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  • Avant-premières de " Harry Potter et les reliques de la mort - 2ème partie "

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    En attendant ma critique en avant-première de " Harry Potter et les reliques de la mort - 2ème partie" dès ce week end.

    Pour célébrer la sortie de l’ultime volet de l’aventure Harry Potter, Warner Bros. France organise la plus grande avant-première d’un film en 3D, Mardi 12 juillet au Palais Omnisport de Paris-Bercy,ainsi qu’une série d’événements en salles. Pour le final de la plus grande aventure de l’histoire du cinéma, Warner Bros. France a choisi un lieu à la hauteur de l’événement et organise la plus grande avant-première française d’un film en 3D, mardi 12 juillet au Palais Omnisport de Paris Bercy. Plus de 7 000 fans prendront part à l’événement en présence des membres suivants de l’équipe du film :   -          Jason Isaacs (Lucius Malefoy)-          James & Oliver Phelps (Fred et George Weasley)-          Clémence Poésy (Fleur Delacour)-          Evanna Lynch (Luna Lovegood)-          Mark Williams (Arthur Weasley)-          Natalia Tena (Nymphadora Tonks)-          Domhnall Gleeson (Bill Weasley)

    Par ailleurs, Près de 250 salles de cinéma en France projetteront HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT, 2ème Partie, mardi 12 juillet à minuit. A cette occasion certaines d’entre elles programmeront également la 1ère Partie du dernier épisode dès 21h. La liste des salles est consultable sur http://www.fnacspectacles.com/harrypotter

    Enfin, Le cinéma Le Grand Rex à Paris adopte les couleurs d’Harry Potter en programmant une rétrospective de tous les épisodes de la saga à partir du lundi 11 juillet. Cette programmation spéciale s’achèvera également le 12 juillet à minuit avec la séance spéciale de HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT, 2ème Partie.

    Retrouvez mon dossier spécial "Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partie ": http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2010/11/22/harry-potter-et-les-reliques-de-la-mort-critique-avant-premi.html

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  • Avant-première et critique de « I’m still here - The lost year of Joaquin Phoenix » de Casey Affleck – Festival Paris Cinéma

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    Toujours dans le cadre du Festival Paris Cinéma, j’ai vu, hier, en avant-première, « I’m still here » de Casey Affleck (dont c’est le premier film en tant que réalisateur, acteur exceptionnel notamment dans « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik ou dans « Gone baby gone » de son frère Ben Affleck) et Tom Blomquist… quelques jours après avoir revu « Two lovers » de James Gray (ma critique en bonus en bas de cet article) dans le cadre de ce même festival.  « I’m still here » a déjà été présenté dans plusieurs festivals et non des moindres puisqu’il figurait en sélection officielle de la Mostra de Venise et du Festival International de Toronto.

    C’est justement après la fin du tournage de « Two lovers » que Joaquin Phoenix a (vraiment) annoncé qu’il voulait arrêter sa carrière pour… se consacrer à la musique. C’est son beau-frère Casey Affleck qui immortalise ces instants, pendant deux ans, de l’explication de ses motivations … à sa descente aux enfers…ou plutôt disons qu’il feint d’immortaliser ces instants puisque tout cela n’est que fiction même si pendant deux ans Joaquin Phoenix a tout fait pour (nous) laisser croire qu’il s’agissait de la réalité.

    Ce style hybride (apparent documentaire mais vraie fiction), ce jeu constant sur les frontières entre fiction et réalité ( il manipule la réalité comme les médias manipulent sa réalité) en font à la fois un film fascinant et agaçant, humble et présomptueux ; en tout cas un objet filmique singulier posant des questions passionnantes sur le statut de l’image (au double sens du terme d’ailleurs : image cinématographique et image de l’artiste).

     « I’m still here » est fascinant en ce qu’il dresse finalement bien moins le portrait d’un homme que celui de la société qui le regarde mais c’est en cela que c’est aussi effrayant d’ailleurs.  Barbe, cheveux hirsutes, tenue vestimentaire improbable et hygiène aléatoire : sa métamorphose physique s’accompagne d’une descente aux enfers mais,  plus que spectacle de sa propre déchéance, nous assistons  finalement davantage au spectacle de ceux qui regardent et se délectent de cette déchéance avec mépris, cynisme, voracité. Voracité médiatique mais aussi voracité du public. Une scène en est particulièrement significative : tandis que sur scène il ânonne tant bien que mal un pseudo rap aux paroles aussi nombrilistes qu’insultantes envers le public, et dramatiquement drôles, une marée de téléphones portables immortalise l’instant sans vergogne... et sans broncher.  Scène édifiante, cynique, dérangeante,  et finalement insultante pour le spectateur, miroir du public carnassier qui assiste à cette scène et se glorifie d’y assister. Parce que ne nous y trompons pas : s’il feint de se ridiculiser, de caricaturer l’artiste en pleine décadence,  c’est finalement lui, Joaquin Phoenix, qui en sort avec le beau rôle, paradoxalement le sien, celui de l’innocent broyé par un système face à notre inertie et notre délectation coupables.

