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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 21

  • Découvrez CLAP! nouveau magazine de cinéma en kiosques jusqu'au 15 août 2014

    Pour une meilleure lecture de cet article, retrouvez-le aussi sur mon nouveau site http://inthemoodlemag.com, ici: http://inthemoodlemag.com/2014/07/31/decouvrez-clap-nouveau-magazine-de-cinema/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Longtemps, dès l’âge de 11 ou 12 ans, je pense, j’avais un rendez-vous hebdomadaire incontournable, aller acheter en kiosques les Première, Studio, et Positif (que je continue d’ailleurs à acheter de temps à autre pour ce dernier). Allez savoir pourquoi, pour les deux premiers, j’ai cessé il y a trois ou quatre ans. Sans doute en raison d’internet qui pose un évident problème d’adaptation temporelle et d’immédiateté, sans doute aussi parce que je n’y retrouvais pas l’originalité de point de vue et les articles de fond que je recherchais.

     

    C’est ainsi le parti pris de ce nouveau magazine de cinéma « Clap! », dicté par la passion et écrit par des passionnés, financé par le site participatif Ulule  et ayant rapidement atteint puis dépassé l’objectif fixé pour son financement.

     

    L’objectif du magazine lancé par Romain Dubois est ainsi défini sur le site Ulule : « Lancer la revue cinéma du futur. Nous souhaitons faire entendre aujourd’hui une voix différente et INDEPENDANTE que nous ne retrouvons pas dans la presse cinématographique actuelle. La voix de notre génération, le magazine que nous aimerions lire. Nous croyons au renouvellement de la presse cinéma autour d’une cinéphilie moins universitaire, moins poussiéreuse et plus ouverte sur tous les genres de cinéma autant que sur les séries ! Clap! s’intéresse à tous les cinémas sans préjugés : du blockbuster aux films d’auteur, des classiques de l’Age d’or hollywoodien aux films pop-corn des années 80, de la Série B au film d’animation.  A son cœur purement ciné viendra également s’ajouter un large cahier critique dédié aux séries. Vous l’aurez compris, le but est de n’exclure aucun genre, parler de TOUT, avec passion, précision et ouverture d’esprit.  Chaque numéro sera composé de longues interviews de grands cinéastes, acteurs, techniciens : ceux qui font le cinéma. Mais l’essence même de Clap! sera son dossier d’une vingtaine de pages, dans lequel chacun des rédacteurs exprimera son point de vue sur un thème commun, intemporel ou au contraire en lien avec l’actualité brûlante. Dans les deux cas, le dossier sera écrit avec l’exigence d’une approche inédite, d’un retour aux sources, d’une analyse précise, décalée, sérieuse : ce que le sujet dictera ! Exemples :  Qui est l’héritier légitime d’Hitchcock ?  La guerre du Viêtnam au cinéma. Hollywood n’a-t-il plus rien à dire ? L’animation : de Méliès à Pixar. Ceux qui ont fait l’Age d’Or hollywoodien. La mort de la grande SF.Et parce qu’il y a mille façons d’en parler, Clap! a décidé de rassembler le meilleur du web au sein de sa revue. Enfin un collectif de passionnés du ciné qui promet de tout dire, tout couvrir, pour le meilleur et pour le pire. Ont déjà rejoint la Clapteam : les excellentes plumes d’EastAsia & In the Mood for Cinéma,  qui auront leur rubrique rien qu’à eux ! ».

     

    Je suis vraiment ravie d’écrire dans ce premier numéro (et dans les suivants, très nombreux, j’espère) pour lequel j’ai choisi d’écrire le bilan du Festival de Cannes 2014 (raison pour laquelle je ne l’ai pas publié ici cette année).

     

     

     

     Pour le lire, il vous faudra donc acheter Clap! (liste des points de vente, ici) ou vous abonner, là (formule 1 an: 4 numéros pour 17 €, formule 2 ans: 8 numéros pour 30€, Formule soutien 2 ans: 8 numéros pour 50€). Vous savez donc désormais ce que vous pouvez faire pour soutenir de nouvelles plumes et un nouveau magazine.

     

    A lire dans ce 1er numéro (en kiosques jusqu’au 15 août 2014, au tarif de 4,90 euros): un dossier très complet sur David Fincher, une très belle interview de Naomi Kawase, un article sur Henri Langlois, un bilan du Festival de Cannes,  les nouveaux visages du cinéma français, des articles sur les séries, un cahier culte avec un bel article sur Marlon Brando, un article d’East Asia sur « Black Coal », des critiques de films et beaucoup d’autres thématiques que je vous laisse découvrir. Bonne lecture!

     

    Vos avis sur le magazine sont bien sûr les bienvenus. Je transmettrai…

     

    Vous pouvez aussi trouver une version complémentaire du magazine sur l’excellent site de Clap! qui existe depuis plusieurs années, ici.

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  • Découvrez CLAP, nouveau magazine cinéma dans (presque) tous les kiosques depuis le 19 juin 2014

     

    ...et dans lequel j'ai le plaisir d'écrire.

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    Longtemps, dès l'âge de 11 ou 12 ans, je pense, j'avais un rendez-vous hebdomadaire incontournable, aller acheter en kiosques les Première, Studio, et Positif (que je continue d'ailleurs à acheter de temps à autre). Allez savoir pourquoi, pour les deux premiers, j'ai cessé il y a trois ou quatre ans. Sans doute en raison d'internet qui pose un évident problème d'adaptation temporelle et d'immédiateté, sans doute aussi parce que je n'y retrouvais pas l'originalité de point de vue et les articles de fond que je recherchais.

    C'est ainsi le parti pris de ce nouveau magazine de cinéma "Clap", financé par le site participatif Ulule ayant rapidement atteint puis dépassé l'objectif fixé pour son financement.

