En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Voilà qui devrait réjouir tous les (nombreux) aficionados du célèbre héros de Gotham City créé par Bob Kane et Bill Finger. En effet, la Carte NRJ Banque Pop', une carte dédiée aux jeunes de 12 à 27 ans propose, en exclusivité, une nouvelle collection de visuels à l’effigie de Batman.
Cette carte, en plus de son visuel qui devrait en séduire plus d’un, possède de nombreux avantages. Elle permet ainsi à ses détenteurs :
1/ de rencontrer des artistes ou des animateurs de la radio NRJ,
2/ de gagner des places pour des concerts et spectacles (avec backstages s’il vous plait),
3/ d’obtenir des réductions auprès de grandes enseignes (Mc Donald’s, Célio…)
4/ et last but not least ; de gagner des milliers de cadeaux tous les jours sur l’application mobile (DVD, Blu-ray, jeux vidéos, places de ciné etc).
Et vous pouvez d’ailleurs commencer tout de suite à vous plonger dans l’univers de Gotham City et de Batman car, à l’occasion de cette nouveauté, la Carte NRJ Banque Pop’ lance un jeu sur Facebook pour gagner un magnifique un séjour pour 2 personnes à Los Angeles à la découverte des studios Warner! Un voyage de rêve qui pourrait bien devenir réalité pour vous.
2/ Tentez de retrouver la bonne combinaison pour ouvrir la salle des coffres à l’aide de Batman et Catwoman.
Pour afficher la bonne combinaison vous devez utiliser votre smartphone ou votre tablette avec l’application Carte NRJ Banque Pop’ et découvrir l’animation en 3D réalité augmentée de Batman et Catwoman !
3/ Les 2 héros prennent vie en 3D sur votre smartphone ou votre tablette et vous indique la bonne combinaison du coffre. Validez le code sur Facebook.
4/Augmentez vos chances de gagner en invitant vos amis à jouer ! 1 chance de plus pour chaque invité participant.
Sachez enfin qu’avec l’application Carte NRJ Banque Pop’disponible sur Iphone et Android, vous pourrez suivre les news people et musique, vos stars favorites et vous pourrez également découvrir des animations inédites en réalité augmentée !
Pour en savoir plus et en profiter, rendez-vous ici ou en agence Banque Populaire et plongez « in the mood for » Gotham City !
S'il y a bien un sujet qui a le don de me mettre en colère (parmi quelques autres), c'est l'imprudence, l'inconséquence, l'inconscience au volant (pour ne pas dire la bêtise). Quand la vie comporte déjà tant de pièges mortels naturels, pourquoi s'évertuer à en fabriquer d'autres? C'est pour cela aussi que, quand les présentateurs des JT annoncent avec un sourire réjoui le nombre de morts sur les routes lorsque celui-ci a baissé, mais demeure toute de même très conséquent, je ne vois pas ce qu'il y a de réjouissant à annoncer cette nouvelle et un nombre de morts, même si celui-ci a diminué, en particulier quand il est dû à des comportements désinvoltes, et que ces vies, avec un peu plus de responsabilité, pourraient être épargnées. J'avais d'ailleurs écrit un petit texte à ce sujet, que vous trouverez en cliquant ici, j'aimerais d'ailleurs le mettre en images et/ou musique (de Schubert, citée dans le texte en question.) A bon entendeur...mais revenons aux deux courts métrages de Rémi Bezançon et à cette campagne essentielle.
Le réalisateur Rémi Bezançon (Le premier jour du reste de ta vie, Un heureux événement, Zarafa... ) signe ici deux courts métrage où l’on découvre Mélanie Bernier, Baptiste Lecaplain et Arié Elmaleh dans des rôles à contre emploi. « Le sourire du pompier » et « Je vous aime très fort », 5’30 pour raconter la vie qui continue. Et la regarder en face.
Ces deux films de 5 minutes 30 ont pour trame deux risques majeurs des accidents : l'abus d'alcool au volant ("Le sourire du pompier") et les dangers du téléphone en conduisant ("Je vous aime très fort"). Deux risques sur lesquels nous avons le contrôle...
En France, plus de 1 000 personnes sont tuées chaque année dans des accidents avec alcool, un quart d'entre elles a entre 18 et 24 ans et près d'un accident corporel sur dix est lié à l'utilisation au volant. Des accidents qui pourraient évités si chacun était un peu plus responsable.
Les deux courts ci-dessus valent mieux que n'importe quel discours d'autant qu'ils sont réalisés avec beaucoup de sensibilité par Rémi Bezançon, préférant s'attarder sur "l'après accident" plutôt que des images trashs des accidents. Le message n'en est que plus percutant. Prenez quelques minutes pour les regarder et n'hésitez pas à partager.
J’ai revu hier soir « Frantic » de Roman Polanski dans lequel ce dernier place son (anti)héros ordinaire dans une situation extraordinaire, une situation donc très hitchcockienne avec MacGuffin de rigueur. Une forme de bluff là aussi mais qui, grâce au talent de metteur en scène de Polanski, sachant instaurer une tension avec une remarquable habileté et avec presque rien (et souvent une très belle , ne nous donne pas l’impression d’avoir été bernés.
Le film de David O’Russell présente au moins cet avantage de nous avertir avec son titre : nous allons assister à une supercherie, même si la supercherie annoncée n’est pas censée être cinématographique mais celle d’un escroc brillant (oxymore ?), Irving Rosenfeld (Christian Bale). Ce dernier et sa complice, Sydney Prosser (Amy Adams), se retrouvent obligés par un agent du FBI, Richie DiMaso (Bradley Cooper), de copiner avec la mafia pour piéger un homme politique corrompu, Carmine Polito (Jeremy Renner). L’imprévisible épouse d’Irving, Rosalyn (Jennifer Lawrence) va aussi semer la zizanie dans l’opération qui, à cause de l’orgueil –et la bêtise- démesurés de Richie va bientôt consister à faire tomber une partie du Congrès américain ou en tout cas de nombreux politiques.
