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  • Conférence de presse du Festival de Cannes 2018 le 12 avril à 11h : programme de la sélection officielle

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    Ce jeudi 12 avril 2018, à 11H, à l'UGC Normandie, avenue des Champs-Elysées, aura lieu la conférence de presse du 71ème Festival de Cannes à l'occasion de laquelle sera annoncée la sélection officielle de cette édition 2018. 

    J'en profite ainsi, en attendant de vous détailler ici cette sélection officielle, pour reprendre les éléments de cette sélection qui sont d'ores et déjà officiels...non des moindres d'ailleurs qui promettent une édition flamboyante !

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    Comme chaque année, pour ce qui sera mon 18ème Festival de Cannes, vous pourrez suivre ici en direct le festival (ainsi que sur mes autres blogs Inthemoodforcannes.com -entièrement consacré au festival-, Inthemoodforfilmfestivals.com pour la partie cinéma et, pour la partie "luxe", Inthemoodforhotelsdeluxe.com). Vous pourrez également le suivre sur mes différents réseaux sociaux : @moodforcannes et @Sandra_Meziere pour twitter, @sandra_meziere pour Instagram et facebook.com/inthemoodforcannes et http://facebook.com/inthemoodforcinema.

    Comme d'habitude, je ne partagerai ici aucune "rumeur" sur la programmation mais seulement les informations officielles.

    Pour l'instant, à un mois de l'ouverture officielle, nous savons seulement que :

    -Pour sa 71ème édition, le Festival de Cannes aura lieu du mardi 8 au samedi 19 mai.  Il commencera un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes

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    -l'affiche 2018 s'inspire de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard.  Georges Pierre (1927-2003) est l’auteur du visuel de l’affiche du 71e Festival de Cannes, extrait de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965). Cet immense photographe de plateau immortalise les tournages de plus d’une centaine de films en 30 ans d’une carrière qui débute en 1960 avec Jacques Rivette, Alain Resnais et Louis Malle. Il engage ensuite des collaborations avec Robert Enrico, Yves Robert, Claude Sautet, Bertrand Tavernier, Andrzej Żuławski, Andrzej Wajda, et donc Jean-Luc Godard. Engagé en faveur de la reconnaissance du statut d’auteur pour le photographe de plateau, Georges Pierre a fondé l’Association des Photographes de Films, chargée de la défense des intérêts matériels et moraux des photographes de cinéma. La graphiste Flore Maquin signe la maquette de cette affiche. Inspirée par la pop culture, cette illustratrice de 27 ans réunit dans un univers vif et coloré le dessin, la peinture et le numérique. Passionnée de cinéma, elle collabore avec Universal Pictures, Paramount Channel, Europacorp, Wild Side, Arte autour d’affiches de films revisitées ou alternatives (www.flore-maquin.com).

    -Cate Blanchett présidera le jury du Festival de Cannes 2018.

    Retrouvez mon article complet à ce sujet en cliquant ici avec trois critiques de films avec Cate Blanchett.

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    Photo personnelle ci-dessus prise lors de l'hommage rendu à l'actrice dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    -Le cinéaste français Bertrand Bonello présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages : « Qu’attendons-nous de la jeunesse, des cinéastes inconnus, des premiers films ? Qu’ils nous bousculent, qu’ils nous fassent regarder ce que nous ne sommes pas capables de voir, qu’ils aient la liberté, le tranchant, l’insouciance et l’audace que parfois nous n’avons plus. La Cinéfondation s’attache depuis 20 ans à faire entendre ces voix et je suis extrêmement fier cette année de pouvoir les accompagner. »

    -Vivier de nouveaux talents du 7ème art, l’Atelier de la Cinéfondation 2018 accueille ainsi 15 réalisateurs internationaux et leurs prometteurs projets de films. Cette 14ème édition sera, comme chaque année, l’occasion pour ces cinéastes et leurs producteurs de rencontrer des partenaires financiers à Cannes. Un précieux sésame pour passer à la réalisation ! Retrouvez les heureux sélectionnés de l'édition 2018 sur http://www.cinefondation.com/fr/.

    -A l’occasion du 50ème anniversaire de la sortie de "2001 : L’Odyssée de l’espace" le samedi 12 mai 2018 à Cannes vous pourrez (re)découvrir en avant-première mondiale le film culte de Stanley Kubrick, dans sa version originale 70mm. La copie sera présentée dans le cadre de Cannes Classics par Christopher Nolan qui a étroitement collaboré avec Warner Bros. Entertainment sur le processus de re-masterisation et qui honorera le Festival de Cannes de sa première venue.  

