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Rechercher : Alain Delon

  • Compétition - Critique de ”Pater” d'Alain Cavalier

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    Pendant un an, le réalisateur « filmeur » Alain Cavalier et le comédien Vincent Lindon se sont vus et filmés. Le réalisateur devenu aussi acteur et l’acteur réalisateur. Et le réalisateur acteur devenant Président de la République et son acteur réalisateur son Premier Ministre. Le tout mêlant réalité et fiction, vérité et jeu. Une fiction inventée tout en filmant la vie, l’une et l’autre étant indistinctes et se contaminant. Le Président de la République et son Premier ministre décident de proposer une loi fixant l’écart maximal entre les salaires. Le Président est partisan d’un rapport de 1 à 15 alors que son Premier ministre préférerait un écart de 1 à 10. L’élection présidentielle approche, les deux hommes s’éloignent alors et finissent par se présenter l’un contre l’autre…

     Un film pour lequel Alain Cavalier a eu carte blanche de son fidèle producteur Michel Seydoux. Et sans doute ne sont-ils pas très nombreux à accepter encore ce genre de projet : hybride, hors normes, indéfinissable.

    Un film malin et agaçant, humble et prétentieux, ludique et pédant. Mais en tout cas, un film courageux, audacieux, original, libre, à l’image de son réalisateur et de son acteur principal. Déjà au moins quatre qualités à mes yeux.

    Malin parce que, en feignant l’improvisation totale, Alain Cavalier nous emmène là où il souhaite nous emmener tout comme il conduit son acteur-réalisateur-Premier-Ministre. Malin parce qu’il brouille constamment les repères, les pistes. Malin parce que, en feignant de ne rien dire, ne rien faire ou presque, il stigmatise la politique ou du moins (dé)montre à quel point elle est un jeu (de pouvoirs, d’acteurs).  Malin parce que le titre est loin d’être innocent ou anodin. Pater. Père de la nation. Relation filiale complexe qui s’établit un père et un fils.  Entre Lindon et Cavalier, hommes entre lesquels s’établit une relation presque filiale. Entre le Président et le 1er Ministre, le fils rêvant d’ailleurs de prendre la place du père. Pater. Ce père que Cavalier évoque non sans tendresse, avouant l’avoir jugé trop durement mais gommant par une opération un défaut physique qui fait qu’il lui ressemble. Enfin, Pater parce que Cavalier a été élevé chez les prêtres où Dieu était un autre Pater. Pater : une absence donc omniprésente.

    Agaçant quand il singe la politique, la décrédibilise une fois de plus comme si elle avait encore besoin de ça. Agaçant quand Lindon et Cavalier jouent à être des politiques (et jouent sous nos yeux à être des acteurs, le film se construisant sous notre regard, ou du moins feignant de se construire sous notre regard) avec une sémantique tout aussi enfantine ( comme un « malgré que » qui a écorché mes oreilles etc et un programme relevant de ce que certains qualifieront sans doute d’une enfantine utopie : retrait de la légion d'honneur à qui place son argent à l'étranger,  limitation de l'écart entre petits et gros salaires dans une même entreprise).

    Ludique quand il interroge les fonctions d’acteur et de politique et les met en parallèle. Ludique parce que finalement l’un et l’autre (acteur et politique) jouent à être quelqu’un d’autre pour convaincre. Ludique parce que c’est aussi une leçon de cinéma (la dernière scène en est particulièrement emblématique) et une leçon contre les budgets pharaoniques donnant des films vains. Ludique quand il nous devient impossible de distinguer ce qui est fiction ou réalité, ce qui est jeu ou vérité.

    Ludique et même drôle quand  Vincent Lindon parle à ses gardes du corps dans le film  se plaignant de ne pas avoir reçu de coup de fil du Président/réalisateur Cavalier pour valider son interprétation « Qu'il n'appelle pas Vincent Lindon c'est une chose, mais le Premier Ministre quand même... » ou quand une photo compromettante pour le leader de l'opposition  tombe entre ses mains.

    Humble par ses moyens de production. Prétentieux par sa forme déconcertante, son discours d’apparence simple et finalement complexe comme la relation qu’il met en scène. Prétentieux car finalement très personnel avec un discours prétendument universel.  

     L’antithèse de la « Conquête » (également en sélection officielle à Cannes mais hors compétition, contrairement à « Pater ») qui veut nous faire croire que le cinéma c’est l’imitation ; Cavalier nous dit ici au contraire que c’est plutôt recréation (et récréation). Réflexion déroutante et ludique sur le jeu et les jeux de pouvoirs (entre un Président de la République et son Premier Ministre, entre deux hommes, entre un père et son fils, entre un réalisateur et un acteur mais aussi entre un réalisateur et le spectateur ici allègrement manipulé) qui, tout de même, témoigne d’une belle audace et liberté (de plus en plus rares) mais s’adresse à des initiés tout en feignant de s’adresser à tous. Le « Pater » Cavalier ne reproduit-il pas ainsi d’une certaine manière avec le spectateur ces jeux de pouvoirs qu’il stigmatise ?  Le sous-estime-t-il, l’infantilise-t-il ou au contraire le responsabilise-t-il en lui laissant finalement l’interprétation –dans les deux sens du terme- finale ? Peut-être que trouver des réponses à ces questions vaut la peine d’aller le voir en salles. A vous de juger.

