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  • Découvrez l’humoriste Ben au Grand point virgule Montparnasse, le dimanche, à 17H30 - Critique

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    Un dimanche glacial et sombre (presque pléonasme) de novembre, direction le quartier Montparnasse pour découvrir l’humoriste/acteur Ben ET Le Grand Point Virgule ouvert depuis peu, fin 2012 pour être (im)précise, en complément du célèbre Point Virgule créé en 1975 par Martin Lamotte, Gérard Lanvin et Anémone, Grand Point Virgule où l’accueil est jovial et sympathique…mais je digresse…mais, finalement, en digressant je ne digresse pas tant que ça, Ben étant lui-même spécialiste de la digression…qu’il pratique avec parcimonie, au contraire de l’humour absurde qu’il pratique avec bonheur (qui n’est certes pas un antonyme de parcimonie) et abondance (nous y voilà).

    Si je vais souvent au théâtre, je l’avoue humblement : Ben est le premier humoriste ou « one man show » que je vais voir en spectacle, ma curiosité n’en était donc que plus aiguisée et, déjà, mon admiration, naissante, devant la folie et/ou l’inconscience et/ou le courage qu’il faut pour, ainsi,  se donner en spectacle devant une centaine de personnes. D’ailleurs, ici, il s’agit de donner un spectacle et non se donner en spectacle… Ben étant visiblement un artiste plus généreux que (démesurément) égocentrique.

    Une partie du public semble connaître l’artiste (et donc l’apprécier, j’imagine, pour être là…) notamment grâce à ses chroniques sur France Inter. L’artiste arrive, sur scène, tout en paraissant y passer par mégarde, dans une atmosphère presque recueillie où il me semble que le moindre sourire/soupir/bâillement (je ne pense pas qu’il y en ait eu concernant ce dernier au contraire des deux autres, me concernant en tout cas) peut être perçu par l’artiste, tant la scène est proche et la salle relativement exigüe, en tout cas conviviale. Je retiens donc mon souffle pas tant à cause de la peur de me faire remarquer que par celle que j’imagine être celle de l’artiste (oui, je suis une personne simple) devant tous ces regards a priori empathiques mais aussi potentiellement critiques, carnassiers. Mais je digresse à nouveau… Et, alors, le spectacle, vous demandez-vous certainement, las de mes digressions sur les digressions.

    Une découverte ! Une très belle découverte. Celle d’un univers, caractéristique des vrais artistes que d’en avoir un. Un artiste sur le fil, peut-être grâce ou à cause de l’audace des timides qu’il dit être dans le spectacle et dont il ne serait, finalement pas étonnant qu’il le soit (mais qui ne l’en rend que plus admirable)… La découverte aussi d’un excellent acteur (Ben vient d’être prénommé comme meilleur espoir masculin aux César pour son rôle dans « Superstar » que j’avais lamentablement manqué au moment de sa sortie, appréciant pourtant beaucoup le travail de Xavier Giannoli, je vous promets de rattraper ça prochainement.) Il joue admirablement des silences (l’affiche dit, vrai, même ses silences sont drôles), avec le décor, avec le comique de répétition, et la répétition du comique de répétition, et la répétition de la répétition du comique de répétition… Il se moque du public mais pour finalement mieux se moquer de lui-même. Son humour est caustique, sans être agressif, joyeusement décalé sans jamais être méchant…et c’est avant tout ce qui m’a ravie…Il semblerait que, pour beaucoup de comiques (et de critiques d’ailleurs), la méchanceté soit un moyen d’être distingué, en faisant ainsi rire aux dépends des autres pour, peut-être, sans doute, masquer une certaine vacuité (il faudrait leur recommander « Ridicule » de Patrice Leconte…).

