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FESTIVAL PARIS CINEMA 2011 - Page 2

  • "Monsieur Klein" de Losey avec Delon, Lonsdale... au Festival Paris Cinéma 2011 - Critique du film

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    Dans le cadre de l'hommage à Michael Lonsdale, le Festival Paris Cinéma projette quelques chefs d'oeuvre du septième art comme "La mariée était en noir" de Truffaut, "Monsieur Klein" de Losey et de grands films dont je vous reparlerai comme "Nelly et Monsieur Arnaud" de Claude Sautet.

    "Monsieur Klein" sera projeté dans le cadre du Festival Paris Cinéma, le dimanche 3 juillet à 13H50, le mercredi 6 juillet à 21H55,  et le samedi 9 juillet à 16H10 au cinéma Le Champo, dans le 5ème.

     Je vous encourage vivement à (re)voir ce classique incontournable. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page dédiée au film sur le site du festival et retrouvez ma critique du film ci-dessous. 

     En attendant, je vous laisse pour une intense première journée de festival avec pas moins de trois films à mon programme dont je vous livrerai le compte rendu ici, dès demain.

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    A chaque projection, ce film me terrasse littéralement tant ce chef d'œuvre est bouleversant, polysémique, riche, brillant, nécessaire. Sans doute la démonstration cinématographique la plus brillante de l'ignominie ordinaire et de l'absurdité d'une guerre aujourd'hui encore partiellement insondables.  A chaque projection, je le vois  et l'appréhende différemment. Ce fut à nouveau le cas hier soir. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore et que j'espère convaincre d'y remédier par cet article, récapitulons d'abord brièvement l'intrigue.

    Il s'agit de Robert Klein. Le monsieur Klein du titre éponyme. Enfin un des deux Monsieur Klein du titre éponyme. Ce Monsieur Klein-là, interprété par Alain Delon,  voit dans l'Occupation avant tout une occasion de s'enrichir et de racheter à bas prix des œuvres d'art à ceux qui doivent fuir ou se cacher, comme cet homme juif (Jean Bouise) à qui il rachète une œuvre du peintre hollandais Van Ostade. Le même jour, il reçoit le journal « Informations juives » adressé à son nom, un journal normalement uniquement délivré sur abonnement. Ces abonnements étant soumis à la préfecture et M.Klein allant lui-même signaler cette erreur, de victime, il devient suspect... Il commence alors à mener l'enquête et découvre que son homonyme a visiblement délibérément usé de la confusion entre leurs identités pour disparaître...

    La première scène, d'emblée, nous glace d'effroi par son caractère ignoble et humiliant pour celle qui la subit. Une femme entièrement nue est examinée comme un animal par un médecin et son assistante afin d'établir ou récuser sa judéité.  Y succède une scène dans laquelle, avec la même indifférence, M.Klein rachète un tableau à un juif obligé de s'en séparer. M.Klein examine l'œuvre avec plus de tact que l'était cette femme humiliée dans la scène précédente, réduite à un état inférieur à celui de chose mais il n'a pas plus d'égard pour son propriétaire que le médecin en avait envers cette femme même s'il respecte son souhait de ne pas donner son adresse, tout en ignorant peut-être la véritable raison de sa dissimulation affirmant ainsi avec une effroyable et sans doute inconsciente effronterie « bien souvent je préfèrerais ne pas acheter ».

    Au plan des dents de cette femme observées comme celles d'un animal s'oppose le plan de l'amie de M.Klein, Jeanine (Juliet Berto) qui se maquille les lèvres dans une salle de bain outrageusement luxueuse. A la froideur clinique du cabinet du médecin s'oppose le luxe tapageur de l'appartement de M.Klein qui y déambule avec arrogance et désinvolture, recevant ses invités dans une robe de chambre dorée. Il collectionne. Les œuvres d'art même s'il dit que c'est avant tout son travail. Les femmes aussi apparemment. Collectionner n'est-ce pas déjà une négation de l'identité, cruelle ironie du destin alors que lui-même n'aura ensuite de cesse de prouver et retrouver la sienne ?

