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  • Le Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2012 en direct bientôt ici: programme détaillé, jury ...!

    Encore un festival, me direz-vous. Oui, certes, mais celui-ci vaut vraiment le déplacement car, s'il a gagné en notoriété au fil des ans (ce sera déjà la 17ème édition!), il n'a rien perdu en convivialité (ce qui arrive malheureusement à un grand nombre de festivals qui prennent de l'ampleur). Accessible à tous, ce festival permet de découvrir des talents (le festival ne sélectionne que des premiers et deuxièmes longs-métrages, et propose également une compétition de courts-métrages) tout en étant un lieu d'échanges, le plus souvent au cinéma Le Sélect où se déroulent toutes les projections.

    L'édition 2012 du Festival International des Jeunes Réalisateurs aura ainsi lieu du 9 au 13 octobre dans ce qui est pour moi le plus beau port du Pays Basque, à Saint-Jean-de-Luz donc. (retrouvez mon article détaillé avec le compte-rendu complet de la 16ème édition du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2011 en cliquant ici) .

    J'ai vu tous les films l'an passé (une sélection éclectique et forte) et j'essaierai de faire de même cette année pour vous livrer ici un compte-rendu exhaustif. Je me réjouis ainsi d'avance de découvrir les pépites cinématographiques de l'année à venir, et les grands cinéastes de demain, et de vous faire partager ces découvertes, raison d'être de la création de ce blog, il y a 9 ans déjà.

     Je vous le ferai également vivre sur twitter en direct de l'ouverture à la clôture (sur mon compte principal @moodforcinema ainsi que sur celui consacré aux festivals de cinéma @moodforfilmfest).

    Vous pouvez aussi suivre le festival sur sa page Facebook officielle et sur son compte twitter officiel ( @JeunesReals).

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    C'est là que j'avais notamment découvert ce qui est pour moi un des films de l'année 2012: "Une bouteille à la mer" de Thierry Binisti (retrouvez ma critique ici),  un film ensorcelant, poignant comme un poème entremêlant tragédie et espoir, et les réunissant par la beauté lumineuse et clairvoyante des mots; ou enore un autre coup de coeur de cette année "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun, (membre du jury cette année) qui m'avait permis de  découvrir un cinéaste qui me rappelle les plus grands cinéastes du réalisme social britannique et une comédienne qui porte ce film magnifiquement bouleversant et tristement universel qui s’achève sur une note d’espoir d’une beauté aussi simple que ravageuse.

    C'est un grand nom de la bande dessinée qui a réalisé la très belle affiche de cette année: Vincent Paronnaud, aussi connu des cinéphiles pour avoir réalisé plusieurs courts-métrages, un moyen-métrage, avoir coréalisé « Persépolis » et avoir réalisé « Poulet aux prunes » d’ailleurs présenté à Saint-Jean-de-Luz, en compétition, l’an passé.

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    A nouveau, cette année, le festival proposera 5 jours de projections: une compétition de 1ers et deuxièmes films, courts et longs-métrages, des avant-premières nationales…

    Je vous laisse découvrir la (très belle) programmation en images ci-dessous avec, notamment, « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire, un de mes coups de coeur du dernier Festival de Cannes dont je vous propose la critique en bonus ci-dessous. Retrouvez également les horaires des projections ci-dessous et la bande-annonce des courts-métrages (je vous les recommande également).

    Mardi 9 octobre

    19h30 Cérémonie d'ouverture suivie du film "Rue Mandar" d'Idit CEBULA
    22h30 "Rue Mandar" d'Idit CEBULA

    Mercredi 10 octobre

    11h "Le voyage de Monsieur Crulic" d'Anca DAMIAN
    15h "Syngue Sabour" d'Atiq RAHIMI
    17h15 "Vole comme un papillon" de Jérôme MALHDE (hors compétition)
    20h "Ouf" de Yann CORIDIAN
    22H "Syngue Sabour" d'Atiq RAHIMI (rediffusion)