    Au contraire, l’écriture de Ben est grinçante et réjouissante grâce à une manière singulière de faire rebondir les idées et de jongler avec les mots même si « L’écriture est un fléau moins dangereux que l’alcool ». C’est à mon avis quand il va et ose vraiment dans l’absurde, aux frontières d’une folie douce et communicative, qu’il est le meilleur, et vraiment irrésistible, et quand il va sur des sentiers battus (la religion) et certaines facilités qu’il est moins intéressant. Parfois, aussi, une seconde, la faille affleure (la mélancolie, même, ne semble pas bien loin), pour nous toucher l’espace d’un instant avant que le rire ne reprenne ses droits.

    Quoiqu’il en soit, une danse délicieuse des sons (enfin, plutôt des mots, c’était pour l’allitération en s et faire raisonner la forme et le fond) et des idées, un spectacle réjouissant, drôle, savoureusement absurde et la découverte d’une belle écriture grinçante et d’un acteur à suivre très attentivement !

    Ben au Grand Point Virgule, le dimanche à 17H30.  8 bis rue de l’Arrivée – 75015 Paris Montparnasse- http://www.lepointvirgule.com/content/ben-au-grand-point-virgule

     

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  • Critique de "La Piscine" de Jacques Deray avec Alain Delon, Romy Schneider

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    Après une première publicité, en 2011, qui, déjà, reprenait des images de "La Piscine" de Jacques Deray, une nouvelle vient de faire son apparition. Je ne sais trop si je dois me réjouir que les images d'un si beau film servent à un "objet" commercial mais j'espère au moins que cela donnera envie à ceux qui ne le connaissent pas encore de découvrir ce film aussi incandescent que ses acteurs dont je vous invite à retrouver la critique ci-dessous (après la vidéo de la publicité en question).

    Ce film date de 1968: c’est déjà tout un programme. Il réunit Maurice Ronet, Alain Delon, Romy Schneider, Jane Birkin dans un huis-clos sensuel et palpitant: ce quatuor est déjà une belle promesse.

    Marianne (Romy Schneider) et Jean-Paul (Alain Delon) passent en effet des vacances en amoureux dans la magnifique villa qui leur a été prêtée sur les hauteurs de Saint-Tropez. L’harmonie est rompue lorsqu’arrive Harry (Maurice Ronet), ami de Jean-Paul et de Marianne chez lequel ils se sont d’ailleurs rencontrés, cette dernière entretenant le trouble sur la nature de ses relations passées avec Harry. Il arrive accompagné de sa fille de 18 ans, la gracile et nonchalante Pénélope (Jane Birkin).

    « La piscine » fait partie de ces films que l’on peut revoir un nombre incalculable de fois (du moins que je peux revoir un nombre incalculable de fois) avec le même plaisir pour de nombreuses raisons mais surtout pour son caractère intelligemment elliptique et son exceptionnelle distribution et direction d’acteurs.

    Dès les premières secondes, la sensualité trouble et la beauté magnétique qui émane du couple formé par Romy Schneider et Alain Delon, la langueur que chaque plan exhale plonge le spectateur dans une atmosphère particulière, captivante. La tension monte avec l’arrivée d’Harry et de sa fille, menaces insidieuses dans le ciel imperturbablement bleu de Saint-Tropez. Le malaise est palpable entre Jean-Paul et Harry qui rabaisse sans cesse le premier, par une parole cinglante ou un geste méprisant, s’impose comme si tout et tout le monde lui appartenait, comme si rien ni personne ne lui résistait.

    Pour tromper le langoureux ennui de l’été, un jeu périlleusement jubilatoire de désirs et de jalousies va alors commencer, entretenu par chacun des personnages, au péril du fragile équilibre de cet été en apparence si parfait et de leur propre fragile équilibre, surtout celui de Jean-Paul, interprété par Alain Delon qui, comme rarement, incarne un personnage vulnérable à la sensualité non moins troublante. L’ambiguïté est distillée par touches subtiles : un regard fuyant ou trop insistant, une posture enjôleuse, une main effleurée, une allusion assassine. Tout semble pouvoir basculer dans le drame d’un instant à l’autre. La menace plane. L’atmosphère devient de plus en plus suffocante.

