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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 267

  • Liam Neeson et John Williams au Festival de Deauville 2012 - Critique de "La Liste de Schindler" de Steven Spielberg

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    A l’occasion de l’hommage que le 38ème Festival du Cinéma Américain de Deauville rendra au comédien Liam Neeson (qui viendra présenter « Taken 2 » en avant-première et qui sera aussi à Paris pour inaugurer la Cité du cinéma de Luc Besson, de même que Salma Hayek à qui le festival rendra également hommage) mais aussi au compositeur John Williams (avec un concert des musiques de ses films au Casino de Deauville, le 8 septembre à 17H), je vous propose un gros plan sur un film (et non des moindres !) qui les a réunis : « La Liste de Schindler » de Steven Spielberg.

    Avant que Spielberg ne réalise « La liste de Schindler », long aura été le parcours pour aboutir à ce film. Un premier projet de film avait ainsi tout d’abord échoué. C’est Poldek Pfefferberg, un des 1100 Juifs sauvés par Oskar Schindler, qui devait raconter la vie de ce dernier. Un film sur Schindler basé sur ce récit devait même être tourné avec la Metro Goldwyn Mayer en 1963. Presque 20 ans plus tard, en 1982, l'écrivain Thomas Keneally écrivit le livre « La Liste de Schindler » après avoir rencontré Pfefferberg. C’est ce livre qui servira de base au film éponyme de Spielberg. Universal Pictures en acheta les droits. Spielberg rencontra Pfefferberg et voulut d’abord confier la réalisation du film à Roman Polanski qui refusa puis à Scorsese qui refusa à son tour. C’est ainsi que Spielberg décida de le réaliser en raison, notamment, du génocide en Bosnie : « La principale raison pour laquelle j'ai tenu à réaliser ce film sans plus tarder, c'est que la purification ethnique qui sévit en Bosnie me persuade de plus en plus de la ressemblance terrifiante de notre époque avec celle où se déroula la Shoah. Je n'avais jamais, dans aucun de mes films, décrit la réalité. Je consacrais toute mon énergie à créer des mondes imaginaires. Je crois que si j'avais inversé mon plan de travail et tourné en premier « La Liste de Schindler », je n'aurais jamais éprouvé le moindre désir de réaliser, ensuite, un film sur les dinosaures. » Spielberg ne demanda pas de salaire pour ce film, ce qui aurait été pour lui « l’argent du sang ».

    Suite au succès remporté par le film, Spielberg créa « la Fondation de l'Histoire Visuelle des Survivants de la Shoah », une organisation à but non lucratif qui rassemble des archives de témoignages filmés des survivants de l'Holocauste. L’argent récolté lui a également permis de produire des documentaires sur la Shoah pour la télévision comme « Anne Franck remembered » (1995), « The lost children of Berlin » (1996) « The Last days » (1998).

    Le film a été tourné entre mars et mai 1993, en soixante-douze jours, essentiellement dans le quartier de Kazimierz à Cracovie.

    C’est le 30 novembre 1993 que « La liste de Schindler » sortit en salles, soit trente ans après le premier projet de film sur Oskar Schindler. Cela valait la peine d’attendre. Un sujet comme celui-ci nécessitait talent, maturité, sensibilité, sobriété et travail de documentation. A chaque film sur l’Holocauste revient la même question : peut-on et doit-on faire une fiction d’une atroce réalité qui la dépasse ? Doit-on, pour transmettre l’Histoire, tenter de raconter l’indicible, forcément intransmissible ? Spielberg est-il parvenu à lever toutes les réticences ? Claude Lanzmann écrivit ainsi : « L'Holocauste est d'abord unique en ceci qu'il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu'un certain absolu de l'horreur est intransmissible : prétendre pourtant le faire, c'est se rendre coupable de la transgression la plus grave. »

    Synopsis : Oskar Schindler (Liam Neeson) est un industriel allemand, membre du parti nazi. Bon vivant, profiteur, époux infidèle, il ne semble avoir qu’une obsession : faire du profit, et faire retentir son nom. Tandis que les Juifs sont regroupés et enfermés dans des ghettos, il réussit à obtenir les capitaux nécessaires (provenant de la communauté juive) pour racheter une fabrique de casseroles. Il emploie une main d'œuvre juive bon marché dans son usine, afin de la faire prospérer, apparemment indifférent à l’horreur qui se déroule en dehors de son usine. Il faudra la liquidation du Ghetto de Cracovie, en mars 1943, sous les ordres du commandant SS Amon Göth (Ralph Fiennes) pour qu’il prenne conscience de l’ineffable horreur nazie…

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    La première scène nous montre Schindler s’habillant méthodiquement, soigneusement, choisissant cravate, boutons de manchette, et épinglant sa croix gammée. Le tout avec la dextérité d’un magicien. Nous n’avons pas encore vu son visage. De dos, nous le voyons entrer dans une boite de nuit où se trouvent des officiers nazis et des femmes festoyant allègrement. Il est filmé en légère contre-plongée, puis derrière les barreaux d’une fenêtre, puis souriant à des femmes, puis observant des officiers nazis avec un regard mi-carnassier, mi-amusé, ou peut-être condescendant. Assis seul à sa table, il semble juger, jauger, dominer la situation. Sa main tend un billet avec une désinvolte arrogance. Son ordre est immédiatement exécuté. Son regard est incisif et nous ignorons s’il approuve ou condamne. Il n’hésite pas à inviter les officiers nazis à sa table, mais visiblement dans le seul but de charmer la femme à la table de l’un d’entre eux. Cette longue scène d’introduction sur la musique terriblement joyeuse (« Por una cabeza » de Gardel), et d’autant plus horrible et indécente mise en parallèle avec les images suivantes montrant et exacerbant même l’horreur qui se joue à l’extérieur, révèle tout le génie de conteur de Spielberg. En une scène, il révèle tous les paradoxes du personnage, toute l’horreur de la situation. L’ambigüité du personnage est posée, sa frivolité aussi, son tour de passe-passe annoncé.

    Un peu plus tard, Schindler n’hésitera pas à occuper l’appartement dont les occupants ont dû rejoindre le Ghetto. Il faudra que de son piédestal -des hauteurs du Ghetto, parti en promenade à cheval avec une de ses maîtresses- il observe, impuissant, le massacre du Ghetto de Cracovie. Il faudra que son regard soit happé par le manteau rouge d’une petite fille (Spielberg recourt à la couleur comme il le fera à cinq autres occasions dans le film) perdue, tentant d’échapper au massacre (vainement, comme nous le découvrirons plus tard) pour qu’il prenne conscience de son identité, de l’individualité de ces juifs qui n’étaient alors pour lui qu’une main d’œuvre bon marché. Créer cette liste sera aussi une manière de reconnaître cette individualité, de reconnaître qu’à chaque nom correspond une vie sauvée. Sans doute la démarche d’une jeune femme qui lui demande plus tard de faire venir ses parents détenus à Plaszow parce qu’elle a eu écho de sa bonté, qu’il renvoie menaçant de la livrer à la Gestapo tout en lui donnant gain de cause, l’aura-t-elle incité à devenir celui pour qui on le prenait déjà, cet « homme bon », à faire retentir son nom, mais d’une autre manière (là encore, le paradoxe d’Oskar Schindler, il ne recevra pas la jeune femme la première fois, non maquillée et pauvrement vêtue mais seulement lorsqu’elle reviendra maquillée et avec d’autres vêtements). A partir de ce moment, il tentera alors avec son comptable Itzhak Stern (Ben Kingsley), de sauver le plus de vies possibles.

