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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 23
Je vous parle ici très souvent et depuis de nombreuses années de la très belle association Les Toiles Enchantées qui amène le cinéma aux enfants hospitalisés. C'est donc sans hésiter que j'ai répondu à l'invitation de PriceMinister - Rakuten qui s’associe aux Toiles Enchantées pour être partenaire de l'opération qui permettra d' offrir des séances de cinéma aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés. Je sais à quel point dans ces terribles situations s'évader, ne serait-ce qu'en pensées et virtuellement, est essentiel, voire vital...et que le cinéma est alors, plus que jamais, une évasion salutaire.
Un article sur ce site se transforme ainsi en un don de 15€ de PriceMinister - Rakuten aux Toiles Enchantées pour les soutenir dans leur merveilleuse démarche d’offrir gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !
Je vous invite vous aussi à soutenir cette très belle association en faisant un don. Si vous êtes blogueur/euse vous pouvez aussi participer à l'opération en répondant à l'interview ci-dessous "cinéma et enfance", et en la publiant sur votre blog, qui se transformera en don pour l'association.
Vous aussi participez à la chaîne de solidarité en participant à #1Blog1Séance http://bit.ly/1d7Og1o ou en faisant directement un don si vous n’avez pas de blog.
Interview cinéma & enfance
En publiant cette mini-interview sur mon blog, PriceMinister - Rakuten s’engage à faire un don de 15€ aux Toiles Enchantées qui offre gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !
- Quel est votre premier souvenir du cinéma ?
-Je dois avouer (honteusement) ne pas me souvenir du premier film que j'ai vu AU cinéma. En tout cas, je ne pense pas qu'il s'agissait d'un film d'animation, un genre pour lequel, même petite, je n'ai jamais eu d'affection particulière tout comme je n'en ai jamais eu pour la BD commençant très très tôt à lire des romans (et faisant même semblant de lire des BD à l'école pour ne pas trop passer pour une "extraterrestre":)). Ce dont je me souviens en revanche, ce sont mes premiers souvenirs DE cinéma, les films vus à la maison avec mon père qui m'a fait découvrir très jeune tous les classiques, une tradition qui a perduré de nombreuses années, les veilles des jours où je n'avais pas école. Comme j'habitais dans une ville où l'offre cinématographique était assez réduite, cela compensait largement. J'ai ainsi revu un nombre incalculable de fois "Autant en emporte le vent", mais aussi des films de Marcel Carné, notamment "Les Enfants du Paradis", des films de Chaplin, des westerns (Beaucoup! Le manichéisme souvent caractéristique du genre les rend universels et compréhensibles très jeune), des films de cape et d'épée, des péplums comme "Ben Hur" ou de grandes épopées comme les films de David Lean à l'exemple de "Docteur Jivago", et de très nombreux films policiers, autant de films qui ont forgé ma cinéphilie...et sans doute ma désaffection pour l'animation à l'exception de films au contenu vraiment "adulte" comme ceux d'Ari Folman, mais qui n'existaient pas à l'époque.
- Quel est selon vous le meilleur film pour enfants de tous les temps ?
- Mon cœur balance entre les films de Jacques Demy, de Tim Burton, de Franck Capra et Spielberg, pas forcément des films "enfantins" mais qui ont à la fois une capacité à émouvoir, fasciner, faire rire parfois, et qui peuvent avoir divers degrés de lecture selon l'âge auquel on les regarde comme "Le Petit prince" de Saint-Exupéry en littérature. Ce ne sont donc pas forcément des films "pour enfants" mais qui pourront ravir autant les enfants que les adultes. Je dirais peut-être un Chaplin même s'il serait plus évident de citer un Spielberg ou "E.T." tant le cinéaste a fait de l'enfance son thème phare et tant il est impossible de rester insensible face au film précité. Les films de Chaplin sont compréhensibles par les enfants du monde entier, et sans être moralisateurs, défendent de belles "valeurs". S'il fallait en choisir un alors peut-être son premier long-métrage "Le kid" parce qu'il met en scène un enfant et contient déjà toute la richesse et la beauté du cinéma de Chaplin (qui était d'ailleurs déjà connu bien avant), même si, à titre personnel, je lui préfère "Les lumières de la ville" (ah la scène de la fin!) ou "Les feux de la rampe".