    L'objectif du magazine lancé par Romain Dubois est ainsi défini sur le site Ulule : "Lancer la revue cinéma du futur. Nous souhaitons faire entendre aujourd’hui une voix différente et INDEPENDANTE que nous ne retrouvons pas dans la presse cinématographique actuelle. La voix de notre génération, le magazine que nous aimerions lire. Nous croyons au renouvellement de la presse cinéma autour d'une cinéphilie moins universitaire, moins poussiéreuse et plus ouverte sur tous les genres de cinéma autant que sur les séries ! Clap! s’intéresse à tous les cinémas sans préjugés : du blockbuster aux films d’auteur, des classiques de l'Age d'or hollywoodien aux films pop-corn des années 80, de la Série B au film d'animation.  A son cœur purement ciné viendra également s'ajouter un large cahier critique dédié aux séries. Vous l’aurez compris, le but est de n’exclure aucun genre, parler de TOUT, avec passion, précision et ouverture d’esprit.  Chaque numéro sera composé de longues interviews de grands cinéastes, acteurs, techniciens : ceux qui font le cinéma. Mais l'essence même de Clap! sera son dossier d’une vingtaine de pages, dans lequel chacun des rédacteurs exprimera son point de vue sur un thème commun, intemporel ou au contraire en lien avec l’actualité brûlante. Dans les deux cas, le dossier sera écrit avec l’exigence d’une approche inédite, d’un retour aux sources, d’une analyse précise, décalée, sérieuse : ce que le sujet dictera ! Exemples :  Qui est l’héritier légitime d’Hitchcock ?  La guerre du Viêtnam au cinéma. Hollywood n'a-t-il plus rien à dire ? L’animation : de Méliès à Pixar. Ceux qui ont fait l’Age d’Or hollywoodien. La mort de la grande SF.Et parce qu'il y a mille façons d'en parler, Clap! a décidé de rassembler le meilleur du web au sein de sa revue. Enfin un collectif de passionnés du ciné qui promet de tout dire, tout couvrir, pour le meilleur et pour le pire. Ont déjà rejoint la Clapteam : les excellentes plumes d’EastAsia & In the Mood for Cinéma,  qui auront leur rubrique rien qu’à eux !".

    Je suis vraiment ravie d'écrire dans ce premier numéro (et dans les suivants) pour lequel j'ai choisi d'écrire le bilan du Festival de Cannes 2014 (raison pour laquelle je ne l'ai pas publié ici cette année). Pour le lire, il vous faudra donc acheter Clap (liste des points de vente, ici) ou vous abonner, là. A lire dans ce 1er numéro: un excellent article sur David Fincher, la rencontre avec Naomi Kawase et beaucoup d'autres choses. Bonne lecture! Vos avis sur le magazine sont bien sûr les bienvenus. Je transmettrai...

    Suivez-moi aussi sur http://inthemoodlemag.com et http://inthemoodforfilmfestivals.com.

     

  • Le programme du Festival du Film de Cabourg 2014

    Rendez-vous sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com pour retrouver le programme complet du Festival du Film de Cabourg 2014 ou cliquez sur l'affiche pour accéder directement à l'article.

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  • Programme et jury du Festival du Film de Cabourg 2014 - 28èmes journées romantiques

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    Le Festival du Film de Cabourg (qui célèbrera cette années ses 28èmes journées romantiques) est un évènement que j'affectionne tout particulièrement, en raison de sa riche et belle programmation, mais aussi parce que j'avais eu le plaisir de faire partie de son jury des courts-métrages présidé par Marie Trintignant, en 2002. Tant de souvenirs, une atmosphère tellement cinématographique que j'ai d'ailleurs consacré une nouvelle de mon recueil de 13 nouvelles romantiques et cruelles "Ombres parallèles" à ce festival, un recueil disponible dans toutes les librairies numériques (fnac ici, Amazon ici, Cultura, Relay, Orange, Kobo etc) ou directement chez mon éditeur Numeriklivres.

    Le Festival du Film de Cabourg se déroulera cette année du 11 au 15 juin 2014. Comme chaque année, il vous proposera des projections en salles et en plein air de films ayant pour thème central, l’amour. Lieu mythique depuis que Marcel Proust y rédigea ses feuillets sur "À la Recherche du temps perdu", Cabourg reçoit tous les ans les plus grands noms du cinéma européen et international en révélant de nombreux talents notamment grâce aux compétitions courts et longs métrages qui offrent l’opportunité de découvrir des films venus de tous horizons en avant-première (l’an dernier, Rebecca Zlotowski repartait avec le grand prix pour le magnifique  "Grand Central"). Par ailleurs, le Panorama des films inédits de l’été, en présence des équipes des films venant rencontrer le public et débattre avec lui, est aussi un moment fort du festival. La section Premiers rendez-vous met quant à elle en lumière les jeunes acteurs et actrices français dans leur première apparition à l’écran.

    Le Jury

    Cette année le Grand Jury 2014 du Festival sera co-présidé par la réalisatrice et scénariste Catherine Corsini et le réalisateur et auteur Martin Provost. Ils seront entourés de la comédienne Pauline Etienne, des comédiens Eric Elmosnino et Gilbert Melki, de l’auteur/compositeur/interprète Raphaël, du metteur en scène Jean-Louis Martinelli, du directeur de la photographie Guillaume Schiffman, et de la productrice Anne-Dominique Toussaint.

    Zhang Ziyi : Hommage au Cinéma Romantique Chinois

    Dans le cadre des commémorations du 50ème anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoise, le Festival du Film de Cabourg proposera un hommage au cinéma romantique chinois en présence de la célèbre actrice Zhang Ziyi.

    L’Affiche Officielle 2014

    Le visuel de l'affiche officielle 2014 est issu d'une scène du film Après Mai d'Olivier Assayas.

    (Le principe de l'affiche est de choisir un visuel tiré d'un film présenté l'année précédente au festival)

    La programmation, les jurys longs et courts métrages complets et les invités seront prochainement annoncés.

    Suivez l’actu du Festival sur : www.festival-cabourg.com et www.facebook.com/Festival.du.Film.de.Cabourg & #festivalcabourg

     

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  • Rencontre avec Patrick Bruel pour le clip de « Maux d’enfants »

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    Je connais le bonheur indicible de jongler avec l’écriture : le pouvoir des mots. Si bien. Un pouvoir  salvateur.  Salutaire même, parfois. Inestimable. Mais un pouvoir qui peut être aussi dévastateur. Cruel. Même criminel.  Les mots peuvent sauver mais aussi abîmer, infliger des blessures d’autant plus redoutables qu’elles sont invisibles, des cicatrices mortelles. Des mots cinglants qui peuvent provoquer des maux assassins. Des jeux d’enfants qui n’ont  plus rien d’innocents. Ces mots et ces maux, je les ai connus, dans une moindre mesure,  dans une tranquille école de province. J’étais "l’intello". La solitaire.  L'extraterrestre. La singulière. Celle qu’on aime détester. Celle qui ne rentre pas dans les cases. Celle qui adore l’école mais la déteste aussi parce qu’il faut y aller la boule au ventre, le cœur serré, le souffle coupé. Parce qu'il faut affronter le regard des autres. Les préjugés des autres. Leurs silences. Leurs regards. Leurs mots. Les mots et parfois même les gestes qui claquent, qui blessent, qui pétrifient. J’ai eu la chance d’avoir des parents extraordinaires qui m’ont aidée, soutenue, qui ont fait en sorte que cela se résolve même si, aujourd’hui encore, je me souviens de ces récréations à me dissimuler, à n’attendre qu’une chose, que la sonnerie retentisse, que la récréation (si mal nommée) s’achève  pour retrouver l’atmosphère rassurante de la salle de classe. Mais qu’en aurait-il été si internet avait existé ? Je n’ose l’imaginer. Aux mots s’ajoutent aujourd’hui les images qui, en une fraction de seconde, via les réseaux sociaux, peuvent se répandre, et détruire, voire terrasser.