    Christopher Nolan participera en effet également à une Masterclass le dimanche 13 mai 2018, au cours de laquelle il évoquera sa filmographie et partagera sa passion pour l’œuvre singulière de Stanley Kubrick.

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    - Ursula Meier présidera le Jury de la Caméra d’or. "Depuis 1994, la réalisatrice suisse façonne une cinématographie audacieuse qui souligne la complexité du monde. Ses 5 courts métrages, 2 œuvres télévisées, 2 documentaires et 2 longs métrages ont chacun rivalisé d’inventivité, et lui ont permis de s’imposer dans le paysage européen" a souligné le Festival de Cannes. Avec 6 professionnels à ses côtés, Ursula Meier désignera la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique - Cannes ou à la Quinzaine des Réalisateurs lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai.

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    -Le 71ème Festival de Cannes s’ouvrira le 8 mai  avec la projection en Compétition d’Everybody Knows (Todos Lo Saben), le nouveau film d’Asghar Farhadi  en salles le 9 Mai ! Devant la caméra du cinéaste iranien, l’un des couples les plus emblématiques du cinéma actuel : Penelope Cruz et Javier Bardem. Entièrement tourné en espagnol dans la péninsule ibérique, le 8ème long métrage d’Asghar Farhadi suit Laura qui vit avec son mari et leurs enfants à Buenos Aires. À l’occasion d’une fête de famille, elle revient dans son village natal, en Espagne, avec ses enfants. Un événement inattendu va bouleverser le cours de leur existence. La famille, ses secrets, ses liens, ses traditions et les choix moraux qu’ils imposent sont, comme chacun des scénarios du cinéaste, au cœur de l’intrigue.

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    Copyright Memento Films Distribution 

    - Voilà une projection et une montée des marches qui, sans aucun doute créeront l'évènement  : le nouveau film de la galaxie Star Wars Movies™, Solo : A Star Wars story sera en Sélection officielle (hors compétition) ! En 2002, ce fut Star Wars II : L’Attaque des clones et en 2005, Star Wars : La Revanche des Sith. En 2018, l’un des plus grands mythes de l’histoire du cinéma revient Hors Compétition sur le tapis rouge du Festival de Cannes.  Le deuxième spin-off de la saga sera dévoilé sur l’écran du Grand Théâtre Lumière. L’épisode revient sur la jeunesse du célèbre contrebandier, as du pilotage et charmant vaurien, Han Solo.   Écrit par Lawrence et Jonathan Kasdan, le film est réalisé par Ron Howard, interprète du classique American Graffiti de George Lucas et auteur de nombreux succès populaires et critiques comme Apollo 13 (1995) ou Un homme d’exception (2002, Oscar du meilleur film et Oscar du meilleur réalisateur).   Autour d’Alden Ehrenreich (Blue Jasmine, 2013) qui incarne Han Solo, le casting compte Woody Harrelson (No Country For Old Men, 2007), Emilia Clarke (Terminator Genisys, 2015), Donald Glover (Seul sur Mars, 2015), Thandie Newton (Jefferson à Paris, 1995), Phoebe Waller-Bridge (La Dame de fer, 2011), Joonas Suotamo (Star Wars VIII: Les Derniers Jedi, 2017) et Paul Bettany (Dogville, 2003).   Solo : A Star Wars story est produit par Kathleen Kennedy, la Présidente de LucasFilm ainsi que par Allison Shearmur et Simon Emanuel. Les producteurs exécutifs sont Lawrence Kasdan, Jason McGatlin, Phil Lord et Christopher Miller.   La séance dans le grand amphithéâtre Lumière du Palais des Festivals de Cannes s’annonce comme un événement pour tous les fans de la saga et pour tous les autres. Solo est distribué par la Walt Disney Company. Il sortira en France le 23 mai, deux jours avant sa sortie aux États-Unis.

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    - Cette année encore, c'est Edouard Baer qui sera le maître des Cérémonies d'ouverture et de clôture du Festival de Cannes pour sa 71ème édition !  Produites par CANAL+, les Cérémonies seront retransmises sur la chaîne en clair, en direct et en exclusivité les 8 et 19 mai 2018.

