Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

écologie

  • Ne manquez pas "24 hours for the Ocean", à Deauville, le Samedi 25 août à 16H

    24 hours for the ocean.png

    Encore un bel évènement à Deauville à ne pas manquer, a fortiori à l'heure à laquelle il est plus urgent que jamais d'agir pour la préservation des océans.
     
    A Deauville, le Samedi 25 Août, à 16H, découvrez ainsi  « 24 hours for the Ocean » dans le cadre de l’association, Time for the Ocean, qui vise à sensibiliser le grand public, cette année, sur les Enjeux de L’Arctique en partenariat avec le prix de photojournalisme de la Fondation Carmignac et Tara Expeditions, cela au travers d’une exposition de photo de journalisme, Prix de la  fondation Carmignac, d’une projection d’un film Tara expéditions, d’une conférence animée par  l'écrivain Christophe Ono dit biot au Cinéma du Casino Barrière (entrée gratuite). De nombreuses personnalités sont présentes : Segolène Royal, Sébastien Lecornu, Gerard Mestrallet, Christophe ono dit biot, Philippe Augier, Yvon le Maho ...
     
    L’Océan peut être considéré comme le grand chef d’orchestre de la vie sur Terre. Il couvre plus de 70% de la surface du globe, et abrite la plus grande partie de la biosphère encore inexplorée. Pompe à carbone et producteur d’oxygène, l’océan et les organismes qu’il recèle jouent un rôle majeur dans la régulation du climat de la Terre, tout en étant de plus en plus affectés par les changements globaux. Les Climatologues s’inquiètent des bouleversements qui s’accumulent et affectent  notre planète bleue. L’Océan change, se transforme, s’épuise aussi à force d’être exploité par l’homme ou affecté par les changements climatiques. La santé de l’Océan est devenue un enjeu crucial pour le devenir de la planète. En 2018, l’association Time for the Ocean souhaite donner un coup de projecteur sur l’Arctique. Le changement climatique, induit par une modification des flux de chaleur et de rayonnement dans l’atmosphère, impacte avec force cette partie du globe qui joue un rôle essentiel dans les équilibres climatiques mais présente aussi des intérêts patrimoniaux, économiques et culturels immenses
     
    L’objectif est de sensibiliser le grand public à la protection des océans et du littoral,  déployé au travers de :
     L’ART & L’ENVIRONNEMENT

    • Artistes, scientifiques, décideurs, entrepreneurs, personnalités s’engagent en faveur de la sauvegarde de l’Océan. Ils se rassemblent pour soutenir cette cause fondamentale et en appellent au grand public
    • Une initiative inédite : démocratiser la parole scientifique à travers les débats, les rencontres, les arts et la convivialité afin que le message sur l’océan résonne auprès du plus grand nombre
    • Une régularité : un rendez-vous annuel pour travailler sur le long terme
    • Une ville qui s’engage
    • Un dialogue avec le grand public : rencontres, conférences, présentation des innovations scientifiques, communication dans les médias et sur les réseaux à l’international
    • Une information synthétique rassemblée et clarifiée : l’avenir, les enjeux et les solutions • Une sensibilisation axée sur la jeunesse
    Un événement à forte résonance pour éveiller les consciences
    • Par l’impact de l’image artistique
    • Par des projections
    • Par le pouvoir du verbe : grands scientifiques, journalistes
    • Par la force de la présence : assemblées, colloques, soirées, spectacles • Par l’implication dans l’action : soutien à la recherche scientifique
    Un rendez-vous annuel pour faire vibrer notre dimension océanique et faire rayonner le sens de notre existence sur Terre
    • Avec une scénographie pour plonger au cœur de l’Océan. Exposition Photos au bord de mer de la ville de Deauville, prix de photojournalisme dont le thème en 2018 est l’Arctique.
    • Une conférence d’experts dédiée à la cause des océans
    • La projection d’un film sur l’Arctique
     
    Programme du 25 août à Deauville : 
     
    16h00
     
    Inauguration de l’exposition du Prix Carmignac du Photojournalisme en présence de :
    Sébastien Lecornu, Secrétaire d’état auprès du Ministre d’état, Ministre de la transition écologique et solidaire Ségolène Royal, Ambassadrice des Pôles, Présidente de la COP21 et présidente de Désirs d’Avenir pour la Planète Foundation Philippe Augier, Maire de Deauville, les représentants de la Fondation Carmignac, Gérard Mestrallet, Président de la Fondation Engie, les représentants de la Fondation Tara expéditions, les représentants du Groupe Barrière, les membres de l’association Time for the Ocean, Christophe Ono-Dit-Biot, Écrivain et journaliste, Yvon Le Maho, Membre de l’Académie des Sciences Tarek Atoui, Artiste et compositeur.
     