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    Patrick Bruel que j’ai été invitée à rencontrer grâce à l’agence No site, a écrit une chanson (figurant dans son album de 2013 « Lequel de nous »)  qui met en avant les comportements perpétrés et subis par les enfants sur la toile. C'est à l'occasion du lancement du clip qu'il est venu à la rencontre des blogueuses et blogueurs (la veille de son concert au Zénith avant de reprendre sa tournée). Ce n'est pas un scoop, Patrick Bruel est un artiste engagé, participant aux Enfoirés, parrain de la dernière édition du Téléthon mais aussi à travers ses prises de parole et ses chansons.

     Cette chanson (coécrite avec La Fouine) s’intitule « Maux d’enfants ». Au passage "Lequel de nous" est un album très réussi, riche, sensible, éclectique aussi bien dans les thèmes que musicalement.  J'ai été particulièrement touchée par « Ces moments-là » (et pour cause...), par l'engagé « Où es-tu » (très belle chanson sur les reporters de guerre), par l’entraînant « She’s gone » (qui vous trotte inlassablement et joyeusement dans la tête une fois que vous l'avez entendu), par le sublime « Les larmes de leurs pères »  comme un écho à une chanson que j’aimais particulièrement sur la chute du mur de Berlin (« Combien de murs ») sans oublier l’ensorcelant « J’aurais chanté peut-être ». Il arrive à capter les fragments de vie,  à mettre des mots sur les maux (pas seulement d’enfants), à faire danser et s'entrelacer joie et mélancolie, et même à noyer la seconde dans la première. Il chante aussi l’amour, l’amour fantasmé, la fin de l’amour, l’amour toujours…  Ces "maux d'enfants" lui ont été dictés parce que le sujet lui tenait apparemment à cœur puisque lors du débat qui a suivi ( au cours duquel il n'a d'ailleurs économisé ni son temps ni son énergie pour répondre à chacun), il a évoqué en filigrane son propre enfant et une mauvaise expérience qui lui a inspiré cette chanson, ce cri de révolte, cet appel à écouter et devancer les "maux d'enfants" qui conduisent certains jusqu'au suicide.

    Eric Debarbieux, Délégué Ministériel à la Prévention et à la Lutte contre la violence à l'école était également à ses côtés pour parler du harcèlement dans les établissements scolaires. Justine Atlan, directrice de l’association e-ENFANCE  (qui pourra vous apporter soutien et réponses si votre enfant est victime de cyber-harcèlement ou même en répondant directement aux enfants) était également présente. Il ne s’agissait pas ici de stigmatiser internet mais de prévenir le cyber-harcèlement, et de trouver des solutions à ce mal qu'est le harcèlement à l'école que ce nouvel outil permet d'exacerber.

    Cette chanson allie intelligemment les mots et les voix de Bruel et La Fouine avec pour résultat un clip percutant, des mots et des images qui cognent, glacent, claquent, interpellent.

    Je vous invite à regarder le clip sur http://www.mauxdenfants.fr/ Vous y rencontrerez Lauren,  Manon,  Paul, Dimitri et les raisons de leurs blessures plus ou moins visibles.... Tout au long de la vidéo interactive vous pourrez cliquer sur les personnages pour découvrir leurs histoires. Quelques minutes de clip qui permettent de rappeler quel grand acteur est Bruel qui incarne ici un professeur. A cette occasion, je vous propose d’ailleurs ma courte critique de "Un secret"  de Claude Miller (ci-dessous), formidable adaptation, à mon avis son meilleur rôle, un "type" de rôle dans lequel on aimerait le voir plus souvent. Peut-être sa nomination (méritée) aux César pour "Le Prénom" lui donnera-t-elle accès aux rôles forts, profonds et ambivalents qu'il mérite et peut sans aucun doute interpréter et sublimer.

    Je vous invite enfin à partager ces maux d’enfants, des mots qui, je l’espère, aussi, sauvent…

    Ci-dessous La Fouine et Patrick Bruel et La Fouine interprètent "Maux d'enfants" sur France 2.

    Cliquez ici pour découvrir le clip "Maux d'enfants". 

    Pour terminer, si vous hésitez à témoigner, une citation de Molière extraite de "Don Juan" par laquelle a conclu Patrick Bruel l'autre soir:  "C'eût été y prendre part que de ne s'y pas opposer".

     

    Critique de "Un secret" de Claude Miller

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     Un petit garçon malingre, François,  voit indistinctement son image à travers un miroir tacheté de noir. Ce premier plan en dit déjà tellement… Puis, ce petit garçon, à travers son regard d’adulte, (interprété par Mathieu Amalric) nous raconte son histoire et celle de ses parents, Maxime (Patrick Bruel) et Tania (Cécile de France), l’histoire qu’il a apprise de la bouche de Louise (Julie Depardieu), la voisine et amie : l’histoire d’un secret.

    Dans un des plans suivants, le même petit garçon marche à côté de sa mère Tania, Tania dont on ne voit d’abord que le corps sculptural qui contraste tellement avec celui, si frêle, du petit garçon. Un petit garçon qui s’imagine un frère beau et glorieux au point de laisser une assiette à table pour lui, devant le regard terrassé de ses parents comme si le poids du secret, de cet enclos de silence, devenu celui de l’inconscient, avait tellement pesé sur sa famille qu’il avait deviné sans savoir.

    Les images du passé, en couleurs, alternent  judicieusement avec celles du présent, en noir et blanc, (dans le roman le passé est écrit au présent et inversement) un présent que le passé pourtant si sombre, va venir éclairer en révélant l’existence de ce frère, Simon, à l’époque où Maxime s’appelait encore Grinberg et non Grimbert, ces deux lettres pour lui porteuses de mort, porteuses aussi de son douloureux secret profondément enfoui.

