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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 57

  • "Un homme et une femme" de Claude Lelouch sur l'Esplanade des Invalides (Cinéma au clair de lune)

    Dans le cadre du cinéma au clair de lune, ce soir, à 21H30, sur l'Esplanade des Invalides vous pourrez assister à la projection de "Un homme et une femme" de Claude Lelouch. De quoi vous plonger "In the mood for Deauville" en plein Paris, en attendant le 37ème Festival du Cinéma Américain. Un classique à voir et revoir! Entrée libre. Renseignements ici. Retrouvez ma critique de "Un homme et une femme", ci-dessous, et mon dossier consacré à Claude Lelouch, en cliquant là.

    Critique de "Un homme et une femme" de Claude Lelouch

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    Je ne sais plus très bien si j'ai vu ce film avant d'aller à Deauville, avant que cette ville soit indissociablement liée à tant d'instants de mon existence, ou bien si je l'ai vu après, après que mon premier séjour à Deauville, il y a 17 ans, ait modifié le cours de mon « destin »... Toujours est-il qu'il est impossible désormais de dissocier Deauville du film de Claude Lelouch qui a tant fait pour sa réputation, « Un homme et une femme » ayant créé la légende du réalisateur comme celle de la ville de Deauville, et notamment sa réputation de ville romantique à tel point qu'il y a 4 ans, pendant le Festival du Cinéma Américain 2006, a été inaugurée une place Claude Lelouch, en sa présence et celle d'Anouk Aimée. J'étais présente ce jour-là et l'émotion et la foule étaient au rendez-vous.

    Alors sans doute faîtes-vous partie de ceux qui adorent ou détestent Claude Lelouch, ses « instants de vérité », ses hasards et coïncidences. Rares sont ceux qu'il indiffère. Placez son nom dans une conversation et vous verrez. Quelle que soit la catégorie à laquelle vous appartenez, peut-être ce film « d'auteur » vous mettra-t-il d'accord...

    Le 13 septembre 1965, Claude Lelouch est désespéré, son dernier film ayant été un échec. Il prend alors sa voiture, roule jusqu'à épuisement en allant vers Deauville où il s'arrête à 2 heures du matin en dormant dans sa voiture. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture, étonné de la voir marcher avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera « Un homme et une femme ».

    Synopsis : Anne (Anouk Aimée), scripte, inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur Pierre (Pierre Barouh), rencontre à Deauville, en allant chercher sa fille à la pension, un coureur automobile, Jean (Jean-Louis Trintignant), dont la femme s'est suicidée par désespoir. Jean raccompagne Anne à Paris. Tous deux sont endeuillés, et tous deux ont un enfant. C'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui s'aiment, se repoussent, se retrouvent et s'aiment encore...

     J'ai vu ce film un grand nombre de fois, tout à l'heure encore et comme à chaque fois, avec le même plaisir, la même émotion, le même sentiment de modernité pour un film qui date de 1966, étonnant pour un cinéaste dont beaucoup de critiques raillent aujourd'hui le classicisme. Cette modernité est bien sûr liée à la méthode Claude Lelouch d'ailleurs en partie la conséquence de contraintes techniques et budgétaires. Ainsi, Lelouch n'ayant pas assez d'argent pour tourner en couleurs tournera les extérieurs en couleurs et les intérieurs en noir et blanc. Le montage et les alternances de noir et blanc et de couleurs jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse.

    Je ne sais pas si « le cinéma c'est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films et surtout « Un homme et une femme » nous la font aimer.  Rares sont les films qui donnent à ce point la sensation de voir une histoire d'amour naître et vibrer sous nos yeux, d'en ressentir -partager, presque- le moindre battement de cœur ou le moindre frémissement de ses protagonistes, comme si la caméra scrutait les visages et les âmes. Par une main qui frôle une épaule si subtilement filmée. Par le plan d'un regard qui s'évade et s'égare. Par un sourire qui s'esquisse. Par des mots hésitants ou murmurés. Par la musique éternelle de Francis Lai (enregistrée avant le film) qui nous chavire le cœur. Par une photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d'Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch.

