Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Concert privé de Mika au 1515, à Paris : 45 minutes de "happiness"!

    mika 031.JPG
    mika 004.JPG
    mika 023.JPG
    mika 033.JPG
    mika7.jpg
    mika3.jpg
    mika2.jpg

    J'étais sur le point de réserver mes places pour le concert de Bercy (Mika y sera en concert les 26 et 27 avril) quand j'ai reçu une invitation (providentielle) pour son concert privé au 1515 (ancien Man Ray, rue Marbeuf pour les connaisseurs...), concert donné à l'occasion du lancement de la bouteille de Coca-Cola dessinée par Mika (et créée avec sa soeur Yasmine), à son image: colorée, joyeuse, joliment et sérieusement candide; la bien nommée "happiness bottle" qui selon Mika représente ce que le mot bonheur signifie pour lui "essentiellement la liberté de laisser libre cours à son imagination". Mika a par ailleurs généreusement décidé de reverser l'intégralité de son cachet pour cette opération à une cause qui lui tient à coeur, en l'occurrence le programme "adolescents" mené par la Fondation "Hôpitaux de Paris".

    Le bonheur c'est aussi une parenthèse joyeuse qui, en nous faisant presque oublier sa fugacité ou même son inexistence, le rend douloureusement beau; c'est de croire, ne serait-ce que quelques instants, que tout est léger et possible; c'est oublier et le lieu et le temps et leur vanité; c'est se laisser entraîner ailleurs tout en étant plus que jamais là. Et c'est ce que nous ont procurées ces 45 minutes  où il a déployé une énergie incroyable, un enthousiasme communicatif et bondissant, faisant  oublier l'étroitesse de la scène où il était pourtant a priori impossible de danser ! (enfin pas pour lui...) Et quelle danse, toujours si savamment singulière, décalée et entraînante!

    45 minutes de flamboyance entrecoupées, avec humour, de quelques allusions au volcan qui paralyse l'Europe ou d'incitation à chanter et danser (même auprès de Bernadette Chirac à qui il s'est directement adressé, présente en tant que représentante de la Fondation Hôpitaux de Paris).

    Au-delà de sa voix éblouissante aux capacités vertigineuses (dont la tessiture couvrirait 4 octaves), au-delà de ses chansons pop qui se retiennent après une seule écoute et vous embarquent dans leur arc-en-ciel de couleurs et leur joie de vivre, au-delà  et de son univers ludique, psychédélique, haut en couleurs, entre enfance et adolescence, ce qui m'a marquée à chacune de ses interviews, c'est un sou(rire) d'une belle candeur mais surtout son humilité, une humilité qui ne s'est pas démentie ce soir, ainsi que son professionnalisme (qui ne s'est pas non plus démenti) .

     "Life in Cartoon Motion", son premier album, est pourtant en France l'album le plus vendu en 2007 et en 2009 il a vendu plus de 19 millions de disques dans le monde.

    Par ailleurs, il ne prend pas de posture et assume pleinement ce que d'autres jugeront certainement obscène: un aspiration au bonheur et une envie de le transmettre d'une apparente naïveté (alors que d'autres se complaisent dans la morosité et le cynisme) et que,  d'ailleurs, plus que le reflet d'une naïveté enfantine sont certainement, au contraire, davantage celui d'une maturité et d'une générosité.

    Un concert volcanique. Un bel instant dont l'éphémère a renforcé l'intensité et le plaisir, bref, un condensé métaphorique de l'existence en somme... Rien que ça! Un concert dont on ressort grisés d'éphémère qui nous ferait presque croire à l'éternité et qui nous donne envie de faire de l'existence un film coloré avec, comme bande originale, le titre le plus connu ( qui a terminé ce concert décidément trop court): "Relax". 

    Et puis quelqu'un pour qui l'imagination est un instrument du bonheur, qui se crée un univers,  un univers finalement si cinématographique et qui choisit un titre d'album d'inspiration hitchcockienne... ne pouvait pas ne pas emporter mon adhésion...!