    Revenons à ce premier plan auquel de nombreux autres feront ensuite songer : ces plans de corps sublimes au bord de la piscine, au milieu de couleurs chaudes, d’une gaieté insolente. Le dos nu de Tania lorsque Maxime la voit pour la première fois. Son corps qui, dans une acrobatie parfaite, fend l’air et le bleu du ciel puis de la piscine, lorsqu’elle plonge. Les corps décharnés et sans vie des camps. Les corps, leur force et leur fragilité, symboles de vie et de mort, tout le temps mis en parallèle. Ce corps que Maxime sculpte jour après jour, ce corps qui nie presque son identité juive à une époque où le régime nazi fait l’apologie du corps, à une époque où les images de Jeux Olympiques filmées par Leni Riefenstahl défilent sur les écrans, à une époque où il faut porter une étoile sur le cœur, une étoile que Maxime refuse de porter, parce que, pour lui, montrer son identité juive signifie souffrir, mourir et faire prendre des risques à son enfant. Le corps, encore, de François, cet enfant si chétif que son père regarde avec des éclairs d’amertume, cet enfant qui « lui a échappé », cet enfant qui suscite une douloureuse et cynique réminiscence de son passé. Pourquoi ? C’est ce fameux secret que je ne vous dévoilerai pas ici. Celui de trois amours fous qui font déraisonner, qui s’entrechoquent finalement, qui se croisent et qui bouleversent plusieurs existences. 

     L’ambiguïté du personnage de Maxime parcourt et enrichit tout le film : Maxime qui exhibe son corps, qui nie presque sa judaïté, qui fera dire à son père sur le ton de l’humour, certes, qu’il a un fils antisémite, à qui dans son roman Philippe Grimbert attribue des « ambitions de dandy ». L’ambiguïté est encore accrue quand il tombe amoureux de Tania : une femme blonde aux yeux bleus, sportive comme lui, et ce qui n’arrange rien, sa belle sœur, dont il tombe amoureux, pour couronner le tout, le jour de son mariage. Tania, si différente de sa femme, Hannah (Ludivive Sagnier), la timide, la mère parfaite, plus mère que femme dans le regard de Maxime, dans son regard hypnotisé par Tania, son double, celle qui lui ressemble tellement. Hanah : celle pour qui Maxime  est pourtant tout. Et qui le signifiera tragiquement.

    Avec Un Secret, Claude Miller a fait beaucoup plus que transcrire en images le roman éponyme de Philippe Grimbert, il a écrit et réalisé une adaptation particulièrement sensible et personnelle, d’abord par la manière dont il filme les corps, les mains qui s’accrochent les unes aux autres, les mains qui en disent tant, et puis ces regards lourds de sens, de vie, de désespoir, de passion,  magnifiquement orchestrés par le chef d’orchestre Claude Miller pour nous donner cette mélodie bouleversante du passé. Par la manière dont présent et passé se répondent. Comme ce plan de François qui regarde son père à travers le grillage d’un court de tennis. Un grillage qui rappelle celui, abject, du passé, des camps.

    Passé et présent se répondent  constamment en un vibrant écho. L’entrelacement de temporalités rendait d’ailleurs le roman quasiment inadaptable, selon les propres propos de Philippe Grimbert. Claude Miller y est pourtant admirablement parvenu. Echo entre le passé et le présent donc, Echo c’est aussi le nom du chien dans le roman. Celui dont la mort accidentelle fera ressurgir le passé, cette douleur ineffable intériorisée pendant tant d’années. Maxime s’effondre alors sur la mort de son chien alors qu’il avait surmonté les autres. Il s’effondre, enfin abattu par le silence meurtrier, le poids du secret et de la culpabilité.

    Ce n’est pas « le » secret seulement que raconte ce film mais « un » secret, un secret parmi tant d’autres, parmi tous ceux que cette époque a engendrés.  Des secrets qui s’emboîtent et dont la révélation devient insoluble. Doit-on et peut-on tout dire ?

    Claude Miller signe  un film d’une intensité et d’une densité dramatiques rares, empreint de la passion irrépressible, tragiquement sublime, qui s’empare de Maxime et Tania. Il nous raconte une transgression amoureuse, une passion dévastatrice, une quête d’identité, un tango des corps : un grand film tout simplement où il témoigne de l’acuité de son regard de metteur en scène (il témoigne d’ailleurs aussi dans un autre sens : il témoigne aussi de son passé), de ces films qui vous font frissonner, vous étreignent, vous bouleversent, tout simplement et ne vous bouleversent pas avec des « recettes » mais subrepticement, sincèrement. 

     Claude Miller offre là à Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Patrick Bruel et Cécile de France un de leurs plus beaux rôles. Ces deux derniers ne jouent pas, leur passion dévaste l’écran, l’envahit, en déborde. Une fatale évidence.

    Le psychanalyste Philippe Grimbert a écrit ce livre, en grande partie autobiographique, après la découverte d’un cimetière de chiens dans le jardin de la fille de Pierre Laval. Là, les dates qui pourraient être celles d’enfants morts dans les camps, s’alignent avec obscénité, alors que les enfants morts pendant la guerre n’ont même pas eu de tombe, eux, n’ont pas eu droit à une sépulture et sont partis en fumée. De cette découverte indécente est né ce livre. Ce film et ce livre constituent le tombeau de ces enfants et participent au devoir de mémoire. Parce que l’oubli est une menace constante, parce que l’Histoire se complait trop souvent dans une amnésie périlleuse. Et puis,  pour que le petit garçon, qui a délivré son père de son secret, distingue enfin une image précise dans le miroir… L'image de son passé et de son identité et de son corps retrouvés.

     

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  • Programme du Festival International du Film Policier de Beaune 2014

     

    « Salaud, on t’aime » de Claude Lelouch fera ce mardi 2 avril l’ouverture du prochain Festival International du Film Policier de Beaune à l’occasion duquel sera rendu un hommage à Johnny Hallyday. À l’occasion de la venue exceptionnelle de Johnny Hallyday à Beaune, le Festival International du Film Policier lui rendra hommage en présentant cinq  films emblématiques de sa carrière cinématographique, dans un genre et une couleur qu’il affectionne :  »Vengeance » de Johnnie To,  »L’homme du train » de Patrice Leconte,   »Conseil de famille » de Costa-Gavras,  »Détective » de Jean-Luc Godard,  »A tout casser » de John Berry. Retrouvez ma critique de « Salaud, on t’aime », ci-dessous.