En 2011, j’avais été agréablement surprise par « Fighter » du même David O’Russell. Malgré quelques baisses de rythme, et un univers, celui de la boxe, maintes fois abordé au cinéma, David O.Russell avait su dans ce film en exploiter tout le potentiel cinématographique et spectaculaire et se différencier des précédents films sur le sujet grâce à un angle de vue original et des acteurs habités par leurs personnages. Une histoire vraie qui était surtout un film universel sur la combattivité et l’amour fraternel.
Là aussi, il s'inspire de faits réels, à savoir une affaire nommée Abscam, qui s’est déroulée dans les années 1970, tout en lorgnant en revanche plutôt du côté de la parodie. Dans le fait réel en question, des escrocs s’étaient alors alliés au FBI pour déterminer l’identité d'hommes politiques coupables de corruption.
J’étais impatiente de découvrir ce film qui récolte pas moins de dix nominations aux Oscars et fait figure de favori. Pourquoi ? Sans doute les performances des acteurs, l’Académie affectionnant ces rôles qui permettent aux acteurs de faire leurs numéros mais peut-être l’Académie a-t-elle aussi apprécié cet hommage parodique à ses grands cinéastes au premier rang desquels Scorsese (avec apparition de De Niro se parodiant lui-même en prime) donnant un film hybride qui n’a ni l’ampleur ni la folie géniale du cinéaste précité.
La voix off et la pluralité des points de vue n’apporte rien et ne fait finalement qu’alourdir le récit, de même qu’un flashback initial qui semble n’être là que pour accentuer la parodie ou faire preuve d’une pseudo-originalité dans l’écriture.
Passées les 45 premières minutes avec la présentation des personnages et de l’intrigue, cela devient rapidement ennuyeux, le film étant aussi clinquant et superficiel que ses personnages.
Christian Bale, méconnaissable, une fois de plus, semble prendre beaucoup de plaisir à incarner ce personnage d’escroc pathétique. Face à lui Bradley Cooper, Amy Adams et Jennifer Lawrence font leur numéro avec plus ou moins de réussite. Jeremy Renner incarne avec un peu plus de « nuance » un politicien corrompu aux ambitions un peu plus nobles (il ne souhaite au départ).
Moralité : « tous pourris », a fortiori ceux qui sont du côté de la loi, Bradley Cooper incarnant ici l’agent du FBI le plus orgueilleux et ridicule qui soit prêt à tout pour faire tomber un maximum de politique.
David O’Russell s’amuse beaucoup avec sa caméra à nous en donner le vertige mais malgré cela, tout reste très plat, sans saveurs, sans émotions. Tout juste pourra-t-on néanmoins se divertir avec les performances des acteurs et une belle reconstitution des années 70. Bref, ne vous laissez pas avoir par cette supercherie et revoyez plutôt les films de Martin Scorsese ou "Fighter" (critique en bonus ci-dessous).
Critique de "Fighter"
Il est curieux (ou significatif) de constater à quel point les thématiques des films en lice cette année pour les Oscars se ressemblent en ce qu’ils mettent en scène le combat d’un homme (ou d’une femme) face à lui-même ou elle-même ( « 127 heures », « Black swan », « Le discours d’un roi » et « Fighter ») voire pour lui-même (« The social network »). Alors que de nombreux citoyens, dans le monde arabe, se battent aujourd’hui pour la démocratie et la liberté, assisterons-nous à une recrudescence des films politiques après cet afflux de films « égocentrés » ? A suivre…
Micky Ward (Mark Wahlberg) est un jeune boxeur dont la carrière stagne et dont le demi-frère, Dicky Elund, (Cristian Bale) est une ancienne gloire du ring avant qu’il ne sombre dans la drogue et ne fasse de la prison. Désormais, il n’est plus que l’ombre de lui-même. De son côté, Micky rencontre Charlene (Amy Adams), une jeune femme au caractère bien affirmé qui travaille comme barmaid dans le café de la petite ville de Lowell (Massachussetts). Elle va l’aider à relancer sa carrière et à s’émanciper de sa famille envahissante. Mais les chemins de Micky et Dicky semblent inextricablement liés…
Les films sur la boxe sont tellement nombreux (parmi lesquels de nombreux grands films : « Million dollar baby », « Raging bull », « Rocco et ses frères » -dans une moindre mesure, la boxe n’étant pas le sujet central-, « Girlfight », « The Wrestler »…) que c’est presque un genre à part entière, il est donc périlleux et présomptueux de vouloir apporter sa pierre à l’édifice.
Le film est quasiment une parabole du projet en lui-même puisque Mark Wahlberg s’est réellement battu (tout de même uniquement au sens figuré) pour qu’il se fasse, à la fois en étant producteur exécutif et en s’entraînant plusieurs années pour incarner Micky Ward.
Toute l’intelligence du projet réside dans le point de vue et l’angle choisi puisqu’il s’agit d’abord de nous monter la cellule familiale (au propre comme au figuré) et les enjeux pour celle-ci que représente la carrière de Micky. Toute la famille semble être derrière lui et surtout vivre à travers lui qui est, jusqu’à se rencontre avec Charlene, plutôt velléitaire. Et quelle famille ! Pour le moins truculente, que ce soit la mère incarnée par une Melissa Leo méconnaissable ou les sept sœurs dont il est dommage qu’elles ne soient identifiables que comme une masse indifférenciée, grégaire, hostile, quasiment analphabète. J’aurais ajouté que ce n’était pas « crédible » si je n’avais lu depuis que certaines incarnent leurs propres rôles… La petite ville de Lowell est par ailleurs un personnage à part entière : ancienne ville industrielle en plein déclin au charme désenchanté où ont par ailleurs réellement vécu Micky et Dicky Ward.
« Fighter » est en effet inspiré d’une histoire vraie, celle du boxeur Micky Ward qui, après une spectaculaire série de victoires à la fin des années 80, connaît une véritable traversée du désert de trois ans avant de faire un exceptionnel retour en 1994.