    Et puis il y a le charme incomparable du couple Anouk Aimée/ Jean-Louis Trintignant, le charme de leurs voix, notamment quand Jean-Louis Trintignant prononce « Montmartre 1540 ». Le charme et la maladresse des premiers instants cruciaux d'une histoire d'amour quand le moindre geste, la moindre parole peuvent tout briser. Et puis ces plans fixes, de Jean-Louis dans sa Ford Mustang (véritable personnage du film), notamment lorsqu'il prépare ce qu'il dira à Anne après qu'il ait reçu son télégramme. Et puis ces plans qui encerclent les visages et en capturent la moindre émotion. Ce plan de cet homme avec son chien qui marche dans la brume et qui  fait penser à Giacometti (pour Jean-Louis). Tant d'autres encore...

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     Avec « Un homme et une femme » Claude Lelouch a signé une histoire intemporelle, universelle avec un ton très personnel et poétique. La plus simple du monde et la plus difficile à raconter. Celle de la rencontre d'un homme et une femme, de la rencontre de deux solitudes blessées. Il prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.

    Alors pour reprendre l'interrogation de Jean-Louis dans le film citant Giacometti « Qu'est-ce que vous choisiriez : l'art ou la vie » Lelouch, n'a certainement pas choisi, ayant réussi a insufflé de l'art dans la vie de ses personnages et de la vie dans son art. Voilà c'est de l'art qui transpire la vie.

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  • Jury et programme de la Mostra de Venise 2011 (68ème édition du Festival International de cinéma)

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    (Photo ci-dessus: Venise par inthemoodforluxe.com )

    Tandis que j’arpenterai rêveusement les planches de Deauville, et m’enfermerai délicieusement au CID et dans les salles du casino pour vous commenter le Festival du Cinéma Américain de Deauville, d’autres seront à Venise, quasiment aux mêmes dates, comme chaque année (mais malheureusement auparavant les équipes américaines venant à Venise faisaient un détour par Deauville, ce qui est de moins en moins souvent le cas) puisque la Mostra de Venise se déroulera du 31 août au 10 septembre et le Festival du Cinéma Américain de Deauville du 2 au 11 septembre.

    Marco Bellochio recevra un lion d’or d’honneur.

    Le festival rendra également hommage à Al Pacino (comme le Festival de Deauville il y a quelques années, moment inoubliable d’ailleurs… de voir le « grand » Al ému aux larmes avant la projection du non moins inoubliable « Looking for Richard »).

    C’est « The Ides of March », le quatrième long-métrage réalisé par George Clooney qui fera l’ouverture. Fera-t-il un détour par Deauville comme il l’avait fait il y a quelques années ? Nous pouvons encore l’espérer… Son film sera également en compétition à la Mostra.

    Présidé par Darren Aronofsky (lauréat du Lion d'Or en 2008 pour The Wrestler et en sélection l'an dernier avec Black Swan) le jury sera composé de :

    - le réalisateur français André Téchiné

    -le réalisateur indépendant américain Todd Haynes

    -le réalisateur Mario Martone

    -l’actrice Alba Rohrwacher

    -la réalisatrice finlandaise Eija-Liisa Ahtila

    En compétition, on retrouve de nombreux habitués du Festival de Cannes (Cronenberg, Polanski, Garrel, Sokurov…). Je vous laisse découvrir la sélection en détails ci-dessous.