    Programme du Festival International du Film policier de Beaune 2014

    FILM D’OUVERTURE SALAUD, ON T’AIME de Claude Lelouch Interprété par Johnny Hallyday, Sandrine Bonnaire, Eddy Mitchell

    HOMMAGE À JOHNNY HALLYDAY : NOIR C’EST NOIR

    À l’occasion de la venue exceptionnelle de Johnny Hallyday à Beaune, le Festival International du Film Policier lui rendra hommage en présentant cinq  films emblématiques de sa carrière cinématographique, dans un genre et une couleur qu’il affectionne :

    VENGEANCE de Johnnie To

    L’HOMME DU TRAIN de Patrice Leconte

    CONSEIL DE FAMILLE de Costa-Gavras

    DETECTIVE de Jean-Luc Godard

    A TOUT CASSER de John Berry

    HOMMAGE à WALTER HILL

    Hommage en sa présence, le jeudi 3 avril

    Réalisateur, scénariste et producteur (notamment de la saga ALIEN), Walter Hill imprime au polar sa marque, celle d’un cinéaste efficace dans la narration et le filmage, pour le plus grand plaisir du spectateur qu’il transforme sans EXTREME PREJUDICE en BAGARREUR, DRIVER et GUERRIERS DE LA NUIT, dans LES RUES DE FEU pendant 48 HEURES et SANS RETOUR.

    HOMMAGE à PAUL HAGGIS

    Hommage en sa présence, le vendredi 4 avril

    Leçon de cinéma et d’écriture le samedi 5 avril Comment ne pas rêver d’une leçon de cinéma et d’écriture par l’homme qui a réalisé COLLISION (2004), qui a écrit MILLION DOLLAR BABY (2004), LETTRES D’IWO JIMA (2006) et MÉMOIRES DE NOS PÈRES (2006) de Clint Eastwood ainsi que les « James Bond » CASINO ROYALE (2006) et QUANTUM OF SOLACE (2008) ?

    LA COMPÉTITION

    ‘71 de Yann Demange (Royaume-Uni) 1er film

    BLACK COAL de Diao Yinan (Chine & Hong Kong)

    BLUE RUIN de Jeremy Saulnier (États-Unis) 1er film

    IN ORDER OF DISAPPEARANCE de Hans Petter Moland (Norvège)

    LE DERNIER DIAMANT d’Éric Barbier  (France)

    LES POINGS CONTRE LES MURS de David Mackenzie  (Royaume-Uni)

    THE STONE de Cho Se-rae (Corée du Sud) 1er film

    WOLF de Jim Taihuttu (Pays-Bas) 2e film

    HORS COMPÉTITION

    96 HEURES de Frédéric Schoendoerffer (France)

    DEVIL’S KNOT d’Atom Egoyan (États-Unis)

    HELI d’Amat Escalante (Mexique)

    LA VOIE DE L’ENNEMI de Rachid Bouchareb (France)

    SALAUD, ON T’AIME de Claude Lelouch (France)

    THE RAID 2 de Gareth Evans (Indonésie) / AVP Européenne

    THE TWO FACES OF JANUARY de Hossein Amini (Royaume-Uni)

    UGLY d’Anurag Kashyap (Inde)

    LE PRIX CLAUDE CHABROL

    Après 38 TÉMOINS de Lucas Belvaux et MAINS ARMÉES de Pierre Jolivet (2013/ ex-aequo), le Prix Claude Chabrol 2014 est attribué au film FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES de Laurent Cantet. Le Prix Claude Chabrol sera remis le vendredi 4 avril à Laurent Cantet par François Guérif et Aurore Chabrol.

    MEXICO POLAR

    Depuis sa première édition en 2009, le Festival International du Film Policier de Beaune s’attache à rendre hommage à une ville pour son influence et sa dimension mythologique au sein du genre policier. Après Paris, New York, Hongkong, Londres, Rome et Naples, le Festival s’arrêtera cette année à Mexico.

    Le Jury

    Cédric Klapisch (président), Jean-Hugues Anglade, François Berléand, Marie Gillain, Marc Lavoine, Pio Marmaï, Anne Parillaud & Fanny Valette

    Le Jury Sang Neuf Jacques Maillot (président), Pascal Demolon, Pauline Lefèvre, Sophie Mounicot et Jean-François Rauger

    Critique de « Salaud, on t’aime » de Claude Lelouch

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    « Salaud, on t’aime » de Claude Lelouch fera ce mardi 2 avril l’ouverture du prochain Festival International du Film Policier de Beaune à l’occasion duquel sera rendu un hommage à Johnny Hallyday. À l’occasion de la venue exceptionnelle de Johnny Hallyday à Beaune, le Festival International du Film Policier lui rendra hommage en présentant cinq  films emblématiques de sa carrière cinématographique, dans un genre et une couleur qu’il affectionne :  »Vengeance » de Johnnie To,  »L’homme du train » de Patrice Leconte,   »Conseil de famille » de Costa-Gavras,  »Détective » de Jean-Luc Godard,  »A tout casser » de John Berry.

    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D’un côté, les adorateurs du cinéaste qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses phrases récurrentes, ses aphorismes, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois terrible des hasards et coïncidences. De l’autre, ses détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Avec « Roman de gare », les seconds s’étaient rapprochés des premiers, mais pour cela il aura auparavant fallu que le film soit au préalable signé d’un autre nom que le sien.  Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace, de liberté et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces quatre éléments comme le démontre magnifiquement le documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du « Propre de l’homme » à « Ces amours-là ».

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    La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr « Un homme et une femme », palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! L’histoire de la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. A chaque fois que je le revois (et je ne les compte plus !), je suis frappée par son étonnante modernité, notamment dans le montage avec les alternances de noir et blanc et de couleurs qui jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse. Je suis aussi toujours frappée par cette photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville (et qui n’est certainement pas étrangère à mon coup de foudre pour le lieu en question) filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d’Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch. Et puis le célèbre « Montmartre 1540 » prononcé par la voix inimitable de Jean-Louis Trintignant. Mais, je m’égare…

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    Avec sa dernière fiction, « Ces amours-là », Lelouch signait une fresque nostalgique, une symphonie qui s’achevait sur une note d’espoir, la bande originale de son existence cinématographique (qui évitait l’écueil du narcissisme) en guise de remerciements au cinéma, à la musique, à son public, à ses acteurs. Un film qui mettait en exergue les possibles romanesques de l’existence. Un film jalonné de moments de grâce, celle des acteurs avant tout à qui ce film était une déclaration d’amour émouvante et passionnée.

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    Cette dernière réalisation qu’est « Salaud, on t’aime » se rapproche peut-être davantage de « Itinéraire d’un enfant gâté », du moins en ce qu’elle raconte l’histoire d’un homme à l’automne de sa vie, un autre « enfant gâté » qui est peut-être passé à côté de l’essentiel et qui, contrairement au film précité, ne va pas fuir sa famille, mais au contraire tenter de la réunir.

