Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

cinéma - Page 150

  • Le Festival du Film Britannique de Dinard 2010 en direct

    blogdinard1.jpg

    jury15.jpg

    blogdinard6.jpg

    dinard2010.jpgC'est demain que débutera le 21ème Festival du Film Britannique de Dinard, soit une journée plus tôt que d'habitude, pour le plus grand bonheur des habitués dont je suis. Si vous hésitez encore, sachez que Dinard propose une sélection variée et palpitante (que vous pouvez retrouver détaillée ici), que les projections et les invités sont très accessibles et que vous pourrez facilement faire part de votre enthousiasme ou votre perplexité à un cinéaste dont le film vous aura interpellé, qu'il n'y a pas foule de pseudo-journalistes ou pseudo-vips qui n'auraient que faire du cinéma et ne seraient là que pour se plaindre, parader, dire que c'était mieux avant et ailleurs mais surtout des cinéphiles et des passionnés avec lesquels débatttre, enfin que son directeur n'est pas là, contrairement à ceux d'autres festivals, pour se mettre en avant mais pour vous faire partager sa passion pour le cinéma britannique.

    Peut-être cet article-ci achèvera-t-il de vous convaincre ou sinon la grille de programmation que vous pourrez télécharger là ou encore ces quelques photos ci-dessus sur le charme envoûtant et mélancolique de Dinard ... Vous pourrez également en trouver d'autres dans mon article consacré au Grand Hôtel de Dinard, là.

    Bref, un festival convivial, avec une programmation allèchante et diversifiée, et une ambiance unique dans un cadre magnifique... Pourquoi s'en priver?

    Je vous rappelle qu'inthemoodforcinema.com est partenaire du festival (cf le site officiel du festival) et que vous avez jusqu'à ce soir pour participer à mon concours vous permettant de remporter des places. Suivez le Festival en direct sur inthemoodforcinema.com dès demain, sur mon compte twitter et bien entendu sur le site officiel du Festival et sur la page Facebook du site officiel. Retrouvez-moi dès demain en direct de Dinard et jusqu'à lundi et n'hésitez pas à venir débattre des films dans les commentaires du blog.

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD 2010 Pin it! 3 commentaires
  • Critique-"Partir" de Catherine Corsini, ce soir sur Canal+

    Ce soir, à 20H50, sur Canal+, ne manquez pas "Partir" de Catherine Corsini.

    partir.jpg

    N'ayant été enthousiasmée ni par « La Nouvelle Eve » ni par le caricatural « Les Ambitieux », l'idée de « partir » me faisait redouter le pire...

     Ici, Suzanne (Kristin Scott Thomas) mène une vie bien (trop) tranquille avec son mari médecin (Yvan Attal) dans une belle maison, glaciale, comme ce dernier.  Après une dizaine d'années passées à élever ses enfants, elle a décidé de recommencer à travailler et de faire construire un cabinet de kinésithérapie attenant à la maison familiale. C'est Ivan (Sergi Lopez), un ouvrier espagnol employé au noir, qui vit de petits boulots et a fait de la prison, qui est chargé des travaux. Un accident va les rapprocher et bientôt une passion irrépressible. Plus rien d'autre ne comptant alors pour elle, Suzanne n'a alors plus qu'une idée en tête : partir. Oui, mais voilà : le mari va s'y opposer férocement. Et va alors commencer un odieux chantage et la descente aux Enfers...

    Le mari, la femme, l'amant. L'épouse d'un bourgeois de province qui s'ennuie et qui s'éprend violemment d'un autre homme. Un synopsis de vaudeville classique voire caricatural que Catherine Corsini parvient à transcender grâce à la personnalité de ses protagonistes et des acteurs qui les incarnent, grâce à l'atmosphère pesante alors palpitante pour le spectateur, grâce à l'odieux chantage pécuniaire qui ajoute un élément supplémentaire et inédit à ce schéma classique.

