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Critique - « Comme les 5 doigts de la main » d’Alexandre Arcady

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L'acharnement systématique comme celui subi par ce film dont, à lire une large majorité de critiques, j'en étais presque venue à croire que « Camping 2 » était un chef d'œuvre à côté, a particulièrement le don de m'agacer. Si « Comme les cinq doigts de la main » n'est pas le film de la décennie, il est aussi loin d'être le pire et il a au moins le mérite de tenir ses promesses. Que les promesses plaisent ou déplaisent, c'est là une autre question dont la réponse négative ne méritait pas un tel déchainement.

Les Hayoun. Cinq frères semblables et très différents dont le père est mort très tôt. L'aîné, Dan,  (Patrick Bruel) dirige un restaurant.  D'ailleurs, il dirige aussi la famille. Il a repris le rôle du patriarche avec trois de ses frères que sont Jonathan (Pascal Elbé), le pharmacien nerveux, le plus religieux et doux des trois qui tient aux valeurs de la famille ; Julien (Eric Caravaca), professeur, un peu décalé ; Michael (Mathieu Delarive), le chien fou qui brûle son existence et son argent au pocker. Enfin, il y a le cadet David (Vincent Elbaz) avec lequel c'est plus compliqué : il s'est éloigné de la famille depuis plusieurs années et réapparaît brusquement et avec lui un lourd secret.  Les cinq frères vont alors s'unir pour défendre et venger la mémoire de leur père assassiné. Quant à leur mère Suzie, elle survit grâce à l'amour de ses fils et des traditions juives qu'elle suit scrupuleusement.

Tout au long de sa filmographie, Alexandre Arcady s'est attaché à dépeindre la communauté juive et l'exil (il quitte l'Algérie devenue indépendante pour la France à 15 ans) souvent associées à des thématiques mafieuses (Le Grand Pardon) ou policières (Hold up, L'Union sacrée). Sans doute ses détracteurs s'attendaient-ils à une sorte de Grand Pardon 3. Or avec ce nouveau film Arcady, (même si la trame de fond est policière), s'est avant tout attaché à dépeindre la vie familiale et à faire l'éloge de l'amour fraternel.

 Les quarante premières minutes du film, il s'attèle ainsi à montrer chacun des frères ensemble puis individuellement dans leurs milieux respectifs mettant l'accent sur leurs différences mais aussi leur solidarité. Autour d'eux gravitent quelques femmes : l'épouse fidèle de Jonathan, l'épouse séduisante et séductrice de Dan, Linda ( Caterina Murino). Le retour de David  va venir briser un moment cette harmonie fragile, une rancœur passée le liant à Dan, avant que la solidarité familiale ne reprenne le dessus.

Quand je parle d'un film qui tient ses promesses, je pense au sujet de départ, celui de la solidarité familiale, de l'amour fraternel. Cette famille prend vie sous nos yeux et le spectateur s'attache assez rapidement aux protagonistes (en tout cas, je m'y suis attachée) regrettant néanmoins que certains personnages ne soient pas davantage fouillés, esquissés comme autant d'histoires possibles. Ce qui se justifie néanmoins puisque ce sont les cinq frères le cœur de l'histoire et non ceux qui gravitent autour d'eux. Sans doute certains ont-ils été déçus s'attendant à un thriller âpre et haletant, et même si la vie confortable des cinq frères bascule dans la violence, là n'était de toute façon pas le sujet.  Un plan rappelant d'ailleurs « Vincent, François, Paul et les autres » de Claude Sautet (film phare sur l'amitié), le souligne d'ailleurs.

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C'est dans les face-à-face entre deux personnages qu'Arcady est ici le meilleur pour créer la tension et donner du souffle à l'intrigue: les deux frères Dan et David l'un face à l'autre (sans doute ce face-à-face aurait-il été meilleur si David avait été interprété par Anconina comme c'était initialement prévu), ou Dan face à sa femme Linda, couple  électrique qui doit sa crédibilité à la fois au magnétisme de Patrick Bruel, dont c'est la cinquième et judicieuse collaboration avec Arcady (qui a aussi prouvé notamment dans le très beau film de Claude Miller, « Un secret », qu'il pouvait avoir des rôles beaucoup plus en retenue), et de Caterina Murino. Des scènes beaucoup plus porteuses de tension que l'assaut final où les cinq frères ont beaucoup plus l'air de jouer à la guerre que de se battre.

Alors certes le dénouement est superflu et larmoyant (encore qu'il soit justifié par le thème de départ), et le traitement parfois désuet ou archétypal (ce qui d'ailleurs contribue au rythme et à l'efficacité) mais c'est aussi parfois ce que l'on attend du cinéma, de ce cinéma et qu'on pardonne d'ailleurs beaucoup plus facilement aux films venus d'Outre-Atlantique. Quant à la musique, elle n'est pas plus omniprésente que dans un film d'Olivier Marchal, et est toujours au service du sujet et de l'atmosphère. En tout cas, rien ne justifiait cet emballement contre ce film qui est ce qu'il aspirait à être : un film très divertissant qui dépeint une communauté et fait l'éloge de l'amour filial et fraternel. Dussé-je être la seule, si vous souhaitez passer un bon moment, je vous recommande « Comme les cinq doigts de la main » qui sera au moins aussi efficace qu'une grande majorité de blockbusters américains et a le mérite de tenir ses promesses et d'être réalisé par un cinéaste sincère et fidèle à ses thèmes de prédilection et sans doute à ses racines dont ils sont indissociables.