    Cet homonyme veut-il lui  sauver sa vie ? Le provoquer ? Se venger ? M.Klein se retrouve alors plongé en pleine absurdité kafkaïenne où son identité même est incertaine. Cette identité pour laquelle les Juifs sont persécutés, ce qui, jusque-là,  l'indifférait prodigieusement et même l'arrangeait plutôt, ou en tout cas arrangeait ses affaires.

     Losey n'a pas son pareil pour utiliser des cadrages qui instaurent le malaise, instillent de l'étrangeté dans des scènes a priori banales dont l'atmosphère inquiétante est renforcée par une lumière grisâtre mettent en ombre des êtres fantomatiques, le tout exacerbé par une musique savamment dissonante...  Sa caméra surplombe ces scènes comme un démiurge démoniaque : celui qui manipule M.Klein ou celui qui dicte les lois ignominieuses de cette guerre absurde. La scène du château en est un exemple, il y retrouve une femme, apparemment la maîtresse de l'autre M.Klein (Jeanne Moreau, délicieusement inquiétante, troublante et mystérieuse) qui y avait rendez-vous. Et alors que M.Klein-Delon lui demande l'adresse de l'autre M.Klein, le manipulateur, sa maîtresse lui donne sa propre adresse, renforçant la confusion et la sensation d'absurdité.  Changement de scène. Nous ne voyons pas la réaction de M.Klein. Cette brillante ellipse ne fait que renforcer la sensation de malaise.

    Le malentendu (volontairement initié ou non ) sur son identité va amener Klein à faire face à cette réalité qui l'indifférait. Démonstration par l'absurde auquel il est confronté de cette situation historique elle-même absurde dont il profitait jusqu'alors. Lui dont le père lui dit qu'il est « français et catholique  depuis Louis XIV», lui qui se dit « un bon français qui croit dans les institutions ». M.Klein est donc  certes un homme en quête d'identité mais surtout un homme qui va être amené à voir ce qu'il se refusait d'admettre et qui l'indifférait parce qu'il n'était pas personnellement touché : « je ne discute pas la loi mais elle ne me concerne pas ». Lui qui faisait partie de ces « Français trop polis ». Lui qui croyait que « la police française ne ferait jamais ça» mais qui clame surtout : «  Je n'ai rien à voir avec tout ça. » Peu lui importait ce que faisait la police française tant que cela ne le concernait pas. La conscience succède à l'indifférence. Le vide succède à l'opulence. La solitude succède à la compagnie flatteuse de ses « amis ». Il se retrouve dans une situation aux frontières du fantastique à l'image de ce que vivent alors quotidiennement les Juifs. Le calvaire absurde d'un homme pour illustrer celui de millions d'autres.

    Et il faut le jeu tout en nuances de Delon, presque méconnaissable, perdu et s'enfonçant dans le gouffre insoluble de cette quête d'identité pour nous rendre ce personnage sympathique, ce vautour qui porte malheur et qui « transpercé d'une flèche, continue à voler ». Ce vautour auquel il est comparé et qui éprouve du remords, peut-être, enfin. Une scène dans un cabaret le laisse entendre. Un homme juif y est caricaturé comme cupide au point de  voler la mort et faisant dire à son interprète : « je vais faire ce qu'il devrait faire, partir avant que vous me foutiez à  la porte ». La salle rit aux éclats. La compagne de M.Klein, Jeanine, est choquée par ses applaudissements. Il réalise alors, apparemment, ce que cette scène avait d'insultante, bête et méprisante et  ils finiront par partir. Dans une autre scène, il forcera la femme de son avocat à jouer l'International alors que le contenu de son appartement est saisi par la police, mais il faut davantage sans doute y voir là une volonté de se réapproprier l'espace et de se venger de celle-ci qu'un véritable esprit de résistance. Enfin, alors que tous ses objets sont saisis, il insistera pour garder le tableau de Van Ostade, son dernier compagnon d'infortune et peut-être la marque de son remords qui le rattache à cet autre qu'il avait tellement méprisé, voire nié et que la négation de sa propre identité le fait enfin considérer.