    Jeudi 11 octobre

    11h "Now is good" d'Ol PARKER
    15h "Soongava" de Subarna THAPA
    17h15 "Le voyage de Monsieur Crulic" d'Anca DAMIAN (rediffusion)
    17h15 "Ouf" de Yann CORIDIAN (rediffusion)
    20h "Dead man talking" de Patrick RIDREMONT
    22h "Soongava" de Subarna THAPA (rediffusion)

    Vendredi 12 octobre

    11h "Les voisins de Dieu" de Meni YAESH
    15h "Une estonienne à Paris" d'Ilmar RAAG
    17h15 "Now is good" d'Ol PARKER (rediffusion)
    17h15 "Dead man talking" de Patrick RIDREMONT (rediffusion)
    20h "J'enrage de son absence" de Sandrine BONNAIRE
    22h "Une estonienne à Paris" d'Ilmar RAAG (rediffusion)

    Samedi 13 octobre

    10h30 Projection des courts métrages
    11h "Les voisins de Dieu" de Meni YAESH (rediffusion)
    11h "J'enrage de son absence" de Sandrine BONNAIRE (rediffusion)
    14h30 Film pour enfants "Ernest et Célestine"
    19h30 Cérémonie de clôture suivie du film "Mais qui a re-tué Pamela Rose ?" d'Olivier BAROUX et de Kad MERARD

     

    Quant au jury, il sera présidé par Audrey Fleurot avec, à ses côtés, Julien Courbey, Pauline Etienne, Thierry Neuvic, Audrey Fleurot, Michaël Cohen, Elodie Navarre et Cyril Mennegun ( donc réalisateur du très beau « Louise Wimmer » qui avait bouleversé les festivaliers de SAint-Jean-de-Luz l’an passé et dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici).

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    Enfin, avant de vous laisser avec la critique de "J'enrage de son absence" ( une projection à ne manquer sous aucun prétexte, vendredi à 20H), signalons une innovation du festival pour cette année: la mise en place d'un "filmaton" à votre disposition au cinéma Le Sélect pour laisser vos impressions sur les films et le festival.

    Critique de « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire

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    Sandrine Bonnaire nous avait déjà bouleversés avec son documentaire consacré à sa sœur autiste « Elle s’appelait Sabine » (alors présenté à la Quinzaine des Réalisateurs), un documentaire ni larmoyant ni complaisant, deux écueils dans lesquels il aurait été si facile de tomber. Véritable plaidoyer pour la mise en place de structures d’accueil pour les handicapés, hommage à ceux qui les encadrent, c’est aussi une véritable déclaration d’amour de Sandrine Bonnaire à sa sœur, un cri du cœur déchirant pour celle que 5 années d’hôpital psychiatrique ont changé à jamais mais qui joue un prélude de Bach avec la même facilité sidérante que des années auparavant. Elle parvient à nouveau, magistralement, à nous bouleverser avec son premier long-métrage, inspiré d’une histoire vraie.

    Ce film nous raconte l’histoire d’un couple, Jacques (William Hurt) et Mado (Alexandra Lamy), dont le fils est décédé accidentellement il y a une dizaine d’années. Lorsqu’ils se retrouvent, le père devient obsédé par le petit garçon de 7 ans qu’elle a eu d’une autre union. Entre cet homme et ce petit garçon, un lien fort et inquiétant se crée dans le secret d’une cave.

    Sandrine Bonnaire pour son premier film, dès la première seconde, fait preuve d’une maitrise étonnante, d’une manière de nous « impliquer » dans son drame, avec intensité et empathie. La tension est croissante. Le regard à la fois doux et perdu, un peu fou mais surtout fou d’amour et de la rage de l’absence de William Hurt auquel sa caméra s’accroche souvent, y est pour beaucoup. Sa prestation est une des plus magistrales qu’il m’ait été donné de voir. Son personnage un des plus bouleversants de tendresse, de détresse, d’humanité, aux portes de la folie. Il va peu à peu s’enterrer, se recroqueviller au propre comme au figuré, pour aller au bout de cette détresse. Jamais Sandrine Bonnaire ne tombe dans le pathos, toujours à hauteur de ses personnages, de leur cauchemar dans lequel elle nous enferme peu à peu, créant une tension croissante, bientôt suffocante. Elle ne juge jamais ses personnages mais les comprend, les suit pas à pas dans cette descente aux enfers. Deux appréhensions du deuil. L’un tait et l’autre fait exploser sa douleur, descend jusqu’au plus profond de celle-ci. Deux personnages abîmés par les terribles vicissitudes de l’existence et d’autant plus humains et touchants.

