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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 25

  • Soutenez les Toiles enchantées en allant au cinéma le 25 décembre!

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    Voilà une très belle initiative et une magnifique association dont je vous parle chaque année. Un petit rappel d'abord sur "Les Toiles enchantées": une formidable association qui propose des séances de cinéma aux enfants malades dans les hôpitaux. Chaque année, simplement en allant au cinéma le 25 décembre, vous permettrez qu'une partie du prix de votre billet de cinéma revienne à cette association. Alors, pourquoi ne pas vous faire plaisir tout en faisant une bonne action? Pourquoi ne pas attendre quelques jours de plus même si vous n'aviez prévu de voir qu'un film en décembre? D'autant que de très bons films sont déjà sortis (vous en trouverez les critiques sur ce blog) et que d'autres arrivent prochainement comme le film de Scorsese. Voici le communiqué de presse de l'opération:

    "Le mercredi 25 Décembre 2013, en vous rendant dans une salle de cinéma, en y "prenant un siège", vous soutiendrez Les Toiles Enchantées !

     Après le succès rencontré lors des trois premières éditions de Joyeux Ciné-Noël, la profession cinématographique, et plus particulièrement les distributeurs de films et exploitants de salles de cinéma, se mobilise une nouvelle fois aux côtés desToiles Enchantées !

     Sur chaque entrée dans une salle obscure, uniquement le jour de Noël, partout en France, quel que soit le film, la salle de cinéma, la séance, ou le mode paiement (billets classiques achetés aux caisses, cartes prépayés, cartes et pass illimités,chèques cinéma, etc…), une partie du prix du billet sera reversée aux ToilesEnchantées pour financer son action quotidienne dans les hôpitaux pédiatriques tout au long de l'année 2014.

    Pour le spectateur, cela ne change donc strictement rien, si ce n’est que quel que soit le film que vous souhaitiez voir en décembre, pourquoi ne pas attendre le 25 ! ! !
    De très bons films vont sortir tout au long du mois... Pour vous aider à planifier votre sortie cinéma, en famille, entre amis... le mercredi 25 décembre, reportez-vous au calendrier ci-dessous.

     Les Toiles Enchantées comptent sur vous !


    Un grand Merci à Raphaël et toute l'équipe de Big Productions pour avoir offert ce spot aux Toiles Enchantées, ainsi qu’à Jean-Baptiste Saurel, son réalisateur.


    Liste des films que vous pourrez aller voir le mercredi 25 décembre dans le cadre de l'opération Joyeux Ciné-Noël !!!

    Sorties du 04/12
    - Casse-tête Chinois (Cedric Klapisch)
    - Zulu (Orlando Bloom, Forest Withaker)

    - La Reine des Neiges (Disney)

    - Carrie - la Vengeance (Julianne Moore)

    - Henri (Yolande Moreau, Jackie Berroyer)

    Sorties du 11/12
    - 100% cachemire (Valérie Lemercier)

    - All is lost (avec Robert Redford)

    - Je fais le mort (Jean-Paul Salomé, avec Géraldine Nakache, François Damiens)

    - Le Hobbit, la désolation de Samaug (Peter Jackson)

    - L'arche de Noé (dessin animé)

    - Le secret de l'Etoile du Nord (film familial norvegien)
    - Le Père Frimas (dessin animé)

    Sorties du 18/12

    - Suzanne (Sara Forestier, François Damiens)

    - Belle et Sébastien (Nicolas vannier)

    - Sur la terre des Dinosaures

    - 16 ans ou presque (Laurent Laffitte)

    - Angelique (Gérard Lanvin - Nora Arnezeder)

    - Mandela, un long chemin vers la liberté

    - Le Géant Egoïste (Grand prix Festival Dinard)

    - Loulou l'Incroyable Secret (dessin animé)
    - Mon oncle (Jacques Tati)

    Sorties du 25/12

    - Le loup de Wall Street (Martin Scorcese, Leonardo di Caprio)

    - Le manoir magique (dessin animé)

    - Albator, Corsaire de l'Espace (dessin animé)

    - Don Jon (Joseph Gordon-Levitt, Scarlett Johansson, Julianne Moore)

    - 2 automnes, 3 hivers (comédie avec Vincent Maccaigne)

    - Les âmes de papier (Julie Gayet, Pierre Richard)

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  • Sortie DVD - Critique de BELLE DU SEIGNEUR de Glenio Bonder

    Après-demain sortira en DVD « Belle du Seigneur », l’adaptation du chef d’œuvre d’Albert Cohen par Glenio Bonder, l’occasion pour moi de revenir sur cette adaptation ratée (car impossible) et de vous proposer également mon article du magazine de l’ENA (juillet/août 2013) à propos de l’adaptation littéraire.