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    La scène précitée du massacre qu’observe Schindler est aussi nécessaire qu’insoutenable (une quinzaine de minutes) entre les exécutions, les médecins et infirmières obligés d’empoisonner les malades dans les hôpitaux pour leur éviter d’être exécutés, les enfants qui fuient et se cachent dans des endroits tristement improbables, l’impression d’horreur absolue, innommable, de piège inextricable, suffocant. La scène est filmée caméra à l’épaule (comme 40% du film) comme si un reporter parcourait ce dédale de l’horreur et, comme dans tout le film, Spielberg n’en rajoute pas, filme avec sobriété cette réalité reconstituée qui dépasse les scénarii imaginaires les plus effroyables. Des valises qui jonchent le sol, un amas de dents, de vêtements, une fumée qui s’échappe et des cendres qui retombent suffisent à nous faire comprendre l’incompréhensible ignominie. Les échanges, implicites, entre Schindler et le comptable Stern sont aussi particulièrement subtils, d'un homme qui domine l'autre , au début, à la scène deux hommes qui trinquent sans que jamais l'horrible réalité ne soit formulée.

    Le scénario sans concessions au pathos de Steven Zaillian, la photographie entre expressionnisme et néoréalisme de Janusz Kaminski (splendides plans de Schindler partiellement dans la pénombre qui reflètent les paradoxes du personnage), l’interprétation de Liam Neeson, passionnant personnage, paradoxal, ambigu et humain à souhait, et face à lui, la folie de celui de Ralph Fiennes, la virtuosité et la précision de la mise en scène (qui ne cherche néanmoins jamais à éblouir mais dont la sobriété et la simplicité suffisent à retranscrire l’horrible réalité), la musique poignante de Johns Williams, et le message d’espoir malgré toute l’horreur en font un film poignant et magistral.

    « La liste de Schindler » a d’ailleurs reçu douze nominations aux Oscars en 1994 et en a remporté sept dont ceux du meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleure direction artistique, meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleure photographie et meilleure musique. Liam Neeson et Ralph Fiennes ont évidemment été tous deux nommés pour l'Oscar du meilleur acteur, pour le premier, et celui du meilleur second rôle masculin, pour le second, mais ce sont Tom Hanks, pour « Philadelphia », et Tommy Lee Jones, pour « Le Fugitif » qui les ont obtenus.

    Alors, pour répondre à la question initiale, oui, il faut et il fallait faire un film sur ce sujet car certes « un certain absolu de l’horreur est intransmissible », forcément, mais cela n’empêche pas d’essayer de raconter, de transmettre pour que justement cet absolu de l’horreur ne se reproduise plus. Ce film permet à ceux qui ont regardé avec des yeux d’enfants éblouis les autres films de Spielberg, d’appréhender une horreur que leurs yeux n’auraient peut-être pas rencontrée autrement, trop imperméables à des films comme « Nuit et brouillard » ou « Shoah ».

    Comme l’avait fait Benigni avec « La vie est belle » là aussi fortement contesté (retrouvez ma critique de « La vie est belle » en cliquant ici et celle de « Monsieur Klein » de Losey en cliquant là, deux films indispensables, revoyez également « Le Pianiste » de Polanski), Spielberg a choisi la fiction, mais n’a surtout pas occulté la réalité, il l’a simplement rendue visible sans pour autant la rendre acceptable. Une scène en particulier a pourtant suscité une relative controverse, celle lors de laquelle des femmes sont envoyées dans une « douche » à Auschwitz-Birkenau, ignorant si en sortira un gaz mortel. Quand la lumière s'éteint, c’est aussi la certitude du spectateur avant que l’eau ne jaillisse. Scène terrible et par laquelle Spielberg n’a en aucun cas voulu faire preuve d’un suspense malsain mais a brillamment montré quel pitoyable pouvoir sur les vies (parallèle avec le passionnant dialogue sur le pouvoir entre Schindler et Göth) détenait les tortionnaires des camps qui, d’un geste à la fois simple et horrible, pouvaient les épargner ou les condamner.

    « La liste de Schindler » est un film nécessaire et indispensable. Par le prisme du regard d’un homme avec tout ce que cela implique de contradictions (au sujet duquel le film a l’intelligence de ne jamais lever tout à fait le mystère) qui, d’indifférent devint un « Juste » et sauva 1100 juifs, il nous fait brillamment appréhender l’indicible horreur et montre aussi que des pires atrocités de l’humanité peuvent naitre l’espoir. Quand un sondage sidérant, à l’occasion de la commémoration des 70 ans de la Rafle du Vel d’Hiv, vient de révéler que 57% des 25-34 ans, 67% des 15-17 ans, ignorent tout de la Rafle du Vel d’Hiv (42% tous âges confondus) et (comment est-ce possible ?!) des films comme celui-ci continueront d’avoir leur raison d’être. C'est aussi un film sur le pouvoir, celui, pathétique et exécrable, de ceux qui en abusent ou de celui qui le détourne à bon escient, celui du cinéma, instrument du devoir de mémoire.

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    Un film dont vous ressortirez abattus, en colère, bouleversés mais aussi avec le sentiment que le pire peut transformer un homme et faire naitre l’espoir en l’être humain malgré les ignominies dont il peut se rendre capable ; et avec des images, nombreuses, à jamais gravées dans vos mémoires parmi lesquelles celle d’un manteau rouge, lueur tragique et innocente au milieu de l’horreur ou celle de la fin, ces pierres posées sur une tombe par des rescapés et acteurs pour remercier un homme pour toutes les vies qu’il aura sauvés et pour celles, qui grâce à sa liste, à ces noms et identités écrits et affirmés, auront pu voir le jour.

  • Le film du mois (voire de l'année) : Critique de "A perdre la raison" de Joachim Lafosse (en salles ce 22 août)

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    photos ci-dessus: Présentation du Film par l’équipe à Cannes

    Présenté au Festival de Cannes 2012 dans la sélection Un Certain Regard dans le cadre de laquelle je l’ai découvert, puis en avant-première au Festival Paris Cinéma où je l’ai revu (avec la même émotion), « A perdre la raison » est un des grands chocs cinématographiques de cette année 2012, et même sans doute le seul film de cette année auquel sied le substantif « choc ». Peut-être équivalent à celui éprouvé à la fin de « Melancholia « , l’année précédente. C’est dire ! Même si le film de Joachim Lafosse ne va pas jusqu’à relever de l’expérience comme celui de Lars Von Trier, il vous laisse avec une émotion dévastatrice et brutale, une réflexion aussi, qui vont bien au-delà de la salle de cinéma.

    Murielle (Emilie Dequenne) et Mounir (Tahar Rahim) s’aiment passionnément. Elle est belle, féminine, joyeuse, lumineuse. Il est incontestablement charmant. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget (Niels Arestrup), qui lui assure une vie matérielle aisée après s’être marié avec la sœur marocaine de celui-ci, pour lui permettre d’avoir des papiers. Murielle et Mounir décident de se marier. D’abord, réticent, le Docteur accueille la jeune femme chez lui. Le jeune couple n’en déménagera jamais, pas plus à la suite des 4 grossesses de la jeune femme. Une dépendance s’installe. Le climat affectif devient irrespirable. L’issue tragique est alors inéluctable…

    Joachim Lafosse ne laisse d’ailleurs planer aucun doute sur celle-ci. Dès les premiers plans, Murielle est à l’hôpital et demande à ce qu’ils soient « enterrés au Maroc ». Puis, 4 petits cercueils descendent d’un avion sur le territoire marocain. Entre ces deux plans, Mounir et le Docteur Pinget s’étreignent chaleureusement. La succession de ces trois scènes est d’autant plus cruelle, terrible et bouleversante, a posteriori.

