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  • "Passe passe" de Tonie Marshall

    818997253.jpgAlors que le Festival de Cannes choisissait habituellement des icônes cinématographiques féminines glamour internationalement renommées comme maîtresses de cérémonies de l’ouverture et de la clôture, le Festival et Canal plus ont cette année eu la judicieuse idée de choisir Edouard Baer comme maître de cérémonie, déjà habitué des présentations dans des atmosphères plutôt fraîches avec les César. Il succède ainsi à Diane Krüger et aura donc la lourde tâche d’affronter le public majoritairement blasé et de réchauffer l’atmosphère glaciale du Grand Théâtre Lumière du palais des festivals avec son humour savoureusement décalé, parfois noir, dont nous espérons qu’il ne se départira pas pour l’occasion. Après Vincent Cassel en 2006, ce sera seulement le deuxième homme à présenter ces cérémonies.

    Cela tombe bien non seulement parce qu’Edouard Baer devrait savoir dérider cet exigeant public mais aussi parce qu’il est actuellement à l’affiche de deux films : « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » de Samuel Benchetrit et « Passe-passe » de Tonie Marshall. Je n’ai pour le moment vu que le second dans lequel le duo qu’il forme avec Nathalie Baye constitue le principal intérêt du film.

     Edouard Baer y incarne ainsi Darry Marzouki, prestidigitateur au chômage qui a volé la BMW de son colérique beau-frère (Joeystarr) sur un coup de tête. Avant qu’il n’ait eu le temps de faire part de son  (dés)accord, Irène Montier-Duval (Nathalie Baye) monte dans sa voiture et lui propose de le payer pour qu’il l’aide à fuir à Genève. Elle a en effet servi d’intermédiaire dans une vente d’armes entre un Ministre français (Guy Marchand) et la Corée et est convoquée par la justice. Darry accepte finalement, en échange Irène devra payer l’institution  dans laquelle sa mère  Madeleine, atteinte de la maladie d’Alzheimer (Bulle Ogier, rôle qu’elle interprétait déjà dans « Faut que ça danse » de Noémie Lvovsky), a été placée. Pour refuser son offre, Darry a d’abord prétexté être un militant alter-mondialiste se rendant à Locarno pour un sommet. Ils vont passer 3 jours ensemble poursuivis par les Coréens, la DST, le Ministre et le beau-frère!

    Dommage ! Voilà ce qu’on se dit en sortant de ce tour de passe-passe de 1H33. Dommage parce que Nathalie Baye y est exceptionnelle, y démontre encore une nouvelle facette de son talent que Tonie Marshall nous avait déjà permis d’entrevoir dans « Vénus Beauté » et que Noémie Lovsky avait également mise en valeur dans « Les sentiments », capable de jouer avant autant de naturel désarmant les femmes fantaisistes, la mère de Di Caprio dans un film de Spielberg (« Arrête-moi si tu peux ») ou les femmes flics rongés par l’alcool et l’âpreté de l’existence (« Le petit lieutenant » de Xavier Beauvois). Elle interprète ici une femme sûre d’elle, enquiquineuse exemplaire, qui se mêle de tout, surtout de ce qui ne la regarde pas, une aventurière égocentrique et fantasque, dont la fragilité qui affleure, à peine, la rend finalement sympathique. Elle a la désinvolture, le charme, la loufoquerie de ceux qui peuvent dire les pires atrocités et paraître encore plus aimables, malgré tout.

    299809311.jpgIl est aussi introverti, dépressif, indécis qu’elle est extravertie, fantaisiste et péremptoire. Il se fiche autant de son apparence qu’elle y accorde une importance capitale. Il se fait passer pour un militant alter-mondialiste, elle est libérale. Deux être très différents donc mais finalement semblables parce que décalés, joueurs, dotés d’une grâce juvénile, égarés dans l’existence, en décalage dans un monde qui voudrait ranger dans des cases trop étroites pour eux. Ils forment un duo au charme fantaisiste et la dérision d’Irène est communicative. Les bases de la comédie romantique avec ses deux protagonistes atypiques, différents l’un de l’autre mais faits l’un pour l’autre étaient pourtant là. Pourquoi dommage alors ?