    16h30
     
    Accueil au Cinéma Barrière
     
    16h45
     
    Prise de parole : Philippe Augier, Maire de Deauville Marion Semblat, Présidente de Time for the Ocean Gérard Mestrallet, Président de la Fondation Engie Ségolène Royal, Ambassadrice des Pôles, Présidente de la COP21 et présidente de Désirs d’Avenir pour la Planète Foundation Sébastien Lecornu, Secrétaire d’état auprès du Ministre d’état, Ministre de la transition écologique et solidaire 17h15 Présentation par Tarek Atoui d'une sélection de sons enregistrés en Arctique
     
    17h30
     
    Projection du film " Voyage au cœur de la machine climatique "
     
    18h15
     
    Conférence " Voyage au cœur de l’Arctique " en présence de : Yvon Le Maho, Membre de l’Académie des Sciences Sébastien Lecornu, Secrétaire d’état auprès du Ministre d’état, Ministre de la transition écologique et solidaire Ségolène Royal, Ambassadrice des Pôles, Présidente de la COP21 et présidente de Désirs d’Avenir pour la Planète Foundation animée par Christophe Ono-Dit-Biot, Écrivain et journaliste
     
    Lien permanent Imprimer Pin it! 0 commentaire
  • Critique de L’ODYSSEE de Jérôme Salle

    odyssee.jpg

    De cette projection du film de Jérôme Salle, je suis sortie bouleversée et éblouie, bousculée aussi, avec l’envie de vous en parler immédiatement  afin de vous inciter à courir voir et vivre cette « Odyssée » avant que le film ne disparaisse des écrans même si je pense qu’il devrait rester assez longtemps à l’affiche (il le mérite en tout cas).

    Bien sûr, toute existence est intrinsèquement romanesque pour peu qu’on porte sur celle-ci un regard curieux et singulier mais certains rêvent et vivent avec une démesure telle que leurs vies sont des films en puissance, comme l’était celle de Jacques-Yves Cousteau. Sa longiligne et élégante silhouette surmontée d’un bonnet rouge, comme un personnage de fiction qu’il s’était créé, une esquisse immédiatement reconnaissable, a tellement accompagné mon enfance qu’il me semblait que, aujourd’hui encore, personne ne pouvait ignorer qui était ce personnage éminent du XXème siècle, pourtant le réalisateur  Jérôme Salle précise ainsi que « En discutant autour de moi, j’ai réalisé qu’il était en train de tomber complètement dans l’oubli pour les moins de 20 ans, voire les moins de 30 ans. J’ai donc commencé à regarder ce qui était écrit sur lui. »

     Ne vous fiez pas au pitch officiel qui ne vous donnera qu’un petit aperçu de toute la force et la richesse de ce film : « 1948. Jacques-Yves Cousteau (Lambert Wilson), sa femme, Simone (Audrey Tautou) et ses deux fils, vivent au paradis, dans une jolie maison surplombant la mer Méditerranée. Mais Cousteau ne rêve que d’aventure. Grâce à son invention, un scaphandre autonome qui permet de respirer sous l’eau, il a découvert un nouveau monde. Désormais, ce monde, il veut l’explorer. Et pour ça, il est prêt à tout sacrifier. »

    Dès les premiers plans, magnifiquement captivants, alors que, dans son hydravion en péril, un des fils du Commandant Cousteau, Philippe (Pierre Niney), survole l’étendue bleutée tout est dit : le destin tragique, la beauté à couper le souffle des étendues maritimes, le souffle épique transcendé par la poignante musique d’Alexandre Desplat. Ensuite flashback sur les années qui ont précédé… Et nous voilà déjà envoûtés, embarqués dans une une aventure fascinante de plus de deux heures, une plongée en apesanteur.