    Les acteurs et les personnages d'abord et évidemment au premier rang de ceux-ci : Kristin Scott Thomas qui de « 4 mariages et un enterrement » à « Il y a longtemps que je t'aime » en passant par « Le Patient Anglais » jongle avec les styles et les rôles avec un talent déconcertant. Et puis quel regard, tour à tour celui d'une enfant perdue,  celui désarçonné d'une femme séduite puis tombant amoureuse, celui lumineux de femme éperdument amoureuse, celui d'une femme dévorée par la passion et sa violence ravageuse, celui d'une épouse blessée, humiliée, mais déterminée, celui d'une femme aux frontières de la folie et au-delà. Celui d'une grande actrice aux multiples facettes. Face à elle, Sergi Lopez impose sa séduisante et rassurante  force. Reste Yvan Attal. Si l'acteur est ici plus que convaincant dans son rôle de mari obséquieux devenant l'odieux maître d'un ignoble chantage pécuniaire parce qu'il perd « sa » femme, sa possession, et sa parfaite image d'homme établi et respecté par la société, le film aurait probablement gagné en ambiguïté et en tension à ce qu'il soit plus nuancé et à ce qu'il ne soit pas détestable dès les premières minutes du film. Mais de cela, Yvan Attal, absolument parfait dans ce rôle qui ne l'est pas, n'en est nullement responsable.

    Ces deux raisons qui s'égarent (l'une par la passion, l'autre parce qu'il perd sa possession et d'une certaine manière son statut), -Ivan étant finalement le plus raisonnable des trois-, vont inéluctablement aboutir au drame que l'on sait dès les premières minutes par le retentissement d'un coup de feu qui précède le flashback, bombe à retardement qui contribue à créer un climat de tension qui va crescendo tout au long du film. Le vaudeville frôle alors le suspense à la Hitchcock (frôle seulement, la réalisation, malgré quelques tentatives n'atteignant évidemment pas son degré de perfection et de « double sens ») avec Kristin Scott Thomas dans le rôle de la blonde hitchcockienne au tempérament de feu derrière une apparence glaciale. Le tout assaisonné de l'immoralité jubilatoire  de François Ozon, Emmanuelle Bernheim, scénariste de ce dernier ayant aussi contribué à l'écriture du scénario (avec Gaëlle Macé et Antoine Jacoud, et bien sûr Catherine Corsini).

    Enfin, l'idée du chantage pécuniaire ajoute un élément matériel et original qui devient un moyen de contrôle et un obstacle judicieux à leur immatérielle et incontrôlable passion, et par conséquent la clef du drame.

    La lumière du Midi, sublimée par la photographie d'Agnès Godard qui souligne aussi la beauté crue de certaines scènes,  ajoute au climat de folie ambiant et contribue à faire de ce  faux vaudeville un vrai, attrayant et tragique thriller, malgré ses quelques faiblesses scénaristiques.

  • "Buried" de Rodrigo Cortes avec Ryan Reynolds: bande-annonce et critique du film

    buried3.jpg"Buried" qui sort en salles le 3 novembre prochain était présenté en compétition du 36ème Festival du Cinéma Américain de Deauville d'où il est reparti avec le prix de la critique. Je vous invite à en découvrir le teaser ci-dessous , la bande-annonce interactive en cliquant là, et ma critique en cliquant ici, je vous y dis pourquoi selon moi ce film est une  idée brillante mais inaboutie.

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 2 commentaires
  • Critique de "Raisons d'Etat" de Robert De Niro

    Hier soir, France 2 diffusait "Raisons d'Etat" de Robert de Niro, l'occasion pour moi de vous reparler de ce très beau film d'espionnage.

    raisons.jpg

    Deuxième réalisation de Robert De Niro ( treize ans après son premier film en tant que réalisateur  « Il était une fois le Bronx ») sortie en juillet 2007, produit par Coppola,  « Raisons d’Etat » ( The Good Sheperd) est un film d’une étonnante maîtrise aussi bien visuelle que scénaristique (pour un second film, certes de quelqu’un qui a tourné sous la direction des plus grands, mais nous en avons vu d’autres passer derrière la caméra qui n’avaient pas pour autant assimilé les leçons de leurs maîtres)   pour lequel je voulais à nouveau vous faire partager mon enthousiasme. Son Ours d’Argent récompensant l’ensemble du casting reçu à la Berlinale 2007 était amplement mérité pour un film dont l’interprétation est une des qualités majeures mais loin d’être la seule...

    raisons2.jpg

     

    Edward Wilson (Matt Damon), enfant, est le seul témoin du suicide de son père (ceci expliquera un jour cela...). Quelques années plus tard, il devient un étudiant réservé, voire austère,  aussi membre de la Skull and Bones Society à l’Université de Yale, là où l’honneur et la discrétion sont des valeurs primordiales. Ce sont ces qualités qui poussent l’OSS (Office of Strategic Services, une organisation créée par Roosevelt qui coordonne les opérations de guerre secrète durant la seconde guerre mondiale en 1942) devenant la CIA (instaurée par Truman en 1947 avec un objectif plus politique) tout juste créée, à le recruter.

