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  • Création d'un Festival de cinéma à Saint-Germain des Prés: donnez votre avis!

    medium_place_Saint_Germain.jpgEn 1998, je faisais partie du jury d'un festival de cinéma pour la première fois. C’était le medium_photosordi_1647bis.JPGjury jeunes du Festival du Film de Paris, festival cette année-là présidé par Sean Penn, un festival qui attirait alors spectateurs et têtes d’affiche internationales sans pour autant négliger les premiers films et les œuvres plus confidentielles.En 1998, Gadjo Dilo de Tony Gatlif avait ainsi obtenu le prix du jury jeunes. De l’entièreté du Gaumont Marignan, à l’Espace Pierre Cardin où il se déroulait alors, le Festival a ensuite dû se contenter de quelques salles du Gaumont Marignan (et sa dernière année, il cohabitait étrangement avec les projections de ... Brice de Nice) et rares étaient encore ceux qui savaient qu’un festival de cinéma se déroulait encore sur les Champs Elysées. Je n’ai donc pas été très étonnée de voir ce festival disparaître après s’être transformé en Festival de Paris Île-de-France

    Certes, depuis 4 ans, s’est mis en place un nouveau festival, « Paris Cinéma », initié par la Mairie de Paris. L’intention est louable mais avec une programmation trop vaste, des lieux de programmation très (trop) diversifiés, une thématique floue pour ne pas dire inexistante, les salles sont malheureusement bien souvent vides… Alors que d’autres capitales européennes comme Rome (depuis cette année)ou Berlin ont leurs festivals de cinéma, Paris, la ville emblématique du septième art, ne possède pas vraiment de festival de cinéma digne de ce nom.

    medium_photosordi_349.jpgPour moi, il est un quartier plus que d’autres où il aurait pourtant sa place: c’est Saint-Germain des Prés. Saint-Germain des Prés, plus qu’un quartier de Paris ou de son 6ème arrondissement : un univers, un monde à part, un village citadin, intemporel et branché, littéraire et (faussement) futile, grave et désinvolte. Les boutiques de luxe y côtoient les maisons d’édition. Les écrivains y croisent les touristes et les nombreux acteurs qui y vivent. Acteurs du septième art et pas seulement : de la vie publique, politique aussi. Quartier discret, exubérant aussi, parfois, moins que ses voisins de la rive droite néanmoins. Joyeux et mélancolique. Intemporel et moderne. Paradoxal surtout, donc. Quartier qui est un peu l'âme de Paris et aime à se croire le centre du monde. C’est aussi celui où se trouvent le plus de cinémas art et essai : l’Arlequin, le Saint-André des Arts, le Saint-Germain des Prés et tant d’autres. C’est aussi le quartier qui a inspiré nombre de cinéastes (ci-contre l'affiche des Tricheurs de Marcel Carné) où chaque année sont encore tournés un nombre medium_32e65f33420517ad0bf5a3aba22242de.jpgconsidérable de films. Rares sont les jours où par hasard, je ne tombe pas sur un tournage. Je suis donc très étonnée de constater qu’il n’existe pas réellement de manifestations cinématographiques emblématiques pour un quartier qui symbolise pourtant tellement le septième art même s'il existe des "opérations" ponctuelles comme le Festival du Cinéma Allemand organisé par L'Arlequin.

    medium_photosordi_350.jpgAlors qu’existent déjà plus de 200 festivals de cinéma en France, évidemment il serait absurde de créer un festival juste pour faire un festival mais je pense qu’un festival dans ce quartier aurait réellement sa place, un festival qui mettrait en avant de jeunes réalisateurs, des premières œuvres, mais qui saurait aussi être populaire, et s’intégrer au cadre magnifique du quartier, par exemple avec des projections en plein air, dans les Jardins du Luxembourg notamment. 

    medium_cafe_de_Flore.jpgQuant à la thématique, par exemple, il n’existe pas encore réellement de festival du cinéma européen d’envergure internationale.

    Il pourrait aussi être judicieux de mettre en place un festival autour de la littérature et de l’écriture (scénario, adaptations littéraires). Ce festival existait sous la forme de l’Encre à l’Ecran, à Tours. Son ultime édition a eu lieu en 2005. (Il était question qu’une municipalité le reprenne. D’ailleurs si quelqu’un a des informations à ce sujet, elles seront les bienvenues.) Or, Saint-Germain des Prés est aussi le quartier des éditeurs, le quartier sur lequel les ombres de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir planent encore, notamment sur le mythique café de Flore qui se trouve d’ailleurs près de la place qui porte leurs noms.

    medium_pont_neuf.jpgAvant de prendre la décision de soumettre un dossier à la Mairie de l’arrondissement, je voulais donc ici lancer le débat.

    Pensez-vous qu’un tel festival serait intéressant et porteur? 

    Quel(s) thème(s) serai(en)t selon vous le(s) plus approprié(s) ?

    Toutes les suggestions seront également les bienvenues. Germanopratins, Parisiens mais aussi cinéphiles, festivaliers de France et de Navarre : à vous la parole...

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : EDITORIAUX Pin it! 24 commentaires
  • "Nouvelle chance": la fantaisie mélancolique d'Anne Fontaine. Avant-première à l'UGC Ciné Cité les Halles.

    medium_18669724.jpgAprès la passion douloureuse et le drame poignant, fascinant, inquiétant, troublant, avec Entre ses mains ( un film à voir absolument, ma critique ici), Anne Fontaine a changé de registre pour mettre en scène une comédie fantaisiste non dénuée d’ironie délicieusement cruelle.