L’homme à terre qui fait face à l’adversité, surmonte les difficultés et trouve la voie de la rédemption ( ce qui est d’ailleurs valable pour les deux frères) : des thèmes évidemment universels que la boxe, d’abord en arrière plan, permet d’illustrer métaphoriquement jusqu’à la scène finale, terriblement efficace, qui fait exploser l’émotion et la rage contenues pendant tout le film.
La réalisation du film devait initialement être confiée à Darren Aronofsky qui est finalement resté attaché au projet en tant que producteur exécutif. Peut-être aurait-il apporté au film ce lyrisme qui lui fait défaut –ce qui pour certains sera d’ailleurs une qualité- témoignant de la sobriété avec laquelle le sujet est traité, et un refus plutôt judicieux de l’aspect larmoyant dans lequel il aurait été aisé de tomber.
L’autre bonne idée (avec le point de vue sur le sujet) c’est le choix des acteurs Mark Wahlberg et Christian Bale (Matt Damon et Brad Pitt ont tous les deux été initialement pressentis pour incarner Dick Ecklund, avant que le rôle ne soit finalement confié à Christian Bale.) Le premier, velléitaire puis déterminé et combattif, le second méconnaissable, avec son visage émacié, son allure fantomatique, ancienne gloire dont on ne sait s’il doit son titre au talent ou à la chance.
Malgré quelques baisses de rythme, et un univers, celui de la boxe, maintes fois abordé au cinéma, Daid O.Russell a su en exploiter tout le potentiel cinématographique et spectaculaire et se différencier des précédents films sur le sujet grâce à un angle de vue original et des acteurs habités par leurs personnages. Beaucoup plus que l’histoire vraie à laquelle on tenterait de le réduire : « Fighter » est un film universel sur la combattivité et l’amour fraternel.
Un film à ne pas manquer et à suivre de près dimanche lors de la cérémonie des Oscars. Fighter a ainsi reçu le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle, et celui de la meilleure actrice dans un second rôle. Il a également obtenu 7 nominations aux Oscars, dont celui du meilleur film et celui du meilleur réalisateur, des Oscars dont je vous reparle d’ailleurs très bientôt.
Cette 16ème édition du Festival du Film Asiatique de Deauville aura lieu du 5 au 9 mars 2014. La présidente de son jury sera la réalisatrice Claire Denis.
Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le festival sur le site officiel du festival www.deauvilleasia.com, sur la page Facebook officielle et sur les comptes twitter officiels du festival ( @deauvilleasia @lpscinema). Vous pouvez par ailleurs d'ores et déjà acquérir vos pass, ici: http://badgecid.com .
Comme chaque année, je vous ferai vivre le festival en direct de l'ouverture à la clôture sur mes différents sites et principalement sur Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodlemag.com et Inthemoodforcinema.com mais aussi sur twitter (@moodforcinema, @moodfdeauville, @moodforfilmfest). Je vous informerai bien entendu de la programmation ici dès qu'elle sera dévoilée.
Le 16e Festival du Film Asiatique de Deauville rendra hommage au réalisateur japonais Hideo Nakata, en sa présence, réalisateur des films cultes DARK WATER et RING.
A l’occasion de cet hommage, son nouveau film MONSTERZ sera projeté en avant-première mondiale, en sa présence.
Filmographie sélective (source: site officiel du Festival du Film Asiatique de Deauville) 2014 MONSTERZ 2012 THE COMPLEX 2010 TV SHOW 2010 CHATROOM 2008 DEATH NOTE : L CHANGE THE WORLD 2007 KAIDAN 2005 LE CERCLE - THE RING 2 2002 DARK WATER 2001 SADISTIC AND MASOCHISTIC documentaire 2001 LAST SCENE 2000 SLEEPING BRIDE 2000 CHAOS 1999 RING II 1999 LE CERVEAU DE VERRE
Le Festival du Film Asiatique de Deauville 2014 rendra également hommage à TSAI MING-LIANG. En sa présence, sera projeté le film "Les Chiens errants" Lion d’Argent au Festival de Venise (en collaboration avec La Cinémathèque française ).
Filmographie sélective ( source: site officiel du Festival du Film Asiatique de Deauville)
2014 VOYAGE EN OCCIDENT 2013 LES CHIENS ERRANTS 2009 VISAGE 2007 I DON'T WANT TO SLEEP ALONE 2005 LA SAVEUR DE LA PASTÈQUE 2003 GOOD BYE, DRAGON INN 2001 ET LÀ-BAS, QUELLE HEURE EST-IL ? 1999 THE HOLE 1997 LA RIVIÈRE 1994 VIVE L'AMOUR 1992 LES REBELLES DU DIEU NÉON
Après cet aperçu sur l'édition 2014, je vous propose un petit retour sur l'édition 2013, l'occasion aussi pour moi de vous parler de mon amour inconditionnel pour ce festival et la ville qui l'accueille.
En bas de page, vous trouverez également le concours qui vous permettra de remporter vos pass pour le Festival. Quelques réponses aux questions du concours pourraient bien se trouver parmi les lignes à venir...
L'an passé, un soleil insolent irradiait les planches tandis que, au CID, les spectateurs effectuaient une plongée dans la noirceur d’une société asiatique souvent oppressée par une crise décidément bel et bien mondiale, du moins pour ce qui concernait les films en compétition qui ne furent pas moins passionnants justement parce qu’ils mettaient en lumière cette face sombre et souvent ignorée ou en tout cas masquée par d’autres (ir)réalités.
Parmi ces films qui mettaient en lumière une face sombre de l'Asie à l'image des trois exemples très différents cités ci-dessous, il y eut notamment le film philippin « APPARITION » de Vincent SANDOVAL qui a reçu le prix du public, un film qui se déroule dans un lieu en apparence hors du temps, un récit tragiquement universel sur la barbarie, la lâcheté, l’oppression. Un cri dans le silence, vibrant, notamment grâce à des interprètes exceptionnelles et une réalisation maîtrisée qui joue habilement du clair obscur, de la blancheur et de la noirceur, un défi relevé en 8 jours seulement.