    Sandrine Bonnaire, si elle a certainement appris beaucoup avec tous les grands cinéastes avec lesquels elle a tournés (le prénom de Mado fait ainsi songer à Claude Sautet, d’ailleurs ce mélange des genres peut aussi faire penser à « Quelques jours avec moi » de ce même cinéaste dans lequel Sandrine Bonnaire était d’ailleurs magistral), elle impose, dès son premier film, un style bien à elle, et surtout un regard et un univers propres aux grands cinéastes. En plus d’être une grande comédienne, Sandrine Bonnaire s’affirme ici comme une grande cinéaste en devenir. Elle filme la violence de la couleur avec une rage à la fois douce et âpre, sans jamais lâcher ses personnages tout comme cette douleur absolue ne les lâche jamais. Paradoxalement, un film qui fera du bien à tous ceux qui ont connu ou connaissent la douleur ineffable, étouffante et destructrice du deuil.

    Avec ce film dramatique, absolument bouleversant, entre drame familial et thriller, Sandrine Bonnaire met des images sur l’indicible douleur et donne à William Hurt et Alexandra Lamy leurs meilleurs rôles (un premier rôle et une nouvelle fois un beau personnage de mère qui montre une nouvelle fois toute l’étendue de l’immense talent de cette dernière) et signe une première fiction palpitante, poignante, d’une maîtrise étonnante qui vous fera chavirer d’émotion pour ces beaux personnages enragés de douleur.

    Sortie en salles : le 31 octobre 2012

    Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site officiel du Festival International des Jeunes Réalisateurs de SAint-Jean-de-Luz: http://www.jeunes-realisateurs.com/

    Réservation au Cinéma Le Sélect, 29 Bd Victor Hugo à Saint-Jean-de-Luz du lundi au vendredi de 14h à 19h

    Découvrez les autres blogs inthemood: http://inthemoodforfilmfest , http://inthemoodlemag.comhttp://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodfordeauville.com , http://www.inthemoodfrorluxe.com  (avec, notamment, un article sur l'hôtel Loreamar de Saint-Jean-de-Luz, ici).

    Retrouvez-moi en direct de Saint-Jean-de-Luz dès mardi prochain!

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    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE SAINT-JEAN-DE-LUZ 2012 Pin it! 2 commentaires
  • Critique de "Rapt" de Lucas Belvaux, ce 4 octobre 2012, à 20H45, sur France 3

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    Stanislas Graff est un homme d'industrie à qui, en apparence, tout réussit jusqu'à ce qu'il soit enlevé par un groupe de truands sans scrupules. Débute alors pour lui un calvaire qui va durer plusieurs semaines. Pour persuader son entourage de payer, ses ravisseurs lui coupent un doigt qu'ils envoient à ses proches. Pendant qu'il est coupé du monde et humilié, la presse fait de nombreuses révélations sur ses pertes au jeu, sur ses nombreuses maîtresses, sur sa double vie. Sa femme (Anne Consigny), sa mère (Françoise Fabian) et ses deux filles découvrent par la même occasion sa face cachée...

    A certains égards, « Rapt » me rappelle le film dont je vous parle souvent, « Monsieur Klein » de Joseph Losey, dans sa négation de l'humanité et de l'identité d'un homme, dans son analyse de la barbarie, de l'inhumanité, d'un fascisme latent.

