes évidemment pas insensibles à cette ode à la musique. Après un cocktail dînatoire surréaliste dans un cadre aussi singulier et restreint que (sur)peuplé des protagonistes du festival, nous repartons avides de découvertes cinématographiques.

    Jeudi 10 Mars : deuxième escale

    Pour certains, le voyage s’annonce plus éprouvant que prévu avec Marebito dans lequel Takashi Shimizu filme Shinya Tsukamoto et aspire à traquer une peur indicible aux portes de la folie. Cette étape au pays du Soleil Levant nous entraîne dans un monde inquiétant dont le dénouement déconcerte et nous laisse sur des avis partagés.Nous plaçons donc nos espoirs communs en notre prochaine escale Electric shadows qui nous transporte en Chine et nous envoûte par ses ombres électriques métonymiques d’un cinéma qu’elles célèbrent magnifiquement. Hymne au cinéma et à l’enfance qui reflète habilement cette touchante fragilité dans laquelle nous replongeons. La nostalgie évoquée est à notre image lorsque nous ressortons de cette poétique mise en abyme. Un souvenir unanimement indélébile. Le dernier film en compétition de la journée, Chased by dreams, nous conduit en Inde mais le film précédent ayant placé la barre très haut pour nous et le rythme parfois incertain nous laissant une impression d’inachevé, il ne suscitera pas la même unanimité. La journée s’achèvera par un hommage à Takashi Miike (que Christophe aura le privilège d’interviewer) suivi de la projection de Blood and Bones. Cet uppercut filmique entre violence physique et morale avec l’inénarrable Kitano laisse présager une sortie retentissante.

    Vendredi 11 Mars : troisième halte

    De retour au Japon dont nous sommes décidément férus, nous partons à la rencontre de la « céleste » Charon, hommage à la femme libre et mystérieuse qui rappelle Murakami et dont l’interprétation nous séduit tous. .Nikky, notre « interprète », dira tout le bien qu’elle pense de leurs interprétations aux acteurs du film. C’est ensuite en Corée du Sud que nous allons pour This charming girl qui nous plonge dans une certaine torpeur par l’accumulation de scènes non dialoguées et des plans fixes qui traduisent la morosité d’un quotidien dans lequel l’héroïne ne parvient pas à s’inscrire. L’ennui vécu par l’héroïne traverse l’écran pour gagner le spectateur. Ensuite, trois d’entre nous repartent en Thaïlande pour Born to fight, un hymne à la liberté ponctué par des cascades proches de Ong Bak. Tandis qu’Anthony part voir Trois Extremes, nous allons à la soirée de lancement du label Asian Stars. Nous y croisons notamment les musiciens cultes Brian Molko et Eric Serra du jury Action, la lumineuse Christine Hakim, et les acteurs de Charon qui effectueront une démonstration de capoera.

    Samedi 12 Mars : avant-dernier rebondissement

    Notre périple se poursuit plus rapidement que nous le souhaiterions entraînés par son rythme trépidant. Nous aimerions qu’il ne finisse jamais. Pour nous consoler de la pression du temps, nouveau départ direction Taïwan pour Holiday dreaming qui nous fait redouter que cela n’ait été qu’un rêve, un « festival dreaming ». Malgré les doutes qui nous assaillent quant à la réalité de nos pérégrinations, nous nous plongeons avec ferveur dans ce film parsemé de scènes burlesques à la Kitano qui nous emmène à la rencontre de personnages attachants dont la candeur simplement mais non moins subtilement dépeinte nous charme à l’exception de Fabien, probablement encore hypnotisé par ce xylophone qu’il ne cesse plus d’écouter. Rêveurs ou non, nous devons poursuivre notre mission consciencieusement. Quelque peu désorientés, nous décidons de retourner au Japon, plus précisément dans une villa isolée, cadre de Lakeside murder case. Le film prend le chemin d’un whodunit peu inspiré avant de se faire pensum indigeste sur le système éducatif. Cette critique du système scolaire japonais décrit (décrié même) comme élitiste sur fond de règlement de compte familial nous fait espérer un rebondissement spectaculaire. En vain. Tant pis car c’est l’heure du « film du Samedi soir » : le délectable et jubilatoire Kung Fu Hustle, film hybride entre Tex Avery et kung-fu traditionnel. Les applaudissements et les rires fusent à commencer par ceux de notre jury. Pour consoler les cinq globe trotteurs attristés à l’idée d’un départ imminent le festival organise un dîner de gala, à notre intention (du moins c’est ce que croient encore certains d’entre nous perturbés par ce singulier voyage) dans le prestigieux salon des Ambassadeurs du casino de Deauville.

