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LE MONDE N'EXISTE PAS de Fabrice Humbert - Prix Littéraire Lucien-Barrière 2020

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Coup de projecteur aujourd’hui sur le captivant roman de Fabrice Humbert, « Le monde n’existe pas » (Gallimard) auquel a été décerné Le Prix littéraire Lucien-Barrière 2020. Un roman qui nous entraîne dans les pensées tortueuses d’Adam Vollmann, lequel, journaliste au New Yorker, voit s’afficher sur les écrans de Times Square le portrait d’Ethan Shaw. Celui qui fut la star du lycée. Celui dont la beauté était le pouvoir. Celui qui faisait penser à Robert Redford dans « Nos plus belles années. » Celui qui a un nom et une allure de personnage hollywoodien d’ailleurs. Son seul ami d’alors, accusé de viol et de meurtre. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus pour enquêter.

Là où certains ont été déçus par l’énigmatique dénouement, j’y ai vu la seule fin possible. Logique. Implacable. Brillante. Un monde qui n’existe pas ne peut s’achever, non ? Tel le MacGuffin cher à Hitchcock qu’il évoque d’ailleurs, la quête n’est ici qu’un prétexte. Une mise en scène pour nous emmener dans une ville morne qui concentre tout ce que Vollmann déteste en Amérique : la petitesse, le conformisme. Pour nous emmener dans un voyage dans les méandres de l’identité entre vérité et mensonge, réalité et fiction. Dans une mise en abyme vertigineuse, de poupées russes qui se dévoilent indéfiniment, il nous égare pour nous inviter à trouver la vérité, notre « rosebud ». Citizen Kane était ainsi « la somme de ses légendes et des cinq témoignages du film racontant cinq histoires différentes. » A nous de trouver la vérité dans ce monde qui affectionne les récits à rebondissements, qui fictionnalise la réalité.

En partant à la rechercher d’un homme qui ne finissait jamais les puzzles, il nous confronte nous-mêmes à un puzzle dont il nous appartient de trouver la dernière pièce. Vollmann est d’ailleurs devenu journaliste par passion de la littérature. De la fiction donc.  Vollmann ne signifie-t-il d’ailleurs pas « homme plein », lui qui recherche son ami de lycée…à propos duquel d’autres parlent de case vide ?

Réflexion passionnante sur notre besoin de dramatisation, de « susciter la tempête des passions par la construction d’une intrigue simple », il nous interroge : « tout ce que nous vivons est un livre ou un film. En tout cas, une fiction recomposée ou non. » Non ? Il nous invite à composer notre fiction, à nous interroger sur celles qui se composent (ou décomposent avec parfois autant d’obstination, il n’est qu’à voir les foisonnantes théories du complot) à nos regards, à nous interroger sur la manipulation du récit…tout en manipulant son personnage narrateur et à travers lui le lecteur. Laissez-vous embarquer par ce récit aux accents lynchiens  qui, en vous égarant, vous invite à trouver une vérité sur une société (qui fait évidemment songer à celle de Trump, il suffit de voir ses clips de campagne qui pourraient rivaliser avec les plus abracadabrantesques et grandiloquents des blockbusters) qui en scénarisant tout brouille les repères….à l’image de ce roman dans lequel réalité et fiction, vérité et mensonges s’imbriquent pour finalement se confondre. Brillante mise en abyme.

Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 2020 Pin it! 0 commentaire

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