    Pour finir deux extraits, d'abord, "I see you" parce que je l'aime beaucoup et qu'on ne l'entend pas encore en radio, et qu'il diffère un peu du style des autres titres (plus mélancolique...on ne se refait pas):

    Et "Rain", parce qu'on l'entend partout et que, pourtant, je ne m'en lasse pas:

    Lien permanent Imprimer Catégories : CHRONIQUES MUSICALES Pin it! 5 commentaires
  • Festival du Film Britannique de Dinard 2010: une journée supplémentaire!

    dinard.jpgDepuis de nombreuses années, vous avez pu suivre le Festival du Film Britannique de Dinard sur inthemoodforcinema.com, un festival qui, pour de nombreuses raisons (évoquées en partie ici), me tient particulièrement à coeur.

    Si j'apprécie toujours la sélection et l'atmosphère, j'ai toujours trouvé ce festival trop court, avec pour conséquence une concentration des projections sur peu de temps et une frustration pour le cinéphile insatiable pour qui il était impossible de tout voir. Les organisateurs ont donc eu l'excellente idée de rallonger le festival d'une journée pour 2010. La 21ème édition se déroulera donc du 6 au 10 octobre.

     Evidemment, vous pourrez, comme d'habitude, le suivre sur inthemoodforcinema.com .

     Je vous invite aussi à découvrir le nouveau site internet du festival en première page duquel vous retrouverez un blog que vous connaissez bien.:-)

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD 2010 Pin it! 0 commentaire
  • La sélection officielle du Festival de Cannes 2010

    cannes20102.jpgVoici la sélection officielle telle qu'annoncée par la conférence de presse du Festival de Cannes de ce 15 avril.

     Bien entendu cette programmation aura prochainement des compléments et, dès demain, je vous livrerai mes commentaires même si je peux déjà vous dire que cette sélection me réjouit plutôt.

     Vous pourrez également la retrouver  sur "In the mood for Cannes", très prochainement expliquée et détaillée, film par film, en attendant de lire mes critiques de ces films en direct de Cannes, à partir du 12 mai.

    Film d'Ouverture :