    Le film, lui aussi, vous étreint dès ces premiers plans pour ne plus vous lâcher, pourtant Joachim Lafosse ne recourt à aucune facilité pour cela : aucun sensationnalisme, pas plus qu’une photographie sombre annonciatrice du drame à venir. Non, il a eu l’intelligence de recourir à une mise en scène sobre, baignée d’une lumière crue, parfois éblouissante, qui rend d’autant plus terrible la noirceur dans laquelle se retrouve plongée Murielle, et celle du geste qu’elle accomplira. Seul le cadre légèrement chancelant (avec ces plans de portes en amorce, comme si quelqu’un, constamment, dominait, surveillait, instillant une impression malsaine mais impalpable), les gros plans qui enserrent les personnages, les plans séquences qui suggèrent le temps qui s’étire, et quelques plans significatifs comme celui de Murielle en Djellaba, hagarde, à l’extérieur mais filmée derrière une fenêtre à barreaux, laissent entendre qu’elle est emmurée, oppressée, que l’étau se resserre.

    Il en fallait du talent, de la délicatesse, pour réussir un film, sur un tel sujet, rendre envisageable l’impensable, sans doute le crime le plus terrible qui soit : l’infanticide. Nous faire comprendre comment cette femme va perdre sa liberté, une raison d’être, et la raison. Du talent dans l’écriture d’abord : le scénario de Joachim Lafosse, Matthieu Reynaert et Thomas Bidegain qui avait nécessité 2 ans et demi d’écriture pour adapter très librement ce fait divers survenu en Belgique en 2007, l’affaire Geneviève Lhermitte, est particulièrement habile, maniant les ellipses et se centrant sur ses trois personnages principaux, aussi passionnants que, chacun à leur manière, terrifiants. Les dialogues sont concis et précis, comme les phrases assénées par Pinget à Murielle qui peuvent sembler tendrement réprobatrices ou terriblement injustes et cruelles selon la perception de la jeune femme. Tout est question de point de vue, de perception, et la nôtre est subtilement amenée à être celle de Murielle, ce qui rend la scène finale (judicieusement hors-champ) d’autant plus brutale. Dans la réalisation évidemment, évoquée précédemment. Dans le choix de la musique qui intervient à chaque transgression.

    Dans l’interprétation enfin. Et quelle(s) interprétation(s) ! D’abord, le duo Arestrup- Rahim reformé trois ans après un « Prophète », et leurs prix d’interprétation respectifs. Niels Arestrup est parfait en père de substitution à la présence envahissante, à la générosité encombrante, d’une perversité insidieuse, sachant obtenir tout ce qu’il veut, comme un enfant capricieux et colérique.

    Face à lui, Tahar Rahim prouve une nouvelle fois que ses deux prix aux César (meilleur acteur, meilleur espoir) n’étaient nullement usurpés, toujours ici d’une justesse remarquable; il prouve aussi une nouvelle fois l’intelligence de ses choix artistiques. D’abord charmant, puis irascible, un peu lâche, velléitaire, sans être vraiment antipathique, il est lui aussi emmuré dans la protection et le paternalisme ambigu de Pinget, ne voyant pas ou préférant ne pas voir la détresse dans laquelle s’enferme sa femme. (cf aussi ma critique de « Or noir » et celle du film « Les hommes libres »).

    Que dire d’Emilie Dequenne ? Elle est sidérante, époustouflante, bouleversante en Médée moderne. Il faudrait inventer des adjectifs pour faire l’éloge de sa prestation. D’abord si lumineuse, elle se rembrunit, s’enlaidit, s’assombrit, se renferme sur elle-même pour plonger dans la folie. Ce n’est pas seulement une affaire de maquillage comme cette scène où elle est à un spectacle de sa fille, outrageusement maquillée, et où ses réactions sont excessives. Non, tout en elle incarne sa désincarnation progressive, cette raison qui s’égare : sa démarche qui en devient presque fantomatique, son regard hagard, ses gestes hâtifs ou au contraire si lents, en tout cas désordonnés. Elle parvient à nous faire croire à l’incroyable, l’impensable ; comment ce personnage lumineux peut s’aliéner et accomplir un acte aussi obscur. Et puis il y a cette scène dont tout le monde vous parlera, mais comment ne pas en parler, tant elle y est saisissante d’émotion : ce plan-séquence où elle chante et pleure en silence, dans sa voiture sur la musique de Julien Clerc. Elle a reçu le prix d’interprétation Un Certain Regard pour ce film. Gageons que ce ne sera pas le dernier.

    Lafosse dissèque les rapports de pouvoir entre ces trois êtres, fascinants et terrifiants, métaphore d’un colonialisme dont l’aide est encombrante, oppressante, rendant impossible l’émancipation. La famille devient un Etat dictatorial si bien que le Maroc dont ont voulu absolument fuir Mounir et sa famille apparaît comme le paradis pour Murielle, et ressemble à un Eden onirique dans la perception qui nous est donnée, la sienne. Il y a un soupçon de Dardenne dans cette empathie pour les personnages dont Lafosse tente de comprendre et d’expliquer tous les actes, même les inexplicables, même le pire, même l’ignominie. Du Chabrol aussi dans cette plongée dans les travers de la bourgeoisie, ses perversions, sa fausse affabilité. Et même du Clouzot dans ce diabolisme insidieux. Mais surtout une singularité qui fait que Joachim Lafosse, aucunement moralisateur, est un vrai cinéaste avec son univers et son point de vue propres.

    Si vous ne deviez voir que trois films cette année, celui-ci devrait sans aucun doute en faire partie. Bouleversant, il vous hantera et questionnera longtemps après cette plongée étouffante, palpitante et brillante dans cette cellule familiale (la bien nommée) et dans la complexité des tourments de l’âme humaine et vous laissera avec le choc de ce dénouement annoncé mais non moins terrassant.

    Sortie en salles en France : le 22 août 2012

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2011/2012 Pin it! 4 commentaires
  • Programme complet ( et complété) du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012

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    dididi.jpgS’il y a bien un rendez-vous incontournable pour moi chaque année, c’est celui-ci : ce Festival du Cinéma Américain de Deauville qui a exacerbé ma passion pour le cinéma, l’a transformée en doux mal incurable, il y a tant d’années déjà (je préfère ne plus les compter). Je l’ai expérimenté (et savouré) d’une multitude de manières, adolescente comme simple public d’abord (peu importaient les files d’attente –jusqu’à 5h !- ce fut l’occasion de créer des amitiés cinéphiles) mais aussi, comme jurée cinéphile (il y a 12 ans déjà !), accréditée public, vip, presse (peu importe d’ailleurs, quel que soit le statut, le festival est très accessible et permet une vraie immersion cinématographique)…mais toujours et depuis la première fois en restant tout le festival pour en avoir une vue aussi exhaustive que possible.

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    Chaque fois, ce furent de belles découvertes cinématographiques (quelle bonne idée que d’avoir institué la compétition de films indépendants en 1995, l’occasion de découvrir tant de pépites que je vous fais chaque année partager ici), de passer des films indépendants aux derniers blockbusters, de voir des monstres sacrés du cinéma américain (dont certains sont les responsables non coupables des prémisses de ma passion pour le cinéma comme Kirk Douglas ou Lauren Bacall), d’apprendre et de s’enrichir avec les master class, et puis de rêvasser en arpentant les planches dont la mélancolie joyeuse et envoûtante ne me lasse jamais. Et s’il est de bon ton d’être blasée, je revendique d’y aller chaque année, avec la même curiosité et le même enthousiasme, cette année plus que jamais.

    Il y a eu des éditions plus ou moins calmes. Quoiqu’il en soit, le Festival est toujours et plus que jamais la vitrine du cinéma indépendant américain, même si certains furent déçus de découvrir moins d’avant-premières et d’hommages prestigieux, ces 4 dernières années. Annonçons-le d’emblée : cette programmation 2012 devrait ravir tout le monde, les cinéphiles comme les simples amateurs de cinéma de pur divertissement, ceux qui veulent voir des stars et ceux qui veulent découvrir les dernières pépites du cinéma indépendant américain. Ce programme est le meilleur depuis plusieurs années et allie et concilie judicieusement films indépendants alléchants, avant-premières de grosses productions très attendues, hommages variés et prestigieux, sans oublier un jury éclectique, glamour et cinéphile.

