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Annie Girardot aux César et dans "Rocco et ses frères" (et critique du film de Visconti)

annie.jpgHabituellement, je ne fais pas de rubrique nécrologique sur ce blog mais cette actrice représentait tout un pan de l'Histoire du cinéma (et du cinéma que j'aimais), a joué dans un de mes films préférés (dont vous pourrez retrouver un extrait ci-dessous et ma critique ).

 Triste ironie du sort que son décès  au lendemain des César où, il y a quelques années (en 1996), recevant son César du meilleur second rôle pour "Les Misérables" de Claude Lelouch, elle avait été si bouleversante, déclarant son amour au et du cinéma et émouvant une assistance qui, pourant, l'avait tant négligée (revoyez les images en cliquant ici et retrouvez également un extrait des "Misérables" ci-dessous).

Retrouvez également son impressionnante fimographie, en bas de cet article.

                                                 

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Synopsis : Après le décès de son mari, Rosaria Parondi (Katina Paxinou), mère de cinq fils, arrive à Milan accompagnée de quatre de ses garçons : Rocco (Alain Delon) Simone, (Renato Salvatori), Ciro (Max Cartier) et Luca (Rocco Vidolazzi), le benjamin.  C’est chez les beaux-parents de son cinquième fils, Vincenzo (Spyros Fokas) qu’ils débarquent. Ce dernier est ainsi fiancé à Ginetta (Claudia Cardinale). Une dispute éclate. Les Parondi se réfugient dans un logement social. C’est là que Simone fait la connaissance de Nadia (Annie Girardot), une prostituée rejetée par sa famille. Simone, devenu boxeur, tombe amoureux de Nadia. Puis, alors qu’elle est séparée de ce dernier depuis presque deux ans, elle rencontre Rocco par hasard. Une idylle va naitre entre eux. Simone ne va pas le supporter…

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Ce qui frappe d’abord, ce sont, au-delà de la diversité des styles (mêlant habilement Nouvelle Vague et néo-réalisme ici, un mouvement à l’origine duquel Visconti se trouve –« Ossessione » en 1942 est ainsi considéré comme le premier film néo-réaliste bien que les néoréalistes aient estimé avoir été trahis par ses films postérieurs qu’ils jugèrent très et trop classiques),  les thématiques communes aux différents films de Visconti. Que ce soit à la cour de Bavière avec Ludwig, ou au palais Donnafigata avec le Prince Salina, c’est toujours d’un monde qui périclite et de solitude dont il est question mais aussi de grandes familles qui se désagrègent, d’être promis à des avenirs lugubres qui, de palais dorés en  logements insalubres, sont sans lumière et sans espoir.

Ce monde où les Parondi, famille de paysans, émigre est ici celui de l’Italie d’après-guerre, en pleine reconstruction et industrialisation, où règnent les inégalités sociales. Milan c’est ainsi la ville de Visconti et le titre a ainsi été choisi en hommage à un écrivain réaliste de l'Italie du Sud, Rocco Scotellaro.

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Avant d’être le portrait successif de cinq frères, « Rocco et ses frères » est donc celui de l’Italie d’après-guerre, une sombre peinture sociale avec pour cadre des logements aux formes carcérales et sans âme. Les cinq frères sont d’ailleurs chacun une illustration de cette peinture : entre ceux qui s’intègrent à la société (Vincenzo, Luca, Ciro) et ceux qu’elle étouffe et broie (Simone et Rocco). Une société injuste puisqu’elle va désagréger cette famille et puisque c’est le plus honnête et naïf qui en sera le martyr. Dans la dernière scène, Ciro fait ainsi l’éloge de Simone (pour qui Rocco se sacrifiera et qui n’en récoltera pourtant que reproches et malheurs) auprès de Luca, finalement d’une certaine manière désigné comme coupable à cause de sa « pitié dangereuse ».

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 Nadia ; elle, porte la trace indélébile de son passé. Son rire si triste résonne sans cesse comme un vibrant cri de désespoir. Elle est une sorte de double de « Rocco », n’ayant d’autre choix que de vendre son corps, Rocco qui est sa seule raison de vivre. L’un et l’autre, martyrs, devront se sacrifier. Rocco en boxant, en martyrisant son corps. Elle en vendant son corps (et le martyrisant déjà), puis, dans une scène aussi terrible que splendide, en le laissant poignarder, les bras en croix puis enserrant son meurtrier en une ultime et fatale étreinte.