    Le jeu des autres acteurs, savamment trouble, laisse  ainsi entendre que chacun complote ou pourrait être complice de cette machination, le père de M.Klein (Louis Seigner) lui-même ne paraissant pas sincère quand il dit « ne pas connaître d'autre Robert Klein », de même que son avocat (Michael Lonsdale) ou la femme de celui-ci (Francine Bergé) qui auraient des raisons de se venger, son avocat le traitant même de « minus », parfaite incarnation des Français de cette époque au rôle trouble, à l'indifférence coupable, à la lâcheté méprisable, au silence hypocrite.

    Remords ? Conviction de supériorité ? Amour de liberté ? Volonté de partager le sort de ceux dont il épouse alors jusqu'au bout l'identité ? Homme égoïste poussé par la folie de la volonté de savoir ? Toujours est-il que, en juillet 1942, il se retrouve victime de la   Raflé du Vel d'Hiv avec 15000 autres juifs parisiens. Alors que son avocat possédait le certificat pouvant le sauver, il se laisse délibérément emporter dans le wagon en route pour Auschwitz avec, derrière lui, l'homme  à qui il avait racheté le tableau et, dans sa tête, résonne alors le prix qu'il avait vulgairement marchandé pour son tableau. Scène édifiante, bouleversante, tragiquement cynique. Pour moi un des dénouements les plus poignants de l'Histoire du cinéma. Celui qui, en tout cas, à chaque fois, invariablement, me bouleverse.

    La démonstration est glaciale, implacable. Celle de la perte et de la quête d'identité poussées à leur paroxysme. Celle de la cruauté dont il fut le complice peut-être inconscient et dont il est désormais la victime. Celle de l'inhumanité, de son effroyable absurdité. Celle de gens ordinaire qui ont agi plus par lâcheté, indifférence que conviction.

    Losey montre ainsi froidement et brillamment une triste réalité française de cette époque,  un pan de l'Histoire et de la responsabilité française qu'on a longtemps préféré ignorer et même nier. Sans doute cela explique-t-il que « Monsieur Klein » soit reparti bredouille du Festival de Cannes 1976 pour lequel le film et Delon, respectivement pour la palme d'or et le prix d'interprétation, partaient pourtant favoris. En compensation, il reçut les César du meilleur film, de la meilleure réalisation et  des meilleurs décors.

    Ironie là aussi de l'histoire (après celle de l'Histoire), on a reproché à Losey de faire, à l'image de Monsieur Klein, un profit malsain de l'art en utilisant cette histoire mais je crois que le film lui-même est une réponse à cette accusation (elle aussi) absurde.

    A la fois thriller sombre, dérangeant, fascinant, passionnant ; quête de conscience et d'identité d'un homme ; mise en ombres et en lumières des atrocités absurdes commises par le régime de Vichy et de l'inhumanité des français ordinaires ; implacable et saisissante démonstration de ce que fut la barbarie démente et ordinaire,  « Monsieur Klein » est un chef d'œuvre aux interprétations multiples que la brillante mise en scène de Losey sublime et dont elle fait résonner le sens et la révoltante et à jamais inconcevable tragédie ... des décennies après. A voir et à revoir. Pour ne jamais oublier...

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  • Ouverture du 9ème Festival Paris Cinéma par Charlotte Rampling et projection de « Polisse » de Maïwenn

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    Hier soir, devant une salle comble, au Gaumont Opéra, Charlotte Rampling a déclaré ouvert le 9ème Festival Paris Cinéma avant que soit projeté en avant-première « Polisse » de Maïwenn, en présence de la réalisatrice et d’une partie de l’équipe du film, mais aussi de Michel Ocelot et de Michael Lonsdale à qui le festival rendra hommage et consacrera une rétrospective.

    Un festival qui, à l’image de sa cérémonie d’ouverture, n’oublie pas que la star de ce festival c’est le cinéma et non les organisateurs avant tout là pour mettre en avant les films et les artistes venus les présenter. Pour moi, c’était aussi l’occasion de revoir le film de « Maïwenn » vu une première fois à Cannes lors de sa présentation en compétition (un des quatre films réalisés par une réalisatrice figurant cette année en compétition) parmi un public moins excessif et versatile et loin de l’exaltation frénétique de la Croisette où il est de bon ton de haïr ou d’adorer, de détruire ou d’encenser sans nuances.