Le grand prix décerné à "I.D" de Kamal K.M était une plongée dans l’envers du décor de Bollywood et de l’Inde mais surtout le reflet pertinent d’une société mondialisée (et car mondialisée) individualiste.
Le prix de la Critique, décerné à TABOOR de Vahid VAKILIFAR (Iran) était non moins sombre et passionnant même s'il avait décontenancé les spectateurs. Je me souviens encore de son premier (long) plan d’une beauté et d’une singularité étranges et marquantes : un homme revêt une combinaison métallique dans une roulotte tapissée d’aluminium. La scène s’étire en longueur et nous laisse le temps d’appréhender la composition de l’image, d’une fascinante étrangeté, une fascinante étrangeté qui ne cessera ensuite de croître. Tout semble rare, dans ce film : les dialogues, les personnages…et même le scénario. Malgré tout, la fascination opère pour cet univers et ce personnage entre la science-fiction et une réalité métaphorique bien sûr impossible à traiter frontalement dans un pays soumis à la censure, la surveillance et l’oppression. Tout est à la fois banal et étrange, quotidien et irréel comme cette viande qui cuit longuement filmée (et qui aura fait fuir plus d’un spectateur) qui prend soudain un tout autre sens. Un film radical et « absurde » dans un pays dont l’Etat l’est lui-même au point sans doute de ne pas se reconnaître dans cet univers carcéral, répétitif, cloisonné, oppressant, dans cette société qui étouffe, déshumanise, condamne à l’isolement, au silence, à se protéger des « radiations », d’un ennemi invisible mais bel et bien là. Le temps s’étire (longs couloirs, tunnels, longs plans fixes) quand il est dicté par une force supérieure qui « irradie », invisible et redoutable, et réduit l’être humain à être cette machine silencieuse et désincarnée. Un film qui s’achève par un plan splendide d’un homme dans la lumière qui se détache de la ville et la surplombe loin de « la violence du monde extérieure » rappelant ainsi le beau discours du réalisateur avant la projection qui avait dédié le film à son père « qui a toujours su préserver sa belle nature de la violence du monde extérieur ». Un film qui ne peut laisser indifférent, une qualité en soi. Un prix de la critique prévisible pour le film visuellement le plus inventif, opaque et radical, et malin.
9 films étaient ainsi l'an passé projetés dans le cadre de la compétition et autant de regards, d’univers différents que de nationalités malgré cette noirceur commune et un instructif voyage dans la société, la culture et le cinéma asiatiques. Seuls, égarés, broyés par la crise, la solitude, oppressés, perdus dans la multitude, les personnages des films de cette compétition étaient tous en errance sous ou en quête d’ une identité et d’un ailleurs souvent inaccessible.
L'édition 2013 fut aussi marquée par deux hommages et par la venue de deux grands cinéastes: Wong Kar Wai et Sono Sion (comme vous le verrez sur mes vidéos ci-dessous).
Le plus beau film de cette édition 2013 fut pour moi "The Land of hope" de Sono Sion, d'ailleurs même pour moi le plus beau film de l'année 2013 toutes nationalités et catégories confondues, un film dont la beauté mélancolique et poétique fait écho à celle de Deauville qui ne cessera jamais de me surprendre et ravir. Un film porté par un cri de révolte et l’énergie du désespoir, plus efficace que n’importe quelle campagne anti-nucléaire et surtout l’œuvre d’un poète, un nouveau cri d’espoir vibrant et déchirant qui s’achève sur un seul espoir, l’amour entre deux êtres, et une lancinante litanie d’un pas, qui, comme l’Histoire, les erreurs et la détermination de l’Homme, se répètent, inlassablement. Un film d’une beauté désenchantée, d’un romantisme désespéré (cette scène où le couple de vieux paysans danse au milieu du chaos est à la fois terriblement douce et violente, sublime et horrible, en tout cas bouleversante), d’un lyrisme et d’une poésie tragiques avec des paraboles magnifiquement dramatiques comme cet arbre -et donc la vie- qui s’embrasent mais aussi un travail sur le son d’une précision et efficacité redoutables. Vous pourrez retrouver la critique complète de ce film que je vous recommande plus que vivement dans le compte rendu précité.
Si j'aime le cinéma asiatique, j'aime aussi passionnément la ville qui lui sert de décor et sa douce mélancolie qui lui fait judicieusement écho. Je ne connais pas d’endroits, ou si peu, dont la beauté soit aussi agréablement versatile, dont les couleurs et la luminosité lui procurent une telle hétérogénéité de visages. Oui, Deauville a mille visages. Loin de l’image de 21ème arrondissement de Paris à laquelle on tendrait à la réduire (qu’elle est aussi, certes), ce qui m’y enchante et ensorcelle se situe ailleurs : dans ce sentiment exaltant que procurent sa mélancolie étrangement éclatante et sa nostalgie paradoxalement joyeuse. Mélange finalement harmonieux de discrétion et de tonitruance. Tant de couleurs, de visages, de sentiments que j’éprouve la sensation de la redécouvrir à chaque fois. Bien sûr, je la préfère très tôt le matin, mystérieuse, presque déserte, qui émerge peu à peu des brumes et de l’obscurité nocturnes, dans une âpre luminosité qui se fait de plus en plus évidente, incontestable et enfin éblouissante. Ou le soir, quand le soleil décline et la teinte de couleurs rougeoyantes, d’un ciel incendiaire d’une beauté insaisissable et improbable et que je m’y laisse aller à des rêveries et des espoirs insensés. A l’image des êtres les plus intéressants, Deauville ne se découvre pas forcément au premier regard mais se mérite et se dévoile récompensant le promeneur de sa beauté incendiaire et ravageuse aux heures les plus solitaires, avec des couleurs aux frontières de l’abstraction, tantôt oniriques, tantôt presque inquiétantes.