    Vous retrouverez ci-dessous le programme, particulièrement riche et diversifié, dans ses grandes lignes, ainsi que de nombreuses informations pratiques. Je vous détaillerai le programme régulièrement sur mon blog consacré au festival http://www.inthemoodfordeauville.com , comme chaque année. Vous pouvez également, en attendant, retrouver mon bilan complet du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011, en cliquant ici, vous y retrouverez notamment ce petit moment de magie qui caractérise les festivals, totalement imprévisible, grâce à Tony Kaye et sa guitare… Et, enfin, avant de vous livrer le programme 2012, je vous renvoie vers mes critiques de classiques du cinéma américain actuellement à l’honneur à l’occasion de ce Festival de Deauville : "Sur la route de Madison", « Johnny Guitar« , « La Comtesse aux pieds nus« , « Casablanca« , « Gatsby le magnifique, « La Fièvre dans le sang ».

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    LES MEMBRES DES 2 JURYS

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    Nous savions déjà que le jury longs-métrages serait présidé par la comédienne et désormais réalisatrice SANDRINE BONNAIRE (Et quelle réalisatrice ! Je ne saurai trop vous recommander son documentaire « Elle s’appelle Sabine » mais aussi son premier long-métrage de fiction « J’enrage de son absence », un film bouleversant entre drame familial et thriller qui met des images sur la douleur indicible de l’absence filmée avec une rage à la fois douce et âpre, un film dont vous pouvez retrouver ma critique ici) et que le jury Révélation Cartier serait présidé par FREDERIC BEIGBEDER (journaliste, écrivain, réalisateur, publicitaire…et cinéphile, chaque année par ailleurs membre du jury du prix littéraire du festival).

    Aux côtés de Sandrine Bonnaire, dans le jury longs-métrages, nous retrouverons :

    SAMI BOUAJILA – Comédien

    CLOTILDE COURAU – Comédienne

    PHILIPPE DECOUFLÉ – Danseur, chorégraphe, metteur en scène, directeur artistique et réalisateur

    ANAÏS DEMOUSTIER – Comédienne

    CHRISTOPHE HONORÉ – Réalisateur, scénariste, metteur en scène et écrivain

    JOANN SFAR – Réalisateur et dessinateur de bandes dessinées (Cliquez ici pour lire ma critique de « Gainsbourg, vie héroïque », un film que je vous recommande vivement)

    FLORENT EMILIO SIRI – Réalisateur et scénariste (Cliquez ici pour lire ma critique de « Cloclo » réalisé par ce dernier)

    ALICE TAGLIONI – Comédienne

    Concernant le jury Révélation Cartier, Frédéric Beigbeder sera entouré de :

    Astrid BERGÈS-FRISBEY –Comédienne

    Mélanie BERNIER – Comédienne

    Ana GIRARDOT – Comédienne

    Félix MOATI - Comédien

    HOMMAGES ET RECOMPENSES

    C’est ce qui, au départ, a contribué à la renommée du Festival du Cinéma Américain de Deauville, ces hommages à des grands du 7ème art américain dont les noms sont désormais immortalisés sur les planches. Certains furent plus mémorables que d’autres mais ce sont toujours des moments émouvants, l’occasion aussi de retracer des carrières plus ou moins longues, et désormais aussi de mettre en lumière de jeunes talents avec « le Nouvel Hollywood » institué l’an passé. Après Ryan Gosling et Jessica Chastain, l’an dernier, la récompense 2012 sera attribuée à l’acteur PAUL DANO, en sa présence. Il sera aussi à Deauville pour le film « Elle s’appelle Ruby » dont je vous parle plus bas.

    Le festival pouvait difficilement faire mieux et plus diversifié en matière d’hommages cette année puisqu’il rendra également hommage au comédien LIAM NEESON (en sa présence, à cette occasion retrouvez ici bientôt ma critique de « La Liste de Schindler ») renouant avec les hommages de stars américaines sans compter qu’une autre star du cinéma américain, le comédien HARVEY KEITEL sera également à l’honneur (en sa présence) ainsi que la comédienne SALMA HAYEK, les cinéastes WILLIAM FRIEDKIN et MELVIN VAN PEEBLES, le compositeur JOHN WILLIAMS (toujours en sa présence). Parmi ses dernières compositions « Cheval de guerre » de Spielberg dont vous pouvez retrouver ma critique, ici.

    A l'occasion des hommages que le festival rendra à John Williams et Liam Neeson, je vous propose de retrouver la critique du film qui les a réunis: "La Liste de Schindler" de Steven Spielberg" en cliquant ici.

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    Le PRIX MICHEL D’ORNANO sera cette année attribué à « RENGAINE », un film écrit et réalisé par Rachid Djaïdani.

    Le PRIX LITTERAIRE LUCIEN BARRIÈRE sera cette année décerné à « PERCIVAL EVERETT » pour son roman « Pas Sidney Poitier ».

    COMPETITION

    Compliance : affiche

    Chaque année, je m’efforce de ne manquer aucun des films de la compétition. Nombreux sont les cinéastes aujourd’hui reconnus à avoir été révélés suite à leur sélection dans cette section, magnifique « vitrine » du cinéma indépendant américain. Cette année, au programme de cette compétition (particulièrement riche et attractive), 15 longs-métrages dont « Les Bêtes du Sud sauvage » qui avait fait sensation à Cannes (où je l’avais malheureusement manqué, l’occasion idéale de pouvoir le rattraper) où il avait obtenu la Caméra d’or. Vous y découvrirez aussi « The we and the I » de Michel Gondry. Une belle sélection sur laquelle je reviendrai ultérieurement plus en détails. Enfin, c'est un film en compétition qui fera cette année l'ouverture du festival "Robot and Frank" de Jake Schreier (en remplacement de "Mud" initialement prévu).

    BEASTS OF THE SOUTHERN WILD de Benh Zeitlin

    BOOSTER de Matt Ruskin

    CALIFORNIA SOLO de Marshall Lewy

    COMPLIANCE de Craig Zobel

    ELECTRICK CHILDREN de Rebecca Thomas

    FOR ELLEN de So Yong Kim

    FRANCINE de Brian M. Cassidy & Melanie Shatzky

    GIMME THE LOOT d’Adam Leon

    GOD BLESS AMERICA de Bobcat Goldthwait

    ROBOT and FRANK de Jake Schreier (film d'ouverture)

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    SMASHED de James Ponsoldt |

    UNA NOCHE de Lucy Mulloy

    THE WE AND THE I de Michel Gondry

    YOUR SISTER’S SISTER de Lynn Shelton

    WRONG de Quentin Dupieux

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    PREMIERES

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    Nous savions déjà que le dernier volet des Jason Bourne serait projeté à Deauville (comme les précédents), voilà qui promet une belle effervescence. Nous aurons aussi le plaisir de retrouver Jonathan Dayton et Valerie Faris qui avaient enthousiasmé les festivaliers et le jury avec « Little Miss sunshine », d’ailleurs récompensé à Deauville. Deux films présentés à Cannes, en compétition, figurent également au programme : « Lawless » de John Hillcoat (un western de facture classique mais très maitrisé, je vous le recommande) et « Mud » de Jeff Nichols (je suis plus réservée sur celui-ci mais je retournerai le voir avec plaisir, Jeff Nichols avait reçu le grand prix à Deauville en 2011 pour « Take Shelter »).

    Nous aurons également le plaisir de découvrir « Savages » d’Oliver Stone en CLÔTURE avec un très beau générique parmi lequel Salma Hayek à qui le festival rendra également hommage mais aussi : Aaron Johnson, Taylor Kitsch, Blake Lively, John Travolta, Benicio del Toro, Emile Hirsch, Demian Bichir.