     

    Alors qu’il existe tant de films d’espionnage, pourquoi celui-ci, de presque 3 heures, m’a-t-il tant marquée ? D’abord parce que rarement un film aura su, avec autant de logique et d’intelligence, faire coïncider la forme et le fond. Certains jugeront ainsi sans doute la réalisation académique mais son classicisme (et non son académisme) sobre et austère épouse parfaitement la personnalité de ceux dont ce film dresse le portrait : Edward Wilson et l’organisation à laquelle il appartient. Dès ses premières années, il est confronté au secret et sa vie y sera entièrement dévouée, comme ces bateaux en papier, splendides, qu’il enferme dans des bouteilles, les privant de liberté.

     

    Ensuite les flash backs et les flash forwards, savamment agencés, contribuent à créer un puzzle qui s’aligne sur la complexité de la CIA et de ses ramifications temporelles, et évidemment contemporaines.

     

    Coppola à qui le scénario avait également été soumis (un scénario d’Eric Roth, le brillant scénariste de « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », « Révélations », Munich »…) l’avait refusé à cause de la froideur des personnages mais cette froideur est paradoxalement ce qui distingue ce film : froideur de la photographie de Robert Richardson (les visages sont souvent plongés dans une semi-pénombre fascinante), froideur de Wilson qui sacrifie sa vie privée à sa vie professionnelle et s’isole peu à peu pour, finalement, se retrouver entre quatre murs, ceux d’une CIA et d’un univers paranoïaque, impitoyable, dont la raison d’Etat supplante et domine toutes les autres ( que cela soit en URSS  ou aux Etats-Unis, méthodes et membres de la CIA et du KGB étant savamment mis en parallèles).

    raisons3.jpg

     

     Et c’est justement cette vie privée sacrifiée évoquée par bribes qui lui donne un visage plus humain à travers ses deux amours : une femme fatale digne des films noirs interprétée par Angelina Jolie et une jeune sourde. Il sacrifie son amour au nom de la Raison d’Etat, et bien d’autres choses encore…

     

    Rarement un film aura dépeint un personnage et son univers avec autant de cohérence : le puzzle scénaristique, ciselé, sur plusieurs décennies n’est nullement un gadget mais fait référence aux implications de chacune des périodes et de ce que Wilson y entreprendra, sur les autres : seconde guerre mondiale, guerre froide, échec de la Baie des cochons. Ce n’est pas une vision idéaliste de la politique mais une vision froide, réaliste, documentée, et d’autant plus passionnante : l’homme n’est plus un individu libre mais un instrument au service de la raison d’Etat.

     

    Matt Damon est parfait (encore une fois) dans ce rôle d’homme taciturne qu’il interprète tout en retenue et économie de paroles et d’expressions. Mais il faudrait citer toute l’impressionnante distribution : Angelina Jolie (qui prouve qu’elle sait aussi être sobre), Robert de Niro, John Torturro, William Hurt, Billy Crudup, Alex Baldwin, Joe Pesci…

     

    Robert de Niro égale voire dépasse ses maîtres : Scorsese, Coppola… ou encore d’autres comme Sydney Pollack, qui lui aussi s’était inspiré d’un authentique espion pour « Les Trois Jours du Condor », James Angleton, celui-là même qui a aussi inspiré Eric Roth pour le personnage de Wilson.

     

    Sans renouveler le genre, De Niro l’a porté à sa perfection. Il signe là en effet un  film captivant aussi complexe, sobre, mystérieux, mélancolique que le personnage principal et l’organisation dont il retrace l’histoire avec une minutie, une exigence remarquables. Si vous ne l’avez pas encore vu dépêchez-vous d’acheter le DVD de ce film absolument incontournable, passionnant et particulièrement instructif !