     Comme souvent dans les comédies, les destins des personnages principaux, si dissemblables, n’avaient aucune raison de se croiser. Il y a Odette Saint-Gilles (Danielle Darrieux), vieille actrice oubliée dans un centre social; Augustin Dos Santos ( Jean-Christian Sibertin-Blanc), garçon de piscine à l'hôtel Ritz; Bettina Fleischer (Arielle Dombasle), héroïne de feuilleton populaire et accessoirement cliente du Health club du Ritz; et Raphaël (Andy Gillet), jeune homme à la beauté troublante, travaillant au centre social où loge Odette. Augustin est aussi metteur en scène pour des centres, des foyers, des entreprises… et en l’espèce il doit mettre en scène une pièce pour un spectacle d’entreprise. Il décide de mettre en scène une pièce du XVIIIème trouvée chez Odette, une histoire de passion et de rivalité féminine. Il va donc réunir ces êtres dissemblables et leur donner une nouvelle chance d'assouvir leurs rêves...

    Jean-Christian Sibertin-Blanc (le frère d’Anne Fontaine) reprend ici le personnage d’Augustin qu’elle avait créé et déjà mis en scène dans Augustin (1995) et Augustin roi du kung-fu (1999). Personnage lunaire aux idées incongrues, insolites, avec un naturel désarmant, il ne recule devant rien pour mettre son projet à exécution : ni demander à Jack Lang (qui fait aussi ses débuts au cinéma, d’autres diraient qu’il ne fait que ça, je leur en laisse la responsabilité) un lieu pour ses répétitions, ni arranger une rencontre aquatique entre Odette et Bettina, dans la piscine du Ritz.

     En présentant le film, lors de l’avant-première, Anne Fontaine a précisé qu’elle avait songé aux acteurs avant d’écrire son scénario, cela se ressent dans son écriture avant tout centrée sur ses acteurs, donc. Elle a également précisé que si Danielle Darrieux était absente c’était parce qu’elle déménageait pour la cinquième fois en deux ans, tournée vers l’avenir, toujours, encore, merveilleusement...à 89 ans.

     Nouvelle chance est d’ailleurs surtout un magnifique hommage à Darielle Darrieux (Avec plus de 130 films à son actif, tournés sous la direction des plus grands -de Claude Autant-Lara à François Ozon en passant par Max Ophüls, Claude Chabrol et Benoît Jacquot-, elle fut l'égérie du réalisateur Henri Decoin qui lui offrit la vedette de nombre de ses longs métrages - Mademoiselle ma Mère (1936), Abus de Confiance (1938), Battement de Coeur (1940)... - et connut la consécration internationale avec The Rage of Paris d'Henry Koster (1938) et L'Affaire Cicéron (1951) de Joseph L. Mankiewicz.). Ici, elle est tantôt fragile, forte, caustique, cruelle, mourante, incroyablement vivante, bref émouvante, sublime. Elle est filmée sans artifices, parfois en gros plan. Nous voilà plongés dans son regard, un regard incroyablement expressif, nous voilà plongés dans l’Histoire du cinéma français, un regard incroyablement pluriel. Un regard qui perd la vue. Le drame, la mélancolie affleurent, constamment. Ce regard si expressif suffit à nous émouvoir. Nous l’écoutons, la regardons religieusement. Peut-être n’est-ce pas un hasard s’ils répètent dans une église ...

    Danielle Darrieux nous fait oublier le manque de rythme et les faiblesses scénaristiques. D’ailleurs peut-on réellement parler de faiblesse puisque l’objectif n’était pas là? La mise en scène est aussi très théâtrale, l'intérêt n'est pas là non plus et puis après tout il est question de théâtre, aussi. C’est avant tout une histoire d’acteurs, pour ses acteurs, et finalement nous sommes tristes de les quitter, tristes après avoir ri, quand même, aussi. Nous aimerions savoir ce qu’ils vont devenir avec  leurs solitudes, leurs regrets, leurs ambitions.

     Le film pourrait commencer quand il s’achève sur une note de musique et d’amertume. Les dernières minutes nous font ainsi retrouver l’amoralité jubilatoire d’Entre ses mains et des précédents films d’Anne Fontaine (Nathalie, Nettoyage à sec). En quelques plans tout est dit : la cruauté, l’amertume, l’arrivisme et la beauté, encore, finalement, celle de cette dame en noir, radieuse, lumineuse, plongée à jamais dans l’obscurité. Dans Entre ses mains, déjà, la fascination ‘du personnage d’Isabelle Carré pour celui de Benoît Poelvorde et du spectateur pour cette histoire d’amour absolu, dérangeante et non moins sublime- provenait de ses personnages, si ambivalents et si magistralement interprétés.  C’est aussi ce qui fait le charme de cette Nouvelle chance. Oui, rassurez-vous : l’amoralité (et heureusement pas la moralité) est sauve. Rien que pour cela  cette comédie caustique empreinte de charme nostalgique et de la grâce juvénile  de Danielle Darrieux,  vaut la peine que vous leur donniez cette nouvelle chance.

    Sandra.M