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  • ”Monsieur Klein” de Joseph Losey, ce soir, sur Arte

    klein.jpgCe soir, à 20H45, sur Arte, ne manquez sous aucun prétexte le chef d'oeuvre de Joseph Losey: "Monsieur Klein", avec Alain Delon.

    L'analyse du film sera en ligne demain sur inthemoodforcinema.com .

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  • A propos du ”Guépard” au Festival de Cannes 2010

    Et puisque d'Alain Delon il était question dans l'article précédent, dernière réminiscence cannoise avec cette vidéo de  totale improvisation (d'où ma décision tardive de la regarder et mettre en ligne) sur le meilleur moment de ce Festival de Cannes 2010 : la projection du "Guépard" de Luchino Visconti dont vous pouvez retrouver ma critique et mes vidéos exceptionnelles (d'Alain Delon, de Claudia Cardinale et de Martin Scorsese qui a remarquablement présenté le film,) en cliquant ici. Encore un grand merci à touscoprod .

     

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  • Hommage à Alain Resnais au cinéma Le Champo du 13 au 19 juin en 18 films

     
    Après la présentation au Festival de Cannes de son dernier film  "Vous n'avez encore rien vu" dont je vous ai dit à quel point il m'avait éblouie et fascinée,   le cinéma  LeChampo rend un hommage à Alain Resnais en 18 films à voir et à revoir, du 13 au 19 juin.  Un festival de film à ne pas manquer.
     


    Mercredi – Samedi – Mardi : 11h50, 18h05
    Jeudi – Vendredi – Dimanche – Lundi : 18h30

    51 rue des Ecoles 75005 Paris | Métro : Odéon - Saint-Michel | Tél : 01 43 54 51 60    

     

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  • Critique – « Vous n’avez encore rien vu » d’Alain Resnais (Compétition officielle du Festival de Cannes 2012) : la palme

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    Disons-le d’emblée, le film d’Alain Resnais est mon énorme coup de cœur de cette édition 2012 (pour l’instant) avec « A perdre la raison » de Joachim Lafosse (section Un Certain Regard) et « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire (Semaine de la Critique). Bien sûr, il est difficile d’évincer (et de comparer) avec « Amour » et « De rouille et d’os » qui m’ont également enthousiasmée mais ce film a (et a suscité) ce quelque chose en plus, cet indicible, cet inexplicable que l’on pourrait nommer coup de foudre.

    Après tant de grands films, des chefs d’œuvres souvent même, Alain Resnais prouve une nouvelle fois qu’il peut réinventer encore et encore le dispositif cinématographique, nous embarquer là où on ne l’attendait pas, jouer comme un enfant avec la caméra pour nous donner à notre tour ce regard d’enfant émerveillé dont il semble ne s’être jamais départi. A bientôt 90 ans, il prouve que la jeunesse, l’inventivité, la folie bienheureuse ne sont pas questions d’âge.

    Antoine, homme de théâtre, convoque après sa mort, ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions d’Eurydice, pièce qu’il a écrite. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce: une jeune troupe lui a en effet demandé l'autorisation de la monter et il a besoin de leur avis.

    Dès le début, la mise en abyme s’installe. Les comédiens appelés par leurs véritables noms reçoivent un coup de fil leur annonçant la mort de leur ami metteur en scène. Première répétition avant une succession d’autres. Puis, ils se retrouvent tous dans cette demeure étrange, presque inquiétante, tel un gouffre un peu morbide où leur a donné rendez-vous Antoine. Cela pourrait être le début d’un film policier : tous ces comédiens réunis pour découvrir une vérité. Mais la vérité qu’ils vont découvrir est toute autre. C’est celle des mots, du pouvoir et de la magie de la fiction.

    Puis, se passe ce qui arrive parfois au théâtre, lorsqu’il y a ce supplément d’âme, de magie, lorsque ce pouvoir des mots vous embarque ailleurs, vous hypnotise, vous fait oublier la réalité, tout en vous ancrant plus que jamais dans la réalité, vous faisant ressentir les palpitations de la vie. En 1942, Alain Resnais avait ainsi assisté à une représentation d’ « Eurydice » de Jean Anouilh de laquelle il était sorti bouleversé à tel point qu’il avait fait deux fois le tour de Paris à bicyclette. C’est aussi la sensation exaltante que m’a donné ce film.