     

  • Inthemoodforcinema partenaire du Festival du Film Britannique de Dinard 2010

    dinard20102.jpgVous pouvez désormais retrouver inthemoodforcinema.com en page d'accueil du site officiel du Festival du Film Britannique de Dinard. L'occasion pour moi de vous recommander l'excellent site en question mais aussi de vous rappeler que vous pouvez gagner des places pour cette édition 2010 sur inthemoodforcinema.com, ici.

    Suivez le Festival du Film Britannique de Dinard 2010 en direct sur inthemoodforcinema.com dès mercredi et sur mon compte twitter: http://twitter.com/moodforcinema .

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD 2010 Pin it! 0 commentaire
  • Avant-première- Critique de « The Social network » de David Fincher : parabole ingénieuse d'une génération frénétique et narcissique

    social.jpg

    Comment rendre cinématographique un sujet qui ne l’est a priori pas ? Telle est la question que je m’étais posée quand, pour la première fois, j’avais entendu parler du sujet de ce film dont j’avoue qu’il m’avait laissée pour le moins sceptique, un scepticisme toutefois amoindri par le nom du cinéaste à la manœuvre : le talentueux David Fincher par lequel, par le passé, j’ai été plus (« L’étrange histoire de Benjamin Button », « Seven», « The game ») ou moins (« Zodiac ») enthousiasmée.

    Le sujet, c’est donc le site communautaire Facebook ou plutôt l’histoire de sa création et de son créateur Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg), un soir d’octobre 2003 bien arrosé, pour cause de déception sentimentale. Ce dernier pirate alors le système informatique de Harvard pour créer une base de données de toutes les filles du campus. Il est alors accusé d’avoir intentionnellement porté atteinte à la sécurité, aux droits de reproduction et au respect de la vie privée. Son exploit retentissant arrive jusqu’aux oreilles de trois autres étudiants qui avaient un projet similaire à ce qui deviendra Facebook. Mark leur apporte son soutien technique mais surtout s’empare de l’idée et la perfectionne évinçant complètement les trois autres du projet. Ce nouveau site prend une ampleur considérable et inattendue, d’abord à Harvard puis dans les autres universités américaines et finalement dans le monde entier.

     Le film est adapté du livre de Ben Mezrich "The accidental Billionaires ( "La revanche d'un solitaire").

    « The social network » est passionnant à plus d’un titre et cela dès la première scène, un dialogue dont la brillante vivacité accroche immédiatement le spectateur et nous donne la clé de la réussite de Mark Zuckerberg, ou plutôt de sa soif de réussite : une quête éperdue de reconnaissance sociale. Un échange à la vitesse de l’éclair avec sa petite amie qui aboutira à leur rupture et dans lequel il fait preuve d’une sorte de fascination obsessionnelle pour les clubs qui pullulent à Harvard, marque d’ascension sociale aux rites souvent puérils. D’une fascinante intelligence, et d’une saisissante arrogance, son esprit et ses motivations deviennent plus palpitants à suivre que bien des thrillers notamment grâce au montage d’une limpidité virtuose qui mêle plusieurs histoires liées à Mark Zuckerberg et plusieurs temporalités: la création de Facebook et les procès suscités par celle-ci.  

    C’est pour moi avant tout le montage, ingénieusement elliptique, et le scénario (signé Aaron Zorkin) qui font la grande richesse du film, en ce qu’ils apportent un rythme soutenu mais aussi en ce qu’ils illustrent la création de Mark Zuckerberg : Facebook où les informations fusent et s’entrecroisent. Le film, à l’image du créateur et de sa création, passe d’une idée à une autre à une rythme frénétique. Génération Facebook où tout doit aller vite, une idée ( ou un-e- ami-e-) en remplacer un(e) autre.

    Montage, scénario, interprétation (Jesse Eisenberg mais aussi Justin Timberlake dans le rôle du fondateur de Napster, ou encore Andrew Garfield dans le rôle d’Eduardo, l’ami jalousé-jaloux et trahi) sont la grande réussite de ce film au sujet a priori improbable, un film sur un sujet générationnel dont c’est d’ailleurs peut-être la limite même si les autres thèmes qu’il illustre ( trahison, prix et moteurs de la réussite ) restent universels.