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    -A l'occasion d'une interview dans le Film Français, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux a annoncé quelques nouveautés  : désormais tout film en compétition devra sortir dans les salles françaises, la presse ne découvrira plus les films avant les festivaliers et la séance de gala sera ainsi la vraie première mondiale, la presse verra ainsi le film à 19h en même temps en Debussy et pour les séances de 22, le lendemain matin dans le grand théâtre Lumière.

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      -Pour cette année a été créé un nouveau prix intitulé "prix de la citoyenneté". Je vous en reparlerai longuement dans un prochain article.

    Dans les sélections parallèles :

    -L’affiche de la compétition de la Semaine de la Critique au prochain Festival de Cannes. Sur cette affiche figure l'actrice Noée Abita, révélation du film Ava de Léa Mysius dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

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    -L'affiche de la Quinzaine des Réalisateurs (qui célèbrera cette année ses 50 ans)a été « réalisée à partir d’une photo de William Klein. L’artiste présent avec son film Festival panafricain d’Alger 1969 lors des jeunes années de la Quinzaine nous a fait l’honneur d’illustrer cette édition anniversaire. Sa conception graphique est de Michel Welfringer. »

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    -Le 9 mai, la Quinzaine des Réalisateurs remettra le Carrosse d’Or à Martin Scorsese. En 1974, il avait présenté "Mean Streets" à la quinzaine.  A cette occasion, le film sera projeté  et une rencontre exceptionnelle avec le cinéaste sera proposée.

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    -Le réalisateur et scénariste norvégien Joachim Trier présidera le jury de la 57ème Semaine de la Critique qui décernera 3 prix à Cannes. Il sera entouré de l’actrice et jeune réalisatrice américaine Chloë Sevigny, du comédien argentin Nahuel Pérez Biscayart, récent lauréat d’un César pour son rôle dans 120 Battements par minute de Robin Campillo, Eva Sangiorgi, nouvelle directrice de la Viennale, Festival international du film de Vienne et du journaliste culturel français Augustin Trapenard.

     

    En attendant l'édition 2018 du Festival de Cannes en direct, retrouvez, en cliquant ici, mon compte rendu de l'édition 2017.

    Retrouvez également mon article sur le Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes de Gilles Jacob, la lecture idéale pour préparer au mieux le festival.

  • Hommage à Darren Aronofsky au Festival de Deauville 2017 et avant-première de "Mother !"

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    Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville 2017 s'annonce décidément bien. Le festival vient en effet d'annoncer qu'un hommage serait rendu au cinéaste Darren Aronofsky en sa présence et que serait projeté en avant-première son dernier film "Mother !". A cette occasion, retrouvez la bande-annonce du film ci-dessous, et en attendant ma critique de "Mother !", retrouvez celle de "Black swan" ci-dessous. Sachez également que la conférence de presse du festival avec l'annonce de la programmation aura lieu le mardi 22 août à 11H, au CID. Retrouvez toutes les informations sur le Festival de Deauville sur mon blog http://inthemoodfordeauville.com.

     

    En 2008, Darren Aronofsky reçoit le Lion d'or du Festival de Venise pour The Wrestler, le consacrant comme l'un des cinéastes majeurs de sa génération.  Liant une esthétique très forte à une maîtrise visuelle au service de son propre langage cinématographique, Darren Aronofsky accède au statut de cinéaste culte dès son premier long métrage, Pi, présenté en compétition au Festival de Deauville en 1998. Son second long métrage, Requiem for a Dream, est ovationné au Festival de Cannes, tout comme au Festival de Deauville en 2000. Le film, véritable descente aux enfers d'une jeunesse euphorique et dépendante, marque toute une génération par sa puissance émotionnelle. Dès lors, Darren Aronofsky n'a eu de cesse de construire une œuvre à la fois convulsive, hallucinée et habitée : en 2011, il met en scène un ballet entêtant et horrifique dans Black Swan, avant de réaliser une fresque biblique d'une tragique ampleur avec Noé (2014).

    Critique de BLACK SWAN

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    "Black swan" est un vrai choc cinématographique, un tourbillon fiévreux dont vous ne ressortirez pas indemnes.

