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Critique de « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb (compétition officielle du Festival de Cannes 2010)

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"Hors-la-loi", 4 ans après le prix d'interprétation collective reçu par les acteurs d'"Indigènes" dont il est davantage une sorte de prolongement (les personnages interprétés par Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila portent ainsi les mêmes prénoms que dans « Indigènes ») que réellement la suite, faisait  partie des films de cette compétition 2010 qui suscitaient le plus d'attente même si cette année, contrairement à "Indigènes "il y a 4 ans, il représente l'Algérie et non la France. C'est aussi le film qui a suscité la plus vive polémique en raison d'une séquence de 6 minutes consacrée au massacre de Sétif à laquelle on a reproché de mettre davantage l'accent sur le massacre des manifestants algériens par l'armée française que sur celui des colons européens. Une polémique absurde puisque c'est du point de vue de ses trois protagonistes algériens que nous voyons ce film et que par ailleurs le massacre des colons européens n'est nullement nié, là n'est simplement pas le sujet. Il n'empêche que cette polémique aura valu aux festivaliers une sécurité inédite : démineurs, hélicoptères, dizaine de cars de CRS, fouille accrue à l'entrée du palais, interdiction de toute bouteille d'eau dans la salle... Plus de 50 ans après, la guerre d'Algérie reste un sujet extrêmement sensible...

Synopsis: Chassés de leur terre algérienne, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud (Roschdy Zem) s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader (Sami Bouajila) prend la tête du mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd ( Jamel Debbouze) fait fortune dans les cabarets et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté...

Ce film vaut beaucoup plus et mieux que la polémique à laquelle on tente de le réduire. Ce qui marque d'abord, c'est la qualité de la mise en scène et la somptuosité  de la photographie.

 « Hors-la-loi » n'est par ailleurs pas un manifeste politique mais une sorte de western des temps modernes aux accents parfois melvilliens sur fond de naissance du fln (que Rachid Bouchareb n'épargne d'ailleurs nullement).

La scène du massacre de Sétif est essentiel pour expliquer l'attachement viscéral à la terre des trois frères, leur besoin de vengeance, leur hargne.

 Bouchareb interroge aussi la question de cause juste ou de guerre juste qui dépasse largement le cadre de la guerre d'Algérie. Jusqu'où aller pour défendre un idéal, une cause que l'on croit juste ? La fin justifie-t-elle les moyens ? La violence est-elle une arme nécessaire pour trouver le chemin de la liberté ?

La quasi dévotion du personnage de Sami Bouajila  qui sacrifie tout (y compris sa vie) à la cause qu'il défend en est la parfaite illustration. C'est d'ailleurs lui qui domine toute la distribution. Soulignons également la présence d'un autre des cinq lauréats du prix d'interprétation de 2006, Bernard Blancan, injustement absent de la conférence de presse et de l'émission Le Grand Journal à laquelle l'équipe était invitée (présente dans les coulisses de l'émission, je vous en reparlerai demain avec de nombreuses photos) remarquable dans le personnage du Colonel Faivre.

Une mise en scène ample, lyrique, inspirée, rythmée d'un cinéphile dont on sent les multiples et prestigieuses influences (du "Parrain" de Coppola au cinéma de Scorsese en passant par celui de Melville). Des comédiens une nouvelle fois remarquables. Des questionnements et un sujet passionnants et qui dépassent le cadre de la guerre d'Algérie. Pour moi, un des meilleurs films de cette édition 2010.

Réactions dans la salle (Grand Théâtre Lumière, séance de 15H) : La séance de 15h, en l'absence de l'équipe du film, suscite plus rarement des applaudissements. Hier, ils étaient pourtant particulièrement enthousiastes.

Prix que je lui attribuerais : Un prix pour la mise en scène ou pour l'interprétation exceptionnelle de Sami Bouajila.

Prix potentiels : Si la mise en scène de Rachid Bouchareb s'est encore améliorée depuis « Indigènes », les concurrents dans cette catégorie sont nombreux. Je crains donc malheureusement qu'il ne figure pas au palmarès.

Quelques images des coulisses du Grand Journal en attendant de vous en dire plus:

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Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2010 Pin it! 6 commentaires

Commentaires

  • Pour toi la polémique ne doit pas exister ? En tout cas elle ne doit pas.
    Bonne fin de festival !

  • Ta critique donne envie d'aller le voir même si j'avais apprécié Indigènes sans plus. Dommage que le film ne sorte pas avant le bac, ça m'aurait fait réviser et donné une certaine image de cette guerre dont on ne parle que trop peu au cinéma.
    Mais si la photographie est sublime, il y a de nombreuses chances pour que j'aille le voir.

  • En quoi c'est politiquement correct de donner sa vision de l'histoire?! En quoi les bien pensants vont bien l'aimer ce film? Pourquoi est ce qu'il n'y aurait qu'un seul point de vue qui prévaudrait sur un autre? Qd la France fait des film sur l'allemagne là tout le monde est d'accord, les allemands sont les méchants et quand la France se retrouve sur le banc des accusés, c'est pas normal.

  • La fiction n'excuse pas tout ! Le cinéaste a le droit de travestir la réalité pour le besoin de son scénario, mais là ça vire à la propagande. Même si la répression de Sétif n'est pas glorieuse, c'est quand même fort d'occulter les actes de sauvageries extrèmes contre les européens qui ont eu lieu la veille de la répression. Et qui justifiait à l'époque le châtiment...
    Le film est alors incohérent sur le plan historique, tout ce que l'on va gagner en traitant ce sujet avec légèreté c'est de mettre le feu aux poudres ! Mais c'est peut-être le but.

  • La fiction n'excuse pas tout ! Le cinéaste a le droit de travestir la réalité pour le besoin de son scénario, mais là ça vire à la propagande. Même si la répression de Sétif n'est pas glorieuse, c'est quand même fort d'occulter les actes de sauvageries extrèmes contre les européens qui ont eu lieu la veille de la répression. Et qui justifiait à l'époque le châtiment...
    Le film est alors incohérent sur le plan historique, tout ce que l'on va gagner en traitant ce sujet avec légèreté c'est de mettre le feu aux poudres ! Mais c'est peut-être le but.

  • je m´excuse d´avoir étais un connard de frontiste avec des idées d´idiots. heureusement j´ai fini par ouvrir les yeux.
    vive le PS

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