- Une machine à voyager dans les films vient d’être inventée. Vous avez la possibilité de vivre les aventures d’un de vos héros cinématographiques d’enfance, dites nous qui ?
Je n'ai jamais été fascinée par les héros, plutôt par les personnages ordinaires auxquels il arrive des histoires extraordinaires comme dans les films d'Hitchcock. Parmi les films que je n'ai pas cités dans ceux de mon enfance, il y a aussi ceux d'Hitchcock, pas "Psychose" ou "Les Oiseaux" découverts plus tard mais des films comme "Les Enchaînés" ou "La Main au collet" pour être Grace Kelly face à Cary Grant. Ou encore Meryl Streep dans "Out of Africa", un personnage que j'aimais beaucoup, celui de Karen Blixen, femme spirituelle, romanesque et romancière. Ou encore Angelica/Claudia Cardinale dans "Le Guépard" de Visconti pour vivre la magnifique et mélancolique scène du bal aux côtés de Lancaster et Delon, une scène qui me faisait tant rêver petite et que, évidemment, j'ai perçu bien différemment en revoyant le film plus tard, cette scène étant en réalité profondément mélancolique, cette scène du fastueux bal qui occupe un tiers du film marquant certes par sa magnificence et sa somptuosité mais aussi par la déliquescence d'un monde qui s'amorce. Ou peut-être Belmondo ou Delon dans une de leurs multiples aventures policières ...
Les Toiles Enchantées en quelques mots
Depuis 1997, l’association sillonne les routes pour offrir gracieusement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés des séances de cinéma dans leur établissement, en projetant les films dont tout le monde parle au moment même leur sortie en salle, voire parfois en avant-première !
Grâce à cette immersion dans des films de tout genre soigneusement sélectionnés, Les Toiles Enchantées permettent aux jeunes malades ou handicapés de briser leur quotidien, de s’évader, d’accéder à la culture et au divertissement des jeunes de leur âge, et de « se sentir comme tous le monde ».
Les séances de cinéma aident aussi à lutter contre l’isolement et le découragement en créant des rencontres et des connivences entre les enfants au travers des projections.
Le “vrai” cinéma à l’hôpital, c’est un pied-de-nez à la maladie, une fenêtre ouverte sur la vie, en numérique.
Avant-hier matin, comme chaque année, au Fouquet's, avait lieu la conférence de presse au cours de laquelle sont annoncées les nominations aux César. Comme chaque année, vous avez pu en suivre mon live tweet en direct du Fouquet's sur mon compte twitter @moodforcinema. En voici le récapitulatif et mon avis sur ces nominations dont je peux vous dire d'emblée qu'elles reflètent le bel éclectisme du cinéma français.
La cérémonie aura lieu le 28 février en direct du théâtre du Châtelet. Elle sera présidée par l'acteur François Cluzet (qui comptabilise pas moins de 10 nominations) et c'est l'actrice Cécile de France qui présentera la cérémonie.