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    Nina (Natalie Portman) est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Elle (dé)voue sa vie à la danse et partage son existence entre la danse et sa vie avec sa mère Erica (Barbara Hershey), une ancienne danseuse. Lorsque Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre (Winona Ryder) pour leur nouveau spectacle « Le Lac des cygnes », Nina se bat pour obtenir le rôle. Le choix de Thomas s’oriente vers Nina même si une autre danseuse, Lily, l’impressionne également beaucoup, Nina aussi sur qui elle exerce à la fois répulsion et fascination.  Pour « Le Lac des cygnes », il faut  une danseuse qui puisse jouer le Cygne blanc, symbole d’innocence et de grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina en plus de l’incarner EST le cygne blanc mais le cygne noir va peu à peu déteindre sur elle et révéler sa face la plus sombre.

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     « Black swan » n’est pas forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky, rusé comme un cygne noir, et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant.

    « Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que Thomas met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens.

     Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion.

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    Par une sorte de mise en abyme, le combat (qui rappelle celui de « The Wrestler ») de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice.

    Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski (qui décidément inspire ces derniers temps les plus belles scènes du cinéma après « Des hommes et des dieux ») pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Confusion encore, cette fois d’une ironie cruelle, entre l'actrice Winona Ryder et son rôle de danseuse qui a fait son temps.  Tout comme, aussi, Nina confond sa réalité et la réalité, l’art sur scène et sur l’écran se confondent et brouillent brillamment nos repères. Cinéma et danse perdent leur identité pour en former une nouvelle. Tout comme aussi la musique de Clint Mansell se mêle à celle de Tchaïkovski pour forger une nouvelle identité musicale.

    La caméra à l’épaule nous propulse dans ce voyage intérieur au plus près de Nina et nous emporte dans son tourbillon. L’art va révéler une nouvelle Nina, la faire grandir, mais surtout réveiller ses (res)sentiments et transformer la petite fille vêtue de rose et de blanc en un vrai cygne noir incarné par une Natalie Portman absolument incroyable, successivement touchante et effrayante, innocente et sensuelle, qui réalise là non seulement une véritable prouesse physique (surtout sachant qu’elle a réalisé 90% des scènes dansées !) mais surtout la prouesse d’incarner deux personnes (au moins...) en une seule et qui mérite indéniablement un Oscar.

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     Un film aux multiples reflets et d’une beauté folle, au propre comme au figuré, grâce à la virtuosité de la mise en scène et de l’interprétation et d’un jeu de miroirs et mise(s) en abyme. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige.

    Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...

     

  • Avant-première - Critique de « Biutiful » d’Alejandro Gonzalez Inarritu avec Javier Bardem

    C'est mercredi prochain que sortira en salles "Biutiful" pour lequel Javier Bardem a obtenu le prix d'interprétation dans le cadre du dernier Festival de Cannes.

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    Pendant tout le festival, la rumeur selon laquelle Javier Bardem obtiendrait le prix d'interprétation n'a cessé de courir. C'est le dernier jour, en séance de rattrapage que j'ai pu découvrir ce dernier film du réalisateur de « Babel » primé  du prix de la mise en scène pour celui-ci à Cannes en 2006, de retour sur la Croisette en compétition, cette fois sans son scénariste Guillermo Arriaga.

    Premier des films d'Alejandro Gonzales Inarritu écrit sans  Guillermo Arriaga, scénariste de ses célèbres films choraux, "Biutiful" n'en était pas moins attendu notamment parce que Javier Bardem, lui aussi habitué de la Croisette (membre du jury d'Emir Kusturica en 2005, en compétition avec "No country for old men" en 2007 et hors compétition pour "Vicky Cristina Barcelona" de Woody Allen l'an passé) en incarne  le rôle principal.

    Synopsis de "Biutiful": Uxbal (Javier Bardem), un homme solitaire, jongle entre la difficulté d'un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront apprendre à voler de leurs propres ailes, ce dernier venant d'apprendre qu'il est atteint d'un mal incurable...

    Difficile d'imaginer un autre acteur dans le rôle d'Uxbal tant Javier Bardem porte et incarne le film, tant l'intérêt et la complexité de son personnage doivent tout à son jeu à la fois en forces et nuances. Pas de film choral et de multiplicité des lieux cette fois mais une seule ville, Barcelone, et un personnage central que la caméra d'Inarritu encercle, enserre, suit jusqu'à son dernier souffle. Unité de temps, de lieu, d'action pour renforcer l'impression de fatalité inéluctable.

