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FESTIVAL DE CANNES 2011 - Page 4

  • Festival de Cannes 2011, troisième jour : du pathétique au sublime

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    C’est seulement mon troisième jour à Cannes et, déjà, je réalise que j’oublie de laisser le temps au temps, que je me laisse entraîner par l’insatiable frénésie cannoise, que je passe de films en soirées, de soirées en concerts, de concerts en films, de films en conférences de presse oubliant déjà qu’existe un ailleurs hors de ce petit microcosme qui ne vit qu’au prétexte du cinéma. J’avais oublié que Cannes peut passer du pathétique au sublime d’une seconde à l’autre. J’avais oublié qu’ici il faut jouer un rôle, que le silence et le mystère y sont bannis. Mais je n’avais pas oublié ces palpitations à chaque fois qu’une projection commence et qui éclipsent tout le reste.  Alors, je vais laisser le pathétique, l’excentrique et le vain, pour vous parler du sublime (et puis surtout je vous ai déjà parlé du pathétique, longuement, dans mon édito, ici). Le sublime c’est une projection à la Semaine de la critique, celle du deuxième film de l’actrice réalisatrice Valérie Donzelli « La guerre est déclarée » (retrouvez ma critique de son premier film « La reine des pommes », ci-dessous) inspiré du combat qu’elle a menée avec son compagnon contre la maladie de son fils.  Une déclaration de guerre mais surtout d’amour. Un hymne à la vie, au courage, à la fugacité du bonheur, un film plein de douce fantaisie, avec une inspiration toujours très truffaldienne, et jamais mièvre. Un film bouleversant. Justement parce que je ne veux pas trahir mes impressions ni la beauté subtile et sensible de ce film, je ferai ma critique ultérieurement, avec le recul nécessaire pour l’appréhender.  Savourer plutôt qu’ingurgiter même si l’inverse est plus à la mode ici. En guise de teaser, vous trouverez ci-dessous l’intégralité du débat qui a suivi le film que j’ai filmé hier après-midi. Sur scène, vous y découvrirez une animatrice inattendue… Je vous laisse avec cette vidéo qui se passe de commentaires.

    D’autres aventures m’attendent…à suivre demain sur le blog et en direct sur mon compte twitter spécial Cannes http://twitter.com/moodforcannes . Retrouvez-moi également aujourd’hui sur France info et dans le documentaire « Tous critiques » diffusé sur France 3 Méditerranée et France 3 Côte d'Azur à 15H50 (puis ensuite sur d’autres chaines, je vous en reparlerai).

    Je vous parlerai également ultérieurement de « Footnote » de Joseph Cedar, film en compétition officielle vu hier soir, comédie maligne à la mise en scène inspirée et parfois même décalée, et beaucoup plus universelle que son thème pourrait le laisser entendre.  (Synopsis : Les Shkolnik sont chercheurs de père en fils. Alors qu’Eliezer Shkolnik, professeur puriste et misanthrope a toujours joué de malchance, son fils Uriel est reconnu par ses pairs. Jusqu’au jour où le père reçoit un appel : l’académie a décidé de lui remettre le prix le plus prestigieux de sa discipline. Son désir de reconnaissance éclate au grand jour.)

     Et deux petites vues de la plage Majestic 64 pour terminer.

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    Critique de "La reine des pommes" de Valérie Donzelli

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    Adèle (Valérie Donzelli) une jeune trentenaire se fait quitter par Mathieu (Jérémie Elkaïm), l'amour de sa vie. Anéantie, suffoquée, Adèle ne pense plus qu'à une chose : mourir. Rachel (Béatrice de Staël), une cousine éloignée, la prend en charge. Elle décide d'aider Adèle en essayant de lui trouver du travail, de lui redonner goût à la vie et de la conseiller sentimentalement. Son principal conseil : coucher avec d'autres hommes afin de désacraliser cette histoire. Ce sera Pierre, Paul et Jacques (dans les trois cas, Jérémie Elkaïm).

