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  • Avant-première – Dany Boon présente « Rien à déclarer » au Cinéville de Laval (vidéo et critique)

     

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    laval.jpgDélaissant pour un (court) temps les avant-premières parisiennes et projections presse, c’est dans mon charmant et malheureusement méconnu palindrome natal que j’ai assisté à l’avant-première du nouveau film de Dany Boon en tant que réalisateur (et interprète d’ailleurs) : « Rien à déclarer ». Ce dernier était accompagné de Bruno Lochet et de Julie Bernard et finalement pas de Benoît Poelvoorde, pourtant annoncé (cf les explications de Dany Boon dans ma vidéo).

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     Dany Boon dégage tellement de gentillesse et humilité rares que j’aurais adoré aimer son film et le défendre ardemment contre les journalistes ou pseudo-journalistes qui, pour la plupart, ne prendront certainement même pas le temps d’aller le voir (comme un détracteur de « Bienvenue chez les chtis » l’a récemment avoué…). Malheureusement, tout comme « Bienvenue chez les chtis » et même a fortiori, « Rien à déclarer » fait preuve d’un humour suranné, enfantin et gentil(let) qui, d’ailleurs,  dans la salle faisait surtout rire les enfants et qui tranche, certes, avec beaucoup de bonne volonté avec le (tout aussi) désolant cynisme à la mode.

    Le synopsis est lui aussi d’une simplicité enfantine. 1er janvier 1993 : passage à l'Europe oblige, deux douaniers, l'un Belge francophobe interprété par Benoît Poelvoorde, l'autre Français, interprété par Dany Boon, apprennent la disparition prochaine de leur petit poste de douane fixe situé dans la commune de Courquain France et Koorkin Belgique. Les deux ennemis d’hier vont devoir cohabiter et vaincre leurs préjugés.

    Même si la réalisation s’améliore, comme « Bienvenue chez les chtis », « Rien à déclarer » nous plonge dans un cinéma et une France anachroniques, voire ici d’un autre temps. « Rien à déclarer » se présente comme une leçon de morale adressée aux enfants, sur les préjugés racistes symbolisés par le francophobe douanier belge. Hier Dany Boon combattait les préjugés sur le Nord, aujourd’hui les préjugés racistes qualifiant son film de « comédie sociale » (Mike Leigh et Ken Loach n’ont qu’à bien se tenir...)

    Dany Boon semble avoir pioché des idées ici et là : dans les « Gendarmes à Saint-Tropez », dans le duo Bourvil / De Funès (il fait un charmant Bourvil et Poelvoorde un De Funès aigri, râleur, raciste plus vrai que nature  et on s’attend à tout instant à ce qu’ils disent « forcément elle va moins bien marcher maintenant» à propos de leur 4L), dans « Taxi »,  dans les comédies américaines avec le chien pataud de rigueur ou encore dans les séries B avec les seconds rôles décalés et surjoués.

    Si cette troisième réalisation de Dany Boon à l’image des deux premières est toujours pleine de naïveté et de bons sentiments, cette fois il a rajouté une couche d’humour vulgaire racoleur assez consternant.

    La tendresse avec laquelle Dany Boon filme ses personnages, et à nouveau l’absence totale de cynisme (qui n’empêche pas la vulgarité, donc) sont certes louables mais même malgré des acteurs convaincants (François Damiens, Karin Viard) qu’il prend visiblement plaisir à filmer autant que ces derniers en prennent à jouer (des rôles très caricaturaux), ni lui ni ces derniers ne sont parvenus à empêcher l’ennui de s’installer.

    Une sortie anticipée est prévue dans le Nord et en Blegique le 26 janvier et dans le reste de la France le 2 février. Sans doute était-il difficile de repasser derrière la caméra après le plus gros carton du cinéma français au succès aussi irrationnel et imprévisible que serait pour moi celui, éventuel, de ce « Rien à déclarer » obsolète. Un conseil : regardez la vidéo où Dany Boon apparaît drôle, tendre et humble, une attitude à l'image de laquelle nous ne pouvons que lui souhaiter de parvenir à faire ressembler son cinéma.