    Ceux qui comme moi connaissent et aiment Barcelone auront sans doute du mal à reconnaître en ces rues pauvres, tristes, sombres, parfois même sordides, la belle et lumineuse ville de Gaudi.  Ce pourrait être n'importe où ailleurs, cette histoire, tristement universelle, pourrait se dérouler dans tout autre endroit du monde.

    Epouse bipolaire, trahison du frère, maladie incurable, morts causées par sa faute et par accident, orphelin : rien n'est épargné à Uxbal. Certes, le scénario y va un peu fort dans le drame mais la force du jeu de Javier Bardem est telle que tout passe, et que cet homme qui vit pourtant de trafics peu recommandables, prêt à tout pour assurer un avenir meilleur à ses enfants et en quête de rédemption, finit par être attachant. En arrière plan, l'immigration et l'exploitation des travailleurs clandestins dont la peinture de l'âpre réalité nous fait davantage penser à des cinéastes plus engagés qu'aux précédents films d'Inarritu même si on trouvait déjà ces thématiques dans « Babel ».

    Evidemment « Biutiful » déconcertera comme moi les habitués d'Inarritu, époque Arriaga, non seulement en raison de cette construction plus linéaire mais aussi en raison d'incursions oniriques dans un film par ailleurs extrêmement réaliste comme si le seul espoir possible était dans un ailleurs poétique mais irréel. Certes le nom « Biutiful » désigne les enfants d'Uxbal qui, à l'image de ce mot, égratigné, blessé, représentent un avenir bancal, incertain, mais bel et bien là. La vie est là malgré tout même imparfaite.

     « Biutiful » reste un film suffocant ne laissant entrevoir qu'une mince lueur d'espoir, un film dont les excès mélodramatiques au lieu de nous agacer nous touchent grâce au jeu d'un acteur au talent sidérant et grâce à la réalisation qui insuffle un  troublant réalisme. Scénaristiquement moins éblouissant que « Babel » ou même « 21 grammes », par le talent de celui qui incarne son personnage principal et par la complexité de ce personnage, condamné et digne, « Biutiful » ne lâche pas notre attention une seule seconde. Un prix d'interprétation d'une incontestable évidence.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2010 Pin it! 6 commentaires
  • « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen : entre romantisme sulfureux et légèreté mélancolique

     

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     Quoiqu’il advienne, quel que soit le sujet, je ne manque JAMAIS un film de Woody Allen et ils sont peu nombreux ces réalisateurs dont chaque film recèle une trouvaille, dont chaque film est une réussite (même si certains évidemment sont meilleurs que d’autres, ou plus légers que d’autres), une véritable gageure quand on connaît la productivité de Woody Allen qui sort quasiment un film par an.

     

    Imaginez donc mon désarroi d’avoir manqué celui-ci au dernier Festival de Cannes (non, vous ne pouvez pas : c’est insoutenable surtout sachant que mes acolytes festivaliers en sortaient tous le sourire aux lèvres, réjouis et un brin narquois envers ma malchance…) et mon impatience de le voir dès sa sortie en salles. Je me demande comment j’ai pu attendre trois jours après sa sortie surtout sachant que, dans mon impatience, je pensais qu’il sortait la semaine dernière… Bref,  alors ce dernier Woody Allen était-il à la hauteur de l’attente ?

     

    Evidemment, il serait malvenu de le comparer à la trilogie londonienne (cliquez ici pour accéder à mes critiques des trois films de la trilogie), véritable bijou d’écriture scénaristique et de noirceur jubilatoire. Ce dernier est plus léger (quoique…), et pourtant..., et pourtant c’est encore une véritable réussite, qui ne manque ni de sel (pour faire référence à une réplique du film), ni d’ailleurs d’aucun ingrédient qui fait d’un film un moment unique et réjouissant.

     

    Pitch : Vicky (Rebecca Hall) et Cristina (Scarlett Johanson) sont d'excellentes amies, avec des visions diamétralement opposées de l'amour : la première est plutôt raisonnable, fiancée à un jeune homme « respectable » ; la seconde est plutôt instinctive, dénuée d'inhibitions et perpétuellement à la recherche de nouvelles expériences passionnelles. Vicky et Cristina sont hébergées chez Judy et Mark, deux lointains parents de Vicky,  Vicky pour y consacrer les derniers mois avant son mariage  et y terminer son mémoire sur l’identité catalane; Cristina pour goûter un changement de décor. Un soir, dans une galerie d'art, Cristina remarque le ténébreux peintre Juan Antonio (Javier Bardem). Son intérêt redouble lorsque Judy lui murmure que Juan Antonio entretient une relation si orageuse avec son ex-femme, Maria Elena (Pénélope Cruz), qu'ils ont failli s'entre-tuer. Plus tard, au restaurant, Juan Antonio aborde Vicky et Cristina avec une « proposition indécente ». Vicky est horrifiée ; Cristina, ravie, la persuade de tenter l'aventure...