    Sont ainsi posées les bases de la construction scénaristique absolument parfaite de ce film qui, au lieu d’être l’hagiographie en laquelle il aurait pu se transformer, est à la fois un portrait passionnant d’un homme complexe, et de ses relations passionnelles à ses fils et à sa femme, mais aussi un hymne à la beauté étourdissante à la nature. Plutôt que d’écrire un biopic linéaire qui aurait été une glorification du héros Cousteau, Jérôme Salle et son coscénariste, Laurent Turner, ont eu la judicieuse idée d’ancrer leur scénario principalement autour de ses relations conflictuelles avec son fils Philippe, finalement le vrai héros du film, lumineux, impétueux, fougueux, ardent défenseur de la nature. Dès l’enfance, c’est le fils préféré, le plus téméraire,  celui auquel son père prête le plus d’attentions, celui à qui il donne ses lunettes d’aviateur, vestige d’une première vie. Scellant ainsi son destin tragique.

     Le scénario d’une efficacité redoutable en un seul plan parvient à faire passer une idée et une émotion : lorsque Philippe regarde les étoiles, réminiscence de ces instants d’enfance avec son père, lorsque Philippe regarde les déchets depuis le pont du bateau, hésite et finalement n’y jette pas son mégot de cigarette, début de sa conscience et de son engagement écologiques. C’est lui qui amènera ainsi son père à se préoccuper d’écologie, non sans batailler et se quereller. Cousteau était d’abord en effet un communicant, plus soucieux de son image que de la préservation de la nature. On apprend ainsi que le célèbre bonnet rouge était son idée pour qu’on reconnaisse les membres de la Calypso et parce que c’était « télégénique ». Il mettait en scène son équipage, sa famille, et même la nature (deux pauvres otaries en firent ainsi les frais). En toile de fond défile la vie riche et tumultueuse de Cousteau aux quatre coins de la planète : ses découvertes, sa palme d’or (en 1956  pour « Le monde du silence »), ses difficultés financières. En une image ou une phrase, un pan de sa vie est brillamment suggéré.

    Certains plans nous font littéralement éprouver cette sensation d’apesanteur qu’évoque Cousteau, nous procurant la vertigineuse sensation de voler sous l’eau. Sublimes sont les images de ces raies filmées en contre-plongée. Fascinante est  la majesté des léopards des mers. Et puis que dire du voyage en Antarctique « là où l’océan semble plus vaste que nulle part ailleurs ». Nous retenons notre souffle. Comme, aussi, lors de cette scène, haletante, où  Philippe se retrouve au milieu des requins, où sa fascination l’emporte sur la peur, comme une danse onirique et macabre. Comme une métaphore de ses relations à son père, aussi, entre conflit et admiration.

    Je m’insurge régulièrement contre ceux qui ne cessent de comparer le cinéma français et américain, toujours au détriment du premier. Et ce film plus qu’aucun autre prouve notre capacité à réaliser et produire des films ambitieux avec un rare sens du récit. Par ailleurs, tous les personnages existent  quand trop de scénarios délaissent les personnages secondaires, que ce soit Bébert ou Jean-Michel, l’autre fils, pourtant condamné à l’ombre.

    Cousteau n’apparaît pas en héros mais comme un homme dans toute sa complexité, pétri de contradictions, narcissique, séduisant et dur, s’enivrant autant de notoriété que de la beauté des océans, faisant même preuve d’inhumanité parfois, ne prenant ainsi pas la peine d’aller à l’enterrement de son père ou étant particulièrement exigeant avec ses fils sans compter que la fidélité n’était pas non plus sa qualité première. Les vrais héros ce sont finalement son fils Philippe et sa femme, Simone.  Pudique et gouailleuse, tendre et rebelle, blessée et fière, la charismatique Simone est incarnée par Audrey Tautou dont on se demande toujours comment une apparence si fragile peut dégager autant de force et qui nous fait aussi bien croire à l’insouciance de la jeunesse qu’à l’amertume de la femme âgée, trompée, mais malgré tout digne et dont on découvre ici le rôle capital dans l’achat et la rénovation de La Calypso où elle vivait. Ensuite, Pierre Niney (encore à l’affiche de « Frantz » de François Ozon, à voir également absolument, ma critique ici), incarne remarquablement Philippe, un personnage, grâce à l'écriture et son interprétation sensibles, dénué de manichéisme, constitué de forces et de fragilités, de fougue et de failles, combattant et blessé par l’indifférence d’un père qu’il admirait tant et à côté duquel il était bien souvent difficile d'exister. Ses scènes de colère, toujours d’une sidérante justesse, me font penser à celles qui ont (parmi tant d’autres facettes de son talent) immortalisé Jean Gabin et me font penser que comme lui, plusieurs carrières l’attendent. Les premières minutes du film confirment aussi qu’il a un Anglais parfait (comme dans « Altamira » de Hugh Hudson vu au dernier Festival du Film Britannique de Dinard dont je vous parlerai demain dans mon compte rendu du festival).  Lambert Wilson, sans singer le Commandant (même si, grâce à la mise en scène également, la ressemblance est parfois troublante et sa silhouette ressemble alors à s'y méprendre à celle de Cousteau), nous le rappelle par son élégance, son visage émacié, sa voix magnétique, sa détermination inébranlable et nous fait découvrir l’homme derrière l’image. La scène lors de laquelle ces deux caractères forts et orgueilleux se confrontent dans un restaurant aux Etats-Unis est d’une intensité rare et en procure encore plus à leurs retrouvailles (je ne vous en dis pas plus), pudiques et bouleversantes. Les scènes du début nous reviennent alors un mémoire comme un paradis perdu fait d’insouciance, de joie de vivre, de danse, au bord d’une Méditerranée, sorte d’Eden auquel ressemble d’ailleurs souvent l’enfance dans nos mémoires confrontées aux vicissitudes et tourments de l’existence qui lui succèdent.