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    Je suis allée voir ce film (en avant-première, dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival, en présence de Natalia Vodianova et de Jonathan Rhys Meyers -vous l’entendrez parler du film dans ma vidéo ci-dessus, tout juste descendu de son avion pour Paris-), avec autant d’impatience que d’appréhension, ce roman étant pour moi inadaptable (pas seulement pour moi d’ailleurs, il est réputé comme tel) et étant surtout celui que je dévore, invariablement, irrationnellement, à chaque lecture, celui que j’aime autant pour son écriture vertigineuse, sa satire si acerbe et juste d’une société avide d’ascension sociale- ah le pathétisme hilarant d’Adrien Deume et de sa médiocrité- que parce qu’il s’agit d’un sublime roman d’amour, ou plutôt roman de désamour d’ailleurs puisque la passion y étouffe ceux qui la vivent, les sublimes et tragiques Ariane et Solal. Roman flamboyant, inoubliable dans lequel Albert Cohen décrit mieux que personne la naissance et la désagrégation de la passion. Un roman éblouissant et terrifiant. Comme les sentiments qu’il dépeint, qu’il dissèque. Un roman, une expérience même, qu’on adore ou déteste mais qui ne laisse sûrement pas indifférent.

     « Belle du Seigneur » a ainsi reçu en 1968 le Grand Prix de l’Académie française. Traduit dans 13 langues, il s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires.

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    Pour le réalisateur, Glenio Bonder, ancien diplomate brésilien aux Etats-Unis, (qui avait déjà réalisé un portrait d’Albert Cohen) « Belle du Seigneur » était plus qu’un film : le projet d’une vie. Comment ne pas le comprendre tant l’adaptation de ce sublime roman, véritable vertige littéraire, est un défi magnifique pour un réalisateur ?

    C’est au milieu des années 1980, alors qu’il est diplomate pour le gouvernement brésilien qu’il commence ainsi à se passionner pour le sujet. Après avoir réalisé des courts métrages, des documentaires et des publicités pour de grandes marques, Glenio Bonder écrit alors un scénario de 120 pages, mais il devra attendre jusqu’en 2010 pour débuter le tournage. Il décèdera avant de voir la version finale de ce film auquel il aura consacré 25 ans de sa vie.

    En 1935/1936, à Genève, le séduisant Solal (Jonathan Rhys Meyers), qui travaille à la SDN (Société des Nations), tente de séduire  Ariane Deume (Natalia Vodianova), aristocrate protestante et épouse de son subalterne Adrien, qui l’éblouit lors d’une soirée. Solal s’introduit ainsi chez Ariane et, dissimulé, il lui déclare sa passion. Il jure alors de la séduire, comme il séduit toutes les autres femmes. Le même jour, il accorde à Adrien Deume la promotion que celui-ci espérait. Ce dernier ne rêve en effet que d’ascension sociale dans le monde de la diplomatie de la Société des Nations. Adrien invite alors Solal à dîner, avec la fierté aveugle que vous pouvez imaginer. Mais Solal ne vient pas…

    Passé le plaisir de retrouver, l’espace d’un instant, ces personnages qui m’intriguent et me fascinent tant (il faut avouer que Jonathan Rhys Meyers, physiquement du moins, correspond à l’image que je pouvais me faire de Solal), malgré la musique de Gabriel Yared, malgré la présence à l’écriture de Vincenzo Cerami, scénariste reconnu qui a notamment coécrit « La vie est belle » avec et de Roberto Benigni, cette adaptation s’est révélée être une terrible déception. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Comment retranscrire à l’écran la complexité des personnages et plus encore de cette écriture unique, fascinante, qui vous happe comme la relation entre Solal et Ariane qui les entraînent irrésistiblement vers cette issue tragique, comme une tentation hypnotique et dangereuse ? Comment retranscrire l’avidité de la passion entre les deux amants, et entre ce livre d’une beauté redoutable et le lecteur ?