     

  • Critique- « Bliss » de Drew Barrymore (avec Ellen Page, Drew Barrymore, Juliette Lewis…) ou les aléas des frileuses programmations de certains cinémas de province

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    Le but premier de ce blog était, est et restera de partager mes coups de cœur cinématographiques, ma passion toujours et même plus que jamais insatiable pour le cinéma, de laisser aux autres le soin des critiques assassines mais voilà... je suis actuellement et très temporairement quelque part en province où il y a un splendide Cinéville, des salles tout aussi splendides mais où la programmation arrive rarement à la hauteur de ces magnifiques salles, celle-ci, particulièrement frileuse (et pas seulement en ce janvier glacial)  consistant à suivre ou « miser » sur les succès du box-office et rarement à prendre des risques. Tout ça pour dire qu'entre des films que j'ai déjà vus  comme « Agora »,  « Avatar » ou « Bright star » et des films d'animation à profusion que je n'ai aucune envie de voir, il ne restait que « Bliss », le premier film de Drew Barrymore réalisatrice, que je ne serais sans doute pas allée voir sans cette disette cinématographique. Avide de découvertes de nouveaux (ou nouvelles) cinéastes, c'est donc quand même avec entrain que je suis entrée dans la salle de mon Cinéville adoré, sans même connaître le synopsis, pour conserver le plaisir de la découverte (téméraire je suis, téméraire je reste)... un entrain qui s'est rapidement estompé.

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    Photo ci-dessus par inthemoodforcinema.com: une énigmatique et non moins charmante ville de province

    Le synopsis d'abord. Bliss Cavendar (Ellen Page) veut s'émanciper, prendre son envol (dans les deux sens du terme), échapper au destin que lui dessine  sa mère : gagner les concours de beauté locaux. Pour cette dernière, là est sa seule chance de réussir dans  la vie. Bliss a en effet d'autres rêves comme  participer à des compétitions de roller derby (un sport d'une grâce et d'une délicatesse inouïes ... qui consiste à rattraper, dépasser, ... et cogner l'adversaire sur une piste de vitesse, le tout à roller). Bliss troque donc rapidement les robes bien sages contre les rollers et minijupes. Elle est donc lycéenne et serveuse le jour  et le soir elle devient Barbie Destroy dans son équipe de roller...

    J'ai beau chercher, je ne me souviens pas m'être autant ennuyée au cinéma... et si l'ennui peut parfois se justifier (un film n'aspire bien évidemment pas forcément à divertir), ce n'est en général pas le cas d'une comédie... ou alors Drew Barrymore a réalisé un film expérimental dont le but est d'éprouver les nerfs du spectateur... C'est dans ce cas une totale réussite !

     Rarement un film aura accumulé autant d'invraisemblances (Bliss en véritable superwoman mène de front ses cours, son travail de serveuse, ses compétitions de roller ; elle dépasse immédiatement en rapidité et agilité ses consœurs deux fois plus âgées et expérimentées qu'elle ; elle devient une reine du roller alors que sa seule expérience remonte à la cour de récré avec ses rollers Barbie ; elle s'intègre immédiatement et suscite une inimitié -mais une seule hein-inimitié aussi rapidement ; personne ne remet en doute son âge malgré ses airs enfantins-il faut avoir plus de 21 ans pour participer aux compétitions-... et ses parents ne soupçonnent  rien de sa double vie parce que bien sûr ses seuls hématomes sont tous à des endroits invisibles au premier regard...) et clichés (elle tombe amoureuse d'un musicien pas trop malin qui,  miracle et coïncidence, la rencontre par hasard et tombe immédiatement amoureux d'elle ; sa mère veut à tout prix  la modeler à son image mais bien évidemment elle finira par se ranger aux souhaits de sa fille et par comprendre qu'elle veut s'émanciper ; la petite sœur est mignonne comme tout mais pas très maligne; le père, débonnaire et plus malin -mais pas trop- qu'il n'y paraît regarde les matchs en cachette...).

    Bien sûr (vous voyez comme je n'arrive pas à être totalement assassine...) il y a beaucoup de bonne volonté chez Drew Barrymore, surtout à casser son image,  ne s'épargnant pas la moindre chute ou castagne (très très répétitives) et sans doute son propre passé a-t-il inspiré le besoin de réussite et de reconnaissance familiale de Bliss. On peut aussi lui reconnaître une direction d'acteurs plutôt honorable et des scènes mère-fille contenant une  belle émotion tout en retenue.

    Si ce film est donc inspiré de la personnalité de sa réalisatrice (bien qu'adapté du roman de Shauna Cross qui signe également le scénario), il en manque cruellement, encore plus dans la forme que dans le fond beaucoup trop lisse pour évoquer deux univers -du roller derby et des concours de beauté- qui ne le sont pas (le moins « lisse » ou grossier des deux n'étant évidemment pas celui qu'on pourrait croire, ah quelle découverte...).

    Et puis il y a Ellen Page (« Juno » etc, figure désormais emblématique du cinéma indépendant américain), Elle Page et Ellen Page qui est craquante certes et ne ménage pas ses efforts...  la seule qui mérite le déplacement (au Cinéville ou ailleurs) et qui justifie que je vous parle quand même de ce film malgré l'agacement et l'ennui qu'il m'aura fait éprouver. Il n'en demeure pas moins qu'il devient urgent que je rentre à Paris pour profiter d'une programmation diversifiée et voir des films dignes de ce nom...

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2010 Pin it! 7 commentaires