    Adèle donc. Déjà tout un programme truffaldien, Truffaut à qui Valérie Donzelli n'emprunte pas seulement le nom d'une de ses héroïnes mais aussi une tristesse désinvolte, un ton ludique, une légèreté, une narration, un personnage décalé et anachronique à la Antoine Doinel, un jeu agréablement suranné à la Jean-Pierre Léaud. Ajoutez à cela un marivaudage qui relève de Rohmer, des passages en-chantés, enchanteurs à la Demy et une note d'Agnès Varda ou d'Emmanuel Mouret et vous obtiendrez un premier film aussi singulier qu'attachant. Ces multiples références assumées et même proclamées auraient pu alourdir et plomber l'ensemble, et nous agacer mais Valérie Donzelli a l'intelligence de ne pas se prendre au sérieux et de se tourner en ridicule juste à temps pour que son film ne le soit pas. Loin de là !

    Avec un  sujet galvaudé, grâce à un ton et un personnage burlesques, à des situations cocasses, à des dialogues décalés, Valérie Donzelli nous emporte dans sa comédie légère aux airs de Nouvelle Vague rafraîchissante et dans son univers (scénariste, réalisatrice, actrice, elle a aussi composé, écrit, interprété la musique du film).

     La légèreté des moyens rend service au sujet puisque le même acteur interprète tous les hommes que rencontre Adèle, tous les hommes en qui elle voit celui qu'elle a perdu, qu'ils s'appellent (avec beaucoup d'ironie) Pierre, Paul ou Jacques.

    Seule la fin, à new York (où Adèle a un nouveau regard sur un nouveau monde, quand la reine des pommes se retrouve dans la grosse pomme) redevient sérieuse là où le film aurait peut-être gagné à rester dans le décalage et la légèreté.

    Sélectionné à la Quizaine des réalisateurs pour son court-métrage « Il fait beau dans la plus belle ville du monde »,  avec « La Reine des pommes » Valérie Donzelli a reçu le prix du public du festival d'Angers.

    Un film fantaisiste, attachant, parfois même touchant qui sort du cadre formaté des comédies habituelles et on aurait bien tord de s'en priver et de ne pas se laisser enchanter par cet air connu et joliment singularisé.

    Remarque :  Les plus cinéphiles s'amuseront à reconnaître Serge Bozon, Dominik Moll et Gilles Marchand.

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  • Remise des Audi Talent Awards et concert de Craig Armstrong, Micky Green...

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    Avant-hier soir suite à  la remise des Audi Talent Awards catégories musique et court-métrage attribués respectivement à Pascal Lengagne et Dominique Rocher (en présence de Lambert Wilson, Gilles Lellouche, Patrice Leconte...) a eu lieu un live ensorcelant  Craig Armstrong après Micky Green: quelques images et une vidéo...  qui vous donneront un tout petit aperçu avant que je vous livre d'autres vidéos.

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  • Festival de Cannes 2011 - Conférence de presse de « Polisse » de Maïwenn avec Joeystarr, Emmanuelle Bercot, Marina Foïs, Sandrine Kiberlain, Nicolas Duvauchelle, Jérémie Elkaïm…

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    Pour ceux qui ne sont pas à Cannes (mais aussi pour les autres), cette année plus que jamais, j’ai décidé de vous permettre de vivre les différents aspects de ce festival et donc également les conférences de presse.

    Hier midi avait lieu la conférence de presse de « Polisse » de Maïwenn, film figurant en compétition officielle, en présence de l’équipe au grand complet (retrouvez ma critique du film en cliquant ici). C’est aussi cela Cannes pour les équipes de films : le marathon journalistique et les conférences de presse qui peuvent parfois se révéler tendues en raison des enjeux. La conférence était présentée par Jean-Pierre Lavoignat. La fébrilité et l’anxiété, comme souvent dans les conférences de presse cannoises, étaient palpables (même si un(e)membre de l’équipe a essayé de détendre l’atmosphère avec son humour pince sans-rire et qu’un autre semblait un peu ailleurs et las sauf pour désapprouver certaines questions, je vous laisse deviner de qui il s’agit).

    Cette conférence a ainsi été l’occasion pour Maïwenn d’évoquer ses motivations en choisissant ce sujet : « ce qui m’a transcendée, c’est le thème de l’enfance, point commun entre mes films. » Sur la défensive, et s’avouant impressionnée, Maïwenn a en tout cas montré une vraie connaissance de son sujet et une véritable empathie pour ces policiers « qui ne restent jamais plus de 10 ans à la Brigade des mineurs ».