     Certes, avant le spectateur, c’est le flux dévorant d’images médiatiques qui se nourrit sans recul de ses excès (drogue, sexe, humiliations : rien ne nous est épargné), qui absorbe sans s’interroger ou se remettre en questions, que stigmatise cette fiction aux airs trompeurs de documentaire mais c’est aussi le spectateur ou le citoyen lambda avec son téléphone portable qui en devient le complice ou l’instigateur. C’est alors faire preuve d’une certaine condescendance à l’égard du public : un public aveugle, crédule, manipulateur (d’images) manipulé et doublement manipulé. Manipulé dans le spectacle que Joaquin Phoenix lui a donné à voir pendant deux ans mais aussi manipulé dans celui qui se déroule sur l’écran. Seulement, si pour la première manipulation la supercherie a parfaitement fonctionné, la seconde (même pour un spectateur ignorant de l’histoire et du caractère fallacieux du documentaire) laisse trop souvent entrevoir son dispositif (rôle trop écrit de Puff Daddy et présence préalable de la caméra alors que celui-ci feint la surprise devant la présence de Joaquin Phoenix) pour que la manipulation fonctionne parfaitement puisque volonté de manipulation il y a bel et bien, le film étant qualifié de « documentaire ».   Il fallait en tout cas beaucoup d’audace, de détermination, de folie (ou plutôt au contraire de raison) pour continuer à jouer le jeu même pendant la promotion d’un sublime film comme « Two lovers » dont on ne peut s’empêcher de penser que ce buzz médiatique lui a nui.

     N’en demeure pas moins un film très malin dont le début fait intelligemment écho à la fin mais aussi au dernier rôle Joaquin Phoenix (de Leonard dans « Two lovers » qui au début du film se jette à l’eau) qui se jette aussi à l’eau (là aussi dans les deux sens du terme), accentuant les résonances entre fiction et (semblant de) réalité. Et si dans la fiction « Two lovers » cela a fait revenir  son personnage à la réalité, ici cela lui permet de tuer ce personnage qu’il a endossé pendant deux ans lors d’une très belle scène finale. D’ailleurs « I’m still here » contient plusieurs très beaux plans de cinéma qui signent la naissance d’un vrai cinéaste.

     Le scénario est finalement très habile, et même cyniquement drôle, parfois au détriment de ceux qui en sont les complices plus ou moins volontaires Malgré son narcissisme, sa condescendance, « I’m still here » est une œuvre passionnante, audacieuse, un saut dans le vide , une mascarade, une manipulation, une « performance artistique », un pied-de-nez à un afflux abêtissant d’images qu’il interroge intelligemment d’autant plus à une période où une affaire dont on ne sait plus très bien si elle est fiction ou réalité se déroule là aussi sur les yeux lunatiques, dévorants, carnassiers des médias et de citoyens devenus public.   Un film aussi malin que le « Pater » d’Alain Cavalier (même si je préfère et de loin celui de Casey Affleck), l’un et l’autre mettant en scène la réalité, un simulacre de réalité dont le réalisateur est le manipulateur et le spectateur la marionnette, victime d’images dont il est d’habitude le coupable, vorace et impitoyable filmeur. Une brillante inversion des rôles. Une démonstration implacable. A voir.

    Sachez enfin que Joaquin Phoenix (est-il besoin de l’ajouter, ici, remarquable) sera prochainement à l’affiche des films de James Franco, Steven Shainberg, Paul Thomas Anderson.

     Sortie en salles : le 13 juillet.

    Critique de "Two lovers" de James Gray

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     « Two lovers » sera également projeté au mk2 bibliothèque, vendredi 8  juillet, à 14H45.

     Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider,  un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.

    L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble  crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d'un trouble bipolaire (mais ce n'est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte  la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray  dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et  la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale,  mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes.  James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).

     Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d'une drôlerie désenchantée,  un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans  le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même "opposition" entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.

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  • 3ème compte rendu du Festival Paris Cinéma 2011 : 3 avant-premières et Isabella Rossellini au programme

    Après mon compte rendu de l’ouverture privée du Festival et de ma première journée, suite du programme avec trois films en avant-première qui témoignent là encore de la diversité de la programmation du festival avec une comédie franco-londonienne, un western espagnol et un drame (viticole) français.