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    BACHELORETTE de Leslye Headland

    THE BOURNE LEGACY (JASON BOURNE : L’HÉRITAGE) De Tony Gilroy

    DEADFALL (BLACKBIRD) de Stefan Ruzowitzky

    KILLER JOE de William Friedkin

    LAWLESS (DES HOMMES SANS LOI) de John Hillcoat

     MUD de Jeff Nichols

    RUBY SPARKS (ELLE S’APPELLE RUBY) de Jonathan Dayton & Valerie Faris

    SAVAGES d’Oliver Stone

    THE TALL MAN (THE SECRET) de Pascal Laugier

    SECRET OF THE WINGS (CLOCHETTE ET LE SECRET DES FÉES) de Peggy Holmes – Séance Enfants – Film diffusé dans sa version française

    TAKEN 2 d’Olivier Megaton

    TAKE THIS WALTZ de Sarah Polley

    TED de Seth MacFarlane

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    MASTERCLASS et Leçons de cinéma

    Le festival proposera aussi une série de Masterclass :

    - « De l’influence de Jean-Pierre Melville sur le cinéma américain » qui aura lieu le jeudi 6 septembre 2012, salle Lexington, au CID. Une masterclass que je ne manquerai pas, inconditionnelle du cinéma de Melville. Retrouvez ma critique de son chef d’œuvre (l’un de ses chefs d’œuvre), « Le Samouraï », ici : http://inthemoodlemag.com/2012/07/26/masterclass-de-l%e2%80%99influence-de-jean-pierre-melville-sur-le-cinema-americain-festival-de-deauville-2012-critique-le-samourai/

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    -Leçon de cinéma de William Friedkin, le 2 septembre, salle Lexington : Dans le cadre de l’hommage au réalisateur William Friedkin, le Festival propose à tous ceux qui le souhaitent d’assister à une leçon de cinéma animée par Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française.

    -Masterclass « Take shelter », le 7 septembre 2012, en salle Lexington une masterclass autour de l’analyse filmique de TAKE SHELTER de Jeff Nichols, Grand Prix du Festival l’année dernière, lors d’une conférence animée par David McKenna, et initiée en collaboration avec l’ESRA.
    La masterclass portera sur l’utilisation des fondamentaux de la structure narrative par le réalisateur pour traduire les thématiques et les émotions intimes des personnages en de convaincantes actions dramatiques.

    LES DOCS DE L’ONCLE SAM

    Cette section réserve aussi très souvent de belles surprises… Laissez-vous surprendre et aiguisez votre curiosité par ce qui est bien souvent une plongée dans une autre Amérique, et pas seulement:

    DIANA VREELAND: THE EYE HAS TO TRAVEL de Lisa Immordino Vreeland

    ETHEL de Rory Kennedy

    FAR OUT ISN’T FAR ENOUGH: THE TOMI UNGERER STORY de Brad Bernstein

    GAZZARA de Joseph Rezwin

    METHOD TO THE MADNESS OF JERRY LEWIS de Gregg Barson

    ROOM 237 de Rodney Ascher

    SEARCHING FOR SUGAR MAN de Malik Bendjelloul

    THE IMPOSTER de Bart Layton

    THE QUEEN OF VERSAILLES de Lauren Greenfield

    WEST OF MEMPHIS d’Amy Berg

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    INTO THE ABYSS de Werner Herzog a également été ajouté à la sélection

    DEAUVILLE SAISON 3

    Les séries reviennent également avec, au programme :

    HOMELAND SAISON 1 (EPISODES PILOT) ET GRACE | GIRLS SAISON 1 (EPISODES PILOT) / VAGINA PANIC/ THE NEWS ROOM

    NUITS AMERICAINES

    Le meilleur du cinéma américain et de ses classiques continuera à être programmé 24H sur 24H. Une excellente idée que de poursuivre cette belle initiative pour les cinéphiles insomniaques. Le programme sera dévoilé ultérieurement. Je vous en informerai bien entendu.

    CARTE BLANCHE A AGNES b.

    Après Jean-Charles de Castelbajac, cette année le Festival donnera carte blanche à Agnès b. qui nous proposera de redécouvrir :

    SEVEN CHANCES (Fiancées en folie) de Buster Keaton (1925) |

    FREAKS de Tod Browning (1932) |

    REFLECTIONS IN A GOLDEN EYE (Reflets dans un oeil d’or) de John Huston (1967)

    THE BIG SHAVE de Martin Scorsese (1968)

    RESERVOIR DOGS de Quentin Tarantino (1992) LOST HIGHWAY de David Lynch (1997)

    TRASH HUMPERS d’Harmony Korine (2010)

    SÉANCE CULTE

    Une « séance culte » s’ajoute cette année au programme : MONDWEST (WESTWORLD) de Michael Crichton.

    INFORMATIONS PRATIQUES

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    Vous pouvez d’ores et déjà réserver vos pass sur http://badgecid.com mais aussi en gagner sur mes blogs (http://inthemoodforfilmfestivals.com/concours-gagnez-vos-... ) ou sur la page Facebook officielle du Festival.

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    Pour le logement et les restaurants, je vous donne également de nombreux conseils ici: http://www.inthemoodfordeauville.com/archive/2011/08/21/h... .

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    Sur http://www.inthemoodfordeauville.com, vous trouverez également tout ce que vous voulez savoir sur Deauville ainsi que sur le site de l’office de tourisme et de la mairie.

    POUR EN SAVOIR PLUS- LIENS:

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    Site officiel du Festival : http://www.festival-deauville.com

    Page Facebook officielle du Festival : https://www.facebook.com/Festival.Cinema.Americain.Deauvi...

    Site officiel du CID : http://www.congres-deauville.com/

    Suivez les comptes officiels du festival sur twitter : @lpscinema et CID_Deauville

    Pour de nombreuses informations exclusives et pratiques et pour me suivre en direct du festival, ou participer à mes concours et gagner des pass, pour retrouver mes articles etc , vous pouvez aussi me suivre sur twitter , sur mon compte twitter consacré au festival ( @moodfdeauville ), sur mon compte principal (@moodforcinema ) et sur celui de mon nouveau blog consacré aux festivals de cinéma sur lequel Deauville est à l’honneur : http://inthemoodforfilmfestivals.com ( @moodforfilmfest) .

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    J’ai également écrit un recueil de nouvelles romantiques et cruelles sur les festivals de cinéma sélectionné et ouvert à l’édition participative et dans lequel figurent plusieurs nouvelles sur Deauville. Pour en savoir plus, c’est ici: http://inthemoodlemag.com/2012/06/19/mon-recueil-de-nouve.... Pour soutenir le projet, c’est là: http://www.bookly.fr/content/projet/ombres-parall%C3%A8le... . Et vous pouvez aussi le suivre sur Facebook (http://Facebook.com/ombresparalleles) et sur twitter (@parallelshadows) .

    Enfin, j’ai créé une page Facebook consacrée au Festival de Deauville : http://facebook.com/inthemoodfordeauville sur laquelle vous pourrez débattre du festival.

    Je vous donne rendez-vous quotidiennement sur http://www.inthemoodfordeauville.com pour de nombreuses informations sur le festival en attendant que vous puissiez m’y suivre en direct du 31 août au 9 septembre 2012 . Je vous rappelle enfin que, en fin de semaine, je vous ferai à nouveau gagner des lots de 3 ou 4 pass pour cette édition 2012 du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Bon festival à tous en espérant qu’il sera cette année à l’image de son affiche (une invitation au voyage, au partage, à l’évasion) et n’hésitez pas à donner votre avis sur cette programmation !