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    Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday) est ainsi un photographe de guerre et père absent, qui s’est plus occupé de son appareil photo (enfin plutôt de son impressionnante collection d’appareils photos) que de ses 4 filles (de 4 mères différentes) nommées Printemps (Irène Jacob), Eté (Pauline Lefèvre), Automne (Sarah Kazemy –révélée par le magnifique « En secret » de Maryam Keshavarz ) et Hiver (Jenna Thiam). Avec l’espoir de les réunir, il décide d’acquérir une maison dans les Alpes dont il tombe amoureux en même temps que de celle qui la lui fait visiter,   Nathalie Béranger (Sandrine Bonnaire). Tout va se compliquer encore un peu plus quand son meilleur ami, Frédéric Selman (Eddy Mitchell) va tenter de le réconcilier avec sa famille en leur racontant un terrible mensonge.

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    Avec « Salaud, on t’aime », Claude Lelouch signe son 44ème film. Les réalisations et les années n’ont pourtant pas entamé la jeunesse et la modernité de son cinéma. Ni la curiosité, l’admiration, la fascination avec lesquelles il regarde et révèle les acteurs. Les acteurs et la vie qu’il scrute et sublime. Dès ce premier plan avec le beau visage buriné de Johnny Hallyday et derrière lui les pages d’un livre (écrit par sa fille) qui se consume, j’étais déjà happée. Et les pages de cet autre livre qui se tournent et montrent et rendent hommage au photographe de guerre qu’est Kaminsky, à tous les photographes de guerre et aux horreurs (et quelques bonheurs) de l’Histoire qu’ils ont immortalisées, souvent au péril de leur vie. Deux livres. Deux faces d’un même homme. Peut-être un peu le double de Claude Lelouch qui fut lui-même photographe de guerre à ses débuts.

    Dès les premiers plans du film règne à la fois une atmosphère tranquille et inquiétante à l’image de  celle de cette maison gardée par un  aigle majestueux, sublime, clairvoyant, là comme une douce menace, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre dans le drame ou le thriller. Le cinéma de Claude Lelouch ne rentre dans aucune case, situé à la frontière des genres. Ou si: il rentre dans un genre, celui d’un film de Lelouch, tout simplement. Et c’est ce que j’aime par-dessus tout : celle liberté, cet atypisme que j’ai retrouvés dans ce film.  Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même  n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,   Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ». Et tous ceux qui M’ont fait aimer le cinéma.

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    A l’image de ses autres films, sans doute celui-ci agacera-t-il ses détracteurs pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles il m’a enchantée. Ses citations sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié :

    - « Un ami c’est quelqu’un qui te connait très bien et qui t’aime quand même »,

    -« Qu’est-ce que vous préférez le plus au monde, à part votre appareil photo ? Le juste milieu. L’équilibre. Vous savez comme ces types qui viennent de traverser le Grand Canyon sur un fil. »

    C’est d’ailleurs ce qui pourrait définir le cinéma de Lelouch. Et ce film. La vie aussi. Et ce qui les rend si singuliers, palpitants et attachants. Cette impression d’être sur un fil, sur le fil, au bord du précipice.

    Comme toujours chez Claude Lelouch, la musique est judicieusement choisie entre le sublime jazz d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, la chanson « Les eaux de mars » de Georges Moustaki, ou encore les « Quatre saisons » de Vivaldi repris par les compositeurs du film, le fidèle Francis Lai et Christian Gaubert.

    Et puis il y a les acteurs. Ces acteurs que la caméra de Lelouch aime, scrute, sublime, magnifie, révèle, caresse presque. D’abord, Johnny Hallyday qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être ce personnage. Son visage et sa prestance racontent déjà une histoire. Il n’a pas besoin d’en faire ou dire beaucoup pour imposer son personnage grâce à sa forte personnalité, un mélange de douceur,  de douleur, de force, de fragilité, de liberté, d’humanité, de rudesse et de tendresse. Et pour l’avoir vu (et revu) sur scène, que ce rôle lui ait été attribué me semble une évidence tant il est et joue sur scène et sait capter et captiver l’attention d’un regard. Leconte dans « L’homme du train » (à mon avis le meilleur film avec Johnny Hallyday) avait déjà compris cet énorme potentiel. Johnny Hallyday avait d’ailleurs déjà tourné sous la direction de Claude Lelouch en 1972 pour « L’Aventure c’est l’Aventure » où il jouait son propre rôle aux côtés de Lino Ventura et Jacques Brel. Ce rôle de Kaminsky semble avoir été écrit pour lui et pourtant il n’était initialement pas pressenti pour jouer le rôle principal de « Salaud, on t’aime ». Le plus sidérant est que Lelouch a dû l’imposer: « Aucune chaîne de télévision ne voulait faire un film avec Johnny et moi, aucune assurance n’a voulu nous suivre, les coproducteurs, les distributeurs, tout le monde s’est montré frileux. » Il y a eu Annie Girardot dans « Les Misérables », Jean-Paul Belmondo dans « Itinéraire d’une enfant gâté »  Tant d’autres… Il y aura désormais Johnny Hallyday dans « Salaud, on t’aime ». De fortes personnalités qui, plus que d’incarner des rôles, les imprègnent et les révèlent. Les réveillent même.

    A ses côtés, il y a Sandrine Bonnaire avec qui il forme un couple évident. Solaire Sandrine Bonnaire avec son sourire lumineux et empathique et dont on comprend qu’il en tombe immédiatement amoureux.

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    Et puis les 4 « saisons » dont la photographie reflète judicieusement les caractères au premier rang desquelles Jenna Thiam (Hiver Kaminsky), révélation du film à qui sont dévolues les plus belles partitions. Le temps d’un dialogue dans une voiture qui pourrait constituer à elle seule un court-métrage, Lelouch nous montre quel directeur d’acteurs et quel conteur d’histoire il est.  Les « seconds » rôles ne sont pas en reste : Isabelle de Hertogh, Rufus, Agnès Soral, Valérie Kaprisky, Jacky Ido, Antoine Duléry…

    Enfin, dernier personnage ici (et non des moindres !): la nature, sublime et sublimée elle aussi, à laquelle ce film est aussi un véritable hymne et qui varie subtilement au gré des saisons.

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    « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » avait-il dit lors du débat succédant à la projection du documentaire « D’un film à l’autre ». Ce nouveau film ne déroge pas à la règle. Une scène de repas est ainsi particulièrement réussie me faisant songer à celles qu’affectionnait Claude Sautet qui lui aussi aimait tant ces scènes mais aussi, comme Lelouch, raconter la vie. Notre vie.

    Ce film comme chaque film de Lelouch comporte quelques scènes d’anthologie. Celle pendant laquelle les deux amis Kaminsky/Johnny et Selman/ Eddy refont « Rio Bravo » est un régal. Mais aussi, à l’opposé, ce brusque basculement du film (que je ne vous révélerai évidemment pas) qui m’a bouleversée.  Il n’y a que lui pour oser. De même qu’il n’y a que lui pour oser appeler les 4 filles d’un personnage Printemps, Eté, Automne et Hiver. Et ce sont cette liberté presque irrévérencieuse, cette audace, qui me ravissent. Dans la vie. Au cinéma. Dans le cinéma de Lelouch qui en est la quintessence. La quintessence des deux.