    Dommage parce que le scénario abracadabrantesque ET inexistant n’est pas à la hauteur de ces deux personnages et de ces deux acteurs à l’énergie débordante. Les  ventes d’arme, le scandale politique, le syndrome Gilles de la Tourette (ah oui, dans l’institution dans laquelle sa mère est logée Darry tombe amoureux d’une jeune malade jouée  par Mélanie Bernier atteinte de ce syndrome…), Alzheimer, Christine Deviers-Joncour, et même Darry Cohl c’est  beaucoup pour un seul film ! Surtout quand celui-ci se veut plutôt léger. Les deux personnages principaux étaient suffisamment intéressants pour que ne leur soient pas ajoutés tous ces artifices « dans l’air du temps ». Le film brasse par ailleurs trop de genres : road movie, comédie romantique, film politique, chronique sur les maladies mentales (le film commence d’ailleurs de manière grave avec le placement de la mère de Darry en institution).

    Dommage encore que le film ressemble autant à un film publicitaire (la clé USB, le sac et les vêtements de marque Hermès allègrement citée, la BMW…) à l’exemple des comédies romantiques américaines truffées de noms de marques. Dommage parce que les répliques cinglantes de la décalée, voire déjantée, Irène constituaient un bon début.  Un film qui brasse trop de thèmes pour finalement nous désintéresser de l’intrigue politique, on ne croit ainsi jamais vraiment au danger aléatoire ni aux personnages secondaires, et Irène ne semble guère y croire non plus.

     On se demande pourquoi Tonie Marshall a proposé ce rôle de beau-frère violent à Joeystarr qui relève du clin d’œil et qui aurait certainement été plus intéressant dans un contre-emploi que dans la caricature (même réussie) de lui-même. Malgré le talent de leurs interprètes, les rôles de Maurice Bénichou et de Guy Marchand, un peu trop nonchalant  et dégingandé pour un Ministre, manquent de crédibilité et de conviction.

    Dommage encore parce que Tonie Marshall aime ses acteurs et nous le fait sentir malgré tout. Edouard Baer montre lui aussi une nouvelle facette de son talent avec une mélancolie attendrissante qui lui sied parfaitement.

    A voir seulement pour le numéro, non pas de passe-passe (avec un dénouement totalement anecdotique, alambiqué, improbable) mais d’acteurs, de Nathalie Baye et Edouard Baer, qui vaut le détour et  parce qu’un air de Sinatra, forcément nostalgique et envoûtant, est toujours une bonne raison de se déplacer …

    Sandra.M

  • In the mood for Cannes 2008: l'affiche du festival ...

    104832473.jpgEnigmatique. Obscure. Sensuelle. Noire. Platine. Rouge. Intrigante. Inquiétante. Cinéphile. Narcissique.  Réflexive. Hollywoodienne. Polysémique. Telle est l'affiche du Festival de Cannes 2008 signée Pierre Collier et inspirée d'une photo de David Lynch. Cette affiche est destinée à donner le ton de ce 61ème Festival, Pierre Collier ayant conçu tout un ensemble graphique autour de celle-ci créant pour les festivaliers un environnement esthétique autour et dans le Palais.

    "Pierre Collier est né en 1959. Originaire du Nord de la France, formé aux écoles d'Arts Graphiques et de Beaux Arts de Roubaix et Lille, il rejoint Paris et l'univers de la publicité au début des années 80. Il réalise en 1986 sa première affiche de cinéma pour le film de Claire Devers Noir et blanc.
    Depuis, Pierre Collier a conçu et réalisé près de 500 affiches pour le cinéma d'auteur 1217734002.jpginternational, parmi lesquelles : Mystery Train de Jim Jarmusch, La Belle Noiseuse de Jacques Rivette, Raining Stones de Ken Loach, L'Anguille de Shoei Imamura, La Vie Rêvée des anges de Erick Zonca, Yiyi de Edward Yang, Le Fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne, Bowling for Columbine de Michael Moore, Le Vent se lève de Ken Loach, Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. "

    Si vous voulez tout savoir sur ce 61ème Festival de Cannes, je vous rappelle que j'ai créé un blog exclusivement consacré à ce festival avec de nombreuses informations pratiques, les premières rumeurs et certitudes concernant la programmation du Festival 2008, le compte-rendu de l'édition 2007 avec des critiques de films, des photos et vidéos ...

     Comme l'an passé, pendant tout le Festival vous pourrez donc lire mes comptes rendus quotidiens en direct de Cannes.

     Pour cela je vous invite donc à vous rendre sur "In the mood for Cannes" : http://inthemoodforcannes.hautetfort.com pour vivre le Festival de Cannes 2008 comme si vous y étiez et plongez "in the mood for Cannes"!

    Dès le 23 Avril, vous pourrez y retrouver l'intégralité de la programmation. Je vous rappelle ce que nous savons déjà :

    -Quentin Tarantino fera une leçon de cinéma et succédera ainsi à Martin Scorsese

    - Indiana Jones 4 de Steven Spielberg fera probablement l'ouverture

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    Edouard Baer présentera la cérémonie d'ouverture et de clôture

    - What just happened? de Barry Levinson avec Robert De Niro sera le film de clôture

    Cannes classics rendra hommage à Mai 68 en projetant les films qui auraient dû l'être cette année-là...