     

    Les jeux de l’amour et du hasard. Un marivaudage de plus. Woody Allen fait son Truffaut et son « Jules et Jim » pourrait-on se dire à la lecture de ce pitch. Oui mais non. Surtout non. Non parce que derrière un sujet apparemment léger d’un chassé-croisé amoureux, le film est aussi empreint de mélancolie et même parfois de gravité. Non parce qu’il ne se contente pas de faire claquer des portes mais d’ouvrir celles sur les âmes, toujours tourmentées, du moins alambiquées, de ses protagonistes, et même de ses personnages secondaires toujours croqués avec talent, psychologie, une psychologie d’une douce cruauté ou tendresse, c’est selon. Non parce que le style de Woody Allen ne ressemble à aucun autre : mélange ici de dérision (souvent, d’habitude chez lui d’auto-dérision), de sensualité, de passion, de mélancolie, de gravité, de drôlerie, de cruauté, de romantisme, d’ironie...

     

    Woody Allen est dit-on le plus européen des cinéastes américains, alors certes on a quitté Londres et sa grisaille pour Barcelone dont des couleurs chaudes l’habillent et la déshabillent mais ce qu’il a perdu en noirceur par rapport à la trilogie londonienne, il l’a gagné en sensualité, et légèreté, non pour autant dénuées de profondeur. Il suffit de voir comment il traduit le trouble et le tiraillement sentimental de Vicky lors d’une scène de repas où apparait tout l’ennui de la vie qui l’attend pour en être persuadé. Ou encore simplement de voir comment dans une simple scène la beauté d’une guitare espagnole cristallise les émotions et avec quelle simplicité et quel talent il nous les fait ressentir. (Eh oui Woody Allen a aussi délaissé le jazz pour la variété et la guitare espagnoles…)

     

     Javier Bardem, ténébreux et troublant, Penelope Cruz, volcanique et passionnelle, Scarlett Johanson (dont c’est ici la troisième collaboration avec Woody Allen après « Match point » et « Scoop »…et certainement pas la dernière), sensuelle et libre, Rebecca Hall, sensible et hésitante : chacun dans leurs rôles ils sont tous parfaits, et cette dernière arrive à imposer son personnage, tout en douceur, face à ces trois acteurs reconnus et imposants. (Dommage d'ailleurs que son personnage n'apparaisse même pas sur l'affiche, c'est finalement le plus intéressant mais certes aussi peut-être le plus effacé...dans tous les sens du terme.)

     

     A la fois hymne à la beauté (notamment de Barcelone, ville impétueuse, bouillonnante, insaisissable, véritable personnage avec ses bâtiments conçus par Gaudi , le film ne s’intitulant pas « Vicky Cristina Barcelona » pour rien) et à l’art, réflexion sur l’amoralité amoureuse et les errements et les atermoiements du corps et du cœur, Woody Allen signe une comédie (on rit autant que l’on est ému) romantiquement sulfureuse et mélancoliquement légère, alliant avec toute sa virtuosité ces paradoxes et s’éloignant des clichés ou  de la vulgarité qui auraient été si faciles pour signer un film aussi élégant que sensuel.  Cet exil barcelonais pourra en déconcerter certains, mais c’est aussi ce qui imprègne ce film de cette atmosphère aussi fougueuse que cette ville et ces personnages.

     

    Malgré les 72 ans du cinéaste, le cinéma de Woody Allen n’a pas pris une ride : il fait preuve d’une acuité, d’une jeunesse, d’une insolence, d’une inventivité toujours étonnantes,  remarquables et inégalées. Un voyage barcelonais et initiatique décidément réjouissant. Vivement le prochain ! En attendant je vous laisse réfléchir à l’idée défendue dans le film selon laquelle l’amour romantique serait celui qui n’est jamais satisfait… A méditer !

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