     « Ce qui motivait les enfants, c’est lorsque je leur disais qu’il s’agissant d’histoires vraies a-t-elle ajouté. Ce sont des choses très pures et dignes qui les poussaient à jouer. » Concernant les dialogues très crues sur la sexualité, entre les membres de la brigade des mineurs lors de leurs moments de pauses, c’est « un moyen de décompresser ». « Les policiers de la brigade des mineurs ont en tout cas tous des raisons personnelles d’être dans cette brigade ». Maïwenn est également revenue sur son rôle dans le film : « ce n’est pas quelque chose que j’ai bien vécu de jouer dans ce film et ce personnage est très renfermé, en contradiction avec l’énergie que nécessite la réalisation  et ce n’est pas un rôle que j’aurais dû jouer, », « C’est une erreur de casting ».

     Maïwenn a répondu à une question sur le nombre de femmes en compétition cette année à Cannes : « Je trouverais ça déplorable qu’il y ait des quotas de femmes. », « C’est très dur sur un plateau. C’est un milieu très masculin. C’est difficile d’être face à des financiers parfois misogynes. »

    Vient ensuite une question pour Joeystarr, un journaliste lui demandant si son personnage de policier a changé son regard sur la police, question à laquelle l’intéresse n’a pas répondu (ou si, par quelques onomatopées).

     Maïwenn s’est dit « frappée de voir que le soir ces policiers ne voulaient pas se quitter. »

    Elle a également évoqué la fin du film « seul moment du film où grâce à la parole et un pardon on comprend qu’un enfant peut se reconstruire. », l’occasion aussi de raconter l’histoire réelle (glaçante) qui lui a inspiré l’histoire de ce petit garçon.

     Sur ses inspirations : « Je crois que j’aime bien Tavernier mais je crois que je préfère Maurice Pialat. C’est surtout les documentaires qui m’ont aidée. »

     Marina Foïs a évoqué la travail de Maïwenn en tant que réalisatrice : « Elle nous fait croire que nous allons inventer ce qui se passe. » Pour Karin Viard, « sa méthode est sans chichis et très direct ». Maïwenn l’a d’ailleurs montré lors de la conférence qualifiant de « scolaire » l’aide d’Emmanuelle Bercot…avant de se rattraper. Pour Sandrine Kiberlain, il n’y a pas « la frontière habituelle », cela l’a aidée à ce qu’il n’y ait pas « le rituel » habituel.

    Maïwenn a également précisé que, pendant le tournage elle était constamment accompagnée d’une psychologue et par une personne de la Dass, qu’elle devait respecter le texte scrupuleusement pour les enfants et qu’elle « n’aurait pu se regarder en face » si elle ne l’avait pas fait en raison d’éventuelles séquelles ultérieures pour les enfants.

    Emmanuelle Bercot a évoqué son admiration pour le « détachement absolu » de Maïwenn, sa « liberté qui a quelque chose de très exaltant ».

     En préambule, j’évoquais les enjeux de Cannes, le producteur Alain Attal a justement répondu à une question à ce sujet. Pour lui « il n’y a pas d’enjeu, c’est une joie énorme » car « c’est un film qui ne peut pas passer sur les chaînes hertziennes traditionnelles » mais il a admit que « les enjeux nous rattrapent. » en parlant de « l’exposition mondiale  pour le film. » Il a également évoqué son admiration pour Maïwenn la remerciant de l’avoir « choisi ».

     
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  • Vidéo - Concert de Craig Armstrong - Audi Talent Awards

    Le temps me manque  pour vous raconter ce beau moment et pour publier mes photos et vidéos du concert de Craig Armstrong  accompagné de Andrea Corr, David McAlmont, et Micky Green. Je vous livrerai également le palmarès des Audi Talent Awards. En attendant mes autres vidéos et photos, en guise de teaser, un petit extrait d'une de mes vidéos prises hier soir. Magique, non?

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  • Cannes depuis la Terrasse du Club by Albane - Roof top du Palais Stéphanie / JW Marriott

    Hier soir, après la projection du film de Maïwenn (dont je vous parle tout de suite après cet article), j'étais invitée à la très prisée terrasse du Club by Albane, sur le Roof top du Palais Stéphanie / JW Marriott, pour les 5 ans de la marque Belvédère. Il faut dire que la vue y est à couper le souffle surplombant la frénésie cannoise tout en permettant de ne pas en subir les inconvénients. Pour une fois, je vais laisser la place aux images...