    Le festival rend cette année hommage à Isabella Rossellini et, en plus d’une rétrospective de films dans lesquels elle a joué, comme « Two lovers » de James Gray dont je vous parlais avant-hier, ici, le festival programmait en avant-première « 3 fois 20 ans » de Julie Gavras qui sort en salles demain, un film que j’attendais d’autant plus qu’il est réalisé par Julie Gavras qui avait obtenu le prix Michel d’Ornano au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2007 pour « La faute à Fidel ». Quelques mots sur la « faute à Fidel » avant de vous parler de ce deuxième long métrage de Julie Gavras.   Film écrit par Julie Gavras avec Arnaud Cathrine d’après le roman « Tutta Colpa di Fidel » de Domitilla Calamai, « La faute à Fidel » a été produit par la veuve de Pialat, Sylvie Pialat.  C’est l’histoire d’Anna, neuf ans. Pour elle, la vie est simple, faite d’ordres et d’habitudes. Une vie  qui se déroule confortablement entre Paris et Bordeaux. Sur une période d’un an, entre 1970 et 1971, Anna voit sa vie bouleversée par l’engagement politique de ses parents. Le film commence par un mariage, dans un cadre bourgeois, autour d’une table d’enfants sagement assis, bien droits, bien coiffés, respectueux des convenances, séparés les uns des autres par un silence assourdissant. Il s’achève dans une cour d’école. Les enfants portent des vêtements colorés, dansent en rond et se tiennent la main. Une année sépare ces deux scènes, une année de bouleversements pour cette petite fille qui assiste, incrédule puis furieuse puis révoltée puis complice aux bouleversements de son existence. Des espoirs, une révolte aussi, naissent pour ses parents, le monde change pour eux, le monde s’écroule pour elle.  A travers son regard à la fois clairvoyant et d’une touchante naïveté pour qui tout ça c’est « la faute à Fidel », défile toute une époque : le franquisme, l’émancipation féminine, la prise de pouvoir par Allende au Chili etc. Un film qui évolue peu à peu vers la lumière portée par une musique elle aussi très lumineuse. Le film d’une cinéaste très prometteuse. Un film émouvant, intelligent, drôle aussi, aux dialogues incisifs et jamais « enfantins ».

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    D’où ma déception avec ce « 3 fois 20 ans » au sujet pourtant prometteur. Mary (Isabelle Rossellini) et Adam (William Hurt) ont presque soixante ans. Ils sont élégants, dynamiques, et gèrent impeccablement leur famille jusqu’au jour où, suite à une perte de mémoire passagère et sans gravité, Mary réalise qu’ils font partie de la catégorie des seniors. Ils vont réagir de manière opposée. Adam en s’entourant de jeunes gens, s’investissant dans de nouveaux projets …, Mary en se préparant à la vieillesse. La séparation est inéluctable. Leurs enfants vont alors tout faire pour les réconcilier. Le sujet était attrayant : traiter avec légèreté de cet âge qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a vingt ou trente ans mais que l’entourage ou que « les autres » continuent à traiter avec gravité et inquiétude et montrer que la fantaisie est un état d’esprit et pas une question d’âge (très beau personnage de la grand-mère Nora incarnée par Doreen Mantle).

     Isabelle Rossellini insuffle toute son élégance, sa belle folie, son énergie, sa grâce à son personnage, et William Hurt incarne parfaitement ce jeune sexagénaire qui refuse d’affronter le temps qui passe, un architecte qui construit des édifices, sorte de double du père de la réalisatrice (le cinéaste Costa-Gavras) qui construit des films… Et heureusement qu’ils sont là… car qu’a-t-il bien pu se passer pour que Julie Gavras qui, dans « La faute à Fidel » témoignait de la singularité de son regard et de son univers, signe ce film au scénario (coécrit avec Olivier Dazat) totalement inabouti (projet de musée sur lequel travaille le personnage de William Hurt, une intrigue secondaire qui n’aura pas de dénouement et dont on se demande donc à quoi elle sert sans parler du personnage d’Arta Dobroshi et de l’amant du personnage d’Isabelle Rossellini qui là aussi disparaissent de l’intrigue comme par magie, dommage quand on sait à quel point Arta Dobroshi était intense dans « Le silence de Lorna » des frères Dardenne) et sans personnalité malgré celles si charismatiques de William Hurt et Isabelle Rossellini ? Dommage…, un trop court instant, dans une scène tragicomique, on retrouve l’univers et la fantaisie réjouissante de la cinéaste qui semble ici crouler sous le poids (des ans ?) de son sujet pourtant prometteur.

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    Ensuite, petite madeleine de Proust avec un western au programme, le genre cinématographique avec lequel est née ma passion pour le cinéma. Il s’agit de « Blackthorn » de Mateo Gil qui réécrit l’histoire d’une légende : Butch Cassidy, le célèbre hors-la-loi qui, passé pour mort depuis 1908, se cache en réalité en Bolivie depuis 20 ans sous le nom de James Blackthorn. Au crépuscule de sa vie, il n’aspire plus qu’à rentrer chez lui pour rencontrer ce fils qu’il n’a jamais connu. Lorsque, sur sa route, il croise un jeune ingénieur qui vient de braquer la mine dans laquelle il travaillait, Butch Cassidy démarre alors sa dernière chevauchée…