 Annie Girardot apporte toute sa candeur, sa lucidité, sa folie, son désespoir à cette Nadia, personnage à la fois fort et brisé qu’elle rend inoubliable par l’intensité et la subtilité de son jeu.

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Face à elle, Alain Delon illumine ce film sombre de sa beauté tragique et juvénile et montre ici toute la palette de son jeu, du jeune homme timide, fragile et naïf, aux attitudes et aux craintes d’enfant encore, à l’homme déterminé. Une palette d’autant plus impressionnante quand on sait que la même année (1960) sortait « Plein soleil » de René Clément, avec un rôle et un jeu si différents.

La réalisation de Visconti reprend le meilleur du néoréalisme et le meilleur de la Nouvelle Vague avec une utilisation particulièrement judicieuse des ellipses, du hors-champ, des transitions, créant ainsi des parallèles et des contrastes brillants et intenses.

Il ne faudrait pas non plus oublier la musique de Nino Rota qui résonne comme une complainte à la fois douce, cruelle et mélodieuse.

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« Rocco et ses frères » : encore un chef d’œuvre de Visconti qui prend le meilleur du pessimisme et d’une paradoxale légèreté de la Nouvelle Vague, mais aussi du néoréalisme qu’il a initié et qui porte déjà les jalons de ses grandes fresques futures. Un film d’une beauté et d’une lucidité poignantes, sombres et tragiques porté par de jeunes acteurs (Delon, Girardot, Salvatori…), un compositeur et un réalisateur déjà au sommet de leur art.

Filmographie d'Annie Girardot (source: wikipédia)

 « Rocco et ses frères » a obtenu le lion d’argent à la Mostra de Venise 1960.

1950 : Pigalle, Saint-Germain-des-Prés d' André Berthomieu : Figuration

1950 : ...Sans laisser d'adresse de Jean-Paul Le Chanois : Apparition en jeune femme demandant si le taxi est libre

1955 : Treize à table d' André Hunebelle : Véronique Chambon

1956 : L'Homme aux clés d'or de Léo Joannon : Gisèle

1956 : Reproduction interdite ou Meurtre à Montmartre de Gilles Grangier : Viviana

1956 : Le Pays d'où je viens de Marcel Carné : Apparition

1957 : Le rouge est mis de Gilles Grangier : Hélène, l'amie de Pierre

1957 : L'Amour est en jeu ou Ma femme, mon gosse et moi de Marc Allégret : Marie-Blanche Fayard

1957 : Maigret tend un piège de Jean Delannoy : Yvonne Maurin, la femme de Marcel

1958 : Le Désert de Pigalle de Léo Joannon  : Josy

1959 : La Corde raide de Jean-Charles Dudrumet : Cora

1960 : Recours en grâce de László Benedek : Lilla

1960 : La Française et l'Amour de Christian-Jaque, sketch : Le Divorce : Danielle, la femme de Michel

1960 : Rocco et ses frères (Rocco e i suoi fratelli) de Luchino Visconti : Nadia

1961 : La Proie pour l'ombre d'Alexandre Astruc : Anna

1961 : Les Amours célèbres de Michel Boisrond, sketch : Les Comédiennes : Mlle Duchesnois

1961 : Le Rendez-vous de Jean Delannoy : Madeleine

1961 : Le Bateau d'Émile (Le Homard flambé) de Denys de La Patellière : Fernande

1961 : Le crime ne paie pas de Gérard Oury, sketch : L'Affaire Fenayrou : Gabrielle Fenayrou

1961 : 21, rue Blanche de Quinto Albicocco : la narratrice du film

1962 : Smog de Franco Rossi

1962 : Le Vice et la vertu de Roger Vadim : Juliette Morand, « le vice »

1962 : Pourquoi Paris ? de Denys de La Patellière

1963 : Le Jour le plus court (Il giorno piu corto) de Bruno Corbucci (inédit) : L'infirmière

