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FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 2010 - Page 2

  • Annette Bening au Festival de Deauville: photos et vidéos de la conférence de presse

     

    Annette Bening est à Deauville pour l'hommage que lui rendra le festival ce soir et  pour deux films  dont le premier, en compétition, "Mother and child" de Rodrigo Garcia était projeté hier.  Je vous ferai un nouveau bilan de la compétition demain et à cette occasion, je vous parlerai bien sûr de ce film mais en attendant je vous laisse découvrir les vidéos de l'arrivée d'Annette Bening au CID et de sa conférence de presse.

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  • Conférence de presse de "The dry land" avec Ryan Piers Williams, America Ferrera, Ryan O'Nan

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  • Compétition officielle Deauville 2010 : critiques de « Buried » de Rodrigo Cortes et « The dry land » de Ryan Piers Williams

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    Je vous parlais hier des thématiques communes aux quatre premiers films en compétition de cette édition 2010 du Festival de Deauville (cliquez ici pour lire l’article) avec notamment pour thèmes récurrents une Amérique, terre hostile, et des orphelins (enfants ou adolescents) en manque de (re)père ou de mère. Des thèmes sans doute révélateurs d’un pays en quête de modèles et de repères et finalement pas si éloignés de ceux des deux films en compétition du jour qui ont tous deux traits à la guerre en Irak. Deux variations très différentes sur le même thème. Deux façons (en apparence) presque opposées d’aborder le sujet, sujet désormais inévitable du festival, après l’excellent « American son » de Neil Abramson en 2008 et « The messenger » d’Oren Moverman, grand prix du Festival de Deauville 2010.

    Alors qu’il y a quelques jours seulement (le 19 août) les troupes américaines ont quitté l’Irak, le conflit est certainement loin d’être terminé pour ceux qui l’ont vécu. Ainsi en est-il de James (Ryan O’Nan) dans « The dry land », premier film de Ryan Piers Williams. Ce jeune soldat américain rentre d’Irak dans sa petite ville du Texas. A son retour toute sa  famille l’accueille et notamment sa femme Sarah (America Ferrara –« Ugly Betty »…), sa mère mais aussi son meilleur ami. Rongé par la douleur morale, une violence inextinguible et incontrôlable et par l’oubli de ce qui s’est passé là-bas, il décide de reprendre contact avec un compagnon d’armes pour reconstituer ce douloureux passé.

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     Le réalisateur, Ryan Piers Williams, n’a pas cherché à révolutionner le cinéma et le revendique. Non, son but est de témoigner, et d’adresser un message d’espoir à tous ces soldats ravagés qui reviennent d’Irak détruits, incompris, hantés par leurs souvenirs. Il n’a pas souhaité faire un film politique mais traité un sujet à auteur d’homme, incarner ces soldats,  leur donner un visage, les sortir de leur solitude et leur désarroi. Si l’intrigue est très prévisible, elle n’en résonne pas moins avec justesse (et pour cause Ryan Piers Williams a travaillé sept ans dessus et a rencontré de nombreux soldats et leurs familles). Savoir, comme il l’a expliqué en conférence de presse, que « plus de soldats sont morts suicidés à leur retour aux Etats-Unis que morts au combat en Irak » suffit à justifier l’existence de ce film qui, à défaut d’être original, apporte un nouvel éclairage, qui a le mérite d’être documenté, sur un conflit qui n’a pas fini de faire des ravages. Je vous laisse entendre les explications du réalisateur et de l’actrice principale également coproductrice, sur la genèse du projet (article suivant).

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    A priori pas grand-chose à voir avec le film de Rodrigo Cortes, « Buried » dans lequel un Américain est pris en otage et enfermé dans un cercueil, en Irak. Muni d’un téléphone portable, il a 90 minutes pour trouver la rançon qui lui réclame ses ravisseurs irakiens. Un homme. Un cercueil. Une lampe. Un téléphone. Peu de possibilités.

     Deux partis pris puisque l’un est aussi crédible (the dry land) que l’autre ne l’est pas (Comment parvient-il à respirer ? Comment son téléphone capte-t-il ? Pourquoi n’essaie-t-il pas réellement de s’échapper ?). L’un relève d’un minutieux travail de documentation, l’autre est aux frontières du thriller (comme quelque chose me paraissait sonner faux dès le départ, j’ai cru que c’était délibéré, que le but était d’instiller le doute dans l’esprit du spectateur quant à l’identité des preneurs d’otage, et que nous découvririons qu’il s’agissait d’une manipulation ou d’un coup monté de ses collègues ou autres mais la seule manipulation est celle ici d’une Administration américaine velléitaire quand il s’agit de venir en aide à ses concitoyens, l’idée n’en est d’ailleurs pas moins intéressante), voire du fantastique sans jamais quitter ces quatre planches en bois, ni voir d’autre visage que celui de Paul.

     L’idée est sans aucun doute originale et novatrice et c’est avant tout par la force du jeu  de Ryan Reynolds (qui incarne l’Américain l’otage Paul Conroy) que notre attention reste soutenue du début à la fin car le dispositif n’est pas toujours convaincant, ainsi ces artificiels plans en plongée, sans doute pour montrer son impuissance qui nous font sortir du sentiment de claustrophobie qui ne cesse de croître pourtant pour Paul. La bande son et les rebondissements sont pourtant là et judicieusement utilisés pour susciter et raviver constamment le sentiment de suffocation, de claustrophobie, d’impuissance. Davantage que la manière ( contestable) c’est l’idée qui m’a séduite, celle  de montrer l’inertie de l’Administration Américaine qui, au propre comme au figuré, enterre vivants (« buried » signifie enterré) ces Américains partis pour la défendre ou travailler pour leur pays.

     Si « the dry land » n’est pas politique et ne souhaite pas l’être, « Buried » l’est donc malignement.  Les 94 minutes (soit 4 de plus que celles imparties à Paul pour trouver la rançon) s’écoulent sans que nous les voyions passer, entre tension et humour acerbe sur l’abstraction et la cruauté de l’Administration ( celle avec un petit a et celle avec un A majuscule d’ailleurs). Le pari est donc partiellement réussi même s’il est dommage que Rodrigo Cortes ait recouru à des ficelles -in-dignes de blockbusters (par exemple la scène du testament ou de la mère atteinte d’Alzheimer) et n’ait pas cherché à cultiver sa différence jusqu’au bout nous laissant le goût amer d’un sujet fort et d’un procédé original qui ne tiennent pas forcément toutes leurs promesses, en revanche c’est sans doute la manière la plus habile de nous inscrire dans l’intimité de ce drame et d’en désigner les responsables.

    Malgré leurs différences, dans les deux cas à nouveau une terre hostile (d’ailleurs désignée dans l’un des titres) des êtres qui suffoquent, enterrés vivants, qui crient leur désespoir, rongés par l’incompréhension et en quête d’écoute et d’espoir.

    Ces deux films ont été présentés à Sundance . « Buried » sort en salles en France le 3 novembre 2010  

     

     

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  • Vidéo: Liev Schreiber présente "Every day" de Richard Levine à Deauville

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  • Premier bilan de la compétition officielle du 36ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    La section la plus intéressante de ce Festival de Deauville est décidément celle de la compétition des films indépendants, initiée en 1995, même si les avant-premières et les hommages ont longtemps eu  le devant de l’affiche. Si cette année, le tapis rouge deauvillais est déserté par les stars du cinéma américain alors que tant l’ont pourtant foulé et les hôtels par les festivaliers (il suffit pour s’en apercevoir de se rendre dans les salons des deux plus grands hôtels deauvillais inhabituellement désertés a fortiori depuis aujourd’hui,)  Deauville reste un vrai plaisir pour les cinéphiles avides de découvertes de curiosités et/ou pépites cinématographiques et le charme de Deauville (même sans Trintignant, n’en déplaise à Vincent Delerm) reste intact et pour moi toujours aussi prégnant. Si je ne peux m’empêcher d’avoir un pincement au cœur en pensant à ce que ce fut ce festival, je n’en reste pas moins enthousiaste notamment grâce à la compétition qui, comme chaque année, et en quatre films sur les douze que compte cette compétition 2010 a encore réussi à me surprendre.

    Il est ainsi toujours frappant de constater les points communs entre les films sélectionnés (eux-mêmes probablement le reflet de ceux reçus par les sélectionneurs), souvent l’adolescence. A cela rien d’étonnant puisque les cinéastes en compétition sont souvent très jeunes, mettant ainsi en scène de jeunes héros (d’ailleurs plus souvent antihéros) à fleur de peau. En  quatre films se dégage ainsi une tendance puisque les  quatre films de cette compétition déjà projetés nous parlent d’orphelins, dans un sens plus ou moins large, et d’enfants ou d’adolescents en quête de repères, égarés, traumatisés par une absence, liés à un parent (ou plusieurs) par un amour aussi inconditionnel que maladroit. Sont-ce encore là les stigmates de l’Amérique de l’ère Bush, en quête d’une autre « paternité »? Sans doute est-ce extrapoler (d’autant qu’un des films se déroule au Mexique, néanmoins produit par Malkovich , sa production américaine expliquant sa sélection à Deauville) mais toujours est-il que les Etats-Unis qui nous sont ici montrés y apparaissent comme une terre hostile, incapable de protéger ses enfants, si éloignée de l’American dream. Effet de la crise aussi sans doute où les enfants sont confrontés aux problèmes des adultes et obligés d’apprendre très tôt un rôle qui n’est normalement pas le leur.

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    Je vais commencer par le dernier projeté, « Abel », le premier film en tant que réalisateur de l’acteur Diego Luna. Abel est ainsi un enfant de 9 ans qui ne parle plus depuis que son père a quitté la maison. Un jour il retrouve la parole et se prend pour son père. Tout le monde se plie à ses volontés et joue le jeu jusqu’au jour où le père d’Abel réapparait. (Vous trouverez ci-dessous une vidéo de la conférence de presse dans laquelle Diego Luna explique la genèse du film).  « Abel » a été présenté hors compétition dans le cadre du dernier Festival de Cannes. Filmé la plupart du temps à hauteur d’Abel, le regard, frondeur, déterminé, si touchant du petit garçon, nous saisit dès le début pour ne plus nous quitter et pour, finalement, arracher au nôtre quelques larmes. Avec beaucoup de pudeur et de drôlerie, parfois pour désamorcer des scènes qui auraient pu se révéler glauques, Diego Luna nous embarque dans son histoire qu’il filme et conte avec beaucoup de tendresse, nous surprend avec ce qu’on attend. Tendresse pour ce petit garçon, un peu celui qu’il a été comme il l’a expliqué en conférence de presse, mais aussi d’une certaine manière pour cette mère, aimante et courageuse, à laquelle son film rend hommage (Diego Luna a perdu sa mère dans sa petite enfance) à travers le personnage de la mère d’Abel. Pour son premier film, Diego Luna a réussi sans doute ce qu’il y a de plus compliqué : donner l’apparence de la simplicité à une histoire qui est loin de l’être et susciter l’émotion, sans jamais la forcer, par le ton du film, burlesque et poignant, par la puissance du sujet et de son (réellement extraordinaire) jeune acteur principal dont, en conférence de presse, Diego Luna a ainsi souligné à quel point (presque effrayant) il avait un comportement adulte, voire paternaliste, à l’image du personnage qu’il a incarné.

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    Dans « Two gates of sleep » d’Alistair Banks Griffin (sosie officieux de Johnny Depp), la figure absente n’est plus celle du père mais de la mère, la mère de deux frères, qui, suite à sa mort imminente à laquelle ils s’étaient préparés vont entreprendre un voyage difficile avec son cercueil, pour l’enterrer et ainsi honorer sa dernière volonté. Déjà sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, « Two gates of sleep » a décontenancé plus d’un festivalier. Plus d’un  a ainsi quitté la salle au bout de quelques minutes de projection. C’est d’ailleurs dommage de ne pas accepter de se laisser surprendre, de ne pas tenter de voir où va nous conduire un univers qui a le mérite au moins d’être intrigant. Contemplatif, épuré, abrupte, le film d’Alistair Banks Griffin ne répond certes pas à un schéma narratif classique et nous emmène hors des sentiers battus au propre comme au figuré, même si les influences (revendiquées) foisonnent, de Gus Van Sant à Bresson en passant par Tarkovsky ou Ozu. Sa caméra caresse la nature à la fois rugueuse et consolatrice, silencieuse et vibrante (à noter : une judicieuse utilisation de la bande son dans ce film presque muet). Variation et méditation sur la mort, « Two gates of sleep » nous met face à nos propres questionnements sans apporter réellement de réponses. Une expérience déroutante, mystique, intrigante, singulière et universelle qui nous fait suivre, malgré son étrangeté rêche, le voyage de ces deux frères qui n’obéissent qu’à une loi : celle de la nature. Un discours simpliste  mais aussi un voyage à la fois beau et éprouvant qui pourra ennuyer ou fasciner mais qui a peu de chances de vous laisser indifférents.

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    Dans « Winter’s bone » de Debra Granik (dont c’est le deuxième film après « Down to the bone »), c’est à nouveau la figure paternelle qui est absente. Ainsi, Ree Dolly, 17 ans, vit seule dans la forêt des plateaux de l’Orzak avec son frère et sa sœur. Lorsque son père sort de prison et disparait sans laisser de traces, elle n’a d’autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale qu’il a utilisée comme caution. Ree va se heurter au silence des populations du Missouri.  Là encore, c’est une absence et une région hostile qui nous sont décrites…quoique hostile soit un euphémisme étant donné le caractère totalement irrécupérable de la famille en question dans laquelle la haine domine et dans laquelle la violence semble être le seul moyen d’expression, et  de pallier au manque de communication des populations revêches de cette région. La jeune actrice  Jennifer Lawrence , par sa présence à l’écran (un peu trop téméraire pour que ce soit crédible d’ailleurs, même si l’environnement dans lequel elle a baigné dans son enfance peut expliquer sa maturité ), sauve ce film qui n’échappe pas aux clichés et à ses personnages sommairement caractérisés… Il est aussi frappant de constater que là aussi c’est une enfant qui endosse un rôle d’adulte. Sans doute le jury de Sundance (qui lui a attribué le grand prix) a-t-il été séduit par ce qui relève presque de l’étude sociologique et par la jeune actrice.

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    Enfin dans le dernier des quatre films en compétition déjà projetés, « Welcome to the Riley’s », deuxième film de Jake Scott (fils de Ridley), ce dernier nous parle  d’une orpheline, Mallory, stripteaseuse dans un club de la Nouvelle-Orléans, où Doug Riley est en déplacement professionnel. Doug a perdu sa fille unique huit ans auparavant et il va se prendre d’affection pour cette adolescente qui pourrait être sa fille… Première surprise : Kristen Stewart qui incarne la stripteaseuse est étonnamment crédible, en jeune fille insolente (très relativement certes) et fragile. Là encore rien de révolutionnaire mais la transgression provient peut-être finalement de la bonté, rare, du personnage principal (formidable James Gandolfini dans le rôle de Doug), de son empathie, sa sincérité, ses failles. De ce film, de cette histoire de retour à la vie et à l'espoir, qui n’a donc certainement pas la prétention de révolutionner le cinéma se dégage une grâce, un charme, une émotion (là aussi) tout en finesse grâce à des personnages attachants, une réalisation intelligemment sobre.

    Je vous ferai un nouveau « bilan » de la compétition dans deux jours et nous verrons si les points communs demeurent les mêmes. En tout cas, si les sujets sont étonnamment proches, les styles des cinéastes sélectionnés sont en revanche très différents  et témoignent déjà une nouvelle fois de la diversité, l’inventivité et la richesse du cinéma indépendant américain.

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  • Critique de "La dette" (the debt) de John Madden: première mondiale du Festival de Deauville

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    Avant-hier soir, était projeté en première mondiale le dernier film de John Madden (« Shakespeare in love », « Capitaine Corelli »…) : « La dette » (the debt ).

    En 1966, David (Sam Worthington), Rachel (Jessica Chastain) et Stefan (Marton Csokas), agents du Mossad, rentrent en héros d’Allemagne de l’Est pour avoir trouvé et abattu un criminel de guerre nazi,  le médecin de Birkenau, Vogel (Jesper Christensen).  Alors que, trente ans plus tard, la fille de Rachel (Helen Mirren) et Stefan (Tom Wilkinson) a écrit un livre sur cet épisode, le passé refait surface.

     Remake d’un film israélien éponyme sorti en 2007, « la dette » est la première bonne surprise de cette édition 2010 du Festival de Deauville qui, malgré une absence inédite de stars américaines, continue à proposer des premières mondiales et à être, avant tout et plus que jamais, une vitrine du cinéma indépendant américain (je vous parlerai plus tard des deux premiers films en compétition vus hier).

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     « La dette » transcende ainsi le film d’espionnage classique (malgré une structure en flashback et une réalisation, elles, en revanche, très classiques même si ce flashback est aussi un judicieux élément de manipulation du spectateur) pour en faire une histoire d’amour, et même historique qui mêle habilement intimité et donc Histoire. L’intimité à plus d’un titre. L’intimité, fatale et poignante, de ce triangle amoureux contraint de vivre dans un espace réduit avec le bourreau de Birkenau, de se confronter au visage de l’horreur quotidiennement. L’intimité de Rachel qui, pour l’approcher, doit se laisser ausculter par les mains de Vogel, devenu gynécologue, des mains tâchées du sang de ses atrocités.

    Les scènes de huis-clos sont ainsi captivantes. Les trois agents du Mossad sont contraints de cohabiter avec l’être qu’ils exècrent.  C’est sans doute la partie la plus intéressante du film. A travers eux (David a perdu toute sa famille, Rachel sa mère), ce sont les victimes de l’holocauste qui affrontent le passé. Le bourreau se retrouve alors à la merci de ses victimes qui devront résister à l’envie de faire justice eux-mêmes malgré le dégoût qu’il leur inspire et malgré les horreurs qu’il profère. L’ineffable dégoût se lit alors dans les regards échangés, dans les larmes retenues, dans les pesants silences. Comment juger l'incompréhensible? Comment regarder en face l’horreur absolue ? Comment donner un visage à l’inhumanité ? Notamment en ne trouvant pas l’excuse de la folie à l’indicible, l’impensable, l’inconcevable. Ainsi lorsque Vogel dit avec un rire sardonique et cynique « nous étions tous fous alors? », David lui répond que la folie serait une explication trop facile à ce qui reste une horrifiante énigme.

    La dette c’est bien sûr celle de Vogel qui ne pourra jamais être rachetée mais aussi celle des trois agents du Mossad liés par un terrible secret. Ils portent le poids du mensonge mais aussi le poids de l’Histoire, du passé, de celui de leurs parents. Le poids est donc double, celui de l’Histoire et de leur histoire. De l’Histoire aussi trop lourde pour laisser le présent respirer.

    Palpitante confrontation en huis-clos, thriller captivant, tragique histoire d’amour, réflexion sur les statuts de victime et bourreau et sur les indélébiles brûlures de l’Histoire, éloge de la vérité, « La dette » était tout cela jusqu’au dénouement totalement abracadabrantesque, voire granguignolesque, et surtout pas à la hauteur de l’Histoire et des (trop) nombreux et lourds sujets brassés ni à la hauteur de ce qui le précède, néanmoins pas suffisamment pour que je ne vous recommande pas ce film qui a notamment le mérite de porter un regard intime sur une tragédie universelle, de faire du face-à-face entre quatre individus (les trois agents du Mossad face à Vogel) dans un espace restreint, la métaphore habile de cette dernière.

    Sortie en salles : le 29 décembre  

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  • Conférence de presse de "Moi, moche et méchant" avec Gad Elmaleh (Festival de Deauville)

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    Avant de vous livrer ce soir la critique de mon premier coup de coeur de cette édition 2010 ("La dette" de John Madden) et le compte rendu de la rencontre franco-américaine sur l'écriture dans le cadre de "Deauville saison 1", je vous propos de voir en vidéos une partie de la conférence de presse de "Moi, moche et méchant" de Chris Renaud et Pierre Coffin, avec Gad Elmaleh, une des voix françaises. Vous le verrez nous parler de son rêve américain, de Spielberg et nous faire un petit spectacle sur la radio.

    Je vous donne donc rendez-vous ce soir pour ma première critique de cette édition 2010 et en attendant n'oubliez pas que c'est aujourd'hui que débute la compétition (un jour plus tôt, celle-ci commençant habituellement le lundi) qui promet toujours de belles découvertes.

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