    Lelouch, dans ce nouveau film coécrit avec Valérie Perrin,  raconte la vie, avec tout ce qu’elle comporte de beauté tragique ou de belle cruauté, de douleurs ineffables aussi, ses paradoxes qui la rendent si fragile et précieuse. En quelques plans, ou même en un plan d’une silhouette, il exprime la douleur indicible de l’absence. Mais c’est aussi et avant tout un film magnifique sur l’amitié et ses mensonges parfois nécessaires, sur le le pardon aussi…sans oublier ces « hasards et coïncidences » qu’affectionne le cinéaste. Ce hasard qui «  a du talent » à l’image de celui qui en a fait un de ses thèmes de prédilection.   Malgré son titre, peut-être son film le plus tendre, aussi.

    Je ne sais pas si le cinéma comme « le bonheur, c’est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films nous la font voir en gros plans majestueux, parfois sans fards, avec une redoutablement sublime vérité, et qui nous la font aimer ardemment.   Et ce nouveau film porté par des acteurs solaires, un montage ingénieux, une musique judicieuse, une photographie émouvante ne déroge par à la règle. Le juste milieu entre légèreté et gravité. Les fragments de vérité et les fragments de mensonges. La vie et le cinéma.

    Sortie en salles 2 Avril 2014

    Et puisque de Deauville il est question, découvrez « Les Orgueilleux » et « Ombres parallèles », mes ebooks qui sont aussi des déclarations d’amour à Deauville.

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    Retrouvez également cette critique sur mon blog http://inthemoodforcinema.com  et sur http://inthemoodforfilmfestivals.com .

     Retrouvez l’actualité cinématographique, culturelle et touristique sur mes 7 blogs inthemood : Inthemoodlemag.com, Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodforcinema.com, Inthemoodforcannes.com, Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforluxe.com, Inthemoodforhotelsdeluxe.com .

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  • Ouverture du Festival du Film Policier de Beaune 2014 : critique de SALAUD, ON T'AIME de Claude Lelouch

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    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D’un côté, les adorateurs du cinéaste qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses phrases récurrentes, ses aphorismes, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois terrible des hasards et coïncidences. De l’autre, ses détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Avec « Roman de gare », les seconds s’étaient rapprochés des premiers, mais pour cela il aura auparavant fallu que le film soit au préalable signé d’un autre nom que le sien.  Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace, de liberté et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces quatre éléments comme le démontre magnifiquement le documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du « Propre de l’homme » à « Ces amours-là ».

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     La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr « Un homme et une femme », palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! L’histoire de la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. A chaque fois que je le revois (et je ne les compte plus !), je suis frappée par son étonnante modernité, notamment dans le montage avec les alternances de noir et blanc et de couleurs qui jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse. Je suis aussi toujours frappée par cette photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville (et qui n’est certainement pas étrangère à mon coup de foudre pour le lieu en question) filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d'Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch. Et puis le célèbre « Montmartre 1540 » prononcé par la voix inimitable de Jean-Louis Trintignant. Mais, je m’égare…

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    Avec sa dernière fiction, « Ces amours-là », Lelouch signait une fresque nostalgique, une symphonie qui s’achevait sur une note d’espoir, la bande originale de son existence cinématographique (qui évitait l’écueil du narcissisme) en guise de remerciements au cinéma, à la musique, à son public, à ses acteurs. Un film qui mettait en exergue les possibles romanesques de l’existence. Un film jalonné de moments de grâce, celle des acteurs avant tout à qui ce film était une déclaration d’amour émouvante et passionnée.

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     Cette dernière réalisation qu’est « Salaud, on t’aime » se rapproche peut-être davantage de « Itinéraire d’un enfant gâté », du moins en ce qu’elle raconte l’histoire d’un homme à l’automne de sa vie, un autre « enfant gâté » qui est peut-être passé à côté de l’essentiel et qui, contrairement au film précité, ne va pas fuir sa famille, mais au contraire tenter de la réunir.

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     Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday) est ainsi un photographe de guerre et père absent, qui s'est plus occupé de son appareil photo (enfin plutôt de son impressionnante collection d’appareils photos) que de ses 4 filles (de 4 mères différentes) nommées Printemps (Irène Jacob), Eté (Pauline Lefèvre), Automne (Sarah Kazemy –révélée par le magnifique « En secret » de Maryam Keshavarz ) et Hiver (Jenna Thiam). Avec l’espoir de les réunir, il décide d’acquérir une maison dans les Alpes dont il tombe amoureux en même temps que de celle qui la lui fait visiter,   Nathalie Béranger (Sandrine Bonnaire). Tout va se compliquer encore un peu plus quand son meilleur ami, Frédéric Selman (Eddy Mitchell) va tenter de le réconcilier avec sa famille en leur racontant un terrible mensonge.

     

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    Avec « Salaud, on t’aime », Claude Lelouch signe son 44ème film. Les réalisations et les années n’ont pourtant pas entamé la jeunesse et la modernité de son cinéma. Ni la curiosité, l’admiration, la fascination avec lesquelles il regarde et révèle les acteurs. Les acteurs et la vie qu’il scrute et sublime. Dès ce premier plan avec le beau visage buriné de Johnny Hallyday et derrière lui les pages d’un livre (écrit par sa fille) qui se consume, j’étais déjà happée. Et les pages de cet autre livre qui se tournent et montrent et rendent hommage au photographe de guerre qu’est Kaminsky, à tous les photographes de guerre et aux horreurs (et quelques bonheurs) de l’Histoire qu’ils ont immortalisées, souvent au péril de leur vie. Deux livres. Deux faces d’un même homme. Peut-être un peu le double de Claude Lelouch qui fut lui-même photographe de guerre à ses débuts.

     Dès les premiers plans du film règne à la fois une atmosphère tranquille et inquiétante à l’image de  celle de cette maison gardée par un  aigle majestueux, sublime, clairvoyant, là comme une douce menace, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre dans le drame ou le thriller. Le cinéma de Claude Lelouch ne rentre dans aucune case, situé à la frontière des genres. Ou si: il rentre dans un genre, celui d’un film de Lelouch, tout simplement. Et c’est ce que j’aime par-dessus tout : celle liberté, cet atypisme que j’ai retrouvés dans ce film.  Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même  n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,   Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ». Et tous ceux qui M’ont fait aimer le cinéma. 