    Ridley SCOTT ROBIN HOOD H.C. 2h11

    ***

    Mathieu AMALRIC TOURNÉE 1h51

    Xavier BEAUVOIS DES HOMMES ET DES DIEUX 2h00

    Rachid BOUCHAREB HORS LA LOI 2h11

    Alejandro GONZÁLEZ IÑÁRRITU BIUTIFUL 2h18

    Mahamat-Saleh HAROUN UN HOMME QUI CRIE 1h40

    IM Sangsoo HOUSEMAID 1h46

    Abbas KIAROSTAMI COPIE CONFORME 1h46

    Takeshi KITANO OUTRAGE 2h00

    LEE Chang-dong POETRY 2h15

    Mike LEIGH ANOTHER YEAR 2h09

    Doug LIMAN FAIR GAME 1h44

    Sergei LOZNITSA YOU. MY JOY 1h50

    Daniele LUCHETTI LA NOSTRA VITA 1h33

    Nikita MIKHALKOV UTOMLYONNYE SOLNTSEM 2 2h21

    Bertrand TAVERNIER LA PRINCESSE DE MONTPENSIER 2h15

    Apichatpong WEERASETHAKUL LOONG BOONMEE RALEUK CHAAT 1h30

    ***

    UN CERTAIN REGARD

    Derek CIANFRANCE BLUE VALENTINE 1er film 1h34

    Manoel DE OLIVEIRA O ESTRANHO CASO DE ANGÉLICA (Angelica) 1h34

    Xavier DOLAN LES AMOURS IMAGINAIRES 1h35

    Ivan FUND, Santiago LOZA LOS LABIOS 1h40

    Fabrice GOBERT SIMON WERNER A DISPARU... 1er film 1h27

    Jean-Luc GODARD FILM SOCIALISME 1h41

    Christoph HOCHHÄUSLER UNTER DIR DIE STADT (The City Below) 1h45

    Lodge KERRIGAN REBECCA H. (RETURN TO THE DOGS) 1h15

    Ágnes KOCSIS PÁL ADRIENN (Adrienn Pál) 2h16

    Vikramaditya MOTWANE UDAAN 1er film 2h18

    Radu MUNTEAN MARTI, DUPA CRACIUN (Mardi, après Noël) 1h39

    Hideo NAKATA CHATROOM 1h37

    Cristi PUIU AURORA(Aurore)2h59

    HONG Sangsoo HA HA HA 1h56

    Oliver SCHMITZ LIFE ABOVE ALL(La Vie avant tout)1h40

    Daniel VEGA OCTUBRE (Octobre) 1er film 1h23

    David VERBEEK R U THERE 1h27

    Xiaoshuai WANG RIZHAO CHONGQING(Chongqing Blues)1h45

     

    Hors compétition :

    Woody ALLEN YOU WILL MEET A TALL DARK STRANGER 1h38

    Stephen FREARS TAMARA DREWE 1h49

    Oliver STONE WALL STREET - MONEY NEVER SLEEPS (Wall Street - l'argent ne dort jamais) 2h16

    Séances de minuit :

    Gregg ARAKI KABOOM 1h28

    Gilles MARCHAND L'AUTRE MONDE 1h40

    Séances spéciales :

    Charles FERGUSON INSIDE JOB 2h00

    Sophie FIENNES OVER YOUR CITIES GRASS WILL GROW 1h40

    Patricio GUZMAN NOSTALGIA DE LA LUZ (Nostalgie de la lumière)

    1h30

    Sabina GUZZANTI DRAQUILA - L'ITALIA CHE TREMA 1h30

    Otar IOSSELIANI CHANTRAPAS 2h05

    Diego LUNA ABEL 1er film

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2010 Pin it! 0 commentaire
  • Les jurys du Festival de Cannes 2010

    Avant de vous détailler la programmation du Festival de Cannes 2010 et de vous livrer mes commentaires, voici les premiers éléments d'informations sur les  jurys du 63ème Festival de Cannes (je les détaillerai  et commenterai également prochainement sur "In the mood for Cannes" ). Jusqu'à présent nous savions seulement que Tim Burton serait président du jury.

    Jury des longs métrages

    cannes20102.jpg

    Tim BURTON, Président
    Kate BECKINSALE ‐ Actrice / Grande‐Bretagne

    Giovanna MEZZOGIORNO ‐ Actrice / Italie

     Alberto BARBERA ‐ Directeur du Musée National du Cinéma / Italie

     Emmanuel CARRERE ‐ Ecrivain ‐ Scénariste ‐ Réalisateur / France

     Benicio DEL TORO ‐ Acteur / Porto Rico

    Victor ERICE ‐ Réalisateur / Espagne

    Shekhar KAPUR ‐ Réalisateur ‐ Acteur ‐ Producteur / Inde

    Jury de la Cinéfonfation et des courts métrages


    Atom EGOYAN, Président ‐ Réalisateur / Canada


    Emmanuelle DEVOS ‐ Actrice / France

     Dinara DROUKAROVA ‐ Actrice / Russie

    Carlos DIEGUES ‐ Réalisateur / Brésil Marc RECHA ‐ Réalisateur / Espagne

    Jury Un Certain Regard
    Claire DENIS, Présidente ‐ Réalisatrice / France

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2010 Pin it! 0 commentaire
  • Le programme du Festival de Cannes 2010

    cannes4.jpgC'est à 11H que sera annoncé le programme de cette 63ème édition du Festival de Cannes. Il vous sera bien entendu résumé puis détaillé ici et sur "In the mood for Cannes". En attendant, je vous invite à le découvrir sur le site officiel du Festival, dès 11H, sur la page suivante. (sur laquelle sera dévoilée la programmation)