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    Vous trouverez ci-dessous ma critique revue et corrigée suite à cette deuxième projection et à partir de samedi, un an après ma participation au jury blogueurs du festival, et comme chaque année, je vous ferai vivre ici les grands évènements de cette édition 2011. Sachez  également que le festival propose une autre ouverture avec la nuit du cinéma, du 2 au 3 juillet, au Forum des Images.

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    « Polisse » est le troisième long métrage de Maïwenn  après « Pardonnez-moi » (2006) et « Le bal des actrices » (2009).  J’étais restée particulièrement sceptique devant «Le  Bal des actrices » , film sur les masques et  les mensonges des actrices  dans lequel Maïwenn nous impose sa propre vérité, un bal dont elle est la reine et la manipulatrice, un bal dans lequel le cinéma est montré comme un théâtre masqué, un monde de faux-semblants dans lequel les actrices sont toutes malheureuses, narcissiques, prétentieuses et pour se dédouaner de s'être attribuée le beau rôle, Maïwenn lors d'une scène finale (lors de laquelle toutes les actrices sont réunies pour voir son documentaire) devance toutes les critiques, ses actrices lui adressant les reproches que pourrait lui faire la critique. Bref, je craignais le pire avec le sujet ô combien sensible de ce troisième long métrage.

     Connaissant l’intrigue et le dénouement, j’étais curieuse de voir si je serais à nouveau embarquée, touchée, parfois agacée… et je dois avouer qu’à cette deuxième vision l’émotion, surtout, était tout autant au rendez-vous qu’à la première.

    Synopsis : « Polisse » suit le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) : gardes à vue de pédophiles,  arrestations de pickpockets mineurs, auditions de parents maltraitants, dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables. En parallèle, Maïwenn montre les répercussions sur la vie privée de chacun de ces policiers et l’équilibre précaire entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Mélissa ( Maïwenn) est mandatée par le Ministère de l’Intérieur pour réaliser un livre de photos sur la brigade. Ce regard va révéler les fêlures de Fred (Joeystarr), le plus écorché vif de la brigade.

    Les premières minutes nous montrent une petite fille décrivant avec sa candeur enfantine les attouchements que son père lui a ou aurait fait subir (nous ne saurons pas vraiment). Quelques scènes plus tard, nous retrouvons les policiers de la BPM qui, à la cantine, racontent leurs histoires de couples, avec une certaine crudité, à la fois pour désamorcer la violence de ce qu’ils entendent au quotidien, mais aussi parce que cette violence a des répercussions inévitables sur leur vie privée.

      C’est avant tout eux que la caméra de Maïwenn va suivre, nous immergeant dans leur douloureux quotidien. Douloureux parce que difficile d’entendre des horreurs toute la journée et de ne pas en ressortir écorché, voire blessé, ou même meurtri. Douloureux parce que la vie privée devient chaotique quand la vie professionnelle est aussi rude et vorace, et exige un tel dévouement dont il est impossible de ressortir indemne. Douloureux parce que les blessures des autres ravivent les leur.

    Lors de la première projection à Cannes, je vous avais dit avoir été partagée entre émotion et scepticisme, agacement et admiration mais j’avoue que cette fois l’émotion et l’admiration ont dominé. Emotion parce que la caméra de Maïwenn capte et esquisse admirablement des portraits de pères, de mères, d’hommes, de femmes, d’enfants, désemparés face à la douleur indicible mais aussi la glaçante épouvante de ceux qui avouent les pires horreurs avec le sourire et une terrible « innocence », inconscients de celle qu’ils ont bafouée (Terrifiante déclaration du personnage d’Audrey Lamy inspirée comme tous les autres faits de ce film, de faits réels). Emotion parce qu’il est impossible de rester insensible devant, par exemple, cette scène douloureusement réaliste de cet enfant arraché à sa mère parce qu’il est impossible de leur trouver un foyer à tous deux. Emotion lorsque par un frôlement de main, une danse d’abandon, surgit une tendresse si longtemps contenue. Emotion parce que la scène finale d’une logique tragiquement implacable vous saisit d’effroi.