    Lucas Belvaux, en quelques plans frénétiques et vertigineux, nous présente d'abord Stanislas Graff dans son statut d'homme d'industrie, homme de pouvoir, sûr de lui, pressé, respecté, ami des puissants, quelque peu arrogant même. Rien qui ne nous le rende éminemment sympathique ni totalement antipathique. Et puis c'est l'enlèvement, la descente aux enfers. L'homme est condamné à être enchaîné, à genoux, pire qu'un animal, amputé, humilié. Lui qui surplombait Paris de son appartement et le regardait de sa hauteur d'homme de pouvoir devant lequel on se courbe est courbé à son tour et n'a même plus le droit de lever les yeux condamné à l'obscurité et au silence. Ses bourreaux n'ont aucune pitié, uniquement guidés par l'appât du gain et la haine envers cet homme qui représente un statut auquel ils souhaitent accéder. Par tous les moyens. Même les plus vils et barbares. Lucas Belvaux a eu l'intelligence de ne jamais les rendre sympathiques, mais de stigmatiser au contraire leur goût du pouvoir et de la violence. Et lorsque la conversation de l'un de ses bourreaux se fait sur un ton presque léger avec un accent marseillais chantant, la cruauté n'en est que plus insidieuse quand, en parlant sur un ton faussement badin et d'autant plus exaspérant, il lui remet les chaînes autour du cou.

    La réalisation, intelligemment elliptique, glaciale et glaçante, accompagne aussi bien les scènes de Stanislas avec ses ravisseurs que celles de sa famille, des avocats, de la police plus soucieux de préserver leurs intérêts que de réellement le sauver. Stanislas va devenir l'objet d'une lutte de pouvoirs acharnée. Entre la police et son avocat. Entre son entreprise et sa famille. Entre son épouse et sa mère.

    Là où le film était intéressant dans ses trois premiers quarts, il se révèle brillant et d'une cruauté ineffable dans ses dernières minutes. Libéré, Stanislas se heurte à un mur de froideur et d'incompréhension. Pas une marque d'affection ou de tendresse si ce n'est de la part de son chien à qui son apparence est bien égale ( ironie du sort pour lui qui a été réduit à l'animalité) sinon des reproches sur sa vie passée comme si cela justifiait, voire excusait, la barbarie dont il a été victime dans le regard des médias, de ses collaborateurs, et même de sa famille pour qui il n'a finalement été qu'un enjeu d'argent.

    L'image l'emporte sur la réalité des faits. Celle que les médias ont forgé confondant fonds propres et chiffres d'affaires, confondant vie dissolue d'un homme et barbarie dont il est victime, comme si la première justifiait la seconde. Ces médias qui passent d'un sujet à l'autre, lunatiques, amnésiques, un drame en chassant un autre. La dignité avec laquelle il fait face alors qu'il a tout perdu et que sa libération s'avère être une autre forme de captivité (prisonnier de son image) le rend encore plus bouleversant, piétiné alors qu'il est à terre.

    Yvan Attal est ainsi absolument parfait du début à la fin mais encore plus dans les dernières minutes, visages émacié, méconnaissable mais digne et faisant face.

    Cette histoire inspirée de l'affaire du Baron Empain qui eut lieu en 1978 a été transposée de nos jours avec évocation de stock options et de parachutes dorées de rigueur, ce qui renforce le sentiment de malaise et de vraisemblance.

    Le dernier plan, d'une austérité angoissante, montre l'homme dans toute sa solitude, sans même une lueur d'espoir, plongé dans un cauchemar inextricable. Un film d'une noirceur et d'une froideur rares mais judicieuses qui, du premier plan au dernier, nous tient en haleine malgré sa noirceur et sa violence psychologique suffocantes (mais toujours au service du propos). Le jeu irréprochable et subtilement froid des acteurs secondaires (délibérément hiératiques) contribue aussi à cette réussite. Un (excellent) film particulièrement intense dont on ressort avec une forte impression qui nous accompagne bien longtemps après le générique, tout comme nous compagne longtemps ce regard d'Yvan Attal, blessé mais debout, seul mais digne. Poignant.

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