    Le western, genre malheureusement sans doute jugé désuet, se fait particulièrement rare…même si deux films récents « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » (un véritable chef d’œuvre, expression que j’emploie pourtant avec parcimonie) et « True grit » lui ont fait retrouver ses lettres de noblesse. La comparaison était donc inévitable et malheureusement « Blackthorn » n’arrive à la hauteur ni de l’originalité ni de la photographie envoûtant de ces deux films. Si le scénario est plutôt bien construit (rien d’étonnant à cela : Mateo Gil est le scénariste notamment de « Vanilla sky », « Mar Adentro » et « Agora ») avec le présent et le passé mis en parallèle pour créer judicieusement rythme et suspense, visuellement « Blackthorn » est particulièrement classique avec panoramiques et chevauchées au soleil couchant de rigueur…et non moins fascinant d’ailleurs pour une amatrice de western comme ces plans dans le désert de sel, d’une beauté redoutable. Le western est désormais trop rare au cinéma pour que je boude mon plaisir et il faut avouer que le jeu de Sam Shepard en bandit qui pousse l’amitié et la loyauté au-dessus de tout (surtout la loi et la morale… et même l’argent qui lui aura fait commettre tant de crimes), l’atmosphère crépusculaire et nostalgique, les sublimes paysages boliviens suffisent à ce que je vous le recommande…surtout si le western est aussi votre madeleine de Proust.

    Sortie en salles : le 31 août 2011

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    Enfin, troisième avant-première avec « Tu seras mon fils » de Gilles Legrand, dans une salle malheureusement aux ¾ vide pour ce film qui méritait pourtant le déplacement ne serait-ce que pour  Lorant Deutsch et Niels Arestrup  qui incarne ici Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Emilion. Son fils Martin (Lorant Deutsch donc)  travaille avec lui sur le domaine familial. Mais Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes. Son régisseur (Patrick Chesnais) est atteint d’un cancer incurable, Paul en profite pour rappeler le fils de ce dernier Philippe (Nicolas Bridet) … pour lui le fils idéal. Une situation qui devient de plus en plus insupportable pour tout le monde…

    Une fois de plus, Niels Arestrup, incarne un personnage irascible, imbuvable, impitoyable, un père écrasant et une fois de plus, il excelle dans ce genre de rôle, plus imposant et redoutable que jamais. Face à lui Lorant Deutsch est parfait en fils frêle, velléitaire, bégayant, qui cherche vainement à s’imposer et trouver sa place. Ce duo-duel est la première bonne idée du film de même que l’autre duo père-fils Patrick Chesnais, Nicolas Bridet. Une véritable partie d’échecs va alors s’engager avec pour cadre les magnifiques vignobles bordelais, terre fertile et âpre, lumineuse et menaçante. Terre de paradoxes comme la force et la fragilité, l’autorité et la soumission qui opposent père et fils. Les dialogues sont soigneusement écrits et  le scénario coécrit avec l’écrivain Delphine de Vigan instille ce qu’il faut de noirceur, de malaise et de menace hitchcockiens. Le tout doublé d’une réflexion sur la transmission sans parler du vin, dont le parfum, la sensualité et le rôle ici déterminant en font un personnage à part entière…

    Sortie en salles : le 24 août 2011.

    A ne pas manquer notamment aujourd’hui à Paris Cinéma : l’avant-première de « We need to talk about Kevin » de Lynne Ramsay présenté par la comédienne Tilda Swinton (sous réserve), « Abel » de Diego Luna dont je vous parlais hier, et pour ma part ce sera « I’m still here » de Casey Affleck et Tom Blomquist présenté en avant-première. Ne manquez pas non plus "Monsieur Klein" de Losey, demain, à 21H55, au Champo.

     

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  • Festival Paris Cinéma - Gael Garcia Bernal à l'honneur - Projection de "Abel" de Diego Luna

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    En attendant de vous parler des dernières avant-premières découvertes dans le cadre de ce Festival Paris Cinéma, je vous recommande "Abel" de Diego Luna projeté demain à 15h au MK2 blibliothèque, un film projeté en avant-première du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville où il figurait en compétition et sorti en salles en janvier dernier . Ce film est présenté dans le cadre de l'hommage à Gael Garcia Bernal, producteur du film. Retrouvez ci-dessous mes vidéos de la conférence de presse du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Abel est ainsi un enfant de 9 ans qui ne parle plus depuis que son père a quitté la maison. Un jour il retrouve la parole et se prend pour son père. Tout le monde se plie à ses volontés et joue le jeu jusqu’au jour où le père d’Abel réapparait. (Vous trouverez ci-dessus deux vidéos de la conférence de presse dans laquelle Diego Luna explique la genèse du film).  « Abel » a été présenté hors compétition dans le cadre du  Festival de Cannes 2010. Filmé la plupart du temps à hauteur d’Abel, le regard, frondeur, déterminé, si touchant du petit garçon, nous saisit dès le début pour ne plus nous quitter et pour, finalement, arracher au nôtre quelques larmes. Avec beaucoup de pudeur et de drôlerie, parfois pour désamorcer des scènes qui auraient pu se révéler glauques, Diego Luna nous embarque dans son histoire qu’il filme et conte avec beaucoup de tendresse, nous surprend avec ce qu’on attend. Tendresse pour ce petit garçon, un peu celui qu’il a été comme il l’a expliqué en conférence de presse, mais aussi d’une certaine manière pour cette mère, aimante et courageuse, à laquelle son film rend hommage (Diego Luna a perdu sa mère dans sa petite enfance) à travers le personnage de la mère d’Abel. Pour son premier film, Diego Luna a réussi sans doute ce qu’il y a de plus compliqué : donner l’apparence de la simplicité à une histoire qui est loin de l’être et susciter l’émotion, sans jamais la forcer, par le ton du film, burlesque et poignant, par la puissance du sujet et de son (réellement extraordinaire) jeune acteur principal dont, en conférence de presse, Diego Luna a ainsi souligné à quel point (presque effrayant) il avait un comportement adulte, voire paternaliste, à l’image du personnage qu’il a incarné.