Mais plutôt que d'effectuer une nouvelle déclaration d'amour à Deauville je vous propose quelques liens à ce sujet:
Le roman et le recueil de nouvelles font partie de la collection e-LIRE de mon éditeur Numeriklivres défini par celui-ci comme "un écrin pour des bijoux littéraires" et j'en profite pour vous annoncer que j'aurai l'honneur d'être sur le stand de mon éditeur au Salon du Livre de Paris 2014 avec ces deux ouvrages.
Le Festival du Film Asiatique de Deauville 2014 se déroulera comme chaque année au CID de Deauville (cf photo ci-dessous).
CONCOURS
Cette année comme les années précédentes, 16 pass sont en jeu. Ils seront ainsi répartis
1er et 2ème prix: 4 pass (1 pour le 6, 1 pour le 7, 1 pour le 8, 1 pour le 9)
3ème et 4ème prix: 2 pass (1 pour le 8, 1 pour le 9)
5ème et 6ème prix : 2 pass (1 pour le 6, 1 pour le 7)
soit 6 gagnants qui se répartiront les 16 pass.
Vous pouvez participer jusqu'au 25 février 2014 à minuit. Vos réponses sont à envoyer à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Festival du Film Asiatique de Deauville 2014". N'oubliez pas de me communiquer vos coordonnées (nom, prénom, email, numéro de téléphone). Les gagnants seuls seront contactés, par email après le 25 février. Pour faire partie des heureux gagnants, répondez correctement aux 10 questions suivantes. Les réponses ont toutes un lien avec Deauville et/ou le cinéma asiatique et/ou le Festival du Film Asiatique de Deauville. Bonne chance à tous!
1. Donnez-moi le titre du film dont est extraite l'image ci-dessous.
2. Citez le précèdent film du réalisateur du film dont est extraite l'image ci-dessous.
3. Quel est le rapport entre le film dont est extraite l'image ci-dessous et un des films primés au Festival du Film Asiatique de Deauville 2013.
4. De l'affiche de quelle édition du Festival du Film Asiatique de Deauville est découpée l'image ci-dessous?
5. De quel film est extraite l'image ci-dessous?
6. Comment se nomme le film dont est extraite l'image ci-dessous?
7. 2 indices pour découvrir un film. Quel est ce film?
-Primé au Festival du Film Asiatique de Deauville.
-En se référant au titre du film, Woody Allen aurait pu dire, pour paraphraser une citation qu'il affectionne... "..., c'est long, surtout vers la fin".
8. Qui a reçu le nouveau prix créé lors du Festival du Film Asiatique de Deauville de l'an passé?
9. En quelle année le Festival de Deauville a-t-il rendu hommage à ce cinéaste?
10. Que représente le Festival du Film Asiatique de Deauville pour vous?
Clint Eastwood fait partie de ces réalisateurs dont j’essaie de ne manquer aucun film (il faut dire que, depuis 2005, il est particulièrement prolifique), en particulier depuis « Sur la route de Madison », sans aucun doute un des plus beaux films d’amour de l’histoire du cinéma (auquel je suis beaucoup plus sensible qu’à « Million dollar baby », trop larmoyant à mon goût). En 2010, avec « Au-delà » il avait déçu beaucoup de spectateurs (une déception que je ne partageais pas) alors que, pourtant, ce film était aussi, à l’image de « Sur la route de Madison », un hymne à ces instants fugaces et intenses qui modifient le cours du destin, mais aussi le message d’un homme hanté par la mort comme en témoignait aussi déjà « Gran Torino ».
«Au-delà » n’est certes certainement pas le film trépidant que certains attendaient mais au contraire un film à hauteur d’hommes qui tisse peu à peu sa toile d’émotions en même temps que les destins de ses personnages et qui laisse une trace d’autant plus profonde et aboutit à un final d’autant plus bouleversant que le cheminement pour l’atteindre a été subtil et délicat et que tout le justifiait. Une réflexion sur la mort mais surtout un hymne à la vie (au-delà de la douleur, au-delà de la perte), à l’espoir retrouvé (qui n’est pas dans l’au-delà mais dans le dépassement de son appréhension et donc bel et bien là), à la beauté troublante et surprenante du destin.
D’une certaine manière, dans « J.Edgar », Clint Eastwood réunit les thématiques des trois films évoqués ci-dessus : Gran Torino (la hantise de la mort et de la trace laissée après celle-ci), « Sur la route de Madison » (une histoire d’amour condamnée à l’ombre) et « Au-delà » (les rouages du destin).
« J.Edgar » (Leonardo DiCaprio), c’est Hoover, cet homme complexe qui fut directeur du FBI de 1924 à sa mort, en 1972, soit pendant 48 ans. 48 années pendant lesquelles il a vu se succéder pas moins de 8 présidents. L’action du film débute ainsi dans les années 70. Pour préserver son héritage. Hoover dicte alors ses mémoires et se replonge dans ses souvenirs qui le ramènent en 1919. Il n’avait alors que 20 ans, était déjà ambitieux, orgueilleux et autoritaire et on ne le nommait pas encore J.Edgar.
Dès les premiers plans, trois éléments qui ne se démentiront pas tout au long du film, sautent aux yeux du spectateur (aux miens, du moins) : la beauté sombre de la photographie de Tom Stern (fidèle chef opérateur de Clint Eastwood), l’art avec lequel Clint Eastwood s’empare du scénario de Dustin Lance Black pour entremêler passer et présent, et pour nous raconter brillamment une histoire et enfin le jeu stupéfiant et remarquable de Leonardo Di Caprio qui, bien au-delà du maquillage, devient Hoover. Au moins trois éléments qui font de ce film un bonheur cinématographique…même s’il n’est pas exempt de défauts comme certaines longueurs ou certaines scènes trop appuyées et mélodramatiques.