    Pour la suite, rendez-vous sur In the mood for Cannes!

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2008 Pin it! 2 commentaires
  • Avant-première: "Le Grand alibi" de Pascal Bonitzer au cinéma Le Balzac

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    Cinéma Le Balzac, hier. Un film projeté dans le cinéma qui porte le nom de celui qui est pour moi (et pour beaucoup d’autres) le plus talentueux -en plus d’être prolifique- des auteurs, de surcroît ce cinéma-là (un des plus actifs cinémas art et essai de Paris qui organise de nombreux ciné-concerts, rencontres, débats, rétrospectives etc, voir ici) est déjà en soi une aventure prometteuse, de surcroît quand ce film reprend le titre d’un film du maître du suspense. Telle aurait donc dû être le cas du « Grand alibi », dernier film de Pascal Bonitzer projeté hier en avant-première au cinéma Le Balzac à l’occasion des 100 ans de musiques de films organisés par la SACEM. Mais voilà : les promesses, toutes cinématographiques qu’elles soient, ne sont pas toujours tenues…L’aventure était d’autant plus prometteuse que la bande-annonce était alléchante et laissait deviner (ou croire à ) un film plutôt jubilatoire mené par un casting réjouissant (Pierre Arditi, Miou Miou, Mathieu Demy, Anne Consigny, Lambert Wilson, Valeria Bruni-Tedeschi, Catherina Murino…). « Le Grand alibi » est par ailleurs une adaptation d’un roman d’Agatha Christie de 1946  intitulé « Le Vallon » - titre original :« The Hollow »-, ce qui est en général annonciateur de suspense et de répliques mordantes, ironiques pour ne pas dire savoureusement cyniques.  

    Pierre Collier (Lambert Wilson), psychanalyste de son état meurt assassiné dans la maison du sénateur Henri Pages (Pierre Arditi) au cours d'un week-end réunissant toute la famille. Sa femme, Claire (Anne Consigny),  arrêtée un revolver à la main, à côté de la victime, est la première à être soupçonnée ayant de surcroît des raisons de se venger de son mari volage, amant d’Esther (Valeria Bruni-Tedeschi), ancien amant de Léa (Catherine Murino), son amour de jeunesse, invité surprise du week end flanqué de son homme à vraiment tout faire Michel incarné par Dany Brillant . L’arme que tenait Claire au moment de son arrestation n’est pourtant pas l’arme du crime. Un deuxième meurtre va survenir. Chaque invité devient alors un coupable potentiel. Le lieutenant Grange (Maurice Bénichou) est chargé de résoudre l’enquête.

    Tous les ingrédients d’une bonne recette scénaristique sont là et pourtant…et pourtant ce qui aurait dû être une exquise dégustation devient une marmite presque dépourvue de saveurs à vouloir en mélanger trop. Etonnant de la part de celui qui est un scénariste émérite notamment de Téchiné (« Le lieu du crime », « Les Innocents ») et de Rivette (« Va savoir » …) notamment et qui a fait ses armes aux Cahiers du cinéma où le classicisme, qui domine dans ce film aussi peu novateur dans le fond que la forme, était et est banni et d’autant plus qu’il s’agit ici d’un film de commande et que Bonitzer aurait pu se réapproprier la liberté dont il était dépourvu dans le choix du sujet, dans son traitement.  Il est vrai que Pascal Bonitzer est un jeune réalisateur puisque son premier film en tant que réalisateur « Encore » date de 1996, il a également réalisé le corrosif « Rien sur Robert » ou plus récemment « Petites coupures » et  « Je pense à vous ».