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  • Critique de « Polisse » de Maïwenn – Compétition officielle du Festival de Cannes 2011

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    Cliquez ici pour lire ma nouvelle critique du film "Polisse" (plus complète) suite à sa projection en ouverture du Festival Paris Cinéma 2011.

    Hier après-midi, j’ai assisté à ma première projection d’un film en compétition de cette édition cannoise 2011, un film français, un des 4 films de cette compétition 2011 réalisé par une femme, en l’occurrence Maïwenn qui présentait son 3ème long métrage  après « Pardonnez-moi » (2006) et « Le bal des actrices » (2009), pour sa première sélection cannoise. Je vous avais dit la semaine dernière à quel point je n’avais pas aimé son « Bal des actrices » (retrouvez ma critique, ici),  film sur les masques et  les mensonges des actrices  dans lequel Maïwenn nous impose sa propre vérité, un bal dont elle est la reine et la manipulatrice, un bal dans lequel le cinéma est montré comme un bal masqué, un monde de faux-semblants dans lequel les actrices sont toutes malheureuses, narcissiques, prétentieuses et pour se dédouaner de s'être attribuée le beau rôle, Maïwenn lors d'une scène finale (lors de laquelle toutes les actrices sont réunies pour voir son documentaire) devance toutes les critiques, ses actrices lui adressant les reproches que pourrait lui faire la critique. Bref, je craignais le pire avec le sujet ô combien sensible de ce troisième long métrage. Je sais qu’à Cannes il est de bon ton de haïr ou d’adorer, de détruire ou d’encenser sans nuances, seulement voilà, ce film n’a cessé de me faire passer d’un état à un autre, entre scepticisme et émotion, agacement et admiration… donc je ne ferai pas comme ce journaliste entendu à la sortie de la projection presse sortant en assénant « C’est une M…. » devant son collègue qui avait vraisemblablement aimé mais qui se retrouvait condamné à bredouiller quelques onomatopées devant le regard catégorique de son « ami » visiblement totalement inapte à entendre autre chose que son avis péremptoire.

    Synopsis : Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec…  Comment ces flics parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ?  Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

    Les premières minutes nous montrent une petite fille décrivant avec sa candeur enfantine les attouchements que son père lui a ou aurait fait subir (nous ne saurons pas vraiment). Quelques scènes plus tard, nous retrouvons les policiers de la BPM qui, à la cantine, racontent leurs histoires de couples, avec une certaine crudité, à la fois pour désamorcer la violence de ce qu’ils entendent au quotidien, mais aussi parce que cette violence a des répercussions inévitables sur leur vie privée.

      C’est avant tout eux que la caméra de Maïwenn va suivre, nous immergeant dans leur douloureux quotidien. Douloureux parce que difficile d’entendre des horreurs toute la journée et de ne pas en ressortir écorché, voire blessé, ou même meurtri. Douloureux parce que la vie privée devient chaotique quand la vie professionnelle est aussi rude et vorace, et exige un tel dévouement dont il est impossible de ressortir indemne. Douloureux parce que les blessures des autres ravivent les leur.

    Alors pourquoi émotion et scepticisme, agacement et admiration ? Emotion parce que la caméra de Maïwenn capte esquisse admirablement des portraits de pères, de mères, d’hommes, de femmes, d’enfants, désemparés face à la douleur indicible mais aussi la glaçante épouvante de ceux qui avouent les pires horreurs avec le sourire et une terrible « innocence » inconscients de celle qu’ils ont bafouée. Emotion parce qu’il est impossible de rester insensible devant, par exemple, cette scène douloureusement réaliste de cet enfant arraché à sa mère parce qu’il est impossible de leur trouver un foyer à tous deux. Emotion lorsque par un frôlement de main, une danse d’abandon, surgit une tendresse si longtemps contenue. Emotion parce que la scène finale d’une logique tragiquement implacable vous saisit d’effroi.

    Admiration parce que Maïwenn en quelques plans, parfois juste le temps d’une déclaration à la police, nous raconte toute une histoire, un passé sombre et un avenir compromis. Admiration parce qu’elle tire des acteurs et surtout actrices, le meilleur d’eux-mêmes : Sandrine Kiberlain bouleversante,  Karin Viard insaisissable, touchante puis effrayante,  et que dire de Marina Foïs, remarquable dans le rôle de ce personnage de policier, le plus intéressant, abimé, fragile. Même Joey Starr dont la prestation dans « Le bal des actrices » ne m’avait pas convaincue, est ici particulièrement touchant dans son rôle de flic bourru au cœur tendre qui s’implique émotionnellement dans chaque « cas ».