    Retrouvez également  ma critique du film d’ouverture « Polisse » de Maïwenn et mes vidéos de l’ouverture, ici, et ma critique de  « Monsieur Klein » de Joseph Losey projeté à plusieurs reprises dans le cadre de l’hommage à Michael Lonsdale, là. Retrouvez également mon compte rendu de ma première journée du Festival Paris Cinéma 2011.

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  • Compte rendu de ma 1ère journée au Festival Paris Cinéma 2011 : Nicolas Echevarria, « Two lovers » de James Gray et avant-première de « La Fée »

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     Avant de repartir pour le MK2 Bibliothèque où, ce soir,  j’assisterai aux projections en avant-première « Blackthorn » de Mateo Gil (présenté par le comédien Sam Sherpard) et « Trois fois vingt ans » de Julie Gavras présenté par la réalisatrice et par Isabella Rossellini à qui le festival rend hommage cette année, un petit bilan de ma première journée de festival tout en vous rappelant que vous pouvez retrouver ma critique du film d’ouverture « Polisse » de Maïwenn et mes vidéos de l’ouverture, ici, et que vous pouvez retrouver ma critique de  « Monsieur Klein » de Joseph Losey projeté à plusieurs reprises dans le cadre de l’hommage à Michael Lonsdale, là.

    Ma journée d’hier a été à l’image de la programmation de ce festival : particulièrement éclectique, entre un film projeté dans le cadre de la rétrospective Isabelle Rossellini, un film lié au pays à l’honneur cette année, à savoir le Mexique, et une avant-première.

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     J’ai débuté ma journée par « Two lovers » de James Gray, découvert lors de sa sélection en compétition officielle du Festival de Cannes 2008 et que j’avais envie de revoir, ayant le souvenir d’un film d’une noirceur troublante et d’une rare beauté mélancolique.

     « Two lovers » sera également projeté au mk2 bibliothèque, vendredi 8  juillet, à 14H45.

     Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider,  un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.

    L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble  crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d'un trouble bipolaire (mais ce n'est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte  la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray  dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et  la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale,  mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes.  James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).

     Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d'une drôlerie désenchantée,  un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans  le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même "opposition" entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.

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    Changement radical d’univers pour un film qui, justement, l’est (radical) avec « Cabeza de vaca » de Nicolas Echevarria projeté dans le cadre du focus sur le cinéaste et de la thématique mexicaine du Festival Paris Cinéma 2011.  Ce film date de 1991 mais est sortie en salles en France seulement l’hiver dernier.  C’est l’histoire extraordinaire d’Alvar Nunez Cabeza de Vaca, conquistador espagnol devenu chaman…

    « Cabeza de Vaca » sera à nouveau projeté au mk2 Bibliothèque le lundi 4 juillet à 21H30. Il sera également présenté par le réalisateur. Retrouvez ma vidéo de la présentation du film par son réalisateur,  ci-dessous.

     Premier film du réalisateur qui n’avait auparavant réalisé que des documentaires, le style est ici  d'inspiration documentaire, d’un naturalisme d’autant plus troublant que les maquillages sont exceptionnels (signés Guillermo del Toro), et qu’il s’allie avec un fantastique paradoxalement réaliste. Etrange alliance entre âpreté et mysticisme, réalisme et symbolisme, dans un film tantôt très cru, tantôt presque poétique. Un film intense d’une force indéniable à l’image de l’interprétation de Juan Diego. Une expérience viscérale et hallucinée (et visuellement hallucinante) qui, en tout cas, ne pourra vous laisser indifférents.

     

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    A nouveau, changement radical d’univers avec l’avant-première de « La Fée » de Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy, que j’étais d’autant plus impatiente de découvrir que j’en avais eu d’élogieux échos au Festival de Cannes où il était présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs et au Festival de Cabourg où il était également présenté en avant-première.