    Il a ainsi d’abord choisi de franciser et d’actualiser Agatha Christie comme la plupart de ses prédécesseurs qui l'ont adaptée (ses héritiers ayant autorisé depuis quelques années seulement à ce que les adaptations se déroulent à une époque différente de celle à laquelle se situent les romans et nouvelles de cette dernière). L’intrigue adaptée temporellement et géographiquement se déroule donc en France, de nos jours. Histoire d’amour et criminelle, farce et thriller, comédie et drame, réflexion sur la mémoire et la passion dévastatrice : ce film oscille constamment entre plusieurs styles et thèmes pour malheureusement n’en choisir aucun et finalement noyer le spectateur, ne l’intéresser ni aux unes ni aux autres. Seul le personnage de Lambert Wilson pourtant seulement présent dans la première partie du film existe vraiment et semble avoir intéressé les scénaristes (Pascal Bonitzer a écrit avec Jérôme Beaujour), les autres sont condamnés à de la figuration en raison des contours imprécis de leurs personnages (parfois d’ailleurs sans aucun intérêt ou aucune incidence sur l’intrigue)  malgré tout le talent et toute la bonne volonté de leurs interprètes. Tout le monde n’est pas François Ozon qui a su si bien servir chacune de ses 8 comédiennes et personnages et mêler les genres avec virtuosité. Les liens entre les membres de la famille sont ici plus flous et imprécis que réellement énigmatiques et au lieu de nous intriguer cela nous détache de l’histoire de même que le morcellement de l’image,  la structure scénaristique éclatée et l’éclatement  des personnages dans le cadre (résultant de la volonté du réalisateur de créer un puzzle ludique, à l'image de l'affiche), ainsi que le renoncement au huis-clos, habituel dans les adaptations d’Agatha Christie, créant ainsi une distance, nous évadant du cadre et de l’intrigue. Pierre Collier, la victime du premier meurtre interprété par Lambert Wilson, travaille par ailleurs sur la mémoire, s’allongeant  d’ailleurs sur son propre divan et faisant des lapsus révélateurs, thème qu’il aurait peut-être été intéressant d’approfondir.

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    Arsène Lupin? Zorro? Peur sur la ville? Non: Le Grand alibi !

    Cela avait pourtant bien commencé : une fausse insouciance et nonchalance. Un ton décalé, de la dérision faussement dérisoire. Une grande demeure bourgeoise isolée où foisonnent les armes à feu. Des invités déjantés. Une tension latente. Quelques plans et répliques qui nous mettent l’eau à la bouche. Des coups de feu qui font sursauter, des plans furtifs d’ustensiles tranchants, la mort qui rode évoquée en riant, jaune. Un personnage aussi séduisant qu’antipathique. Une femme fatale. Des personnages à fleur de peau.  Ou cyniques. Ou désinvoltes. Un savant mélange normalement détonant. Tous les personnages sont pourtant ici ou outrancièrement mélodramatiques ou totalement anecdotiques ou juste destinés à faire (sou)rire, sans réelle implication sur l’intrigue, alors qu’habituellement dans Agatha Christie, le caractère ludique veut que chacun soit un coupable potentiel avec un mobile et que le rôle comique soit dévolu à Hercule Poirot que Bonitzer a ici supprimé et remplacé par l’inspecteur interprété par le pourtant truculent Maurice Bénichou.

     Bonitzer semble  avoir eu peur d’oser : d’oser traiter la passion dévastatrice, d’oser assumer complètement le côté farce, second degré, granguignolesque. Et ce qui aurait dû être amer ou acide se révèle malheureusement finalement fade.

    Malgré tout,  ce « Grand alibi » se suit sans ennui, d’abord parce qu’il crée une attente qui malheureusement subsistera jusqu’à la fin, nous laissant sur notre faim, ensuite grâce au duo comique et presque burlesque Miou-Miou/Arditi  qui donne lieu aux répliques les plus cinglantes et réjouissantes du film.

    1160695121.jpg Si vous deviez voir une seule adaptation d’Agatha Christie je vous conseillerais néanmoins plutôt soit « Le crime de 1475355635.jpgl’Orient Express » de Sidney Lumet, soit les adaptations de Pascal Thomas : « Mon petit doigt m’a dit » ou « L’heure zéro » sorti l’an passé qui avait carrément osé la farce, une farce ludique dans laquelle chaque personnage existait, où le second degré était pleinement assumé primant sur la résolution du crime et impliquant finalement davantage le spectateur. Ou alors, même s’il ne s’agit pas d’une adaptation d’Agatha Christie, allez regarder le film d’Hitchcock dont  Pascal Bonitzer s’est emparé du titre « Le Grand Alibi ». Même si ce n'est pas son meilleur un moyen film d'Hitchcock est toujours meilleur que n'importe quel film moyen d'un autre cinéaste.

    Vous ne pourrez plus me dire que vous  manquez  d’alibi pour ne pas aller voir ce film ou si tel encore le cas je pourrais peut-être vous donner le nom du meurtrier qui est… Ne vous avais-je pas dit que ce film traitait aussi d’amnésie soudain (heureusement ?) contagieuse ?:-)

    Vous pourrez également trouver un article sur cette avant-première sur  « Cinémaniac ».

    Sortie en salles : le 30 Avril

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    Lambert Wilson, Mathieu Demy, Anne Consigny...autour du réalisateur Pascal Bonitzer
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