Derrière ce que certains nommeront peut-être classicisme, Clint Eastwood démontre une nouvelle fois son habileté à tisser la toile du récit pour dresser le portrait complexe d’un homme dont la vie était basée sur le secret (ceux qu’il dissimulait et ceux des autres qu’il utilisait notamment ceux qu’il détenait sur les hommes du pouvoir qu’il manipulait sans scrupules, ce qui explique ici sa longévité à la tête du FBI) qui aspirait à être dans la lumière mais dont l’existence était une zone d’ombre, deux contrastes que la photographie de Tom Stern reflète magnifiquement. En un plan de Hoover sur son balcon, regardant les cortèges d’investiture de Roosevelt puis de Nixon, à plusieurs années de distance, il nous montre un homme dans l’ombre qui semble n’aspirer qu’au feu des projecteurs mais qui, aussi, de son piédestal, semble néanmoins être le démiurge de la scène qui se déroule en contrebas. Tout un symbole. Celui de ses contradictions.
Si les agents du FBI aimaient se présenter comme les « gentils », la personnalité de Hoover était beaucoup plus complexe que l’image qu’il souhaitait donner de l’organisation qu’il dirigeait et de lui-même : avide de notoriété, recherchant l’admiration et l’amour de sa mère, dissimulant son homosexualité, manipulant les politiques. Pour lui « l’information, c’est le pouvoir ».
Cette personnalité complexe (et ce qui conduisit Hoover à devenir J.Edgar) nous est expliquée à travers ses relations avec trois personnes : sa mère, Annie Hoover ( Judi Dench) qui lui voyait un destin et voulait qu’il compense les échecs de son père et dont il recherchera toujours l’admiration, sa secrétaire Helen Gandy (Naomi Watts) qui lui restera toujours fidèle depuis ses débuts et même après sa mort, et son directeur adjoint Clyde Tolson (Armie Hammer) avec qui il entretint vraisemblablement une liaison.
Si l’histoire de Hoover nous permet de traverser l’Histoire des Etats-Unis, la seconde est bien en arrière-plan et c’est bien à la première que s’attache Eastwood, de son rôle dans l’instigation des méthodes modernes d’expertises médico-légales mais aussi à ses tentatives (vaines) pour faire tomber Martin Lurther King, son combat obstiné et même obsessionnel contre le communisme et évidemment la création du FBI et l’enlèvement du fils de Lindbergh, deux évènements qui témoignent de l’ambition de Hoover et de ses méthodes parfois contestables pour la satisfaire.
Le film de Clint Eastwood épouse finalement les contradictions de son personnage principal, sa complexité, et a l’intelligence de ne pas faire de Hoover un héros, prétexte à un film à la gloire des Etats-Unis mais au contraire un personnage qui en symbolise l’ombre et la lumière et surtout ce désir d’être dans la lumière (manipulation des médias mais aussi propagande avec des albums de bd consacrés au FBI et des vignettes ornant les paquets de corn-flakes) comme le revers de la médaille d’un American dream dont l’image se voudrait lisse et irréprochable.
La réussite du film doit évidemment beaucoup à celui qui incarne Hoover et qui tourne pour la première fois pour Eastwood : Di Caprio dont le maquillage n’est pour rien dans l’étonnante nouvelle métamorphose qui le fait devenir Hoover, avec sa complexité, son autorité, son orgueil, ses doutes qui passent dans son regard l’espace d’un instant, lorsque ses mots trahissent subitement son trouble et le font alors redevenir l’enfant en quête de l’amour de sa mère qu’il n’a finalement jamais cessé d’être derrière ce masque d’intransigeance et d’orgueil (très belle scène avec Noami Watts dans la bibliothèque du Congrès ou dans la suite avec Clyde, scènes au cours desquelles il passe d’une expression ou une émotion à une autre, avec une rapidité fascinante). Une nouvelle composition magistrale. Déjà dans « Shutter island », il était habité par son rôle qui, en un regard, nous plongeait dans un abîme où alternaient et se mêlaient même parfois, angoisse, doutes, suspicion, folie, désarroi (interprétation tellement différente de celle des "Noces rebelles" mais tout aussi magistrale qui témoigne de la diversité de son jeu). Il n’avait pourtant obtenu l’Oscar du meilleur acteur pour aucun de ces deux films, il ne l’a d’ailleurs jamais obtenu. Est-ce possible que celui qui est sans doute le plus grand acteur actuel passe une nouvelle fois à côté ? J’avoue que mon cœur balance sachant que Jean Dujardin sera sans doute nommé face à lui pour « The Artist ». Vous pourrez aussi le retrouver bientôt dans une nouvelle adaptation du chef d’œuvre de Fitzgerald « Gatsby le magnifique » même si je vous recommande surtout la version de Jack Clayton.
En nous racontant avec une maîtrise incontestable des codes du récit l’histoire d’un homme soucieux du secret, de la trace qu’il laissera, de sa et ses mémoire(s) (et de sa subjectivité), de ses zones d’ombre, Clint Eastwood, par-delà la personnalité complexe et passionnante de Hoover traite d’un sujet particulièrement personnel (un homme qui se penche sur son passé, pétri de contradictions entre le culte du secret et l’envie d’être dans la lumière ) et universel et actuel (la manipulation des médias, le désir avide de notoriété). La marque d’un grand cinéaste. Et enfin, il permet à celui qui est le meilleur acteur actuel d’explorer une nouvelle facette de son immense talent et de trouver là un nouveau rôle, complexe et passionnant, à sa démesure et qui le mènera peut-être, enfin, à l’Oscar tant mérité.
L’an passé avec « The Ghost Writer », Roman Polanski réalisait un des trois meilleurs films de l’année, une forme de huis-clos sur une île inhospitalière à l’abandon balayée par le vent et la monotonie, un film dans lequel l’inquiétude et le sentiment d’inconfort nous saisissaient immédiatement avec pour cadre une demeure élégante mais déshumanisée dont l’ouverture sur l’extérieure donnait des plans d’une redoutable beauté glaciale aux frontières de l’absurde, sorte de monde désertique devant lequel, tel un démiurge, apparaissait un ancien premier ministre qui jadis dirigeait tout un peuple. Un film dans lequel tout est à la fois familier et étrange, envoûtant et angoissant. A priori, le nouveau film de Roman Polanski, en compétition du dernier Festival de Venise, est très différent ne serait-ce que parce que celui de l’an passé restera davantage dans l’histoire du cinéma pourtant…l’enfermement et l’angoisse chers au cinéaste sont bel et bien très présents dans ce nouveau film, véritable huis-clos (deux plans exceptés) adapté de la célèbre et « multiprimée » pièce de Yasmina Reza « Le Dieu du carnage » dont Polanski est ici à son tour le Dieu et le démiurge du carnage.