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    Film d'ouverture

    Les Marches du Pouvoir(George Clooney)

    Vivan las Antipodas!(Victor Kossakovsky)

     

    Film de clôture

    Damsels in distress(Whit Stillman)

     

    Longs métrages - Compétition

    Les Marches du Pouvoir(George Clooney)

    A Dangerous Method(David Cronenberg)

    Les Hauts de Hurlevent(Andrea Arnold)

    Poulet aux prunes(Marjane Satrapi)

    Un été brûlant(Philippe Garrel)

    La Taupe(Tomas Alfredson)

    Texas Killing Fields(Ami Canaan Mann)

    Carnage(Roman Polanski)

    Shame(Steve McQueen (II))

    Killer Joe(William Friedkin)

    Faust(Alexandre Sokurov)

    The Exchange(Eran Kolirin)

    Alpeis(Yorgos Lanthimos)

    Life without principle(Johnnie To)

    Terraferma(Emanuele Crialese)

    4:44 Last Day on Earth(Abel Ferrara)

    Dark Horse(Todd Solondz)

    Quando la notte(Cristina Comencini)

    A Simple Life(Ann Hui)

    L'Ultimo terrestro(Gian Alfonso Pacinotti)

    Himizu(Sion Sono)

    Seediq Bale(Te-Sheng Wei)

     

    Longs métrages - Hors-compétition

    We Can't go Home Again(Nicholas Ray)

    Au nom du pere(Marco Bellocchio)

    Inde, terre mère(Roberto Rossellini)

    Duvidha(Mani Kaul)

    Wilde Salome(Al Pacino)

    La Clé des champs(Claude Nuridsany , Marie Pérennou)

    La Folie Almayer(Chantal Akerman)

    The Moth Diaries(Mary Harron)

    Contagion(Steven Soderbergh)

    W.E.(Madonna)

    Eva(Kike Maillo)

    La Désintégration(Philippe Faucon)

    Damsels in distress(Whit Stillman)

    Alois nebel(Tomás Lunák)

    Rabitto horâ 3D(Takashi Shimizu)

    Vivan las Antipodas!(Victor Kossakovsky)

    Giochi d'Estate(Rolando Colla)

    Il villaggio di cartone(Ermanno Olmi)

    Don't expect too much(Susan Ray)

    Scossa(Tonino Russo , Ugo Gregoretti , Francesco Maselli , Carlo Lizzani)

    Diana Vreeland: The Eye Has To Travel(Lisa Immordino Vreeland)

    Tahrir(Ayten Amin , Ahmad Abdalla , Amro Salama , Tamer Ezzat)

    Joule(Nadia Ranocchi , David Zamagni)

    Spell. The Hypnotist Dog(Nadia Ranocchi , David Zamagni)

    Suite(Nadia Ranocchi , David Zamagni)

    Questa Storia Qua(Alessandro Paris , Sibylle Righetti)

    La Meditaziones di Hayez(Mario Martone)

    Marco Bellocchio, Venezia 2011(Pietro Marcello)

    Evolution(Marco Brambilla)

    Vanguards

    The End

    The Sorcerer and the white snake(Tony Ching Siu-Tung)

    Mildred Pierce(Todd Haynes)

     

    La Semaine de la Critique

    Là-bas(Guido Lombardi)

    Louise Wimmer(Cyril Mennegun)

    Marécages(Guy Édoin)

    La Terre Outragée(Michale Boganim)

    El Campo(Hernán Belón)

    Stockholm Östra(Simon Kaijser Da Silva)

    Totem(Jessica Krummacher)

    Missione di pace(Francesco Lagi)

    El Lenguaje de los machetes(Kyzza Terrazas)

     

    Hommage

    Marco Bellocchio

    Al Pacino

     

    Section Orizzonti

    L'Oiseau(Yves Caumon)

    The Orator(Tauti Tusi Tamasese)

    Le Petit Poucet (TV)(Marina De Van)

    Sal(James Franco)

    Whores' Glory(Michael Glawogger)

    Would you have sex with an Arab?(Yolande Zauberman , Selim Nassib)

    Cut(Amir Naderi)

    Hail(Amiel Courtin-Wilson)

    Nocturnos(Edgardo Cozarinsky)

    Amore carne(Pippo Delbono)

    I’m Carolyn Parker: the Good, the Mad and the Beautiful(Jonathan Demme)

    Die Herde des Herrn(Romuald Karmakar)

    Stateless Things(Kim Kyungmook)

    Swirl(Helvécio Marins Jr.)

    Photographic Memory(Ross McElwee)

    L’ Envahisseur(Nicolas Provost)

    Shock Head Soul(Simon Pummell)

    Two Years at Sea(Ben Rivers)

    Aims of the Blind Horse(Gurvinder Singh)

    Lung Neaw Visits His Neighbours(Rirkrit Tiravanija)

    Verano(Jose Luis Torres Leiva)

    Kotoko(Shinya Tsukamoto)

    Swan(Teresa Villaverde)

    The Sword Identity(Xu Haofeng)

    Controcampo Italiano

    Scialla(Francesco Bruni)

    L’ arrivo di Wang(Antonio Manetti , Marco Manetti)

    Maternity Blues(Fabrizio Cattani)

    Qualche nuvola(Saverio Di Biagio)

    Cose dell’altro mondo(Francesco Patierno)

    Cavalli(Michele Rho)

    Tutta colpa della musica(Ricky Tognazzi)

    Controcampo italiano - Documentaires

    Black block(Carlo Augusto Bachschmidt)

    Piazza Garibaldi(Davide Ferrario)

    Pugni chiusi(Fiorella Infascelli)

    Out of Tehran(Monica Maggioni)

    Pasta nera(Alessandro Piva)

    Quiproquo(Elisabetta Sgarbi)

    Renseignements: http://www.labiennale.org

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  • La nouvelle affiche de "Polisse" de Maïwenn, prix du jury du Festival de Cannes 2011

     Je vous invite à découvrir la nouvelle affiche de "Polisse" de Maïwenn qui sortira en salles le 19 octobre prochain (cliquez ici pour retrouver ma critique du film et le compte rendu de la conférence de presse cannoise).

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    L'ancienne affiche:

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  • Critique de "L'autre monde" de Gilles Marchand (ce soir sur Canal + à 20H45)

    Retrouvez ci-dessous ma critique publiée suite à l'avant-première du film, l'an passé.

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    Alors que le virtuel prend de plus en plus le pas sur le réel ou en tout cas fait partie intégrante de nos existences, le cinéma s'empare de plus en plus du sujet, thème d'ailleurs récurrent de ce Festival de Cannes 2010. Gilles Marchand réalise là son deuxième long après « Qui a tué Bambi »  qui, comme « L'Autre monde » sélectionné hors compétition du Festival de Cannes 2010, figurait en sélection officielle du Festival de Cannes (2003). Gilles Marchand est avant tout scénariste, notamment des films de Dominik Moll dans lesquels une situation ordinaire dérapait déjà toujours vers une réalité déroutante. Déjà vers un autre monde.

    L'été dans le Sud de la France. Gaspard (Grégoire Leprince-Ringuet) vient de tomber amoureux de Marion (Pauline Etienne.) Il partage son temps entre cette dernière et ses deux meilleurs amis. Mais un jour, alors qu'il se trouve avec Marion, il va tomber par hasard sur un portable égaré, celui d'Audrey (Louise Bourgoin). Les jeunes amoureux vont alors aller à un rendez-vous donné sur le portable d'Audrey.  Gaspard ne peut s'empêcher d'être attiré par cette jeune femme belle, sombre et double. Gaspard découvre que sur un jeu en réseau « Black hole » Audrey est Sam. Gaspard se crée à son tour un avatar pour la rejoindre.  La vie de Gaspard va alors basculer. Dans L'Autre Monde...et dans celui-ci.

    L'écueil à éviter était de tomber dans le film pour jeunes ou uniquement destiné aux amateurs de jeux vidéos. Un écueil intelligemment contourné par un scénario qui mêle judicieusement l'univers réaliste et lumineux de la réalité par lequel le film commence, à celui inquiétant et sombre de l'univers virtuel dans lequel il nous plonge progressivement. Si les adultes ou du moins les personnes responsables sont peu présentes, (à l'exception du père de Marion, autoritaire et menaçant) chacun peut  néanmoins s'identifier à Grégoire Leprince Ringuet qui incarne un jeune homme normal et heureux qui perd progressivement le sens des réalités.

    Par un habile jeu de mise en abyme, le frère d'Audrey (Melvil Poupaud) est d'une certaine manière le double du scénariste/réalisateur et le spectateur celui de Gaspard puisque le film le plonge lui aussi dans un « autre monde » sur lequel il désire en savoir davantage et puisqu'il est lui aussi manipulé par le réalisateur/démiurge comme l'est Gaspard. Le film joue sur la tentation universelle de fuir la réalité que ce soit par le cinéma ou en s'immergeant dans un univers virtuel. Audrey/Sam symbolise à elle seule cet autre monde, celui du fantasme, et des tentations adolescentes de jouer avec son identité et avec la mort. Un monde de leurres, ici aussi troublant, fascinant que malsain. Un univers factice qui donne une illusion d'évasion et rejaillit sur la réalité. Un monde qui a pour seul loi les désirs, érotiques et/ou morbides. Que serait un monde sans morale et sans loi ? Black hole. Un trou noir.

     Sans être moraliste (et heureusement), le film met en garde contre ces univers virtuels dans lesquels mourir se fait d'un simple clic et où jouer avec la vie devient un jeu enfantin. Le sens, absurde, de cette réalité virtuelle se substitue alors au sens des réalités et la mort, mot qui perd alors tout sens, devient un jeu dans la vie réelle comme dans cette scène où les amis de Garspard se placent devant des voitures lancées à vive allure.

     « Black hole » c'est à la fois l'évasion et le paradis (heaven comme le tatouage que porte Audrey) mais Heaven symbolise aussi cet univers de perdition dans lequel Audrey est Sam. Un univers auquel les images d'animation procurent une beauté sombre et troublante.

    Par une réalisation fluide, Gilles Marchand nous embarque nous aussi dans un autre monde, un monde de contrastes entre luminosité et noirceur, entre film réaliste et archétypes du film noir (avec sa femme fatale et ses rues sombres de rigueur), un monde dangereusement fascinant, sombre et sensuel comme cette plage noire, purgatoire où se retrouvent les morts de « Black hole ».

    Louise Bourgoin est parfaite en fragile femme fatale, sensuelle et mystérieuse face à un Grégoire Leprince-Ringuet dont la douceur et la normalité semblent à tout instant pouvoir basculer, un être lumineux dont « Black hole » va révéler les zones d'ombre. Pauline Etienne est elle aussi parfaite en jeune fille enjouée et fraîche qui connaît ses premiers émois amoureux.

     « L'Autre monde » est une brillante mise en abyme,  un film  sur le voyeurisme, la manipulation, la frontière de plus en plus étroite entre réel et virtuel qui  plonge le spectateur dans un  ailleurs aussi inquiétant que fascinant, un film haletant, savamment « addictif » comme « Black hole », qui nous déroute et détourne habilement de la réalité. Un film que je vous recommande vivement !

    En introduction à la projection, Gilles Marchand a ainsi précisé que le rapport du joueur au jeu, à l'écran l'avait toujours intrigué : « Les choses qui se passent dans le monde virtuel me paraissent particulières à notre époque et universelles. Ce qui m'intéressait c'était d'avoir une narration fluide et un montage parallèle entre ces deux mondes. Second life a fait partie de l'inspiration. Le fait qu'il n'y ait pas de but précis dans le jeu m'intéressait. On était entre le réseau social et le jeu. Ce qui m'intéressait aussi c'était le parcours de Gaspard, son hésitation entre deux femmes, deux archétypes de femmes ».

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  • Critique- "Ludwig - Le Crépuscule des Dieux" de Luchino Visconti - la ressortie de l'été (en salles le 3 août)

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    Voilà une séance que vous ne pouvez manquer cet été si, par bonheur, votre ville fait partie de celles qui ressortiront le chef d'oeuvre de Luchino Visconti "Ludwig - Le Crépuscule des Dieux", à nouveau en salles le 3 août. A ne manquer sous aucun prétexte!!

    Critique de "Ludwig - le Crépuscule des Dieux" : un opéra funèbre d'une vertigineuse beauté

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    Aparès mon dossier sur « Le Guépard », je vous propose aujourd’hui la critique d’un autre chef d’œuvre de Luchino Visconti, son dernier (même s’il réalisa encore deux films ensuite) datant de 1972 : « Ludwig ou le Crépuscule des dieux ». Coproduction italienne, française et allemande, il s’agit du dernier volet de sa trilogie allemande également composée des « Damnés » (1969) et de « Mort à Venise » (1971). Visconti voulait initialement réaliser l’adaptation de « A la recherche du temps perdu » de Proust mais, faute de financements, en attendant que ce projet puisse voir le jour, il décide de tourner « Ludwig ». D’une durée initiale de 3H40 le film sort en France avec une durée de 3H, encore davantage malmené, contre les vœux de Visconti, pour la sortie en Allemagne. Après la mort de Visconti, le film est vendu aux enchères par les producteurs en faillite et est adjugé pour 68 millions de lires à des proches du cinéaste qui se cotisent, avec le soutien de la RAI, afin de récupérer l’intégralité des bobines. Après la mort de Visconti, Ruggero Mastroianni et Suso Cecchi d’Amico remonteront une version approchant des quatre heures et dix minutes d’origine.

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     Ludwig (Helmut Berger) c’est le portrait tragique du roi Louis II, devenu, à 19 ans, en 1864, roi de Bavière, royaume allemand encore autonome, entre la Prusse  et l'empire austro-hongrois. Sa rencontre avec Wagner (Trevor Howard),  la même année, va bouleverser l’existence de l’un et de l’autre. Le roi y trouvant une amitié et un sujet d’admiration, le compositeur un riche et puissant mécène contribuant à son succès. Epris de sa cousine l’impératrice Elisabeth d’Autriche (Romy Schneider) qui, comme Wagner, le décevra, il se fiance avec sa sœur Sophie (Sonia Petriva) avant de rompre les fiançailles puis de sombrer dans la solitude et la démence.

     Comment parler d’un film dont chaque plan est un tableau somptueux et dont chaque seconde est un hymne à la beauté qui imposent le silence ? Comment rendre hommage à ce chef d’œuvre fascinant ? Aucun mot sans doute ne pourra transcrire ce que les images de Visconti célèbrent magnifiquement, visuellement et musicalement. Dès les premiers plans, cela vous heurte et vous subjugue tout à la fois, et vous coupe le souffle : une magnificence visuelle tragique et ensorcelante. Le visage du roi, d’une beauté d’abord jeune mais grave et mélancolique déjà. Des scènes entrecoupées de plans fixes de témoins de l’Histoire et de son histoire qui s’expriment face à nous, le visage à demi dans la pénombre, voilé à l’image de la vérité que, sans doute, ils trahissent. Ils nous prennent alors à témoin de la folie de ce roi ou en tout cas de ce que eux appellent folie et ne pourront, de leur médiocrité, sans doute jamais comprendre : son goût des arts, de la beauté, de la liberté. Comment pourraient-ils comprendre ce roi épris de liberté et prisonnier des conventions de son rang ? Comment pourraient-ils comprendre ce roi si différent d’eux : homosexuel, esthète, amoureux de la liberté et des arts ?

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     Tandis que tout se décompose : son visage, son pays, son entourage, ses dernières illusions reste cette beauté inaltérable de l’art mais une beauté hantée déjà par la fatalité et la mort, une beauté douloureuse soulignée par la somptuosité des décors et des costumes. Des salons byzantins de  Neuschwanstein à la grotte de Linderhof aux galeries de miroirs de Herrenchiemsee, la caméra de Visconti, accompagnée de la musique de Wagner (Tannhäuser ; Tristan und Isolde) ou de Schumann (Kinderscenen), en caresse les lignes baroques, admirables, raffinées et extravagantes,  la beauté démesurée et tragique, nous émouvant aux larmes comme Ludwig l’est par la musique de Wagner.

     Si, malgré la décomposition du monde de ces dieux au crépuscule (le Crépuscule des dieux est le nom d'un drame musical de Wagner) qui l’entourait, la beauté était la dernière lueur  de l’espoir chez le Prince de Salina dans « Le Guépard », elle est ici désespérée mais non moins éblouissante, signe d’une immortalité impossible, ce à quoi les châteaux plus spectaculaires les uns que les autres que fit construire le roi ne changeront rien.  

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     Ludwig c’est donc Helmut Berger à la fois fragile et hautain, solitaire et exalté, puissant et perdu, en force et en retenue. Au fur et à mesure que les années s’écoulent, que les désillusions s’accumulent, que son idéalisme choit, le visage et le regard de l’acteur s’imprègnent de plus en plus de gravité, de déchéance, de noirceur mais il gagne aussi notre sympathie, nous, juges impuissants pris à témoin. Face à lui Romy Schneider prend sa revanche sur les Sissi, ce personnage candide et frivole dont elle a si longtemps voulu se détacher qu’elle incarne ici à nouveau mais tout en mystère, ambigüité. Impériale impératrice qui semble voler plus qu’elle ne marche tel un cygne noir, élégant, gracieux, sauvage qui ressemble tant (trop) au Ludwig des premières années.

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     Visconti, trois ans avant sa mort, comme un  écho testamentaire, nous livre une subtile mise en abyme qui interroge et illustre la beauté de l’art, une symphonie visuelle et sonore, un chant de désespoir, un film d’une flamboyance crépusculaire, une réflexion ardente et vertigineuse sur l’art, la solitude, la folie enchaînés douloureusement et sublimement sur la musique de Wagner, comme en une fatale étreinte. Un hymne à la beauté des corps et des âmes, fussent-elles (ou surtout car) torturées.  Un hommage à l’art. Au sien. A celui dont la beauté transcende ou isole. A celui qui perdra un roi, héros romantique, trop sensible, trop exalté, trop différent.  Le portrait d’un roi à son image, un opéra funèbre à la beauté inégalée, sombre et éblouissante, et qui lui procure ce qu’il a tant et mortellement désiré : des accents d’éternité.

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  • Critique de "Two lovers" de James Gray avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw...

    Alors que Joaquin Phoenix est actuellement à l'affiche du faux documentaire de Casey Affleck "I'm still here" (que je vous recommande et dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici), retrouvez ci-dessous ma critique de "Two lovers" de James Gray que j'ai revu dans le cadre du Festival Paris Cinéma 2011 où il était présenté en hommage à Isabelle Rossellini à qui le festival consacrait une rétrospective.

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     Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider,  un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.

    L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble  crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d'un trouble bipolaire (mais ce n'est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte  la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray  dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et  la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale,  mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes.  James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).

     Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d'une drôlerie désenchantée,  un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans  le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même "opposition" entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.

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  • Critique - "Harry Potter et les reliques de la mort - 2ème partie " de David Yates

    Le dernier film consacré à Harry Potter, à la fois tant attendu et redouté, sort donc aujourd'hui en salles en France après une gigantesque avant-première à Bercy hier soir.

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    Cliquez ici pour lire ma critique de "Harry Potter et les reliques de la mort" - 2ème partie

    A ne pas manquer également aujourd'hui "I'm still here" de Casey Affleck (cliquez ici pour lire ma critique)

    En salles également aujourd'hui les décevants "3 fois 20 ans" de Julie Gavras et le sans âme "Le Moine" de Dominik Moll (vidéo de la présentation du film par l'équipe, ci-dessous).

     

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