    Alors pourquoi étais-je aussi sceptique et agacée ? Sceptique parce que le personnage qu’incarne Maïwenn qui se cache derrière ses grandes lunettes, son chignon, qui passe des beaux quartiers aux quartiers plus populaires, semble une nouvelle fois une manière de se dédouaner, de se donner le beau rôle, de se mettre en scène sans que cela soit forcément nécessaire.  Agacée par ce style faussement réaliste (Maïwenn a eu l’idée en voyant un documentaire et a suivi de vrais policiers de la BPM) qui recrée une réalité et forcément l’édulcore pour faire surgir une réalité qui forcément n’en est pas totalement une. Agacée parce que Maïwenn par moments semble nous refaire « Le bal des actrices » et plus soucieuse de leurs performances que du réalisme (peut-être aurait-il été plus judicieux d’utiliser uniquement des comédiens inconnus). Agacée parce que parfois la caméra s’attarde un peu trop, et nous prend en otage. Agacée parce que, à l’image de son titre, cela frôle l’artificiel. Polisse écrit par un enfant. Polisse mais surtout pas polissé. Polisse parce qu’il y avait déjà le PoliCe de Pialat.

    Avec ce troisième film, Maïwenn veut à nouveau faire surgir la vérité, « peindre les choses cachées derrière les choses » pour reprendre une célèbre réplique d’un non moins célèbre film de Marcel Carné. En voulant parfois trop mettre en valeur ses actrices (ou elle-même), elle nuit justement à cette vérité nous rappelant trop souvent que « c’est du cinéma », alors qu’elle retranscrit malheureusement surtout une sombre réalité. Il n’en demeure pas moins que c’est un bel hommage à ces policiers de la BPM, à leur dévorant métier et leur dévouement,  un constat effroyable sur la noirceur humaine, et il n’en demeure pas moins que la fin est bouleversante de beauté tragique, ces deux corps qui s’élancent, et font éclater ou taire la vérité, inadmissible. Un film agaçant, intense, marquant, bouleversant, parfois même (sombrement) drôle. Difficile de lui prédire une place au palmarès… je vous en reparlerai à la lumière des autres films de cette compétition et avec le recul nécessaire pour mieux l’appréhender. J'aurais voulu développer davantage mais le temps me manque car je file à la conférence de presse de "Polisse" justement. Je vous la relaterai demain.

     
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  • Cérémonie d’ouverture du 64ème Festival de Cannes et critique de « Minuit à Paris » de Woody Allen : la magie au rendez-vous…

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    Hier après-midi, à peine descendue du train de 14H51 dans lequel tout le monde ne parlait déjà que cinéma, après un véritable marathon : marathon pour aller chercher mon accréditation, sans prendre le temps de regarder la façade rajeunie du palais des festival, marathon pour répondre à quelques questions de France 3 pour un documentaire sur les coulisses du festival (je vous en reparlerai), marathon pour aller chercher mon invitation pour l’ouverture, et marathon pour monter les marches aussi rapidement que me le permettaient ma robe longue et mes talons d’un nombre de centimètres indécent en essayant d’oublier que, bien évidemment, à ce moment-là, je me retrouvais seule sur le tapis rouge soudain interminable, en essayant de donner l’air de ne pas voir les dizaines de caméras et de photographes braqués sur ledit tapis rouge, et potentiellement sur moi, et que si certes le ridicule d’une chute éventuelle ne tue pas, il peut tout de même blesser l’amour propre, oui après tout cela en un espace temps de 1H30, et en ayant à peine eu le temps de réaliser et de me cogner au soleil, à la foule, à l’irréalité cannoise, j’étais à nouveau dans ce Grand Théâtre Lumière, lieu de tant de souvenirs de vie et de cinéma.