     Dom est veilleur de nuit dans un petit hôtel du Havre. Un soir Fiona se présente à l’accueil et dit être une fée. Elle lui accorde trois souhaits. Le lendemain, deux vœux de Dom se sont réalisés. Il la recherche, tombé amoureux de cette dernière. Peut-être en attendais-je trop de cette fée dont la magie m’avait été tant de fois louée mais, même si, certes, le film est inclassable, un conte joyeusement délirant et décalé, tendrement burlesque, plein de fantaisie, d’humour absurde, et riche de multiples influences qui l’écrasent malheureusement plus qu’elles ne le portent (Tati –décidément…, déjà source d’inspiration de « Ni à vendre ni à louer » actuellement à l’affiche-, Laurel et Hardy, Buster Keaton etc), les gags s’étirent parfois en longueur (chorégraphie sous l’eau et danse sur le toit) et sont parfois un peu trop répétitifs et le film s’apparente plus à une suite de saynètes, certes souvent drôles, qu’à un film avec un scénario construit, nous laissant un peu sur notre faim.

     Préférez-lui « Le Havre » de Kaurismaki avec un ton et un lieu similaires… mais un vrai scénario et ce petit plus inexplicable qui s’appelle la magie et dont cette fée, dans le scénario comme dans la réalisation, paradoxalement, est un peu trop avare.  (Sortie en salles : le 14 septembre)

    Après ce voyage cinématographique entre mélancolie, féérie, fantastique, et (un peu de) réalisme, retour à la réalité sous un doux et poétique soleil  parisien propice à la rêverie et à déambuler dans ses rues ainsi illuminées comme dans un film de Woody Allen, en se réjouissant du plaisir de vivre un festival dans la ville la plus mélancolique, féérique, fantastique qui soit, décor qui n’a pas encore dévoilé toutes ses ressources cinématographiques et ses mystères.

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    Je vous signale enfin que Paris cinéma dispose cette année d’un espace sur l’esplanade devant le MK2 Bibliothèque, une judicieuse nouveauté. Vous pourrez y retirer vos badges, vous renseigner sur le festival, y trouver le programme, y consulter les dossiers de presse des films présentés au festival, ou des magazines de cinéma, et même faire un tour à la toute nouvelle boutique du festival…

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    Rendez-vous demain pour un nouveau compte rendu…

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  • "Monsieur Klein" de Losey avec Delon, Lonsdale... au Festival Paris Cinéma 2011 - Critique du film

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    Dans le cadre de l'hommage à Michael Lonsdale, le Festival Paris Cinéma projette quelques chefs d'oeuvre du septième art comme "La mariée était en noir" de Truffaut, "Monsieur Klein" de Losey et de grands films dont je vous reparlerai comme "Nelly et Monsieur Arnaud" de Claude Sautet.

    "Monsieur Klein" sera projeté dans le cadre du Festival Paris Cinéma, le dimanche 3 juillet à 13H50, le mercredi 6 juillet à 21H55,  et le samedi 9 juillet à 16H10 au cinéma Le Champo, dans le 5ème.

     Je vous encourage vivement à (re)voir ce classique incontournable. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page dédiée au film sur le site du festival et retrouvez ma critique du film ci-dessous. 

     En attendant, je vous laisse pour une intense première journée de festival avec pas moins de trois films à mon programme dont je vous livrerai le compte rendu ici, dès demain.

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    A chaque projection, ce film me terrasse littéralement tant ce chef d'œuvre est bouleversant, polysémique, riche, brillant, nécessaire. Sans doute la démonstration cinématographique la plus brillante de l'ignominie ordinaire et de l'absurdité d'une guerre aujourd'hui encore partiellement insondables.  A chaque projection, je le vois  et l'appréhende différemment. Ce fut à nouveau le cas hier soir. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore et que j'espère convaincre d'y remédier par cet article, récapitulons d'abord brièvement l'intrigue.

    Il s'agit de Robert Klein. Le monsieur Klein du titre éponyme. Enfin un des deux Monsieur Klein du titre éponyme. Ce Monsieur Klein-là, interprété par Alain Delon,  voit dans l'Occupation avant tout une occasion de s'enrichir et de racheter à bas prix des œuvres d'art à ceux qui doivent fuir ou se cacher, comme cet homme juif (Jean Bouise) à qui il rachète une œuvre du peintre hollandais Van Ostade. Le même jour, il reçoit le journal « Informations juives » adressé à son nom, un journal normalement uniquement délivré sur abonnement. Ces abonnements étant soumis à la préfecture et M.Klein allant lui-même signaler cette erreur, de victime, il devient suspect... Il commence alors à mener l'enquête et découvre que son homonyme a visiblement délibérément usé de la confusion entre leurs identités pour disparaître...