Commentaires

  • Merci beaucoup Sandra de votre critique !
    Après l'avoir vu hier après-midi, je le conseille vivement, rien que de voir l'acteur-chanteur Patrick Bruel encore plus étonnant que ses précédents films.

    Une très belle histoire, une moralité très juste et une interprétation fiévreuse des comédiens qui rendent le spectacle divertissant, à défaut d'être inoubliable ! Parce que ça fait tellement longtemps de n'avoir pas revisité un vrai polar digne des années Audiard, Delon... Faut y aller pour l'ambiance, le réalisateur et les comédiens tous exceptionnels qui retranscrivent une sacré époque...

  • Je me souviens que "K" d'Alexandre Arcady avait aussi été dépeint comme un affreux film. Alors, que j'avais passé un bon moment.

    Je vais suivre votre conseil et aller le voir. Aujourd'hui ou demain sans doute :)

  • @William: Ah, ça fait plaisir! :-) Je croyais bien être la seule à avoir aimé ce film et je commençais à me poser des questions... Pour un polar à la Delon, ce dernier ayant malheureusement finalement abandonné son projet avec Marchal il faudra en effet se contenter des "successeurs".
    @TheCélinette: Oui, moi aussi, même chose pour "K". N'hésitez pas à venir me dire ce que vous en aurez pensé. On va créer un groupe de soutien!:-)

  • quelle bonne leçon de déontologie face aux "critiques" ! enfin une critique objective sur ce film qui n'est pas là pour se "payer" Arcady ! certes le film ne révolutionne en rien le genre, peut se voir directement en DVD mais le film ne vaut pas cet halali ! en tout cas c'est un honnête polar avec de très bon acteur ! bon après on peut reprocher pleins de choses à Arcady ( le grand pardon est bien un sous sous parrain), certains de ses films sont des catas ( entre chien et loup, tu peux garder un secret ?) mais comme dirait l'expression c'est un " honnête artisan" !
    argh marre parfois de la critique qui descent systematiquement les films rien que sur le nom du réal ( leconte par ex) ou à contrario comme desplechin ou honoré crie au génie à chaque film aussi nul soit il .

  • @victor: Ce n'est en effet pas dans mon esprit de me "payer" un réalisateur qui par ailleurs s'en ficherait probablement!:-) Et moi aussi cela m'agace cette destruction systématique ou au contraire ces réalisateurs encensés quoiqu'ils fassent. Desplechin en est en effet un très bon exemple! En tout cas, pour l'instant que des commentaires plutôt positifs sur le film... mais les fameux "critiques" l'accuseront sans doute d'être "populaire" (l'insulte suprême selon certains) voire populiste.

  • Vous avez faite une très bonne analyse sur le film d'Alexandre Arcady que j'ai envie de revoir. Je le résumerai ainsi : un très bon polar divertissant avec une intrigue digne de la génération de Michel Audiard... et des années 60-70...
    Ce côté-là m'a plu beaucoup, puis, ce type de film se font de plus en plus rare dans le cinéma français. Donc, je trouve ça dommage que de dénaturer l'oeuvre d'un grand réalisateur, dont les origines sont similaires à celle de Bruel, Elbé...

    En France, pour une fois qu'un réalisateur nous offre des bons polars, nous allons pas nous plaindre. Parce qu'il en existe très peu mais nous pouvons trouver Lucas Belvaux (La raison du plus faible, Rapt et une formidable interprétation d'Yvan Attal...) et Olivier Marchal (36, quais des orfèvres, MR 73...) qui nous offre du bon cinéma mélangeant l'action, le polar et cinéma engagé.

  • Je ne lis pas, je ne l'ai pas vu encore mais c'est prévu lundi. J'irai le voir comme tous les films d'Arcady.
    C'est comme pour Lelouch (par exemple), c'est très chic et snob de dire qu'on n'aime pas.
    Moi je m'en fous.
    Je fais partie des rares (comme toi je crois) qui avais aimé "ô Jérusalem".

  • Nous pensions Mr. Arcady (Le grand pardon, Le grand carnaval, Pour Sacha, etc... ) gravement atteint d'un cancer colorectal en phase métastasique avancée... heureusement il n'en est rien... ouf nous voilà rassuré... J'en veux pour preuve sa dernière bouse « Les 5 doigts de la main », cette oeuvre, digne d'un côlon en parfait état de marche, nous enlève toute inquiétude sur les facultés « défécatoires » de ce monsieur.... A ce niveau c'est plus du cinéma... c'est du blanchiment d'argent !