     Les personnages d’Albert Choen si complexes, successivement détestables et compréhensibles,  ne sont ici que mièvres, capricieux, totalitaires, sans nuances.  Nulle trace ici de cette écriture éblouissante, à la fois ardue et limpide, d’Albert Cohen, avec ses digressions, ses apartés, avec ses phrases interminables et étourdissantes, sans ponctuation, terriblement belles et clairvoyantes, aussi lyriques que parfois réalistes, et qui vous font chavirer d’admiration. Comment retranscrire les voix des personnages qui se croisent, s’entrechoquent ? Comment retranscrire cette exaltation de la passion et cette écriture elle-même exaltée à laquelle Albert Cohen semble vouer un amour aussi fou que celui d’Ariane et Solal ?

     Là où le film a également échoué c’est dans la transcription du pathétique, dans la satire de l’administration et du monde de la diplomatie (que  le réalisateur connait pourtant bien !).   Tous les sarcasmes, les nuances, l’ironie, le soin du détail d’Albert Cohen sont ici absents. Quel don de l’observation, quelle acuité chez Albert Cohen pourtant dans la transcription de l’autosatisfaction, la paresse, la médiocrité d’Adrien Deume et de l’administration, dans la description de la vacuité de son travail. Et quelles universalité et intemporalité !

     L’épaisseur du roman rend les ellipses inéluctables mais elles ne sont pas toujours judicieuses ici avec notamment l’absence des « Valeureux », cousins orientaux de Solal, qui le retrouvent à Genève, essentiels à la compréhension de la personnalité de Solal, avec aussi la disparition subite d’Adrien de l’histoire ou encore l’absence de l’évocation de la rencontre entre Adrien et Ariane, et même de la tentative de suicide de cette dernière. Le spectateur qui n’a pas lu le roman comprendra aussi difficilement le titre, Ariane étant « Belle du Seigneur », de son « Seigneur », « religieuse de l’amour » , l’amour devenant un art, un mythe même. Ceux qui n’ont pas lu le roman auront aussi sans doute du mal à saisir pourquoi Solal a été chassé de la SDN et a perdu sa nationalité. Nous passerons sur les présences de… Jack Lang et Georges Kiejman. Signalons que le rôle de Mariette (la servante d’Ariane) est (plutôt bien) interprétée par Marianne Faithfull.

     Ariane et Solal, par ailleurs, n’apparaissent jamais dans toute leur complexité, Solal qui est certes irrésistiblement beau mais, aussi, derrière le cynisme, un personnage épris d’absolu tout en se conduisant comme un Don Juan ou un Valmont manipulateur (pléonasme) - Jonathan Rhys Meyers a d’ailleurs déjà interprèté le plus machiavélique des manipulateurs, dans le chef d’oeuvre de Woody Allen, « Match point »-, bref un personnage magnifiquement ambivalent. D’ailleurs, ce personnage me semble à chaque page et même à chaque relecture du roman différent, tour à tour admirable ou haïssable, sublime ou pitoyable, parfois tout cela à la fois.

     Et alors que dans le roman chaque mot est essentiel (monologues sans ponctuation, sans paragraphes qui obligent –obligent n’est d’ailleurs pas le bon terme tant chaque mot se savoure dans l’attente insatiable du suivant- à une attention constante pour ne pas laisser échapper un détail qui éclairerait différemment les personnages), ici tout est réduit à l’anecdotique, à une succession de scènes clefs qui, sans la richesse et la précision de l’écriture ciselée d’Albert Cohen, n’ont plus aucune saveur. La scène de la rencontre du Ritz, d’une beauté si troublante, ardente, dans le roman (et que je ne peux m’empêcher de reprendre ci-dessous pour vous faire découvrir, si vous ne la connaissez pas encore, l’envoûtante musique des mots de Cohen) est ici absurde, accessoire, dénuée d’émotions :

     « En ce soir du Ritz, soir de destin, elle m’est apparue, noble parmi les ignobles apparue, redoutable de beauté, elle et moi et nul autre en la cohue des réussisseurs et des avides d’importances, mes pareils d’autrefois, nous deux seuls exilés, elle seule comme moi, et comme moi triste et méprisante et ne parlant à personne, seule amie d’elle-même, et au premier battement de ses paupières je l’ai connue. C’était elle, l’inattendue et l’attendue, aussitôt élue en ce soir de destin, élue au premier battement de ses longs cils recourbés. Elle, c’est vous.[...] Les autres mettent des semaines et des mois pour arriver à aimer, et à aimer peu, et il leur faut des entretiens et des goûts communs et des cristallisations. Moi, ce fut le temps d’un battement de paupières. Dites-moi fou, mais croyez-moi. Un battement de ses paupières, et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer tiède et sa transparence près du rivage et ma jeunesse revenue, et le monde était né, et je sus que personne avant elle… ».