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2010 Pin it! 2 commentaires
  • Demain: conférence de presse officielle du 63ème Festival de Cannes

    cannes20102.jpgC'est demain qu'aura lieu la conférence de presse officielle du 63ème Festival de Cannes avec l'annonce de l'essentiel de la programmation et du jury. Bien entendu vous retrouverez tout cela en détails sur "In the mood for Cannes" avec de nombreux articles. Pour l'instant, nous savons seulement que Tim Burton présidera le jury, que Kristin Scott Thomas présentera les cérémonies d'ouverture et de clôture et que "Robin des bois" de Ridley Scott sera le film d'ouverture. Pour le reste, ce ne sont pour l'instant que supputations. Fin du suspense :  demain!

    Je vous rappelle que vous pourrez suivre le festival sur mon blog entièrement consacré à celui-ci, en direct de Cannes, de l'ouverture à la clôture: In the mood for Cannes. Vous pouvez également suivre ce blog cannois sur twitter ( moodforcannes ) et sur Facebook.

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2010 Pin it! 0 commentaire
  • "Téhéran" de Nader T.Homayoun: critique du film et interview du réalisateur

    teheran.jpg

    Après l'excellent film de Bahman Ghobadi « Les Chats persans » que je vous recommande vraiment de voir en DVD si vous l'avez manqué lors de sa sortie (cliquez ici pour lire ma critique et voir mes vidéos de l'équipe du film), un autre film iranien iranien sortira demain sur les écrans, il s'agit donc de « Téhéran » de Nader T. Homayoun, un film qui a obtenu le prix de la semaine de la critique au Festival de Venise 2009 et le Grand Prix du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers 2010.

    Synopsis : Ebrahim (Ali Ebdali) quitte sa famille et va tenter sa chance à Téhéran mais dans cette jungle urbaine où tout se vend et tout s'achète, le rêve peut rapidement virer au cauchemar. Mêlé malgré lui à des trafics mafieux, Ebrahim a-t-il encore une chance de s'en sortir ?

    Nader T.Homayoun est parti d'une rumeur persistante selon laquelle, à Téhéran, des mendiants voleraient des bébés pour faire la manche. Ebrahim, parti à Téhéran considéré par beaucoup d'Iraniens comme l'Eldorado, est l'un d'eux... Tandis qu'il se fait voler le bébé avec lequel il faisait la manche, sa femme, enceinte, le rejoint à Téhéran.

    Nader T.Homayoun a pris prétexte de la réalisation d'un documentaire sur Téhéran pour pouvoir réaliser son film qui, au-delà de l'aspect documentaire qu'il comporte bel et bien, est « un polar à l'iranienne » et même un thriller social.

    A travers les péripéties d'Ebrahim (interprété avec conviction par Ali Ebdali), nous découvrons Téhéran, ville bouillonnante et tentaculaire. Une ville qui vit, vivre, palpite, bouillonne, rugit mais aussi une ville blessée, une ville qui connaît une vraie ségrégation sociale et une expansion mais aussi une pauvreté grandissantes et les trafics en tous genres, c'est pourquoi le titre iranien est « Tehroun », le nom argotique et populaire de Téhéran. C'est en effet le visage sombre de Téhéran qu'il nous dévoile ici et à travers elle le portrait sans concessions de la société iranienne, une société qui ne croit plus en rien, corrompue par l'argent. Ebrahim lui-même change, la pauvreté le contraint à l'aliénation et même sa femme dit ne plus le reconnaître. Nader T.Homayoun nous fait découvrir une ville où règle le cynisme et où tout est en effet bon pour « faire de l'argent » : prostitution, vol et  vente d'enfants, vente de drogue,  prêt islamique détourné de sa fonction initiale, voleurs se faisant passer pour des pasdaran et débarquant dans des fêtes (interdites)...