    Admiration parce que Maïwenn en quelques plans, parfois juste le temps d’une déclaration à la police, nous raconte toute une histoire, un passé sombre et un avenir compromis. Admiration parce qu’elle tire des acteurs et surtout actrices, le meilleur d’eux-mêmes : Sandrine Kiberlain bouleversante,  Karin Viard insaisissable, touchante puis presque effrayante,  et que dire de Marina Foïs, remarquable dans le rôle de ce personnage de policier, le plus intéressant, abimé, fragile, désorienté. Même Joeystarr dont la prestation dans « Le bal des actrices » ne m’avait pas convaincue, est ici particulièrement touchant dans son rôle de flic bourru au cœur tendre qui s’implique émotionnellement dans chaque « cas ».

    Alors pourquoi étais-je aussi sceptique et agacée suite à la projection cannoise ? Sceptique parce que le personnage qu’incarne Maïwenn qui se cache derrière ses grandes lunettes, son chignon, qui passe des beaux quartiers aux quartiers plus populaires, semble une nouvelle fois une manière de se dédouaner, de se donner le beau rôle, de se mettre en scène sans que cela soit forcément nécessaire. Il faut avouer que, suite à cette deuxième projection, j’ai trouvé que son personnage qui certes parfois sourit un peu trop béatement, apporte une certaine fraîcheur, un regard extérieur et est une vraie trouvaille scénaristique pour permettre au personnage de Joeystarr d’évoluer et de révéler une autre facette de sa personnalité. C’est aussi un moyen d’explorer à nouveau la mise en abyme.  C'est d’ailleurs après avoir vu un documentaire à la télévision sur le travail des policiers chargés de protéger les mineurs, qu'elle a eu l'idée d'en faire un film.

     Agacée par ce style faussement réaliste (Lors de la conférence de presse des lauréats à Cannes, Maïwenn s’est énervée suite à la question d’un journaliste qui, à propos de son film, parlait de style semi-documentaire) qui recrée une réalité et forcément l’édulcore pour faire surgir une réalité qui forcément n’en est pas totalement une. Agacée parce que Maïwenn par moments semble nous refaire « Le bal des actrices » et plus soucieuse de leurs performances que du réalisme (peut-être aurait-il été plus judicieux d’utiliser uniquement des comédiens inconnus) mais après cette deuxième projection, je reconnais que tous les acteurs sans exception, sont absolument remarquables et que Maïwenn est incontestablement douée pour la direction d’acteurs sachant tirer ici le meilleur de chacun (les « témoignages » d’anonymes sont saisissants).

    Agacée parce que parfois la caméra s’attarde un peu trop, et nous prend en otage, ou parce que parfois elle semble privilégier ou du moins hésiter entre l’effet de style ou l’émotion et le réalisme (comme la scène des enfants qui dansent dans le bus). Agacée parce que, à l’image de son titre, cela frôle alors l’artificiel. Polisse écrit par un enfant. Polisse mais surtout pas « policé ». Polisse parce qu’il y avait déjà le PoliCe de Pialat.

    Avec ce troisième film, Maïwenn veut à nouveau faire surgir la vérité, « peindre les choses cachées derrière les choses » pour reprendre une célèbre réplique d’un non moins célèbre film de Marcel Carné. En voulant parfois trop mettre en valeur ses actrices (ou elle-même), elle nuit justement à cette vérité nous rappelant trop souvent que « c’est du cinéma », alors qu’elle retranscrit malheureusement surtout une sombre réalité. Il n’en demeure pas moins que c’est un bel hommage à ces policiers de la BPM, à leur dévorant métier et leur dévouement,  un constat effroyable sur la noirceur humaine, et il n’en demeure pas moins que la fin est bouleversante de beauté tragique et de lyrisme dramatique : ces deux corps qui s’élancent, et font éclater ou taire la vérité, inadmissible, et éclater ou taire l’espoir. Un film agaçant, intense, marquant, bouleversant, parfois même (sombrement) drôle.