    Chaque phrase prononcée, d’une manière presque onirique, magique, est d’une intensité sidérante de beauté et de force et exalte la force de l’amour. Mais surtout Alain Resnais nous livre ici un film inventif et ludique. Il joue avec les temporalités, avec le temps, avec la disposition dans l’espace (usant parfois aussi du splitscreen entre autres « artifices »). Il donne à jouer des répliques à des acteurs qui n’en ont plus l’âge. Cela ne fait qu’accroître la force des mots, du propos, leur douloureuse beauté et surtout cela met en relief le talent de ses comédiens. Rarement, je crois, j’aurais ainsi été émue et admirative devant chaque phrase prononcée quel que soit le comédien. A chaque fois, elle semble être la dernière et la seule, à la fois la première et l’ultime. Au premier rang de cette distribution (remarquable dans sa totalité), je citerai Pierre Arditi, Lambert Wilson, Anne Consigny, Sabine Azéma mais en réalité tous sont extraordinaires, aussi extraordinairement dirigés.

    C’est une des plus belles déclarations d’amour au théâtre et aux acteurs, un des plus beaux hommages au cinéma qu’il m’ait été donné de voir et de ressentir. Contrairement à ce qui a pu être écrit ce n’est pas une œuvre posthume mais au contraire une mise en abyme déroutante, exaltante d’une jeunesse folle, un pied-de-nez à la mort qui, au théâtre ou au cinéma, est de toutes façons transcendée. C’est aussi la confrontation entre deux générations ou plutôt leur union par la force des mots. Ajoutez à cela la musique de Mark Snow d’une puissance émotionnelle renversante et vous obtiendrez un film inclassable et si séduisant (n’usant pourtant d’aucune ficelle pour l’être mais au contraire faisant confiance à l’intelligence du spectateur).

    Ce film m’a enchantée, bouleversée, m’a rappelé pourquoi j’aimais follement le cinéma et le théâtre, et les mots. Ce film est d’ailleurs au-delà des mots auquel il rend pourtant un si bel hommage. Ce film mériterait un prix d’interprétation collectif, un prix de la mise en scène…et pourquoi pas une palme d’or ! Ces quelques mots sont bien entendu réducteurs pour vous parler de ce grand film, captivant, déroutant, envoûtant, singulier, sur lequel je reviendrai plus en détails. Malgré tout ce que je viens de vous en dire, dîtes-vous que de toutes façons, « Vous n’avez encore rien vu ». C’est bien au-delà des mots. Et espérons que nous aussi nous n’avons encore rien vu et qu’Alain Resnais continuera encore très longtemps à nous surprendre et enchanter ainsi. Magistralement.

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  • 5ème prix Daniel Toscan du Plantier 2012 décerné à Alain Attal

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    Pour sa cinquième édition, le Prix Daniel Toscan du Plantier a été décerné à Alain Attal (Les Productions du Trésor). Alain Attal est le producteur du film Polisse de Maïwenn ainsi que de films comme Les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet ou Le Concert de Radu Mihaileanu.  Le collège électoral était composé des 45 membres de l’Association pour la Promotion du Cinéma ainsi que de tous les artistes et techniciens ayant fait l’objet d’une nomination aux César depuis l’année de création du prix en 2008. Etaient éligibles toutes les productrices et producteurs d'au moins deux films lors des 5 dernières années, dont au moins un sorti en 2011, et éligibles au César du Meilleur Film, soit pour cette année 154 productrices et producteurs.

    Critique de "Polisse" de Maïwenn

    Critique des "Petits Mouchoirs" de Guillaume Canet

    Critique du "Concert" de Radu Mihaileanu

    Je vous rappelle que vous pourrez me suivre en direct du théâtre du Châtelet pour les César, vendredi, sur http://twitter.com/moodforcinema  et que vous pourrez retrouver le compte-rendu de la cérémonie ici et sur http://inthemoodlemag.com .

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  • ”La peau de chagrin” d'Alain Berliner sur France 2, ce soir, à ne pas manquer : extrait

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    peau2.jpgCe soir ne manquez pas "La peau de chagrin"d'Alain Berliner. D'abord parce que ce téléfilm sélectionné au Festival de La Rochelle 2010 est une adaptation d'un des plus beaux romans qui soit signé Honoré de Balzac et accessoirement l'adaptation d'un de mes livres préférés. Ensuite parce que vous pourrez y retrouver: Thomas Coumans (dans le rôle de Raphaël de Valentin), Jean-Pierre Marielle mais aussi Aymeric Cormerais dans le rôle de Benjamin de Nesles (prix d'interprétation du Festival du Film de Cabourg pour "Béa" de Romuald Beugnon, que vous avez également pu voir dans "Vivre" d'Yvon Marciano dans lequel il avait le rôle principal et dans "Le premier jour du reste de ta vie"). Enfin parce que le réalisateur est Alain Berliner à qui on doit notamment le très beau film "Ma vie en rose" et la série Clara Sheller. A ne pas manquer à 20H35, ce soir, sur France 2 donc!