  • Si on aime pas Arcady, on ne va pas voir ses films, on gagne du temps de l'argent et on n'a pas à faire de critiques odieuses comme celle qui précède. Tout ce que, je sais ne pas aimer, je l'évite ! J'ai adoré ce film! L'histoire n'est pas plus débile que tout ce qu'on nous sert habituellement, la violence n'est que suggérée, les acteurs sont excellents de vérité, judéo-pieds-noirs c'est vrai ! De temps en temps, la culture méditérranéenne et les liens familiaux qui la caractérise font du bien, dans cette époque où les liens se distendent, et où le respect n'a plus droit de cité. Donc respectons le travail d'Alexandre Arcady, son équipe d'excellents acteurs, et ce film que personnellement j'ai beaucoup aimé. Il faut de tout pour faire un monde ... et il en faut pour tous les goûts.

  • @William: Merci.:-) Oui, en effet je suis d'accord pour Belvaux (j'avais beaucoup aimé "Rapt") et pour Marchal (qui de surcroît connaît bien ce dont il parle).
    @Pascale: Oui, dis que tu aimes Lelouch à un critique et il te regardera immédiatement d'un air dédaigneux. C'est oublier qu'il a aussi et surtout réalisé "Un homme et une femme" à l'époque encensé par la critique et qui a reçu toutes les récompenses imaginables à commencer par la palme d'or! Je ne déteste rien de plus que cette sorte de snobisme critique...
    @ thaumetopea : Vraiment je suis admirative devant la qualité de vos arguments...seulement je ne sais toujours pas ce vous n'aimez pas dans ce film qui en tout cas a certainement demandé beaucoup plus de talent que quelques mots grossiers et lapidaires.
    @Marie-Pierre: Oui, mais éviter ce que l'on sait ne pas aimer revient à dire qu'on a des préjugés et quand on veut vraiment être critique et objectif, on peut aussi arriver dans une salle sans idée préconçue...

  • Honteux l'acharnement de la critique ! C'est vrai que toutes ces mauvaises langues n'ont pas le talent et la beauté de Patrick Bruel ! Et ce n'est pas avec ces commentaires qu'ils arriverons à commencer à l'égaler ! Ce film est réussi et très agréable.

  • c'est un chef d'oeuvre bravo Mr Arcady et chapeau Monsieur Bruel!

  • Très beau moment de cinéma que ce film où les acteurs crèvent l'écran et sont sincères, tous...
    On se prend à l'intrigue et on aimerait presque faire partie de cette famille...
    Top peu de films de cette qualité et c'est bien dommage!

  • trés beau moment de cinéma merci mr arcady et a mr patrick bruel a revoir

  • Si l'on aime pas les films d'Arcady, c'est pas la peine d'aller voir ce film pour ensuite balancer toutes ces critiques...
    Ce film m'a beaucoup émue, une très belle histoire et une moralité très juste.
    A VOIR.

  • Moi j'ai adoré ce film,et la spontanéité des acteurs....je suggère a cette pauvre Pascal daller voir hors la loi ou indigène,ça lui donnera matière a critiquer....

  • un film magnifique très touchant

  • maerci pour votre commentaire, sans vous je ne l'aurais sans doute pas regarder
    c'est un film qui , s'il avait été "hollywoodien" aurait eu un grand succès
    magnifiques prestations et remarquables comédiens

  • Je viens de terminer de voir le film 2 fois dans la meme soirée. Une première fois à 20h45 et sur une autre chaine du cable après. Je ne suis pas juive, j'aime juste les films d'Alexandre Arcady. Je ne tiens jamais compte des commantaires des journalistes, j'aime voir et après... J'ai adoré le scénario, le lien qui unit les 5 frères, peut etre parce que j'ai 3 fils et que j'aime quand ils sont ensemble et que je les regarde vivre...Le role de tous les acteurs est super et chacun tient le premier role. Mon mari qui travaille ce soir le verra je pense et adorera tout comme moi. La musique de fin est royale. Je voudrais le voir encore une fois

  • Nous venons de visionner la cassette que nous avons acheté, ce film est très caractéristique de l'union familiale. Je suis étonnée de la critique, car pour moi ce film est passionnant, émouvant, et plus, un film français. Nous avons passé une excellente soirée, rien à voir avec tous ses films américains.

  • Xavier, tu te trompes, Pascale a écrit le commentaire d'au-dessus et non de dessous mdr, celui de dessous c'est thaumethopea.
    Sinon, super critique Sandra, merci de rétablir les choses. Moi j'ai trouvé la mort de David un peu décevante car attendue, trop prévisible, bon en même temps c'était le côté dramatique de la chose, mais ils auraient pu nous surprendre! Mais le film en lui-même m'à beaucoup plu!
    J'ai beaucoup aimé K et un secret, l'union sacrée aussi pour les films de Bruel.
    Voilà, bonne soirée!

  • @tous: Merci pour vos commentaires et ravie de voir que vous faites mentir une certaine critique...

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