    Dès le début tout tourne autour de la piscine : cette eau bleutée trompeusement limpide et cristalline autour de laquelle ils s’effleurent, se défient, s’ignorent, s’esquivent, se séduisent autour de laquelle la caméra virevolte, enserre, comme une menace constante, inéluctable, attirante et périlleuse comme les relations qui unissent ces 4 personnages. Harry alimente constamment la jalousie et la susceptibilité de Jean-Paul par son arrogance, par des allusions à sa relation passée avec Marianne que cette dernière a pourtant toujours niée devant Jean-Paul. Penelope va alors devenir l’instrument innocent de ce désir vengeur et ambigu puisqu’on ne sait jamais vraiment si Jean-Paul la désire réellement, s’il désire atteindre Harry par son biais, s’il désire attiser la jalousie de Marianne, probablement un peu tout à la fois, et probablement aussi se raccrochent-ils l’un à l’autre, victimes de l’arrogance, la misanthropie masquée et de la désinvolture de Harry. C’est d’ailleurs là que réside tout l’intérêt du film : tout insinuer et ne jamais rien proclamer, démontrer. Un dialogue en apparence anodin autour de la cuisine asiatique et de la cuisson du riz alors que Jean-Paul et Penelope reviennent d’un bain nocturne ne laissant guère planer de doutes sur la nature de ce bain, Penelope (dé)vêtue de la veste de Jean-Paul dans laquelle elle l’admirait de dos, enlacer Marianne, quelques jours auparavant, est particulièrement symptomatique de cet aspect du film, cette façon d’insinuer, cette sensualité trouble et troublante, ce jeu qui les dépasse. Cette scène entremêle savoureusement désirs et haines latents. Les regards de chacun : respectivement frondeurs, évasifs, provocants, dignes, déroutés… font que l’attention du spectateur est suspendue à chaque geste, chaque ton, chaque froncement de sourcil, accroissant l’impression de malaise et de fatalité inévitable.

    Aucun des 4 personnages n’est délaissé, la richesse de leurs psychologies, de la direction d’acteurs font que chacune de leurs notes est indispensable à la partition. La musique discrète et subtile de Michel Legrand renforce encore cette atmosphère trouble. Chacun des 4 acteurs est parfait dans son rôle : Delon dans celui de l’amoureux jaloux, fragile, hanté par de vieux démons, d’une sensualité à fleur de peau, mal dans sa peau même, Romy Schneider dans celui de la femme sublime séductrice dévouée, forte, provocante et maternelle, Jane Birkin dont c’est le premier film français dans celui de la fausse ingénue et Maurice Ronet dans celui de l’ « ami » séduisant et détestable, transpirant de suffisance et d’arrogance…et la piscine, incandescente à souhait, véritable « acteur ». Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas lever le voile sur les mystères qui entourent ce film et son dénouement.

    Deray retrouvera ensuite Delon à 8 reprises notamment dans « Borsalino », « Flic story », « Trois hommes à abattre »… mais « La piscine » reste un film à part dans la carrière du réalisateur qui mettra en scène surtout un cinéma de genre.

    Neuf ans après « Plein soleil » de René Clément (que je vous recommande également), la piscine réunit donc de nouveau Ronet et Delon, les similitudes entres les personnages de ces deux films sont d’ailleurs nombreuses et le duel fonctionne de nouveau à merveille.

    Un chef d’œuvre dont le « Swimming pool » de François Ozon apparaissait comme une copie détournée, certes réussie mais moins que l’original, aucun cinéaste n’a réussi à susciter la même incandescence trouble.

    Un film sensuel porté par des acteurs magistraux, aussi fascinants que cette eau bleutée fatale, un film qui se termine par une des plus belles preuves d’amour que le cinéma ait inventé. A voir et à revoir. Plongez dans les eaux troubles de cette « piscine » sans attendre une seconde …à vos risques et périls.

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