Avec un total de 10 nominations "Les Garçons et Guillaume, à table!", le premier film de Guillaume Gallienne en tant que réalisateur figure en tête des nominations, nommé à la fois comme meilleur premier film et comme meilleur film. Voilà qui est mérité pour le film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs (qui le prima d'ailleurs) qui avait tant ému les festivaliers, de même que les festivaliers deauvillais, lors de sa projection au Festival du Cinéma Américain de Deauville suite à l'obtention du prix Michel d'Ornano décerné à son scénario. Un film qui est avant tout une déclaration d’amour fou à sa mère (quel personnage qu'il interprète d'ailleurs aussi !) et aux femmes dont il aime et scrute jusqu’à la respiration, mais aussi aux mots, avec lesquels il jongle admirablement, et au théâtre, qui libère, et même au cinéma avec les codes duquel il s’amuse ici. Même s’il lorgne parfois du côté d’Almodovar, Woody Allen ou de Wilder (avec une réplique finale comme un écho à son « nobody’s perfect »), ce film peut difficilement être plus personnel tout en étant universel et il faut sans aucun doute une tonne de talent et de sensibilité pour transformer son mal être en film burlesque, en ce rafraichissant plaidoyer pour la différence (qui n’est jamais militant), en film aussi atypique, inclassable que celui qui en est l’auteur et l’acteur. Un grand auteur et un très grand acteur. Et une comédie tendre et caustique qui mérite indéniablement ces nombreuses nominations.
Viennent ensuite « La Vie d'Adèle, chapitres 1 & 2 » et « L'Inconnu du lac » avec huit nominations puis « La Vénus à la fourrure » de Roman Polanski avec sept nominations. Voilà qui est aussi mérité pour ce film d’une réjouissante insolence qui est aussi un ping-pong sémantique jubilatoire, et un double-jeu habile, ludique et cruel, qui repose sur la frontière trouble et troublante entre fiction et réalité grâce au talent d’un réalisateur plus manipulateur et donc plus cynique que jamais.
Ensuite, six nominations pour « 9 mois ferme » de Dupontel et cinq pour « Le Passé » d'Asghar Farhadi qui mériterait (notamment) le César du meilleur scénario pour son extrême sensibilité et sa précision rare et parce qu’il donne au spectateur un vrai rôle et parce qu'il reflète si bien l’absurdité et la complexité de l’existence. C’est là toute la force du « Passé », d’une justesse fascinante et rare, dont le dernier plan nous laisse astucieusement interrogatifs, et émus, enfin.
Photos ci-dessus copyright inthemoodforcinema.com
Avec sa Palme d’or, le film de Kechiche part favori (de même que ses actrices) déjà lauréat pour « L’Esquive » en 2004 et « La Graine et le Mulet » en 2008. « Amour » d'Haneke l’an passé avait déjà réussi ) obtenir les deux récompenses suprêmes, palme d’or/César. Adèle Exarchopoulos est nommé comme meilleur espoir, le règlement ne permettant plus d’être nommé meilleur espoir et meilleure actrice depuis que Tahar Rahim avait obtenu les deux récompenses pour "Un Prophète". Sachant néanmoins que ce sont les techniciens du cinéma (notamment ) qui votent, soutiendront-ils un film dont le réalisateur avait été accusé (à juste titre ou à tort) par leurs collègues de les malmener quelque peu? Un film qui n'en reste pas moins singulier, coup de cœur, coup de poing au cœur, un film qui de toutes façons, comme tout grand film, ne peut pas laisser indifférent. Comment, en effet, pourrait-on rester indifférent devant un film qui respire autant le souffle de la vie avec tout ce qu’elle comprend de beauté et cruauté, déchirantes ? Qui pourrait rester indifférent devant un film qui décrit si bien l’embrasement, sublime, d’un amour puis son extinction, terrifiante ?
Parmi les oubliés, « Elle s’en va » d'Emmanuelle Bercot, un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare.
Egalement oublié de ces nominations, « After » de Géraldine Maillet, une danse sensuelle et mélancolique, un tango doux et troublant, une parenthèse enchantée qui possède la magie ineffable des rencontres improbables et furtives, éphémères et indélébiles, et malgré ou à cause de tout cela d’une évidence insensée.
Egalement oublié: « Grand Central » de Rebecca Zlotowski avec une seule nomination (pour Olivier Gourmet comme meilleur second rôle), un film qui, à la fois nous emporte par la beauté de ses personnages, leur rudesse tendre, la radieuse force des sentiments (amitié, amour) qui les unit … et qui nous glace d’effroi en nous montrant les conditions de travail de ceux qui risquent chaque jour leur vie dans l’une des 19 centrales nucléaires françaises.
A également été oublié « Le temps de l’aventure » de Jérôme Bonnell, un film sur une passion éphémère (ou peut-être pas…) porté par une actrice étincelante et qui nous prouve que le bonheur peut parfois être un présent, un film qui laisse un goût d’éternité et nous donne envie d’arrêter le temps ou en tout cas de croire que le temps parfois peut s’arrêter, même quand, ou a fortiori quand, la réalité est douloureuse et implacable. « Le temps de l’aventure » est un hymne subtile et délicat au présent, au jeu aussi, à la vie qui peut en être un aussi. Un film d’une mélancolie solaire, une belle réflexion sur le bonheur et la vérité, avec un air truffaldien (plane d’ailleurs l’ombre d’un certain Antoine) qui m’a emportée et m’a accompagnée longtemps après le générique de fin avec le goût persistant de cette parenthèse enchantée, de tristesse et d’espoir mêlés. Finalement une sorte de mise en abyme ou de métaphore du cinéma, et de sa magie : l’espace de quelques minutes, nous faire croire au vol du temps suspendu. Et au spectateur de décider s’il veut y croire, si cela modifiera le cours de l’existence (la sienne et celle des personnages) ou non… Une absence de nominations inexplicable.
Seulement 2 nominations donc pour le film qui reste pour moi le meilleur de l'année 2013 "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot, des nominations pour ses deux formidables interprètes néanmoins: Catherine Deneuve (extraordinaire) comme meilleure actrice et Nemo Schiffman (comme meilleur espoir masculin). L'absence de nomination pour le scénario reste pour moi un mystère.
Pour le César de la meilleure actrice, Catherine Deneuve (dont ce sera la 12ème nomination!) le mériterait une nouvelle fois pour « Elle s’en va » qui est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. Elle se retrouvera face à d'autres grandes intérprètes : Fanny Ardant, Emmanuelle Seigner (formidable dans "La Vénus à la fourrure"). En effet, pour sa quatrième collaboration avec Emmanuelle Seigner, après « Frantic », « Lunes de Fiel », « La Neuvième porte », le metteur en scène Polanski offre un rôle en or à l’actrice Seigner comme Thomas avec Vanda dans la pièce sauf que l’actrice Seigner se laisse ici diriger, manipuler. Emmanuelle Seigner est sidérante aussi bien dans le rôle de la Vanda actrice d’une désinvolture, d’une stupidité apparente et d’une exubérance savoureuses sans parler de ses tics de langage (elle ponctue toutes ses phrases par « genre ») que dans le personnage de Vanda de la pièce, au langage beaucoup plus distingué, passant de l’une à l’autre avec une dextérité déconcertante, pour finalement interpréter un troisième personnage, grâce à une inversion des rôles qui vient brillamment clôturer le film, le mythe gagnant et l’emportant sur la réalité. A l’inverse de « Tess » tout en douceur et retenue, enfermée dans les conventions, ainsi Vanda les défie et les inverse.
Léa Seydoux n'en reste pas moins favorite pour ce César de la meilleure actrice. Elle vient d'obtenir le prix Lumières de la meilleure actrice, des prix qui préfigurent souvent les César.