    L’idée brillante est certainement d’avoir réalisé un film à l’image de son sujet (Marck Zuckerberg) et de son objet (Facebook),  égocentrique, centré sur lui-même  et qui redoute l’ennui, le temps mort, plus que tout et n’en laisse donc aucun  plongeant le spectateur dans un flux hypnotisant (plus que captivant, à l’image de Facebook, là encore) d’informations. La forme judicieuse fait apparaître la confusion significative entre le créateur et sa création,  Mark Zuckerberg et Facebook.  Milliardaire solitaire dont la réussite s’apparente  à un échec (qui n’est pas sans rappeler le héros d’un autre film de David Fincher) et qu’illustre parfaitement la redoutable dernière scène. Le créateur est alors à l’image de la création phénomène qu’il a engendrée : l’outil d’une communication à outrance qui finalement isole plus qu’elle ne rassemble et qui n’est qu’un voile flatteur mais illusoire sur une criante solitude.

    Un brillant film générationnel qui est aussi une ingénieuse parabole et qui témoigne une nouvelle fois de l’éclectisme du talent de David Fincher et qui aura même sans doute valeur sociologique mais qui, en revanche, ne mérite pas l’appellation de « film de l’année » qui me laisse perplexe… sans doute l’aspect très narcissique qui flatte l’ego d’une génération qui se reconnait dans cet entrepreneur certes brillant mais effroyablement, cyniquement et sinistrement avide de reconnaissance.

    Précisons enfin que Mark Zuckerberg a désavoué le film qui, s’il nuit au créateur de Facebook, devrait encore davantage populariser sa création.

     Ci-dessous, le vrai Mark Zuckerberg évoque "The social network".


    Sortie en salles : le 13 octobre.

  • Leonardo DiCaprio dans le rôle de Gatsby le Magnifique: qu'en pensez-vous ?

    7-10-2010_049.jpgPhoto ci-dessus © inthemoodforcinema.com (juillet 2010)

    Le talent de Leonardo Di Caprio n'est plus à prouver : que ce soit dans "Les Noces rebelles", "Inception" ou "Shutter Island", il crève l'écran, c'est pourtant un vrai challenge que de reprendre le rôle de Gatsby, l'inoubliable personnage du roman de Fitzgerald déjà interprété à l'écran par Robert Redford duquel il est indissociable. C'est Baz Luhrmann qui se charge de cette nouvelle adaptation. Tobey Maguire et Amanda Seyfried incarneront respectivement Nick Carraway et Daisy Buchanan. En attendant de découvrir cette nouvelle adaptation, retrouvez,, ci-dessous, ma critique de "Gatsby le magnifique" de Jack Clayton avec Robert Redford et Mia Farrow.

    gatsby4.jpg
    gatsby.jpg
    gatsby5.jpg

    gatsby3.jpgAdapté en 1974 du chef d'œuvre de Fizgerald, le film (comme le roman) se déroule dans la haute aristocratie américaine. Une vraie gageure d'adapter ce sublime roman( sans doute un de ceux que j'ai le plus relus) qui évite toujours soigneusement la mièvrerie et assume le romantisme effréné et exalté (mais condamné) de son personnage principal.

    Eté 1920. Nick Carraway (Sam Waterston), jeune homme du Middlewest américain se rend à New York pour travailler comme agent de change.  C'est dans la zone huppée de Long Island qu'il trouve une maison, juste à côté de la somptueuse demeure du mystérieux Gatsby (Robert Redford) et avec une vue imprenable sur East Egg où vivent sa cousine Daisy (Mia Farrow) et son mari Tom Buchanan (Bruce Dern) . Daisy  s'ennuie avec son mari bourru qui la trompe ouvertement et elle tue le temps avec son amie la golfeuse professionnelle Jordan Baker. Tom présente même à Nick  sa maîtresse Myrtle Wilson (Karen Black), la femme du garagiste. Tous s'étonnent que Nick ne connaisse pas son voisin Jay Gatsby qui donne des réceptions somptueuses avec des centaines d'invités et sur le compte de qui courent les rumeurs les plus folles. C'est en répondant à une des invitations de son mystérieux voisin que Nick va faire ressurgir le passé liant sa cousine Daisy à l'étrange et séduisant Jay Gatsby.