    Tout le film, sans jamais être péremptoire ou didactique, résonne comme un avertissement (sur les assauts subis par la nature, les espèces de baleine disparues, les océans où « on ne pourra plus se baigner car seuls les bactéries et les virus résisteront à la pollution »),  mais cette résonance, cette alarme même, culmine dans les dernières minutes et c’est plus convaincant et bouleversant que n’importe quel discours lorsque Cousteau lui-même prend conscience de la nécessité d’agir et de préserver ce monde qui l’a tant fasciné, qu’il a aussi utilisé, l'amenant ainsi à fonder « La Cousteau Society ». «L’immensité, le silence, la pureté. J’ai découvert un nouveau monde puis j’ai voulu le montrer puis le conquérir alors qu’il fallait le protéger. »

    Après ce voyage dans un monde d’une beauté sidérante, d’une pureté irréelle, apprendre que le Moratoire qu’a fait signer Cousteau en 1991 pour protéger le continent blanc pendant 50 ans, non seulement a subi des tentatives de remise en cause mais en plus expirera (et alors qu’adviendra-t-il  quand les compagnies d’exploitation minière ne seront plus empêchées d’agir?), nous déchire le cœur.  Et plus encore de savoir que les seuls effets numériques sont ceux qu’a nécessité le tournage à Marseille pour ajouter des poissons disparus. On imagine alors aisément l’épique aventure qu’a dû être ce tournage pour toute son équipe, et le défi qu’a été ce film tourné dans des conditions réelles et parfois difficiles. Et on se demande vers quelle aventure peut se tourner ensuite Jérôme Salle dont chaque réalisation témoigne de son sens admirable du romanesque et du récit (« Anthony Zimmer » qu’il a réalisé en 2005 était déjà un modèle du genre). Il sait aussi indéniablement s’entourer. La photographie de Matias Boucard reflète parfaitement l’éblouissante majesté de la nature. La musique d’Alexandre Desplat procure un souffle et une émotion supplémentaires à l’ensemble et nous plonge d’emblée dans l’atmosphère hypnotique du film. Le montage judicieusement elliptique est d’une limpidité et d’une efficacité incontestables. Et quant aux acteurs, ils sont tous parfaitement à leur place du plus grand au plus petit rôle.

    Une leçon d’écriture scénaristique. Un film à l’image de celui dont il retrace la vie : complexe et élégant. Un coup de projecteur sur un homme et les dérives d’un siècle, époque narcissique, matérialiste, qui dévore tout, y compris ce qu’elle admire : «  L’homme a plus détruit la planète au 20ème siècle qu’au cours de tous les autres siècles réunis ».  Un hymne au monde du silence, à sa beauté époustouflante, à la vie aussi. Une épopée romanesque vibrante. Une belle histoire d’amour (entre un père et son fils, entre Jacques-Yves et Simone, entre l’homme et l’océan). Une valse étourdissante dont on ressort avec en tête des images et un message forts et cette phrase : « Nous sommes là le temps d’un battement de cils à l’échelle de l’univers alors profitez-en, c’est la vie qui est plus forte que tout ». Plus qu’un film, une aventure, un voyage, une bouffée de romanesque et de sublime, une croyance dans les rêves et en l’utopie.  Je vous mets au défi de regarder la bande-annonce sans frissonner… Le film est à son image. Alors, qu’attendez-vous pour vivre cette bouleversante et éblouissante aventure à votre tour ?