Le César du meilleur acteur confronte aussi de grands acteurs. Nous y retrouvons notamment le partenaire d'Emmanuelle Seigner dans "La Vénus à la fourrure", Mathieu Amalric qui est ici un double de Polanski (la ressemblance est troublante et évidemment pas innocente) un peu velléitaire, se laissant bientôt dominer, devenant totalement désinhibée, et objet dans les mains de sa créature devenue créateur. Est également nommé Fabrice Luchini dans "Alceste à bicylette", Michel Bouquet (épatant Renoir dans le film éponyme qui a déjà obtenu deux fois le César notamment pour sa formidable interprétation de Mitterrand dans "Le Promeneur du champ de Mars"), un film qui est un hymne à la nature, à la beauté et la force de l’art qui manque certes parfois de la vitalité et de la flamboyance d’Andrée (en particulier dans le traitement de son histoire d’amour avec Jean) et de celles des peintures du maître, mais la musique du prolifique Alexandre Desplat et surtout les interprétations de Michel Bouquet et Vincent Rottiers en font un film agréable et instructif, même émouvant dans une très belle scène d’adieux qui les réunit, les enlace même.
Et bien sûr, nommé comme meilleur acteur Guillaume Gallienne: LA révélation de cette année 2013. Il interprète ainsi le rôle de sa mère, aimante (trop ou mal peut-être), sachant rester élégante tout en étant vulgaire, masquant sa tendresse derrière un air revêche et des paroles (fra)cassantes, mais parce qu’il joue aussi son propre rôle… à tous les âges ! Avec un talent tel qu’on oublie d’ailleurs rapidement et totalement qu’il n’a pas l’âge du personnage. La magie du cinéma. Et le talent d’un grand acteur, à tel point qu’il en devient follement séduisant malgré son allure parfois improbable
Son partenaire dans "Yves Saint Laurent", Pierre Niney, n'est en revanche pas nommé pour la comédie "20 ans d'écart", une comédie pleine de clichés qu'il éclaire néanmoins, une prestation pour laquelle il aurait mérité d'être nommé. Sans nul doute, il sera nommé pour les César 2015 pour "Yves Saint Laurent" de Jalil Lespert dont je prends déjà le pari qu'il l'obtiendra.
Pour le César de la meilleure actrice dans un second rôle, nous retrouvons François Fabian pour "Les Garçons et Guillaume, à table!" notamment face à Marisa Borini dans le très beau et mésestimé "Un château en Italie" de Valeria Bruni Tedeschi qui est un film riche de son humour noir, de sa fantaisie salutaire qui permet d’affronter cette histoire de deuils ( de l’enfance, du passé, des personnes aimées, de certains rêves et espoirs), comme un exutoire aux nôtres. Un film vibrant, vivant, lucide, cruel, drôle, tendre, plein de charme, parsemé d’instants de grâce. Un film tourbillonnant qui ne rentre pas dans les codes, singulier, qui mêle le burlesque, la tragédie et l’amour de la vie. Un film où l’amour et le rire dansent constamment avec la mort et les larmes. La lucidité et la cruauté finalement comme un masque pudique sur la douleur. Un film plein de vie qui s’achève en mêlant la beauté légère et joyeuse d’un nouvel élan et la cruauté douloureuse et déchirante d’un déracinement. Un film qui fait du bien, et que je vous recommande.
Egalement nommée pour le meilleur second rôle féminin, Julie Gayet dans "Quai d'Orsay" qui à mon sens aurait davantage mérité de l'être pour "After" de Géraldine Maillet dans lequel elle était lumineuse à souhait. La nommer comme meilleure actrice ( pour cet autre film aurait évité les suspicions tant on peut se demander pourquoi elle est nommée pour un film dans lequel elle n'apparaît que très peu, et si cette nomination n'est pas un cadeau empoisonné des votants. Même si j'apprécie cette actrice (qui est aussi une courageuse productrice), en l'espèce Marisa Borini (ironie du sort, mère de Carla Bruni) mériterait sans aucun doute davantage ce César.
Pour le prix de la meilleure adaptation, le choix s'annonce cornélien entre "Les Garçons et Guillaume, à table!", "La Vie d'Adèle" et "Quai d'Orsay".
"Blue Jasmine", "Django unchained", "La Grande Bellezza", "Gravity", "Dead man talking", "Blancanieves", "Alabama Monroe" s'affronteront pour le César du meilleur film étranger. Il me serait bien difficile de choisir entre les trois premiers.