    Difficile de dissocier ce film de ses conditions de tournage qui en épouse d'ailleurs le sentiment d'urgence : tourné en 18 jours sans autorisation. D'après son réalisateur, « il est impossible qu'il soit distribué en Iran pour l'instant. » Tourné à la fin du premier mandat d'Ahmadinejad il montre que la répression et la rigueur s'accompagnent d'une véritable impunité. Contrairement aux « Chats persans », les forces de l'ordre ne sont jamais montrées mais, invisibles, elles n'en sont que plus présentes, ce nouveau et sombre  visage de Téhéran en étant la conséquence.

    Là où « Les chats persans »  laissait entrevoir une lueur d'espoir « Téhéran » montre un peuple désenchanté qui, à l'image de la dernière scène,  suffoque et meurt, et ne parvient pour l'instant qu'à retarder de quelques jours cette inéluctable issue. Un premier film particulièrement réussi, autant un thriller qu'un documentaire sur une ville et un pays qui étouffent et souffrent. Un cri de révolte salutaire, une nouvelle fenêtre ouverte sur un pays oppressé.

    Interview de Nader T.Homayoun:

    nader.jpgIl y a quelques semaines, on me proposait de rencontrer le réalisateur de "Téhéran", Nader T.Homayoun, pour l'interviewer. A mon grand regret, j'ai dû décliner l'invitation à la dernière minute mais ce dernier a eu la gentillesse de répondre à mes questions par écrit. Je l'en remercie de nouveau vivement et je vous conseille vraiment de lire ses réponses qui apportent un bel éclairage à ce film que je vous recommande d'ailleurs. Je vous rappelle au passage que "Téhéran" figurait en compétition du 2ème Festival du Film Policier de Beaune, catégorie "sang-neuf".

     Quel a été l'élément déclencheur de votre projet ? L'envie de faire un film sur Téhéran ? De montrer un autre visage de cette ville ? Ou bien de réaliser un « thriller social » ?

     Il est plus facile de répondre à cette question après coup. Au départ, votre projet de film oscille entre plusieurs désirs. Vous allez un peu dans toutes les directions pour trouver le ton et la forme adéquates. Je voulais d'abord faire un film de genre. Je trouvais que le cinéma iranien ne donnait pas assez d'importance au cinéma de genre, et que cette omission devenait même préjudiciable, car elle nous enfermait dans une certaine forme de cinéma qui commençait à sentir le formalisme. Néanmoins, je tenais à ce que le récit se passe à Téhéran. Et pour filmer Téhéran, je souhaitais être au plus proche de la température de la ville. Capter sa fièvre plus exactement, car Téhéran est pour moi une ville malade, elle a une infection. Ces deux approches à la fois sociale - presque sociologique - et urbaine, et en même temps très cinématographique devaient trouver une forme. La veine « thriller social » est donc apparue au fur et à mesure du développement du projet tant à l'écriture  qu'au moment des repérages, puis évidemment au tournage.  

     Votre film comporte aussi un aspect documentaire ? La fiction était-elle votre choix d'emblée ou avez-vous hésité  à réaliser un documentaire sur Téhéran ?

     Faire un documentaire sur ou à Téhéran ne m'intéressait pas. Je sortais justement d'un documentaire qui m'avait pris 4 ans (Iran, une révolution cinématographique), et j'avais une véritable envie de fiction. Pour moi, il s'agissait de faire un film de genre qui aurait une dimension documentaire. La forme documentaire est presque pour moi dans ce film un exercice de style, dans le sens le plus noble du terme. Une forme qui permet au spectateur de plonger plus aisément dans la chaudière de Téhéran.   

     J'ai lu que vous étiez parti d'une rumeur selon laquelle des mendiants voleraient des bébés pour les accompagner dans leur mendicité. Avez-vous reçu des témoignages en ce sens depuis la réalisation du film ?