     Peut-on blâmer Glenio Bonder d’avoir échoué dans cette impossible entreprise, d’avoir fait de ce roman violemment beau, de passions exaltées et exaltantes, et qui déchaîne les passions, un film tiède et lisse, qui nous laisse indifférents ? « Belle du Seigneur » n’est-il pas le roman qui prouve que tout livre n’est pas adaptable ? Pouvait-on retranscrire, traduire en images, sans les trahir, l’ambivalence des personnages, le mélange d’ironie et de tragédie, de beauté et de pathétisme, le vertige procuré par l’écriture qui happe et étourdit comme l’amour qui unit puis désunit Ariane et Solal ?

     Vous l’aurez compris : je vous recommande plus que vivement de (re)lire « Belle du Seigneur ». Je vous le promets, ce roman vous hypnotisera, happera, bouleversera, étourdira et, malgré son pessimisme, en le refermant, vous n’aurez qu’une envie, le relire avec avidité, redécouvrir les personnages, retrouver des indices qui vous feront les envisager différemment, les retrouver pour presque éprouver (grâce à la magie de l’écriture magistrale de Cohen) l’espace d’un instant ce qu’ils éprouvent, les plaindre, les détester, les envier, ne pas toujours les comprendre : revivre cette expérience d’une troublante, tragique, violente et singulière beauté. Quant au film, il pourrait être un cas d’école sur une adaptation impossible…et nous ne saurons jamais si Glenio Bonder aurait été satisfait de cet ultime montage beaucoup trop elliptique et de ce film auquel il aura eu la (compréhensible) folie de consacrer 25 ans de sa vie.

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    Pour une meilleure lecture de l'article suivant rendez-vous sur : http://inthemoodlemag.com/2013/12/02/critique-de-belle-du-seigneur-de-glenio-bonder-sortie-dvd/

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  • GEORGES LAUTNER...

    C'était l'an passé, au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz. George Lautner, très ému, rendait hommage à son ami Claude Pinoteau disparu peu de temps avant. Ils étaient tous deux des habitués du festival auquel ils assistaient chaque année ensemble, inséparables...

     «  Chaque année on venait ensemble à Saint-de-Luz. Mais ce matin j’ai pris l’avion sans lui. Je suis un peu bouleversé. Au-delà de ses films formidables qui ont tant fait pour le cinéma populaire, c’est l’homme que j’aimais. Ensemble, on était heureux. Nous aimions les longues marches sur la plage, les découvertes gastronomiques. Et nous aimions défendre avec passion ce jeune cinéma et être aux côtés de ces gens de Saint-Jean-de-Luz qui se battent pour les jeunes réalisateurs. C’est le côté humain que je veux mettre en avant plus que le cinéaste dont chacun connaît les grandes qualités » avait-il dit alors. Je vous laisse découvrir le reste dans cette vidéo.

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  • La (sublime) affiche française de ALL IS LOST de J.C Chandor et critique du film

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    C’est lors du dernier Festival de Cannes où il était présenté en sélection officielle mais hors compétition que j’ai eu le plaisir de découvrir « All is lost » de J.C Chandor en présence de Robert Redford qui a également donné une conférence de presse dont je vous parle  ci-dessous et dont vous pourrez  retrouver quelques images. C’était un de mes coups de coeur de cette édition cannoise 2013, il figurait également en compétition du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville où il a reçu le prix du jury.  Cette critique, ci-dessous, a aussi été publiée dans le journal de l’ENA en août (vous retrouverez l’article en intégralité en bas de cette page). Je vous en parle à nouveau aujourd'hui puisque vient d'être dévoilée sa sublime affiche.

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    All is lost est le deuxième film du réalisateur J.C Chandor après Margin Call, avec un unique interprète, et non des moindres, Robert Redford, dont la mythique présence a cette année illuminé la Croisette. Quel contraste  entre le vacarme, la foule cannois et le silence, la solitude de All is lost.