    Découvrez les 6 blogs « in the mood »: http://inthemoodlemag.com , http://inthemoodforfilmfestivals.com, http://www.inthemoodfordeauville.com , http://www.inthemoodforcinema.com , http://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodforluxe.com .

    Voilà qui devrait faire palpiter le coeur des festivaliers un peu plus vite…:

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  • Actuellement sur les autres blogs inthemood: cinéma, tourisme, festivals, concours, actualité...

    Inthemood, ce sont désormais 6 blogs.

    Actuellement à la une:

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    -En attendant le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012 que je vous ferai vivre en direct comme chaque année et dont vous pouvez retrouver le programme complet, détaillé et commenté ici, je vous fais (re)découvrir des classiques du cinéma américain sur http://www.inthemoodfordeauville.com, pour l'instant: "Johnny Guitar", "La Comtesse aux pieds nus", "Casablanca", "La Fièvre dans le sang" et "Gatsby le magnifique".

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    -Sur Inthemoodforfilmfestivals.com, en plus du programme de Deauville, vous pourrez également retrouver un article consacré à Alain Delon, avec 9 critiques de ses films, à l'occasion de l'hommage que lui a rendu le Festival de Locarno.

    -Sur http://inthemoodforfilmfestivals.com, vous pourrez également retrouver le programme de la Mostra, les premiers éléments d'informations sur le Festival du Film Britannique de Dinard 2012, un article sur Claude Lelouch à l'occasion du festival "Un réalisateur dans la ville" à Nîmes qui a mis ce dernier à l'honneur (un festival à l'occasion duquel il a également annoncé qu'il allait prochainement à nouveau tourner avec Jean-Paul Belmondo)...

    -Sur http://inthemoodlemag.com, vous retrouverez un cycle spécial Melville à l'occasion de la masterclass sur son cinéma qui sera donnée au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Vous pourrez ainsi retrouver mon analyse détaillée de "L'armée des ombres" et ma critique du "Samouraï". Vous pourrez toujours y trouver mon article sur les films de l'été et enfin, dans un tout autre domaine, mes 10 destinations favorites en Grèce avec de nombreuses informations pratiques ainsi que le test du restaurant le Minipalais à Paris.

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    -Le 22 août, n'oubliez pas d'aller voir LE film de l'anneé "A perdre la raison" de Joachim Lafosse. Retrouvez ma critique du film, ici: http://inthemoodlemag.com/2012/07/17/avant-premiere-critique-a-perdre-la-raison-de-joachim-lafosse-avec-tahar-rahim-emilie-dequenne-niels-arestrup/

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    -Enfin, vous avez jusqu'au 25 août pour tenter de gagner un ou plusieurs des 17 pass pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012 mis en jeu sur mes blogs ou pour simplement vous amuser à essayer de trouver les réponses: http://inthemoodforfilmfestivals.com/concours-gagnez-vos-pass-pour-le-festival-du-cinema-americain-de-deauville-2012/

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    -Pour terminer, je vous rappelle que mon recueil de 13 nouvelles romantiques et cruelles sur les festivals de cinéma est toujours sélectionné et ouvert à l'édition participative. Vous saurez tout dans mon article à ce sujet et notamment comment soutenir mon projet, ici:  http://inthemoodlemag.com/2012/06/19/mon-recueil-de-nouvelles-sur-le-cinema-ouvert-a-ledition-participative/ .

    Suivez les 6 blogs inthemood: http://inthemoodlemag.com , http://inthemoodforfilmfestivals.com , http://www.inthemoodforcinema.com , http://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodfordeauville.com , http://www.inthemoodforluxe.com et sur twitter ( @moodforcinema, @moodfdeauville, @moodforcannes  , @moodforluxe , @moodforfilmfest , @parallelshadows).

     

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  • Alain Delon à l'honneur à Locarno

    Rendez-vous sur mon nouveau blog consacré aux festivals de cinéma, en cliquant ici, pour découvrir mon dossier spécial sur Alain Delon à l'occasion de l'hommage que vient de lui rendre le Festival de Locarno.

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  • Critique - "César et Rosalie" de Claude Sautet (le 5 août, à 21H30, cinéma au Clair de Lune)

    Dans le cadre du "Cinéma au clair de lune" proposé par le Forum des images, le classique de Claude Sautet "César et Rosalie" sera projeté au parc André-Citroën, le 5 août, à 21H30, l'occasion pour moi de vous parler à nouveau de ce film que je connais par coeur et qui m'enchante autant à chaque fois... Retrouvez également la critique de ce qui est pour moi son meilleur film, "Un coeur en hiver", en cliquant ici.

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    Il y a les cinéastes qui vous font aimer le cinéma, ceux qui vous donnent envie d'en faire, ceux qui vous font appréhender la vie différemment, voire l'aimer davantage encore. Claude Sautet, pour moi, réunit toutes ces qualités.

    Certains films sont ainsi comme des rencontres, qui vous portent, vous enrichissent, vous influencent ou vous transforment même parfois. Les films de Claude Sautet, pour moi, font partie de cette rare catégorie et de celle, tout aussi parcimonieuse, des films dont le plaisir à les revoir, même pour la dixième fois, est toujours accru par rapport à la première projection. J'ai beau connaître les répliques par cœur, à chaque fois César et Rosalie m'emportent dans leur tourbillon de vie joyeusement désordonné, exalté et exaltant.

    Claude Beylie parlait de « drame gai » à propos de César et Rosalie, terme en général adopté pour la Règle du jeu de Renoir, qui lui sied également parfaitement. Derrière l'exubérance et la truculence de César, on ressent en effet la mélancolie sous-jacente. César donc c'est Yves Montand, un ferrailleur qui a réussi, vivant avec Rosalie (Romy Schneider) divorcée d'Antoine (Umberto Orsini), et qui aime toujours David (Sami Frey), un dessinateur de bandes dessinées, sans cesser d'aimer César. Ce dernier se fâche puis réfléchit et abandonne Rosalie à David. Des liens de complicité et même d'amitié se tissent entre les deux hommes si bien que Rosalie, qui veut être aimée séparément par l'un et par l'autre, va tenter de s'interposer entre eux, puis va partir...

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    Dans ce film de 1972, qui fut souvent comparé à Jules et Jim de Truffaut, on retrouve ce qui caractérise les films de Claude Sautet : les scènes de café, de groupe et la solitude dans le groupe, la fugacité du bonheur immortalisée, l'implicite dans ce qui n'est pas- les ellipses- comme dans ce qui est-les regards- (Ah, ces derniers regards entre les trois personnages principaux! Ah, le regard de David lorsque l'enfant passe des bras de Rosalie à ceux de César, scène triangulaire parfaitement construite!).

    Sur la tombe de Claude Sautet au cimetière Montparnasse, il est écrit : « Garder le calme devant la dissonance », voilà probablement la phrase qui définirait aussi le mieux son cinéma : d'abord parce que son cinéma est un cinéma de la dissonance, de l'imprévu, de la note inattendue dans la quotidienneté (ici, l'arrivée de David) et ensuite parce que cette épitaphe fait référence à la passion de Claude Sautet pour la musique. Claude Sautet a ainsi été critique musical au journal « Combat », un journal de la Résistance, il avait ainsi une vraie passion pour le jazz et pour Bach, notamment. Il a par ailleurs consacré un film entier à la musique, « Un cœur en hiver », (d'après un recueil de nouvelles de Lermontov : « Un héros de notre temps ») le meilleur selon moi tant les personnages y sont ambivalents, complexes, bref humains, et tout particulièrement le personnage de Stéphane interprété par Daniel Auteuil, le « cœur en hiver », pouvant donner lieu à une interprétation différente à chaque vision du film. Le tempo de ses films est ainsi réglé comme une partition musicale, impeccablement rythmée, une partition dont on a l'impression qu'en changer une note ébranlerait l'ensemble de la composition. C'est évidemment aussi le cas dans « César et Rosalie ».

    « L'unité dans la diversité ». Pour qualifier le cinéma de Claude Sautet et l'unité qui le caractérise malgré une diversité apparente, nous pourrions ainsi paraphraser cette devise de l'Union européenne. Certes a priori, « L'arme à gauche » est un film très différent de « Vincent, François, Paul et les autres », pourtant si son premier film « Classe tous risques » est un polar avec Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo (« Bonjour sourire », une comédie, a été renié par Claude Sautet qui n'en avait assuré que la direction artistique), nous pouvons déjà y trouver ce fond de mélancolie qui caractérise tous ses films. Tous ses films se caractérisent d'ailleurs aussi par le suspense (il était fasciné par Ford et Hawks ) : le suspense sentimental avant tout, concourant à créer des films toujours haletants et fascinants. Claude Sautet citait ainsi souvent la phrase de Tristan Bernard : « il faut surprendre avec ce que l'on attend ». On ne peut certainement pas reprocher au cinéma de Claude Sautet d'être démesurément explicatif, c'est au contraire un cinéma de l'implicite, des silences et du non-dit. Pascal Jardin disait de Claude Sautet qu'il « reste une fenêtre ouverte sur l'inconscient ».

    Dans « Nelly et M. Arnaud » se noue ainsi une relation ambiguë entre un magistrat à la retraite, misanthrope et solitaire, et une jeune femme au chômage qui vient de quitter son mari. Au-delà de l'autoportrait ( Serrault y ressemble étrangement à Sautet ), c'est l'implicite d'un amour magnifiquement et pudiquement esquissé, composé jusque dans la disparition progressive des livres d'Arnaud, dénudant ainsi sa bibliothèque et faisant référence à sa propre mise à nu. La scène pendant laquelle Arnaud regarde Nelly dormir, est certainement une des plus belles scènes d'amour du cinéma: silencieuse, implicite, bouleversante. Le spectateur retient son souffle, le suspense, presque hitchcockien y est à son comble. Sautet a atteint la perfection dans son genre, celui qu'il a initié: le thriller des sentiments.

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    Les films de Sautet ont tous des points communs : le groupe, (dont « Vincent, François, Paul et les autres » est le film emblématique), des personnages face à leurs solitudes malgré ce groupe, des scènes de café,( « A chaque film, avouait Sautet, je me dis toujours : non, cette fois tu n'y tournes pas. Et puis, je ne peux pas m'en empêcher. Les cafés, c'est comme Paris, c'est vraiment mon univers. C'est à travers eux que je vois la vie. Des instants de solitude et de rêvasseries. ») les personnages filmés à travers les vitres de ces mêmes cafés, des scènes de pluie qui sont souvent un élément déclencheur, des scènes de colère (peut-être inspirées par les scènes de colère incontournables dans les films de Jean Gabin, Sautet ayant ainsi revu « Le jour se lève » ...17 fois en un mois!), des femmes combatives souvent incarnées par Romy Schneider puis par Emmanuelle Béart, des fins souvent ouvertes et avant tout un cinéma de personnages : César, Rosalie, Nelly, Arnaud, Vincent, François, Paul, Max, Mado, ...et les autres, des personnages égarés affectivement et/ou socialement, des personnages énigmatiques et ambivalents.

    Claude Sautet, en 14 films, a imposer un style, des films inoubliables, un cinéma du désenchantement enchanteur, d'une savoureuse mélancolie, de l'ambivalence et de la dissonance jubilatoires, une symphonie magistrale dont chaque film est un morceau unique indissociable de l'ensemble. Il a signé aussi bien des "drames gais" avec « César et Rosalie », ou encore le trop méconnu, fantasque et extravagant « Quelques jours avec moi », un film irrésistible, parfois aux frontières de l'absurde, mais aussi des films plus politiques notamment le très sombre « Mado » dans lequel il dénonce l'affairisme et la corruption...

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    « Les films de Claude Sautet touchent tous ceux qui privilégient les personnages par rapport aux situations, tous ceux qui pensent que les hommes sont plus importants que ce qu'ils font (..). Claude Sautet c'est la vitalité. », disait Truffaut. Ainsi, personne mieux que Claude Sautet ne savait et n'a su dépeindre des personnages attachants, fragiles mais si vivants (à l'exception de Stephan interprété par Daniel Auteuil dans Un cœur en hiver, personnage aux émotions anesthésiées quoique...) comme le sont César et Rosalie.

    Ici au contraire ce n'est pas « un cœur en hiver », mais un cœur qui bat la chamade et qui hésite, celui de Rosalie, qui virevolte avec sincérité, et qui emporte le spectateur dans ses battements effrénés. Et effectivement on retrouve cette vitalité, celle de la mise en scène qui épouse le rythme trépidant de César face au taciturne David. César qui pourrait agacer ( flambeur, gouailleur, lâche parfois) face à la fragilité et la discrétion de l'artiste David. Deux hommes si différents, voire opposés, dans leur caractérisation comme dans leur relation à Rosalie que Sautet dépeint avec tendresse, parfois plutôt une tendre cruauté concernant César.

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    Là se trouve la fantaisie, dans ce personnage interprété magistralement par Yves Montand, ou dans la relation singulière des trois personnages, si moderne. Un film qui n'est pas conventionnel jusque dans sa magnifique fin, ambiguë à souhait. Sans effets spéciaux. Simplement par la caractérisation ciselée de personnages avec leurs fêlures et leur déraison si humaines.

    On a souvent dit de Claude Sautet était le peintre de la société des années 70 mais en réalité la complexité des sentiments de ses personnages disséquée avec une rare acuité est intemporelle. S'il est vrai que la plupart de ses films sont des tableaux de la société contemporaine, notamment de la société d'après 1968, et de la société pompidolienne, puis giscardienne, et enfin mitterrandienne, ses personnages et les situations dans lesquelles il les implique sont avant tout universels, un peu comme « La Comédie Humaine » peut s'appliquer aussi bien à notre époque qu'à celle de Balzac.

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    « César et Rosalie » est un film à l'image de son personnage principal qui insuffle ce rythme précis et exalté : truculent et émouvant, mélancolique et joyeux, exubérant et secret. Un film intemporel et libre, qui oscille entre le rire et les larmes, dans lequel tout est grave et rien n'est sérieux (devise crétoise, un peu la mienne aussi). Un film délicieusement amoral que vous devez absolument voir ou revoir ne serait-ce que pour y voir deux monstres sacrés (Romy Schneider et Yves Montand, l'une parfaite et resplendissante dans ce rôle de femme riche de contradictions moderne, amoureuse, indépendante, enjouée, et triste, incarnant à elle seule les paradoxes de ce « drame gai » ; l'autre hâbleur, passionné, cabotin, bavard, touchant face à Samy Frey silencieux, posé, mystérieux, séduisant mais tous finalement vulnérables, et les regards traversés de voiles soudains de mélancolie ) au sommet de leur art et pour entendre des dialogues aussi incisifs, précis que savoureux (comme pour le scénario également cosigné par Jean-Loup Dabadie)...

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    Claude Sautet disait lui-même que ses films n'étaient pas réalistes mais des fables. Son univers nous envoûte en tout cas, et en retranscrivant la vie à sa « fabuleuse » manière, il l'a indéniablement magnifiée. Certains lui ont reproché son classicisme, pour le manque de réflexivité de son cinéma, comme on le reprocha aussi à Carné dont Sautet admirait tant « Le jour se lève. » On lui a aussi reproché de toujours filmer le même milieu social (bourgeoisie quinquagénaire et citadine). Qu'importe ! Un peu comme l'ours en peluche du « Jour se lève » qui a un œil qui rit et un autre qui pleure, nous ressortons de ses films, entre rires et larmes, bouleversés, avec l'envie de vivre plus intensément encore car là était le véritable objectif de Claude Sautet : nous « faire aimer la vie »...et il y est parvenu, magistralement. Personne après lui n'a su nous raconter des « histoires simples » aux personnages complexes qui nous parlent aussi bien de « choses de la vie ».