     Je n'ai pas fait de recherches particulières dans ce sens-là, car je ne voulais pas brider mon fantasme, qui est aussi un fantasme collectif en Iran. Tout le monde est à peu près sûr en Iran que les bébés que l'on voit dans les bras des mendiants ne leur appartiennent pas. Mes recherches étaient de tout ordre, et elles se sont recentrées sur les ambiances urbaines, les choix des quartiers et des rues, les choix de la figuration, des passants, des « gueules » comme on dit dans le jargon, mais aussi dans le vocabulaire des dialogues.  

     Vous avez choisi de ne jamais montrer les forces de l'ordre mais finalement il me semble que cette absence rend l'Etat encore plus présent  et surtout sa responsabilité encore plus présente, la pauvreté en étant une conséquence mais aussi le cynisme qui s'empare d'une partie de la société. Etait-ce un choix délibéré de votre part de ne jamais les montrer ?

     Oui, tout à fait, je ne voulais pas mêler l'Etat à ça. Je trouvais que cette absence rendait la société iranienne plus dangereuse, plus inquiétante, « laissée pour compte ». Il y a un coté rassurant dans l'apparition de la police à la fin de certains films. Comme si on essayait de nous dire : « ne vous inquiétez pas, au final, ils sont toujours là pour vous sauver » ; un peu à l'image de l'arrivée de la cavalerie à la fin des westerns. Or, dans Téhéran, vous sentez la présence de la police et des forces de l'ordre, mais elle n'est pas rassurante. Vous ne vous sentez pas à l'aise. Tout est possible avec eux.

    Il y avait aussi une autre raison pour laquelle j'ai évité de montrer les forces de l'ordre. Souvent dans les films, cette présence est un gage donné à l'état pour faire passer le film à travers les mailles de la censure. Je veux dire plus précisément que la présence des forces de l'ordre à la fin des films, et la fait que le dénouement de l'histoire passe par eux, est une garantie de la moralité du film. Leur absence dans le film est aussi un acte politique.         

     Pensez-vous que faire du cinéma en Iran est aujourd'hui une forme de résistance ? Je pense à votre film mais aussi à un autre très beau film « Les chats persans » de Bahman Ghobadi qui s'est également heurté à beaucoup de difficultés.

     Faire des films partout dans le monde est devenu un acte de résistance. Face à la montée de la consommation d'images faciles et face à cette espèce de cannibalisme ou plus exactement face à cet aspect fast-food des images, quand un cinéaste essaye de faire un cinéma différent, avec une durée et un style différent, forcément il fait acte de résistance. Faire des films en Iran est difficile, mais je crois qu'on peut dire la même chose pour un cinéaste français ou américain... Les dangers ne sont pas les mêmes, mais il faut  prendre des risques.

    Ce que l'on peut dire en revanche pour les cinéastes iraniens, c'est qu'ils ont une double mission. La première est de faire des images et raconter des histoires, ils la partagent avec tous les cinéastes du monde. En revanche, un cinéaste iranien a aussi pour mission d'éveiller le regard du monde, même de façon très modeste, sur ce qui se passe dans son pays, car l'image de l'Iran n'appartient plus depuis longtemps aux Iraniens. Et les cinéastes iraniens sont devenus malgré eux les ambassadeurs de leur pays.         

     Votre film et celui précédemment évoqué ont d'ailleurs en commun d'avoir Téhéran pour protagoniste, une ville bouillonnante, tentaculaire mais aussi victime de ségrégation sociale. Dans quelle mesure cette ville est-elle pour vous différente des autres capitales ?

     Téhéran ressemble à beaucoup d'égard aux autres mégapoles du monde, avec les mêmes problématiques connues et reconnues dans ce genre de cité. Mais ce qui change en Iran, c'est qu'en plus des difficultés sociales, les habitants de Téhéran souffrent d'un autoritarisme religieux et politique. Votre liberté individuelle n'est pas la même à Téhéran qu'à Mexico, même si à beaucoup d'égard, ces deux mégapoles endurent des mêmes maux. Un exemple simple : un ouvrier iranien ne peut à la fin de sa journée, se payer une bière pour se détendre.