Deux hommages cette année: le premier à Patrice Chéreau, disparu l’an passé, et l’autre à Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française.
La conférence de presse a aussi été l’occasion de découvrir l’affiche des César représentant Isabelle Adjani, dans « La Reine Margot » pour lequel elle a obtenu le César de la meilleure actrice 1995 (elle l'a également obtenu pour "Possession", "L'été meurtrier", "La journée de la jupe", "Camille Claudel").
Petit rappel: pour être nommés, les films en compétition doivent être sortis entre le 1er janvier et le 31 décembre 2013. Le 2ème tour commencera le 10 février et prendra fin à 16h, le 28 février, jour de la cérémonie.
La cérémonie des César sera retransmise en direct et en exclusivité sur Canal plus à 21H le vendredi 28 février. Dès maintenant, retrouvez de nombreuses informations sur les César sur http://www.canalplus.fr avec notamment des interviews des talents et des bandes-annonces des films nommés. Et n'oubliez pas le hashtag #Cesar2014 . Comme chaque année, j'aurai le plaisir de vous la faire suivre et vivre en direct de la salle presse où se succèdent les lauréats (ci-dessous, petit extrait de mes photos et vidéos de l'an passé).
Demain, je complèterai avec d'autres photos et mes commentaires sur ce (beau) palmarès et cette soirée qui fut pour moi redoutée après des semaines (mois) loin de la vie parisienne, et peut-être de la vie tout court, mais une soirée qui fut finalement douce et conviviale entourée de belles personnes. La suite demain. En attendant, retrouvez le palmarès de cette 19ème cérémonie des Prix Lumières (remis par la presse étrangère aux films français et francophones) ci-dessous.
C'est "La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2" d'Abdellatif Kechiche qui a triomphé en remportant les 4 catégories dans lesquelles le film était nommé, un palmarès qui préfigure sans doute celui des César.
Guillaume Gallienne a également été doublement primé, pour "Les Garçons et Guillaume, à table !" .
Roman Polanski peut ajouter un nouveau Prix Lumières à sa collection avec celui du scénario pour « La Vénus à la fourrure ».
Et « Grand Central » a également été doublement récompensé puisque Léa Seydoux l’a été pour « La Vie d’Adèle » mais aussi pour le film de Rebecca Zlotowski, le film ayant aussi reçu un prix spécial du jury.
Je vous propose également quelques critiques de films en lice:
Demain soir, je serai en direct de la cérémonie des Prix Lumières 2014 pour vous faire vivre la cérémonie en direct (sur twitter : @moodforcinema). Le palmarès sera bien sûr publié ici dès demain soir. Vous trouverez également en bas de cet article les résultats du concours qui ont permis à 10 d'entre vous de remporter leurs pass et, ci-dessous, le programme de la soirée et les nommés ainsi que les différents liens pour tout savoir sur la cérémonie.
Chaque année, je vous parle de cette cérémonie qui eut lieu pendant plusieurs années à la Mairie de Paris et qui se déroulera cette année à l’Espace Pierre Cardin, à 21H, le 20 janvier 2014 et qui récompense les meilleurs films français et francophones de l’année, des récompenses décernées par la presse étrangère et qui préfigurent souvent les résultats des César qui ont lieu un mois plus tard, devenant au fil des années un évènement incontournable et la première remise de prix majeure de la nouvelle année en France.
Organisés par l’Académie des Lumières qui a vu le jour en 1995 à l'initiative de Daniel Toscan du Plantier et du journaliste américain Edward Behr, les Prix Lumières récompensent le cinéma français et francophone.
À l'image des Golden Globe Awards décernés chaque année par l'Association de la presse étrangère de Hollywood, l'Académie des Lumières veut souligner le grand intérêt que porte au cinéma français la presse internationale largement représentée à Paris.
« Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier est en tête des nominations avec 5 nominations devant « La vie d’Adèle » et « 9 mois ferme » avec 4 nominations.