  • « Home » de Yann Arthus-Bertrand : des vérités qui dérangent ?

    home1.jpg

    Impossible de passer à côté de « Home », le plaidoyer pour la sauvegarde de la planète de Yann Arthus-Bertrand disponible depuis aujourd’hui, à l’occasion de la journée de l’environnement, et pour 10 jours sur youtube, ici, projeté dans 184 salles en France et aussi dans 130 pays, diffusé sur France 2 ce soir à 20H35 (diffusion suivie d’un débat intitulé « Comment sauver la planète », présenté par Yves Calvi, avec notamment Yann Arthus-Bertrand, Maud Fontenoy…) sans compter la projection géante ce soir sur le Champ de Mars à partir de 22H et la sortie en DVD. C’est donc at « home » que j’ai décidé de regarder le film éponyme.

     

    Ce qui m'a d'abord interloquée, ce sont les noms des marques qui apparaissent en guise de générique puis le ton de la voix off à la fois familière et pédagogique, lente et emphatique qui débute par un très grandiloquent «  Toi homo-sapiens, homme qui pense ». Cela commence comme une fable que l’on raconterait pour assagir des enfants indisciplinés, les habitants de cette gigantesque maison sans frontières que représente la terre.

     

    Puis, évidemment on ne peut rester insensibles devant ces étendues gigantesques et époustouflantes, ces images aériennes, spectaculaires, d’une beauté à couper le  souffle ou parfois d’une terrifiante beauté, qui font parfois ressembler ces images pourtant réelles à une peinture abstraite dont le mélange subtil des couleurs, l’assemblage des formes, la juxtaposition des matières leur feraient atteindre la perfection. En remontant aux origines de la terre, en traversant la planète, grâce à des images filmées dans 54 pays, nous voyageons à travers la terre vue du ciel, chaque image nous faisant prendre conscience de sa beauté infinie, de  sa richesse, de sa diversité, de ses disparités criantes. Aussi. Surtout.

    home3.jpg
    home4.jpg

     

    On ne peut non plus rester insensibles devant cet hymne à la terre qui nous explique qu’en 200 000 ans d'existence, l'Homme a rompu un équilibre fait de près de 4 milliards d'années d'évolution. On ne peut rester insensibles devant la fragilité et la subtilité de cet équilibre qui se rompt. On ne peut rester insensibles devant ces tours insolentes et dévastatrices qui conquièrent le ciel de Shanghai : 3000 tours érigées en 20 ans. On ne peut rester insensibles devant ces villes tentaculaires qui se gorgent d’eau face à ces étendues asséchées, dans d’autres endroits de la planète, où elle est une quête quotidienne et vitale (500 millions d’Hommes habitent ainsi des contrées désertiques !). On ne peut rester insensibles devant cette sidérante standardisation, jusqu’aux pavillons de Pékin qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de Palm Springs. On ne peut rester insensibles devant la construction à outrance,  la monstruosité bétonnée, vulgaire et sophistiquée de Dubaï qui contraste tellement avec l'image sublimement   simple et rare qui lui succède, celle d’une baleine qui nage dans la mer. Ni devant ces fleuves qui n’atteignent plus la mer. Ni devant ces mégapoles comme Lagos qui croissent à une vitesse spectaculairement inquiétante. L’exemple de l’île de Pâques où la civilisation n’a  pas survécu après avoir été exploitée jusqu’au bout, autrefois une des plus brillantes, est également très parlant.  Certains chiffres dont il use et abuse ne peuvent non plus laisser indifférents comme la banquise du pôle nord qui a perdu 30% de sa surface en 30 ans, comme les 80% des glaces du Kilimandjaro  qui ont disparu, ou ces 20% des Hommes qui consomment 80% des ressources de la planète.

     

    home7.jpg
    home8.jpg

     

    Yann Arthus- Bertrand, parfois avec un peu trop de manichéisme, s’inscrit donc dans un débat philosophique de longue date opposant la culture dévastatrice à la nature bienveillante, avec une musique angoissante lorsque sont montrées des mégalopoles ou une musique lénifiante et rassurante quand ce sont des paysages vierges de toute habitation ou du moins de toute modernité.