    Dès les premières minutes, ce film exerce la même fascination sur le spectateur que le personnage de Jay Gatsby sur ceux qui le côtoient ou l'imaginent. La magnificence crépusculaire  de la photographie et la langueur fiévreuse qui étreint les personnages nous laissent entendre que tout cela s'achèvera dans le drame mais comme Nick nous sommes fascinés par le spectacle auquel nous souhaitons assister jusqu'au dénouement. Jay Gatsby n'apparaît qu'au bout de vingt minutes, nous nous trouvons alors dans la même situation que Nick qui ne le connaît que par sa réputation : on dit qu'il «  a tué un homme » et qu'il n'apparaît jamais aux fêtes somptueuses qu'il donne dans une joyeuse décadence.

    Comme dans le roman de Fitzgerald, le film de Jack Clayton dépeint brillamment l'ennui de la haute aristocratie américaine grâce à plusieurs éléments : l'élégance romantique et le jeu de Robert Redford ( difficile après avoir vu le film d'imaginer autrement le personnage de Gatsby qu'il incarne à la perfection), le scénario impeccable signé Francis Ford Coppola, une photographie éblouissante qui évoque à la fois la nostalgie et la chaleur éblouissantes, une interprétation de Mia Farrow entre cruauté, ennui, insouciance et même folie, l'atmosphère nostalgique et fiévreuse (la sueur perle en permanence sur le front des personnages comme une menace constante), et puis bien sûr l'adaptation du magnifique texte de Fitzgerald : « La poussière empoisonnée flottant sur ses rêves » ou cette expression de « nuages roses » qui définit si bien le ton du roman et du film. Avec l'amertume dissimulée derrière l'apparente légèreté. La mélancolie et le désenchantement derrière la désinvolture. Il faut aussi souligner l'excellence des seconds rôles et notamment de Karen Black aussi bien dans la futilité que lorsqu'elle raconte sa rencontre avec Tom Buchanan.

     « Gatsby le magnifique » est à la fois une critique de l'insouciance cruelle et de la superficialité de l'aristocratie que symbolise Daisy, c'est aussi le portrait fascinant d'un homme au passé troublant, voire trouble et à l'aura romantique dont la seule obsession est de ressusciter le passé et qui ne vit que pour satisfaire son amour inconditionnel et aveugle. (Ah la magnifique scène où Jay et Daisy dansent dans une pièce vide éclairée à la bougie !) Face à lui Daisy, frivole et lâche, qui préfère sa réputation et sa richesse à Gatsby dont la réussite sociale n'avait d'autre but que de l'étonner et de poursuivre son rêve qui pour lui n'avait pas de prix. Gatsby dont par bribes  la personnalité se dessine : par sa manie d'appeler tout le monde « vieux frère », par ses relations peu recommandables, par le portrait qu'en dresse son père après sa mort, un père qu'il disait riche et mort. Pour Daisy, la richesse est un but. Pour  Jay, un moyen (de la reconquérir). Elle qui ne sait que faire des 30 années à venir où il va falloir tuer le temps.

    Les deux êtres pour qui l'argent n'étaient qu'un moyen et non une fin et capables d'éprouver des sentiments seront condamnés par une société pervertie et coupable de désinvolture et d'insouciance. Un film de contrastes. Entre le goût de l'éphémère de Daisy et celui de l'éternité de Gatsby. Entre la réputation sulfureuse de Gatsby et la pureté de ses sentiments. Entre la fragilité apparente de Daisy et sa cruauté. Entre la douce lumière d'été et la violence des sentiments. Entre le luxe dans lequel vit Gatsby et son désarroi. Entre son extravagance apparente et sa simplicité réelle. Entre la magnificence de Gatsby et sa naïveté. Et tant d'autres encore. Des contrastes d'une douloureuse beauté.

    C'est à travers le regard sensible et lucide de Nick qui seul semble voir toute l'amertume, la vanité, et la beauté tragique de l'amour, mélancolique, pur et désenchanté, que Gatsby porte à Daisy que nous découvrons cette histoire tragique dont la prégnante sensation ne nous quitte pas et qui nous laisse avec l'irrésistible envie de relire encore et encore le chef d'œuvre de Fitzgerald et de nous laisser dangereusement griser par l'atmosphère de chaleur écrasante, d'extravagance et d'ennui étrangement mêlés dans une confusion finalement criminelle. Un film empreint de la fugace beauté de l'éphémère et de la nostalgie désenchantée qui portent le fascinant et romanesque Gatsby. A (re)voir absolument.