    Téhéran m'intéressait aussi parce que c'est la ville où tous les espoirs sont possibles, ou en tout cas, les gens de province ont ce fantasme. La capitale est devenue une ville très hétéroclite où l'on peut trouver des gens des quatre coins du pays. En somme Téhéran, vues sa dimension et sa population, est un micro-Iran, et devient par conséquent une métaphore du pays.          

     Finalement le sentiment d'urgence lors des conditions de tournage est le même que celui ressenti par Ebrahim et ces difficiles conditions de tournage donnent aussi l'impression de servir le sujet. Y a-t-il des scènes auxquelles vous avez dû renoncer ? Ou, au contraire, d'autres scènes sont-elles nées de ces contraintes ?

     Je suis allé sur le plateau avec un scénario flottant. Je veux dire que rien n'était figé, tout pouvait changer sur le plateau notamment pour faire face aux contraintes du quotidien. J'ai beaucoup d'exemples. Pêle-mêle, il me vient à l'esprit la scène du concessionnaire. J'étais censé tourner la scène dans une boutique de vêtements très chics à Téhéran, mais le propriétaire nous a lâché à la dernière minute. Un ami d'un ami d'un ami connaissait un concessionnaire. Nous avons réécrit les dialogues en fonction du nouveau décor et du nouveau métier. Cerise sur le gâteau, les murs étaient couverts de miroirs. Un bonheur pour moi, un calvaire pour le chef'op. la scène a pris, je trouve plus de poids. Le concessionnaire vend des bébés comme des voitures.  

     Ce qui m'a aussi frappée, c'est  votre vision sombre de l'Iran, « Téhéran » montre un peuple désenchanté qui, à l'image de la dernière scène,  suffoque et meurt. La caméra s'éloigne alors comme si on regardait cela de loin, avec une relative indifférence. Partagez-vous ce pessimisme ou votre film reflète-t-il le sentiment général du peuple iranien ?

     La dernière scène du film reflète très bien ma vision des choses pendant le tournage et la raison pour laquelle j'ai réalisé ce film : l'impuissance. Le peuple iranien n'est pas indifférent mais reste impuissant face à ce qu'on lui impose et ne réagit pas ou pas assez. Les choses ont beaucoup changé depuis les dernières élections et tant mieux. Il y a eu un sursaut national, une renaissance qui n'a pas l'air de faiblir. Le placement de la caméra dans la dernière scène n'est pas un éloignement par rapport à la réalité de la vie, elle évoque au contraire notre impuissance à prendre notre destinée en main, comme si on nous gardait à distance. Nous restons spectateur et non pas acteur de la pièce dans laquelle nous sommes censés jouer le rôle principal.      

     Pensez-vous que votre film pourra sortir en Iran ?

     Je ne sais toujours pas. J'aimerais beaucoup. Je vais très prochainement envoyer une copie du film, avec un dossier de presse. La balle sera ainsi dans le camp du Ministère de la Culture et de l'Orientation Islamique. 

     Avez-vous d'autres projets ? Pensez-vous qu'il sera encore plus difficile pour vous de tourner en Iran après ce film ?

     J'ai  un autre projet que j'aimerais tourner cet hiver en Iran. Une comédie romantique à Téhéran, un film très différent dans la forme et dans le fond. Je vais me battre pour faire ce film en Iran, comme tout le monde. Pour le moment, je me concentre sur l'écriture. À chaque jour suffit sa peine. On ne sait pas de quoi demain est fait. 

    Suivez aussi les autres blogs "in the mood": In the mood for Cannes , In the mood for luxe et In the mood for Deauville .

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire