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  • Leçons de cinéma...

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    Comme vous avez été plusieurs à me poser la question sur les formations en cinéma, je voulais ainsi leur consacrer cet article, qui ne prétend pas à l’exhaustivité mais qui vous apportera peut-être quelques clefs si vous êtes dans une période de questionnement et d’atermoiements à ce sujet. Le cinéma est-il une matière comme une autre ? Le cinéma s’apprend-il ? La passion ne suffit-elle pas à soulever des montagnes et ne peut-elle pallier le manque de connaissances et de formation ?

    Je reste persuadée que le meilleur des apprentissages reste la curiosité, la fréquentation assidue des salles de cinéma et des festivals de cinéma qui permettent de découvrir des films vers lesquels notre sensibilité ne nous aurait pas amenés a priori et qui permettent surtout de réjouissantes surprises. Pour ma part, j’ai notamment suivi un Master 2 professionnel de cinéma à la Sorbonne (Paris 1 – Panthéon Sorbonne) dont le mémoire fut un scénario de long métrage (qui fut une aventure en soi, mais c’est un autre sujet…). Et mon mémoire de sciences politiques était aussi sur le cinéma, de même que mon mémoire de médiation culturelle, l’un et l’autre sur des aspects plus théoriques. Une bonne alternative pour concilier théorie et pratique, mais aussi pour aiguiser le regard et la curiosité et élargir le spectre de connaissances. Je recommanderais cette formation, le Master 2 ciné-création de la Sorbonne, qui allie théorie et pratique, dispensée par des professionnels du cinéma et des enseignants en cinéma dont un certain nombre donnent aussi des cours à la FEMIS que je vous recommande également.

    Ces formations me semblent utiles pour l’apprentissage des aspects techniques (même si cela peut se faire tout aussi bien sur le terrain, en travaillant sur des courts métrages par exemple) mais surtout pour se créer un bon carnet d’adresses.

    Pour ce qui m’intéresse, le scénario, vous trouverez cependant de nombreux livres formidables sur le sujet, mais aussi des sites mettant en ligne des scénarios qui vous permettront de vous former sans passer par les bancs de la fac ou d’une école. Il existe néanmoins d’autres formations aux métiers du cinéma à Paris, fortement recommandables, comme le CLCF notamment. Je vous recommanderais aussi de tenter les concours de scénario. Même si vous ne gagnez pas, certains vous permettent de recevoir des fiches de lectures qui vous aideront à déceler vos failles et points forts.

    J’évoquais plus haut les festivals de cinéma. En plus des films et des genres auxquels vous auriez cru être réfractaires qu’ils vous permettront de découvrir, nombreux sont aussi ceux qui proposent des leçons de cinéma dispensées par des « professionnels de la profession ». C’est ainsi le cas du Festival de Cannes mais aussi de nombreux autres festivals comme Deauville, Reims etc.

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    Certains documentaires valent aussi de véritables cours comme le remarquable documentaire de 2016 de Bertrand Tavernier, « Voyage à travers le cinéma français ». 3H15 aussi érudites que passionnantes. Je pense aussi que comme tout art, le 7ème, s’appréhende avec son Histoire et que, même si vous ne devez et pouvez avoir vu tous les films réalisés depuis 1895, il est important de connaître les classiques et chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma qui sont de véritables leçons de cinéma, au premier rang desquels le film souvent considéré comme le plus grand film de tous les temps, Citizen Kane d’Orson Welles.

    Mais comme pour tout art, il n’y a pas de loi. Il existe une multitude de parcours atypiques. Chacun d’entre eux est d’ailleurs singulier. Si la passion et la détermination sont là, alors nul doute que vous trouverez votre propre chemin...

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  • Critique - LES MAGNÉTIQUES de Vincent Maël Cardona (prix d’Ornano-Valenti du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021)

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    Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona sort cette semaine en VOD sur Universcine.com. Ce film, présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs 2021, avait reçu le prix de la SACD. Il fut également lauréat du Prix d’Ornano-Valenti du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, toujours un gage de talent et de qualité. En bref, je vous donne quelques excellentes raisons de le découvrir, urgemment. Avant cela, son synopsis.

    Une petite ville de province au début des années 80. Philippe (Thimotée Robart) vit dans l’ombre de son frère, Jérôme (Joseph Olivennes), le soleil noir de la bande, extraverti, extravagant même. Entre la radio pirate, le garage du père (Philippe Frécon) et la menace du service militaire, les deux frères ignorent qu’ils vivent là les derniers feux d’un monde sur le point de disparaître. La première partie se déroule en province, entre la radio, le garage de leur père…et la belle Marianne (Marie Colomb), en stage dans le salon de coiffure local, la petite amie de Jérôme dont Philippe tombe fou amoureux. La deuxième partie se déroule à Berlin où Philippe effectue son service militaire, n’ayant pas réussi à se faire réformer.


    Ce sublime titre sied magnifiquement à ce film enfiévré de sons et de musiques qui est cela de la première à la dernière seconde. Magnétique !

    Le film débute le 10 mai 1981.  Quatre jours avant le premier tour de la Présidentielle 2022, voilà de quoi vous plonger dans l’ambiance de celle de 1981. Celle de l’’espoir et du sentiment de tous les possibles. Et d’un monde scindé en deux qu’on croyait à jamais révolu…Mais, surtout, si vous avez connu les années 1980, ce film vous insufflera forcément un parfum de nostalgie tout en étant d’une contemporanéité et modernité époustouflantes.

    Ce  film suinte la fougue, l’énergie, le désir, les certitudes folles, l’urgence ardente, la fragilité, le charme et la déraison de la jeunesse. Comme il y en a peu.

    Vous serez forcément emportés par ce maelstrom de sons, de musiques, d’émotions, ce vertige fascinant d’ondes et de lueurs stroboscopiques. Par ce montage visuel et sonore d’une inventivité rare qui sublime la puissance sensuelle des sons et de la musique. Une véritable expérience sensorielle.

    Vous serez aussi forcément fascinés par la mise en scène inspirée de Vincent Maël Cardona et ses nombreux moments d’anthologie, d’une déclaration originale sur les ondes, à une scène tout en pudeur et « magnétisme » sur la musique de Claude-Michel Schönberg. Sans oublier des plans dans l’embrasure d’une porte qui se répondent comme un hommage à John Ford.

     Vous serez forcément charmés par son héros timide et discret, interprété magistralement par Thimotée Robart (toute la distribution est d’ailleurs remarquable), un ancien perchman (une belle ironie pour un film qui met tant en valeur le son), avec sa voix qui vous emporte comme une mélopée qui vous dit : « La maladie de la jeunesse ce n'est pas de savoir ce qu'on veut mais de le vouloir à tout prix. Moi je sais ce que je veux. Je détestais ma voix. C'était tout ce que j'avais à l'intérieur tout ce que je voulais cacher. »

    Croyez-moi, ce film vous donnera envie d’empoigner, célébrer et danser la vie, l’avenir et la liberté.

    Et puis un film qui cite les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke est forcément recommandable : « Les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer ; ils doivent apprendre. »  Pour terminer, une autre citation de « Lettres à un jeune poète » (qui n’est pas dans le film mais qui pourrait s’appliquer à celui-ci) : « Si beaucoup de beauté est ici, c'est que partout il y a beaucoup de beauté. »