    Je me retrouvais là, surprise mais ravie d’être émue à nouveau en entendant « Le Carnaval des animaux » de Saint-Saëns qui accompagne la montée des marches de l’équipe du film. Je me retrouvais là à frissonner en entendant le générique de l’ouverture que tant d’années j’ai regardé devant mon petit écran, avant tant d’années ensuite de l’entendre en direct dans la salle vertigineuse du Grand Théâtre Lumière. D’ailleurs, je n’ai pas arrêté de frissonner pendant cette cérémonie d’ouverture…

    J’ai frissonné de joie à l’idée d’être à nouveau là où bat le cœur du cinéma mondial, avec tant de vitalité et de passion, et d’excès.  J’ai frissonné de bonheur cinématographique en découvrant ce bijou de cinéma qui a précédé la cérémonie : une version couleur peinte à la main du « Voyage dans la lune » de Méliès de 1902 sur une musique de Air, une version restaurée dont Serge Bromberg a été l’artisan (qui déjà avait restauré ce chef d’œuvre inachevé de Clouzot : « L’Enfer »). Moment magique concentrant toute la beauté, la richesse, la modernité, la puissance du cinéma.

     Puis, j’ai frissonné de peur pour Mélanie Laurent, seule face à cette foule impitoyable parmi laquelle un grand nombre attendait sans doute le faux pas qu’elle a magistralement évité, radieuse, arrivant à paraître spontanée, faisant même esquisser quelques pas de danse à Uma Thurman.

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     J’ai frissonné d’émotion en revoyant les images des films de Robert De Niro longuement ovationné par la salle, debout, (« Quand on cherche le mot acteur dans le dictionnaire, il y a écrit Robert de Niro » a dit Mélanie Laurent), Robert de Niro accompagné pour ce jury 2011 de : la productrice chinoise Nansun Shi, l'écrivaine norvégienne Linn Ullmann, l'Américaine Uma Thurman, le Britannique Jude Law, le Français Olivier Assayas, le Tchadien Mahamat Saleh Haroun, la productrice argentine Martina Gusman  du Hongkongais Johnnie To.

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    J’ai à nouveau frissonné d’émotion en entendant le chanteur Jamie Cullum rendre un hommage musical à Robert de Niro, avec une version remixée de «New York, New York», mélange de New-York New-York de Frank Sinatra et de NewYork d'Alicia Keys, fortement taraudée par l’envie d’esquisser quelques pas de danse, moi aussi (mais je n’avais ni Robert, ni Uma, à portée de main, moi).

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    J’ai frissonné d’impatience et de jubilation en voyant les extraits des films de la sélection officielle. De mémoire de festivalière cannoise, rarement elle aura été si diversifiée, prometteuse, alléchante. Emotion encore quand Gilles Jacob, l’homme pour qui le Festival et la vie « passent comme un rêve », avec son humour décalé et pince sans-rire, a rendu hommage au cinéaste italien Bernardo Bertolucci qui a reçu une palme d’honneur (nouveauté de cette édition 2011), avant d’ouvrir le festival en dédiant notamment sa palme à « tous les Italiens qui ont encore la force de lutter, critiquer, s'indigner. »

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     J’ai enfin  frissonné d’émerveillement devant ce nouveau et 42ème Woody Allen qui décidément, ne cessera jamais de m’enchanter.

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    Après que cette cérémonie d’ouverture ait célébré New York, ville natale du président du jury de cette 64ème édition, c’était donc au tour du cinéaste qui a lui aussi si souvent sublimée « Big apple » de nous présenter son dernier film. D’ailleurs, en voyant les premières images de « Minuit à Paris » on songe à celles de « Manhattan », Woody Allen sublimant ainsi l’une et l’autre sans retenue.  Cela commence comme un défilé de cartes postales en formes de clichés sur Paris, en réalité un trompe l’œil.

    Il est alors aisé de comprendre pourquoi Woody Allen voulait que rien ne soit dévoilé sur son film dont le synopsis officiel ne laissait rien soupçonner : un jeune couple d’Américains (incarné par Owen Wilson et Rachel McAdams) dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne.

     Après quelques minutes (certes très drôles, grâce à des dialogues caustiques dans lesquels on retrouve le style inimitable de Woody Allen), l’espace d’une seconde j’ai senti poindre la déception. J’ai cru un instant que Woody Allen nous faisant une autre version de « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu » avec ce couple mal assorti dont l’homme est un scénariste hollywoodien qui se rêve romancier sans y parvenir.