C'est Carole Bouquet qui présidera cette année la cérémonie.
La cérémonie sera présentée par Patrick Fabre et Estelle Martin.
La cérémonie rendra hommage aux cinéastes Georges Lautner et Patrice Chéreau.
Les cinémas belge (et notamment Yolande Moreau) et tunisien seront également à l'honneur de cette 19ème cérémonie.
C'est "Amour" de Michael Haneke qui, l'an passé avait reçu le prix du meilleur film. Il nous faut donc patienter dix jours avant de savoir qui aura l'honneur de lui succéder entre "9 mois ferme" d'Albert Dupontel, "Grand Central" de Rebecca Zlotowski, "La Vie d’Adèle – Chapitres 1 et 2" d'Abdellatif Kechiche, "L’ Ecume des jours" de Michel Gondry, "Quai d’Orsay" de Bertrand Tavernier, "Renoir" de Gilles Bourdos.
Je vous ferai vivre cette cérémonie en direct (twitter : @moodforcinema , hashtag : #PDL2014, #PrixLumieres ) et bien entendu vous pourrez retrouver ici mon compte rendu complet et le palmarès détaillé ainsi que sur mes sites http://inthemoodlemag.com et http://inthemoodforfilmfestivals.com . Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter le site officiel ou retrouver mes récits des cérémonies des années précédentes.
Il y a cinq ans, dans le cadre du jury des lectrices de Elle dont je faisais partie, je découvrais « La Délicatesse », le roman de David Foenkinos en lice pour le prix et dont le film éponyme est l’adaptation signée par ce dernier et Stéphane Foenkinos. Je découvrais aussi l’écriture fantaisiste, précise et délicate de David Foenkinos (oui, je l’avoue, il m’a fallu attendre son 8ème roman pour cela) après avoir remarqué la présence joliment discrète de l’auteur dans le cadre de feu Forum International Cinéma et Littérature de Monaco. Bien qu’ayant obtenu dix prix littéraires, « La Délicatesse » (à mon grand regret) n’avait pas reçu celui des lectrices de Elle...mais cela ne l’a pas empêché d’en vendre 700000 exemplaires et d’être traduit dans 21 pays...et c’est particulièrement rassurant. Rassurant de voir que pour cela il n’aura pas fallu faire voyager le lecteur dans le temps, ni lui raconter des histoires rocambolesques improbables, ni faire preuve d’un cynisme vengeur et racoleur, ni recourir à un style même pas digne d’un scénario avec deux phrases par page (vous voyez à qui je songe ?). Un livre dont l'auteur ose l'intituler « La Délicatesse » dans une société (pas seulement littéraire) souvent brutale qui prône et glorifie plutôt le cynisme, cela force déjà le respect. A l’encontre d’une société qui veut qu’une pensée se résume à 140 caractères d’exagération ou de mauvaise foi (ah, twitter, mon amour…), ou qu’une personne soit appréhendée et jugée en quelques secondes, le temps d’un regard scrutateur et sentencieux.
« C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise ». Ainsi était résumé ce roman. C’est l’inverse aussi. L’histoire d’un homme qui va être surpris par une femme. Réellement surpris. Et c’est surtout l’histoire de Nathalie (Audrey Tautou), une jeune femme qui a tout pour être heureuse, jeune, belle, insouciante, amoureuse de François (Pio Marmaï) qui avait décidé de la séduire parce qu’elle avait choisi un jus d’abricot, ou à peu près. Ils se marièrent et n’eurent pas le temps d’avoir beaucoup d’enfants car François décède brutalement. Tout pourrait s’arrêter là. D’ailleurs, pour elle le temps s’est arrêté, le jour où la lecture de son livre a été interrompue par la mort de François, mais après le deuil va venir le temps de la renaissance, là où et comme on ne l’attendait pas : un jour, sans raison, un peu perdue dans ses rêveries, elle embrasse un de ses collègues, l’insignifiant Markus (François Damiens)...enfin a priori insignifiant. Va alors naitre l’idée de ce couple improbable…
Pas facile de transcrire à l’écran ce qui faisait en partie le charme du roman : l’écriture sensible, à la fois pudique et sensuelle, de David Foenkinos, une écriture émaillée d'une réjouissante fantaisie (aphorismes, digressions aussi savoureuses que décalées) qui faisait de ce roman une passionnante histoire autant qu'une aventure ludique pour le lecteur que Foenkinos, avec, décidément, une délicatesse quasiment amoureuse, n'oubliait jamais, ce qui n'est finalement pas si courant...