1963 : Les Camarades (I compagni) de Mario Monicelli : Niobe

1963 : Les hors la loi du mariage (I Fuorilegge del matrimonio) des frères Taviani et Valentino Orsini : Margherita

1963 : Le Mari de la femme à barbe (La donna scimmia) de Marco Ferreri : Maria

1963 : L'Autre Femme de François Villiers : Agnès Denis

1964 : La Bonne Soupe de Robert Thomas : Marie-Paule (2)

1964 : La Ragazza in prestito d'Alfredo Giannetti

1964 : Un monsieur de compagnie de Philippe de Broca : Clara

1964 : Ah ! Les belles familles (Le belle famiglie) de Ugo Gregoretti, sketch : Il principe d'azzuro : Maria

1964 : Une volonté de mourir (Una voglia da morire) de Duccio Tessari

1964 : Déclic...et des claques (L'Esbroufe) de Philippe Clair : Sandra

1965 : Guerre secrète (The Dirty Game), sketch de Christian-Jaque : Monique

1965 : Trois chambres à Manhattan de Marcel Carné : Kay Larsi

1965 : Une femme disponible (La ragazza in prestito) d' Alfredo Giannetti : Clara

1966 : Les Sorcières (Le streghe) de Luchino Visconti, sketch : La Sorcière brûlée vive (La strega bruciata viva) : Valeria

1967 : Vivre pour vivre de Claude Lelouch : Catherine Collonbs

1967 : Le Journaliste (Zhurnalist) de Serguei Guerassimov

1968 : Les Gauloises bleues de Michel Cournot : La mère

1968 : Une histoire de femme (Story of a woman/Storia di una donna) de Leonardo Bercovici : Liliana

1968 : La Bande à Bonnot de Philippe Fourastié : Marie, la Belge

1968 : Il pleut dans mon village (Bice skoro propast sveta) d' Aleksandar Petrovic

1968 : Disons, un soir à dîner (Metti una sera a cena) de Giuseppe Patroni Griffi : Giovanna

1969 : Erotissimo de Gérard Pirès : Annie

1969 : La Vie, l'Amour, la Mort de Claude Lelouch : Juste une apparition

1969 : La Semence de l'homme (Il seme dell'uomo) de Marco Ferreri : La femme étrangère

1969 : Un homme qui me plaît de Claude Lelouch : Françoise

1969 : Clair de Terre de Guy Gilles : Maria

1969 : Dillinger est mort (Dillinger è morto) de Marco Ferreri : La fille

1970 : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause de Michel Audiard : Germaine

1970 : Les Novices de Guy Casaril : Mona-Lisa, la prostituée

1971 : Mourir d'aimer d'André Cayatte : Danièle Guénot

1971 : La Mandarine d'Edouard Molinaro : Séverine

1972 : La Vieille Fille de Jean-Pierre Blanc  : Muriel Bouchon

1972 : Les Feux de la Chandeleur de Serge Korber : Marie-Louise

1972 : Traitement de choc d'Alain Jessua : Hélène Masson

1972 : Il n'y a pas de fumée sans feu d'André Cayatte : Sylvie Peyrac

1972 : Elle cause plus, elle flingue de Michel Audiard : Rosemonde du Bois de La Faisanderie

1973 : Juliette et Juliette de Rémo Forlani : Juliette "1" Vidal

1974 : Ursule et Grelu de Serge Korber : Ursule

1974 : Le Soupçon (Missione nell'Italia facista) de Francesco Maselli : Teresa

1974 : La Gifle de Claude Pinoteau : Hélène Douleau

1975 : Il faut vivre dangereusement de Claude Makovski : Léone

1975 : Il pleut sur Santiago de Helvio Soto : Maria Olivarès

1975 : Le Gitan de José Giovanni : Nini

1975 : Docteur Françoise Gailland de Jean-Louis Bertucelli : Le docteur Françoise Gailland

1975 : D'amour et d'eau fraîche de Jean-Pierre Blanc : Mona

1976 : Cours après moi que je t'attrape de Robert Pouret : Jacqueline

1976 : À chacun son enfer d'André Cayatte : Madeleine Girard

1976 : Jambon d'Ardenne de Benoît Lamy : Mme Simone, la patronne de Beauséjour

1977 : Le Dernier Baiser de Dolorès Grassian : Annie

1977 : Le Point de mire de Jean-Claude Tramont : Danièle Gaur

1977 : Tendre Poulet de Philippe de Broca : Lise Tanquerelle, commissaire de police