    A cette deuxième vision, la qualité de la réalisation (caméra nerveuse qui épouse la tension palpable), et surtout l’écriture m’ont particulièrement marquée, sans doute la raison pour laquelle Maïwenn condamnait cette définition de semi-documentaire. Le film est extrêmement construit, les dialogues sont particulièrement efficaces et sans doute certains les trouveront trop écrits, en contradiction avec l’impression de réalisme auquel ils ne nuisent néanmoins pas. Chaque scène de chaque personnage, qu’il soit au premier ou au second plan, dit quelque chose du dénouement concernant ce personnage et il faut dire que Maïwenn et sa coscénariste Emmanuelle Bercot manient brillamment le film choral aidées par un brillant montage qui fait alterner scènes de la vie privée et scènes de la vie professionnelle, les secondes révélant toujours quelque chose sur les premières, ces deux familles se confondant parfois. Pialat, Tavernier, Beauvois, Marchal avaient chacun à leur manière éclairer une facette parfois sombre de la police. Il faudra désormais compter avec le « Polisse » de Maïwenn dont le prix du jury cannois était en tout cas entièrement justifié.

    Cliquez ici pour lire le compte rendu de la conférence de presse cannoise de « Polisse ».

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    Quelques temps forts du Festival Paris Cinéma à ne pas manquer samedi :  les films de Jerzy Skomilowski  au Nouveau Latina, les films de Michael Lonsdale au Champo (vous pourrez notamment –re- voir l’excellent « La mariée était en noir » de Truffaut), la rétrospective Don Siegel au Grand Action.  Vous pourrez voir ou revoir « Two lovers » de James Gray au mk2 Bibliothèque. Parmi les avant-premières, à 19H au mk2 Bibliothèque, vous pourrez voir « La fée » encensé suite à ses projections aux Festivals de Cannes et Cabourg. Pour les informations pratiques rendez-vous sur pariscinema.org.

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  • Ce soir, ouverture du Festival Paris Cinéma 2011 avec "Polisse" de Maïwenn

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    polisse68.jpgL'an passé, c'est Woody Allen, avec son réjouissant "You will meet a tall dark stranger", qui avait fait l'ouverture du Festival Paris Cinéma.

    Cette année, ce soir, pour la 9ème édition du festival, ce sera au tour de Maïwenn avec "Polisse", prix du jury du dernier Festival de Cannes (dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici et mon résumé de la conférence de presse cannoise en cliquant là.  ) au cinéma Gaumont Opéra.

    L'ouverture officielle pour le public aura lieu le 2 juillet.

    Vous pourrez, dès ce soir, retrouver ici le récit de cette ouverture et vous pourrez suivre l'intégralité de ce festival sur inthemoodforcinema.com .

    Retrouvez mes précédents articles sur le festival en cliquant ici (conférence de presse etc).

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  • Composition du jury du Festival Paris Cinéma 2011

    pariscine6.jpgAprès le Festival du Film de Cabourg que vous pourrez suivre ici en direct à partir de demain, c'est le Festival Paris Cinéma que vous pourrez suivre en direct sur ce blog, du 30 juin au 13 juillet.

    Le jury de la compétition internationale vient d’être annoncé. Il sera composé des comédiens Pauline Lefèvre,  Lubna Azabal et Mathieu Demy, des réalisateurs Thierry Jousse et Gilles Marchand.

    C’est « Polisse » de Maïwenn (prix du jury du dernier Festival de Cannes) qui fera l’ouverture du festival.

     Cliquez ici pour retrouver tous mes articles consacrés au Festival Paris Cinéma 2011 et notamment mes vidéos et mon compte rendu de la conférence de presse du festival.

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  • "Polisse" de Maïwenn (prix du jury du Festival de Cannes 2011) en ouverture du Festival Paris Cinéma 2011

     

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    polisse68.jpgL'an passé, c'est Woody Allen, avec son réjouissant "You will meet a tall dark stranger", qui avait fait l'ouverture du Festival Paris Cinéma.

    Cette année, ce sera au tour de Maïwenn avec "Polisse", prix du jury du dernier Festival de Cannes dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici et mon résumé de la conférence de presse cannoise en cliquant là.  

    L'ouverture aura lieu le 30 juin au soir et l'ouverture officielle au public du festival le 2 juillet.