    Dimanche 13 Mars : fin du voyage

    Notre destination finale approche mais nous ne nous laissons pas abattre, impatients de découvrir notre prochain lieu de villégiature : The world. Le film se déroule dans un parc miniature réunissant les plus célèbres lieux touristiques du monde entier, lieu prétexte à une étude de la jeunesse chinoise contemporaine désarçonnée dans un pays en pleine mutation cause de contradictions que l’enfermement du lieu exacerbe. Un road movie paradoxalement statique, un film choral qui mériterait une deuxième visite pour mieux en cerner les personnages. Cette étape chinoise ne nous marque néanmoins pas autant que Electric shadows dont le souvenir nous accompagnera tout au long du festival, tout comme celui du visage radieux de la réalisatrice à la réception de son prix. Un voyage aussi magnifique soit-il n’est jamais éternel. Restait néanmoins la cérémonie de clôture dont nous attendions le palmarès avec impatience. Nous sommes d’autant plus heureux d’avoir récompensé Electric shadows du prix Première qu’il n’aura pas d’autre distinction. Le cinéma asiatique nous aura étonnés par sa diversité, impression corroborée par le nombre de premiers films primés. La lumière se rallume, les ombres électriques et les lumières éclectiques se sont éclipsées. Tout cela n’était qu’un rêve, un voyage onirique qui nous aura transformés et marqués. Aligato aux protagonistes de Première et du festival qui nous ont permis de vivre cette expérience enrichissante. Après le Soleil Levant, le Soleil puis le vent qui chasse nos rêves… Restent les souvenirs. Inaltérables.

    D'après lmedium_asia8.2.jpge jury Première du festival du film asiatique de Deauville 2005

    Ci-contre, photo de Sandra.M de l'hommage à Takeshi Miike par Lionel Chouchan et Jean-Pierre Dionnet
    Retrouvez bientôt d'autres photos du festival asiatique dans la galerie photos

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  • Atelier de l'Ecran à l'Encre

    Le mois de mars s’annonce pour moi, et donc pour ce blog, joyeusement chargé. Le festival de l’Encre à l’Ecran de Tours propose en effet un atelier d’écriture critique. Quelques étudiants, auteurs des meilleures critiques envoyées au préalable seront invités pendant 4 jours au festival et à participer à son atelier « de l’Ecran à l’Encre ». Je fais partie des sélectionnés pour ce festival et y suis invitée. Vous en retrouverez donc un compte-rendu détaillé sur ces pages… et très bientôt plus d’informations sur ce festival qui s’adresse aux passionnés d’écriture…et de cinéma !

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  • Cinéma Paradiso

    medium_18371853_vign.jpgDemain, départ pour Deauville, énième départ pour Deauville l’enchanteresse, ses Planches immortalisées par Lelouch, son atmosphère délicieusement surannée ou intemporelle, son ambiance si cinématographiquement ensorcelante, mais cette fois pour son festival du film asiatique. Après avoir été membre de jurys de festivals de cinéma à Cognac, Dinard, Paris, Saint-Malo, Cannes, Cabourg et Deauville déjà (son festival du film américain ) me voici donc sélectionnée pour être jurée au sein du jury Première à Deauville…forcément encore une expérience enrichissante dont vous trouverez le (palpitant…si, si …forcément) récit ici dès mon retour avec le résumé et mes critiques des films en compétition, de nombreuses photos du festival…mais aussi le compte-rendu de ses soirées : de gala, d’ouverture et de clôture… et toutes mes impressions après ces 5 journées au cœur -palpitant lui aussi- du festival… (Lien : le site officiel du festival).

    Retrouvez également mon récit de la lecture de scénarii du festival du film court de Lille pour laquelle mon scénario « l’illusion tragique » est sélectionné et en compétition ainsi que le compte-rendu de la soirée de clôture… (Lien : le site officiel du festival avec mon synopsis).

    A bientôt sur ces pages pour le récit de mes (palpitantes donc) pérégrinations festivalières… dès lundi 14 Mars.

    « Cinématographiquement »

    Sandra.M

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  • Le photographe de Guibert/Lefèvre/Lemercier

    Didier Lefèvre immortalise ce périlleux périple en Afghanistanmedium_006_le_20photographe.jpg où il accompagna une mission humanitaire en 1986, nous livrant un documentaire captivant entremêlant judicieusement photographie, et bande dessinée d’E.Guibert. Nous franchissons avec lui les cols abruptes, traversons les routes escarpées, les paysages arides, rudes, côtoyons les vies et ce pays ravagés, déchirés, mutilés par la guerre entre Soviétiques et Moudjahidin. L’originalité formelle procure une véracité, une émotion prégnantes au reportage, le transformant en une singulière expérience autant pour l’auteur que le lecteur. Il ne dissimule ni ses doutes, ni ses craintes, ne tombe jamais dans l’écueil du voyeurisme, n’hésitant pas à déposer son appareil quand l’image qui s’offre à lui devient trop insoutenable. Il fige des images touchantes, poignantes, insolites, âpres, des regards désarçonnés, égarés qui nous happent dans leurs précipices de douleur. Son regard est empreint d’empathie, d’admiration même pour ces médecins sans frontières qui franchissent, transcendent avec tant de courage celles de la peur. Une symphonie picturale à plusieurs mains aux couleurs de l’Orient, soulignant ses différences avec l’Occident et l’universalité de la douleur et de l’humanisme. Un voyage d’une rare intensité, aux résonances contemporaines indéniables, auquel je vous convie vivement. Ce livre fait partie de la sélection du livre de société 2005 dont je suis membre du jury.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CHRONIQUES LITTERAIRES Pin it! 0 commentaire