    Une seconde seulement.  C’était oublier que Woody Allen est un génie, et un génie très malin, ce qu’il prouve ici une nouvelle fois magistralement.  C’était oublier qu’à Minuit à Paris, tout est possible. Il nous embarque là où on ne l’attendait pas à l’image de son personnage principal qui se retrouve plongé dans les années 20, son âge d’or.  A partir de là, chaque seconde est un régal. Empruntant au cinéaste les traits et mimiques du personnage lunaire que ce dernier incarne habituellement, Owen Wilson, chaque soir à minuit, se retrouve plongé dans les années 20 et confronté à Hemingway, Gertrud Stein (Kathy Bates), Fitzgerald, ( Francis Scott et Zelda), Pablo Picasso… Chaque rencontre est  surprenante (et a d’ailleurs déridé les spectateurs du Grand Théâtre Lumière qui, en revanche, on mollement applaudi à la fin du film) et absolument irrésistible. Woody Allen s’amuse de leurs images, mais leur rend hommage, à eux aussi, peintres et écrivains.  La vie, la passion qui les animent contrastent avec sa future fiancée matérialiste.  Lui qui vit une expérience surréaliste les rencontre justement les Surréalistes (ce qui donne lieu à un dialogue absurde là aussi réjouissant, ces derniers trouvant son expérience surréaliste forcément  parfaitement logique ).

    Woody Allen, plus inventif et juvénile que jamais, joue et se joue des fantasmes d’une ville qu’il revendique ici d’idéaliser, ce Paris qui, à l’image du titre du roman d’Hemingway « est une fête », ce Paris où un écrivain ne peut écrire qu’au Café de Flore, ce Paris où passé et présent, rêve et réalité, littérature et peinture vous étourdissent.

    Je ne veux pas trop vous en dire pour vous réserver l’effet de surprise. Un mot quand même sur la prestation de Carla Bruni-Sarkozy qui joue juste mais dont le rôle, se réduisant à quelques plans, ne méritait pas tout ce battage médiatique. Marion Cotillard, quant à elle, est lumineuse et mystérieuse, comme ce Paris qu’elle incarne pour le cinéaste.

    Une déclaration d’amour à Paris, au pouvoir de l’illusion, de l’imagination,  à la magie de Paris et du cinéma qui permet de croire à tout, même qu’il est possible au passé et au présent de se rencontrer et s’étreindre, le cinéma  évasion salutaire  «  dans une époque bruyante et compliquée ».

    Pour obtenir la formule magique, prenez une pincée de « Manhattan », une autre de « La rose pourpre du Caire », un zeste de Cendrillon, beaucoup de l’humour caustique de Woody Allen, vous obtiendrez ce petit joyau d’intelligence au scénario certes moins abouti que dans d’autres films du cinéaste, mais que la vitalité de l’écriture, sa malice et son regard enamouré (sur Paris  avant tout ),  et la beauté des images nous font oublier et pardonner. Woody Allen réenchante Paris, ville Lumière et ville magique où tout est possible surtout donner corps à ses rêves (dont Marion Cotillard est l’incarnation). Un film ludique, jubilatoire, au charme ensorcelant, d’une nostalgie joyeuse. Au passage, Woody Allen s’adresse à ceux pour qui c’était  mieux avant  et montre qu’on peut s’enrichir du passé pour glorifier la beauté du présent. Cette fois, fataliste, malicieux, plutôt que de s’interroger sur sa propre mort, il a préféré donner vie à ceux qui le sont, semblant nous dire : hé bien, rions et amusons-nous après tout.

    Laissons le mot de la fin à Mélanie Laurent qui est aussi celui du début de ce festival après cette cérémonie d’ouverture qui moi aussi m'a transportée dans une autre époque et un ailleurs idéalisés, une cérémonie sous le signe de la cinéphilie, de la politique, de la magie, de la musique, de l’Histoire, et (fait plus rare) de la bonne humeur ...à l’image de ce que sera sans doute cette 64ème édition. Oui, encore et toujours malgré les travers cannois que j’ai décidé de ne plus voir, oui, « Cannes c’est magique. » Et cette année plus que jamais. Suite au prochain épisode !

    Au programme (notamment) pour moi aujourd’hui « Polisse » de Maïwenn qui sera mon premier film en compétition. Récit demain avec bien d’autres évènements et également des photos.

    Cliquez ici pour retrouver mon dossier spécial consacré à Woody Allen.

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