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     A l’image de ses autres films, sans doute celui-ci agacera-t-il ses détracteurs pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles il m’a enchantée. Ses citations sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié :

    - « Un ami c’est quelqu’un qui te connait très bien et qui t’aime quand même »,

    -« Qu’est-ce que vous préférez le plus au monde, à part votre appareil photo ? Le juste milieu. L’équilibre. Vous savez comme ces types qui viennent de traverser le Grand Canyon sur un fil. »

    C’est d’ailleurs ce qui pourrait définir le cinéma de Lelouch. Et ce film. La vie aussi. Et ce qui les rend si singuliers, palpitants et attachants. Cette impression d’être sur un fil, sur le fil, au bord du précipice.

    Comme toujours chez Claude Lelouch, la musique est judicieusement choisie entre le sublime jazz d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, la chanson "Les eaux de mars" de Georges Moustaki, ou encore les "Quatre saisons" de Vivaldi repris par les compositeurs du film, le fidèle Francis Lai et Christian Gaubert.

    Et puis il y a les acteurs. Ces acteurs que la caméra de Lelouch aime, scrute, sublime, magnifie, révèle, caresse presque. D’abord, Johnny Hallyday qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être ce personnage. Son visage et sa prestance racontent déjà une histoire. Il n’a pas besoin d’en faire ou dire beaucoup pour imposer son personnage grâce à sa forte personnalité, un mélange de douceur,  de douleur, de force, de fragilité, de liberté, d’humanité, de rudesse et de tendresse. Et pour l’avoir vu (et revu) sur scène, que ce rôle lui ait été attribué me semble une évidence tant il est et joue sur scène et sait capter et captiver l’attention d’un regard. Leconte dans « L’homme du train » (à mon avis le meilleur film avec Johnny Hallyday) avait déjà compris cet énorme potentiel. Johnny Hallyday avait d’ailleurs déjà tourné sous la direction de Claude Lelouch en 1972 pour « L’Aventure c’est l’Aventure » où il jouait son propre rôle aux côtés de Lino Ventura et Jacques Brel. Ce rôle de Kaminsky semble avoir été écrit pour lui et pourtant il n’était initialement pas pressenti pour jouer le rôle principal de « Salaud, on t'aime ». Le plus sidérant est que Lelouch a dû l’imposer: « Aucune chaîne de télévision ne voulait faire un film avec Johnny et moi, aucune assurance n’a voulu nous suivre, les coproducteurs, les distributeurs, tout le monde s’est montré frileux. » Il y a eu Annie Girardot dans « Les Misérables », Jean-Paul Belmondo dans « Itinéraire d’une enfant gâté »  Tant d’autres… Il y aura désormais Johnny Hallyday dans « Salaud, on t’aime ». De fortes personnalités qui, plus que d’incarner des rôles, les imprègnent et les révèlent. Les réveillent même.

    A ses côtés, il y a Sandrine Bonnaire avec qui il forme un couple évident. Solaire Sandrine Bonnaire avec son sourire lumineux et empathique et dont on comprend qu’il en tombe immédiatement amoureux.

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    Et puis les 4 « saisons » dont la photographie reflète judicieusement les caractères au premier rang desquelles Jenna Thiam (Hiver Kaminsky), révélation du film à qui sont dévolues les plus belles partitions. Le temps d’un dialogue dans une voiture qui pourrait constituer à elle seule un court-métrage, Lelouch nous montre quel directeur d’acteurs et quel conteur d’histoire il est.  Les « seconds » rôles ne sont pas en reste : Isabelle de Hertogh, Rufus, Agnès Soral, Valérie Kaprisky, Jacky Ido, Antoine Duléry…

     Enfin, dernier personnage ici (et non des moindres !): la nature, sublime et sublimée elle aussi, à laquelle ce film est aussi un véritable hymne et qui varie subtilement au gré des saisons.

     

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    « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » avait-il dit lors du débat succédant à la projection du documentaire « D’un film à l’autre ». Ce nouveau film ne déroge pas à la règle. Une scène de repas est ainsi particulièrement réussie me faisant songer à celles qu'affectionnait Claude Sautet qui lui aussi aimait tant ces scènes mais aussi, comme Lelouch, raconter la vie. Notre vie.

     Ce film comme chaque film de Lelouch comporte quelques scènes d’anthologie. Celle pendant laquelle les deux amis Kaminsky/Johnny et Selman/ Eddy refont « Rio Bravo » est un régal. Mais aussi, à l’opposé, ce brusque basculement du film (que je ne vous révélerai évidemment pas) qui m’a bouleversée.  Il n’y a que lui pour oser. De même qu’il n’y a que lui pour oser appeler les 4 filles d’un personnage Printemps, Eté, Automne et Hiver. Et ce sont cette liberté presque irrévérencieuse, cette audace, qui me ravissent. Dans la vie. Au cinéma. Dans le cinéma de Lelouch qui en est la quintessence. La quintessence des deux.

    Lelouch, dans ce nouveau film coécrit avec Valérie Perrin,  raconte la vie, avec tout ce qu’elle comporte de beauté tragique ou de belle cruauté, de douleurs ineffables aussi, ses paradoxes qui la rendent si fragile et précieuse. En quelques plans, ou même en un plan d’une silhouette, il exprime la douleur indicible de l’absence. Mais c’est aussi et avant tout un film magnifique sur l’amitié et ses mensonges parfois nécessaires, sur le le pardon aussi…sans oublier ces « hasards et coïncidences » qu’affectionne le cinéaste. Ce hasard qui «  a du talent » à l’image de celui qui en a fait un de ses thèmes de prédilection.   Malgré son titre, peut-être son film le plus tendre, aussi.

     Je ne sais pas si le cinéma comme "le bonheur, c'est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films nous la font voir en gros plans majestueux, parfois sans fards, avec une redoutablement sublime vérité, et qui nous la font aimer ardemment.   Et ce nouveau film porté par des acteurs solaires, un montage ingénieux, une musique judicieuse, une photographie émouvante ne déroge par à la règle. Le juste milieu entre légèreté et gravité. Les fragments de vérité et les fragments de mensonges. La vie et le cinéma.

    « Salaud, on t’aime » fera l’ouverture du prochain Festival International du Film Policier de Beaune à l’occasion duquel sera rendu un hommage à Johnny Hallyday.

    Sortie en salles 2 Avril 2014

     Et puisque de Deauville il est question, retrouvez le programme complet du Festival du Film Asiatique de Deauville en direct duquel je serai à partir de demain, et « Les Orgueilleux » et « Ombres parallèles », mes ebooks qui sont aussi des déclarations d’amour à Deauville.

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