    La première scène, d'emblée, nous glace d'effroi par son caractère ignoble et humiliant pour celle qui la subit. Une femme entièrement nue est examinée comme un animal par un médecin et son assistante afin d'établir ou récuser sa judéité.  Y succède une scène dans laquelle, avec la même indifférence, M.Klein rachète un tableau à un juif obligé de s'en séparer. M.Klein examine l'œuvre avec plus de tact que l'était cette femme humiliée dans la scène précédente, réduite à un état inférieur à celui de chose mais il n'a pas plus d'égard pour son propriétaire que le médecin en avait envers cette femme même s'il respecte son souhait de ne pas donner son adresse, tout en ignorant peut-être la véritable raison de sa dissimulation affirmant ainsi avec une effroyable et sans doute inconsciente effronterie « bien souvent je préfèrerais ne pas acheter ».

    Au plan des dents de cette femme observées comme celles d'un animal s'oppose le plan de l'amie de M.Klein, Jeanine (Juliet Berto) qui se maquille les lèvres dans une salle de bain outrageusement luxueuse. A la froideur clinique du cabinet du médecin s'oppose le luxe tapageur de l'appartement de M.Klein qui y déambule avec arrogance et désinvolture, recevant ses invités dans une robe de chambre dorée. Il collectionne. Les œuvres d'art même s'il dit que c'est avant tout son travail. Les femmes aussi apparemment. Collectionner n'est-ce pas déjà une négation de l'identité, cruelle ironie du destin alors que lui-même n'aura ensuite de cesse de prouver et retrouver la sienne ?

    Cet homonyme veut-il lui  sauver sa vie ? Le provoquer ? Se venger ? M.Klein se retrouve alors plongé en pleine absurdité kafkaïenne où son identité même est incertaine. Cette identité pour laquelle les Juifs sont persécutés, ce qui, jusque-là,  l'indifférait prodigieusement et même l'arrangeait plutôt, ou en tout cas arrangeait ses affaires.

     Losey n'a pas son pareil pour utiliser des cadrages qui instaurent le malaise, instillent de l'étrangeté dans des scènes a priori banales dont l'atmosphère inquiétante est renforcée par une lumière grisâtre mettent en ombre des êtres fantomatiques, le tout exacerbé par une musique savamment dissonante...  Sa caméra surplombe ces scènes comme un démiurge démoniaque : celui qui manipule M.Klein ou celui qui dicte les lois ignominieuses de cette guerre absurde. La scène du château en est un exemple, il y retrouve une femme, apparemment la maîtresse de l'autre M.Klein (Jeanne Moreau, délicieusement inquiétante, troublante et mystérieuse) qui y avait rendez-vous. Et alors que M.Klein-Delon lui demande l'adresse de l'autre M.Klein, le manipulateur, sa maîtresse lui donne sa propre adresse, renforçant la confusion et la sensation d'absurdité.  Changement de scène. Nous ne voyons pas la réaction de M.Klein. Cette brillante ellipse ne fait que renforcer la sensation de malaise.

    Le malentendu (volontairement initié ou non ) sur son identité va amener Klein à faire face à cette réalité qui l'indifférait. Démonstration par l'absurde auquel il est confronté de cette situation historique elle-même absurde dont il profitait jusqu'alors. Lui dont le père lui dit qu'il est « français et catholique  depuis Louis XIV», lui qui se dit « un bon français qui croit dans les institutions ». M.Klein est donc  certes un homme en quête d'identité mais surtout un homme qui va être amené à voir ce qu'il se refusait d'admettre et qui l'indifférait parce qu'il n'était pas personnellement touché : « je ne discute pas la loi mais elle ne me concerne pas ». Lui qui faisait partie de ces « Français trop polis ». Lui qui croyait que « la police française ne ferait jamais ça» mais qui clame surtout : «  Je n'ai rien à voir avec tout ça. » Peu lui importait ce que faisait la police française tant que cela ne le concernait pas. La conscience succède à l'indifférence. Le vide succède à l'opulence. La solitude succède à la compagnie flatteuse de ses « amis ». Il se retrouve dans une situation aux frontières du fantastique à l'image de ce que vivent alors quotidiennement les Juifs. Le calvaire absurde d'un homme pour illustrer celui de millions d'autres.

    Et il faut le jeu tout en nuances de Delon, presque méconnaissable, perdu et s'enfonçant dans le gouffre insoluble de cette quête d'identité pour nous rendre ce personnage sympathique, ce vautour qui porte malheur et qui « transpercé d'une flèche, continue à voler ». Ce vautour auquel il est comparé et qui éprouve du remords, peut-être, enfin. Une scène dans un cabaret le laisse entendre. Un homme juif y est caricaturé comme cupide au point de  voler la mort et faisant dire à son interprète : « je vais faire ce qu'il devrait faire, partir avant que vous me foutiez à  la porte ». La salle rit aux éclats. La compagne de M.Klein, Jeanine, est choquée par ses applaudissements. Il réalise alors, apparemment, ce que cette scène avait d'insultante, bête et méprisante et  ils finiront par partir. Dans une autre scène, il forcera la femme de son avocat à jouer l'International alors que le contenu de son appartement est saisi par la police, mais il faut davantage sans doute y voir là une volonté de se réapproprier l'espace et de se venger de celle-ci qu'un véritable esprit de résistance. Enfin, alors que tous ses objets sont saisis, il insistera pour garder le tableau de Van Ostade, son dernier compagnon d'infortune et peut-être la marque de son remords qui le rattache à cet autre qu'il avait tellement méprisé, voire nié et que la négation de sa propre identité le fait enfin considérer.