« La Délicatesse » est un film à l’image de son personnage principal : d’apparence simple, discret, grave et triste, il se révèle gai, d’une lucidité joyeuse, tendre, et il vous charme d’une manière totalement inexplicable. Le charme des rencontres impromptues, improbables, inattendues. Les plus belles. Et ce n’était pas gagné d’avance. Il faut voir la première apparition de face de Markus, au bout de trente minutes de film (on aperçoit son dos et ses mains lors d’une réunion auparavant mais son visage reste invisible, insignifiant) avec son physique peu évident, son allure débraillée, son assurance hasardeuse. Le jeu du comédien est tel, remarquable François Damiens qui se glisse dans la peau du personnage avec une apparente facilité déconcertante (aidé par la réalisation), que le spectateur finit (presque) par le trouver séduisant, par être charmé à son tour, et en tout cas par comprendre le charme qu’il opère sur Nathalie. Il apparaît comme un personnage aussi lunaire que solaire, grâce à une photographie bienveillante, qui auréole la deuxième partie du film d’une douceur rassurante (très belle photographie de Rémy Chevrin) mais aussi grâce à la douce et énergique bo d’Emilie Simon.
C’est sans doute cela la délicatesse : une sensation indicible, des petits gestes qui vous vont droit au cœur, une empathie du personnage qui emporte celle du spectateur et qui m’a totalement charmée. Par sa fantaisie (celle du roman qui se retrouve par petites touches). Par son mélange subtil de gravité et légèreté. Par sa manière d’appréhender le deuil et de célébrer le retour à l’espoir, à la vie.
Dommage peut-être que Markus ne parle pas davantage puisque dans le roman, le charme opérait surtout par la parole. Il n’empêche que ce film est d’une douceur aussi simple que renversante. Audrey Tautou est l’actrice idéale pour incarner Nathalie. A la fois fragile et décidée, entre détermination énergique et une grâce enfantine qui me fait toujours penser à Audrey Hepburn. Une actrice qui jongle habilement entre le drame et la comédie, à l’image du film qui mêle subtilement les deux genres.
Un bel hymne à la différence. Un film qui rend hommage aux anonymes, héros du quotidien, ces « émotifs anonymes » (on retrouve d’ailleurs une sensibilité commune avec celle de Jean-Pierre Améris), ces êtres vulnérables qui se découvrent plus qu’ils ne se remarquent mais qui n’en sont que plus intéressants. Avec le même sens de la précision et de l’humour décalé (ah, les joies de la Suède et du 114), avec ces mêmes accents truffaldiens, David et Stéphane Foenkinos réussissent non pas à transposer mais à retranscrire le style enchanteur du roman, son romantisme décalé et dénué de mièvrerie.
Un délicieux film d’une gravité légère à déguster sans modération, l’histoire d’une renaissance lumineuse qui fera du bien tous ceux qui ont été touchés par le deuil, à tous ceux qui ne croient plus à la beauté foudroyante des hasards et coïncidences et des rencontres singulières, qui ne croit plus que le bonheur réside là où on ne l’attend pas. Voilà ce film m’a totalement charmée, aussi rare (et précieux) que la délicatesse qu’il met en scène, avec le même charme progressif et non moins ravageur. A (re)voir absolument!