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  • Bande-annonce du Festival Paris Cinéma 2011

    Vous découvriez, ici, avant-hier, en avant-première le programme du Festival Paris Cinéma 2011 dont je vous rappelle que vous pourrez le suivre en direct sur ce blog. En attendant, découvrez la bande-annonce 2011 ci-dessous.

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  • Programme et vidéos de la conférence de presse du Festival Paris Cinéma 2011

     

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    (D'autres vidéos viendront compléter cet article dans la soirée)

     

    pariscinema23.jpgAlors que le Festival de Cannes a délivré son palmarès il y a une semaine (retrouvez mon bilan complet de ce 64ème Festival de Cannes publié hier, en cliquant ici), ce matin, à la Mairie de Paris, avait lieu la conférence de presse du Festival Paris Cinéma 2011 dont j’étais membre du jury blogueurs l’an passé (retrouvez tous mes articles consacrés à l'édition 2010 en cliquant ici) et que je suis assidûment depuis sa création. Cette année le festival célèbrera (déjà !) sa 9ème édition avec une programmation particulièrement riche avec d’ailleurs au programme de nombreux films sélectionnés au dernier Festival de  Cannes à commencer par le film d’ouverture, « Polisse » de Maïwenn (prix du jury du Festival de Cannes 2011),  « La Piel que habito » de Pedro Almodovar (en compétition de ce Festival de Cannes 2011 et oublié du palmarès), « Melancholia » de Lars von Trier (mon coup de cœur du Festival de Cannes 2011 qui a valu le prix d’interprétation féminine à Kirsten Dunst), « Michael » de Markus Schleinzer ( premier film en compétition) , « We need to talk about  Kevin » de Lynne Ramsay (également en compétition)…

    Parmi les autres avant-premières, d’autres films très attendus : « Le Moine » de Dominik Moll en clôture, « 3 fois 20 ans » de Julie Gavras, « Un amour de jeunesse » de Mia Hansen-Love, « Les Contes de la nuit » de Michel Ocelot…

     Egalement comme chaque année au programme les « ressorties de l’été » (une quinzaine de chefs d’œuvre de l’histoire du cinéma en copies neuves) avec, notamment, au programme : « Brève rencontre » de David Lean, « Moby Dick » de John Huston, « Nashville » de Robert Altman, « Portrait d’une enfant déchue » de Jerry Schatzberg, « Le Voleur » de Louis Malle…

    Comme chaque année également le festival consacrera des hommages et rétrospectives à des grands noms du 7ème art avec : un hommage à Isabella Rossellini, (en sa présence), un hommage à Michael Lonsdale (en sa présence), un hommage à Gael Garcia Bernal (en sa présence), une intégrale Jerzy Skolimowski (en sa présence), un hommage à Michel Ocelot (en sa présence), une rétrospective Don Siegel.

    Après le Brésil, la Corée, le Liban, les Philippines, la Turquie, le Japon, le Festival mettra cette année le Mexique à l’honneur avec des avant-premières , des documentaires, des courts-métrages et des longs-métrages, un hommage à Gael Garcia Bernal, un focus sur Nicolas Pereda en sa présence, un focus sur Gabino Rodriguez, un focus sur Nicolas Echevarria en sa présence, une quinzaine de films américains œuvres majeures du western ou films plus récents qui jouent avec les conventions du genre  et qui mettent en scène ce pays, une table ronde à la BNF « De l’image à la parole : les Indiens et le Cinéma Mexicain », un ciné-concert « Les Proies du vampire ».

    Toujours incontournable, la compétition internationale : un panorama inédit de la création indépendante contemporaine, une sélection de 8 longs-métrages parmi plus de 1300 films en provenance du monde entier. Pour la 2ème année consécutive sera décerné le prix des blogueurs (requalifié prix des blogueurs et du web cette année), mais également le prix du public, le prix du jury professionnel (les noms du jury professionnel seront dévoilés début juin),  le prix du public, le prix des étudiants. Notamment au programme de cette compétition le très beau film de Valérie Donzelli « La guerre est déclarée » dont je vous ai déjà parlé lors de sa projection dans le cadre de la Semaine de la Critique du 64ème Festival de Cannes.