    Le jeu des autres acteurs, savamment trouble, laisse  ainsi entendre que chacun complote ou pourrait être complice de cette machination, le père de M.Klein (Louis Seigner) lui-même ne paraissant pas sincère quand il dit « ne pas connaître d'autre Robert Klein », de même que son avocat (Michael Lonsdale) ou la femme de celui-ci (Francine Bergé) qui auraient des raisons de se venger, son avocat le traitant même de « minus », parfaite incarnation des Français de cette époque au rôle trouble, à l'indifférence coupable, à la lâcheté méprisable, au silence hypocrite.

    Remords ? Conviction de supériorité ? Amour de liberté ? Volonté de partager le sort de ceux dont il épouse alors jusqu'au bout l'identité ? Homme égoïste poussé par la folie de la volonté de savoir ? Toujours est-il que, en juillet 1942, il se retrouve victime de la   Raflé du Vel d'Hiv avec 15000 autres juifs parisiens. Alors que son avocat possédait le certificat pouvant le sauver, il se laisse délibérément emporter dans le wagon en route pour Auschwitz avec, derrière lui, l'homme  à qui il avait racheté le tableau et, dans sa tête, résonne alors le prix qu'il avait vulgairement marchandé pour son tableau. Scène édifiante, bouleversante, tragiquement cynique. Pour moi un des dénouements les plus poignants de l'Histoire du cinéma. Celui qui, en tout cas, à chaque fois, invariablement, me bouleverse.

    La démonstration est glaciale, implacable. Celle de la perte et de la quête d'identité poussées à leur paroxysme. Celle de la cruauté dont il fut le complice peut-être inconscient et dont il est désormais la victime. Celle de l'inhumanité, de son effroyable absurdité. Celle de gens ordinaire qui ont agi plus par lâcheté, indifférence que conviction.

    Losey montre ainsi froidement et brillamment une triste réalité française de cette époque,  un pan de l'Histoire et de la responsabilité française qu'on a longtemps préféré ignorer et même nier. Sans doute cela explique-t-il que « Monsieur Klein » soit reparti bredouille du Festival de Cannes 1976 pour lequel le film et Delon, respectivement pour la palme d'or et le prix d'interprétation, partaient pourtant favoris. En compensation, il reçut les César du meilleur film, de la meilleure réalisation et  des meilleurs décors.

    Ironie là aussi de l'histoire (après celle de l'Histoire), on a reproché à Losey de faire, à l'image de Monsieur Klein, un profit malsain de l'art en utilisant cette histoire mais je crois que le film lui-même est une réponse à cette accusation (elle aussi) absurde.

    A la fois thriller sombre, dérangeant, fascinant, passionnant ; quête de conscience et d'identité d'un homme ; mise en ombres et en lumières des atrocités absurdes commises par le régime de Vichy et de l'inhumanité des français ordinaires ; implacable et saisissante démonstration de ce que fut la barbarie démente et ordinaire,  « Monsieur Klein » est un chef d'œuvre aux interprétations multiples que la brillante mise en scène de Losey sublime et dont elle fait résonner le sens et la révoltante et à jamais inconcevable tragédie ... des décennies après. A voir et à revoir. Pour ne jamais oublier...

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  • Bande-annonce de "Cheval de guerre" le prochain film de Steven Spielberg

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    En attendant mon prochain compte rendu en direct du Festival Paris Cinéma 2011, une petite bande-annonce, celle de "Cheval de guerre"qui sortira au cinéma le 23 février 2012.

    Synopsis: "Cheval de guerre" est le nouveau film événement des studios DreamWorks réalisé par Steven Spielberg, est une aventure à grand spectacle pour tous, une formidable odyssée où s’entremêlent l’amitié, la découverte et le courage.À la veille de la Première Guerre mondiale, le jeune Albert mène une existence paisible dans une ferme anglaise avec son cheval, Joey, qu’il adore. Mais le père d’Albert décide de vendre Joey à la cavalerie britannique, et le cheval se retrouve bientôt sur le front français. L’animal entame alors une extraordinaire aventure en plein conflit. En dépit des obstacles qu’il rencontre à chaque pas, Joey va changer la vie de ceux dont il croise la route. Incapable d’oublier son ami, Albert quitte la ferme et rejoint à son tour le champ de bataille dans l’espoir de retrouver son cheval et de le ramener chez lui.

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