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     Lors de la conférence de presse cannoise, Robert Redford, a notamment parlé, avec autodérision et simplicité,  de son amour de la nature et de son inquiétude pour celle-ci, rappelant son engagement en faveur de l’environnement qu’il juge dans une  situation « carrément catastrophique, désastreuse ».   »A mon avis, la planète essaie de nous parler », a-t-il ajouté, évoquant « les ouragans, les tremblements de terre et les tornades », deux jours après la tornade dévastatrice de Moore, près d’Oklahoma City. Il a aussi évoqué son envie de continuer  à jouer, de la difficulté de faire des films aujourd’hui. Il a évoqué le défi que représentait ce film pour lui : « C’est un défi qui m’a beaucoup attiré en tant qu’acteur. Je voulais me donner entièrement à un réalisateur ». Il a aussi abordé l’importance du silence « Je crois dans l’intérêt du silence au cinéma. Je crois aussi dans l’intérêt du silence dans la vie car on parle car on parle parfois trop. Si on arrive à faire passer le silence dans une forme artistique, c’est intéressant ». « Ce film est en plein contraste avec la société actuelle. On voit le temps qu’il fait, un bateau et un homme. C’est tout ». « Il y a évidemment des similitudes avec Jeremiah Johnson » a-t-il également répondu.

    Dans Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, Robert Redford fuyait ainsi les hommes et la civilisation pour les hauteurs sauvages des montagnes Rocheuses. Ici, dans All is lost, au cours d’un voyage en solitaire dans l’Océan Indien, au large de Sumatra, à son réveil, il découvre que la coque de son voilier a été heurtée et endommagée par un container flottant à la dérive. Privé de sa radio, il doit affronter seul les éléments mais malgré toute sa force, sa détermination, son intelligence, son ingéniosité, il devra bientôt regarder la mort en face. Ici, aussi, c’est finalement la civilisation (incarnée par ce container rouge au milieu de l’horizon bleutée et qui transportait d’ailleurs des chaussures, incarnation de la société de consommation mondialisée ) qui le rattrape (alors que, peut-être, il voulait la fuir, nous ne le saurons jamais…), contraint à se retrouver ainsi « seul au monde », comme dans le film éponyme de Robert Zemeckis avec Tom Hanks, même si je lui préfère, et de loin, ce film de J.C Chandor.

    Pendant 1H45, il est en effet seul. Seul face à la folle et splendide violence des éléments. Seul face à nous. Seul face à lui-même. Seul face à l’Océan Indien à perte de vue. Seul face à la force des éléments et face à ses propres faiblesses. Seul face à la nature. Cela pourrait être ennuyeux…et c’est passionnant, palpitant, terrifiant, sublime, et parfois tout cela à la fois.

    Le seul «dialogue », est en réalité un monologue en ouverture du film, une sorte de testament qui s’écoute comme le roulement poétique, doux et violent, des vagues, et qui place ce qui va suivre sous le sceau de la fatalité : « Ici, tout est perdu, sauf le corps et l’âme ».

     Progressivement il va se voir dépouillé de ce qui constitue ses souvenirs, de tout ce qui constitue une chance de survie : radio, eau… Son monde va se rétrécir. La caméra va parfois l’enfermer dans son cadre renforçant le sentiment de violence implacable du fracas des éléments. Avec lui, impuissants, nous assistons au spectacle effrayant et fascinant du déchainement de la tempête et de ses tentatives pour y survivre et résister.

    Le choix du magnétique Robert Redford dans ce rôle renforce encore la force de la situation. Avec lui c’est toute une mythologie, cinématographique, américaine, qui est malmenée, bousculée, et qui tente de résister envers et contre tout, de trouver une solution jusqu’à l’ultime seconde. Symbole d’une Amérique soumise à des vents contraires, au fracas de la nature et de la réalité, et qui tente de résister, malgré tout.

     La mise en scène et la photographie sobre, soignée, épurée, le montre (et sans le moindre artifice de mise en scène ou flashback comme dans L’Odyssée de Pi) tantôt comme une sorte de Dieu/mythe dominant la nature (plusieurs plongées où sa silhouette se détache au milieu du ciel), ou comme un élément infime au milieu de l’Océan. La musique signée Alex Ebert (du groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros) apporte une force supplémentaire à ces images d’une tristesse et d’une beauté mêlées d’une puissance dévastatrice. Inexistante au début du film, elle prend de l’ampleur a fur et à mesure que la tragédie se rapproche et qu’elle devient inéluctable, sans jamais être trop grandiloquente ou omniprésente.

    Certains plans sont d’une beauté à couper le souffle, comme ces requins en contre-plongée qui semblent danser, le défier et l’accompagner ou comme cette fin qui mélange les éléments, l’eau et le feu, le rêve et la réalité ou encore cette lune braquée sur lui comme un projecteur.

     Comme l’a souligné Robert Redford, il s’agit d’un « film presque existentiel qui laisse la place à l’interprétation du spectateur » et cela fait un bien fou de « regarder quelqu’un penser » pour reprendre les termes du producteur même si cette définition pourrait donner une image statique du film qui se suit au contraire comme un thriller.