     

     Alors évidemment je ne vais pas tomber dans le travers cynique à la mode qui consiste à voir derrière chaque bonne action un intérêt fallacieux ou une mauvaise intention. C’est vrai que c’est finalement plus facile de ne rien faire, de ne rien dire. Et rien que l’initiative déjà est louable et nécessaire. Mais tout de même quelques aspects m’ont dérangée…

     

     D’abord les noms des marques partenaires (au début et à la fin) quand, dans le même temps, il dénonce « la croissance qui exige toujours plus de combustible » , certaines d’entre elles étant par ailleurs des marques de cosmétiques alors que dans le documentaire même il nous interpelle sur les demandes croissantes en cosmétiques et leurs conséquences écologiques désastreuses !  Ne démontre-t-il pas là malgré lui les limites de son manichéisme?

     

    Ensuite, la date de diffusion, dont je suppose qu’elle est indépendante des souhaits du réalisateur, à la veille des élections européennes, me semble  avoir un côté opportuniste alors que justement il aurait été passionnant et plus constructif qu’elle donne lieu à un débat entre les différents partis  et candidats,  ce qui aurait peut-être épargné celui, affligeant d’hier soir  (l’Europe mérite mieux que ça non ?).

     

    Peut-être aussi les accusations sont-elles trop tournées vers l’industrie pétrochimique, oubliant le nucléaire, oubliant (ou le feignant, sans doute pour des raisons légitimes de faisabilité du projet) les responsabilités de certains Etats.

    home6.jpg

     

    En revanche, je ne lui reprocherai pas l’utilisation de l’hélicoptère qui a fait l’objet de commentaires, d'abord, parce que, comme dirait Machiavel « la fin justifie les moyens »,(même si le réalisateur récuserait cette justification, ou alors il serait en contradiction avec son propos) et ensuite parce que toutes les émissions de gaz carbonique engendrées par le film sont calculées et compensées par des sommes d’argent qui servent à donner de l’énergie propre à ceux qui n’en ont pas. Les bénéfices du film iront ainsi à l'ONG de Yann Arthus-Bertrand, GoodPlanet , et la pollution générée par le tournage sera « compensée carbone “.

     

    Si vraiment je voulais chipoter je vous parlerais d’une faute de français que je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer, un peu dérangeante néanmoins quand tout se veut aussi lisse… (« les éléments sur lequel il repose sont perturbés » au lieu de lesquels).

     

    Et puis je me suis aussi souvenue de la condamnation du producteur du film en question à démolir une partie de sa propriété dans le Var construite illégalement et de ça (la marque étant une de celles citées)…, sans vouloir stigmatiser qui que ce soit mais simplement pour dire que rien n'est aussi simple, voire simpliste...

     

    De plus, les vérités sont assénées, c’est vrai révoltantes, sans peut-être la révolte qui s’impose même si, sans doute, la réalisation du projet, les autorisations qu’il impliquait et sa large diffusion ont forcément imposé des concessions, et une certaine sagesse diplomatique.

     

     Je suis cependant mille fois plus sensible à un projet comme celui-ci ("Women are heroes" de JR) dont je vous ai parlé lors de ma rencontre avec sa productrice au Festival de Cannes et dont je vous reparlerai. Les moyens déployés ici, le ton parfois à la limite du blockbuster avec musique et catastrophisme de rigueur me paraissant finalement en contradiction avec le sujet.

     

    A trop survoler le problème (dans tous les sens du terme), peut-être ne fait-on finalement  aussi que le surplomber sans vraiment lui donner un visage humain, aussi imparfait soit-il (et finalement le documentaire de Davis Guggenheim « Un vérité qui dérange » avec toutes ses imperfections étaient peut-être plus parlant).

     

    Le côté anxiogène est heureusement compensé par l’éveil  actuel des consciences qu’il met en avant à la fin du documentaire tout en mettant l'accent sur la nécessité d’agir face à cette emprise croissante de l’Homme sur l’environnement.

     

    Au final un documentaire visuellement époustouflant, pédagogique mais qui est loin d’être exempt de contradictions, prouvant qu’il serait simpliste d’opposer simplement nature et culture, mais qui aura le mérite, et non des moindres (!), -espérons-le- d'éveiller ou de réveiller les consciences, individuelles, politiques, étatiques. A vous de juger …