    Parmi les autres évènements de cette édition 2011 : le 25ème anniversaire de Pixar avec notamment une master class exceptionnelle avec Julien Schreyer, directeur technique de la mise en lumière au sein du studio Pixar et de Cars 2, le 7 juillet mais aussi une avant-première exceptionnelle de « Cars 2 », une rétrospective  et 2 courts-métrages inédits.

    A voir également la séance spéciale « The look, un autoportrait à travers les autres » d’Angelica Maccarone, un portrait inédit de Charlotte Rampling entre Paris, Londres et New York dessiné à travers ses rencontres et ses discussions avec des artistes et des proches tels que Paul Auster, Peter Lindbergh ou Juergen Teller.

    Comme chaque année, le festival proposera également la Brocante cinéma ( le samedi 9 et dimanche 10 juillet, de 9H à 20H), Paris project (plateforme de coproduction internationale), le ciné-karaoké géant et le bal en fête de clôture au centquatre (le 13 juillet de 22h à 3h), la nuit du cinéma du samedi 2 au dimanche 3 juillet de 19H30 au petit matin avec la nuit du porno japonais, la nuit filipino fever, la nuit cinéma bis Mexicain, la nuit Femmes vampires.

    Seront présents au festival : Isabella Rossellini, Michael Lonsdale, Gael Garcia Bernal, Jerzy Skolimowski, Michel Ocelot, Lisa Aschan, Denis Coté, Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Koji Fukada, Maryam Keshavarz, Leïla Kilani, Marie Losier, Paula Markovich, Charlotte Rampling, Serge Halimi, Jean-Hugues Anglade, Tristan Aurouet, Rob Brydon, Vincent Cassel, Laëtitia Casta, Marie-Ange Casta, Steve Coogan, Lola Creton, Audrey Dana, Julie Gavras, Julie Gayet, Fiona Gordon, Mia Hansen-Love, Baya KAsmi, Maïwenn, Dominik Moll, Sam Shepard, Athina Rachel Tsangari, Gael Garcia Bernal, Nicolas Echevarria, Marta Ferrel, Sarah Minter, Nicolas Pereda, Gabino Rodriguez, Gianfranco Rosi, Juan Carlos Rulfo, Jackie Berroyer…

    Informations et accueil

    Du samedi 25 juin au mardi 12 juillet 2011, de 11h30 à 22h

    Espace Paris Cinéma - MK2 Bibliothèque

     informations 01 44 24 25 39

     e-mail info@pariscinema.org

     site www.pariscinema.org

     métro Bibliothèque François-Mitterrand (ligne 14 / RER C), Quai de la Gare (ligne 6)

     bus N°62, 89 ou 132

     Tarifs Les cartes de fidélité (UGC illimité, Gaumont, Tirelire du Forum des images…), habituellement acceptées par les salles de cinéma, sont valables sur les séances du festival.

     Séance : 5€ / 4€ pour les moins de 12 ans

     Entrée libre pour les porteurs du Paris CinéPass

     Les billets sont en vente uniquement dans la salle où est programmée la séance. Certaines salles permettent la réservation à l’avance des billets.

     Entrée libre pour les soirées événementielles au CENTQUATRE, la Brocante Cinéma, l’exposition de photographies sur le parvis du MK2 Bibliothèque, et les leçons de cinéma / masterclass de la Bibliothèque Nationale de France.

     Paris CinéPass :  Carte nominative permettant l’accès à toutes les séances du festival, dans la limite des places disponibles. Elle ne constitue pas un coupe-file et ne donne pas droit à une entrée prioritaire dans la salle. Son détenteur doit impérativement retirer un billet aux caisses de la salle où est programmée sa séance. A l’entrée de la salle, présenter impérativement au contrôle le billet d’entrée avec le Paris CinéPass nominatif. Informations pass@pariscinema.org

     Le festival en direct sur  www.pariscinema.org  et bien sûr sur www.inthemoodforcinema.com

    Pour tout connaître du programme, des modifications de dernière minute, et suivre le festival en direct dès le 3 juillet : interviews, reportages, photos...

    m.pariscinema.org

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL PARIS CINEMA 2011 Pin it! 0 commentaire