Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La rose pourpre de Cannes...

La Croisette, 2H30. Les projections et les soirées se succèdent, malgré l’heure tardive la Croisette bruisse et fourmille plus que jamais. Je reviens de la soirée donnée à la suite de la projection du film Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli  et sur le chemin du retour j’observais ce spectacle étrange, cette foule bigarrée qui se montre, s’exhibe, parade, observe ce spectacle dont elle est partie intégrante. Comme dans La rose pourpre du Caire, je me demandais si je n’avais pas traversé l’écran pour me retrouver dans un film, un film de Fellini sûrement. D’une plage à une autre seule la musique change mais à l’entrée les mêmes vigiles qui vous toisent, les mêmes survoltés qui arguent de leur importance injustement méconnue pour entrer. D’une soirée à une autre on retrouve les mêmes visages jamais rassasiés,  les mêmes personnalités a priori d'univers si différents qui cosexistent, les mêmes assoifés...de soirées persuadés que la prochaine sera encore meilleure, et qui à peine entrés ont déjà le regard avide de la prochaine. Le tapis rouge est désert, et impassible avec son "certain regard" il semble regarder cela d’un œil narquois. Cette effervescence semble ne jamais devoir s’interrompre, moi-même j’ai l’impression que ce tourbillon festif et cinématographique ne cessera jamais, que je suis plongée dans une autre dimension dont je ne sortirai jamais, dont je n’ai finalement peut-être pas vraiment envie de sortir, si doucement euphorisante… Une projection succède à une autre, une soirée succède à une autre. La nuit n’existe plus. Cannes fait son cinéma. 24H/24. Un film exubérant, ridicule, touchant, excessif sûrement. Après Fellini la science-fiction. J’aurais tant à vous dire. J’aimerais épiloguer sur chaque soirée, chaque film plus encore, surtout sur l’incandescence poétique de Ca brûle le film lyrique de Claire Simon qui vous laisse un souvenir brûlant, un film sur la soif d'absolu, fatalement belle, certainement une des meilleures surprises de ce festival, présentée à la Quinzaine des réalisateurs, sur le vibrant et bouleversant hommage aux tirailleurs dans Indigènes de Rachid Bouchareb, mon favori de la sélection officielle dont la belle plus reconnaissance à ceux dont il retrace la tragique et héroîque destinée serait certainement de figurer au palmarès (Grand prix? Prix d'interprétation?), de la noirceur désespérée et désespérante de la plupart des films en compétition (certes Bruno Dumont avec Flandres veut dénoncer mais pourquoi alors toujours employer la même arme, la violence pour la condamner, le voyeurisme pour nous mettre face à nos propres faiblesses, n’est ce pas un peu surfait et facile ?), de ces réalisateurs qui sous prétexte de ne pas être mièvres deviennent glauques et pathétiques, qui sous prétexte d'éviter la banalité recourent à la même pseudo originalité, du public qui en a peut-être assez et probablement est-ce la raison des applaudissements éffrénés à l’issue de Quand j’étais chanteur, de la légèreté qui avait déserté la Croisette et qui s’en est de nouveau emparée ce soir, de la grâce de Gena Rowlands, de la fantaisie jubilatoire d’Almodovar et de ses personnages colorés et fantomatiques, de la dérision désenchantée et lucide de Moretti, de ce réalisateur dont je tairai le nom visiblement éméché qui a bien failli ne pas accéder au palais des festivals après une alertcation avec la sécurité obtus du palais, du film de Jacques Fieschi, La Californie dans lequel Nathalie Baye est une nouvelle fois magistrale, de ces films comme dont la sélection est totalement incompréhensible, de ce temps distendu que je voudrais suspendre Mais de tout cela je vous parlerai plus longuement avec le recul et le temps nécessaires, loin des réactions grégaires et excessives des festivaliers, quand j’aurai retrouvé la réalité, du moins un monde où des personnages étranges en nœuds papillons et robes de soirées n’arpentent pas les plages à 6 heures du matin, où votre importance ne dépend pas de ce petit panneau que vous arborez autour du cou… En attendant demain vous pourrez retrouver mes pronostics…à moins que je ne sois restée de l’autre côté de l’écran, dans ce film qui m’environne, dans cette Dolce vita qui me happe dans son tourbillon, et me donne envie de fredonner… A suivre.

Sandra.M

Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2006 Pin it! 2 commentaires

Commentaires

  • Bravo; vous savez vraiment capter une ambiance. J'ai aimé aussi : "ce temps distendu que je voudrais suspendre".

  • Merci...Le rythme frénétique de ce festival ne m'a malheureusement pas permis d'écrire autant que je l'aurais voulu mais je vais très bientôt y remédier par un compte-rendu aussi exhaustif que possible.
    Sandra.M

Les commentaires sont fermés.