1978 : La Zizanie de Claude Zidi : Bernadette Daubray-Lacaze, la femme de Guillaume

1978 : Vas-y maman de Nicole Buron : Annie

1978 : L'Amour en question d'André Cayatte (parfois distribué sous le titre Justices) : Suzanne Corbier

1978 : La Clé sur la porte d' Yves Boisset : Marie Arnault

1978 : Le Grand Embouteillage (L'ingorgo) de Luigi Comencini : Irène

1978 : Le Cavaleur de Philippe de Broca : Lucienne, la première épouse

1978 : Cause toujours, tu m'intéresses d'Édouard Molinaro : Christine Clément

1979 : Bobo Jacco de Walter Bal : Magda

1980 : On a volé la cuisse de Jupiter de Philippe de Broca : Lise Tanquerelle, commissaire de police

1980 : Le Cœur à l'envers de Franck Apprederis : Laure Rivière

1981 : Une robe noire pour un tueur de José Giovanni : Florence Nat

1981 : La vie en mauve / All night long de Jean-Claude Tramont : L'institutrice Française

1981 : La vie continue de Moshé Mizrahi : Jeanne Lemaire

1981 : La Revanche de Pierre Lary : Jeanne Jouvert

1984 : Liste Noire d' Alain Bonnot : Jeanne Dufour

1984 : Souvenirs, souvenirs d' Ariel Zeitoun : Emma Boccara

1985 : Partir, revenir de Claude Lelouch : Hélène Rivière

1985 : Adieu Blaireau de Bob Decout : Colette

1988 : Prisonnières de Charlotte Silvera : Marthe

1988 : Dear América de Bill Couture : Elle prête sa voix dans la version Française

1988 : Ruf (Ruth) de Valéry Akhadov

1989 : Cinq jours en Juin de Michel Legrand : Marcelle

1989 : Comédie d'amour de Jean-Pierre Rawson : Le Fléau

1990 : Il y a des jours... et des lunes de Claude Lelouch : Une femme seule

1990 : Au bal des grenouilles (Faccia di lepre) de Liliana Gianneschi : Marlène

1990 : Merci la vie de Bertrand Blier : Evangeline Pelleveau, la mère vieille

1991 : Toujours seuls de Gérard Mordillat : Mme Chevillard, la mère

1993 : Alibi perfetto d' Aldo Lado : La comtesse

1993 : Portagli i mei saluti "Avanzi di galera" de Gian-Maria Garbelli et Alessandro Bader : Laura Albani

1994 : Les Braqueuses de Jean-Paul Salomé : La mère de Cécile

1995 : Les Misérables de Claude Lelouch : La Thénardier "1942"

1996 : Les Bidochon de Serge Korber : La mère de Robert

1998 : Préférence de Grégoire Delacourt  : Blanche

1998 : L'Âge de braise de Jacques Leduc : Caroline Bonhomme

2000 : Ainsi soit nous - court métrage : de Nathalie Tocque

2000 : T'aime de Patrick Sébastien : Emma

2000 : Visconti (The life and time of count Luchino Visconti) (documentaire) d'Adam Low : Apparition

2001 : Ceci est mon corps de Rodolphe Marconi : Mamie

2001 : La Pianiste (Die Klavierspielerin) de Michael Haneke : La mère

2002 : La nuit d'Epstein (Epstein nacht / Finkelstein) d'Urs Egger : Hannah

2003 : La marquise est à Bicêtre de Paul Vecchiali

2005 : Je préfère qu'on reste amis... d' Éric Toledano et Olivier Nakache : Mme Mendelbaum

2005 : Caché de Michael Haneke : La mère de George

2006 : Le Temps des porte-plumes de Daniel Duval : Alphonsine

2006 : C'est beau une ville la nuit de Richard Bohringer : La grand-mère

2007 : Boxes de Jane Birkin : Joséphine

2007 : Christian d'Élisabeth Löchen : Odile

 

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