     

    FILMOGRAPHIE DE CLAUDE SAUTET

    Né à Montrouge (près de Paris) en 1924, Claude Sautet est mort à Paris le samedi 22 juillet 2000 à l'âge de soixante-seize ans...

    Longs-métrages réalisés par Claude Sautet

    Bonjour sourire (1955)

    Classe tous risques (1960)

    L'Arme à gauche (1965)

    Les Choses de la vie (1970)

    Max et les Ferrailleurs (1970)

    César et Rosalie (1972)

    Vincent, François, Paul et les autres (1974)

    Mado (1976)

    Une histoire simple (1978)

    Un mauvais fils (1980)

    Garçon ! (1983)

    Quelques jours avec moi (1988)

    Un cœur en hiver (1991)

    Nelly et Monsieur Arnaud (1995)

     

    A voir : le documentaire de N.T.Binh « Claude Sautet ou la magie invisible »

    A noter: Claude Sautet a également travailler comme ressemeleur de scénarii pour de nombreux cinéastes et notamment sur (parmi de nombreux autres films ) « Borsalino » de Jacques Deray.

     

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  • Critique - "Il y a longtemps que je t'aime" de Philippe Claudel, ce soir, à 22H45, sur Ciné+ Emotion

    Une peinture des âmes grises bouleversante

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    Le film s’ouvre sur le regard bleu et absent et glacial de Kristin Scott Thomas (Juliette), ce regard qui va nous happer dans les abysses de ses douleurs et ses secrets et ne plus nous lâcher jusqu’à la dernière seconde du film. Ses traits sont tirés, sa démarche maladroite, ses réactions sont brutales. Elle vient de sortir de prison après 15 ans d’enfermement. 15 années pendant lesquelles sa famille l’a rejetée. Sa jeune sœur, Léa (Elsa Zylberstein), vient la chercher pour l’héberger et l’accueillir chez elle auprès de son mari Luc (Serge Hazanavicius) et ses deux filles, adoptives (ce qui n’est évidemment pas anodin). L’une et l’autre vont alors reconstruire leur relation et reconstruire le passé, panser cette plaie à vif, ce gouffre béant. Juliette va devoir se faire « adopter ».

    78c6f923d22bbf6d767494e0cca2be92.jpgA la manière d’un tableau qui l’on jugerait rapidement, s’arrêtant à notre premier regard, vue d’ensemble imparfaite et simpliste et finalement rassurante dans nos certitudes illusoires, c’est d’abord le mal être, la violence des réactions de Juliette qui nous apparaît, filmée en plongée, si fragile, brisée par la vie, l’absence de vie. Le cinéaste distille les informations retenant judicieusement notre attention par cette soif de comprendre, accroissant notre curiosité pour cette femme aux contours de moins en moins flous mais de plus en plus complexes. On apprend ensuite qu’elle a commis l’impardonnable : elle a tué son enfant. Elle devrait être détestable mais l’humanité avec laquelle elle est filmée, son égarement, son mutisme obstiné sur les circonstances du drame, la violence des réactions qu’elle provoque suscitent notre empathie puis notre sympathie. « Crime et châtiment ». Dostoïevski. (Probablement le livre le plus cité au cinéma, non ? Ici, aussi.) Le tableau nous apparaît d’abord très noir. Et puis les nuances apparaissent peu à peu. Juliette « Raskolnikov » s’humanise. Nous voyons le monde à travers son regard : faussement compassionnel, un monde qui aime enfermer dans des cases, un monde qui juge sans nuances. Un monde dont Philippe Claudel, peintre des âmes grises (Juliette est d’ailleurs presque toujours vêtue de gris) et des souffrances enfouies, nous dépeint la cruauté et la fragilité avec acuité.

    123d0f153ac881bcd7bc96b0868d006a.jpgIl y a des films comme ça, rares, qui vous cueillent, vous embarquent, vous emprisonnent délicieusement dans leurs univers, douloureux et, puis, lumineux, dès la première seconde, pour ne plus vous lâcher. C’est le cas d’ « Il y a longtemps que je t’aime », premier film en tant que réalisateur de l’auteur des « Ames grises » (Prix Renaudot 2003 adapté par Yves Angelo) et du « Rapport de Brodeck » qui a également signé le scénario. La bienveillance de son regard sur ces âmes grises, blessées, insondables, parcourt tout le film. Tous ces personnages, libres en apparence, sont enfermés à leur manière : le grand-père muet à la suite de son accident cérébral est muré dans son silence, la mère de Juliette et Léa est enfermée dans son oubli après l’avoir été dans son aveuglement, le capitaine est enfermé dans sa solitude, Michel –Laurent Grévil- (un professeur qui enseigne dans la même faculté que Léa et qui va s’éprendre de Juliette) est enfermé dans ses livres, Léa est enfermée dans ce passé qu’on lui a volé, et Juliette est encore enfermée dans cette prison à laquelle on ne cesse de l’associer et la réduire. La caméra ne s’évade que très rarement des visages pour mieux les enfermer, les scruter, les sculpter aussi, les disséquer dans leurs frémissements, leurs fléchissements, leurs fragilités : leur humanité surtout. La ville de Nancy où a été tourné le film est quasiment invisible. Nous sommes enfermés. Enfermés pour voir. Pour distinguer les nuances, dans les visages et les regards. Comme cette jeune fille que Michel vient sans cesse voir au musée, enfermée dans son cadre, et qui ressemble à un amour déçu et dont il se venge ainsi parce qu’elle ne peut pas s’échapper. Nous ne pouvons nous enfuir guidés et hypnotisés par le regard captivant, empli de douleur et de détermination, de Juliette. Nous n’en avons pas envie.

    Ne vous méprenez pas, ne soyez pas effrayés par le sujet. Si le tableau est sombre en apparence, ses couleurs sont multiples, à l’image de la vie : tour à tour cruel, très drôle aussi, l’ironie du désespoir peut-être, l’ironie de l’espoir aussi, les deux parfois (scène du dîner), bouleversant aussi, ce film vous poursuit très longtemps après le générique à l’image de la rengaine qui lui sert de titre. Il est parfois plus facile de chanter ou d’esquisser que de dire. « Il y a longtemps que ». Tout juste peut-on regretter que les traits de la personnalité du personnage de Luc ne soient qu’esquissés. (néanmoins interprété avec beaucoup de justesse par Serge Hazanavicius). Mais à l’image du verdict improbable, cela importe finalement peu.

    ef7396aca26c62ce0118fae3b1ff799a.jpgKristin Scott Thomas trouve là un personnage magnifique à la (dé)mesure de son talent, au prénom d'héroïne romantique qu'elle est ici finalement, aimant inconiditionnellement, violemment. A côté d’elle le jeu d’Elsa Zylberstein nous paraît manquer de nuances mais après tout la violence de la situation (le passé qui ressurgit brusquement) justifie celle de ses réactions. Au contact l’une de l’autre elles vont reconstituer le fil de l’histoire, elles vont renaître, revivre, et illuminer la toile.

    Jusqu’à cet instant paroxystique où le regard, enfin, n’est plus las mais là, où des larmes sublimes, vivantes, ostensibles, coulent sur la vitre, de l’autre côté, inlassablement, et les libèrent. Un hymne à la vie. Bouleversant. De ces films dont on ressort avec l’envie de chanter, de croquer la vie (dans le sens alimentaire et dans le sens pictural du terme) et la musique du générique, de Jean-Louis Aubert, achève de nous conquérir. Irréversiblement.

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