    En conférence de presse, Robert Redford avait révélé ne pas avoir vu le film et qu’il allait le découvrir le même soir lors de la projection officielle cannoise dans le Grand Théâtre Lumière. On imagine aisément son émotion, à l’issue de cette heure quarante. Face à lui-même. Face à cette fable bouleversante d’une beauté crépusculaire

     All is lost a été présenté hors compétition du 66ème Festival de Cannes. Il aurait indéniablement eu sa place en compétition et peut-être même tout en haut du palmarès.

     

    MES ARTICLES DANS LE MAGAZINE "L'ENA HORS LES MURS". Pour une meilleure lisibilité de cet article, cliquez ici.

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  • Dates du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2014

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    Comme chaque année, en 2014, vous pourrez suivre ici le Festival du Cinéma Américain de Deauville en direct qui se déroulera l'an prochain du 5 au 14 septembre.

    Pour le 40ème anniversaire, je serai bien entendu au rendez-vous puisqu'il s'agira alors de mon...21ème Festival du Cinéma Américain de Deauville par ailleurs le cadre de mon roman "Les Orgueilleux" et de plusieurs des nouvelles de mon recueil "Ombres parallèles".

     Je vous le ferai suivre ici et sur mes sites http://inthemoodfordeauville.com (entièrement consacré au Festival du Cinéma Américain et au Festival du Film Asiatique de Deauville) et http://inthemoodforfilmfestivals.com .

    Ci-dessus, "Les Orgueilleux" sur le tapis rouge du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2013.

    Ci-dessus, "Les Orgueilleux", dans le hall de l'hôtel Normandy, en septembre 2013, lieu où se passe une partie du roman.

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  • L'affiche du film LE GEANT EGOÏSTE de Clio Barnard, chistera du meilleur film à Saint-Jean-de-Luz et Hitchcock d'or du Festival de Dinard

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    « The selfish giant » de Clio Barnard (le Géant égoïste) sortira en salles le 18 décembre. Je l'ai vu à quelques jours d'écart au Festival du Film Britannique de Dinard où il a reçu le Hitchcock d'or et au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz où il a reçu le Chistera du meilleur film. Je vous laisse découvrir l'affiche, ci-dessus, qui vient d'être dévoilé.

    C'est l’histoire âpre et poignante de deux adolescents, Arbor et Swifty renvoyés de l’école et qui collectent des métaux usagés pour un ferrailleur local, le « Géant égoïste », au péril de leur amitié…et de leur vie. A l’image du premier plan, obscur et étrangement poétique, surgissent des lueurs d’humanité au milieu d’un environnement hostile et grisâtre, des éclairs tendres et presque poétiques (« Le géant égoïste » est une libre adaptation d’un conte d’Oscar Wilde). L’environnement et l’image sont nimbés de teintes grisâtres desquelles émerge une rare lueur (au propre comme au figuré) qui n’en est que plus émouvante. La force de l’amitié des jeunes garçons et  la beauté de la nature, en particulier des chevaux auxquels se raccroche le jeune Swifty contrastent avec l’univers glacial, presque carcéral, dans lequel ils évoluent : usines, lignes à haute tension, amas de ferrailles comme autant d’ombres menaçantes (autres géants) qui planent sur eux. Un mélange de violence et de naïveté à l’image de Swifty et Arbor. La vivacité du montage, de la réalisation, des deux jeunes protagonistes (époustouflants) donnent la sensation qu’ils sont constamment sur le fil, que le drame est inéluctable. Il révèlera pourtant une part d’humanité inattendue et d’autant plus bouleversante. Des prix entièrement justifiés.

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  • Critiques des films de l'année 2013 sur Inthemoodforcinema.com

    Voilà les films de 2013 dont vous avez pu lire les critiques cette année sur Inthemoodforcinema.com (d'autres films ont été évoqués plus brièvement, notamment dans le cadre de festivals de cinéma sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com ). Il m'en reste bien sûr encore quelques-uns à découvrir et nombreux sont ceux que je regrette de ne pas avoir vus (mais que j'essaierai de rattraper dès que possible). Cliquez sur les titres pour lire mes critiques. Je vous laisse deviner ceux qui figureront dans mon top 10 de l'année, et celui qui figure pour l'instant en tête (j'avoue que le choix sera cornélien, plus que l'année passée). N'hésitez pas à me dire s'il y a des films que vous souhaiteriez voir chroniqués ici et que vous avez particulièrement aimés cette année).

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