New York. Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et l’un d’eux, le fils de Nancy (Kate Winslet) et Alan Cowan (Christoph Waltz) blesse l’autre au visage, le fils de Penelope (Jodie Foster) et Michael Longstreet (John C.Reilly). Tout se passe apparemment très cordialement pour rédiger la déclaration destinée aux assurances si ce n’est que le père du « coupable » demande à ce que le terme « armé » d’un bâton soit remplacé par celui de « muni », le tout dans l’appartement de Penelope et Michael.
Nancy et Alan sont tirés à quatre épingles. Nancy est « armée » de son collier de perles, d’une coiffure dont pas une mèche ne dépasse et d’un sourire impeccable même si légèrement condescendant. Penelope et Michael semblent particulièrement affables, compréhensifs, cordiaux. Les premiers auraient dû partir et les seconds en rester là … sauf que… une phrase, un mot, finalement la différence entre armé et muni, la frontière entre victime et coupable, va constamment les retenir… Le vernis va voler en éclats, la pose princière de Nancy se transformer en attitude vulgaire, le débonnaire Michael va se transformer en être médiocre et cynique, l’avocat Alan sarcastique et grossier qui se prend pour John Wayne (et se tient comme s’il était dans un saloon, s’appropriant les lieux) être constamment accroché à son portable plus important que quoi que ce soit d’autre avant de s’écrouler et l’altruiste Penelope qui écrit sur le Darfour se révéler plus attachée aux objets qu’aux hommes et être enfermée dans ses principes. Chacun va vomir (au figuré et même au propre) toute sa médiocrité, sa haine, révéler son vrai et méprisable visage, sa monstruosité derrière son apparence civilisée. Cela me rappelle le « Tous coupables » du « Cercle rouge » sauf que, dans le film de Melville, le constat était fait avec une sorte de mélancolie désabusée et qu’ici chacun semble en retirer une forme de jouissance malsaine (d’ailleurs Nancy et Alan pourraient partir à tout moment mais semblent finalement trouver un certain plaisir à régler leurs comptes en public et à dévoiler leur odieux visage).
Polanski ne s’est pas contenté de filmer une pièce de théâtre, au contraire même, tout le génie de Polanski se révèle une nouvelle fois ici. Par un cadrage, parfois étouffant, par une manière de placer sa caméra dans l’espace et de diviser cet espace au gré des clans qui se forment, par des gros plans ou des plongées ou contre-plongées qui révèlent toute la laideur de ses personnages, le cinéaste est très présent et ne se contente pas de poser sa caméra. D’ailleurs, j’ai ressenti un vrai malaise physique en parallèle de celui qui s’empare des personnages. Les deux plans hors de l’appartement (le premier et le dernier) sont également très significatifs, sans parler de la musique, ironique. Le décor est également très révélateur. Tout y est impeccable, carré. Seules les tulipes jaunes achetées pour l’occasion, le livre sur Bacon ou Kokoschka, ou encore sur Mao, laissent entendre une laideur ou un caractère dictatorial sous-jacents … sans parler de la salle de bain, l’invisible, beaucoup moins « rangée » qui laisse entendre que ce qui est caché est beaucoup moins impeccable que ce qui est montré.
Le décor new-yorkais aurait pu être celui d’un film de Woody Allen…sauf que les personnages sont tout sauf des personnages de Woody Allen, car si ce dernier souvent n’épargne pas non plus ses personnages, il a finalement toujours beaucoup d’empathie et de tendresse pour leurs failles et leurs faiblesses…tandis qu’ici tout n’est qu’amertume et cynisme, chacun n’agissant que sous un seul diktat : celui de l’égoïsme censé régir la vie de chacun.
Les comédiens sont impeccables, la réalisation également brillante mais ces personnages détestables qui ne possèdent plus la plus petite lueur d’humanité sont « à vomir ». Ce film est un peu l’anti « Intouchables »… (et pourtant j’ai de nombreuses réserves sur ce dernier qui vient d’ailleurs de dépasser les 12 millions d’entrées). L’un et l’autre révèle deux visages contradictoires et finalement complémentaires de notre société : une société cynique qui se revendique comme telle mais qui, au fond, a surtout besoin d’espoir quitte à ce que cet espoir prenne un visage qui relève plus du conte et du fantasme que de la réalité, un visage presque enfantin…
Je vous conseillerais donc plutôt de revoir « Répulsion », « Chinatown », « Tess » , « Le Pianiste » et « The Ghost Writer » même si les comédiens sont ici impeccables semblant prendre beaucoup de plaisir à ce jeu de massacres. Précisons enfin que l’appartement dans lequel se déroule l’action a été construit en studio à Bry-sur-Marne, en région parisienne mais donne l’illusion que cela se déroule à New York, un travail remarquable qui est l’œuvre chef-décorateur Dean Tavoularis cher à Coppola.
Un carnage brillant et étouffant d’asphyxiante médiocrité mais trop (d’ailleurs totalement) dénué d’humanité sentencieusement décrétée comme uniquement dirigée par l’égoïsme et trop sinistrement cynique pour me plaire…ce qui ne remet nullement en cause le talent de Polanski, éclatant encore une fois, malgré l’unité de lieu et le caractère répulsif des personnages.
Je vous parle ici très souvent et depuis de nombreuses années de la très belle association Les Toiles Enchantées qui amène le cinéma aux enfants hospitalisés. C'est donc sans hésiter que j'ai répondu à l'invitation de PriceMinister - Rakuten qui s’associe aux Toiles Enchantées pour être partenaire de l'opération qui permettra d' offrir des séances de cinéma aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés. Je sais à quel point dans ces terribles situations s'évader, ne serait-ce qu'en pensées et virtuellement, est essentiel, voire vital...et que le cinéma est alors, plus que jamais, une évasion salutaire.
Un article sur ce site se transforme ainsi en un don de 15€ de PriceMinister - Rakuten aux Toiles Enchantées pour les soutenir dans leur merveilleuse démarche d’offrir gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !
Je vous invite vous aussi à soutenir cette très belle association en faisant un don. Si vous êtes blogueur/euse vous pouvez aussi participer à l'opération en répondant à l'interview ci-dessous "cinéma et enfance", et en la publiant sur votre blog, qui se transformera en don pour l'association.
Vous aussi participez à la chaîne de solidarité en participant à #1Blog1Séance http://bit.ly/1d7Og1o ou en faisant directement un don si vous n’avez pas de blog.
Interview cinéma & enfance
En publiant cette mini-interview sur mon blog, PriceMinister - Rakuten s’engage à faire un don de 15€ aux Toiles Enchantées qui offre gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !
- Quel est votre premier souvenir du cinéma ?
-Je dois avouer (honteusement) ne pas me souvenir du premier film que j'ai vu AU cinéma. En tout cas, je ne pense pas qu'il s'agissait d'un film d'animation, un genre pour lequel, même petite, je n'ai jamais eu d'affection particulière tout comme je n'en ai jamais eu pour la BD commençant très très tôt à lire des romans (et faisant même semblant de lire des BD à l'école pour ne pas trop passer pour une "extraterrestre":)). Ce dont je me souviens en revanche, ce sont mes premiers souvenirs DE cinéma, les films vus à la maison avec mon père qui m'a fait découvrir très jeune tous les classiques, une tradition qui a perduré de nombreuses années, les veilles des jours où je n'avais pas école. Comme j'habitais dans une ville où l'offre cinématographique était assez réduite, cela compensait largement. J'ai ainsi revu un nombre incalculable de fois "Autant en emporte le vent", mais aussi des films de Marcel Carné, notamment "Les Enfants du Paradis", des films de Chaplin, des westerns (Beaucoup! Le manichéisme souvent caractéristique du genre les rend universels et compréhensibles très jeune), des films de cape et d'épée, des péplums comme "Ben Hur" ou de grandes épopées comme les films de David Lean à l'exemple de "Docteur Jivago", et de très nombreux films policiers, autant de films qui ont forgé ma cinéphilie...et sans doute ma désaffection pour l'animation à l'exception de films au contenu vraiment "adulte" comme ceux d'Ari Folman, mais qui n'existaient pas à l'époque.
- Quel est selon vous le meilleur film pour enfants de tous les temps ?
- Mon cœur balance entre les films de Jacques Demy, de Tim Burton, de Franck Capra et Spielberg, pas forcément des films "enfantins" mais qui ont à la fois une capacité à émouvoir, fasciner, faire rire parfois, et qui peuvent avoir divers degrés de lecture selon l'âge auquel on les regarde comme "Le Petit prince" de Saint-Exupéry en littérature. Ce ne sont donc pas forcément des films "pour enfants" mais qui pourront ravir autant les enfants que les adultes. Je dirais peut-être un Chaplin même s'il serait plus évident de citer un Spielberg ou "E.T." tant le cinéaste a fait de l'enfance son thème phare et tant il est impossible de rester insensible face au film précité. Les films de Chaplin sont compréhensibles par les enfants du monde entier, et sans être moralisateurs, défendent de belles "valeurs". S'il fallait en choisir un alors peut-être son premier long-métrage "Le kid" parce qu'il met en scène un enfant et contient déjà toute la richesse et la beauté du cinéma de Chaplin (qui était d'ailleurs déjà connu bien avant), même si, à titre personnel, je lui préfère "Les lumières de la ville" (ah la scène de la fin!) ou "Les feux de la rampe".
- Une machine à voyager dans les films vient d’être inventée. Vous avez la possibilité de vivre les aventures d’un de vos héros cinématographiques d’enfance, dites nous qui ?
Je n'ai jamais été fascinée par les héros, plutôt par les personnages ordinaires auxquels il arrive des histoires extraordinaires comme dans les films d'Hitchcock. Parmi les films que je n'ai pas cités dans ceux de mon enfance, il y a aussi ceux d'Hitchcock, pas "Psychose" ou "Les Oiseaux" découverts plus tard mais des films comme "Les Enchaînés" ou "La Main au collet" pour être Grace Kelly face à Cary Grant. Ou encore Meryl Streep dans "Out of Africa", un personnage que j'aimais beaucoup, celui de Karen Blixen, femme spirituelle, romanesque et romancière. Ou encore Angelica/Claudia Cardinale dans "Le Guépard" de Visconti pour vivre la magnifique et mélancolique scène du bal aux côtés de Lancaster et Delon, une scène qui me faisait tant rêver petite et que, évidemment, j'ai perçu bien différemment en revoyant le film plus tard, cette scène étant en réalité profondément mélancolique, cette scène du fastueux bal qui occupe un tiers du film marquant certes par sa magnificence et sa somptuosité mais aussi par la déliquescence d'un monde qui s'amorce. Ou peut-être Belmondo ou Delon dans une de leurs multiples aventures policières ...
Les Toiles Enchantées en quelques mots
Depuis 1997, l’association sillonne les routes pour offrir gracieusement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés des séances de cinéma dans leur établissement, en projetant les films dont tout le monde parle au moment même leur sortie en salle, voire parfois en avant-première !
Grâce à cette immersion dans des films de tout genre soigneusement sélectionnés, Les Toiles Enchantées permettent aux jeunes malades ou handicapés de briser leur quotidien, de s’évader, d’accéder à la culture et au divertissement des jeunes de leur âge, et de « se sentir comme tous le monde ».
Les séances de cinéma aident aussi à lutter contre l’isolement et le découragement en créant des rencontres et des connivences entre les enfants au travers des projections.
Le “vrai” cinéma à l’hôpital, c’est un pied-de-nez à la maladie, une fenêtre ouverte sur la vie, en numérique.